𝐟𝐢𝐯𝐞
𝐛𝐥𝐮𝐞𝐛𝐞𝐫𝐫𝐲 𝐜𝐚𝐤𝐞
Quand leur relation s'était dégradée au fil du temps après l'incident, Yerin avait ressenti un profond dégoût, remplacé par un goût acide de déception. Alors, parce qu'elle voulait s'éloignait de son père qui l'avait déçu en courbant l'échine alors que l'honneur de sa fille venait d'être écraser misérablement, la jeune femme avait trouvé du travail.
Ça n'avait pas été facile, elle venait d'avoir 18 ans, peu de gens voulait avoir un employé aussi jeune et inexpérimenté. Mais madame Zhoui avait tout de suite sourit, ses yeux semblant constamment fermés s'étaient allongés en demi lune, et l'avait accepté en tant que serveuse.
Serveuse était un bien grand mot. Yerin portait un long tablier noir dans lequel elle fourrait un petit bloc note affublé d'oreilles de chat en carton sur le dessus mais il était constamment vide.
Les clients se faisaient rares, hormis les habitués comme une petit famille du quartier, des enfants, les proches de madame Zhoui, mais jamais personne d'autres.
Yerin passait plus de temps à prendre soin des quatorze chats du salon de thé plutôt que de servir les êtres humains.
Mais peut être était-ce pour le mieux.
Elle avait prit du recul sur les actions de ses pairs, avait fini par prendre au goût aux lectures philosophiques des vieux bouquins de madame Zhoui, posés sur les vieilles étagères qu'elle dépoussiérait une fois par semaine. Yerin avait fini par réfléchir, par s'éduquer seule puisqu'elle ne faisait plus confiance au système scolaire qui l'avait trahi.
S'enfermer dans les livres l'avait peut être rendu plus froide mais ainsi moins vulnérable.
Secouant le sachet en papier d'un brun foncé dans lequel les feuilles de thé verts séchaient encore convenablement, elle étiqueta le tout d'un papier rose pâle, appréciant les couleurs pastels dont madame Zhoui était friande.
La vieille femme était assit dans un coin du salon de thé, un vieux livre en mandarin devant elle -sa langue maternelle-, le vieux chat Miko sur les genoux, se prélassant de caresses sur son ventre étiré.
Yerin sourit doucement, ses yeux rencontrant ceux de Kuro, le chat noir qu'elle appréciait le plus, sautant sur le comptoir de la caisse, son corps fin s'allongeant pour son saut. Il s'assit avec élégance, balançant sa queue dans le vide, ses prunelles jaunes ne quittant pas les yeux de Yerin. Elle lui gratouille doucement l'oreille, le ronronnement du matou apaisant légèrement son cœur encore troublé et noir de colère de son altercation avec Bangchan.
Elle reconnaissait avoir été impulsive, mais tout de même. Les fautes étaient partagées des deux côtés, Bangchan n'avait fait aucun effort envers elle, rien, pas même un désolé ou un semblant de réaction.
- Excusez moi.
Fronçant ses sourcils, Yerin releva ses yeux devenus nerveux vers la voix grave qui venait d'arrêter le fil de ses pensées.
Pile devant elle se tenait le nouveau snob qu'elle avait aperçu à leur table ce midi, ses nerfs se contractèrent. Pourquoi était-il là? Il venait se moquer lui aussi, après la dizaine d'élèves qui avaient déjà débarqués au café pour l'humilier?
Yerin serra sa mâchoire, balayant son visage crispé par la nervosité qu'il tentait tant bien que mal de cacher.
Puis, elle se détendit instantanément en entendant un miaulement qu'elle reconnaissait entre milles. Baissant ses yeux du visage pâle du jeune homme devant elle, Yerin écarquilla les yeux en apercevant la fourrure blanche parsemé de taches mouchetées d'un gris anthracite qu'elle avait déjà caressé avec douceur.
Entre ses bras, Xukun tenait avec délicatesse un chat blanc, miaulant avec douleur, son pelage qu'il devinait blanc était crasseux, de la boue collait à ses poils. Il ne savait pas vraiment pourquoi il était entré là plutôt que d'emmener le chat blessé vers un vétérinaire, mais son corps avait bougé tout seul.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé?
- Je sais pas. Il était devant le café, à miauler entre les poubelles, je l'ai trouvé là. Je crois qu'il s'est ouvert la patte.
Le cœur de Xukun battait la chamade.
Les chats ne lui faisaient ni chaud ni froid, cependant un être normalement constitué ne resterait pas impassible à la douleur d'un animal. Surtout que, vu la tache rouge sombre qui s'agrandissait sur son blazer, ce chat perdait beaucoup de sang.
