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- Si tu es ici, c'est pour me succéder sur le trône, commence à expliquer Artémis en entamant une marche lente. Tu es l'une de mes descendantes au sang le plus pur ce qui signifie que nul autre que toi ne peut prendre ma place. Bien sûr, je n'aurais pensé que ta mort soit si prématurée lorsque je l'ai appris, j'en ai été surprise.
- Vous saviez que j'allais mourir ? s'étonne Phœbé.
- Oui, acquiesce la femme. Lorsque la mort du futur héritier approche, un oracle est annoncé afin que la dirigeante actuelle puisse préparer sa venue. Tu as dû t'apercevoir de ces écritures qui se dessinaient dans ta peau ?
La jeune hoche la tête, pensive, tout en adoptant son allure.
- Eh bien, ce fut le premier signe de ta mort.
À cette annonce, son corps est parcouru d'un vif frisson qui dresse ses cheveux sur sa tête. Depuis tout ce temps, son destin était déjà scellé ? Peut-être que si elle en avait parlé, elle ne serait pas là à l'heure actuelle.
- Bien sûr, il n'y a aucun moyen d'échapper à son destin, complète la déesse, rassurant la jeune femme ; si tu ne meurs pas de cette façon à cet endroit, tu mourras d'une autre façon à cet autre endroit. C'est une fatalité. Bien sûr, je suis encore en capacité de m'occuper des cieux alors, je te repose la question, reprend Artémis en ancrant ses iris dans les siennes ; aimes-tu cet homme, Phœbé ?
Qu'est-ce que ses sentiments pour Chad ont à voir là-dedans ? Surtout que ce sujet la gêne plus qu'il ne le devrait. De plus, elle lui pose cette question, mais qu'est-ce que l'amour ? Elle ne l'a jamais vécu alors comment peut-elle répondre à cette question ? Chad est son âme-sœur, certes, mais cela force-t-il ses sentiments ? Elle ne pense pas. Alors que la jeune femme est en pleine réflexion, un point blanc et scintillant au loin attire son attention. Il semble se diriger dans leur direction à une allure impressionnante et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, avant même que son cerveau ait le temps de sonner l'alarme, Phœbé se retrouve nez à nez avec un énorme loup blanc. Ses prunelles d'un vert intense plongent dans les siens et quelque chose en elle lui fait dire que c'est une femelle.
- Que ressens-tu à son égard ? enchaîne Artémis en constatant son absence.
La question lui semble alors moins compliquée. Ce qu'elle ressent pour lui ? Pour commencer, un profond sentiment d'exaspération, cet homme l'épuise mentalement avec son comportement parfois puéril et agaçant. Souvent, il se montre beaucoup trop confiant et a la fâcheuse habitude de la prendre pour acquise alors que ce n'est absolument pas le cas. Tout en énumérant mentalement sa liste de défauts et des mille et une raison pour lesquelles il l'agace, elle caresse le museau de cette louve qui paraît être le parfait opposé Elveyn. Et rien qu'en pensant à ce loup noir, l'image de Chad se matérialise dans ses pensées.
Ses prunelles ambrées lui reviennent à l'esprit et son cœur frétille tandis qu'un fin sourire étire ses lèvres. Elle adore la façon dont elle le surprend parfois à la regarder : cette tendresse et cet émerveillement qui illuminent son regard comme si elle est ce qu'il a de plus précieux. Se perdre dans cette amassée d'or est une pratique dont elle ne se lassera jamais et heureusement, parce que croiser son regard sans s'y noyer relève de l'impossible. Et bien que son rictus moqueur réussisse toujours à la ramener sur terre, elle recommence encore et encore. En parlant de son sourire, elle en est complètement folle, ravageur au possible avec ses longues canines et ses dents blanches sans parler de sa voix aux timbres suaves et graves qui lui souffle ses surnoms et ses promesses. Et son rire... Quel son sublime... Il ne rit pas souvent, plus friand des sourires suggestifs, toutefois, ses oreilles se régalent lorsque cela arrive.
L'aura de puissance que dégage son corps sobrement musclé et boursouflé de cicatrices à certains endroits appelle à la protection et c'est comme cela qu'elle se sent lorsqu'elle se retrouve dans ses bras : protégée. Toutefois, il n'est pas qu'un attrayant physique. Son intérieur se montre à la hauteur de son extérieur. Il a le sens du devoir et possède des valeurs ainsi que des convictions inflexibles. Il fait son maximum pour protéger les siens et gère habilement ses responsabilités d'Alpha et d'Alpha suprême. Et bien que maladroit, autant qu'elle l'est, il tente tant bien que mal d'arranger les choses entre eux même s'il s'y prend comme un parfait imbécile. Un tendre sourire adoucit ses traits en pensant à lui.
Il a le don de l'agacer, mais lui seul a réussi à faire naître en elle de nouvelles sensations, mais surtout de nouveaux sentiments, car cet homme est le seul qui arrive à la mettre dans de tels états, à la faire passer du rire à la colère, à la faire se sentir unique. Seigneur, qu'est-ce qu'elle aime cet abruti. Malheureusement, il est trop tard... Coupant court à sa réflexion pour enfin répondre à Artémis, la jeune femme détache son regard de l'animal et le plante dans le sien, étrangement attendrie. Cette dernière avance de deux pas pour se retrouver face à elle puis saisit son visage en coupe avant de délicatement baiser son front.
- Il n'est jamais trop tard, affirme-t-elle en s'éloignant de nouveau. Pýli pou syndéei ton Ouranó me ti Gi, anoígei.
Un long portail bleu, sortant tout droit du néant sous leurs pieds, surgit de nulle part tandis que la déesse reporte son attention sur Phœbé.
- Rejoins-le, sourit-elle. Je suis encore tout à fait capable de contrôler ce monde. Il te suffit de sauter. Mais fais vite, la prévient-elle ; sa partie humaine ne tient plus qu'à un fil. Je ne te demanderai qu'une chose : sois ma messagère.
Bien qu'elle ne comprenne pas pour quelle raison cette déesse aurait besoin d'une messagère, elle opine. Et alors que la jeune femme s'apprête à sauter, la louve à ses côtés rétrécit, lui permettant de la reconnaître comme étant le loup de ses rêves puis d'un coup, elle se désintègre en plusieurs particules brillantes qui pénètrent son corps. Seulement, sous le coup de la surprise, elle exécute un mouvement de recul qui l'entraîne dans le portail, lui arrachant un cri de peur. Pourtant, lorsque son regard croise celui d'Artémis durant une fraction de seconde, un détail tilt dans sa tête. Se pourrait-il que cette femme soit sa mère ?
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