𝐗𝐗𝐕𝐈𝐈 | 𝐁𝐞𝐲𝐨𝐧𝐝 𝐭𝐡𝐞 𝐅𝐞𝐚𝐫
*Au-delà de la peur
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DOUBLE UPDATE
Lis le chap. 26 juste avant ^^
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(+ active les commentaires, petite explication après deux * ! Sinon RDV en fin de chap., je tiens à ce que tu lises les deux définitions)
Enjoy ♡
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« Pourquoi ?
— On doit parler. »
Namjoon croisa les bras et adopta une posture défensive.
« On peut parler ici », répondit-il d'un ton calme, presque provocateur.
Cependant, sa voix exprimait une lassitude qu'il ne cherchait pas à dissimuler.
« Non. »
L'attitude inflexible de Yoongi fit naître une tension entre eux.
Toujours assis, Namjoon releva légèrement la tête, affichant une expression de défi.
« Je ne cache rien à Jungkook », insista-t-il, comme s'il voulait placer entre eux un bouclier invisible.
Yoongi soupira, ses traits se durcissant.
« Ça n'a rien à voir avec lui. Et ne joue pas au plus têtu avec moi. Je suis ton hyung, je te rappelle.
— On n'a qu'un mois d'écart », persifla-t-il, irrité.
Sa voix regorgeait d'ironie, mais un feu brûlant brillait dans ses yeux, celui d'un homme qui refusait de se soumettre.
« Namjoon, s'il te plaît. Ta santé n'est pas un jeu. »
Son ton fut catégorique, mais son timbre s'était radouci.
La mâchoire de Namjoon se contracta sous l'effet de la colère. Leurs regards se heurtèrent dans un duel silencieux qui semblait ne jamais devoir se terminer. Aucun d'eux n'était prêt à se plier à la volonté de l'autre.
Namjoon finit par rompre le silence, tendu.
« Je ne comprends pas pourquoi tu...
— Vas-y... », intervint Jungkook d'une voix légèrement faible.
Il esquissa un petit sourire réconfortant, les paupières alourdies.
« Yoon ne te le demanderait pas si c'était sans importance. »
Namjoon détourna brièvement les yeux vers Jungkook, son expression adoucie pendant une fraction de seconde. Mais lorsque son regard revint à Yoongi, l'intensité de son agacement était toujours aussi forte.
Yoongi se tenait droit, sa stature imposante, ses yeux brillant de détermination.
« Alors ? »
Namjoon se mordit la langue afin de se retenir de protester. Il hésita un instant de plus, mais, sous le regard insistant de Yoongi et l'expression épuisée de Jungkook, il céda, à contrecœur.
« Très bien », pesta-t-il, sa voix vibrante de frustration.
Le regard acéré dans celui satisfait de Yoongi, il se leva avec une certaine lenteur.
Ses yeux rencontrèrent ceux de Jungkook, son expression se radoucit à nouveau. Il se pencha légèrement, ses doigts effleurant la courbe délicate de sa pommette avant de descendre, traçant un chemin possessif le long de sa nuque. Ses doigts sûrs d'eux frôlèrent l'angle de sa mâchoire jusqu'à son menton qu'il releva légèrement, comme pour affirmer un droit tacite.
Ses yeux sondèrent avec fascination la façon dont Jungkook levait timidement les yeux pour le contempler, comme s'il attendait un signe, une parole. Ses perles noires brillaient d'une dévotion presque innocente.
Il s'autorisa un sourire en coin en voyant cet air parfaitement docile, avant de tourner les talons, s'éloignant à contrecœur.
Ses poings se crispèrent, résistant à l'impulsion viscérale de revenir. Il désirait se laisser aller au plaisir de toucher à nouveau cette peau, jusqu'à ce que ces yeux lui demandent dans un murmure humble, une soumission que Namjoon savait pouvoir exiger.
Bouche bée, Yoongi se pencha et murmura à l'oreille de Jungkook, les yeux rivés sur l'espace environnant pour s'assurer que Namjoon était suffisamment loin.
« C'était quoi cette tension ? Depuis quand il est capable de dégager encore plus de charisme ? J'ai presque bandé ! » chuchota-t-il, stupéfait.
Virant au cramoisi, Jungkook porta vivement ses mains à son visage, cachant vainement sa gêne. Aucun son ne sortit de ses lèvres, mais un rire étouffé s'échappa entre ses doigts, révélant à la fois sa pudeur et l'énorme inconfort causé par la remarque audacieuse de Yoongi.
Hilare, ce dernier leva les bras dans un geste faussement innocent.
« Quoi ? Je ne fais que dire la vérité. D'ailleurs, il t'écoute sans même s'en rendre compte.
— Arrête, Yoongi, grommela-t-il, un rire nerveux perçant sa voix.
— Non, mais Kook ! Tu as apprivoisé le plus indomptable des hommes, et tu ne sembles pas réaliser l'exploit », lance-t-il d'un ton bas, une lueur amusée dans les yeux.
Jungkook émit un petit rire malgré lui, et ses joues déjà roses devinrent encore plus colorées. Il baissa la tête, triturant nerveusement un des plis de sa tunique, incapable de nier la vérité dans ces paroles.
« J'y pense... reprit-il avec un sourire espiègle. Je pourrais peut-être exploiter sa dévotion envers toi. »
Jungkook redressa soudain la tête, les sourcils froncés, comme s'il était offusqué.
« Quelles bêtises tu racontes, encore ?
— Ça m'aiderait énormément à le faire céder sur certaines choses... Ce cher Namjoon est d'un entêtement, tu n'as pas idée.
— Fais-le et je te frappe.
— Tiens donc, le poussin qui défend docilement son maître, ricana-t-il. Mais c'est bien ça, non ? Ton maître ? Il t'entrave les yeux, les poignets, et tout le reste ? Vous faites ce genre de...
— Mais ça va pas, non ?! Va te faire voir, Yoongi ! », gronda Jungkook en le coupant, la voix tremblante entre colère et hilarité.
Hilarité qui le trahissait déjà, et Yoongi hennit littéralement de rire, se tenant les côtes.
« Cette décence ne te va pas du tout ! Enfin, si on peut appeler ça comme ça, répliqua Yoongi, en essuyant les larmes aux coins de ses yeux.
