- Comment ça va ?

J'ai levé la tête vers Rose.

- Ça va, avais-je répondu sèchement.

Non mais vraiment, ça faisait une semaine entière qu'elle ne me parlait plus, et elle pensait qu'elle allait pouvoir se pointer devant moi comme une fleur ? ( NDA: vous noterez ce jeu de mot magnifique, Rose--> Fleur... Did you get it?)

- Tu m'en veux ? a t-elle interrogé avec une toute petite voix.

- Non, non ! Ma meilleure amie m'ignore pendant toute une semaine sans me donner de raison valable, mais sinon je ne t'en veux absolument pas ! me suis-je écriée.

Elle m'a regardée quelques instants, interdite.

- Écoute, si je t'ai ignorée, c'est parce que j'ai l'impression que tout le monde sait des choses que j'ignore ! Tu sembles avoir tellement de secrets, tellement de choses que tu nous cache que je ne sais même plus si je dois te faire confiance !

Lorsqu'elle a prononcé ces mots, ses yeux se sont embrumés de larmes.

- Tu sais quoi ? Si tu veux être amie avec moi, tu m'acceptes moi et tous mes secrets. Sinon, autant que tu arrêtes de faire semblant de vouloir me soutenir.

J'ai marqué une petite pause, incertaine de ce que j' allais dire ensuite.

- Et, quand au fait que tout le monde en sait plus que toi, c'est à moitié vrai seulement. Même Scorpius qui pense tout savoir ne sait qu'une infime partie de la vérité. Albus a autant d'informations sur moi que toi, ou presque. Et James ne sait absolument rien. Tant mieux pour lui d'ailleurs.

Elle a froncé les sourcils.

- Pourquoi tant mieux pour lui ?

J'ai tourné ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler.

- Parce que le poids de mes secrets pourrait tout vous tuer.

J'ai tourné les talons sur ces belles paroles, sans voir James caché derrière une étagère de la bibliothèque, le visage figé dans un rictus de surprise.

. . .

Je feuilletais tranquillement le livre que James m'avait prêté lorsque certaines phrases retinrent mon attention.

Les héritiers Gaunt portent un tatouage changeant en fonction de l'âge de l'enfant, qui apparaît dès les onze ans sont atteints. Ce tatouage est, dans chaque cas observé, des parts de prophéties ou de devises de la famille Gaunt.

Exactement ce que j'avais dans le dos.

Les derniers héritiers Gaunt, lorsqu'ils n'ont pas encore d'enfant et qu'ils sont les derniers nés d'une branche en voie d'extinction, sont les prophètes de la famille. Certains ont des visions qui apparaissent lorsqu'ils dorment, écrivent sans s'en rendre compte un prophétie ou bien possèdent le don du troisième œil. Ces héritiers sont des condamnés à voir le futur, mais ne peuvent en aucun cas empêcher leurs visions de se réaliser.

Encore un fait qui ressemblait à ce qui m'arrivait.

Certains de ces héritiers ont déclaré sur leur lit de mort "entendre la voix de la raison" depuis leurs onze ans. Mythe ou réalité ?

Encore un fait concluant.

Sans surprise puisqu'ils sont des descendants de Salazar Serpentard, les Gaunt parlent fourchelang depuis la naissance, même si ils ont une facilité pour décoder le language dérivé du fourchelang utilisé depuis la nuit des temps.

La vérité s'issinuait doucement dans mes veines, s'imposant à moi comme une évidence. J'avais décidément tout un arbre généalogique à revoir.

Tu ne crois pas si bien dire, наследница. Tu ne crois pas si bien dire...

. . .

- Sco'?

Il a relevé la tête de son livre de sortilèges.

- Tu penses qu'on a quelque chose à craindre des mangemorts alors que l'on est à Poudlard ?

Il m'a regardé, un sourcil levé, l'air de peser le pour et le contre. La date annoncée dans ma vision se rapprochait, et j'essayais tant bien que mal de me rassurer sur la véracité de ce que j'avais vu.

- Non, je pense réellement que les mangemorts ne peuvent pas nous atteindre tant que l'on sera ici.

Il m'a souri, sentant mon inquiétude.

- Mais ils ont déjà pu entrer dans Poudlard une fois. Pourquoi pas deux ?

Il a marqué un temps d'arrêt.

- Rappelles-toi qu'ils étaient menés par Tu-sais-qui lorsqu'ils ont réussi à entre dans Poudlard. Même si il s'est tourné vers la magie noire, il était très puissant.

J'ai soupiré.

- Tu as raison. Mais, fais moi plaisir, au lieu de l'appeler Tu-Sais-qui, appelles le Voldy. Ça lui va bien je trouve.

On a tout les deux pouffé de rire, et nous sommes retournés à notre lecture. Les hiboux matinaux sont entrés dans la salle. Comme à mon habitude, je n'ai même pas relevé la tête. Rien ne me serait adressé.

- Ana'? Pourquoi un hiboux Malfoy vient de te donner une lettre ?

Je me suis tournée vers Scorpius, avisant tout de suite la difficile discutions qui allait venir.

. . .

Je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser. J'avais énormément de mal à m'endormir. Plus que six jours, et je saurais enfin que ce dont j'avais rêvé n'étais pas réel, n'étais pas un aperçu du futur, que je n'étais pas une Gaunt, que mon arbre généalogique était tout ce qu'il y avait de plus normal au monde. Je voulais juste être sûre que j'étais comme tout le monde. Pour la première fois de ma vie, je souhaitais rentrer dans le moule.

. . .

Ma respiration était saccadée. Je priais pour que rien n'arrive de tout mon cœur, de toute mon âme. Si il arrivait quelque chose aujourd'hui, je ne me le pardonnerais jamais.

- Tu te rappelles de ce que tu as lu dans le livre... Les visions des descendants Gaunt ne sont pas fiables à cent pour cent. Elles ne sont pas fiables à cent pour cent...

Malheureusement pour ton ami, la probabilité que cette vision soit erronée est très faible. Vraiment faible, Anastasia.

La petite voix semblait toujours aussi pessimiste.

-Comment pouvez-vous en être aussi sûr ?

Tu es la première de mes descendants qui essaye de me parler. Ton avenir sera intéressant, tu ne peux pas le nier. J'en suis sûr que je suis celui avec qui la malédiction des Gaunt a commencé. Et j'en ai fait les frais.

- La petite voix devient sympa... Non mais je rêve....

Je peux t'assurer que tu est parfaitement réveillée, Anastasia. Fais attention à toi.

Les dernières paroles de la voix se sont estompées, perdues dans les ténèbres, alors que j'essayais désespérément de me calmer.

- Rien ne va se passer, ma vieille. Absolument rien...

Sauf que la voix amplifiée de Mcgonagall ne fit que de confirmer mes craintes.

- Tous les élèves sont priés de s'habiller et d'être présents dans la grande salle dans moins de cinq minutes. Merci.

Mon pire cauchemars prenait vie juste devant mes yeux.