ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 11 𝐽𝑢𝑛𝑔𝑘𝑜𝑜𝑘
Une fois de plus, j'étais là, planté devant la porte des Kim, le cœur un peu en tension, mais déterminé. La mère de Taehyung m'accueillit avec un sourire bienveillant, une chaleur palpable émanant d'elle. "Bonjour, Jungkook. Entre, je t'en prie," me dit-elle tout en s'écartant pour me laisser passer.
Je la saluai avec respect et pénétrai dans la salle à manger, ma respiration se calmant peu à peu dans cette atmosphère accueillante. Madame Kim me proposa un verre d'eau ou peut-être du thé, mais je déclinai poliment. "Merci, mais je suis allé payer une bouteille d'eau avant de venir," répliquai-je en sortant mes affaires de cours. J’organisai mes cahiers sur la table, attendant l'arrivée de Taehyung.
L’atmosphère était paisible, mais je savais que ce calme serait de courte durée. Comme prévu, il ne tarderait pas à arriver en traînant les pieds, confondant la vie scolaire avec une lutte contre la monotonie. Et effectivement, soudain, la porte s'ouvrit. Taehyung entra, tout de noir vêtu, trahissant son penchant pour ces tons sombres. J’avais remarqué que même au lycée, il ne se séparait jamais de ses objets de couleur neutre : stylos, sac, même son laptop était noir.
"Bonsoir, Taehyung. Aujourd'hui, nous allons nous pencher sur la chimie-physique, comme convenu," entamai-je, tentant d’adopter un ton enthousiaste.
Un soupir blasé s'échappa de ses lèvres, et je fis de mon mieux pour l'ignorer, m'attelant à l'ouverture de mes notes. Ma frustration me tenaillait, mais je pris une profonde inspiration. Après tout, il était évident que je devais garder mon sang-froid, même si cela signifiait devoir expliquer sans cesse à Taehyung ce qu’ils enseignaient en cours.
"Non, Taehyung. Le ciment n'est pas une unité fondamentale de la matière. L'atome est la base de tout ce qui nous entoure," lui dis-je, revoyant l'exaspération dans ma voix.
Il haussait les épaules, avec ce regard fier et espiègle qui ne me faisait qu'augmenter la tension en moi.
"Peut-être, mais le ciment est essentiel pour créer du béton. Et le béton est une substance solide, durable et utilisée dans de nombreuses constructions. Donc, techniquement, il fait bien partie de la matière." Me dit-il.
Je serrai les poings en ressenti ma patience se fissurer peu à peu. Pourquoi Taehyung se complaisait-il à me contredire de cette façon ? Un défi ? Une simple taquinerie ?
"Mais Taehyung, tu dois comprendre que l'atome est ce qui constitue la matière elle-même. Il est composé de protons, de neutrons et d'électrons. Le ciment n'a rien à voir avec cela !" insistai-je, essayant de garder ma voix calme.
Il arborait un air narquois. Ses traits trahissaient un plaisir presque enfantin face à ma frustration croissante. "Bah, ce n'est qu'une façon de voir les choses. Pourquoi s'attacher à des définitions strictes quand on peut explorer d'autres perspectives ?" me dit-il, décontracté.
L'irritation m'envahissait. Quelque chose dans son attitude, sa façon d'ignorer les fondamentaux me mettait hors de moi. Mes doigts me démangeaient de lui arracher cette expression moqueuse. "Taehyung, on ne peut pas se contenter de perspectives erronées dans des matières comme celles-ci !" m’écriai-je, ma voix se fractionnant sous l’émotion.
Je cherchais à me recentrer, mais il ne laissait rien transparaître. Je lui demandai de prendre un stylo pour surligner les réponses. "Prends le stylo bleu, pour démarquer de la couleur noire des écrits," suggérai-je, espérant que son indifférence ne s'étendrait pas à cet outil essentiel.
Il regarda ma trousse où se trouvait plusieurs stylos de plusieurs couleurs sans même bouger, avant de répondre sans hésitation. "Non, je préfère utiliser le noir." Il me tendit le stylo noir sans cacher un léger sourire, qui semblait dire que ma demande était presque ridicule.
"Mais Taehyung, le bleu est vraiment mieux pour surligner. Essaye au moins," insitai-je, perplexe face à sa réticence.
"Non, je préfère vraiment le noir," répliqua-t-il, son ton impassible. Cette réponse me laissa frustré, incapable de comprendre pourquoi il rejetait une si simple suggestion. Le stylo bleu était juste là, à côté de lui dans la trousse.
"Pourquoi ?!" m'écriai-je, à bout de nerfs. "C'est juste un stylo, Taehyung !"
Il leva un sourcil, mais quelque chose dans son regard me fit réaliser qu'il y avait plus derrière son refus de s’initier à de simples nuances. Peut-être s'agissait-il d'une chose que je ne comprenais pas, mais je restai sur ma faim.
