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7.

Lettre 7

Sais-tu que les fêtes foraines ne sont pas mon univers préféré ? Pourtant, en ce jour particulier, je me suis rendu là-bas pour toi, uniquement pour te voir. Ton rire a brillé comme un baume sur mon cœur blessé. Un instant, une lumière douce a caressé mon âme sombre, mais comme toujours, l'éclat a fui. Les ténèbres m'entourent toujours, où que j'aille, quoi que je fasse. Mais la décision que j'ai prise, celle de mettre fin à ma vie, est née bien avant ce jour. À dix ans à peine, j'avais déjà saisi mon désir de partir... Ce n'est ni ta faute, ni celle de quiconque à la patinoire.


°•°

Jour-J moins 17


Les compétitions nationales se rapprochent inexorablement, et les entraînements s'enchaînent sans relâche, me laissant à peine le temps de souffler. Depuis la disparition de mon grand-père, je m'entraîne avec une intensité nouvelle, cherchant désespérément à taire les pensées qui menacent de m'envahir. Je patine sans relâche, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à en perdre le souffle.

Il ne reste que dix jours. Ce soir, je ne sais pas exactement quelle heure il est, mais je sais qu'il est tard lorsque je quitte le centre de patinage. Dehors, la nuit est constellée d'étoiles, et l'hiver laisse derrière lui un vent encore trop vif pour se promener sans un pull bien chaud. Les mains dans les poches, le sac sur le dos, mon regard se fige lorsque j'aperçois une silhouette familière assise sur un banc, en face de moi. À mesure que je m'approche, je réalise qu'il s'agit de Taehyung.

-Qu'est-ce que tu fais ici ? lui demandé-je, me plantant devant lui.

Sa tête est légèrement inclinée en arrière, ses yeux rivés vers le ciel. Il y a quelque chose de différent depuis notre soirée à la fête foraine. J'ai l'impression de percevoir ses émotions danser dans ses pupilles brunes. Son masque superficiel se fissure.

-La neige a complètement fondu... murmure-t-il, sans prêter attention à ma question. Je fronce les sourcils et décide de m'asseoir à ses côtés, mais il semble si perdu dans les étoiles qu'il ne réagit pas. Tu sais, les hommes de glace fondent au soleil. Ils ne peuvent pas survivre après l'hiver...

Je ne comprends pas où il veut en venir, mais son comportement me surprend. Je n'ai jamais vu Taehyung dans cet état. D'habitude, il saute, il parle, il rit sans cesse, mais ce soir, quelque chose est différent chez lui.

-Que veux-tu dire par là ? je demande, incertain de saisir le sens de ses paroles.

-Pourquoi tu patines, Jungkook ? questionne-t-il en tournant la tête vers moi.

Son ton sérieux me sidère, me laissant figé pendant quelques instants. Que lui arrive-t-il ?

-Parce que je me sens vivant lorsque je suis sur la glace. C'est mon univers, mon seul refuge où je me sens chez moi," je réponds doucement, plongeant mon regard dans le sien. Et toi ?

Son regard glisse lentement sur le côté, se perdant dans le vide. Ce soir, je ne comprends pas son attitude. Ce n'est pas le Taehyung que je connais.

-Veux-tu passer la soirée avec moi ? propose-t-il, ignorant ma question initiale.

-Quoi ? je m'étonne.

-Je... Chez moi, il n'y a personne ce soir, et je ne veux pas y être seul. Je déteste la solitude, se défend-il, baissant les yeux avec tristesse.

Il a toujours été ainsi. Depuis notre enfance, alors que je cherchais la solitude, lui recherchait constamment la présence des autres.

-Et tes parents ? Tu ne vis plus avec eux ? je demande, curieux.

-Non, mais je prévois de leur rendre visite bientôt. Après les championnats nationaux, j'ai prévu de les voir. J'espère que tout ira bien entre nous. Je déteste être en froid avec eux.

Je reste silencieux. Il semble vraiment touché par le fait d'être en mauvais termes avec ses parents.

-Viens, tu peux passer la nuit chez moi, lui dis-je, me levant.

Il lève enfin les yeux vers moi, son regard empreint d'une vulnérabilité qui m'atteint au plus profond de mon être. Lentement, il se lève à son tour, s'emparant de mon invitation comme une bouée de sauvetage.

-Merci, murmure-t-il, sa voix douce se mêlant à la mélodie de la nuit.

Nous nous dirigeons ensemble à travers les rues baignées de clarté lunaire. Chaque pas résonne dans le silence nocturne, ajoutant une cadence discrète à notre progression silencieuse.

