𝒄𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝒏𝒆𝒖𝒇
Ne dit-on pas qu'il n'y a que la vérité qui blesse ?
Le professeur se retrouvait confronté à la réalité des choses, totalement impuissant. Le rude combat qu'il avait mené contre ses sentiments venait de lever le drapeau blanc. Peut-être n'avait-il pas l'âme d'un vainqueur au final ? Longuement, il avait pensé être un lâche, parvenant à se convaincre du contraire. Mais aujourd'hui, il remettait ses propres convictions en doute. Trop naïf, trop bon, son naturel venait piétiner sa volonté de devenir un autre pour prouver à tous que parfois, les apparences pouvaient être trompeuses. Une fois encore il échouait lamentablement, face à celui qui le connaissait dans les moindres détails.
Un faible sourire venait étirer ses lèvres, le regard bas. Dans un élan de courage, parce-que même s'il était à deux doigts de s'avouer vaincu, il tenta le tout pour le tout. Peut-être était-il un perdant, mais il était de loin un lâche.
- Ce que j'ai longuement désiré, oui. Malheureusement il semble manquer un pion à l'échiquier. Où est l'homme que j'aime ? Je ne le vois pas, rétorqua Iruka en haussant les épaules.
Le ton naturel et serein que venait de prendre le Chûnin glaça le sang du célèbre ninja copieur, qui avait pourtant abattu sa pièce maîtresse dans le but de le faire craquer. Qui venait d'essuyer un échec ? Iruka ou Kakashi ? Car, malgré la situation, le seul qui parvenait à sourire était le professeur. Fier de sa répartie, savourant la réponse silencieuse de son adversaire. Il n'était peut-être pas si nul que ça, en fait, en matière de vengeance.
- Bon, c'est pas tout mais moi j'ai faim hein, hurla Naruto avant de se diriger vers l'Ichiraku d'un pas décidé.
La situation avait tournée en son avantage, Iruka était certain d'apprécier cette soirée plus qu'il ne l'avait imaginer. Peut-être pourrait-elle se clore en compagnie de Genma ? Elle en serait d'autant plus agréable, pensa-t-il.
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Dix-mois. C'est le temps qu'il avait mis pour tenter de mener à bien sa mission, pour tenter l'impossible. Bien que cela paraisse une éternité pour beaucoup, ce fut au contraire plutôt rapide pour lui.
Assis contre un arbre, isolé dans la fret, le cadet des Uchiha songeait à son ancien Sensei. Nul autre que Kakashi était capable de se donner un tel défit, et surtout d'y parvenir. Et puis, une question demeurait. Pourquoi ? Pourquoi avoir décidé de faire ça, maintenant ? Son départ y était probablement pour quelque chose, mais il avait attendu trois ans tout de même. Au fond de lui, Sasuke lui en voulait. Peut-être n'aurait-il pas eu besoin de supporter tant de choses si l'Hatake était passé à l'action avant.
Oui, choisir de rejoindre les rangs d'Orochimaru n'était pas une décision à prendre à la légère. Surtout quand vous êtes sa future enveloppe charnelle. Malgré son obstination à ne vivre que pour tuer son aîné, le jeune brun n'était pas aveugle pour autant. Il savait très bien qu'il n'était qu'un pion pour ce sale serpent,et qu'en plus de son corps, il désirait avant tout le pouvoir tant convoité du Sharingan qu'il n'avait pu dérober à Itachi. Il est si fort, en même temps, pensa Sasuke intérieurement.
- À quoi tu pense ? Tu n'as pas un entraînement à terminer, Sasuke ?
Le concerné leva simplement les yeux, peu surprit de cette visite. Un simple sourire venait s'emparer de ses lèvres. Un sourire franc, sincère, qu'on pensait éteint depuis sa plus tendre enfance.
Il se releva alors et n'hésita pas à retirer le katana de son étui, pointant son arme en direction de son interlocuteur, lui lançant ainsi le défit de se mesurer à lui. Une lueur d'amusement traversa le regard du nouvel adversaire de Sasuke, qui attendait patiemment qu'on vienne l'attaquer pour riposter. Une fraction de seconde plus tard, les deux se livraient un combat sans merci en réalité inoffensif. Ce n'était que de l'entraînement, ni plus ni moins.
Après de longues minutes, daignant enfin abandonner le combat, le premier corps tomba au sol, très vite rejoint par le second, plus imposant et pourtant plus léger, qui le surplombait. Appuyé sur ses deux mains qu'il avait posées de chaque côté de la tête de Sasuke, deux pupilles rouge sang étaient plongées dans des océans de ténèbres.
