Le lendemain matin, le réveil fut mouvementé pour tout le monde. Jordan et ses parents étaient levés depuis un petit moment pour le départ agités de Marion. Elle avait claqué toutes les portes de la maison marmonnant des insultes à travers les couloirs. Eléonore le sommeil léger n'en avait pas loupé une miette. Vêtu d'un tee-shirts long et d'un short, Eléonore se leva du lit pour aller voir ce qu'il se passait et comment cette histoire allait finir. Elle était simplement curieuse.

Elle descendit les escaliers doucement sans un bruit, à peine réveillée, les yeux encore collés, mais elle tomba, bien sur, nez à nez avec Marion qui la fixa du regard méchamment. Eléonore, bien trop à l'ouest la regardait totalement passive.

— Je sais pas quel genre de fille malsaine tu es mais franchement, draguer et baiser son soit disant « ami » en couple. C'est franchement irrespectueux.

— Juste pour ma défense, je n'ai pas couché avec Jordan. Du moins pas pendant que tu étais avec lui, alors tes préjugés de merde, tu te les met ou je pense.

— Mais tu te prends pour qui au juste ? S'approcha Marion.

— Personne en particulier, je défends juste ma propre personne. Je vais pas me laisser souiller par une fille comme toi.

— C'est l'hôpital qui se fout de la charité là ! Se moqua sarcastiquement Marion.

— Tu vas pas me dire que tu t'es pas rendu compte avant que Jordan avait des vues ailleurs ? Si tu l'aimais vraiment et si tu le voulais vraiment tu te serais battue pour lui en faite.

— Je vois même pas pourquoi tu parles en faite.

— Ça c'est l'argument de la fille qui est en tord et qui veut pas l'avouer, sourit Elo. Tu sais je t'en veux pas, Jordan non plus. Mais juste, avoue que tu as profité de lui et de sa célébrité.

— Salope.

Elle poussa Eléonore avant de passer pour prendre son sac. Eléonore essayait de rester calme. Elle croisa le regard de Jordan qui lui fit signe de ne pas répondre.

— Retourne coucher avec tout le monde, cracha t-elle en partant.

Eléonore serra les points fort. Elle se retourna pour sûrement aller la frapper mais Julien descendit les escaliers au même moment et retint Eléonore de justesse. Eléonore regarda Julien qui lui tenait l'avant bras, il souriait bêtement un peu comme son frère.

—T'es plus maligne que ça, dit-il. Range tes petits poings. De toute façon tu y'aurais pas fait grand choses avec ta force.

— Toi, fais gaffe.

Elo lui accorda puis le remercia. Marion était sorti dehors en furie, les parents de Jordan s'y trouvait déjà et Jordan l'avait suivit. Julien et Eléonore les rejoignaient pour assister à la scène. Ils étaient à l'écart, Jordan était à la portière de Marion qui lui criait dessus des choses peu conventionnelles.

— Elle aurait au moins pu vous remercier de l'avoir accueilli, dit Eléonore.

— Tu sais, elles sont pas toutes comme toi, rigola Gilles.

— Papa calme-toi, elle est plus intéressait par le petit dernier des Rondelli, se moqua Julien en poussant gentiment Eléonore qui faisait mine de rien.

— Oui mais bon, Jordan tient quand même de moi à la base alors bon...

Eléonore explosa de rire face à la réaction de la mère de Jordan et Julien. Elle venait de taper son mari dans les bijoux de famille, ce qui l'avait fait crier.

— Si ça peut vous rassurer Monsieur Rondelli, vous êtes un très bel homme pour votre âge.

Julien pouffa de rire, sa mère se moqua ouvertement. Eléonore sourit bêtement fière d'elle.

— Je vais retirer ce que j'ai dis sur toi ma grande.

— Oh bah non, elle est super ! Ajouta sa femme.

Julien était mort de rire face à la répartie de la jeune femme.

— Aller on va les laisser discuter...

