🌗||{07}||🌗
- Viens, l'invite l'inconnue dans un sourire. Tu le découvriras par toi-même...
Cette dernière contourne Phœbé et la laisse plantée au milieu du trottoir plus ou moins bondé. Sans prendre le temps à la réflexion, la jeune femme lui emboîte le pas jusqu'à être à sa hauteur.
- Ah, la curiosité, chantonne-t-elle avant de s'enfoncer dans une ruelle à l'écart des regards.
Durant plus d'une demi-heure, l'étrangère se plaît à circuler à travers des allées étroites et inhospitalières, suivie de près par l'Afro-Américaine.
- On ne fatigue pas trop derrière ? lance-t-elle en s'arrêtant dans un cul-de-sac empli de poubelles
- Non, répond l'étudiante en analysant autour d'elle à la recherche d'une issue ou d'un quelconque passage secret.
- Tant mieux alors, parce que tu n'es pas au bout de tes peines.
Sur ces mots, elle bondit et attrape l'échelle de secours d'un ancien appartement.
- À toi, l'honneur. On va jusqu'au toit, déclare-t-elle
- D'accord..., accepte-t-elle avec hésitation.
En montant ses marches, Phœbé s'aperçoit que, malgré son apparence inutilisable, l'escalier s'avère être en parfait état. Elle n'a pas la moindre idée de l'endroit où elles vont atterrir seulement, elle est certaine que cela ne doit pas être très légal sinon ces marches ne seraient pas camouflées de la sorte.
Une fois sur le toit, la jeune Américaine se rend compte qu'il n'y a rien, strictement rien. Les rebords du toit sont surmontés de murs en béton d'au moins trois mètres pour une raison que Phœbé n'arrive pas à déterminer. Son accompagnatrice se dirige vers celui à gauche et prononce des mots d'une langue qui lui est inconnue. Un passage, capable d'accueillir une personne, s'ouvre.
- Mademoiselle, l'incite cette dernière.
Plus emprise à l'hésitation que la première fois, Phœbé reste immobile.
- Je ne vais pas te tuer, tu sais ? Puis, si tu veux rester là, il n'y a pas de soucis. En tout cas, moi, j'y vais.
- Attends ! Attends !
La jeune femme prend place face à l'entrée et attend les indications de son guide.
- Jambes en avant, bras croisés sur la poitrine, tête en arrière et c'est parti ! s'écrie-t-elle en la poussant à l'intérieur. Bon voyage !
Aspirée dans un énorme toboggan fermé, gris métallisé et droit, Phœbé ne peut s'empêcher de rigoler à gorge déployée. L'occasion de faire ce genre d'attraction ne s'est jamais présentée et même si, elle n'aurait sûrement pas accepté. La foule, mélangeant loups et humains : dominants et dominés, ne l'attire nullement.
Subitement, son corps rencontre une surface molle. Il est vrai que la jeune femme n'a pas pensé à l'atterrissage et elle est heureuse d'avoir été accueillie par ce matelas gonflable.
- Il semblerait qu'on se soit bien amusée, sourit une femme qu'elle reconnaît comme étant celle à la capuche. Moi, c'est Izïa, se présente-t-elle en lui tendant sa main.
Sublime. C'est le seul mot qui lui vint à l'esprit en observant la jeune femme blanche de près. Ses cheveux lisses et sobrement ondulés forment un dégradé de gris foncé et de gris plus clair. Ses prunelles cendrées s'accordent parfaitement avec sa peau hâlée. Son piercing au septum met son fin nez en valeur, de même pour son rouge à lèvres marron sur sa bouche pulpeuse. Des tatouages sur son cou sont perceptibles et ont l'air de s'étendre jusqu'à son buste.
- Phœbé, dit-elle en retour tout en attrapant sa main afin de se relever
- Alors, Phœbé, commence Izïa en la tournant face à un paysage pour le moins original ; bienvenue à P.E.L.I ! Le coin des insurgés !
Sur un hectare, des centaines de tentes solaires se voient éparpiller de part et d'autre. Des personnes, au style particulièrement sombre, fument dans leur coin ou jouent de la musique, installées autour d'un énorme feu de camp placé au centre tandis que d'autres taguent des murs à l'écart. Le lieu semble être le résultat de vieux bâtiments démolis précipitamment et n'importe comment.
- Izi ! Izi ! Tu es enfin revenue ! s'écrie une fillette blonde en bondissant dans les bras d'Izïa.
- Bien sûr que je suis revenue, sourit-elle. On ne m'aura pas aussi facilement.
Les deux filles s'enlacent longuement jusqu'à ce qu'elles soient interrompues :
- Izïa, je croyais t'avoir dit de ne pas emmener n'importe qui ici, intervient sèchement un jeune homme qu'aucune des deux n'a vu venir.
Dans un soupir, la concernée lui fait face.
- Logan, je te présente Phœbé. Phœbé, mon frère, Logan. Le créateur de P.E.L.I.