- J'espère que tu aura un jour la force de me pardonner. Je n'ai jamais voulu que ton bien, Sasuke. Mon coeur n'a cessé de battre que pour toi. Tu es tout ce qu'il me reste et la seule raison de mon existence sur cette terre, en as-tu conscience ?
À bout de souffle, le jeune Uchiha se calmait en encrant profondément dans sa mémoire les traits de se visage si particulier. La seule réponse qu'il fut en mesure de lui donner était un hochement de tête. Il était si près de lui, son corps dominant le siens. La chose qu'il parvenait à éprouver était de la sécurité.
- Je te protégerais et je veillerais sur toi jusqu'à mon dernier souffle et même après ça. Tu es et tu restera mon unique priorité.
Sasuke l'observait, intensément. Bien qu'il voulu répondre, aucun sons ne parvenaient à s'extraire de sa gorge. Il se contenta simplement de faire glisser une longue mèche de cheveux ébène dans sa main, serrant cette dernière comme si sa vie en dépendait.
- Je me battrais corps et âme pour retrouver ta confiance.
Face à de telles déclaration, le cadet des Uchiha semblait perdre la raison. Son coeur battait rapidement dans sa poitrine. Pas comme si vous étiez effrayé, plutôt comme si on vous injectait une dose d'adrénaline qui décuplait vos sens en une fraction de seconde.
Ses doigts serraient toujours cette mèche de cheveux, alors que son regard commençait à retrouver ses pupilles originelles, se brumant d'un voile fin de larmes. À fleur de peau, comme une femme enceinte, voilà ce à quoi il se comparait depuis quelques jours.
- Ne pleure pas Sasuke, je t'en supplie.
Il posa son front contre celui de Sasuke et souffla un dernier "je t'en supplie" avant de lover son visage dans le cou du cadet.
Tout ça était arrivé si vite, lui qui s'était pourtant fait une promesse. Il avait failli à sa mission,et ne ressentait pourtant pas une once de regrets. Au contraire. Il puisait dans ses dernières forces pour maintenir ce corps blottit contre le siens et y prenait un plaisir fou.
Merci, Kakashi, pensa intérieurement Sasuke.
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Comme il l'avait espéré, le repas s'était déroulé à merveille. Pour lui et pour son petit protégé, surtout. L'air maussade qui avait gagné le doux visage du ninja copieur était la preuve que, lui, ne passait pas une super soirée. Mais tant pis, il avait voulu jouer avec le feu, les flammes étaient en train de le consumer comme il le méritait.
Genma était venu le rejoindre plus tard dans la soirée. En ce moment, le Jônin était très absent, les ninjas du village croulant sous les missions. Iruka se sentait désolé pour lui, mais n'était pas triste pour autant. Souffrir pour un homme ? C'était terminée pour lui. Maintenant qu'il avait toutes les cartes maîtresses en main, il ne comptait pas se faire berner une seconde fois.
Le week-end s'était déroulé à merveille. Il avait passé du temps à faire l'amour avec Genma, à corriger ses copies, à refaire l'amour avec Genma, à rendre visite à ses amis, puis a re-refaire l'amour avec Genma. Disons qu'il avait brûlé son quota de calories en pratiquant une activité physique régulière en deux jours.
Veille de jour de classe, le jeune professeur profitait de cette fraîche soirée pluvieuse pour se reposer, savourant enfin la solitude et le calme. Réchauffé par une veste toute douce, lunette posée sur le nez, il buvait tranquillement un thé en lisant pour la centième son bouquin favoris. Avant de s'adonner à la luxure comme il le faisait en ce moment, Iruka était ce style d'homme. Casanier, aimant passer ses soirées chez lui à lire des bouquins ou corriger les copies de ses élèves. Et retrouver ses petites habitudes lui faisait le plus grand bien.
Néanmoins, un tambourinement excessif contre la porte l'expulsèrent loin de ce petit moment tant apprécié. Il soupira longuement avant de poser son bouquin sur la table basse, se précipitant jusqu'à la porte d'entrée qui risquait de céder sous les coups violents du soudain visiteur. Bordel mais qui vient encore me faire chier à une heure pareille, pesta-t-il intérieurement.
Lorsqu'il ouvrit la porte, Iruka ne pu retenir un hoquet de surprise.
- Par tous les dieux Kakashi que s'est-il passé ?
Le dit Kakashi s'effondra aux pieds du professeur, répandant un liquide pourpre sur le sol. Il était à bout de force, vidé de son chakra. Le professeur avait pris, en quelques secondes, conscience de la gravité de la situation. Paniqué, voilà dans quel état d'esprit il se trouvait actuellement. Il ne savait pas par où commencer. Cet imbécile avait du lutter corps et âme pour venir jusqu'ici. Mais pourquoi?
Iruka se mit rapidement à genoux et souleva le Jônin du mieux qu'il le pouvait,essayant de ne pas le blesser davantage. Constatant que ce dernier parvenait à le suivre en marchant, le châtain se sentit soulagé. Il n'était pas mort, déjà.
- As-tu besoin d'aller à l'hôpital ?
Aucune réponse. Super génial, pensa intérieurement le Chûnin qui ne savait absolument pas si les points vitaux de son ancien amant avaient potentiellement été touchés. Il restait planté devant Kakashi en l'observant, sentant une boule se former dans sa gorge. L'argenté saignait de tous les côtés. L'arcade sourcilière, le nez, la lèvre. Du sang émanait même de sa bouche.
- Parle-moi, dis-moi ce dont tu as besoin Kakashi, s'il te plait, je suis perdue, souffla faiblement Iruka.
Le jeune homme se sentait désemparé. Il ne devait pas paniquer et rester stoïque face à cette situation plus que complexe. Mais s'il venait à lui arriver quelque chose, il s'en voudrait toute sa vie. Pour une fois, il allait devoir faire entrave à son processus. Surtout quand Kakashi pointait du doigt la baignoire. Un bain ? Il était à moitié mort et la seule chose qu'il voulait était un bain ?
Iruka ne chercha pas à comprendre plus longtemps et lui fit couler un bain. Par pur précaution, il ne mit pas de sel. Son cerveau en mode off, il s'avança vers son aîné et le déshabilla machinalement, avec délicatesse tout de même pour éviter de le faire souffrir davantage. Son torse était couvert d'hématomes et de plaies superficielles. Seule une entaille assez profonde maculait son dos de sang, à moitié séché, que le professeur constatait dans le miroir.
Le Jônin se laissa faire, et grimpa dans la baignoire. Son corps affaiblit et douloureux frissonna au contact de l'eau chaude mais il s'y plongea sans broncher.
- Kakashi ? Tu ne veux pas que je dise à quelqu'un de venir vérifier tes blessures ? Celle dans ton dos m'inquiète, elle semble profonde et elle sa...
- Tais-toi, s'il te plait. Rejoins-moi Iruka.
Le professeur resta pétrifié. Au plus profond de lui-même, il savait très bien que la situation prendrait une telle tournure. Mais il savait pertinemment que s'il posait un pied dans cette baignoire, s'en était fini pour lui. Était-ce cependant le moment de penser à sa vengeance, alors que celui contre qui il se battait était blessé dans sa baignoire ? Il regrettait amèrement son thé et son bouquin.
Face aux grognements d'impatience de Kakashi, le professeur se releva et retira la totalité de ses vêtements. N'éprouvant plus aucune gêne quant à sa nudité face au célèbre ninja, il prit place entre ses jambes, son dos contre le torse de celui qui fut son amant, le soulageant immédiatement. Un long soupire passa la barrière des lèvres fêlées, qui retrouvaient très vite la chaleur et la douceur de cette peau hâlée qu'il convoitait tant.
Iruka ferma les yeux très fort, comme s'il était plongé dans un cauchemar et qu'il ne souhaitait pas voir la suite des événements. Malgré cela, il l'a connaissait, la suite des événements. Comme il ne fut pas surpris quand son corps entier fut traversé d'une décharge si violente qu'il en sursauta, au moment où Kakashi dégageait la nuque du Chûnin pour la lui embrasser.
- Ecoute-moi, mon trésor, souffla Kakashi au creux de l'oreille du châtain.
Le professeur sentait indéniablement les larmes lui monter aux yeux. C'était trop pour lui en si peu de temps. Il y a tout juste vingt minutes, il était paisiblement installé dans son canapé en train de siroter un thé et de lire son livre préféré et voilà que maintenant il se retrouvait dans une baignoire dont l'eau s'empourprait à une vitesse folle, blottit dans les bras de qu'il se refusait depuis des semaines. Et malgré son comportement, Kakashi continuait de le considérer comme son trésor. Cet homme avait vraiment de la hargne, ce n'était pas possible autrement.
- Tu peux continuer de me haïr tant que tu le voudras, je connais mon tragique destin. Tu es bien trop important à mes yeux pour ignorer le fait que... Tout ça n'est que le début de la fin.
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