Personne n'avait fait attention à la voiture qui s'en aller, Eléonore ne s'était même pas rendu compte que Jordan revenait vers eux. Sa mère avait tiré Julien et son mari a l'intérieur de la maison pour laisser Jordan et Eléonore discuter seuls. Le jeune homme arrivait les mains dans les poches un léger sourire sur les lèvres qu'il essayait de camoufler. Eléonore toujours en tenue de nuit avait les bras croisés sur sa poitrine et regardait Jordan.

— Alors ?

— On peut dire que je suis officiellement célibataire, sourit le brun.

Eléonore se réjouissait doucement de la nouvelle. Elle approcha une main de son visage pour regarder à la plaie du jeune homme. Plusieurs files étaient déjà partis ce qui rassura Elo. Elle laissa ensuite sa main glisser le long de sa joue, Jordan ferma les yeux l'espace d'un instant pour ressentir son touché.

— J'avais oublié combien tu étais belle le matin.

— Ta plaie va beaucoup mieux, tu commences déjà à cicatriser, répondit Eléonore à côté.

Jordan s'approcha d'elle, il sortit une main de ses poches qu'il laissa glisser le long de son bras droit avant de passer sa main dans son dos et aux creux de ses reins. Leurs corps n'étaient qu'à quelques centimètres. Jordan prit un ton plus mielleux pour parler usant de son charme et son faciès de star hollywoodienne :

— Tu sais, tu es pas obligé de t'habiller, on peut très bien...

Eléonore posa ses mains sur les épaules de Jordan et le repoussa doucement pour lui faire comprendre le message.

— Ne soit pas si pressé beau brun.

— Aller, je sais que tu en meurs d'envie.

Après que Jordan est continué à forcer sa mère avait sauvé Eléonore en annonçant que le petit dej était prêt. Elle s'était donc empressée de rentrer à la maison pour déjeuner. Assise à table à côté de Julien, Jordan en face et les parents à la même place que la veille, ils avaient déjeuné tranquillement dans un cocon familiale et une ambiance agréable. Eléonore n'avait jamais vraiment connu ça, elle avait été très vite livré à elle-même et ne parlait presque plus à ses parents. A part lui verser de l'argent sur son compte ils ne faisaient plus rien ensemble. Cette ambiance chez la famille Rondelli l'a changeait, mais positivement. Elle était heureuse et se sentait bien.

Elle mangeait tranquillement un bol de céréales avec une petite salade de fruit fraîchement préparée par la mère de Jordan. Tout le monde discutaient de la pluie et du beau temps, mais Julien avait envie de parler d'autre chose et ça se sentait. Dès qu'il put il enchaîna :

— Alors ?

— Alors quoi ? Demanda Jordan.

— Vous comptez faire quoi tout les deux ?

Eléonore manqua de s'étouffer. Jordan fixait son frère avec la bouche en cul de poule et les sourcils haïssaient. Les parents ne disaient rien mais n'en pensaient pas moins.

— Je suis tout juste séparé de Marion, rigola Jordan. Je vais peut-être attendre avant de m'engager dans une nouvelle relation.

— C'est ça, en plus j'ai des trucs à régler.

— Et puis, on s'entends très bien comme ça !

Jordan regarda Eléonore avec un sourire lui faisant comprendre qu'il valait mieux qu'ils disent la même choses. Malgré ce qu'il venait de dire, bien que cela soit faux, Eléonore eut un léger pincement au cœur. Jordan l'avait remarqué, il chercha ses pieds sous la table comme pour la rassurer. Il entoura ses jambes autour de la jambe droite de la brune.

— Vous allez pas nous la faire, sourit leur mère.

— Un homme amoureux, on le reconnaît à son regard, ajouta Gilles. Il regard sa petite femme précieusement comme si elle était fragile et qu'elle risquerait de se briser si il la regardait trop.

— Je te pensais si fragile papa, se moqua Jordan.

— Arrête Jordan, c'est toi le canard dans l'histoire, renchérit son frère.

— Mais n'importe quoi cette famille !

— Tout ça pour dire qu'on attends avec impatience, ajouta sa mère. Avoir une belle-fille aussi gentille, belle, et  pragmatique c'est juste un pure plaisir.

