𝐞𝐢𝐠𝐡𝐭
(un chapitre un peu spécial se concentrant uniquement sur Inheung, bonne lecture et bonne chance)
(les mouchoirs ne sont pas fournis)
🧡
Serrant entre ses bras la peluche d'un vert pomme pastel représentant une grenouille dont le front était habillée d'une bœuf rose, Inheung souffla grossièrement en gardant ses yeux fixés sur le plafond sombre de sa chambre.
Le réveil posé sur sa table de cheveux affichait exactement trois heures quarante cinq du matin et, encore une fois, il savait qu'il n'allait pas dormir de la nuit. Cela faisait déjà deux nuits qu'il gardait les yeux irrémédiablement ouverts, sa chambre simplement éclairée par la lumière du lampadaire devant sa maison, l'ampoule tressautante d'une couleur orangée mourait un peu plus chaque nuit.
Au contraire de ses cauchemars qui s'accentuaient un peu plus.
Soupirant, il posa son avant bras sur ses yeux, s'obligeant à les fermer. Il ne pouvait pas continuer ainsi, l'événement d'hiver du lycée Han approchait à grands pas et il ne pouvait pas se permettre d'être exténué.
Il devait dormir.
Mais à peine ses yeux se fermaient, des voix attrapaient ses songes et des sourires sadiques et moqueurs apparaissaient devant ses yeux.
"Démon !" "Monstre!" "Tu n'auras jamais aucun ami!" "Qui aimerait l'enfant du diable?" "Ne t'approche pas, il est maudit" "Si tu le regardes dans les yeux, il viendra manger ton âme dans la nuit, c'est ma maman qui l'a dit"
Les voix des enfants, goguenards, tournaient en rond dans sa tête, le faisant serrer sa mâchoire alors qu'une angoisse sombre et ancienne prenait ses tripes. Doucement, il serra la peluche grenouille un peu plus fort contre lui.
"C'est à cause de toi que ta mère n'a pas pu avoir d'autres enfants." "Tu es maudit, Inheung, ce sont les dieux que ta mère sert qui l'ont punis pour avoir divorcé de ton père!"
Les voix des adultes qu'il avait entendu trop souvent lui frappait constamment le crâne comme une chanson maudite qui le tuait à petit feu, il revoyait sa grand mère paternelle qui le regardait avec dégoût, lui et ses yeux d'un noir de jais, lui et ses canines pointues, lui et sa peau trop mate.
Pourtant, rien n'avait jamais été de sa faute. Ce n'était pas sa faute si sa mère était une prêtresse du temple Kkaeryuh, ce n'était pas sa faute si elle avait divorcé de son père pendant sa grossesse, ce n'était pas sa faute si sa mère était devenue stérile et avait dû adopté Iseul.
Rien était de sa faute.
Pourtant c'était toujours ce qu'on lui répétait. Qu'il était l'enfant maudit d'un démon envoyé par les dieux pour punir sa mère du divorce. C'était lui que les enfants de son âge évitaient par peur d'être maudits, c'était lui que les adultes superstitieux et sans ouverture d'esprit avait en horreur.
C'était lui qui souffrait le plus.
Secouant son crâne, il laissa ses poumons se vider alors qu'il tentait de calmer son cœur qui battait trop fort pour qu'il s'endorme. Peut être bien était-il maudit. Sinon, il n'aurait sûrement pas abandonné Noeul. Peut être apportait il réellement le malheur, sinon le frère de Noeul serait toujours en vie.
Peut être devrait il abandonner ses autres amis avant qu'il ne leur arrive quelque chose. Peut être devrait il se séparer de Jiae avant qu'elle ne souffre pas sa faute.
Inheung se releva brusquement de son lit, posa ses pieds sur le sol alors qu'il s'asseyait au bord du matelas, ses pieds nus touchant le parquet de sa chambre. De ses mains, il frotta ses paupières douloureuses.
Il n'en pouvait plus. Il savait que les démons n'existaient pas, que cette malediction n'était rien d'autre qu'une superstition des anciens, qu'il n'avait rien fait, qu'aujourd'hui plus personne ne l'évitait. Mais pourtant, cela tournait toujours dans sa tête comme une mauvaise chanson qui le tourmentait, comme les voix des morts aux portes des Enfers.
- Fais chier.
Il avait un contrôle le lendemain, il ferait mieux de dormir, quitte a encore une fois subir un cauchemar. Se levant de son lit, il descendit lentement les escaliers, essayant de faire le moins de bruit possible.
Arrivé dans la cuisine, ses yeux furent attirés par la lumière douce de plusieurs bougies qui se mouvaient doucement, l'odeur fort de l'encens attaquant ses narines alors que sa mère était penchée en avant, agenouillé devant un tableau portant des inscriptions anciennes. Ses cheveux aussi noirs que ceux de son fils était coiffés en un chignon serré retenus par deux baguettes en argent où quelques perles pendaient, de couleurs ivoires et rouges.
Elle portait son hanbok d'un rouge bordeaux, sa tenue de prêtresse.
Inheung l'observa un instant, silencieux, regardant son profil droit, sa peau blanche de porcelaine et son visage doux. Son aura rassurante et ses yeux apaisants qui étaient clos. Elle priait toujours à la même heure, il l'avait oublié à force de grandir.