— Tu crois en avoir, toi ? », cracha-t-il.
Il se sentait sérieusement à deux doigts de pleurer d'embarras.
« Touché. Par contre, quand c'était Sunhi, tu ne te gênais pas pour me confier combien tu adorais sa...
— Bon, dégage, le coupa-t-il, paniqué à l'idée que Namjoon écoute la suite. Ne le fais pas attendre, il déteste ça. »
Yoongi éclata d'un rire franc.
« Ne panique pas, ne panique pas, je m'en vais. Repose-toi bien et prends soin de lui, il en a besoin autant que toi », dit-il, sa voix vibrante encore de son rire.
Jungkook roula des yeux, mais un sourire discret finit par étirer ses lèvres. Il leva les bras dans un mouvement d'agacement exagéré, l'invitant à un geste plus affectueux qu'il n'osait demander. Yoongi l'enlaça chaleureusement, sans la moindre hésitation.
« Merci », murmura Jungkook, sincère.
Yoongi lui tapota doucement le dos, un éclat d'émotion voilant ses yeux.
« C'est normal. Je t'aime.
— Moi aussi. Même si, parfois, j'ai juste envie de te jeter dans un vieux puits », grommela Jungkook en le repoussant, son sourire contrastant avec ses paroles.
Yoongi s'esclaffa en sortant de la pièce, les épaules encore secouées par son amusement. Arrivé à la porte, il se retourna brièvement, offrant à Jungkook un dernier regard bienveillant et plein d'affection.
Dans le couloir, il perdit aussitôt son air enjoué. Il vit Namjoon appuyé contre le mur, ses bras croisés en un rempart défensif. Son expression était impénétrable, son regard perçant, luisant d'une pointe d'agacement et de reproches.
Yoongi se retint d'arquer un sourcil.
Oulà.
Impassible, il avança vers lui.
« Pourquoi tu le fais crier comme ça ? lâcha Namjoon d'une voix basse et tranchante. Il est convalescent, je te le rappelle. »
Yoongi fut subitement interrompu dans son élan, clignant des yeux, pris de court par l'accusation. Puis un sourire taquin étira ses lèvres.
« Tu te méprends. Je n'ai pas ce genre de relations avec lui, hein », répondit-il en jouant volontairement sur le sous-entendu.
Namjoon fronça les sourcils, son regard se durcissant une seconde. Pourtant, contre toute attente, il exhala un bref souffle amusé, une lueur rieuse passant dans ses yeux malgré une pointe d'agacement.
« C'est une question de vie ou de mort, ces sous-entendus grivois toutes les cinq minutes ? marmonna-t-il, dissimulant son amusement.
— Pourtant, ça te fait sourire, non ? répliqua Yoongi en plissant les yeux, comme pour le défier.
— Pas aujourd'hui », trancha-t-il.
Le silence. Ils se fixèrent. Le sourcil narquoisement arqué de Yoongi mettait en doute ses paroles. Namjoon leva les yeux au ciel puis esquissa un fin sourire avant de secouer doucement la tête, retrouvant son masque impassible.
Satisfait de sa petite victoire, Yoongi haussa simplement les épaules, un sourire narquois flottant toujours sur ses lèvres.
Namjoon attendit qu'il parle, mais Yoongi se contenta de l'observer en s'adossant à ses côtés, les mains dans les poches.
« Bon. Qu'est-ce que tu voulais me dire de si important ? », soupira Namjoon, le ton légèrement exaspéré.
Yoongi ne cilla pas. Il s'y attendait.
Un sourire malicieux se profilait sur ses lèvres à l'idée qu'il pourrait tenter de faire pression sur Namjoon en évoquant Jungkook. D'un léger mouvement de tête, il balaya ces pensées amusantes.
« J'aimerais connaître la vérité sur ta situation. Je pense pouvoir t'aider. »
Namjoon soutint son regard, mais une tension visible raidissait ses épaules. Ses doigts s'enfonçaient légèrement dans ses bras croisés, révélant son inconfort. Finalement, il détourna le regard, évitant le contact visuel.
« Rien de plus que ce que Jungkook t'a dit », répliqua-t-il sèchement, sa voix se durcissant, comme pour repousser l'intrusion.
Yoongi soupira.
« Je m'inquiète aussi. Hoseok et Taehyung m'ont confié leurs propres craintes à ton sujet. Autant te dire que, comme Jungkook, ils comptent sur moi. »
Namjoon releva brusquement la tête, une étincelle d'alarme traversant son regard. Ses sourcils se froncèrent, et sa mâchoire se crispa. Chaque muscle de son visage lutta pour dissimuler la peur sous un masque d'hostilité.
« Ils te connaissent mieux que moi. J'ai pris leurs paroles au sérieux », ajouta Yoongi, imperturbable.
Namjoon ouvrit la bouche, mais les mots restèrent bloqués par ses incertitudes. Son regard vacilla, hésitant entre colère et renoncement. Finalement, il soupira, ses bras toujours rigides, comme une barrière qu'il refusait d'abaisser.
Patient, Yoongi attendit quelques instants avant de continuer.
« Apprends à compter sur nous. »
Namjoon écarta l'idée d'un mouvement des épaules.
« Je sais me gérer. »
Un subtil rictus flotta sur les lèvres de Yoongi.
« Je n'ai aucun doute là-dessus. Mais quand on a la chance d'avoir des amis dévoués, il est naturel de s'entraider. Je sais que tu ferais la même chose avec Taehyung ou Hoseok. »
Namjoon releva la tête.
Avec toi aussi.
Juste assez pour que Yoongi perçoive l'étincellement dans ses yeux. Un sentiment retenu se manifestait dans son regard qu'il s'efforçait de détourner.
Yoongi poursuivit, sans rien brusquer.
« Je ne t'oblige pas à te confier, Namjoon. Je veux seulement que tu comprennes que, si tu te contiens, tu finiras par imploser. »
Namjoon esquissa un sourire froid, une pointe de sarcasme dans sa voix.
