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Chapitre 22 (2/2) : Voix

Nagisa se sentait incroyablement bien dans le bras de son camarade de classe. C'était un sentiment difficile à expliquer, et il n'avait pas immédiatement compris de quoi il s'agissait. Il savait juste qu'il pourrait rester là éternellement ; qu'il ne voulait pas retourner dans le monde réel. Car il avait l'impression d'être dans un rêve, cette situation était beaucoup trop improbable pour être vraie. Malgré le fait que son quotidien est majoritairement composé d'événements invraisemblables, il arrivait toujours à être surpris de ce qui lui arrivait. Il ne parvenait pas à croire ce qu'il avait dit à Karma, ni qu'il l'ait aussi bien prit, ni qu'il était en train de lui faire le plus gros câlin de toute sa vie. Jamais Nagisa n'avait été enlacé ainsi, avec tant de sincérité. Il arrivait que sa mère le serre dans ses bras, mais c'était toujours dans des circonstances particulières qui déplaisaient au jeune garçon. Malgré tout l'amour que sa génitrice prétendait lui donner, il ne pouvait s'empêcher d'avoir des frissons ; son corps était toujours raide, car il savait que le raisons de cette affection n'étaient pas tout à fait honnêtes.

Mais avec Karma, c'était différent. Il se sentait bien, en sécurité, serein. Sécurité. Oui, c'était ça, c'était ce terme précis qui définissait la situation. Nagisa ne s'était jamais vraiment senti en sécurité nulle part, et certainement pas chez lui. Il n'était pas à l'aise dans les rues de la ville, il avait toujours peur de se faire accoster par des hommes louches. Même au sein de la classe E il n'arrivait pas à être serein, ce qui était logique lorsque son professeur est une créature de 3 mètres qui menace de tous les tuer à la fin de l'année. Nagisa n'avait jamais su se sentir complètement à l'aise quelque part, et c'était en grand rapport avec sa condition physique faiblarde.

Il était trop petit, trop mince, trop fragile, trop androgyne, trop discret, trop banal. Toujours trop "pas assez bien". Un garçon si désespérant que même les cancres se moquaient de lui. Ces remarques pour rire avaient malgré tout quelque chose de blessant. "Troisième sexe" qu'ils l'appelaient. Lui qui ne rentre dans aucune catégorie, lui qui est étrange parmi les divergents.

Lui, qui a été accepté par la personne la plus à même de le blesser.

Être dans ses bras lui faisait comprendre à quel point Akabane le valorisait, et ça lui faisait du bien. Il n'aurait jamais cru que ce serait le rouge qui lui ferait sentir un tel sentiment de bien-être. Ce même garçon qui ne ratait pas une occasion pour l'humilier... Nagisa se demandait quel côté de Karma était le plus sincère : sa personnalité sadique et arrogante, ou celle compréhensive et rassurante ? C'était quoi la vérité derrière tout ça ? Est ce que ses promesses étaient honnêtes, est ce qu'il les tiendra ? "Un Akabane tient toujours parole", mais quelle valeur avait la parole d'un homme aussi manipulateur ?

Le doute qui s'insérait dans le coeur du bleuté créa une brèche à travers laquelle se glissa une pensée qui ne lui appartenait pas.

C'est un menteur, ne lui fait pas confiance.

Cette voix, qu'il ne connaissait que trop bien, profita de son moment de faiblesse pour lui murmurer des mots qu'il ne souhaitait pas entendre. Pourquoi revenait-elle maintenant ? Il avait réussi à la réprimer pendant plusieurs jours, tout allait bien aujourd'hui, alors pourquoi ?

Regarde le, cet homme qui t'a fait souffrir. Regarde le, lui qui t'a blessé. Regarde le, celui qui s'est si souvent moqué de toi. Regarde comme il a l'air faible maintenant. Il est à portée de main. Tu peux lui faire n'importe quoi, il n'aura pas le temps de réagir. 

