
Chapitre 23 : Rester
Avez vous noté l'importance de la virgule dans la fin du chapitre précédent ? Je suis très fière de la tournure de mes phrases :3
Un peu moins fière de ce chapitre par contre, la première moité me semble complètement déconstruite. J'ai l'impression que cet partie n'a aucun sens, mais ce n'est probablement qu'une impression.
Aussi, il est fort probable que je me répète. J'ai la flemme de me relire donc j'oublie les trucs que j'ai déjà dis ou non. Et j'ai des expressions fétiches que j'adore utiliser alors il m'arrive de les mettre assez souvent sans m'en rendre compte.
J'essaie de poster environ un chapitre par mois mais j'ai un peu (beaucoup) de mal. Du coup . . . 5000 mots pour me faire pardonner ;)
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Nagisa se réveilla doucement, le coeur douloureux comme si une main lui avait pressé la poitrine. Il peina à ouvrir les yeux dans cette pièce où la clarté régnait. Une lampe murale brillait d'une lueur blanche aveuglante pour celui qui venait de reprendre conscience. Après s'être frotté les paupières et retourné dans le lui, il pu enfin observer la chambre dans laquelle il se trouvait. A moitié dans les vapes, il mit cependant plusieurs minutes à se rendre compte qu'il n'était pas chez lui. Il reconnaissait l'endroit pour être déjà venu une ou deux fois : c'était la maison de Karma. Le bleuté se demanda comment il était arrivé là. Était-ce le rouge qui l'avait porté jusqu'ici ?
Bien que ses souvenirs étaient fragmentés et discontinus, il se rappelait de ce qu'il s'était passé avant qu'il ne perde connaissance. Le cimetière, la voix, les discours insensés de Karma, l'appel de Kayano, la peur de perdre le contrôle, les larmes du rouge, et son profond désir de mort. Le coeur du bleuté se serra. Il avait si mal à la poitrine... Il sentait des bouffées d'angoisses monter et compresser ses poumons. Les regrets et la panique contractaient ses muscles, tendant son corps alors qu'il essayait de rester calme. Il ne savait pas quelle heure il était, combien de temps il avait dormi ni où était Akabane. La voix démoniaque qui résonnait parfois dans son esprit pouvait revenir à tout moment et lui ordonner d'autres horreurs qu'il refusait d'écouter.
Il fallait qu'il s'en aille. Il ne pouvait pas rester dans le lieu de vie du rouge. Le sadique était celui qui risquait le plus d'être blessé par l'androgyne. Nagisa vira la couverture sur son corps et fit basculer ses jambes sur le côté du lit. Ses pieds touchèrent le sol chaud en bois. Il secoua un peu ses épaules pour détendre son corps, et ferma les yeux pour pour focaliser son esprit. Tant qu'il était paniqué, la voix étrange dans sa tête pouvait reprendre le dessus, et il voulait à tout prix éviter ça. Ces crises qu'il avait eu, elles ne devaient plus jamais se reproduire. Il devait absolument garder le contrôle de lui-même.
Quand il se sentit un peu plus calme, il se leva et tituba un peu vers la fenêtre. Dehors, le ciel était déjà sombre, quoique teinté d'une légère lueur rougeoyante qui rendait les nuages magnifiques. Les feuilles multicolores volaient au gré du vent d'automne.
Shiota s'éloigna hâtivement de la fenêtre. Le soleil était presque couché. Sa mère allait le tuer. Elle allait littéralement le défoncer. Il fallait impérativement qu'il rentre, maintenant.
Le collégien quitta la pièce dans la précipitation et dévala les escaliers qui menaient au rez-de-chaussée du duplex des Akabane. Une fois en bas, il traversa le couloir et rejoignit le hall d'entrée, où étaient soigneusement rangées ses affaires. Mais le bruit qu'il fit alerta l'habitant de la maison, qui passa sa tête par l'encadrure d'une porte pour observer le garçon aux cheveux bleus.
- Nagisa, est ce que ça va ?
