Steve est épuisé et n'a pas dormi depuis plus d'une semaine. Il n'arrive pas à passer à autre chose. Dès qu'il ferme les yeux, il revoit Ashleen, sa confession, le Démogorgon, et la colère qui l'étreint, mais cela est atténué par son amour. Il a envie de courir chez elle, la prendre dans ses bras et lui dire que ce n'est pas grave, qu'il lui pardonne mais il ne peut pas. Parce qu'une part de lui refuse de lui pardonner, une part qui lui montre Ashleen comme un monstre.

Il a réussi à l'éviter pendant les premiers jours du lycée, mais a découvert qu'elle n'y était même pas. La jeune fille n'a pas voulu sortir de son lit et reste des heures entières à fixer le plafond, se nourrissant à peine. Alan fait tout ce qu'il peut, il reste à la maison pour la surveiller, lui fait ses plats préférés et reste assis devant sa porte toutes les nuits. Il est épuisé lui aussi.

En ce moment, Ashleen emballe ses affaires dans un carton. Elle a perdu du poids et l'arrêt de son traitement fait effet et elle est de plus en plus faible. Elle a aidé son père à trouver une maison à New York, comme ça, quand elle ne sera plus là, un bout d'elle sera à New York. Elle soulève difficilement la machine à coudre et la pose dans un carton en soufflant puis attrape la robe de bal de Nancy.

Nancy qui n'a pas arrêté de venir frapper à sa porte pour la supplier de lui ouvrir. Nancy refuse de quitter sa meilleure amie quoi qu'il arrive. Mais Ashleen ne lui ouvre jamais. Elle soupire et entend un bruit dans le salon. Elle sursaute, son père n'est pas là et il fait nuit, elle commence à avoir peur.

- P ... Papa?

Elle sent son cœur battre et déglutit difficilement. Elle entend des pas dans l'escalier et regarde la porte avec effroi tandis que la poignée tourne. Ashleen fronce les sourcils en voyant qui se tient devant elle.

- Qu'est-ce que tu fais là? souffle-t-elle.

Linette Fisher a une arme dans la main et le visage déformé par la colère. Elle pointe son pistolet sur Ashleen mais contre toute attente, la jeune fille n'a pas peur.

- Tu as tout gâché, crie Linette. Tu étais censée faire avancer la science et ton petit caprice de petite fille a tout gâché! Je t'avais dit que tu allais le payer petite garce!

Ashleen est épuisée. Épuisée de devoir se battre, elle ne demande que la mort, le plus vite possible et par tous les moyens alors elle regarde sa mère droit dans les yeux.

- Vas-y, tire, dit-elle. Tue-moi.

Linette enlève le cran de sûreté et s'approche lentement avec un petit sourire. Elles entendent une voiture s'arrêter dans l'allée et Alan sort. Ashleen prend peur, pourquoi revient-il maintenant? Linette soupire et lève les yeux au ciel, peut-être qu'elle devrait le surprendre lui aussi et le tuer.

- Mon père avait raison, crache Linette. Tu n'es pas reconnaissante, je t'ai donné la vie pour une mission, tu devrais être reconnaissante.

- Ton père? murmure Ahsleen. Tu ... Brenner ...

Linette se met à rire et Alan entre dans la maison. Le père de famille dépose ses clés dans l'entrée et appelle sa fille mais elle reste silencieuse. Inquiet qu'elle soit morte, il s'empresse de monter et s'arrête sur le pas de la chambre en voyant son ex-femme. Réalisant la situation, il se précipite entre sa fille et Linette.

- Qu'est-ce qui te prend? s'exclame-t-il. Ce n'est qu'une enfant! C'est moi d'accord? C'est moi qui n'ai pas respecté le contrat, si tu dois t'en prendre à quelqu'un, c'est moi!

Alan gagne du temps, espérant que les voisins les entendront par la fenêtre ouverte et appelleront la police. Il voit la femme qu'il a aimée et se rend compte qu'elle n'est qu'un monstre.

- Elle a ruiné ma vie cette petite garce, beugle à nouveau Linette.

- C'est une enfant, bordel! Baisse ton arme, Lin ....

Le coup de feu part. Ashleen sursaute au son et pousse un cri de surprise. Alan n'a pas bougé, protégeant sa fille coûte que coûte. Linette a tiré dans le mur et Ashleen tremblant de peur, s'accroche à la manche de son père.

- Pousses-toi Alan, je n'hésiterai pas à te tuer toi aussi, rugit Linette.