C'était Nagisa qui avait baissé sa garde, permettant ainsi à ce monstre qui dormait en lui de prendre possession de ses pensées. Il ne voulait pas faire ces horreurs. Ce n'était pas la personne qu'il aspirait être.

Souviens toi de toutes ces fois où tu l'as maudit intérieurement à cause de ce qu'il te fait subir. Tu ne peux pas pardonner ses actes. Tu ne peux pas lui faire confiance.

Karma avait été énormément présent pour l'androgyne ces derniers jours, il essayait sincèrement de l'aider. Le jeune Shiota était convaincu que le matheux était une bonne personne.

Une bonne personne qui t'as forcé à mettre des tenues embarrassante, qui ne respecte pas ton intimité ni ta vie privée, qui essaie de détruire ta famille ! Il veut te séparer de ta mère, ne vois tu pas qu'il est en train de tout te prendre ? Il te manipule, mais tu n'es pas si faible. Ne te laisse pas faire. Tue le avant qu'il ne te blesse.

Le garçon avait beau suivre une formation d'assassin, il refusait toujours de s'en prendre à qui que ce soit. Et encore moins à son meilleur ami.

Tue le.

Son meilleur ami qui le serrait contre lui comme s'il était la chose la plus précieuse à ses yeux.

Tue le.

Son meilleur ami qui avait su percevoir sa tristesse et sa douleur et qui faisait tout pour la supprimer.

Tue le. Tue le. Tue le !

Son meilleur ami qui le prenait pour une petite chose fragile qu'il fallait protéger . . . Une créature incapable de se défendre ou d'attaquer . . . Quelqu'un dont le rouge n'a pas à se méfier- Non, je ne dois pas penser comme ça !

Il t'a toujours sous-estimé, mais tu as réussi à le battre une fois. Qu'est ce que ça t'a apporté ? Qu'est ce que ça lui a appris ? Il veut juste se venger. Gagner ta confiance pour mieux te planter un couteau dans le dos. Mais c'est lui qui a baissé sa garde, regarde, il est à ta merci. Tue le !

Nagisa repoussa violemment son camarade de classe, les mains tremblantes. Il n'arrivait plus à réprimer ses pulsions. Les battements de son coeur s'étaient considérablement accélérés pour atteindre un rythme insoutenable, agressif, en accord avec les encouragements meurtriers de cette fichue voix.

- Nagisa ?

Karma était juste en face de lui, laissant des dizaines d'ouvertures si le collégien aux yeux bleus voulait lui faire du mal.

Il ne s'imagine pas tout ce que tu pourrais lui faire. Montre lui de quoi tu es capable.

- Nagisa ? Qu'est ce que... Qu'es ce qu'il se passe ?

Il ne devait pas le laisser approcher, il ne savait pas comment son corps réagirait au contact. Il essayait au mieux de chasser cette voix de ses pensées, mais c'était difficile de se fuir soi-même.

Frappe le, insulte le, tue le !

Car, aussi détestable soit la situation, cette... chose... faisait partie de lui. Mais l'androgyne ne la contrôlait absolument pas.

Le rouge avança de quelques pas vers celui qui menait un combat interne, et ce dernier se tendit entièrement.

- NON !!! Non... Ne-ne m'approche pas . . . 

Il devait se calmer, il ne pouvait pas laisser ce monstre prendre possession de son corps. Il ne pouvait pas blesser Akabane une nouvelle fois.

- Nagisa, s'il te plaît, explique moi...

Le ton du premier de classe était sincèrement inquiet, mais ça ne suffisait pas à ramener l'androgyne sur Terre. Shiota avait envie de pleurer. Pourquoi ne pouvait-il pas avoir une vie banale et ennuyeuse, comme tous les autres ? Il n'avait rien demandé. Il avait toujours tout fait pour être l'enfant parfait de sa mère, l'élève qui ne causait aucun problème, le voisin discret qu'on oubliait. Il avait fait tellement d'efforts pour disparaître ! C'était injuste.