Question quelque peu délicate envers un jeune homme qui avait supplié le rouge de le tuer quelques heures plus tôt.
- Je...
Les mots du bleuté se coincèrent dans sa gorge. L'homme qu'il voulait plus que tout éviter était en train de s'approcher de lui, et Nagisa savait qu'il n'avait aucun contrôle quand Karma était là.
- Depuis quand t'es réveillé ?
Akabane avait un fouet de cuisine dans la main et de la farine sur la joue gauche, ainsi qu'un peu de pâte à crêpe sur les vêtements. Il s'avançait doucement, prudemment, avec un regard doux et inquiet. Il tentait du mieux qu'il pouvait de ne pas brusquer Nagisa. Mais il ne savait pas encore que sa simple existence était une catastrophe dans la vie du bleuté.
- A-attend Karma-kun, arrête toi !
L'interpellé obéit. Il avait maintenant un peu d'expérience dans les sautes d'humeur de l'androgyne, et il comprenait que le contact humain était l'un des principaux facteurs des "crises" du garçon.
- Ok, je bouge pas. Je reste là. Nagisa, comment tu te sens ?
Pour un adolescent de 14 ans qui avait été agressé physiquement par son camarade semblant être mentalement troublé et qui avait assumé un certain désir de mort juste avant de s'évanouir dans ses bras, le rouge faisait preuve d'un incroyable sang froid. Il avait tout de même eut le temps, pendant qu'il portait le bleuté jusque son logement et durant toute la période où Nagisa était resté inconscient, de réfléchir posément à la situation et à l'attitude à adopter.
Mais ce n'était que d'apparence, de la simple théorie, car intérieurement, il était plus paniqué que quiconque.
- Tu... Je suis tellement désolé Karma-kun, je- je dois rentrer. Il faut que je parte.
La matheux grimaça, comme à chaque fois que son camarade ajoutait cette particule de politesse après son prénom. Nagisa saisit nerveusement ses chaussures et essaya de les enfiler.
- Il est si tard, beaucoup trop tard, je dois y aller, pardon, merci, désolé-
Son débit de parole était trop rapide et ses mots assez peu articulés. Ses phrases déconstruites témoignaient de son angoisse. Il avait terriblement peur des répercussion de son retard. Et probablement tout autant de crainte quant aux blessures qu'il pourrait involontairement causer à son ami.
- Non, Nagisa, écoute moi. Ne part pas.
- Si ! Je dois -il déglutit- Il faut ! Je peux pas rester, tu comprends ?
Karma soupira. Il ne pouvait pas le laisser partir. L'androgyne n'allait définitivement pas bien.
- Nagisa, reste avec moi.
- NON !
Le hurlement fit sursauter les deux garçons. Celui qui avait crié ne s'attendait pas à ce que sa voix soit si forte.
- Je dois partir, je dois y aller, je ne peux pas !
Le rouge soupira, puis avança d'un pas. Ce geste fit stopper tout mouvement de la part du bleuté. Il semblait tétanisé. Même sa voix avait baissé de volume, devenant un murmure à peine prononcé.
- Non... Ne m'approche pas . . .
Akabane abandonna son fouet plein de pâte sur le sol, éclaboussant le parquet ciré de la même manière. Mais c'était le dernier de ses problèmes, il aurait tout le temps de nettoyer plus tard. Il avança encore.
- Il est tard, et si tu dormais ici ? Je peux appeler ta mère et-
Il arrêta sa phrase en voyant le corps de son interlocuteur se mettre à trembler. Si la simple évocation de sa génitrice causait une telle réaction chez lui, ça signifiait qu'il était réellement traumatisé par le traitement qu'elle lui faisait subir. Cette femme devait être un terrible parent.
- Ok ok Nagisa calme toi, je vais appeler personne, je suis désolé OK ? S'il te plaît...
Malgré ses tremblements incontrôlés, le bleuté attrapa son sac dans lequel ses affaires d'écoles étaient rangées. Heureusement que le rouge avait pensé à tout ramener ; et cela n'avait pas été mince affaire de ses propres affaires, porter Nagisa, plus le sac du bleuté.