« Je comprends. Malheureusement, je ne peux pas me permettre de m'exprimer pour le moment. Tu ne m'avais pas dit une fois : "Écris, si parler est impossible" ? Hélas, je manque cruellement de fournitures. »
Yoongi haussa un sourcil, son regard s'illuminant d'une lueur malicieuse face à cette provocation. Il aimait ces résistances, ces murs que Namjoon dressait : chaque tentative de l'éloigner ne faisait qu'accroître son désir de creuser plus loin.
« Très bien, soupira-t-il. Je modifie mon conseil, puisque tu es un cas désespéré. Parfois, avoir une oreille attentive peut être plus salvateur que des pages noircies d'encre. »
Un silence s'installa, dense, mais non oppressant. Namjoon ferma les yeux, ses traits froissés, avant de les rouvrir. Il soupira, las et résigné. Son regard, jusqu'alors fermé, s'adoucit légèrement, laissant entrevoir une pointe de mélancolie.
« Jungkook m'a dit plus ou moins la même chose, confessa-t-il à voix basse.
— Normal. J'ai pratiquement élevé ce gosse avec Jin et Mingyu. C'était parfois éprouvant, mais on formait une sacrée équipe. Nous voilà trois papas comblés et fiers. »
Namjoon roula des yeux, à la fois amusé et dubitatif.
« C'est donc de vous qu'il tient cette confiance presque insolente ?
— Mais évidemment, Namjoon », répondit-il avec un sourire en coin, sa voix dégoulinant de fausse modestie.
Namjoon plissa légèrement les yeux.
« Et sa tendance libidinale qui lui a valu sa réputation scabreuse ? Toi, peut-être ? »
Yoongi simula l'indignation, en posant sa main sur son cœur, comme s'il était blessé.
« Moi ? Ah non, ça, c'est inscrit dans ses gènes. Un talent inné, si je puis dire. »
Namjoon émit un souffle amusé.
« Et d'où lui vient son surnom qui le met hors de lui à chaque fois ? », demanda-t-il, intrigué.
Yoongi éclata d'un rire retentissant qui résonna dans le corridor silencieux.
« Oh ! Il me tuera sur-le-champ si je te le disais, lâcha-t-il en secouant la tête, les yeux pétillants d'amusement.
— Il n'en saura rien.
— Tu me pousses à trahir mon ami ? dit-il, le regard faussement accusateur.
— Yoongi. Tu ne peux pas me laisser dans l'ignorance. J'ai un besoin viscéral de savoir », lâcha-t-il, mi-amusé, mi-sérieux.
Un silence complice s'installa entre eux, leurs regards se défiant, avant qu'ils s'esclaffent doucement.
« Non. Je garde le secret, sauf si Jungkook décide de te le dire lui-même, répliqua Yoongi, avec un sourire moqueur. Il mourrait probablement de honte avant même d'arriver au bout. »
Namjoon pencha légèrement sa tête en avant, calculant son prochain coup. Son intérêt était à son comble.
« Tu te plais à aiguiser ma curiosité jusqu'à la rendre insoutenable ? Tu envisages de la laisser inassouvie ?
— Pas mon problème.
— Yoongi, voyons... », murmura-t-il, d'une voix plus douce, presque cajoleuse.
Yoongi roula des yeux, mais son sourire restait joueur.
« Non.
— Démon. »
Yoongi renifla, frondeur.
« C'est moi. »
Un sourire authentique éclaira le visage de Namjoon, malgré sa discrétion, il parut plus léger.
Cependant, l'instant fut éphémère.
En un clin d'œil, il se referma à nouveau, ses traits se durcissant. Il réévaluait les conséquences de relâcher sa vigilance. Ses bras se croisèrent à nouveau, sa posture redevenant celle d'un homme sur ses gardes, mais une étincelle de vulnérabilité persistait dans ses yeux, trop évidente pour être négligée.
Percevant cette hésitation, Yoongi se contenta de l'observer. Il ne dit rien. Il ne le pressa pas. Son regard se fit patient, rassurant, offrant un espace sûr et sans jugement.
Il ne cherchait pas à extorquer une confession, préférant attendre que Namjoon choisisse lui-même de briser ou de maintenir le silence autour de ses souffrances.
Il ne faisait que lui tendre la main. Il ne proposait pas de solution, mais seulement sa présence.
Un rappel que Namjoon n'était pas seul, même s'il choisissait de porter le fardeau du monde en silence.
Yoongi le connaissait assez pour savoir que, si Namjoon n'avait pas voulu s'exprimer, il aurait déjà quitté ce corridor, s'éloignant sans un regard en arrière pour retrouver Jungkook.
Mais il était encore là, debout près de lui, raide et replié sur son ombre, ses démons visibles dans la tension de ses épaules et la crispation de sa mâchoire.
Yoongi savait que ses démons étaient tenaces, coriaces, acharnés.
Mais il savait aussi que Namjoon possédait la force rare de les affronter.
Même en partie.
Parce qu'il n'y avait pas d'autre option.
Les enjeux étaient trop importants : Jungkook, et leur santé.
Namjoon inspira profondément, son regard fuyant se perdant dans le vide. Sa mâchoire crispée indiquait la lutte qui se jouait en lui.
Enfin, il secoua légèrement la tête, changeant d'avis au dernier moment.
« Il n'y a rien à dire », murmura-t-il, sa voix dure, presque cassante.
Yoongi fronça légèrement les sourcils. Il observa Namjoon un instant, cherchant le moindre signe pour savoir s'il devait continuer.
Mais Namjoon demeura immobile.
« Si tu veux continuer de bien t'occuper de Jungkook, et je sais que ça te tient à cœur, tu dois commencer par prendre soin de toi. Il ne te dira rien par peur de t'accabler, mais il compte sur toi parce que tu l'as habitué à un traitement exclusif. Tu le sais aussi bien que moi. »
Son timbre de voix resta posé, issu de sa propre maîtrise de soi.
Ces mots touchèrent leur cible. Les mains de Namjoon se contractèrent contre ses bras croisés, ses articulations pâlissant sous la tension.
Puis, lentement, ses épaules se détendirent à peine, comme si un léger fardeau s'envolait.
« Je sais. »
Yoongi hocha la tête, satisfait qu'il reconnaisse au moins cela.