La vie est injuste. Ce garçon devant toi a tout ce que tu n'as pas. Mais si tu le bats, tu pourrais lui prendre... Si tu le bats, tu seras le plus fort. Tu seras alors plus doué que le meilleur de tous. Tue le !

La résonnance de ses pensées augmentait de plus en plus, au point que Karma parut les ressentir vu qu'il fit un pas en arrière. Nagisa fut surprit de cette réaction, mais aussi blessé. Même le rouge avait peur de lui . . .

Tu vois ? Il a promis de t'aider mais il cherche à s'enfuir. Cet hypocrite ne vaut pas mieux que le reste du monde, tue le !

Celui surnommé le schtroumpf baissa la tête tandis que son vis-à-vis revenait vers lui. Mais c'était trop tard. L'androgyne ne pouvait plus être rassuré.

Tue le, il n'en vaut pas la peine.

- Nagisa, je suis là.

Mais sa présence n'était qu'un danger pour les deux collégiens.

- Va-t-en.

Son timbre était emprunt de tristesse et de frustration. Il voulait remonter le temps, revenir à cet instant où il était apaisé dans les bras du rouge.

Mais ce n'était qu'une illusion.

Il voulait vraiment croire à l'amitié du sadique...

Mais ce n'est qu'un mensonge.

Il voulait pouvoir faire confiance à quelqu'un...

Mais c'est une mauvaise idée.

- Non, je suis là. Parle moi.

Il avait tellement envie d'en parler à quelqu'un...

Mais tu ne peux compter sur personne.

Il finissait toujours par blesser les autres.

- Je t'en supplie Karma, pars.

Les mains qui avaient enlacé le corps d'Akabane étaient les mêmes que celles qui avaient serré la gorge du garçon jusqu'à évanouissement. Nagisa Shiota était simplement un danger pour les autres. Tout ce qu'il apportait était déception et douleur. Envers sa famille, envers ses amis, envers le monde entier. Et il n'était même pas fichu de faire ce pour quoi il était né.

Tu es un assassin, tu es fait pour ça. Toute ton existence aspire à ça. Venge toi de ceux qui t'ont fait du mal. Tue le !

Il était censé n'être qu'un adolescent lambda manquant de confiance en lui.

Réveille toi, assume qui tu es vraiment ! Tu rêves de tuer ta mère de tes propres mains ! Tu penses sans cesse aux différentes manières de faire taire Karma ! Même tes professeurs disent que tu es doué pour l'assassinat ! Ouvre les yeux, c'est ce que tu es, Nagisa ! C'est ce que tu veux être ! Ce que tu dois être !

- Tais-toi, tais-toi, tais-toi !

Trop occuper à nier le monologue intérieur qui avait lieu dans sa tête, l'androgyne ne remarqua pas que son ami se trouvait maintenant juste devant lui. Toute son énergie était mise dans l'activité de supprimer cette voix diabolique qui voulait le convaincre qu'il était un monstre. Alors il ne vit pas la main du rouge se lever vers son épaule, il ne l'entendit pas l'appeler une nouvelle fois, il ne perçut pas sa présence toute proche. Tout ce qu'il ressentait était la rage grandissante qui envahissait un peu plus son corps à chaque mot de cette maudite voix.

Tu n'es pas un monstre, tu es ce pour quoi tu es fait. Tu ne peux pas me faire taire. Tu ne peux plus te mentir à toi-même. As tu oublié ? Ton corps tremble parce qu'il ne peut pas résister à ses pulsions. Tu as peur parce que tu n'arrives pas à rejeter ta Nature. Ces pensées qui t'effraient sont les tiennes. Je suis toi.

A l'instant précis où la peau de Karma entra en contact avec Nagisa, ce dernier perdit le contrôle. Le bleuté attrapa le bras et profita de l'effet de surprise pour faire basculer le matheux par dessus son épaule, l'envoyant immédiatement à terre dans un mouvement qui lui vaudrait un Ippon victorieux à une compétition d'arts martiaux. Inconscient de ses propres gestes, le plus petit immobilisa son camarade à terre.

