Ma mère m'avait poussé dans une petite pièce exiguë. Pas comme son bureau, elle était totalement plongée dans la pénombre.

- Tu sais ce qui va t'arriver, n'est-ce pas ?

Elle m'a quasiment jetée au centre, et s'est retournée pour fermer la porte dans un grincement à vous vriller les tympans. Je savais ce qui allait m'arriver pour l'avoir expérimenté plusieurs fois au fil des années, mais ça ne m'empêchait pas d'être totalement clouée par la peur.

- Voyons-voir, avec quel instrument allons-nous commencer ?

Elle a pris une miniscule lame qui était accrochée au mur et m'a pris mon bras, que j'ai voulu retirer pour ne pas qu'elle puisse l'atteindre.

- Tu me dois l'obéissance.

Elle a coupé la chair une première fois.

- Tu me dois le respect.

Une seconde fois.

- Tu me dois la vie.

Une troisième fois.

- Tu me dois tout ce que tu es, tout ce que tu étais et tout ce que tu seras.

Une quatrième fois.

- Sans moi, tu ne serais rien.

Une cinquième fois. Elle m'a fait pivoter de façon à ce qu'elle puisse voir mon dos.

- Tu ne mérites rien.

Elle m'a profondément entaillé le dos.

- Tu n'es qu'une erreur de la nature.

Elle a dessiné une croix sanglante sur la peau.

- Tu ne mérites que de mourir.

Elle a continué de me dire des infamnies, d'une voix calme, pendant je ne sais combien de temps.

- Tu as compris la leçon ?

Je n'ai pas esquissé un seul geste.

- Je t'ai demandé si tu avais compris !

Elle m'a poussé au sol.

- Oui, mère.

Ele s'est reculée, l'air exessivement satisfait.

- Bien. Je viendrai te chercher demain soir dans ta chambre. Ce sera la suite de la leçon. En attendant, je t'interdis d'en sortir. Tu ne mangeras pas entre aujourd'hui et demain. C'est clair ?

Je me suis relevée au prix d'un douloureux effort.

- Limpide, mère.

. . .

- Anastasia ?

J'ai vaguement entendu le bruit d'une porte que l'on poussait en avant, et le visage de Regulus est arrivé dans mon champ de vison.

- Oh ! Par Merlin, elle a encore recommencé...

Je devais faire peur à voir, vu la tête qu'il faisait.

- Je sais que si je guéris tes blessures, elle va te faire encore plus mal. Enfin, je vois que tu as fait à peu près le nécessaire.

J'avais en effet réussi à faire un bandage de fortune avec un vieux T-shirt que j'avais gardé dans ma valise, mais je n'avais rien pu faire d'autre. Elle avait bien pris le soin de me confisquer mon dictame et mes bandages avant de m'abandonner dans ma chambre.

- Bon, je sais que tu n'es peut-être pas au meilleur de ta forme, mais ça te dirait que je t'apprenne deux ou trois techniques de défense ? Comme ce qu'on a fait cet été...

Je le rappelais très bien de cet été, ou j'avais enfin appris des choses à peu près utiles.

FLASH-BACK

- Ne te déconcentres pas. Ton adversaire n'aura pas ma clémence.

Regulus avait son bâton sous ma gorge, m'empêchant partiellement de respirer.

- D'accord.

Il m'a lâchée et s'est remis en position.

- Vas-y.

Je me suis élancée et j'ai réussi à passer derrière lui. Je pouvais le faire. J'en étais capable. J'ai fauché ses jambes d'un rapide coup de bâton, ce qui a plus ou moins eu pour effet de la faire tomber à terre. J'ai placé mon "arme" sur sa cage thoracique, le mettant en position de faiblesse.

- Et bien tu vois que tu peux le battre quand tu le veux vraiment !

FIN DU FLASH-BACK

J'aimais bien m'entraîner avec mon oncle. Même si jamais je ne serais assez cruelle pour utiliser le quart des techniques qu'il m'a apprises.Enfin, avoir appris tout ça pourrait peut être m'être utile un jour, non ?