« Alors, laisse-moi t'aider. Tu ne peux pas tout porter seul. Je sais que tu me fais confiance, et je sais aussi que tu es assez malin pour savoir quoi faire, même si cela implique de sortir de ta zone de confort. »
Namjoon baissa les yeux. Un éclair traversa son regard, un mélange d'épuisement, de résignation, et peut-être, une timide acceptation.
Ces mots, pourtant simples et directs, le touchèrent profondément en raison de leur vérité écrasante.
« Tu es un orateur hors pair, je te le concède. Tu sais convaincre.
— Merci, répondit Yoongi avec un air faussement modeste.
— Ce n'était pas un compliment, reprit Namjoon en étouffant un rire, sa voix teintée d'une ironie mordante.
— Bah ?
— Tu manipules.
— Oh, tout de suite les grands mots ! répliqua-t-il en feignant l'indignation.
— Et maintenant, te voilà qui fais l'offensé. Décidément, tu ne manques pas de talents : manipulation, fausse modestie... », énuméra Namjoon avec ses doigts.
Puis, il esquissa un sourire en coin.
« De bien belles vertus pour un futur magistrat », dit-il avec un petit sourire discret, mais sincère.
Yoongi haussa un sourcil, arborant un sourire faussement arrogant.
« Évidemment. Dois-je te rappeler qui a remporté le titre de champion de l'art oratoire il y a quatre jours ? »
Il leva légèrement le menton, tandis que Namjoon arquait un sourcil amusé.
« Personne ne me résiste, Kim. Même la femme du général s'est mise à pleurer en entendant mon poème. Tu réalises ? Une larme, Namjoon. Un chef-d'œuvre. Même toi, tu es tombé sous le charme de ma plume au point d'en vouloir une copie. »
Namjoon secoua la tête, un soupir amusé lui échappant en un rire presque inaudible. Cet instant léger dissipa quelque peu le poids de l'anxiété qui s'était installé sur ses épaules.
Satisfait, Yoongi observa ce petit moment de relâchement. Il savait qu'il venait de franchir une étape, espérant que cette brèche dans les défenses de Namjoon s'élargirait assez et le mette davantage en confiance.
Le sourire de Namjoon vacilla, puis s'effaça complètement, comme une feuille emportée par un coup de vent impétueux. Il baissa la tête, hésita longuement, luttant contre lui-même. Il semblait peu à peu abandonner cette bataille perdue d'avance.
Malgré son malaise, il se sentait drôlement en confiance. Étrange paradoxe.
Ses épaules s'affaissèrent et, avec elles, les murs qu'il maintenait si fermement. Avec un mouvement lent et incertain, il détendit ses bras, laissant ses mains retomber mollement le long de son corps.
« Ses yeux fermés. »
Sa voix était à demi étouffée.
Ses poings se resserrèrent.
Yoongi acquiesça, l'encourageant à continuer. Il savait combien cet aveu coûtait à Namjoon.
« Qu'ont ses yeux fermés ? », demanda-t-il d'une voix douce, le regard sérieux, la mine grave.
Silence.
Puis Namjoon frémit. Son corps le trahit sur ce qu'il ne pouvait encore dévoiler.
« Ils me... »
Il s'interrompit, la gorge nouée.
Ils me terrifient.
« Je te laisse deviner », éluda-t-il.
Namjoon n'eut pas la force de se livrer davantage. Sa voix n'était qu'un souffle, ses mots étouffés par la peur, la honte, l'orgueil. Un nœud impossible à défaire. Il n'arrivera plus à en dire plus. Son corps tout entier se révoltait contre cette vulnérabilité imposée. Il frissonna légèrement, son regard fuyant, ses épaules se raidissant pour se protéger de sa propre déchirure.
Yoongi fronça les sourcils en observant le langage non verbal de son ami, en réfléchissant. Soudain, un éclair de compréhension illumina ses yeux.
Il devina ce que Namjoon taisait.
Évidemment...
Il se souvenait. Il était présent lors de cet instant terrifiant où Namjoon, agenouillé dans la peur, hurlait le prénom de Jungkook, suppliant ses yeux de s'ouvrir. L'image du corps inerte, les paupières obstinément closes devaient être gravées dans sa mémoire.
Le traumatisme de Namjoon était révélé, écrasant et accablant.
« Ça t'effraie tant que tu n'oses plus fermer l'œil lorsqu'il dort », reformula-t-il, peiné.
Bien qu'il s'attendait à ce que Yoongi devine ses maux, les traits de Namjoon se froissèrent, frappé en plein cœur. Un souffle rieur bref et nerveux lui échappa, aussitôt étouffé par sa main qu'il porta à son visage. Ces mots criants de vérité lui brûlaient l'âme. Il ferma les yeux, serrant les dents et les poings.
Il ne ressentait pas l'envie de s'exprimer. Il ne voulait pas admettre qu'il se sentait impuissant, effrayé. Ce n'était pas à Yoongi qu'il voulait montrer cette vulnérabilité.
Seulement à Jungkook.
Mais Yoongi ne lui demanda rien. Il n'en avait pas besoin. Le silence de son ami était une réponse en soi, et Yoongi savait déjà. Il voyait clairement la fatigue qui alourdissait ses gestes et la tension qui se nichait dans ses épaules.
Namjoon savait qu'il n'aurait pas besoin d'expliquer pour être compris. C'était précisément cette certitude qui l'avait incité à se confier. Yoongi avait cette manière unique de déchiffrer les non-dits, de lire entre les mots et les silences, comme s'il perçait les secrets cachés dans l'air.
Avec lui, tout semblait plus simple, plus instinctif.
« Tu cauchemardes ? », demanda doucement Yoongi en brisant le silence.
Namjoon releva la tête, hésitant. Il avait l'air d'un homme pris au piège, sa réticence se lisant sur chacun de ses gestes. Il haussa les épaules, un mouvement qui en disait long.
Yoongi acquiesça, pensif.
« J'ai bien fait de te le demander, reprit-il après un moment de réflexion. La décoction que je t'ai donnée n'est qu'un remède pour apaiser ton sommeil. Bois-la ce soir. Demain, dis-moi si des cauchemars t'ont hanté. Si c'est le cas, je concocterai un remède plus approprié, quelque chose qui apaise les esprits troublés.*(1) »
Namjoon fronça les sourcils, intrigué.