- Qu'est ce que-

La voix familière du rouge le tira de ce qui semblait être un instant de démence. Se rendant compte de ce qu'il venait de faire, Shiota relâcha immédiatement sa prise.

- Oh mon Dieu !

Il était effrayé par ses propres capacités. Ses yeux s'embuèrent de honte et de regret. Il s'en voulait tellement...

- Je suis désolé... Mon Dieu, Karma, je suis tellement désolé !

Le sadique se redressa lentement sans rien dire. Il devait lui aussi être choqué par la scène précédente. Il pensait sûrement que l'androgyne était un monstre, maintenant... Il allait s'enfuir, le dénoncer aux professeurs et ne plus jamais vouloir lui parler.

- Je ne voulais pas ! Je te jure, j'ai pas fait exprès !

Mais quelles valeurs avaient ces justifications ? Comment expliquer son attitude ? Nagisa était juste en faute, il devrait l'assumer.

- Calme toi, Nagisa. Calme toi ! Tout va bien, je vais bien. Je suis là.

Mais Shiota ne pouvait pas le croire. Il venait encore une fois de s'en prendre à lui, le rouge ne pouvait pas lui pardonner.

Il est faible, plus faible que toi. Tu peux le faire ; tue le !

La voix ne s'était pas tut. Le bleuté avait horriblement peur. Comment se contrôler ? Comment protéger ses amis ? Que devait-il faire pour ne plus blesser qui que ce soit ? Il ne voulait pas faire du mal aux autres, il ne blesserait même pas une mouche en temps normal ! Il avait véritablement besoin d'aide.

- Ce... Ce n'était pas moi, Karma . . .

Mais qui le croirait ?

Je suis toi. Tu es moi. Assassin, pourquoi tu ne le tues pas ?

Même lui n'était pas convaincu par ses propres paroles. Il n'était pas dans un film fantaisiste, il n'y avait aucun monstre scellé dans son corps. Mais comment avouer que ces pensées étaient les siennes ?

- Qui alors ? demanda Akabane

Pouvait-il le lui dire ? Avait-il même le choix ? Le rouge avait besoin d'explications pour pouvoir l'aider à se débarrasser de ça.

- Je.. C'était... C'est cette voix, elle... Elle veut que... elle me répète toutes ces horreurs . . .

Il balbutiait des moitié de phrases à peine compréhensibles. Il ne pouvait juste pas être clair dans ses propos lorsque sa tête était si embrumée.

- Comment ça ?

Il ne comprendra pas. Il ne peut pas comprendre. Tu aurais dû le tuer.

Nagisa reculait encore et encore, s'éloignant de son meilleur ami. Mais ce dernier, n'acceptant pas de recréer de la distance entre eux, avançait imperturbablement vers lui.

- Nagisa, explique moi, laisse moi t'aider...

Si seulement il en était capable.

Soudain, alors qu'il faisait encore un pas en arrière, le sol se déroba sous ses pieds et Shiota perdit l'équilibre. Il se mit à rouler sur une pente abrupte, tachant ses vêtements d'herbe et de terre, sans pouvoir s'arrêter. Sa course incontrôlée s'arrêta enfin, et l'androgyne mis du temps à reprendre ses esprits. Sa tête tournait douloureusement, et ses bras étaient parsemés de de petites griffures.

- Nagisa, est ce que ça va ?!

Le garçon s'était relevé avec difficulté et aperçut son camarade courir vers lui. Il prit peur en le voyant s'approcher dangereusement alors que l'androgyne n'était pas encore sûr d'avoir le contrôle de ses mouvements.

- Arrête !!!

Heureusement, le rouge obéit. Le collégien aux couettes couleur ciel se demandait comment son ami pouvait être aussi insouciant. Il venait de l'envoyer à terre sans raison, et voilà qu'il courait à sa rescousse comme si de rien était ! Nagisa ne méritait clairement pas autant d'attention.