- Nagisa attends !
L'androgyne se releva difficilement et essaya d'ouvrir la porte, en vain. Il ne savait pas s'il manquait de force ou si c'était simplement fermé à clé. Akabane rompit la distance et lui demanda de se tourner face à lui, mais le collégien aux yeux azurs refusaient obstinément de regarder son ami. Le matheux hésitait, il ne voulait pas forcer son aîné à quoi que ce soit, car cela risquait de causer des réactions plutôt violentes, mais il devait vraiment calmer le plus petit.
- Nagisa, comment tu veux que je t'aide si tu me fuis ?
- Je ne veux pas de ton aide !!!
La voix du garçon était aiguë, peu assurée et teintée de détresse. Ce n'était pas un rejet que Karma entendait, c'était un appel à l'aide.
- Laisse moi partir ! Je dois partir !
Shiota devenait complètement hystérique, il forçait sur la poignée de porte qui refusait de s'ouvrir. Son camarade de classe commençait à paniquer lui aussi. Comment pouvait-il gérer ça ?
- Arrête, Nagisa tu vois bien que c'est fermé !
- Donne moi les clés !
Le ton montait, aucun des deux ne maitrisait la situation.
- Fais moi sortir ! Vas-t-en, ! Recule ! Laisse moi y aller !!
Le sadique regarda autour de lui en essayant de trouver quelque chose qui puisse calmer son ami. Après un instant de réflexion, il se recula de quelques pas, laissant un peu plus d'espace à Nagisa. Ce dernier, en voyant que son vis-à-vis s'éloignait, commença à s'agiter un peu moins. Cependant, il tremblait toujours.
- Je dois rentrer. Je dois rentrer maintenant. S'il te plait Karma, laisse moi m'en aller !
Des larmes perlaient aux coins de ses yeux. Il était tout autant désespéré que lorsqu'il avait murmuré cette terrible phrase tout à l'heure dans le cimetière, ces mots qui avaient brisé le coeur du rouge quand il s'était retrouvé tout seul au milieu d'un champ de mort avec un adolescent inconscient dans ses bras.
Karma ouvrit le tiroir d'une commode qui était là dans le couloir, et en sortit un trousseau de clés, qu'il agita ensuite en l'air pour attirer l'attention du bleuté. Il avait l'impression de s'occuper d'un gosse en plein caprice . . . Ou de quelqu'un de psychotique, voire même un détraqué psychiatrique. Peut-être que c'était ça, en réalité. Peut-être que Nagisa était bipolaire, ou schizophrène, ou.... Non, il ne devait pas y penser. Le rouge secoua la tête pour se concentrer. Nagisa était juste et simplement Nagisa, un pauvre collégien paumé dans sa vie qui avait besoin d'aide. Et de l'aide, Karma comptait bien lui en procurer.
- Regarde, ce sont les clés pour ouvrir la porte. Elle est fermée à double tour donc tu ne pourras pas la forcer. Tu as besoin des clés pour sortir, alors calme toi, et viens.
Le regard du bleuté se posa sur l'objet métallique, et le garçon cessa de s'agiter.
- La clé...
- Il faut que tu te calmes d'abord, OK ?
L'androgyne déglutit, avança d'un pas, puis se rendit compte qu'il avait enfilé ses chaussures. Il avait beau être très pressé de quitter cet endroit, ses bonnes manières l'empêchaient de faire un pas de plus. Il ne pouvait décemment pas marcher dans une maison traditionnelle japonaise avec des chaussures au pied. Pourtant, il avait besoin de ces clés, c'était vital. Il devait les récupérer le plus vite possible, ouvrir la porte et rentrer rapidement chez lui, car sa mère s'inquiétait. Sa mère qui lui avait appris à rester poli et respectueux en toutes circonstances. Le bleuté était en proie à un dilemme interne. Il ne pouvait renier la manière dont il avait été élevé, alors il fut bien forcé de calmer ses tremblements afin de pouvoir retirer ses baskets.