- Non! Je ne te laisserai pas faire de mal à mon enfant! Nous avons ruiné sa vie et c'est de notre faute!

Linette soupire théâtralement et tire. Ashleen hurle à nouveau et se couvre les oreilles. Quelques coups de feu repartent et elle voit tomber son père.

- Papa! hurle la jeune fille.

Soudainement, Ashleen ne veut plus mourir. Et elle se déteste de ne pas avoir pris une dose parce qu'elle voudrait appeler une ambulance, Elle veut pouvoir se défendre contre cette femme inhumaine qui se tient devant elle. Linette pointe à nouveau l'arme sur elle et appuie sur la détente. La jeune fille ferme les yeux mais elle ne ressent rien. Sa mère pousse un cri de frustration en voyant l'arme enrayer et elle la jette par terre.

Ashleen ouvre les yeux et reçoit un violent coup au visage et tombe au sol. Elle sent le goût du sang dans sa bouche. Linette l'empoigne par les cheveux et la retourne sur le dos avant de serrer ses mains autour de sa gorge. Elle tente de se débattre et tâte le sol avec sa main. Elle entre en contact avec un objet froid et elle l'attrape avant de frapper sa mère.

Linette pousse un grognement et Ashleen essaie d'en profiter pour ramper jusqu'à son père. Elle sent Linette saisir ses chevilles et la retourner à nouveau avant de se mettre à califourchon sur elle et de lui frapper la tête contre le sol. Ashleen pousse un cri de douleur.

- Tu vas crever espèce de conne! rugit Linette le visage rouge.

Ashleen voit son père se précipiter sur Linette et il hurle à sa fille de partir. La jeune fille rampe jusqu'à la porte et se relève en chancelant. Elle trébuche dans les escaliers et ouvre la porte en sortant dehors. Elle est pieds nus et frissonne à cause du froid du soir. Elle s'arrête au milieu de la route et lorsqu'elle entend un autre coup de feu, Linette apparaît à la porte et Ashleen se met à courir comme elle peut dans les bois.

Steve range les courses dans sa voiture et grimpe dans celle-ci en soupirant. Il n'a plus goût à rien. Il roule vite pour rentrer au plus vite se mettre au fond de son lit mais il fronce les sourcils en voyant Alan. Il lui en veut aussi mais l'homme à l'air étrange. Steve gare la voiture et sort pour s'approcher.

- Alan?

Le père de famille se tourne vers lui et Steve a le temps de le rattraper avant qu'il ne tombe, il voit alors du sang et entend des cris provenant des bois. Alan attrape Steve par le col.

- Leen ... Elle ... Elle a besoin ... d'aide...

Steve hoche la tête, ne comprenant pas tout à fait ce qui se passe, mais la rage qui l'animait le quitte subitement. Il se relève et se précipite dans les bois, le cœur battant. Ashleen arrive devant le lac et regarde autour d'elle un endroit pour se mettre à l'abri quand sa mère la pousse violemment dans le dos.

La jeune fille part en avant et quand son corps entre en contact avec l'eau glacée, elle ouvre la bouche et avale de l'eau. Alors qu'elle lève la tête et tousse, Linette la saisit à nouveau et plonge à nouveau sa tête dans l'eau. Ashleen se débat, mais plus elle pousse fort, plus elle s'affaiblit. Steve déboule sur la plage et aperçoit une silhouette penchée sur l'eau.

Sans réfléchir, il se précipite aussi vite qu'il peut et se jette sur Linette, la poussant et attrapant Ashleen. Il est terrorisé mais ne pense qu'à la fille qu'il aime plus que tout au monde.

- Je te tiens, souffle-t-il.

Ashleen recrache de l'eau et s'accroche à lui en pleurant. Steve émerge de l'eau et s'apprête à la déposer quand il est poussé. Il échappe Ashleen et ils tombent en avant tous les deux. Linette attrape Steve et le frappe de toute sa force. Le garçon grogne et attrape sa main avant qu'elle ne le touche à nouveau. Mais elle n'est plus qu'un instrument de colère et elle réussit à se dégager.

Elle laisse échapper un cri de colère et tient Steve en dessous avec une force surprenante. Elle attrape un caillou et le soulève au-dessus de sa tête, se préparant à briser le crâne du garçon quand un coup de feu perce la nuit. Steve réagit aussi vite et se retourne sur le côté pour éviter la pierre qui tombe au moment où Linette s'écroule, une balle dans la tête.

- Papa! hurle Ashleen en se relevant difficilement.