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Durant de longues minutes, ils se regardent dans les yeux. Et elle sent quelque chose changer entre eux. Leur lien. C'est exact, le lien qui les unit devient un peu plus fort. Un peu plus, chaque fois qu'elle s'attache un peu plus à lui.
Pendant des heures, ils restent ici, à discuter de tout et de rien, Chad venant l'embrasser sans aucune raison, jusqu'à ce qu'elle ait fini ce mur où n'apparaît plus une seule trace de beige provenant de sa couleur d'origine. La nuit est déjà tombée et la lune éclaircit le ciel, les plongeant dans une agréable ambiance.
- C'est bon ? lui demande Chad, une fois qu'il a terminé de ranger la peinture.
- Oui, affirme Phœbé en posant une toile sur le tout.
La main de Chad se glisse dans la sienne et l'entraîne de l'autre côté où ils croisent Natalia, Maria et Erika qui mettent la table.
- Vous avez besoin d'un coup de main ? questionne Phœbé.
- Volontiers, répond Erika à son grand étonnement. L'autre potiche n'a pas daigné lever son gros cul de notre canapé.
Eh bien, elle déteste une personne plus qu'elle, c'est assez rassurant. En compagnie de sa « belle-sœur », Phœbé se rend dans la cuisine.
- Je te remercie pour l'autre soir, déclare-t-elle soudainement avec un agacement perceptible.
- Tu m'as fait culpabiliser, peste Phœbé en roulant des yeux.
- Quand on est la dernière, on apprend à berner le cœur du monde, sourit Erika accompagnée d'un clin d'œil. En tout cas, je ne suis pas venue faire amie-amie avec toi, l'humaine alors prend ce plateau.
La louve se saisit d'un également et retourne à l'extérieur. Phœbé qui la pensait un minimum fréquentable, la voici déçue. Cependant, elle coopère et après une dizaine de minutes à faire des allers-retours entre la cuisine et l'extérieur, Natalia lui intime d'aller se préparer. La Californienne lui obéit et monte à l'étage. En rentrant dans la chambre, Phœbé découvre Chad couché à plat ventre, la tête sous un oreiller et curieuse de savoir s'il dort, elle s'en rapproche.
- Tu dors ? demande-t-elle doucement.
Aucune réaction. S'est-il vraiment endormi en l'espace de dix minutes ? C'est possible, elle le fait bien, elle et en moins de cinq minutes. L'Afro-Américaine s'accroupit et avec lenteur, elle soulève l'oreiller pour se rendre compte qu'elle ne fait pas assez attention à cet homme. Ce serait le cas, elle ne serait pas aussi surprise de sa beauté à ce moment et à chaque fois qu'elle prend le temps de l'observer. Elle caresse sa joue lisse qui ne comporte aucune imperfection, si ce n'est la petite cicatrice près de son oreille. Et une impression la laisse supposer qu'il ne dort pas réellement.
La jeune femme, feignant n'avoir rien remarqué, lui mordille le menton, puis lui embrasse voracement la joue avant de s'approcher de son oreille.
- La belle au bois dormant qui ne dort pas, on se réveille.
Ne percevant toujours aucun mouvement, Phœbé roule des yeux. Un vrai gamin. D'un coup, le bras de Chad se lève, sa main agrippe sa nuque et l'attire à lui pour l'embrasser à pleine bouche.
- Tu as oublié ici, souffle-t-il, les yeux toujours clos tout en retirant sa main.
- Qui t'a dit que j'ai oublié ? réplique Phœbé. Je ne l'ai pas fait, c'est tout.
- Embrasse-moi, commande-t-il en écartant ses paupières.
- Quoi ? Non ! refuse-t-elle vivement.
Chad fronce les sourcils et la dévisage silencieusement avec suspicion. Et malgré cela, il reste terriblement beau. Ce n'est plus qu'une histoire de surnaturel, la sorcellerie y est mêlée, il n'y a aucun doute. Elle se redresse et s'enferme dans la salle de bain. Et malgré cela, elle sent son regard X traverser la porte. En soupirant, Phœbé retire ses vêtements et en jetant un coup d'œil au miroir fixé au-dessus du lavabo, un détail attire son attention. Elle s'en rapproche et observe sa hanche à travers le miroir.
Un symbole de très petite taille habille sa peau. Il semble incrusté, tatoué dans sa chair. Ce signe lui paraît familier. Elle l'a déjà vu quelque part. Dans un cours d'écriture ancienne au lycée. Oui, c'est cela. Elle l'a quitté au bout de quelques mois, mais elle a eu le temps d'étudier les runes divinatoires. Et si sa mémoire est bonne, c'est un « D » qui est ancré sur sa peau.