« C'est possible, ça ? », demanda-t-il, dubitatif.
Yoongi hocha la tête, lui expliquant comment certains remèdes pouvaient agir sur les pensées agitées, lénifiant les tourments qui hantaient les rêves des personnes portant des traumatismes lourds.
Namjoon détourna le regard, un rire amer lui échappant. Il secoua doucement la tête, comme s'il se moquait de sa propre personne.
« Si j'avais su ça plus tôt... »
Yoongi croisa les bras et le regarda fixement, dépourvu de tout jugement.
« Tu l'ignorais, car tu t'es isolé du monde. Et ne te moque jamais de toi-même. »
Les mots frappèrent juste. Namjoon répliqua presque instinctivement, relevant le menton, cherchant à paraître impassible, bien qu'une ombre de doute traversât son regard.
« Peut-être que je n'avais pas envie d'entendre de telles vérités, non plus. »
Sa voix tremblait légèrement, la vulnérabilité se faisait sentir derrière sa colère.
Yoongi ne cilla pas, le toisant calmement, puis inclina légèrement sa tête en guise de pardon. Il savait que derrière cette pique, Namjoon à se protégeait.
Namjoon sentait le poids de cette vérité peser sur ses épaules, plus lourd que le fardeau qu'il s'infligeait depuis des jours. Son âme ne cessait de le consumer. Il désirait toujours riposter, se justifier, mais les paroles restèrent inexprimées.
Finalement, il prit une profonde inspiration, s'éloignant lentement du mur, comme s'il transportait un fardeau écrasant. Il avança d'un pas, puis d'un autre. Dressé, il se courba profondément devant Yoongi, exprimant ainsi son respect et sa gratitude, humble et sincère.
« Mais qu'est-ce que... ! Relève-toi, crétin ! », s'étrangla ce dernier, les yeux écarquillés, déconcerté par cette soudaine démonstration.
Amusé, Namjoon resta prosterné devant lui, obstiné. Une gratitude si profonde l'animait qu'il ne pouvait concevoir de ne pas lui rendre hommage comme il se devait. Ce geste exprimait à la fois des excuses et une reconnaissance qu'il était incapable d'exprimer autrement.
Et se montrer ingrat lui était impensable.
Yoongi soupira bruyamment, agacé, mais touché. Il posa fermement les mains sur les épaules de Namjoon, l'obligeant à redresser son dos. Leurs regards se croisèrent, et Yoongi fut surpris par la sincérité brute dans ses yeux, estompée par ce rictus narquois, ce bouclier masquant sa vulnérabilité.
Yoongi soupira, malgré lui admiratif devant cette façade fragile de Namjoon, ce port altier, ce menton dressé défiant le monde.
« Pas de ça entre amis, espèce d'homme des cavernes. Plus jamais », lança-t-il sèchement.
Namjoon pouffa, puis lui répondit en arquant un sourcil narquois, et Yoongi grommela, puis leva les yeux au ciel, sous son regard amusé.
« Bon, déguerpis. File rejoindre ta dulcinée.
— À la bonne heure, persifla Namjoon en se décollant du mur, impatient de retrouver Jungkook.
— Attends. »
Réfrénant un soupir, Namjoon fit volte-face et se retrouva face à Yoongi.
« Kook et toi... Qu'est-ce que vous êtes exactement ?
— Amants.
— Ah ! Voilà un terme plus juste. »
Un sourire fugace effleura les lèvres de Namjoon, mais Yoongi le fixait déjà, ses yeux fouillant au-delà des mots.
« Vous avez parlé de votre relation ? demanda Yoongi, penchant légèrement la tête.
— Pas vraiment.
— Pourquoi ? », demanda-t-il, intrigué.
Namjoon haussa les épaules, hésitant. Le silence s'étira, lourd.
« Ça le rend mal à l'aise », lâcha-t-il dans un soupir.
Yoongi croisa les bras, un pli soucieux marquant son front.
« Ça doit te frustrer, non ?
— Un peu, dit-il en esquissant un sourire fragile, désolé. Mais je veux lui laisser le temps. L'espace, aussi. »
Yoongi fronça les sourcils, réfléchissant un instant.
« Donc, il ne te donne pas ce que tu veux vraiment ? »
Namjoon cligna des yeux, pris au dépourvu. Il ne s'était jamais vraiment posé la question.
« Oui et non... »
Il marqua une pause, cherchant ses mots.
« Mais je ne me plains pas.
— Tu m'as quand même l'air coincé dans un entre-deux...
— C'est mieux que rien », murmura-t-il, les yeux baissés.
Yoongi soupira, passant une main dans ses cheveux, peiné.
« Ça doit être une situation éprouvante pour toi. »
Namjoon inspira profondément, et se réadossa contre le mur. Yoongi se joignit à lui, mimant son geste sans le lâcher du regard.
« Ce n'est pas grave », murmura Namjoon.
Sa voix manquait cruellement de conviction.
Yoongi tourna lentement la tête vers lui, ses yeux brillant d'une lueur incisive.
« Arrête, lâcha-t-il sèchement. Ça l'est.
— Je ne vais pas le forcer, Yoongi. Je lui ai fait part de mes sentiments. C'est à lui de venir à moi, maintenant.
— Tu vas vraiment attendre qu'il vienne vers toi ? Agis, dit-il en décroisant les bras, les sourcils froncés.
— Pour le brusquer ? »
Yoongi se pinça les lèvres, vaincu. Namjoon laissa retomber sa tête contre le mur, le regard dans le vague.
« Si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurais déjà demandé en mariage », railla-t-il.
Ses mots heurtèrent Yoongi comme un coup de poing. Il ne réagit pas à son sourire, le cœur serré. Cette confession l'ébranlait. Il baissa les yeux, soudain pensif. Il se sentait encore déconcerté par l'idée que cette relation transcendait l'amitié.
« C'est vraiment sérieux, lâcha-t-il finalement, la voix plus basse.