- Il perd du sang.
- Madame Zhoui, Yukino s'est encore battu!
Surpris, Xukun la regarda se pencher vers la gauche comme si elle était folle. Elle s'adressait à qui? A un chat?
Puis le chinois se sentit bête lorsqu'une vieille femme, beaucoup plus petite que les deux adolescents, entra dans son champs de vision, le saluant d'une légère inclinaison.
- Qu'as-tu encore été faire idiot? S'agaça-t-elle.
Xukun pouvait voir que la situation du chat l'inquiétait, mais qu'elle gardait son calme. Tout l'opposé de Yerin qui, malgré qu'elle restait en place, stressait possiblement derrière sa caisse, son regard s'évertuant à faire paniquer Xukun.
- Amène le derrière mon garçon, je vais m'en occuper. Yerin-ah, va préparer la livraison de monsieur Kim.
- Mais madame-
- Allez, dépêche toi, la coupa madame Zhoui d'un geste fluide de la main.
La jeune femme pinça ses lèvres s'obligeant à se taire avant de contourner les deux autres personnes. Passant à côté de Xukun, elle lui lança un regard noir qui le mît mal à l'aise, ses pas suivant la vieille femme derrière un rideau pourpre qui cachait l'arrière salle.
Les murs étaient cachés par des grandes armoires remplis de boîtes de thé aux couleurs plus brillantes les unes que les autres. Des tellières pointaient leurs nez sur un long comptoir en inox , et, au milieu de la pièce, un petit îlot semblait d'une propreté non négligeable.
La vieille femme, sortant sa main de son vieux gilet en laine blanc, fit signe à Xukun de poser le chat blessé, qui miaulait toujours sans vergogne, sur le métal froid.
Ses griffes s'accrochèrent au blazer rouge du lycéen mais il réussit finalement à s'en défaire.
- Tiens la peau de son cou je te prie.
Xukun obtempéra et, en un rien de temps, madame Zhoui endormi le blessé à la fourrure blanche.
- Caresse le dans son sommeil, ça le détendra.
La main veineuse de Xukun fit alors comme on lui avait demandé.
Dans le silence complet, accentuant la concentration de la vieille femme sur son aiguille chirurgicale qui s'affairait à recoudre la peau ouvert du chat, Xukun avala sa salive. Yerin ne semblait pas enjouée par sa présence, il fallait être aveugle pour ne pas le voir. Pourtant, il ne lui avait rien fait du tout, à part avoir vu son éclat de rage ce midi, mais il ne comptait pas vraiment en reparler avec elle. Ou peut être que si, mais elle l'ignorait.
- D'où est-ce que tu viens?
Sortant de ses pensées, le garçon leva les yeux vers la vieille femme. Elle venait de s'adressait à lui en mandarin et, une chaleur apaisante s'infiltra dans son corps alors qu'il entendait du mandarin pour la première fois depuis le début de sa journée.
- De Huaihua, lui répondit-il dans sa langue natale.
- Yerin semble te connaître vu le regard qu'elle t'a lancé.
La question l'embarrassait, mais madame Zhoui était trop occupée pour le remarquer, heureusement pour lui.
- Oui et non. On va au même lycée. J'ai juste été témoin d'une scène avec elle ce matin et je crois qu'elle a peur que je me moque d'elle ou j'en sais rien.
- Oh, tu es loin de la réalité.
Elle se releva de la blessure, observa son travail et, d'un œil satisfait sourit doucement avant de regarder le visage encore transpirant la nervosité du garçon face à elle.
Xukun lui, se fit la réflexion que les vieilles femmes chinoises n'avaient pas leur pareille pour parler sur un ton d'énigme même si ce n'était que pour parler du temps.
- Yerin a mauvais caractère, mais ce n'est pas parce qu'elle semble froide et mauvaise qu'elle n'à pas ses insécurités qu'elle cache au fond d'elle.
Xukun haussa un sourcil, curieux, tandis que la vieille femme prenait entre ses bras le chat qui se nommait Yukino, obligeant le jeune homme à stopper ses caresses. La vieille dame se tourna encore une fois vers lui :
- Il se fait tard. Je vais surveiller Yukino, tu peux rentrer chez toi mon garçon.
Xukun observa un instant le chat bercé dans les bras de la vieille femme, encore endormi par ce qu'elle lui avait administré. Il n'avait pas réellement apprit grand chose sur Yerin, mais il se fit là silencieusement promesse qu'il repasserait voir le chat au pelage blanc moucheté de noir.
🍒
ChaeRin567
on dit merci yukino :)
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