"Écoute," dit-il finalement, son ton devenant légèrement plus sérieux. "Je sais que ça te semble anodin, mais j'ai mes préférences. Parfois, je préfère juste... rester dans ce que je sais. Le noir, c'est simple, et je n'aime pas me prendre la tête."
J'observai longuement Taehyung, surpris par ce que je venais d'entendre. À ce moment-là, je me rendis compte que peut-être il y avait plus de profondeur dans son rejet de la couleur. Je n’avais jamais pensé qu'il pouvait y avoir un lien, une histoire derrière sa réticence à embrasser d'autres teintes. Une pièce de son identité que je ne connaissais pas encore.
Peut-être que le style gothique lui plaisait ? Ca expliquerait pourquoi il n'a que du noir sur lui?
Je poussai un soupir et revis mon approche. "D'accord, utilise le noir si cela te convient," dis-je, tentant de rester apaisé. Je ne savais pas ce qu'il ressentait, et j'étais loin de me douter des aspects de sa vie qui le rendaient tel qu'il était. Dans ce moment de tension, je compris que même si nous avions nos différences, il était crucial de faire un pas vers la compréhension, quelle qu'elle soit.
°
Taehyung était bien plus qu'une simple provocation dans ma vie. Il était mon antidote à la routine, mon défi perpétuel, mais aussi mon énigme à résoudre. Chaque fois que je pensais avoir percé son mystère, il avait ce don incroyable de me repousser à la case départ, me laissant perplexe. Bien que je puisse être tenté de le tuer par moments, une partie de moi aspirait encore à comprendre ce qui se cachait derrière ce sourire narquois.
En retenant ma colère, je lui lançai un regard plein de défi. "Très bien, Taehyung. Si tu veux explorer d'autres perspectives, alors je suis prêt à relever le défi. Mais sache que je ne vais pas abandonner tant que tu n'auras pas compris les vérités fondamentales de la matière. Prépare-toi à être enseveli sous un océan de connaissances."
Ses yeux s'éclairèrent avec une lueur de provocation. "Je me demande bien quel océan tu vas créer avec ton ciment, Jungkook," me lança-t-il en riant, ignorant royalement mon sérieux. Ce rire, cette nonchalance, rendait encore plus difficile le chemin que j'essayais de tracer pour lui. Malgré moi, je me mis à sourire, conscient de l'absurdité de notre situation.
Je me lançai donc dans une nouvelle tentative d'expliquer les bases de la structure atomique, mu par une détermination renouvelée. J'abordai les protons, les neutrons, et les électrons avec une passion que j'espérais contagieuse. Mais les mots semblaient glisser sur Taehyung comme l'eau sur les plumes d'un canard. À chaque phrase, il opérait un retournement d'esprit, trouvant des préoccupations là où je voyais des certitudes.
"Tu sais, même si c'est intéressant tout ça, je ne suis pas sûr que ça soit vraiment applicable à ma vie," m'interrompit-il d'un ton désinvolte, comme si mes explications ne valaient pas l’effort d'être comprises.
Malheureusement, j'en étais arrivé au point de rupture. Il restait encore un bon quart d'heure à passer ici, mais je me sentais tellement las de la tête butée de Taehyung. Ses mots résonnaient dans mon esprit, me poussant à l'irritation. Combien de fois avais-je dû jouer le rôle de l'enseignant pour lui ? L'échange qui aurait dû être enrichissant devenait un combat d'ego. Pour ne rien arranger, il avait une manière de me contrarier qui frôlait le génie.
Nos regards se croisèrent, et sous mes bras croisés, je cachai ma colère. J'étais prêt à l’exprimer mais en freinant mon élan, me contentant d’attendre qu’il propose une sortie de secours.
"Qu'y a-t-il ? Tu veux toi aussi me sucer la bite, comme la moitié des gens du lycée rêvent de le faire ?" lança-t-il avec une arrogance qui me laissait pantois.
J'aurais dû le tuer, cet individu, mais une voix raisonnable en moi me fit valser mes pensées irréfléchies. Je pris une profonde inspiration pour me calmer, mes muscles si tendus qu'il m'était difficile de me concentrer sur autre chose que ma colère. Pourquoi était-il tellement insensible ? Pourquoi cherchait-il à blesser ?
"D'accord, restons zen," pensai-je épuisé. Je décidai de tourner la page sur cette provocation inutile et trouvai autre chose à dire.
"Je pensais que tu avais des sœurs. Elles ne sont pas là ?" demandai-je en tant que sujet de conversation neutre, espérant qu’il se montre plus ouvert.
"Qu'est-ce que ça peut te foutre ?" cracha-t-il, le mépris affleurant sur ses lèvres.
D'accord, j'abandonne.
Cette dynamique de tension était épuisante, et je commençai à ranger mes affaires, mon esprit tournant encore autour de ses réflexions et de la personne qu'il pouvait être sous cette façade. J'avais la sensation d'être pris dans une danse sans fin avec lui, une danse où chaque pas en avant se transformait rapidement en pas en arrière.
