ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 14 𝑇𝑎𝑒ℎ𝑦𝑢𝑛𝑔
En ce jour particulier, une envie sincère de m'excuser m'étreignit. Il était vrai, j'avais franchi une limite avec Jungkook et il n'y avait aucune excuse valable pour la manière dont je lui avais parlé. Mon arrogance avait pris le dessus, tel un voile obscurcissant mon jugement, m'empêchant de voir à quel point mes mots pouvaient blesser. Mais au lieu de me lever et de tenter de rattraper Jungkook, je restai assis là, sur le pouf, figé dans ma fierté mal placée.
Quelques minutes s'écoulèrent avant que Minho ne réapparaisse, refermant doucement la porte de sa chambre derrière lui. Il s'adossa à celle-ci, son regard triste percutant ma propre conscience comme une flèche. Je baissai les yeux, mal à l'aise. Rares étaient les moments où il exprimait de tels sentiments à mon égard, et en cet instant, je savais que j'avais déçu une partie de lui.
« Vraiment, Taehyung. Dire à Jungkook que personne ne voudrait de lui, c'était vraiment, vraiment déplorable de ta part, » commença-t-il d'un ton ferme.
Je laissai échapper un soupir, haussant simplement les épaules en signe d'indifférence. Quelle importance cela avait-il ? Ce n'était qu'un autre gamin qui se laissait submerger par ses insécurités. Je l'avais blessé, mais qui s'en souciait vraiment ?
« En es-tu conscient, Taehyung ? Pourquoi agis-tu de cette manière ? Si tu persistes ainsi, tu finiras seul, » gronda mon meilleur ami, son inquiétude évidente.
Un rire vide de joie s'échappa de ma poitrine, une réaction que je n'avais pas forcément prévue. Je me levai, faisant face à Minho, la colère bouillonnant en moi.
« Finir seul ? Vraiment, tu vas abandonner notre amitié pour Jungkook, alors que tu ne le connais même pas ? » lançai-je, amer.
Minho secoua la tête de gauche à droite, sa détermination à me faire comprendre mon erreur visible sur son visage.
« Ce n'est pas à cause de Jungkook, mais à cause de ton comportement. Et je n'ai jamais dit que je vais t'abandonner. Tu es mon meilleur ami et, peu importe tes défauts, je t'aime ainsi. Mais parfois, tu franchis simplement les limites et c'est mon devoir de te le faire comprendre, » dit-il d'une voix calme mais chargée de fermeté.
Mes épaules s'affaissèrent. Rare étaient les moments où l'on m'aimait pour ce que j'étais vraiment, et non pour mon apparence ou l'argent que ma famille possédait. Ces simples mots de Minho me frappèrent en plein cœur, mais je ne pouvais pas lui montrer à quel point cela me touchait.
Je cherchais désespérément à garder mon visage impassible. Je ne voulais pas que Minho voie la fragilité qui se cachait derrière ma façade arrogante. Cette vulnérabilité, c'était comme une armure d'argile que je portais, prête à se briser à tout moment. Alors, sans même oser croiser son regard, je me dirigeai vers la porte et la poussai légèrement pour qu'il se décale. Une fois libéré, je me rendis au garage et j'enfourchai ma voiture, la laissant ronronner au moment où je mettais le contact.
La pluie avait cessé, laissant place à un ciel effrayant mais dégagé, comme un reflet de mon propre chaos intérieur. Les oiseaux, timidement, commençaient à s'aventurer hors de leur nid, mais moi, j'étais prisonnier de mes ombres. Je jetai un coup d'œil à ma montre et constatant qu'il était déjà passé dix-huit heures, je rentrai chez moi, le cœur lourd.
En arrivant, je vis Madame Min à l'arrêt de bus, son visage émacié fuyant la pluie, et un sentiment de malaise m'envahit. Je ne savais pas pourquoi, mais chaque fois que je rentrais, il y avait comme une douleur sourde dans ma poitrine. Ma mère m'attendait, cet éternel mélange d'inquiétude que j'ai pu dévoiler notre "petit secret" au monde et de reproche dans ses yeux.
Je savais ce qui se tramait. Je savais que tout cela n'était qu'un cycle sans fin : disputes, reproches, cris, violence. Une vie en montagne russe perpétuelle, sans jamais vraiment savoir quand la tempête se calmerait. Dans le coin de ma tête, un murmure me disait que je devrais m'excuser auprès de Jungkook, que ce que j'avais dit n'était pas acceptable. Mais chaque fois que j'y pensais, la colère refaisait surface, s'emmêlant avec une douleur que je préférais enterrer par des insultes.
Pourquoi moi, je n'avais jamais reçu d'excuse de personne alors que moi je devais m'excuse de blesser à mon tour ?
Les souvenirs vinrent alors me hanter : les années passées, à encaisser les coups que ces imbéciles me filaient sans relâche. Puis, à la maison, le traitement encore plus violent. C'était cela qui me faisait mal, profondément, mais je ne pouvais jamais le dire à personne. Pas même à Minho. Qui pourrait comprendre cela ? Qui pourrait comprendre que derrière mon arrogance se cachait une enfance brisée ?
Je frappai le mur, physique à la douleur de ma situation. Je voulais hurler, mais je ne pouvais le faire. Toutes ces émotions tourbillonnaient en moi, une tempête prête à éclater, mais sauter hors de ma peau et crier revitalisait la douleur que j'avais dissimulée si longtemps. J'étais en colère, j'étais triste et, surtout, j'étais infiniment seul au monde.
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L
e vent jouait avec mes cheveux et caressait mon visage alors que je me tenais à l'arrière de la maison, guidé par ma mère. Un frisson me parcourus l'échine lorsque je remarquai à quel point sa voix était douce, presque fragile. Ce n'était pas une expression que j'avais souvent vue sur son visage, et cela accéléra le rythme de mon cœur, provoquant une confusion tranchante au fond de moi.
« Viens avec moi s'il te plaît, » me dit-elle tendrement, comme si elle savait que j'allais avoir besoin de force pour affronter ce qu'elle s'apprêtait à montrer.
Sans poser de questions, je lui emboîtai le pas, ma curiosité mêlée à une appréhension sourde. Nous nous dirigions vers un carton posé là, dans un coin discret du jardin, comme un secret caché entre les feuilles. Le vent frais, porteur des senteurs post-pluie, soufflait doucement autour de nous, créant une ambiance à la fois apaisante et mystérieuse. Ma mère m'indiqua alors le contenu du carton, et je m'en approchai prudemment, mes instincts en alerte, hésitant à lui accorder ma confiance.
Je soulevai le couvercle avec une extrême précaution, mais ce que je vis aussitôt me fit reculer brusquement. Je tombai sur mes fesses, là, face à cette vision terrifiante.
« Je suis désolée, je ne savais pas qu'il était dehors lorsque le typhon a commencé. C'est madame Min qui l'a trouvé dans la piscine tout à l'heure, » expliqua ma mère d'une voix chargée de regrets, sa culpabilité presque palpable.
« Tu... Tu l'as enfermé dehors... Tu l'as laissé seul... » Ma voix tremblait alors que l'horreur me submergeait.
Les larmes naquirent aussitôt dans mes yeux, tandis que je restai figé, contemplant le corps sans vie de mon chat, Miaou. La douleur me frappa comme un coup de poing au ventre, me bloquant la respiration. Le petit corps inerte, encore humide des eaux tumultueuses de la piscine, était là, devant moi, un cruel rappel de la fragilité de la vie, de tout ce que j'avais perdu sans même le savoir.
Je contemplai mon fidèle compagnon, mon meilleur ami, dans sa dernière immobilité. Le chagrin m'étreignit violemment, tel un serpent traître s'enroulant autour de moi. Les souvenirs de nos moments passés se bousculèrent dans ma mémoire, me submergeant. Avec lui, chaque jour commençait avec une douce mélodie de ronronnements. Chaque moment semblait plus éclatant à ses côtés.
Mes mains tremblantes se tendirent instinctivement vers lui, prenant son corps froid et raide entre mes bras. Je le serrai contre moi, comme si je pouvais lui insuffler la vie à nouveau, comme si mes bras pouvaient rattraper le temps perdu. Des sanglots incontrôlables secouèrent mon corps tandis que j'implorai silencieusement son retour, je priais pour qu'il retrouve ce souffle vital qui l'avait laissé si injustement.
« Miaou, s'il te plaît, reviens-moi, » murmurai-je entre deux sanglots, ma voix portée par un espoir infime qui s'accrochait dans mon cœur brisé.
Mais malgré mes supplications, le silence resta insistant, et la tristesse s'enracina plus profondément en moi, comme une mauvaise herbe dans un jardin abandonné. Je restai là, agrippé à mon chat disparu, cherchant désespérément du réconfort dans une réalité qui refusait de me le donner.
C'était comme si tout le poids de mon monde s'écroulait autour de moi. La colère se mêlait à la tristesse, une tempête d'émotions que je ne savais pas comment gérer. « Pourquoi... pourquoi cette vie me traite ainsi ? Pourquoi devrais-je supporter cette cruauté ? » me dis-je intérieurement, incapable de rassembler mes pensées. Au milieu de ce chaos, je maintenais Miaou contre moi, comme si ma prise sur son corps pouvait le ramener. L'idée de le laisser partir me forêt terrifié. C'était un adieu trop lourd à porter.
Dans ce moment de désespoir, je fus submergé par un flot d'émotions. Je me rendis compte que ces douleurs, ces pleurs n'étaient pas juste pour la perte de Miaou. Non, c'était un torrent bien plus vaste qui explosa en moi. Il y avait la douleur d'une enfance marquée par des abus invisibles aux yeux des autres. Je me revois enfant, pleurant sous les coups, ou d'autres souvenirs encore plus sombres, tout celui qui s'était mué en colère ingérable, piquant et brûlant tout autour de moi.
Chaque insulte cinglant que j'avais balancé à Jungkook, chaque barrière que j'avais érigée autour de moi n'étaient rien d'autre qu'un reflet d'une douleur trop grande à affronter. Je savais que ma mère ne réaliserait jamais à quel point je souffrais, tout comme elle ne comprenait pas la conséquence de son abandon.
Alors que je serrais mon chat mort contre moi, une nouvelle vague de désespoir s'imposa. Je pleurai pour Miaou, mais aussi pour tout ce que je n'avais jamais pu dire. Tout ce que je devrais porter seul, sans jamais laisser sortir cette douleur. La réalité fut que j'étais l'enfant qui avait appris à cacher ses larmes derrière un sourire arrogant, un enfant dont la rage masquait une tristesse infinie.
Miaou, cet innocent petit être, avait été une lueur dans ma vie sombre une thérapie, et maintenant, cette flamme était éteinte. Je restai là, hurlant silencieusement pour un réconfort que je savais ne viendrait jamais, serrant ce petit corps entre mes bras, incapable d'accepter cette perte qui amplifiait le poids de toutes mes souffrances.
Assis dans la cour arrière, baignée d'une humidité bienfaisante, je me perdais dans le temps. Les minutes s'étiraient, sans que je puisse les compter. Miaou était à nouveau enfermé dans cette boîte insipide, reflet fidèle de mon monde désaturé. Mon regard se perdait dans le vide, espérant soudainement se réveiller. J'avais toujours affirmé que peu de gens me touchaient vraiment, mais mon chat faisait partie de cette poignée d'âmes aimées qui fleurissaient en mon cœur.
Puis, de tendres mains vinrent me secouer doucement. Je tournai la tête vers Ari.
"Maman a appelé papa pour lui raconter ce qui s'est passé. Et il nous a ramenés", murmura ma sœur d'une voix rarement douce à mon égard. "Je... Est-il là-bas ?" chuchota-t-elle, étouffée par des sanglots douloureux.
Je me contentai de hocher la tête en silence.
Les larmes d'Ari se mêlaient aux miennes, formant un fleuve salé qui inondait chaque recoin de mon être. Les souvenirs de Miaou se bousculaient dans ma tête, un kaléidoscope de moments doux et chaleureux. Je sentais encore son pelage soyeux sous mes doigts, son ronronnement apaisant résonnant dans ma poitrine. Mais aujourd'hui, tout cela n'était plus qu'un écho lointain, une mélodie qui s'éteignait peu à peu.
Je me revoyais encore, par une soirée d'été désormais brumeuse, recueillant ce chaton fragile au bord de cette route sombre et cruelle. Il avait besoin de moi, et j'avais besoin de lui. Ensemble, nous avions bâti une complicité sincère et profonde, de celles qui donnent un sens à nos vies sans couleur.
Ari et moi avions pris la décision de l'adopter, de le prendre sous notre aile aimante, alors que notre mère, aveugle à la beauté pure de Miaou, souhaitait le voir disparaître dans une animalerie. Ce chat, c'était bien plus qu'un simple compagnon pour moi. Il était mon échappatoire, ma fenêtre ouverte sur un monde trop souvent assombri par mes propres ténèbres intérieures.
Mais aujourd'hui, alors que je me dirigeais vers ma chambre, un voile sombre se glissait sur ma vision. Le déni m'envahissait doucement, comme une ombre qui grandit dans l'obscurité de mon esprit. J'espérais encore un miracle, que Miaou n'était qu'endormi, qu'il allait revenir vers moi avec sa faconde habituelle, éclairant mes journées de jeux empreints de liberté.
Je m'allongeai sur mon lit, qui semblait soudain comme un sarcophage froid et silencieux. Les ombres des souvenirs dansaient sur les murs, un ballet mélancolique qui me berçait sans pour autant me réconforter. Je me raccrochais à cette douce illusion d'un présent intact, retenant ma respiration pour ne pas réveiller ma réalité embrumée.
Mes paupières s'alourdissaient, m'enfermant dans un sommeil fragile, à la frontière entre la lucidité et l'oubli. Mais même là, dans cet entre-deux délicat, le silence nocturne était transpercé par l'écho de ses miaulements, un chant mélodieux qui me ramenait sans cesse à la vérité que je redoutais.
Dans le cocon feutré de ma chambre, le monde s'estompa peu à peu, laissant place à une symphonie d'absence et de solitude. Un vide sans fond s'ouvrait grand devant moi, comme une abîme béante aspirant les dernières bribes de ma réalité. J'étais seul, sans mon confident à pattes, et cette idée s'insinuait sournoisement dans les recoins de mon esprit fragile.
Le déni était là, insaisissable et insidieux, agrippant mon cœur meurtri pour l'empêcher de comprendre et d'affronter cette douloureuse vérité. Les larmes coulaient encore sans bruit sur mes joues, chaque goutte une prière silencieuse pour un retour en arrière, une porte entrebâillée vers un passé qui ne reviendrait jamais.
Alors, je me perdis dans les bras de Morphée, espérant que le réveil serait différent, que l'étreinte douce de Miaou serait la première chose que je ressentirais en ouvrant les yeux. Mais la réalité était impitoyable, et dans le néant de mes pensées, seule la douleur de son absence persistait.
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