Akabane le regardait faire, guettant chacun de ses faits et gestes. Il tenait fermement le trousseau de clés dans ses mains, et fut soulagé de voir le bleuté se calmer. Le silence retomba enfin dans la demeure. Une fois à nouveau en chaussettes, le garçon aux cheveux bleus se releva difficilement et tituba vers son ami aux yeux dorés, la main tendue en avant pour quémander l'objet tant désiré. Mais le matheux ferma le poing sur le trousseau et fit un pas en arrière.
- Attends.
Nagisa s'arrêta, le bras toujours tendu en direction du rouge. Ses yeux étaient fixés sur la main qui tenaient son objectif.
- Nagisa, regarde moi.
L'interpellé serra les dents et se crispa, mais ne broncha pas. Tout ce qu'il voulait, c'était sortir.
- Nagisa, je peux pas te laisser partir à cette heure sans être sûr que tout va bien.
- J-je vais bi-bien !
- Le fait que tu bafouilles me prouve le contraire.
Le bleuté s'insulta mentalement pour être si peu crédible. Pourquoi fallait-il qu'il soit si faible ? Incapable de réprimer ses pulsions et ses peurs, il se retrouvait trop souvent trahi par son propre corps.
- Nagisa, je peux te toucher ?
Karma était prudent, il ne tenait pas à déclencher une nouvelle crise. L'androgyne secoua négativement la tête.
- La... Laisse moi . . . partir...
Le tintement métallique du trousseau avait toute l'attention de l'apprenti assassin, qui essayait de ne penser à rien d'autre. Il voulait chasser l'idée de se proximité avec Akabane, sa peur d'entendre à nouveau cette voix qu'il haïssait, son angoisse de retourner dans cette maison où Hiromi l'attendait. En vérité, il ne voulait pas y aller. Il avait peur d'elle. Mais il avait encore plus peur qu'elle le retrouve et qu'elle le punisse pour avoir désobéit. Il était censé rentrer tous les jours avant le coucher du soleil.
- Nagisa, s'il te plait.
Le bleuté était mitigé, mais il savait une chose : s'appuyer sur Karma les détruiraient tous les deux. Pourtant, lorsque le rouge attrapa doucement le bras de son aîné et le tira vers la cuisine, Shiota ne réagit pas. Il s'était crispé, évidemment, mais il s'était laissé faire.
Un saladier à moitié rempli de pâte blanchâtre trônait sur le plan de travail. Des coquilles d'œufs traînaient à côté, ainsi qu'un sachet de farine et une brique de lait. Par terre, un petit emballage de sucre vanillé avait été abandonné. S'il n'était pas encore évident que le matheux était en train de cuisiner lorsque Nagisa s'était réveillé, c'était à présent indéniable.
Celui qui logeait dans cette maison saisit une chaise et intima au bleuté de s'asseoir. Le garçon aux iris azur secoua la tête.
- Je dois vraiment rentrer chez moi...
- Pourquoi ?
La question prit de court l'androgyne. Il ouvrit la bouche, puis la referma, et baissa la tête. Ses doigts tapotèrent le dossier de la chaise derrière laquelle il se tenait debout.
- Je.. Je ne peux pas rester.
Karma l'observa silencieusement quelques secondes, puis posa une poêle sur la gazinière sans quitter des yeux son camarade.
- Je ne peux pas te laisser partir.
ll rangea les clés dans sa poche, sous le regard désespéré du bleuté. Il se rappela avoir laissé tomber le fouet dans le couloir, mais il ne voulait pas quitter Nagisa, alors il renonça à l'idée d'aller le chercher.
- Nagisa, reprit-il, tu es resté évanoui deux heures. Il fait nuit, et j'habite à trente minutes de chez toi. Alors non, je te laisserai pas partir. Je t'ai fait des crêpes en plus, je crois que t'aimes bien ça.
Il attrapa une louche ainsi que le grand bol dans lequel il avait préparé la pâte, et se positionna de sorte à garder le bleuté dans son champ de vision. Il termina de mélanger la préparation blanchâtre puis alluma le feu.