Tu n'imagines même pas à quel point cela va te servir, Anastasia. Tu n'imagines même pas...

Cette fois-ci, je n'ai quasiment pas entendu la petite voix.

. . .

Je venais de poser un pied sur le quai que j'ai vivement entendu mon nom crié.

- Anastasia !

J'ai tourné la tête pour voir Albus qui me faisait signe, accompagné de toute la famille Weasley/Potter.

- Je suis hyper content de te revoir !

Il m'a prise dans ses bras. Sauf que j'avais d'énormes plaies et débuts de cicatrices dans tout le dos, et que je n'ai pu réprimer un petit gémissement de douleur. Il m'a lâchée aussitôt.

- Évite, d'accord ?

Il a hoché de la tête, et son père nous a interrompu dans ce moment un peu étrange.

- Ah, Anastasia! Alors, tu va b-

Sa propre voix s'est étranglée dans sa gorge lorsqu'il s'est retourné de façon à pouvoir voir mon visage. Je devais visiblement faire peur à voir... En même temps, ça n'avait rien d'étonnant. Ma mère m'avait battue toute la semaine, chaque jour, et elle me donnait pour tout repas un vieux bout de pain. Il a continué de me regarder en silence, mais j'ai vu une petite lueur traîtresse dans ses yeux.

- Je n'ai pas besoin de votre pitié.

Ma propre voix ne se ressemblait pas. Et le fait que Lily, la petite sœur d'Albus m'aggripe le bras tellement fort que j'ai bien cru que j'allais tomber par terre n'a pas arrangé la chose.

- Par Morgane, mais c'est une manie dans cette famille... ai-je grommellé.

J'ai tourné la tête pour voir James ce faire un petit signe de la tête, l'air de demander s'y j'allais bien ou si ma mère avait recommencé. Je lui ai répondu par un petit signe de tête vers le train.

- Je vous l'emprunte deux petites minutes, pas très longtemps...

Drago Malfoy venait de me prendre par l'épaule, sur la seule zone où je n'avais rien.

- Écoutes, je ne sais pas vraiment ce qu'il t'arrive. Je ne sais pas non plus vraiment si je dois te faire confiance, mais là, j'ai besoin de toi. Tu es amie avec Scorpius, non ?

J'ai silencieusement hoché la tête.

- Tu sais garder un secret ?

- Vous seriez étonné de savoir combien de choses je vous cache, ai-je répondu.

Ce fut à son tour d'hocher la tête.

- Voilà, ne le dis pas à Scorpius ou à personne d'autre, mais ma femme, Astoria, est malade. On ne sait pas encore si on pourra la sauver. Scorpius n'est pas au courant, et je voudrais pouvoir envoyer une lettre à quelqu'un pour le prévenir dès avancées de la maladie. Si je te le demandes par lettre, je voudrais que tu le dises à Scorpius.

Trop tard pour lui, je venais de sentir la poids du monde s'abattre sur mes épaules.

- Je le ferai.

Il m'a remerciée puis m'a aidée à monter ma valise dans le train à la dernière minute.

- Anastasia ! On est dans un compartiment un peu plus loin, viens !

J'ai suivi Rose et je me suis immédiatement laissée tomber sur la banquette où je voyais encore une place de libre.

- Tu peux arrêter de faire semblant d'aller bien, tu sais.

La voix de Fred n'était qu'un murmure à peine audible.

- Non, vraiment ?!

Ma voix s'était brisée sur le dernier mot et j'ai senti que les larmes ne demandaient qu'à couler. J'ai respiré fort pour me reprendre, et j'ai tourné mon visage vers Scorpius.

- Elle a recommencé ?

J'ai hoché la tête et James a attrapé mon poignet. Il a relevé la manche pour observer la forêt de cicatrices.

- Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?

Rose avait la voix tout étranglée. J'ai récupéré rapidement mes affaires avant de fondre en larmes, et je me suis tournée un dernière fois vers les membres de mon compartiment.

- À ton avis ?