— Plus que tu l'imagines. »
Yoongi le dévisagea à nouveau, son cœur s'emballant légèrement à mesure qu'il découvrait des détails sur leur relation. Il remarqua que Namjoon, pudique, évitait soigneusement de croiser son regard en se livrant.
« Tu peux me dire pourquoi il ne veut pas s'engager ?
— Pas qu'il ne le veuille pas. Il serait plus juste de dire qu'il a peur de la condamnation, répondit-il, le ton doux-amer.
— On parle du même Jungkook ? Je refuse de croire qu'il t'aime si peu au point de céder à ces interdits sociaux. C'est absurde », dit-il en secouant la tête légèrement contrarié.
Un léger sourire étira les lèvres de Namjoon, ému par le soutien de son ami.
« Je ne saurais dire s'il m'aime autant que je l'espère. Moi-même, je ne sais pas si je me nourris d'illusions en croyant lire dans son regard l'importance qu'il semble m'accorder. »
Il marqua une brève pause, son visage s'éclairant d'un sourire si léger qu'il semblait à peine exister, mais qui adoucissait l'ensemble de ses traits, vibrant jusque dans ses yeux. Yoongi en fut captivé.
« Pourtant, ses gestes... ils ont cette sincérité désarmante. Il me touche souvent, comme si c'était une nécessité, un élan qu'il ne pourrait retenir. Dans nos moments d'intimité, il m'accorde une confiance précieuse... Mais peut-être que ça ne signifie pas pour lui ce que ça signifie pour moi. Peut-être que je me leurre depuis le début. »
Yoongi secoua doucement la tête. Il ne le lâchait pas des yeux, lisant dans les traits de son profil.
« Tu es bien trop lucide pour te leurrer ou te mentir, Namjoon.
— Pas quand l'amour m'égare. Chaque geste de sa part ravive en moi une étincelle d'espoir, Yoongi. Et cet espoir me rend prisonnier de mes propres chimères. »
Il me consume lentement, et je me hais de le savoir si bien.
Yoongi soupira profondément, frustré, agacé, inquiet. Il ne partageait son avis qu'à moitié.
« S'il t'aime vraiment, il devrait être prêt à affronter ça. Je le connais.
— Ce n'est pas si simple. Je le comprends, tu sais, dit Namjoon. Si l'on nous découvrait, on pourrait en mourir. Je ne suis personne pour exiger qu'il prenne ce risque.
— Tu n'es pas personne, Namjoon. Tu lui es entièrement dévoué. Il doit bien le voir, non ?
— Oui, je pense... », murmura-t-il en haussant une épaule, l'air perdu.
J'espère...
Puis, il regarda Yoongi, perplexe.
« Tu devrais être de son côté. Je te trouve étrangement du mien... Pourquoi ?
— Parce que ! », grinça-t-il entre ses dents, frustré.
Yoongi se tut, glissant une main sur son visage avant de lâcher un soupir sec, réfrénant l'élan de son âme indignée. Dans ses yeux flamboyait un agacement mal contenu, dissimulant une inquiétude plus profonde. Son cœur brûlait de frustration, de compassion.
Il ne saurait l'expliquer.
Jungkook, même transi de peur, fonçait toujours tête baissée avec une assurance presque insolente. Alors, le fait qu'il ne se battait pas résonnait en Yoongi comme une note discordante, vibrant contre une corde sensible qu'il aurait préféré ne plus jamais sentir.
Une corde traumatique, profondément ancrée, ravivant des souvenirs qu'il s'efforçait de museler.
Peut-être était-ce parce qu'il avait lui-même affronté cet abîme, cet instant où il aurait pu agir — s'enfuir —, mais où une force invisible — la terreur — l'avait entravé. Ce moment où il avait trahi ce qu'il avait de plus cher — son âme —, non par faiblesse, mais sous l'emprise d'une noirceur insidieuse — son programmeur *(2) —, destructrice de la conscience.
Il serra les poings, cachant le léger tremblement de ses mains. Puis, il ferma fortement les yeux, s'efforçant de chasser l'obscurité de ses propres démons.
Puis, ses yeux rencontrèrent ceux de Namjoon. Tout en lui se figea. Une tendresse poignante l'envahit. Voir cet ami qu'il avait appris à chérir profondément ployer sous le poids de la souffrance, de l'espoir mêlé de désespoir, et surtout de cet amour immense et presque terrifiant, le révoltait.
C'est injuste.
Il savait qu'il ne devrait pas réagir avec autant de ferveur. Mais, encore une fois, il ne saurait l'expliquer. Une pensée amère et mordante le traversa, lui compressant le cœur.
Je ne peux comprendre pourquoi la beauté d'un amour sincère devait être un fardeau dans un monde déjà si cruel.
Il ne pouvait détourner les yeux de Namjoon, cet homme qui portait cette flamme fragile et puissante, en dépit de tout.
« Le Jungkook que je connais ne se soumet jamais aux règles. Il ne fuirait pas non plus. Que nous fait-il, là ? »
Namjoon le regarda, à la fois troublé et touché par sa réaction vive et sincère.
« Il ne fuit pas. Il nous évite de mourir.
— Il y a toujours l'exil. Ce n'est pas forcément la fin.
— Pense aux deux hommes exécutés il y a cinquante ans pour homosexualité. Qui te dit qu'on ne nous réservera pas le même sort ?
— La souveraine actuelle est plus clémente que ses prédécesseurs.
— Et toi, qui es-tu pour le garantir ?
— Mon père la connaît bien.
— Peut-être, mais qui es-tu pour braver le futur ? », souffla-t-il, un sourire triste.
Yoongi siffla entre ses dents, manifestant son exaspération.
« Peu importe. Jungkook pourrait te surprendre. »
Namjoon esquissa un sourire d'une mélancolie si profonde que le cœur de Yoongi se serra. Il était ébranlé par tant de désespoir. Face à lui se tenait un homme brisé, si égaré qu'il aurait presque voulu lui conseiller de s'éloigner de Jungkook, de se détacher de cet amour qui semblait à la fois l'élever et le consumer.
Il souffrait autant qu'il s'épanouissait dans cette relation.
« Peut-être, souffla Namjoon. Mais je crains d'espérer avec trop d'ardeur. Parfois, je me demande si avouer mes sentiments après cinq ans de silence n'était pas une erreur. »
Yoongi hoqueta, levant vivement la tête vers lui en même temps que son cœur fit un bond.
