Les yeux posés sur le tableau noir, Raein observait la main tremblante de son professeur de physique, monsieur Yoon, écrire les formules compliquées de chimie qu'ils allaient devoir apprendre pour leurs prochains examens. Les vacances de printemps arrivaient doucement, aussi doucement que les fleurs de cerisiers éclosaient. Son stylo dans une main, elle écrivait sagement les formules avec un en train certain, ignorant malgré elle l'absence remarquée de Miho et de Ryosuke ce matin là.

C'était bizarre de ne pas les voir dans la salle de classe, ils étaient d'ordinaire tout les deux présents en cours. C'étaient de bons élèves même s'ils avaient encore un peu de mal en coréen et, c'était plus le fait qu'ils ne soient pas là en meme temps qui inquiétait Raein.

Qu'est-ce qui avait bien pu se passer?

La jeune femme avait tout fait pour ne pas se perdre dans ses pensées, et pourtant la voilà en train d'avoir deux formules de retard sur le tableau de monsieur Yoon.

Assise au premier rang, Raein se remit rapidement au travail, jetant un léger coup d'œil au bureau vide de Ryosuke.

𝐥𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐬𝐨𝐝𝐚

Shihiro claqua la porte de son appartement avec rage, le sang dans ses veines frappant les parois de ses temps tant il était énervé. Ses yeux bruns lançaient des éclairs en direction du jeune homme devant lui qu'il venait de récupérer au lycée Han.

Sa chemise normalement d'un blanc immaculée était tachée par du sang, sûrement pas le sien, et de terre. Le surveillant les avait trouvé en train de rouler au sol, Jinyoung sous Ryosuke, en train de se prendre les coups du japonais. Mais apparement, vu le bleu qui apparaissait sur la joue du japonais et de son arcade ouverte, le coréen ne l'avait pas loupé non plus.

Alors que Ryosuke se baissait pour enlever ses chaussures d'une pression de son index, il grimaça, lâchant un râle sec alors qu'il se tenait le côté gauche. Jinyoung ne l'avait pas loupé et, en sentant sa douleur le lancer, il se détendit lorsque la petite main fraîche de Miho se posa sur son dos. Le garçon aux cheveux bicolores lui lança un regard reconnaissant alors qu'elle souriait tristement. Miho n'était pas pour cette bagarre, loin de là, mais elle savait que Ryosuke l'avait fait pour la défendre. Sinon, jamais il n'aurait brisé sa promesse faite à Shihiro.

Ce dernier ignora la jeune fille. Son regard se détourna de celui hésitant de l'américaine pour qu'il pose ses yeux à ceux de son cousin.

- Tu te fous de ma gueule?!

Sa grosse voix avait claqué dans l'entrée de l'appartement. Shihiro n'avait même pas prit le temps d'enlever sa veste : il se sentait trop honteux pour ressentir de la pitié pour son cousin bien amoché.

- Shihiro, écoute-
- Je dis rien sur le fait que tu ne me parles pas, je comprends que tu sois encore énervé par ta situation, mais tu m'avais fait une promesse! Tes parents t'ont refilé entre mes pattes pour que tu arrêtes de frapper tout ce qui bouge! Tu te rends compte de ce qui vient d'arriver?!

Le plus âgé fulminait, Miho le voyait bien à son visage crispé et ses poings fermés. Même de la où elle se tenait, elle pouvait clairement voir les pulsations du cœur de Shihiro contre ses tempes.

Il était fou de rage. Le lycée Han l'avait appelé pour qu'il vienne récupérer Ryosuke, il avait dû sortir d'un de ses cours en pleine matinée pour aller chercher cet imbecile. Et lorsqu'il s'était retrouvé devant le proviseur, à côté de la mère de Park Jinyoung, à s'incliner pitoyablement pour excuser les gestes de son cousin, de qui il était le responsable légal, Shihiro n'avait eu plus qu'une idée en tête ; renvoyer Ryosuke au Japon.

Il l'avait rapidement regretté, au volant de la voiture, alors que Miho avait la tête baissée assise à l'arrière et que Ryosuke, assit à la place du mort, gémissait à chaque fois qu'ils passaient sur un trou ou un dos d'âne.

Le jeune homme avait beau avoir un sale caractère, Ryosuke restait son cousin. Il l'aimait comme il aimait sa petite sœur, mais pour le moment, la rage surplombait tout sentiment affectif qu'il aurait pu avoir.

- J'en peux plus, cingla-t-il en japonais.

Miho sursauta légèrement, ne s'attendant pas au changement de langue.

- Tu te rends compte que je dois me dépatouiller pour tes merdes à toi? Entre Mei, tes notes, ton comportement et maintenant ça? Fais gaffe Ryo, je peux te renvoyer au Japon à tout moment.
- Alors renvoie moi!

Reste silencieux jusqu'ici, tentant d'ignorer la douleur dans son côté infligé par un coup de genou de Jinyoung, Ryosuke Yohkomura venait d'élever la voix, la veine dans son cou apparaissant largement sous sa peau caramel.

Par réflexe, Miho fit un pas en arrière, se sentant soudainement de trop sans même pouvoir comprendre leur engueulade dans une langue qu'elle ne connaissait pas assez malgré les cours de Ryosuke.

Alors, le regard blessé de se sentir coupable de tous, observant la coupure qu'elle avait sans le vouloir infligée à Ryosuke lorsqu'il l'avait empêché de se tailler les veines, Miho ferma les yeux avec force, priant pour que, lorsqu'elle les ouvrirait à nouveau, tout ceci ne serait qu'un mauvais cauchemar.

- Renvoie moi puisque je suis qu'une épine dans ton pied!
- Tu crois que c'est si simple?! J'ai fais une promesse à tes parents et moi, je tiens mes promesses!
- Tu ne les tiens que parce que ça t'arrange! Tu crois que je suis pas au courant que tu ai accepté uniquement parce que mes parents t'ont donné une jolie somme?! Même moi ils me vendent maintenant! Vas y renvoie moi là bas Shihiro! Renvoie moi dans un endroit que je connais plus! Ce sera pas pire que de venir en Corée sans connaître personne à part toi!

Les yeux fermés, Miho ne vit pas les larmes qui se formaient dans les yeux noisettes de Ryosuke. Ces gouttes de rage et de tristesse furent vite effacé par son poignet qu'il passa contre ses yeux, ignorant son ventre qui se tordait de douleur alors qu'il voyait la bouche ouverte de Shihiro et les épaules du plus âgé qui s'affaissaient, ne sachant plus quoi dire.

Shihiro ne s'était sûrement pas attendu à cela. Il ignorait tout des souffrances silencieuses que le jeune homme sous son toit pouvait endurer. Et il comprenait désormais pourquoi sa relation avec son cousin s'était ainsi dégradée. Bien sûr que Ryosuke le détesterait en apprenant que ses propres parents avaient proposés de l'argent à son propre cousin pour qu'il le garde chez lui.

Dans le silence pesant qui suivit, Ryosuke roula ses eux au ciel, et fit demi tour. Sans prévenir Miho, le garçon abandonna la scène pour se diriger vers sa chambre dans laquelle il s'enferma, claquant à son tour la porte avec rage.

Oui, il savait qu'il avait humilié Shihiro devant son ancien proviseur, surtout qu'il avait effectué ses stages universitaires au lycée Han, mais Ryosuke n'aurait pas pu laisser Jinyoung humilier Miho ainsi. Elle avait faillit mettre fin à ses jours si le japonais n'était pas intervenu et, couché sur son lit, il leva sa main devant ses yeux, observant les points de sutures au fil noir qui prenait une bonne largeur de sa main. Hyunjoon, le petit ami infirmier de Shihiro, qui l'avait soigné, avait dit que ça laisserait une cicatrice.

Ryosuke eut un sourire triste. Il avait déjà assez de cicatrices cachées ainsi.

Dans l'entrée, Miho ouvrit les yeux, l'un après l'autre, les mains moites, jouant avec ses doigts avec gêne. Son visage hésitant se tourna vers Shihiro. Le japonais aux cheveux complètement noirs s'était adossé à la commode de l'entrée, il avait prit sa tête entre ses mains et regrettait déjà ses paroles. Mordant sa lèvre, il leva les yeux vers Miho.

Il savait que l'étrangère passait par la même épreuve que lui. Lui aussi, avait été accro à l'héroïne. Lui aussi, avait faillit mourir plus d'une fois. Et s'en était sorti grâce à son petit ami, Hyunjoon, et son amie, Mingi. Et il savait pertinemment que Ryosuke était important pour Miho, et vice versa. Elle aussi, n'était pas coréenne et avait été envoyé ici par son père pour changer son attitude.

- Qu'est-ce que j'ai fais de mal avec lui?

Miho se fit la stupide réflexion que, lorsqu'il parlait coréen, la voix de Shihiro sonnait plus douce à ses oreilles. Ou peut être était ce le regret qu'elle entendait dans ses mots qui la rendait aussi fragile.

Elle secoua la tête, ses longs cheveux noirs emmêlés suivant le mouvement circulaire de son crâne.

- Tu as toutes les cartes en main. Tu le sais, au fond de toi, je n'ai pas besoin de te le dire.

Sur cette dernière phrase, Miho s'inclina comme Huna, sa mère de cœur chez qui elle habitait en Corée, le lui avait apprit avant de sortir de l'appartement. Et, lentement, alors que Shihiro continuait de ressasser ses paroles blessantes, il se laissa glisser contre la commode pour finir assit au sol, les coudes sur ses genoux pliés.

Un soupir s'échappa de sa bouche. Bien sûr qu'il savait pourquoi Ryosuke était devenu une bombe à retardement silencieuse.

Mais comment pourrait-il lui expliquer qu'il n'avait pas accepté l'argent de ses parents sans que le garçon pense que Shihiro lui mentait?

𝐥𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐬𝐨𝐝𝐚

Miho venait de sortir de chez les Yohkomura, espérant au fond d'elle que ça allait. Que Ryosuke n'avait pas trop mal, que Shihiro allait comprendre enfin pourquoi son meilleur ami se sentait si mal, et enfin, elle espérait qu'ils se réconcilieraient. Les mains dans les poches de son fameux pantalon en velours violets old school, la jeune femme sourit doucement.

Elle se dirigeait vers son chez elle. Enfin, ce qu'elle considérait désormais comme sa maison :  chez les Park. L'américaine se sentait comme un parasite pour la famille de Jinyoung, surtout à cause de ses problèmes, mais la mère de la famille, Huna, faisait son possible pour rendre son séjour plus agréable.

Meme si le fils des Park, Jinyoung, avec qui Ryosuke venait de se battre, était une réelle enflure.

Soudainement, Miho pencha la tête sur le côté : la jeune fille qui marchait sur le trottoir d'en face lui rappelait quelqu'un. Elle portait l'uniforme du lycée Han et, son sac en papier jaune lui rappelait celui dans lequel elle avait glissé l'uniforme de sport que Ryosuke lui avait prêté lors de leur rencontre.  En y regardant mieux, Miho reconnu rapidement Raein et, un sourire doux apparu sur les lèvres de l'amerciaine alors qu'elle levait le bras, le balançant de droit à gauche en souriant.

- Raein!

D'abord surprise, la jeune fille s'arrêta de marché, baissant sa main dans laquelle elle tenait un petit post-it jaune fluo sur lequel était inscrit l'adresse qu'elle cherchait.

Elle tourna son joli visage aux traits fins vers la gauche et sourit à son tour en voyant Miho. Elle était contente de la voir après s'être inquiétée de son absence pendant la journée. Regardant à droite puis à gauche, Raein traversa la route pour rejoindre Miho sur le trottoir en face du sien.

Les deux jeunes femmes échangèrent un sourire heureux. Miho, curieuse, baissa les yeux sur le petit sac en papier jaune, y décela quelques manuels et cahiers fourrés méticuleusement dedans et sourit en devinant la raison pour laquelle elle rencontrait Raein ici.

En remarquant le regard amusé de l'américaine aux airs gothiques, la coréenne déglutit, sentant ses joues prendre une légère teinte rosée.

- Tu ramènes les cours à Ryo?

Raein hocha la tête, ses cheveux noirs tombant sur son épaule.

- Donghae m'a demandé de le faire. C'est Jinyoung qui s'occupe des tiens.

Super, se dit l'américaine. Elle passait vraiment un bon anniversaire.

- Tu sais pourquoi on était absents alors?
- Hm, oui. Joyeux anniversaire, Miho.

Raein lui offrir un sourire doux avant de s'exclamer alors que Miho rigolait doucement, c'était un anniversaire pourri qu'elle passait jusqu'ici. Ryosuke et Jinyoung s'étaient battus, elle passait son anniversaire en Corée, entourée de gens qu'elle ne connaissait pas assez et de gens qui ne l'aimaient pas.

Mais, lorsque la petite main de Raein se posa contre la sienne, Miho ouvrit de grands yeux, observant avec étonnement le petit papier cadeau qu'elle avait posée dans sa paume. D'une couleur violette sombre, Miho sentit son cœur se serrer dans l'émotion.

- Raein, il fallait pas!
- C'est rien, sourit doucement la coréenne. Passe un joyeux anniversaire! 

Miho, les yeux posés sur le petit cadeau, ne releva les yeux qu'après quelques minutes avant de reprendre ses esprits, trop contente par l'attention de son amie.

Alors, elle leva la tête par dessus son épaule ;

- Raein! L'appartement de Shihiro est sur la prochaine à gauche!

Et elle sourit doucement, sortant du petit papier, un bracelet de perles violettes, sur lequel était accroché un pendentif en forme d'étoile.

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𝐥𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐬𝐨𝐝𝐚
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alors? Shihiro il est chiant