Les lumières des lampadaires scintillent comme des étoiles éphémères, éclairant notre chemin incertain. L'obscurité enveloppe nos silhouettes tandis que nous pénétrons plus profondément dans les ruelles tranquilles, comme si nous étions les seuls êtres vivants dans cet univers endormi.

Lorsque nous arrivons chez moi, une lueur jaune émane du perron, réchauffant l'air nocturne de son accueil chaleureux. J'ouvre la porte avec précaution, nous plongeant dans cette maison familiale où tout semble à la fois connu et impersonnel à mes yeux.

À l'intérieur de la maison, une douce lumière tamisée enveloppe chaque recoin, créant des ombres dansantes qui dansent gracieusement le long des murs. Le crépitement hypnotique du bois dans la cheminée résonne comme une mélodie apaisante, offrant une chaleur réconfortante qui embrasse l'âme.

-Mes parents dorment, mais ils sont habitués à me voir rentrer tard. Ils savent que je passe la majorité de mon temps à la patinoire pour m'entraîner, informé-je d'une voix légère.

Taehyung s'installe timidement sur le canapé, entouré d'un mélange de silence révélateur et de mots non prononcés. Attentif, je m'agenouille près de lui, les flammes de la cheminée dansant dans mes yeux alors que je lui offre un sourire bienveillant.

Je ne peux m'empêcher de me questionner sur mes propres motivations à agir ainsi avec lui. Peut-être que, tout au fond de moi, je n'ai jamais réellement détesté Taehyung, mais plutôt son extravagance et son attitude superficielle. Dans ma jalousie face à ses exploits en patinage, j'ai souvent été aveuglé par notre rivalité. Cependant, le voir ainsi ce soir, si vulnérable, a fissuré quelque chose en moi. Parfois, j'oublie que Taehyung est tout autant un être humain que moi, imprégné des mêmes émotions profondes et complexes.

Je prépare rapidement une tasse de thé chaud, laissant les arômes s'élever délicatement dans l'air comme une caresse envoûtante. La chaleur réconfortante de la tasse entre mes mains éveille tous mes sens, et je m'assois aux côtés de Taehyung après lui avoir tendu une tasse fumante. Les saveurs s'entremêlent dans ma bouche, apportant avec chaque gorgée une sensation d'affection palpable.

Nous restons là, dans le silence réconfortant de la maison, nos esprits s'unissant sans avoir besoin de mots. Les regards fugaces que nous échangeons par moments en disent bien plus long que de simples paroles. Mais malgré cela, je peine à déchiffrer les pensées profondes qui se cachent derrière les orbes brunes de Taehyung.

-Parfois, je me demande ce qui se passe dans ta tête, Jungkook, murmure-t-il, la voix empreinte de curiosité.

Je fronce légèrement les sourcils, car cette réflexion me renvoie à mes propres interrogations à son égard.

-Comment ça? demandé-je, intrigué.

Il hausse les épaules, son regard se perdant dans le vide.

-Tu sembles toujours si impassible... Comme si tu étais déconnecté du monde qui t'entoure. J'ai remarqué cela depuis que nous sommes jeunes. C'est pourquoi, l'autre soir, lorsque je t'ai vu pleurer près de la rivière Han, j'ai été profondément touché, m'explique-t-il sincèrement.

Le poids de ses paroles résonne en moi. Impassible ? Loin de moi l'idée de transmettre une indifférence. Bien que je préfère souvent observer plutôt que participer, mes émotions sont tout aussi intenses que ceux des autres.

-J'aimerais être constamment aussi joyeux que toi, mais il semblerait que le bonheur ne soit pas accessible à tous de la même manière, dis-je silencieusement, les mots se frayant un chemin à travers le silence de la pièce.

Il ne répond rien à cela, semblant lui-même plongé dans ses propres pensées. Voyant qu'il somnole, je l'invite finalement à me suivre à l'étage. Dans ma chambre, je lui propose de prendre le lit tandis que je me contenterais du canapé à sa place. Malgré son refus initial, après quelques minutes, il finit par accepter.

Je lui prête des vêtements pour dormir, soucieux de son confort. Une fois sous les draps, alors que je m'apprête à plonger dans le sommeil, je pense qu'il est déjà endormi lorsqu'un son étouffé parvient à mes oreilles. C'est un reniflement, presque imperceptible, comme quelqu'un qui pleure en silence. Mon instinct est de bouger, de le réconforter, mais je me retiens, soucieux de ne pas le surprendre dans une telle vulnérabilité.

Je me demande pourquoi Taehyung pleure, car il ne verse jamais de larmes. Taehyung rit, raconte, s'amuse, mais je ne l'ai jamais vu ainsi, brisé. Alors pourquoi ? Ces questions flottent dans mes pensées alors que je m'endors, imprégnées des mystères de nos âmes et des liens indéfinissables qui nous unissent.

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