- Arrête de faire ça Karma !

Il voulait juste que tout cesse, mais il finissait toujours par faire n'importe quoi. Pour une raison étrange, cela se passait toujours quand il était en présence du matheux. Etait-ce une coïncidence ?

- Faire quoi ?

L'adolescent autoproclamé le plus intelligent de la ville ne semblait pas comprendre.

- De t'inquiéter pour moi ! Arrête de demander si ça va, parce que ça ne va pas du tout ! Ca ne va pas, et je ne sais pas quoi faire, je n'arrive pas à gérer, et je pourrais te blesser encore une fois et il est hors de question que tu retournes à l'hôpital par ma faute !

Il reculait encore, tentant de chasser les souvenirs de cette journée catastrophique.

- J'ai tellement peur, si tu savais . . .

Il porta une main à sa tête comme pour signifier sa douleur.

- Mais à chaque fois... à chaque fois je perds le contrôle, et... et je fais du mal à ceux qui m'entourent . . . Mais je ne veux plus voir personne souffrir...

Il n'arrivait plus à retenir ses larmes. Il n'essayait d'ailleurs plus. Elles dévalaient ses joues, finissant fatalement par se rejoindre à la point de son menton pour s'écouler ensuite sur le sol funèbre. Sa seconde main serrait son t-shirt au niveau de sa poitrine comme si ce geste pouvait retirer le poids sur son coeur.

Sans qu'il s'y attende, deux bras vinrent l'enlacer, vidant instantanément son esprit de toutes ses peurs. Mais, coriaces, ses pensées revinrent rapidement. Nagisa commença à se débattre. Il ne fallait pas qu'il reste proche de lui !

- Arrête je te dis ! Lâche moi, je vais te blesser ! Va-t-en !

Les pleurs ne s'arrêtaient pas. De son corps tremblant, il tentait de repousser le torse de son camarade, mais ce dernier résistait.

- Je ne partirai pas. Tu pourras me frapper autant de fois que tu veux, je ne partirai pas.

- Pourquoi ?

- Parce que je t'ai fait une promesse. Et même deux.

Le bleuté releva doucement la tête, surpris. Il se souvenait que le rouge avait jurer de le débarrasser de ses problèmes, mais d'où venait cette seconde promesse ?

- Deux ?

- Il y a cinq minutes, tu m'as demandé de ne pas te lâcher. Alors peu importe que tu me hurle de me casser, je ne bougerai pas de là.

Le coeur de l'androgyne se serra. Les sanglots repartirent de plus belle et il s'accrocha inconsciemment au haut de son interlocuteur. Il s'interrogeait. Akabane parviendrait-il à le sauver ? Il voulait plus que tout y croire mais les évènement montraient que le rouge avait plus tendance à empirer les choses. Où était l'existence triste et tranquille qu'il avait tout fait pour avoir ? Nagisa se sentait horriblement seul, perdu dans son propre corps, noyés dans des pensées qu'il ne voulait pas reconnaître qu'elles lui appartenaient. Avait-il seulement le droit d'être libéré de ça ?

- Nagisa ?

Avait-il le droit de s'appuyer sur le garçon qu'il avait blessé ? Avait il le droit de lui demander de l'aide ? Avait-il le droit d'acquérir cette aide ?

- Calme toi s'il te plaît... C'est quoi cette histoire de voix ?

Le bleuté sentit l'étreinte s'approfondir.

- Je . . .

Les sanglots l'empêchaient d'articuler quoi que ce soit. Et cette voix... Cette voix continuait de marmonner des choses dans sa tête.

- Nagisa, tu peux me parler, tu sais ?

Mais quoi qu'il dise, Akabane le prendra pour un fou. Y avait-il seulement une bonne solution ?

Le tuer, voilà ta seule option.

Il ne voulait pas.

Tue le.

Il ne pouvait pas.

C'est la seule chose que tu peux faire. Donne toi une chance et tu verras que tu es doué pour ça.

