ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 16 𝑇𝑎𝑒ℎ𝑦𝑢𝑛𝑔
_Quelques heures avant l'arrivée de Jungkook chez Taehyung, vendredi._
°
L
a pénombre de ma chambre m'accueillit depuis le lever du soleil, s'immisçant par les rideaux tirés, comme une couverture d'angoisse qui m'écrasait. Mon regard se perdait dans le vide, mon esprit vidé d'émotions, vidé de tout espoir.
L'angoisse bouillonnait dans mon ventre, se mélangeant à la tristesse et à la culpabilité que je portais avec moi comme des chaînes. Les souvenirs me torturaient inlassablement .
Soudain, la porte s'ouvrit doucement et la voix de ma mère résonna dans la pièce. Son ton était sombre, mais il portait une certaine douceur. Elle m'annonça qu'ils allaient enterrer Miaou dans le jardin et me demanda de venir.
Je refusai, catégoriquement. Je ne voulais pas voir ce corps sans vie, je ne voulais pas me souvenir de ce moment terrible où j'avais réalisé que ma négligence avait coûté la vie à un être innocent. Je me sentais consumé par la culpabilité et cette douleur était trop forte, déjà.
« Taehyung, viens, s'il te plaît, » insista-t-elle.
Je ne pouvais pas. Rien que l'idée de quitter mon lit, de faire face à cette réalité, me terrifiait. Je revoyais sans relâche la scène où j'avais laissé mon chat sortir dans la cour arrière avantd'allerau lycée, pensant naïvement que rien de mal ne pouvait lui arriver. Je me détestais.
Ma mère insista encore, m'enjoignant de me lever de mon lit.
D'un geste lent, je finis par me mettre debout, les yeux rougis, cherchant à contenir l'amertume qui dévorait mon âme. Je lui dis que c'était elle qui avait tué Miaou, que si elle ne l'avait pas oublié dehors, rien de tout cela ne serait arrivé. Les mots sortaient de ma bouche dans un souffle acerbe, mon cœur meurtri expulsant ses frustrations refoulées.
« Pourquoi tu me prends tout, maman ? Pourquoi tu fais ça ? Ai-je commis une erreur aussi grave que ça en venant au monde ? »
La gifle qui s'abattit sur ma joue résonna violemment dans la pièce, un écho dévastateur de mon reproche, mais je ne bronchais pas. Un sourire sinistre s'empara de mon visage, une lueur étrange brillait dans mes yeux noyés de larmes. Cet instant, où la douleur physique rencontrait ma souffrance intérieure, était devenu familier.
« Frappe-moi encore, va, » dis-je, un défi à peine déguisé dans ma voix. Je préférais ressentir la douleur physique plutôt que celle, beaucoup plus sournoise, de ma propre impuissance. Après tout, un coup de plus ou de moins dans ma vie, qu'est-ce que cela changerait ?
Elle obéit, une nouvelle claque vint marquer ma peau déjà meurtrie. Cette fois, je sentis une brûlure plus intense, quelque chose de plus profond que la simple douleur physique. Ma mère quitta la pièce en fermant la porte derrière elle, me laissant seul avec mes pensées sombres et mes regrets dévorants. J'étais enfermé, prisonnier de ma propre souffrance. L'arrière-goût du sang, car elle avait frappé fort, trop fort, se mêlait à celui de mes larmes, faisant écho à la douleur que je ressentais à chaque battement de mon cœur brisé.
Je m'effondrai sur le sol, mes genoux cédant sous le poids de ma détresse. La tristesse m'enlaça, me submergea. Je devins un étranger dans ma propre peau, un spectateur passif de ma souffrance. Mes larmes coulaient librement sur mes joues, et je sentis que la douleur devenait ma compagne.
Des souvenirs médiocres prirent vie dans ma tête. Les cris, les humiliations, les épisodes où ma mère m'accusait de toutes les choses qui n'allaient pas dans sa vie. Quand j'étais petit, elle se lançait souvent dans des torrents de colère, me traitant d'échec, de déception, de honte. « Je porte tout, et toi, tu es juste là, à me tirer vers le bas, » ne cessait de répéter. Ces mots résonnaient encore dans ma tête, des souvenirs qui se mêlaient à mes propres réflexions sur moi-même. "Tu ne sers à rien! Qui voudrait de toi?"
Je me revis, tout petit, cherchant à me cacher dans les coins sombres de la maison pour éviter d'être la cible de sa colère. Je me souviens de l'odeur des larmes et des cris. Elle me frappait, poussait mon corps contre le mur, accusant mes erreurs comme si elles étaient une blessure sur son cœur, presque comme si ma naissance, ma présence même sur cette terre étaient une offense à son existence.
« Pourquoi es-tu si faible ? Pourquoi ne peux-tu pas être comme les autres enfants ? Pour il a fallu que tu sois aveugle ?»