- Tu devrais mettre du beurre avant, murmura Nagisa
- Hein ?
Le bleuté esquivait toujours le regard de son protecteur. Il se tordait machinalement les doigts et se mordit la lèvre inférieure.
- Mettre du beurre... Sur la poêle... Pour pas que les crêpes collent...
- Oh . . . Ouais bien sûr, j'allais le faire haha !
Le garçon aux yeux ambrés ouvrit son frigo et en sorti une boite jaune rectangulaire, dont il étala un peu du contenu sur son ustensile de cuisson. Après ça, il y versa une petite quantité de pâte à crêpe qu'il uniformisa comme il pouvait.
- Je... Je peux pas rester ici longtemps.
- Pourquoi t'es pressé de rentrer ?
Le rouge connaissait la réponse, mais il voulait entendre les arguments de son camarade afin de les démonter un par un.
- Parce que !
- C'est pas une réponse.
Le sadique laissa la nourriture cuire et se tourna complètement face au plus nerveux.
- Si tu rentres à cette heure-ci, ta mère va t'engueuler, je me trompe ?
Un frisson désagréable traversa le corps du plus âgé, qui ne voulait surtout pas penser à ce que sa génitrice pourrait lui faire.
- Alors qu'est ce que tu perds à dormir chez moi ? Tu éviteras la punition plus longtemps.
Nagisa releva la tête et cligna des yeux plusieurs fois, incapable de trouver quoi que ce soit à contredire.
- Mange, dors, et reprends des forces. Après, peut-être, je te laisserai partir. Il vaut mieux que tu sois en forme lorsque elle te tombera dessus, tu penses pas ?
Le plus discret continuait de tortiller ses doigts sans répondre. Il n'avait aucun argument. Akabane retourna sa crêpe sans trop de difficulté, et continua sur sa lancée :
- Pour être honnête avec toi, je n'ai pas l'intention de te laisser rentrer chez toi.
- Quoi ?
Cette fois, le bleuté avait réagi. Il avait décalé la chaise d'un geste, la faisant grincer sur le sol carrelé de la cuisine, et s'avança d'un pas vers le rouge. Son visage traduisait une expression indignée.
- Tu crois vraiment que j'allais te laisser retourner chez cette femme comme si de rien était, surtout après ce que tu m'as dit ??
Le rouge lui jeta un regard accusateur. Il n'avait toujours pas digéré le fait que Shiota défende encore sa mère malgré ce qu'elle lui faisait. Le garçon aux yeux azurs était totalement dans le déni. Malgré toutes les preuves qui démontraient que Hiromi était une horrible maman, le bleuté refusait toujours de l'accepter. Même si ce dernier était encore en train de trembler à cause de son appréhension de la sanction qui l'attendait, Karma était sûr que l'androgyne se rangera encore du côté de sa génitrice. Et ça l'insupportait.
- Nagisa, si ta mère te bat au point que tu veuilles mourir, alors il est hors de question que je te laisse la revoir.
Le ton employé par le matheux était catégorique. Il n'y avait pas de discussion possible. Shiota secoua la tête, refusant totalement cette optique là. Karma ne comprenait pas.
- Mais je DOIS y aller !
- Non, tu ne dois pas. Et tu ne veux pas réellement non plus.
- Je...
- Arrête de te voiler la face, à qui tu veux faire croire que t'es à l'aise dans l'appartement de cette connasse ?
- Karma !
- Quoi ?!
Le ton montait à nouveau. Les deux collégiens se fusillaient du regard. La colère et l'inquiétude brillaient dans les deux paires d'yeux. L'azur de Shiota se reflétait dans les orbes ambrées d'Akabane. Celui à l'apparence faiblarde serra les poings et fronça les sourcils.
- N'insulte pas ma mère.
Son interlocuteur claqua sa langue contre son palais en faisant un rictus moqueur. Il était nullement effrayé par l'attitude du plus petit. Il se contenta de verser à nouveau de la pâte sur sa poêle dont il avait préalablement retiré le contenu un peu trop cuit, à présent déposé dans une assiette plate.