Une réflexion fait soudainement son apparition : doit-elle en parler à Chad ? Peut-être ? Oui ? Non ? Ce phénomène relève du surnaturel donc il saura ce que cela signifie, elle espère. Mais en même temps, ce n'est pas si grave pour le moment. Alors, la jeune femme referme sa bouche qui est déjà prête à héler Chad et file sous la douche, s'interrogeant tout de même sur sa décision.
✶❍✶
- Phœbé, pourrais-tu me passer le plat d'empanadas, s'il te plaît ?
S'interrompant entre deux bouchées, l'intéressée tend à Natalia le plateau et continue de manger ce délicieux repas qui se compose essentiellement de viande. Mais au diable ce régime flexitarien. La jeune femme consomme au moins pour les deux mois à venir et profiter de ce dîner en vaut largement la peine.
- Le repas semble te plaire, reprend la mère de Chad avec enthousiasme.
La bouche pleine, l'intéressée lève la tête de son assiette qui accapare toute son attention et acquiesce vivement.
- On le voit, raille Erika.
Mettant sa main devant sa bouche le temps d'avaler, Phœbé essuie sa bouche avec sa serviette et complimente Natalia sur sa cuisine. Elle reviendra certainement juste pour le plaisir de manger.
- Par contre, j'étais persuadée que vous étiez végétarienne. J'ai bien fait de m'écouter, sourit-elle en lançant un regard explicite à son fils.
- Je ne suis pas végétarienne et je le lui ai déjà dit une centaine de fois, déclare l'Afro-Américaine en jetant un coup d'œil agacé à cet idiot. Je mange de la viande occasionnellement, mais j'en mange. Heureusement que vous n'avez pas écouté cet imbécile.
Se rendant compte de ses mots, la jeune femme peste contre elle-même. Insulter Chad alors que la majorité de sa famille se trouve à cette table. Et selon le regard narquois de la Chose, elle s'est réellement mise dans le pétrin. Du moins, elle le croit jusqu'à ce que Natalia s'esclaffe.
- C'est la même chose, affirme Chad. Ne pas manger ou rien qu'occasionnellement, c'est pareil.
- C'est toi qui le dis, raille la jeune femme en levant les yeux au ciel.
Après le dessert, seule Phœbé prend la peine d'aider les femmes de la famille Mora-Gonzàles, les fesses de cette stupide pimbêche sont apparemment collées à sa chaise.
- Phœbé ? l'interpelle timidement la voix frêle d'un enfant.
Cette dernière se désintéresse de la vaisselle qu'elle doit essuyer et se retourne pour apercevoir Enrique. Ce petit bonhomme vêtu d'un pantalon camel et d'une jolie chemise en jean et qui craint le grand méchant Alpha suprême.
- Oui ? lui sourit tendrement la jeune femme.
- Papa m'a dit d'inviter la plus jolie fille de la maison et c'est toi la plus jolie fille, bégaie le garçonnet en se balançant d'un pied à un autre.
- C'est gentil pour nous, ricane Maria qui se charge de ranger la vaisselle. Allez, l'encourage-t-elle ; on va se charger du reste. Qui aurait le culot de refuser l'invitation de Monsieur Enrique ?
L'États-Unienne sèche ses mains dans un torchon et attrape celle que lui tend ce gentleman version trois pommes. Une fois à l'extérieur, la jeune femme découvre que ses cousins ont fait de même sauf qu'ils se sont limités à leur cousine. Eh bien, son cavalier est un ambitieux. Les applaudissements ainsi que les exclamations des grands résonnent dans l'air et quand ils atteignent la piste, Phœbé le prend dans ses bras. Il en paraît boudeur ; si petit et tant de fierté. Il se laisse tout de même faire et la jeune femme se met à bouger joyeusement sur ce rythme entraînant. Ainsi, jusqu'à ce qu'il prenne sommeil. Il semblerait que le petit homme ait ses limites.
- C'est impoli de prendre sommeil sur sa cavalière, souffle-t-elle en souriant avant d'embrasser délicatement son front.
Sa mère ne tarde pas et vient le récupérer afin d'aller le coucher. Si sa mémoire est bonne, celle-ci se nomme Aiko et est originaire du Japon. Son teint est très clair, son visage est d'un ovale parfait et ses cheveux brillant de couleur noisette sont coupés en un carré qui lui tombent sur le milieu de la nuque. Des yeux de même teinte, un nez assez fin et des lèvres pleines. Une très belle femme. Rapidement sortie de son observation, elle se fait kidnapper par Maria et Natalia alors qu'elle s'apprête à retrouver sa place auprès de Chad. Ce dernier a beau être en compagnie de sa famille et probablement dans un vif débat, chaque seconde, il jette un coup d'œil dans sa direction. Peut-être croit-il qu'elle va s'envoler ?
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