« Cinq ans ! », s'exclama-t-il, stupéfait.
Namjoon releva des yeux résignés, luisant presque de douleur.
« Tu l'aimais déjà depuis nos quinze ans... ? », répéta-t-il, ébahi, la voix basse.
Il resta bouche bée tandis que Namjoon se contentait de le fixer, le regard résigné, la gorge légèrement nouée.
Yoongi s'en voulait de ressentir cette pointe d'amertume, ce sentiment d'accusation qu'il ne parvint à réprimer à l'égard de Jungkook, qu'il considérait comme son petit frère.
Pourquoi hésite-t-il, retenu par la crainte, alors qu'il possède en lui une force et un courage indomptables ?
Pourquoi ne se bat-il pas pour préserver ce qu'il a de plus précieux ?
Il détourna le regard. Ses pensées s'embrasèrent. Son âme se consuma. Son cœur tambourinait.
Qui, sinon un parent aimant, pouvait se montrer aussi dévoué ? Non, ça dépasse même l'amour familial. Ce genre d'abnégation, ce feu si puissant, n'émane que d'une âme ayant trouvé sa jumelle, une partenaire destinée à l'accompagner dans l'éternité.
Il fixa la porte close de la chambre.
Le vois-tu, Jungkook ? Ou restes-tu aveuglé par tes doutes ?
As-tu seulement conscience de l'ampleur du sacrifice de Namjoon ? À quel point il est prêt à braver les flammes pour toi ? Ne vient-il pas de frôler la mort en te sauvant de la noyade ? Et maintenant, malgré son propre corps affaibli, il continue à se tenir à tes côtés, puisant dans des forces qu'il n'a presque plus, risquant sa santé pour ne pas te laisser sombrer.
Toi, on te sauve. Là où moi, on m'a...
Yoongi secoua vivement la tête, fermant les yeux. Il serra les poings, troublé par ces pensées qu'il brûlait de lancer à Jungkook. Mais il n'oserait jamais, terrifié à l'idée de le voir vaciller sous le poids de ces mots accusateurs, même porteurs d'une vérité cruelle.
Et pourtant, même dans sa révolte intime et viscérale, Yoongi ne pouvait se résoudre à être celui qui le blesserait. Il devait entendre sa vérité, accueillir ses peurs, et le comprendre pour mieux le guider. Jungkook n'avait pas besoin d'un ami brisé et moralisateur, lancé par la fièvre de ses traumatismes, mais d'une oreille attentive, sincère, dénuée de jugement.
Comme toujours.
Il exhala un profond soupir, éreinté par ses démons tourmenteurs.
Yoongi ferma les yeux, un soupir alourdissant sa poitrine oppressée. Il les rouvrit sur un regard plus clair, dénué du moindre trouble, plus déterminé et fixe. Il posa une main sur l'épaule de Namjoon et la pressa doucement, lui offrant son réconfort. En écho, Namjoon recouvrit cette main de la sienne, la serrant, témoignant ainsi de sa gratitude.
Puis Namjoon abaissa sa main, Yoongi récupérant la sienne.
« Tu en souffres. Pourquoi tu t'infliges ça ? souffla-t-il, confus.
— Très bonne question..., répondit Namjoon en détournant le regard, le sourire triste.
— Tu me laisserais intervenir ? Il n'avait peut-être personne à qui s'ouvrir, à ce sujet. Je sais comment lui parler et il sait m'écouter. »
Namjoon leva les yeux vers lui, une lueur d'espoir vacillant un instant avant de s'éteindre.
« Tu penses ça changerait quoi que ce soit ?
— Je peux essayer. Ce que vous vivez ne ressemble pas à une histoire ordinaire, et, malgré les risques encourus, je suis convaincu que vous n'avez pas encore tout tenté.
— Tu ne peux pas en être certain.
— J'ai une relation étroite avec Jungkook. Je le connais comme si je l'avais fait, renchérit-il. Et toi, tu ne fais que me prouver, jour après jour, que non seulement tu l'aimes, mais tu es prêt à t'oublier pour lui. »
Outre le fait que ce ne soit pas sain...
« Peut-être, mais sois raisonnable, Yoongi. Je ne suis pas une femme. Jungkook te l'a dit : il n'éprouve pas d'attirance pour les hommes juste parce qu'il accepte de s'abandonner à mes bras. Un jour, ça lui manquera, c'est dans sa nature. Et puis... on est jeunes. Peut-être que je ne serais qu'une belle parenthèse dans son existence, un souvenir nostalgique alors qu'il serait marié, heureux et père.
— Tu parles comme si tout était déjà écrit, murmura-t-il, déconcerté. C'est assez culotté, venant de quelqu'un qui m'a demandé tout à l'heure : Qui es-tu pour défier l'avenir ? »
Namjoon se passa une main lasse dans ses cheveux.
« J'anticipe. Je me prépare à cette éventualité. Il a le droit d'être égoïste. »
Les muscles roulant sous sa joue n'échappèrent pas à Yoongi.
« Si on devient de simples amis, je serai heureux, du moment qu'il s'épanouit. »
Heurté, Yoongi se pinça les lèvres et le regarda avec compassion.
« Ça va t'anéantir. »
Namjoon esquissa un sourire triste.
Au point où j'en suis...
« Je te le promets, Yoongi... savoir qu'il est heureux me suffira, même si ce n'est pas grâce à moi. Alors, peut-être que je devrais me marier à mon tour, pour ne pas rester seul ? Même si ça reviendrait à trahir qui je suis et ce qui nourrit ma révolte contre ce monde... »
Il baissa la tête. Ses mains tremblaient.
« Ou alors, je pourrais simplement partir loin de lui. »
Sa voix vacilla au moment de prononcer la dernière syllabe. Une douleur aiguë s'infiltra dans ses veines, la piquant vivement, la rendant insupportable, électrisant chaque nerf comme s'il était frappé par la foudre. L'idée le révoltait, le blessait.
En serais-je même capable ?