- Sinon quoi ? répliqua-t-il avec arrogance
Nagisa ne répondit pas tout de suite. Intérieurement, son esprit était enflammé par une discorde sur laquelle il n'avait aucun contrôle. Une part de lui voulait se ranger du côté de Karma, avouer la violence inacceptable de Hiromi, et s'excuser pour tous les problèmes qu'il a causé. Mais ce n'était pas ce côté là qui s'exprimait. La part dominante était celle qui avait été asservie par sa mère, celle qui était formée à l'obéissance et la discipline, celle qui était trop effrayée pour penser à trahir la trentenaire aux cheveux bleus nuits.
- Tu... commença le discret adolescent avant de se faire couper par son ami
- Tu vas faire quoi ? M'étrangler à nouveau ? Me poignarder avec du verre ? Pas besoin d'aller chercher aussi loin, t'as des couteaux à disposition ! A moins que tu ne préfères juste me passer à tabac ? Dis moi, Nagisa, tu comptes me faire quoi, si je ne retire pas ce que j'ai dis ?
Le sadique s'était dangereusement approché de son vis-à-vis pendant qu'il parlait, montrant un visage plein de confiance et de dédain. Son insolence laissa le bleuté sans voix. Et surtout, le fait qu'il évoque avec tant d'impudence les actes violents de Nagisa à son égard choquait profondément celui qui ne s'était toujours pas pardonné pour avoir agit ainsi. Le garçon tentait de répliquer, mais seul des syllabes désordonnées et inintelligibles sortirent de sa bouche. Au final, Karma s'arrêta à moins d'un mètre de l'androgyne, les bras croisé, le regard sérieux, et l'aura menaçante.
- Si je traite cette femme de salope, tu comptes faire quoi ?
Il le provoquait délibérément, mais Shiota ne pouvait décemment pas tomber dans le panneau. Il s'était juré qu'il ne blesserait plus Karma. Alors il devait impérativement rester calme. Mais il n'arrivait pas à détourner les yeux de ces perles dorées qui le fixaient avec défi.
- Cette batarde qui se dit mère mais qui détruit son propre fils ! Comment tu veux que j'accepte ça ? Comment suis-je censé te laisser vivre sous son toit ?!
Le rouge était énervé, mais il se contrôlait. Et Nagisa reconnaissait dans sa voix un sentiment autre que la haine. Une haine qui ne lui était même pas dédiée à lui en plus, mais purement et uniquement à la femme qui lui avait donné naissance. Ce qu'il entendait, une chose qu'il avait assez de mal à croire venant de quelqu'un d'aussi fier que son ami, c'était une émotion qu'il connaissait bien. Une sensation qui lui tordait les entrailles tous les jours et qui avait fait trembler ses cordes vocales quelques minutes auparavant.
- D'abord je vois des bleus sur ton corps, puis tu me parles de voix dans ta tête, ensuite tu pètes littéralement un câble, et après tu me demandes de te tuer ? Et tu oses prétendre que tout va bien ?? Et tu me demandes de respecter cette pétasse ?
- K-Ka-Ka-arma...
- Non ! Je refuse !!!
Le bleuté recula de quelques pas en arrières, mais son interlocuteur ne se laissa pas distancer. Nagisa finit plaqué contre un mur de la cuisine, à quelques centimètres de la porte. Sa tête se tourna vers l'échappatoire, mais la grande planche de bois claqua sous une impulsion du pied du matheux.
- Est ce que t'as la moindre idée de ce que je ressens ? D'à quel point je me suis inquiété ??? Comment tu peux encore prendre sa défense ?! Elle a fait de ta vie un enfer alors que tout ce que je veux c'est que tu souris, alors pourquoi tu me repousses encore, bordel ?!?
Cette émotion qui vibrait dans les mots de Karma... Ce tourment qui rendait ses yeux humides... Cette souffrance qui faisait accélérer son coeur... C'était un immense désespoir. Akabane avait désespérément envie de sauver Nagisa, et il était navré que ses efforts ne l'atteignent pas.