Je n'étais pas aveugle ! Juste beaucoup trop daltonien pour voir les couleurs... ce n'était pas ma faute si mes yeux ne pouvaient voir que du noir et blanc !
Ces mots résonnaient encore plus fort que les coups. Chaque coup, chaque hurlement, chaque regard plein de dégoût avait fini par devenir une partie de moi, une seconde peau noircie par l'abus. La colère, la douleur devenaient ma manière de vivre, d'exister.
Alors que je pleurais pour Miaou, je pleurais aussi pour l'enfant que j'avais été, pour le jeune garçon brisé qui avait cessé de croire qu'il pouvait être aimé. Mon cœur était un champ de bataille, dévasté par des conflits intérieurs. Je n'étais pas seulement en deuil mais piégé dans un cycle de douleur qui ne semblait jamais se terminer.
Je ressentais un vide insupportable au fond de moi, un abîme de désespoir. Je voulais crier, mais mes mots restaient coincés dans ma gorge, incapables de franchir la barrière de mes peurs. La souffrance était devenue ma seule réalité. Je m'effondrai, le corps tordu sous le poids de mon chagrin, me demandant s'il y avait un moyen de retrouver la lumière au milieu de cette obscurité.
Tandis que je pleurais, je pris conscience que mes larmes n'étaient pas seulement pour Miaou, mais pour toutes les blessures jamais soignées, toutes les fois où j'avais dû conter sur moi-même dans un monde qui m'avilissait. Soudain, le sol sur lequel je m'agenouillais ne semblait plus être un endroit sûr, mais un reflet douloureux de ma propre existence, un miroir de la désolation que j'avais appris à ignorer.
Après de longues heures passées à me morfondre, je me levai finalement péniblement de mon lit. Mon visage est encore marqué par les traces salées de mes larmes, tandis que mon regard était terni par la tristesse qui m'envahit.
Le long du couloir, j'avançais lentement, mes pas résonnant comme des échos désespérés dans le silence de la maison. Les escaliers me firent face, menant vers le salon.
Mais avant d'y parvenir, je m'arrêtai sur une marche, laissant mon corps s'affaler contre sa froideur.
La mort de mon chat était une goutte de plus dans cet océan sombre de douleurs qui me submergeai chaque jour un peu plus. Serait-ce cette goutte qui fera déborder le vase ? Car des choses à dire, j'en avais des tonnes.
Sans avertissement, ma petite sœur So-mi, âgée de tout juste trois ans, descendit les marches avec agilité, ses petits pas espiègles résonnant légèrement. Une lueur de joie illuminait son visage pendant qu'elle tenait sa précieuse peluche contre elle. Elle courut vers moi et sauta sur mes genoux sans se soucier de ma détresse, sautillant de joie et éclatant de rire.
"So-mi, tu devrais aller jouer ailleurs...", je murmurai d'une voix chargée d'émotions.
Elle me regarda avec ses grands yeux innocents, sa peluche toujours entre ses bras.
"Mais TaeTae, Ari ne veut pas jouer avec moi. Tu veux bien t'amuser avec moi ?" demanda-t-elle avec cette douceur enfantine qui parvint à éveiller un soupçon de sourire sur mes lèvres.
J'étais tenté d'accepter, d'oublier mes peines le temps d'un instant avec ma sœur, bien n'étant pas spécialement proches. Mais mon cœur était trop lourd, mes démons intérieurs trop oppressants. Je me levai donc, repoussant doucement So-mi de mes genoux, et me dirigeai vers le garage.
C'est là que j'avais caché une bouteille de whisky, mon échappatoire à travers les vapeurs enivrantes. Mes doigts s'enroulaient autour de ce réconfort liquide, un mélange complexe vide et de soulagement. L'alcool, pour moi, était une tentative désespérée de noyer mes chagrins et d'étouffer les nombreux secrets qui me détruisaient à petit feu chaque jour. Je savais que ce n'était pas une véritable solution, mais la promesse d'un instant d'oubli était trop séduisante.
Car Minho avait raison, j'étais quelqu'un de secret, très secret. Je ne disais que ce qu'il était possible de dire. Jamais je ne m'étais réellement plaint, car depuis tout petit, je m'étais convaincu que cela ne servirait à rien. À l'arrière-plan, il y avait mon beau-père, le père de mes demi-sœurs, qui observait tout, ou presque, mais qui ne bougeait jamais. Son indifférence était une pierre brûlante dans mon cœur, une injustice qui m'étouffait.
Je le détestais pour cela.
Silencieusement, je me dirigeai vers la salle de bain, un sanctuaire où je pouvais m'isoler du monde extérieur. Je m'y enfermai, espérant que, dans l'obscurité silencieuse, je pourrais faire face à mes souffrances. Chaque goutte de whisky que je bus devenait une forme de résistance contre un monde qui me semblait être en train de s'effondrer.