Logan est de la même taille que Phœbé, soit un mètre soixante-dix. Il a le crâne rasé, des yeux semblables à ceux de sa sœur, un nez de taille moyenne et une bouche fine. Il ne saute pas aux yeux, mais il n'en est pas repoussant pour autant.
- J'imagine que nous ne sommes pas enchantés, suppose la jeune femme avec désinvolture.
- Ce n'est pas grave, ce n'est qu'un détail, réplique Izïa en fusillant son aîné du regard. Bon, je vais te faire visiter.
Un instant plus tard, les jeunes femmes ont fait le tour de chaque tente. Phœbé a été présentée à tout le monde à l'exception d'un groupe qui danse à l'écart.
- Je vais te présenter ma bande maintenant, annonce Izïa en lui saisissant la main.
Elles approchent des danseurs et les observent. En particulier un pour Phœbé. Vêtu de vêtements larges, l'homme bouge divinement bien. Une parfaite maîtrise de ses hanches sur cette chanson des années deux mille dix. Un bonnet noir vient cacher ses yeux et attirer l'attention sur son nez fin et sa bouche étroite, rosée et humide. Une sonnerie retentit et alerte le groupe. Aucun d'eux ne possède de téléphones. Ils les voient comme une adhésion au système.
- Désolée, je dois répondre, s'excuse Phœbé en enfilant son oreillette avant de décrocher via son bracelet.
- Bébé ? C'est maman, commence April d'une petite voix. Ça va faire une heure que tu es partie et je m'inquiète. Ils sont tous partis et je suis sincèrement désolée de les avoir crus. Tu ne m'en veux pas trop, j'espère... En tout cas, j'ai fait une pizza végétarienne pour toi alors, rentre.
Le cœur de la jeune femme se serre en percevant l'éraillement dans la voix de sa mère, celle qui lui porte un amour inconditionnel.
- Je ne t'en veux pas, maman, soupire-t-elle. Et cette pizza, je présume qu'elle est entièrement pour moi ? sourit-elle avec un ton joueur dans l'espoir de l'entendre rire.
Son souhait se réalise lorsque sa mère rigole doucement.
- Bien sûr, Bébé ! Rien que pour toi.
- Tant mieux alors. J'arrive dans quarante minutes, ne t'inquiète pas, et pas touche à ma pizza, la prévient-elle
- Ne t'en fais pas, mon cœur.
Elle raccroche et se dirige vers Izïa dont la bande la dévisage avec méfiance.
- Je dois y aller, lui dit-elle. Où se trouve la sortie ? questionne-t-elle en détaillant l'endroit par lequel elle est entrée.
- Viens, je te ramène, lui propose Izïa.
Seulement, son offre est refusée par son frère, Logan.
- Lauri le fera. Il est hors de question que tu ressortes d'ici pour le moment.
Sa sœur soupire bruyamment, mais ne proteste pas. Le garçon, qui précédemment dansait, passe devant elle sans un mot. L'Afro-Américaine s'apprête à le suivre quand Izïa la stoppe.
- Tiens, dit-elle en lui tendant une carte. Appelle-moi et je viendrai te chercher, sourit-elle avec un clin d'œil. Bon, maintenant, dépêche-toi, sinon Lau' va partir sans toi.
Phœbé jette un coup d'œil au-dessus de son épaule et le découvre en train de lever une porte souterraine avant de s'y enfoncer. Elle les salue rapidement et court afin de rattraper le jeune homme. Soulevant la trappe, elle s'engouffre à son tour dans le tunnel, dont la lumière imprègne chaque millimètre, et le retrouve appuyé contre le mur. Il ne perd pas de temps et reprend la route dès qu'il la voit.
De dos, l'homme est tout aussi intéressant. Sa musculature, camouflée dans ce débardeur à l'effigie d'une équipe de basket de Chicago et comportant le numéro un, peut se deviner grâce à ses biceps gonflés comme il le faut. Ses épaules tatouées roulent agréablement et son poing droit, surmonté d'un tatouage au poignet, se ferme successivement. Toutefois, elle se sent obligée de le comparer à cet alpha suprême dont le physique n'a rien à envier au sien. Le seul bémol est qu'elle n'a pas vu sa tête. Son corps, son regard, sa voix, son loup : tout lui a été dévoilé excepté son visage. Réalisant cela, la jeune femme s'arrête.
Si cela se trouve, ces avantages n'ont rien à voir avec ce à quoi il ressemble. Peut-être n'a-t-il aucun charme ? Peut-être tente-t-il de la séduire en se servant de ses atouts ? Et enfin, il lui dévoilera son affreux visage ? L'Afro-Américaine grimace.
- Oh ! Tu comptes passer la journée ici ? se plaint son compagnon de route.
Elle le dévisage et comprend : beau, mais agaçant. Il faut bien qu'un de ces fameux défauts touche ce type à l'apparence bien trop parfaite... Elle soupire et reprend son cheminement.
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