N'avait-il pas toujours rêvé d'avoir un quelconque talent ? Autre que celui de pouvoir se faire anormalement discret ?

- Elle...

Il n'était pas sûr de ce qu'il pouvait faire. L'inquiétude du sadique semblait sincère, mais...

Les promesses d'un hypocrite ne valent pas grand chose. Depuis quand Karma veut-il le bien de qui que ce soit ?

Quand bien même le rouge se montrait gentil aujourd'hui, cela efface-t-il toutes les fois où il avait profité de sa faiblesse ? Nagisa avait l'impression d'être au coeur d'un ouragan. Tout tournoyait autour de lui, les objets étaient envoyés en l'air par la force du vent qui dressait une barrière invincible entre lui et le monde extérieur. Et, de l'autre côté de cette tempête, quelqu'un criait son nom. Un garçon aux cheveux rouges sang lui demandait d'attraper sa main. Mais il était beaucoup trop loin. Et c'était beaucoup trop dangereux. Ils étaient tous les deux bloqués dans cette situation qui finirait par les tuer s'ils restaient là. Il fallait qu'il y ait au moins un survivant.

Il ne peut y avoir qu'un gagnant.

L'un deux sera mortellement blessé au terme de leur amitié. Soit Karma, en voulant aller chercher son camarade au coeur de l'ouragan ; soit Nagisa en essayant de combattre cet ennemi invisible.

Vous n'êtes pas du même monde.

Il ne pouvait pas sortir de là. Il était coincé, et il le sera à jamais. Il n'y avait pas d'échappatoire, il avait été stupide d'espérer.

Si tu veux survivre, tu dois tuer. C'est le futur qui t'attend.

Il n'avait jamais eu peur de mourir. Mourir était la suite logique des choses, le résultat inchangeable de chaque existence.

Si tu peux le tuer, fais le. Ca ne changera pas le monde, et ça te sauvera toi. Libère toi de ce poids. Tu seras enfin libre.

- Ma tête . . .

Son crâne le faisait terriblement souffrir. Un grondement incessant faisait vibrer ses tympans.

Prend le contrôle. Tu as le contrôle. Fais le.

Il se mit à voir flou, comme si le monde s'était mis à tourner extrêmement vite. Il était au milieu d'une violente tornade et n'avait nulle part où s'accrocher.

Fais le. Tue le.

S'il apprenait à maîtriser ces vents sauvages... Sera-t-il capable de s'enfuir de cette existence douloureuse ? Et s'il n'avait pas de moyens de sortir de cette cage, alors peut-être était-ce parce qu'il n'était pas censé le faire ? Il avait passé sa vie à fuir ses sentiments, à réprimer ses émotions, à cacher qui il était vraiment. Et s'il était temps de laisser ça s'échapper ?

Ne le laisse pas faire de toi son jouet, c'est à toi de posséder ton corps. Tout ce que tu as à faire...

Il avait toujours explosé en présence de Karma, parce que Karma avait le don de faire sauter toutes ses barrières. Karma parvenait à détruire les murs qu'il avait mis des années à construire. Karma avait su atteindre ce coeur gelé par les critiques et les insultes. Karma avait su réveiller ce qu'il avait refoulé pour se protéger.

Karma est un danger.

Karma était en danger. Il était la seule et unique personne à savoir ce qu'il décelait en lui. Cette voix qui lui murmurait des choses horrible, et si elle ne faisait que le protéger ? En supprimant cette présence trop proche qui provoquait le typhon qui se déchaînait en lui, Nagisa assurait sa propre sécurité ainsi que celle de ses proches. Le sadique encourageait l'androgyne à s'ouvrir et se libérer, mais il n'avait pas la moindre idée du cataclysme qui se déclencherait. Enfin si, il en avait une infime idée, ayant été la victime de ce trouble.

Eloigne tous ceux qui te mettent en danger. Tue le et tu seras en sécurité.

