𝑆𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑎 𝑝𝑙𝑢𝑖𝑒
Avais-je pensé une fois à vouloir la solitude ? Avais-je autant enfin d'être blessé ?
Tout ce que je voulais depuis petit, c'était avoir des amis, être aimé. Mais au final, j'ai reçu le contraire, c'est-à-dire être insulté, moqué, être le souffre-douleur dont on prend plaisir à blesser.
Les enfants sont cruels, avec leurs rires qui te prouvent que tu n'es pas là pour être avec eux, mais uniquement pour être frappé et blessé, contre ton gré.
À force d'être rejeté, j'ai appris à être seul, à ne plus dépendre des autres, même si le harcèlement est plus propice lorsqu'on est seul.
Il y a eu des fois où j'aurais pu mettre fin à mes jours, mais je me disais que cela n'en vaudrait pas la peine.
Car il y a encore tellement de choses à vivre, même si on est seul et harcelé.
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Aujourd'hui, on s'est moqué de moi. Les gars de ma classe ont volé mon sac et ont pris du plaisir à planquer ma tronche dans mon plateau à la cafétéria.
J'étais habitué à ça, mais je crois que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est que personne ne soit venu me défendre.
Ils ont préféré se mettre à l'écart et rire de la situation plutôt de venir me sauver.
Comme je les maudis.
Honteux et tout sale, j'ai couru pour aller pleurer dans les toilettes, comme un fragile.
Évidemment, je n'ai pas essayé de me défendre, car quoi que je fasse, les autres trouveront toujours d'autres choses à dire pour me blesser.
Ils croient que je suis un divertissement, le comique de service. Ils n'ont aucun sentiment, aucune culpabilité. Ce sont des monstres.
Durant le reste de la journée, je n'ai pas cherché à participer en classe et j'ai fini la journée, endormi pour ne pas avoir à parler.
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Nous sommes à la fin de la journée et à voir le ciel dehors, il ne fait pas très beau à voir. Je sens qu'à tout moment, la pluie va s'abattre sur la ville.
Je soupire puis prends mon sac, décidant de faire la route rapidement, afin de rentrer à la maison.
Pendant que tous les gens autour de moi sont avec un parapluie, je me retrouve seul, courant contre ces gouttelettes d'eau qui menacent de me mouiller entier.
L'émotion revient en moi et les larmes coulent sur mes joues à la seconde où je pense à être seul pour le reste de mes jours.
Je m'assois, sous l'abri d'un bus inoccupé puis commence à pleurer. Je me sens si seul face au monde entier, on dirait que le monde m'en veut d'être né et de vivre. Ce simple droit de vivre ne mérite pas d'être célébré ?
Je suis abandonné, comme un chien dont on ne voudrait pas s'occuper.
Je prie pour que tout ce carnage s'arrête.
C'est alors que j'entends des pas s'approcher de moi et qu'une présence se fait sentir. Mon cœur bat à mille à l'heure, craignant que l'on se moque à nouveau de moi.
Alors que je suis prêt à encaisser les remarques de cette personne, voilà que cette dernière m'aborde.
- Tu risques d'attraper la crève, sous cette pluie battante.
Je ris, ironique de ces fausses paroles remplies d'affection.
- Pourquoi tu t'inquiètes pour moi ? Il n'y a rien à me dire. J'en ai marre de faire pitié.
- Ce n'est pas faire pitié, mais c'est un constat, me répond-t-elle.
- Pars, je veux être seul.
Je m'impatiente à l'idée qu'elle parte pour que je me retrouve seul, mais je ne l'entends pas bouger. Mais qu'est-ce qu'elle n'a pas compris en lui disant de dégager ?
Ne voyant pas son visage, je l'entends juste s'asseoir et retirer sa capuche. Intrigué de savoir qui elle est, je lève les yeux vers elle et je la vois.
C'est une jeune coréenne, aux yeux bruns tels la noisette et au teint pâle. Ce doit être une étrangère, je pense.
Puis, mon regard se focalise sur le sol, encore gêné de sa présence.
- Je ne sais pas ce qu'il t'est arrivé, commence-t-elle, mais pleurer sous la pluie empira tes souffrances. Et tu risques d'être malade.
- Je ne suis pas malade.
- Mais tu as le teint pâle.
- Et donc ? Tu t'en soucies ?
Elle soupire.
- Ce serait bizarre venant d'un inconnu que je lui demande s'il va bien, mais aujourd'hui, nous sommes dans un monde où même s'il est bondé de personnes, nous restons quand même seuls.
Elle n'a pas tort.
- Donc, je reviens de cours et je vois un lycéen pleurant sous un arrêt de bus, sous une pluie battante. Crois-tu que cela rendrait ma journée meilleure ? Je ne pense pas.
- Tu te serais amusée à te moquer de moi.
- Non, parce que je sais ce que ça fait d'être seul.
Mes yeux s'écarquillent. Et à ce même moment, elle retire quelque chose puis m'enroule une écharpe. Intrigué, je lève les yeux pour la première fois vers elle, sans voix.
Elle noue avec attention l'écharpe et je ne parviens pas à calmer mon affolement.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu vas être malade.
- Non, j'ai un double col roulé aujourd'hui, en ce temps frileux. Mon écharpe servira à quelqu'un qui en a besoin.
Je ne dis rien et la laisse faire. Elle est vraiment gentille. Alors que je l'avais repoussée, elle est quand même restée avec moi.
Mon cœur continue de palpiter dans ma poitrine et les larmes manquent de couler à nouveau. Cette gentillesse, cela fait longtemps que je ne l'avais pas ressentie.
Son nœud fait, elle me regarde, rassurée.
- J'espère que ça pourra t'aider, avec le froid.
Elle se lève et se prépare à partir.
- Bon, je vais rentrer. On risque de s'inquiéter pour moi à la maison.
Elle me fait un salut puis part, en me souriant. C'est la première fois, depuis des années que je souris à nouveau.
Je la vois courir, mais je suis heureux qu'elle ait été là. Si elle n'avait pas été là, je ne serais probablement pas rentré à la maison, ce soir.
Ce doit être à cause de ma fièvre, mais je pense avoir vu un ange descendre du ciel.
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