- Alors s'il faut que je te séquestre ici pour te protéger, je le ferais ! Je refuse bonnement et simplement de laisser cette femme te faire à nouveau du mal ! C'est hors de question, tu m'entends ? Et tu pourras m'insulter de tous les noms du monde, tu peux même me menacer et me frapper, j'en ai rien à foutre !
Une larme indésirable dévala la joue pâle de l'enfant battu. Il ne savait pas la raison de ce sanglot, mais il n'essaya pas de le retenir. Les bras du plus grand s'abattirent de chaque côté de la tête du plus âgé, l'empêchant de fuir. Mais de toute façon, il semblait avoir perdu tout désir de s'échapper.
- Je m'en fous, tu m'entends ? répéta le rouge d'une voix plus faible. Tu ne retourneras pas là-bas. Je vais te sortir de là. Je. . . Je l'ai juré, alors je le ferais. Et personne n'aura à mourir. Alors s'il te plaît, Nagisa, reste avec moi... Reste . . .
Sa colère s'était envolée en quelques mots, ne laissant que le chagrin, la détresse et l'inquiétude. Il semblait tellement vulnérable... Beaucoup trop humain. Au point que le bleuté ne parvenait plus à soutenir ce regard. Il tourna la tête et se mordit les lèvres. Que pouvait-il contre tant de sincérité ?
Nagisa cherchait ses mots mais rien ne lui venait. Il tenait vraiment à Karma, c'était pour cette raison qu'il voulait partir, pour le préserver de tous les problèmes qui l'entouraient. Mais le rouge insistait encore pour l'aider malgré tout. L'androgyne ne parvenait pas à le rejeter. Au final, il était celui qui était protégé. Mais il ne pouvait pas dire qu'il détestait ça. Il ne pouvait plus dire non au rouge. Il ne pouvait pas dire oui non plus. Il était bloqué, à nouveau. Sa vie se résumait à un énorme dilemme entre la vie qu'il osait à peine souhaiter, et celle dans laquelle il était enfermé. Chaque instant dans ce monde était une torture. En essayant de ne nuire à personne, il finissait par blesser tous ceux qu'il aimait.
L'androgyne déglutit pendant qu'il réfléchissait à ce qu'il devait dire. A ce qu'il voulait dire. Mais rien ne lui venait. Il était à court d'idée. Akabane l'avait percé à jour et il n'avait plus d'excuses à lui offrir. Mais, d'un autre côté, dire la vérité lui était physiquement impossible. Alors il devait trouver une autre issue.
- Euh . . . K-Karma...
- Oui ?
Une odeur de brûlé emplissait lentement la pièce.
- Je . . . Hum... De-derrière... Les crêpes . . .
Le rouge se détacha du mur et lança un regard perdu au bleuté. Pourquoi parlait-il de crêpes maintenant ? Après un discours aussi mélodramatique ?
- Les crêpes, reprit Nagisa, elles crament . . .
Akabane se tourna vers la gazinière et mit quelque temps à comprendre ce qu'il se passait. La cuisson lui était complètement sorti de la tête pendant sa conversation avec Nagisa. Il se précipita sur la poêle et tenta de sauver comme il pouvait le cercle de nourriture carbonisé. En l'observant marmonner des insultes pendant qu'il faisait glisser le raté dans l'assiette, le bleuté se détendit un peu au point d'afficher un mince sourire amusé. Il n'avait pas conscience de cette déformation de ses lèvres, et tant mieux, car sinon il se serait forcé de la réprimer. Mais le sourire était là, même si personne ne l'avait remarqué.
D'une manière ou d'une autre, les choses s'étaient calmées.