Cette voix, le bruit du vent et les battements de son coeur étaient tout ce que Shiota pouvait entendre. Les paroles que prononçait le rouge tout près de lui ne l'atteignaient pas. En proie à la tourmente, le bleuté ne parvenait qu'à une seule et unique solution. La nausée soulevait son coeur.

Contrôle tes capacités et tu n'auras plus à craindre personne. Tue le.

Il voulait sortir de là. Il voulait se réveiller dans son lit et se rendre compte que ce n'était qu'un rêve. Il voulait fermer les yeux et arrêter d'y penser. Il voulait fermer son coeur et arrêter de penser.

- Je suis désolé . . . Je ne peux pas . . . Pardon...

Sa voix n'était qu'un faible murmure triste et emplie de regrets. Il s'en voulait de penser une chose pareille. C'était injuste. Personne ne mérite de mourir.

- Nagisa ?

Sa seule erreur avait été d'exister.

Tue le, Nagisa.

- Karma...

- Oui ? Je suis là, parle moi !

Le rouge n'était certes pas une personne irréprochable, mais ce n'était pas juste de lui mettre cela sur le dos.

Ce n'est pas juste non plus que tu doives supporter ça, Nagisa.

La tempête ne se calmerait pas tant qu'il essaiera d'en sortir. Il ne pouvait qu'abandonner. Il devait l'accepter.

- Pardonne moi...

Il plongea son regard azuré plein de larmes et de douleurs dans les orbes ambrées et paniquées de son meilleur ami. Il aurait voulu passer sa vie à ses côtés. Si seulement le monde était en accord avec ses sentiments...

Le seul moyen de t'en sortir.

Que pouvait-il faire de plus ? Que pouvait-il faire d'autre ? Lui imposer ça à lui . . .

Les humains vivent pour mourir, n'ait pas de regrets.

Les doigts crispés sur le col du t-shirt, les lèvres tremblantes, le regard déséspéré, Nagisa suppliait encore tous les dieux auxquels il croyait de sauver son âme.

Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Si seulement je ne l'avais pas rencontré... pensa-t-il en imprégnant dans sa mémoire les traits de visage de son vis-à-vis. Il n'avait pas le droit de faire cela à au garçon qu'il aimait.

- S'il te plaît, Karma...

Tue le.

Il s'en voudra à jamais. Au fond, rien n'avait changé. Shiota ne faisait que faire souffrir ceux qui l'entouraient. Il devrait arrêter de s'attacher aux autres. Il ne le fera plus jamais. Il ne pouvait plus revenir en arrière.

Tue le, Nagisa.

Il aurait voulu rester dans ses bras à jamais. Ils étaient si proches qu'il pouvait sentir le souffle du rouge contre son visage. Trois mots lui brûlaient les lèvres. Trois mots à la fois destructeurs et salvateurs. Trois mots qui peinaient à être articulés. Ce désir naissant de son rythme cardiaque bien trop rapide...

Le rouge posa délicatement une main sur la joue trempée de larmes de son aîné. Ses doigts caressèrent lentement la peau laiteuse. Son regard suppliait le bleuté de dire ou de faire quelque chose. Akabane se mordait la lèvre inférieur et maintenait fermement le plus petit contre lui. Il attendait la sentence.

Tue, Nagisa.

Ils étaient si proches... Shiota avait de plus en plus mal à la poitrine. Mais, la voix tremblante, le coeur au bord de lèvres, il réussit à parler :

- Tue moi, Karma.

La seule manière de les sauver d'un ouragan qui se déchaîne était de supprimer ce qui était à sa source. Anéantit par cet effort, abandonnant ce combat qu'il menait depuis bien trop longtemps, et ayant enfin avoué ce désir qui lui pesait, Nagisa Shiota perdit connaissance dans les bras de son ami. Il ne vit donc pas le visage perturbé et désarçonné du sadique qui cherchait confusément une explication, traversé par une larme solitaire qui s'était échappé de l'œil orangé.

Tue Nagisa.

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