- Tu ne dors pas mon chéri ?
Sa voix douce avait chuchoté cette question dans le calme de la nuit, alors que son fils avait les mains dans les poches de son jogging noir, son t-shirt blanc collant à son torse alors que ses cheveux étaient décoiffés, contrastant avec la propreté des vêtements de sa mère.
Celle-ci, les yeux toujours clos, avait l'air sereine, priant toujours en attendant qu'il réponde.
- Non, maman.
Sa voix grave brisa une fois de plus le silence de la nuit et, tandis qu'elle frappait doucement entre ses mains, signe de la fin de sa prière, elle se retourna vers lui, toujours accroupie. Ses yeux fins et d'un brun chocolat se plongèrent dans ceux complètement noirs du jeune homme.
Pendant un instant, ils se regardèrent en silence, les bougies formant des vagues dans l'air alors que leurs ombres se mouvaient avec légèreté sur le mur derrière le dos de Kim Inha. Cette dernière observa son fils, ce grand jeune homme aux airs arrogants et au sourire moqueur.
Son précieux fils unique, son précieux enfant. Son enfant aux yeux noirs de jais, à la peau mate, aux cheveux noirs plaqués en arrière la journée mais qui retombaient sur son front la nuit tombée, lui donnant des airs enfantins.
Son enfant, qui avait dû affronter les mauvaises langues des adultes beaucoup trop tôt. Son enfant qu'on disait maudit alors qu'il était une bénédiction pour cette femme qu'on avait diagnostiquée stérile avant la naissance de son enfant.
Lentement, sa main fine et blanche fit signe au jeune homme face à elle d'approcher. Alors, au pas de la porte, Inheung s'inclina respectueusement avant d'entrer, suivant les coutumes que sa mère lui avait inculqué avant de s'accroupir face à elle.
Doucement, elle posa sa main sur le front de son fils et, au contact chaud de sa paume contre sa peau, il ferma les yeux, profitant de la douceur de cette main et de son apaisement.
Beaucoup trouvait sa mère bizarre, la traitait de sorcière, elle qui s'habillait toujours de vieux habits traditionnels. Mais elle était la mère la plus aimante et la plus douce qu'Inheung connaissait. Et Iseul avait hérité de ces traits, malgré son adoption.
- Tu fais toujours ces affreux cauchemars ?
Inheung rouvrit ses paupières lorsqu'elle laissa sa main tomber.
Inha regarda son fils avec douceur, sans aucune once de tristesse. Doucement, elle posa sa main contre sa joue et la caressa du bout de son pouce.
Elle savait. Elle connaissait ces cauchemars, combien de fois l'avait elle réveiller pour qu'il arrête de hurler ? Combien de fois l'avait elle secoué, paniquée alors qu'il suffoquait dans son sommeil ?
Et Inha devenait furieuse. Ces gens, ces gens sans une poussière de bonnes manières, avaient tué son fils, ils avaient tué sa conscience, piétiné sa confiance en soi.
Ils l'avaient convaincus qu'il était un monstre.
- Mon pauvre petit.
Dans la pénombre, Inheung crut voir ses yeux briller et un voile de tristesse les recouvrir.
Mais il savait que Inha ne pleurait jamais. Elle était une femme forte.
- Viens là.
Inheung obtempéra. Il posa sa tête sur les cuisses de sa mère, se coucha à même le plancher et, alors qu'elle passait une main dans ses cheveux sombres, il ferma doucement ses paupières, soufflant d'aise.
Inheung sentit son cœur s'apaiser, se calmer, son souffle devenir plus régulier et le sommeil l'emporter lentement.
Et les yeux doux de sa mère sur lui, il s'endormit avec lenteur, plongeant doucement dans un sommeil sans rêves.
- Maman est là. Maman te protégera.
Sa voix douce chuchotait ces mots comme une incantation, comme un sort qu'elle lui jetait alors que ses doigts parcouraient les mèches de cheveux noir corbeaux, les bougies flambant autour d'eux, chaleureuses alors que le garçon dormait à poings fermés.
Et, Inha releva ses yeux vers le visage de sa fille qui se tenait contre l'embrasure de la porte, les yeux tristes posés sur son frère aîné, son vente prit de sursauts malheureux. Et, sa mère sourit tristement alors qu'une larme amère roulait sur sa joue.
- C'est de ma faute ?
- Arrête de dire des bêtises, maman.
Iseul se sentait pitoyable. Son frère souffrait, souffrait en silence, faisait bonne figure devant les autres au lycée. Elle le savait, qu'il enchaînait les conneries pour que les autres l'acceptent et rient. Elle le savait, que depuis la mort de Seunghyun, Inheung se faisait violence pour restait éloigné de Kim Noeul.
Elle savait, que son frère chéri était presque mort, tué par ces personnes qui l'avaient peu à peu détruit et continuaient de le tourmenter dans ses rêves.
- Inheung est fort, ne t'en fais pas.
Les deux femmes observaient avec douceur le garçon dormir d'un air serein.
Et s'il avait été réveillé, Inheung les aurait traiter d'idiotes si elles pensaient qu'il était assez fort pour continuer ainsi.
🧡 ChaeRin567 🧡
🧡 ChapChapKo 🧡
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro