𝐭𝐰𝐞𝐧𝐭𝐲 𝐞𝐢𝐠𝐡𝐭
⚠️ allusion au suicide et j'aborde le sujet de la drogue et de l'overdose dans ce chapitre, si cela vous trigger, merci de passer à un autre chapitre (laissez un commentaire pour un résumé de celui-ci)
𝐥𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐬𝐨𝐝𝐚
Ses fins doigts étaient froids, glacials même. Le vernis noir qu'elle avait toujours l'habitude d'appliquer sur ses longs ongles, l'odeur écoeurante du vernis le faisant râler, étaient déjà en train de s'écailler à certains endroits. Ses yeux chocolats étaient plantés sur cette main, froide et immobile, qui ne passait plus dans ses cheveux bicolores pour les séparer. Ses propres doigts, plus grands, étaient entremêlés aux siens, sa peau mate contrastant avec la sienne, plus blanche, la bague noire à son index râpant contre sa peau laiteuse.
Combien de temps cela faisait-il qu'il était assit à son chevet, les yeux bloqués sur cette main qu'il serrait comme si elle allait s'échapper ? Il n'osait pas lever le regard, presque honteux de la regarder ainsi alors qu'elle n'était pas consciente, le bruit incessant ses machines autour d'eux le fatiguant.
La chambre d'hôpital dans laquelle on l'avait transféré une fois son état stabilisée était froide, les murs blancs lui donnaient mal au crâne et, ils lui rappelèrent leurs premières échanges, quand elle avait presque hurlé sur le médecin pour qu'il en éteigne les lumières, s'étant réveillée avec une migraine.
Combien de temps cela faisait-il qu'ils se connaissaient maintenant ? Huit mois peut être, s'il comptait bien. Il ne savait plus vraiment, le temps passait si vite, il filait entre ses doigts. Un peu comme elle avait faillit le faire cette nuit.
Pinçant l'arrête de son nez, Ryosuke ferma les yeux, un court instant, aussi fort qu'il le pur. Peut être était-ce un cauchemar, mais la main glacée de Miho dans la sienne lui rappela que non, il n'était pas en train de rêver.
Madame Park, la mère de Jinyoung, chez qui sa meilleure amie américaine vivait, l'avait appelé quelques heures plus tôt, le souffle court, des sanglots plein la voix : Miho avait fait une overdose.
Elle avait faillit lui glisser entre les doigts.
Comment n'avait-il pas pu voir qu'elle était si mal ? Si mal au point de recommencer à se droguer alors qu'elle était presque en rémission. Pourquoi n'avait il pas fait plus attention à elle ? Elle comptait sur lui, tout autant que Ryosuke comptait sur elle. Alors pourquoi ? Pourquoi avait-elle faillit le quitter ?
Rouvrant ses yeux chocolats, le japonais aux cheveux bicolores se mordit la lèvre, ses yeux se promenant sur le visage lisse, endormi, de la jeune femme. Peut être était-ce mieux pour elle, de se reposer ainsi sans entendre les bourdonnements ces gens autour. Miho détestait ça, le bruit dès gens, c'était pour ça qu'elle appréciait sa compagnie, lui qui était toujours silencieux.
Avec lenteur, ayant peur de la réveiller alors qu'elle ne rouvrirait pas les yeux de si tôt, Ryosuke posa son front contre l'avant bras de la jeune femme, presque timidement. Les lèvres pincées, il empêcha un sanglot de s'échapper de sa gorge et, ses yeux embués ne tardèrent pas à faire couler de longues larmes le long de ses joues.
C'était comme si le trop plein de larmes noyait son cœur et, les pincements dans celui ci lui faisaient de plus en plus mal.
Qu'aurait-il fait sans elle ? Il n'aurai pas supporter de ne plus entendre ses jérémiades dans un coréen bancal, ses crises de fous rire lorsqu'il l'a regardait, les sourcils froncés, après une de ses blagues à l'humour douteux. Quand elle restait chez lui, dans sa chambre, sa basse entre les mains, tandis qu'il essayait de se concentrer sur ses devoirs, et Miho s'écriait soudainement lorsqu'elle arrivait à jouer quelque chose. Lorsque Ryosuke jugeait qu'il était trop tard pour elle pour qu'elle rentre seule, qu'il l'obligeait à rester dormir, alors elle s'exclamait, joyeuse, de pouvoir dormir sur son lit pendant que lui sortait un des futons pour dormir au pied de celui-ci. Lorsqu'ils finissaient par se lever en retard parce qu'ils avaient passé la plus grande partie de la nuit à se chamailler sur les groupes qu'ils écoutaient.
Comment pouvait il avancer sans elle ? Miho l'avait changé, Miho était son oxygène, sa bouée de sauvetage, Miho était son rayon de soleil. Elle était sa sœur jumelle, la deuxième partie de son âme.
Comment aurait-il fait ?
Cette question tourna dans sa tête pendant plusieurs minutes, trop longtemps à son goût et, sa gorge serrée, il s'obligea à relever la tête, les larmes encore présentes sur ses yeux et, les essaya d'un geste presque rageur, du poignet, son poing fermé.
Si Miho l'avait vu ainsi, elle l'aurait charrié en disant qu'il ressemblait à un de ces mecs des dramas coréens super nuls que la mère de Jinyoung regardait chaque soir.
Au même moment, alors que Ryosuke reprenait contenance, la porte de la chambre s'ouvrît et, le visage fatigué de Jinyoung apparu dans l'encadrement. Hésitant, son ami... pouvait-il encore l'appelait ainsi après leur querelle au sujet de Miho ? Jinyoung entra néanmoins dans la chambre, posant une main sur son épaule, voyant le regard blessé du japonais, ses yeux encore rouges.
– Tu devrais rentrer, on a cours demain. Ton cousin est venu te récupérer.
Ryosuke aurait voulu protester, mais Jinyoung avait raison : ils avaient cours demain, et rester dans cette chambre, à pleurer, n'allait pas aider Miho. Il fallait qu'il aille au lycée Han demain, qu'il lui prenne des notes pour qu'elle ne soit pas en retard sur le programme, oui il allait faire ça.
Sans rien dire, le grand japonais se leva, avant de sortir de la chambre sans même un regard pour l'autre garçon de son âge. Il ferma la porte derrière lui, laissant Jinyoung seul avec le corps inerte de Miho, un soupir frustré s'échappant de ses lèvres alors qu'il prenait place là où l'ancien basketteur avait été assit pendant presque deux heures.
Dans le couloir, Ryosuke resta quelques secondes debout sans bouger, dos à la porte de cette chambre d'hôpital, avant que ses yeux ne rencontrent le visage inquiet de Shihiro. Son cousin avait du paniquer en le voyant se lever d'un coup après son appel avec madame Park, en plein milieu de leur repas.
Il lui adressa un sourire triste.
Il avait besoin de rentrer, de dormir, d'oublier. D'oublier la douleur qu'il avait ressenti dans cette chambre, lorsqu'il s'était imaginé sa vie sans Miho.
Il l'avait déjà sauvé. Maintes fois, la large cicatrice dans la paume de sa main, plus claire que sa couleur de peau, en témoignait. Il s'était coupé, lorsqu'il lui avait arraché le rasoir des mains, alors qu'elle s'apprêtait sûrement à s'ouvrir les veines.
Et Ryosuke se dit, en faisant un pas en avant, qu'il n'était sûrement pas assez. Il n'était pas assez pour Miho.
𝐥𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐬𝐨𝐝𝐚
– Si t'as besoin de parler hésite pas, on sait à quel point tu l'aimes. Si tu veux qu'on vienne avec toi à l'hôpital pour lui rendre visite, on viendra avec plaisir. Vous êtes inséparables, alors... t'as compris quoi.
Les paroles hésitantes d'Inheung, se voulant presque rassurantes, le firent presque rire. C'était quoi ça? Il n'avait pas besoin d'un psychologue, il voulait juste qu'on le laisse tranquille, qu'on lui foute la paix, qu'il se noie dans ses regrets et ses doutes. Parce qu'il s'en voulait plus que tout.
D'ailleurs, comment Inheung et Jiwon étaient-ils au courant ?
Mais Ryosuke ne dit rien. C'était sûrement Jinyoung qui les avait mit au courant. Quel culot de cet enfoiré, lui qui ne leur avait jamais parlé de Miho, maintenant il le faisait ? Le japonais s'abstînt de toutes remarques.
– Merci, mais ça va aller. Je vais en cours, à plus tard.
Fermant son casier, le garçon aux cheveux bicolores s'échappa du regard plein de pitié ses deux autres garçons, s'enfuyant de leur attention. Jiwon et Inheung s'echangèrent alors un regard d'incompréhension avant que le garçon aux cheveux violets ne hausse les épaules. Ryosuke était bizarre, il ne parlait pas beaucoup, ils ne devraient pas s'inquiéter.
Mais déjà, derrière eux depuis quelques minutes sans qu'ils ne s'en soient rendu compte, la jeune femme pinça ses lèvres. C'était ça leur manière d'épauler un ami ? Bonté divine, elle n'était plus sûre que Inheung soit son meilleur ami.
Kim Noeul roula ses yeux au ciel en s'avançant vers les deux idiots, au même moment où Ryosuke prenait place derrière sa table, à sa place habituelle, tirant la chaise avant de s'y laisser choir.
Le bureau à côté de lui resta vide, au contraire de la salle de classe qui se remplit rapidement après la sonnerie, les exclamations de Wheein brisant le léger brouhaha tandis que Raein riait à ses côtés, leurs bras entremêlaient. Un instant, alors qu'elles faisaient leurs chemins vers leurs places, la jeune femme aux courts cheveux noirs jeta un regard en direction du japonais, mais déjà, il semblait ne pas la remarquer, sortant son cahier et son manuel de littérature.
Debout à côté de son bureau, Raein ouvrit doucement la bouche, son gloss rendant ses lèvres brillantes et mielleuses.
– Bonjour à tous, asseyez vous pour que je fasse l'appel s'il vous plaît !
Mais ce ne fut pas sa voix qu'on entendit, mais celle de madame Rim, leur professeure principale le temps que madame Yi soit en congé maternité. La jeune femme derrière le pupitre sourit doucement ne observant Raein prendra place, ses sourcils se fronçant lorsqu'elle remarqua la place vide à côté de Ryosuke.
Et, sans réellement poser de question orale, ses yeux se tournèrent vers Yohkomura Ryosuke, comme pour lui demander une réponse.
La gorge sèche, soudainement nerveux, le garçon évita son regard. Il lui répondit tout de même :
– Miho est malade, elle ne viendra pas de la semaine. Vous devriez appeler madame Park pour avoir de ses nouvelles, madame.
Et, en voyant le malaise avec lequel le garçon avait parler, lui qui était d'ordinaire si confiant lorsqu'il prenait la parole en de rares occasions, Raein se sentir nerveuse à son tour.
Qu'était-il arrivé à Miho ? Est-ce que lui, allait bien ? Ce n'était pas trop grave ? Avait-il besoin d'aide pour lui prendre ses notes ? Raein aurait aimé lui poser toutes ces questions, mais à la place, elle se détourna pour refaire face au tableau noir sur lequel madame Rim avait déjà écrit le titre de leur nouveau chapitre de littérature.
Soufflant, comme pour évacuer toute l'angoisse et le stress qu'il avait accumulé cette nuit, sans pouvoir trouver le sommeil, Ryosuke se concentra à son tour sur le cours. Et comme s'ils avaient tous été au courant, la classe ne fit aucun bruit, pour la première fois depuis un long moment, ils avaient été tous studieux ce jour là.
Comme pour rappeler à Ryosuke a quel point son monde était silencieux, sans Miho.
𝐥𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐬𝐨𝐝𝐚
vous pouvez retrouver Miho dans Bubble Gum de ChaeRin567
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