Je me dirigeai vers la porte, le cœur troublé par l'accumulation des émotions. La mère de Taehyung m'attendait, souriante et bienveillante, prête à me raccompagner chez moi. Ce sourire réconfortant contrastait tellement avec l’agitation intérieure que je ressentais.
"Comment se passent les cours avec Taehyung ?" me demanda-t-elle, un brin d’inquiétude l’effleurant alors que nous marchions ensemble.
Je fis une pause, cherchant les mots. "Eh bien, disons qu'il a son propre point de vue sur les choses," lui répondis-je avec un sourire forcé. C'était une manière polie de dire que chaque interaction pouvait rapidement devenir un combat intellectuel.
Madame Kim acquiesça, comme si elle savait que je naviguais dans des eaux tumultueuses. "N'abandonne pas, Jungkook. Parfois, les élèves les plus difficiles sont ceux qui ont le plus besoin d'un bon enseignant," me conseilla-t-elle avec sagesse. Je ne savais pas si j'étais ce bon enseignant, mais je me promettais de donner le meilleur de moi-même.
°
Je me réveillai doucement, mes paupières s'ouvrant lentement pour accueillir la lueur matinale qui filtrait à travers les rideaux. Une sensation de douceur et de tranquillité berça mon esprit tandis que je m'étirais dans mon lit, me détendant sous la couette.
Juste à côté, la salle de bain m'appelait, prête à me baigner dans une symphonie d'eau chaude. Le liquide ruisselant sur ma peau, caressant chaque centimètre de mon corps, me réveillait complètement. Je fermais les yeux, me laissant envahir par une sensation agréable de pureté, comme si chaque goutte emportait mes doutes et mes soucis.
L'eau cessa de couler et je sortis de la douche, une serviette entourant ma taille. Je m'arrêtai un instant devant le miroir, mon regard rencontrant celui d'un jeune homme déterminé, prêt à affronter le monde.
Je m'habillai rapidement de mon uniforme scolaire, lissant les plis avec soin. Chaque pièce de tissu était une seconde peau, symbole de ma vie quotidienne, et une certaine fierté en moi s'éveillait en les enfilant.
Je sortis de ma chambre silencieusement, me dirigeant vers la salle à manger où mes parents m'attendaient. Ils étaient assis à la table, leurs sourires radieux m'enveloppant d'une chaleur réconfortante. Le bruit des ustensiles et les doux parfums du petit-déjeuner flottaient dans l'air, emplissant la pièce de vie.
"Bonjour maman, papa", lançai-je avec un sourire sincère.
"Bonjour Jungkook", répondit mon père, son regard plein d'amour.
"Mange bien, mon chéri, tu as une longue journée devant toi", ajouta ma mère, son regard pétillant de gentillesse.
Nous partagions des rires contagieux, nos conversations animées remplissant la pièce d'une joyeuse cacophonie. Mais au milieu de ce bonheur, une ombre s'immisçait discrètement dans mon cœur.
Je me demandais silencieusement : que penseraient-ils de moi si jamais je leur annonçais un jour que j'étais gay ? Comment réagiraient-ils ? Leurs sourires s'effaceraient-ils, porterait-ils un seul soupçon de rejet ?
Alors que j'étais perdu dans mes pensées, ma mère remarqua mon air soudainement assombri. Elle posa sa main sur la mienne et doucement, me demanda : "Qu'est-ce qui ne va pas, Jungkook ?"
Je levai les yeux vers eux, la boule silencieuse de douleur se coinçant dans ma gorge. Mais je la chassai brièvement et lui souris,
"Ne vous inquiétez pas, tout va bien. Je suis juste un peu fatigué."
Même si une part de moi aurait aimé partager mes peurs et mes incertitudes avec eux, je gardai mes pensées secrètes, de peur de briser cette aura harmonieuse qui nous entourait.
Je quittai l'appartement, mes pas me guidant vers l'appartement de mon meilleur ami Yoongi, au troisième étage. Il m'attendait à la porte, son sourire radieux se reflétant dans ses yeux. Ensemble, nous partîmes vers le lycée, nos rires enveloppant nos échanges et chassant momentanément mes questions tourmentées.
Tout au long du trajet, je me sentais reconnaissant d'avoir quelqu'un comme Yoongi à mes côtés, quelqu'un qui me comprenait sans même que je n'aie besoin d'expliquer. C'était rassurant de savoir que je n'étais pas seul face à mes interrogations.
Et ainsi, avec mes doutes dissimulés dans le recoin le plus profond de mon être, je m'avançai vers une nouvelle journée d'aventures au lycée, déterminé à trouver des réponses à mes multiples questions et à tracer mon propre chemin vers l'acceptation de moi-même.
•
Jungkook ne sait pas encore que taehyung ne voit que le noir et le blanc correctement pour le moment...
Alors ? Que pensez-vous de taehyung et Jungkook ? De leurs familles respectives ?
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