— Je... Je sais pas quoi dire, sourit Eléonore alors que ses joues s'empourprer.

— Tu sais Eléonore, lorsque Jordan nous a annoncé que vous n'étiez plus ensemble, on était très déçu et très triste. Jordan était vraiment anéanti.

— C'est vrai, ajouta Gilles. Voir son fils comme ça, ça fait mal au cœur.

Un malaise s'installa. Jordan se sentait mal que ses parents disent ça et Eléonore se sentait mal puisque c'était sa faute.

— On te dis pas ça pour te faire culpabiliser Eléonore, ne t'inquiète pas ! Expliqua sa mère. On veux juste que tu sache à quel point tu comptes pour Jordan et à quel point il a besoin de toi.

— Et qu'il est amoureux de toi, ajouta Julien.

— Ça va ? Je peux peut-être donner mon avis ? Intervint Jordan.

— Je t'en prie mon fils.

— Je tenais quand même à m'excuser auprès de vous d'avoir fais l'erreur de quitter Jordan l'année passée et de l'avoir blessé. C'est totalement ma faute, j'ai pas été assez courageuse pour imaginer que ça durerait malgré la distance... et surtout que ce n'était qu'une question de temps.

— Ne t'inquiète pas ma grande, sourit sa mère. Au moins vous vous êtes rendu à l'évidence.

— On en a parlé oui, affirma Jordan.

— Vous comptez faire quoi ? Demanda Julien.

— Pour le moment, attendre.

— Pourquoi ?

— On a quelques trucs à mettre aux clairs.

— Après avoir rencontré Jordan et Maxime pendant le Redbox trip, nous avons gardé contact, je me suis mise en couple avec Jordan et personne ne savait que nous étions ensemble mise à part Maxime. Mais Jordan voulait garder ça secret...

— Puisque je les connais, j'aurais reçu des réflexions en mode « de toute façon Jordan il se tape une abonnée » et que ça aurait créé la polémique auprès des abonnés donc... j'ai préféré ne rien dire et faire ma petite vie, expliqua Le Brun.

— Ça se comprend, dit son père.

— Puis des mois après qu'on se soient séparés j'ai finit mes études dans l'audiovisuel, graphisme à Clermont et j'ai décidé de monter sur Angers pour continuer les études, c'était vraiment une pure coïncidence. L'école a Angers était la seule qui me plaisait. Donc voilà, je me suis installée, j'ai mené ma vie quelques semaines avant de rencontrer Vodk dans un bar, on a sympathisé mais à aucun moment je lui ai dit que j'étais une abonnée.

— Valentin a énormément de préjugés sur les abonnés, ils pensent que ça bloque une discussion et qu'ils sont pas objectifs donc Elo a rien dit sur le fait qu'elle aimait ce qu'il faisait et qu'en parallèle elle nous connaissait avec Maxime...

— Donc ça fais des mois que tu mens à toutes la Redbox ?

— On ment, rectifia Jordan. C'est moi qui ai prit la décision de ne rien dévoiler. Tout ça parce que j'ai flippé ma race et je paniquais totale. J'étais juste perdu dans ma tête.

— Donc avant d'évoluer sur quelques choses de nouveau... il faut d'abord qu'on règle certains points avec nos potes, et après... on pourra avancer.

— C'est judicieux effectivement, conclu sa mère.

— Je suis fier de toi mon fils ! Sourit son père.

Jordan et Eléonore se regardaient droit dans les yeux. Cela réchauffait le petit cœur en manque d'amour et de soutiens de la jeune femme. Voir une famille si unis, si aimante avec une telle confiance et bienveillance la faisait sourire et la comblait. C'est à 23 ans qu'elle trouva enfin sa place, certes elle les connaissait depuis peu mais ils l'avaient accueilli avec gentillesse, pour une raison plutôt tragique qui au final se finit positivement grâce à elle, grâce au fait qu'ils se soient retrouvés avec Jordan.

[20.07.19]
1895 words.