Dans cette pièce confinée, alors que le liquide ambré coulait dans ma gorge, je sentis mes émotions se mêler et se tordre en moi. La douleur, si écrasante, devint un poids difficilement soutenable. La culpabilité se transformait en un cri sourd résonnant dans mes tempes, la détresse s'intensifiait, tandis que l'amertume se frayait un chemin, tel un venin puissant.
Je laissai lentement glisser le masque que je portais habituellement, confronté à moi-même dans la solitude de cette salle de bain. Les larmes se mêlèrent à l'alcool sur mes joues. Me laissant aller aux abîmes de mon chagrin, je cherchais désespérément un moyen de trouver quelque chose, de la paix peut-être, dans ce tourbillon de ténèbres qui m'engloutissait. Mais à chaque larmoiement, je réalisais à quel point j'étais loin d'y parvenir.
Dans la sombre intimité de la salle de bain, mes pensées s'entremêlaient, tels des fils noirs tissant une toile lugubre dans mon esprit tourmenté. Couché dans la baignoire, vêtu de mes habits comme si le monde extérieur était devenu trop froid pour moi, je fus submergé par un torrent de réflexions morbides. La mort, le désespoir, des concepts qui hantaient chacun de mes souffles, menaçant de m'entraîner dans un abîme d'oubli.
Ma main gauche serrait fermement la bouteille de whisky, une lueur amère dans les yeux alors que je laissai ce liquide brûlant faire son chemin dans ma gorge. Dans ma main droite, des comprimés blancs renfermaient l'espoir illusoire d'un calme provisoire. Les larmes continuaient de rouler sur mes joues, mais elles étaient presque invisibles dans cette mer d'haussement d'épaule. J'étais englouti par un sentiment de vide qui me paralysait, une sensation d'être piégé dans un corps sans vie, une coquille vide.
Un à un, je fis disparaître les comprimés, avalant les petites billes blanches qui promettaient une délivrance dans mon esprit assombri. Puis, je mélangeai le goût amer de l'alcool, priant pour que cela efface les images qui affluaient à toute allure. Les horreurs du passé, les coups, les cris, l'oubli - tout qui se mélangeait dans une danse macabre dans mon esprit. Mais peu importait à quel point je m'accrochais à cette liqueur ou à ces comprimés, mes divagations ne faiblissaient pas. Je continuais de me perdre dans les méandres de mes pensées torturées, questionnant les erreurs que je commettais et les choix désespérés qui m'avaient conduit à ce point de non-retour.
Les coups répétés à la porte de la salle de bain brisèrent le silence pesant. Les voix des êtres aimés, inquiets pour moi, s'estompaient lentement alors que ma conscience se fondait dans l'obscurité grandissante. J'essaie de toute mes forces de répondre à cette voix qui ne cessait d'appeler mon prénom. Mais chaque appel semblait lointain, distant, comme si j'étais enfermé dans une bulle de désespoir, prisonnier de mes pensées les plus sombres.
L'alcool et les pilules s'entremêlaient en moi, créant une douce légère qui promettait une évasion. Je voulais sombrer, abandonner ce combat intérieur qui me déchirait, mais au fond de moi, je luttais encore pour rester éveillé. Il y avait cette petite voix, faible mais obstinée, qui me rappelait qu'il y avait toujours une lueur d'espoir. Mais cette lueur était si petite et si fragile, qu'il était devenu plus facile de l'étouffer sous les vagues de chagrin.
J'étais tiraillé entre l'envie de m'échapper et le besoin désespéré de sentir quelque chose, même la douleur. Certains jours, crier, pleurer, se battre semblait être une fuite trop épuisante. Combattre l'ennui de ma propre existence, le vide qui m'accompagnait, ou simplement le fait de vivre me pesait comme une ancre. Alors je me retrouvais là, allongé dans cette baignoire, essayant de distinguer si je voulais vraiment mourir ou simplement disparaître dans un sommeil sans fin, un long et doux oubli.
Alors que je me laissais choir dans la confusion, je voulais un instant sans pensées, sans luttes. Mais cette évasion, je la savais éphémère, un mirage dans le désert de ma douleur. La lutte continuait en moi, face à l'obscurité qui semblait s'étendre à chaque instant. Car au fond, je réalisais que même si je tentais de fuir, chaque gorgée d'alcool, chaque pilule avalée, ne faisait que me rapprocher de ce néant que je cherchais à écarter. C'était une danse macabre entre l'espoir d'un demain et l'acceptation de la fin d'un aujourd'hui.
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Et voilà, le prologue. On sait maintenant qu'il était sous le point de vue de Taehyung.
Alors ? Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Que pensez-vous que Taehyung puisse cacher ? J'ai bien fait attention à ne presque pas laisser d'indices jusque là 😏
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