La sadique essuya les restes collants puis badigeonna la poêle de beurre avant de verser à nouveau une certaine quantité de pâte dans la poêle, comptant cette fois-ci bien veiller à ce qu'il n'y ait pas de problème. Il s'autorisa malgré tout à jeter un coup d'œil à son camarade lorsque celui-ci saisit une chaise pour s'asseoir. Le bleuté dévia son regard, ne voulant apparemment pas croiser celui du rouge. Mais le premier de classe ne lui fit pas de reproche. Ils restaient silencieux, avec seulement le bruit de la cuisson entre eux. Karma continuait de cuisiner en se tournant régulièrement vers le discret collégien, qui laissait son regard se promener aléatoirement dans la pièce. Au bout de six ou sept crêpes de prêtes, l'androgyne prit la parole.
- D'accord.
Les orbes ambrées du garçon aux cheveux de feu se posèrent sur la silhouette frêle de l'invité. Shiota avala sa salive, se racla la gorge, et redressa la tête – sans pour autant croiser le regard de son ami.
- Je vais rester. Au moins cette nuit.
Il s'était finalement résigné à dormir dans la demeure des Akabane, au grand soulagement de l'adolescent portant ce nom. Karma afficha un sourire.
- J'espère que mes crêpes seront pas trop mauvaises alors, parce qu'il y en a pour deux jours.
Pour quelqu'un qui vivait majoritairement seul, Karma était étonnamment un pas si bon cuisinier. A l'inverse de Nagisa qui, lui, se débrouillait très bien dans ce domaine là. Pourtant, le bleuté ne proposa pas son aide. Regarder son camarade était plus amusant. Et plus relaxant. Le sourire du rouge lui réchauffa le coeur, mais il n'y répondit pas. Il ne savait toujours pas comment se comporter avec lui. Il s'était certes résigné, mais la peur n'avait pas disparu.
L'audace de cet après-midi s'était envolée. Il ne comprenait pas comment il avait pu faire une demande aussi téméraire au sadique. Lui demander de rester à ses côtés ? C'était complètement délirant, qu'est ce qui lui avait prit ?
Mais, même s'il ne se sentait plus du tout capable de réitérer une telle requête, il espérait du plus profond de son coeur que Karma ne l'oublie pas.
Et un jour, peut-être, il le dira à nouveau à voix haute. Peut-être bien qu'un jour il avouera qu'il voulait plus que tout rester auprès de lui.
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Je tiens à dire que je NE ferais PAS de LEMON pour cette fanfiction.
Premièrement car je ne suis pas inspirée avec ces deux là. La romance, oui j'ai plein d'idées. Le sexe, non ça ne me touche pas.
Deuxièmement, parce que ce sont des collégiens, et il serait totalement illégal de décrire une scène pornographique pour des personnes mineures, mêmes fictives (apprenez qu'il y a une règle sur ça, je cite : «L'âge du consentement est de 16 ans et plus sur Wattpad. Tout acte sexuel entre les personnages doit respecter cet âge de consentement». De plus, je rappelle que la majorité sexuelle en France est de 15 ans). Et non, je ne m'excuserai pas pour ça. Ca va en frustrer certains mais c'est comme ça, c'est le choix que j'ai fait.
Même si parmi vous il y a pas mal de collégien.ne.s et de lycéen.ne.s – ce dont j'ai parfaitement conscience et dont je comprends la déception – moi, en tant que personne majeure qui projette de devenir professeure, je me vois très mal sexualiser une scène sur des élèves en école secondaire. Je ne vous blâme pas pour aimer les lemons, j'en lis aussi (sur des adultes). Je préviens juste car j'ai pas mal de commentaires du genre "roh mais baisez là", et je sais que c'est pas méchant ni sérieux, mais je veux juste que ce soit clair.
Et oui je sais que j'ai fait pas mal de sous-entendus, ça m'amuse moi aussi. Mais entre évoquer rapidement un fantasme (cf : chap 12) pendant 2 paragraphes sur une fanfiction de plus de 20 chapitres, et décrire avec détails une partie de jambe en l'air sur 1500 mots, il y a un gouffre. Je ferais probablement encore des blagues douteuses de ce genre, mais, soyons d'accord, pas de scène explicite.
C'est tout pour le mot de la fin. Bon courage pour les fêtes.
💛
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