Il détourna aussitôt le visage, la gorge nouée. Les larmes affluèrent, mais il se battit pour les retenir. Il prit une profonde inspiration, expirant lentement. Finalement, son corps se calma. Et, même si son cœur continuait de saigner, il parvint à redresser la tête.
Yoongi vit toute sa détresse. Il ressentit une peine profonde. Avec tristesse, il réalisa que les mots de Namjoon portaient l'empreinte d'un amour beau, véritable, mais destructeur. Il devina, à travers ses paroles, qu'il n'envisageait pas de retomber amoureux de quiconque qui n'était pas Jungkook.
« Tu l'aimes d'une façon que je n'ai jamais vue. Comme dans les contes. Et pourtant... »
Namjoon le regarda longuement, ses yeux vibrants d'une tristesse insondable, comme un ciel chargé d'orages qu'il refusait de laisser éclater.
« Je te souhaite de connaître ça, sans en porter le fardeau. »
Yoongi détourna un instant le regard, inclinant la tête en guise de remerciement, ses yeux étincelant de compassion.
« Tu me sembles résigné. Tu envisages de renoncer ? murmura-t-il en relevant des yeux brillants d'inquiétude.
— Non, je n'ai pas dit ça. Ce que je t'ai confié n'est rien d'autre que des insufflations qui m'obsèdent... Mais je garde un mince espoir de me tromper.
— Bats-toi encore. »
Le regard de Namjoon s'assombrit légèrement, mais une lueur déterminée s'y alluma.
« C'est ce que je fais. Je ne renoncerai pas tant qu'il ne m'aura pas regardé dans les yeux pour me dire qu'il ne veut pas de moi. Ou, au contraire, qu'il souhaite que je reste. Mais je veux agir avec douceur. Si je le brusque, il pourrait m'échapper.
— Jungkook fait partie de ceux qu'il faut parfois bousculer pour les pousser à agir.
— Je le sais. Mais pas quand il s'agit de son cœur. Cette liberté de l'aimer comme je peux encore le faire m'est trop précieuse pour que je la risque. »
Yoongi hocha la tête d'un air mi-grave, mi-admiratif.
« Je comprends. Tu es bien un homme. »
Namjoon plissa les yeux en le toisant, feignant d'être incertain de ne pas avoir saisi le sens de la phrase.
« Parce que tu me voyais autrement, peut-être ? »
Yoongi râla, l'air faussement exaspéré, et le bouscula doucement.
« Tu sais très bien ce que je veux dire. »
Namjoon exhala un souffle rieur.
Puis, le silence, paisible.
« Je sais que tu es ouvert d'esprit, mais les gens comme moi sont très mal vus. Pourquoi es-tu aussi tolérant ? Même Jungkook, qui te connaît pourtant mieux que moi, pensait que tu le rejetterais », demanda Namjoon, légèrement hésitant.
Le visage de Yoongi s'assombrit, et Namjoon regretta aussitôt ses propos. Un silence lourd s'installa, jusqu'à ce que Yoongi, par pudeur, fixe le sol. Les rôles s'inversèrent ; désormais, Namjoon scrutait ses traits, tandis que Yoongi fuyait son regard.
« Un jour, je te raconterai une partie de mon histoire. Tu comprendras. »
Namjoon fut agréablement surpris par cette confidence. Cependant, il ressentit dans son aura une obscurité brute, une profondeur abyssale dont nul ne ressort indemne.
Son cœur se serra et ses battements s'emballèrent.
« Tu veux dire que je comprendrais pourquoi tu as affirmé à Jungkook être le mieux placé pour ne pas le juger ? demanda-t-il, analysant chaque expression de Yoongi.
— Oui. »
Sa réponse fut simple, presque posée, mais ses traits exprimaient une tempête invisible.
« Alors que signifie pour toi aimer un homme ?
— Un choix du cœur. »
Sa réponse fut rapide. Une plaisante surprise étreignit Namjoon, une douce chaleur adoucissant les bords de son inquiétude.
« Et... le rejet de la société, comment tu le définirais ?
— Une preuve de son ignorance. Une violence née de sa lâcheté. »
Le cœur de Namjoon s'emballa. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement alors qu'il cherchait le regard de Yoongi, désireux de lui exprimer sa gratitude pour avoir mis des mots sur son propre combat. Mais ce dernier évitait toujours cet échange.
Namjoon sut qu'il se préservait, ses stigmates traumatiques mis à nu.
« Pour aller plus loin ; c'est une absurdité de plus dans ce monde où l'on préfère étouffer l'élan de l'âme plutôt que de la laisser s'épanouir dignement. Une barbarie, injuste pour toi, pour Jungkook, et pour tant d'autres. »
Le timbre caverneux de Yoongi et sa voix grave et vibrante d'une révolte contenue le surprirent. Namjoon réprima un souffle tremblant, ému et stupéfait par ses paroles. Il aurait dû s'y attendre, et pourtant, l'éloquence poétique et l'âme engagée de Yoongi avaient ce don de choisir les mots justes, intenses et percutants.
Il possédait le don de créer des mots qui touchaient l'âme en profondeur ; il l'avait démontré lors du concours.
Le regard de Namjoon s'adoucit. Heurté, bouleversé, mais étrangement apaisé, il inclina légèrement la tête, tandis qu'un sourire discret et sincère émergeait sur ses lèvres. Une gratitude et un respect exponentiel scintillaient dans son regard.
« Écris ces vers avant qu'ils ne s'envolent de ta mémoire. Ils sont magnifiques. »
Sans lever les yeux, Yoongi esquissa un léger sourire franc, puis hocha la tête.
Je vous les dédierai.
Le silence. Chacun régulait le flot tumultueux de son âme.
« Je serai honoré d'écouter ton histoire », souffla Namjoon.
Un éclat de gravité traversa le regard de Yoongi lorsqu'il releva la tête. Namjoon retint de justesse un sursaut, perdant quelques couleurs.
« Tu vois la noirceur que tu dis déceler dans certains de mes poèmes ? »
Namjoon acquiesça lentement, gagné par un malaise qu'il ne pouvait nommer.
« C'est une infime partie de... »
Yoongi laissa sa phrase en suspens, ses paupières se fermant sur des visions insoutenables. Il détourna à nouveau le regard.
« J'espère seulement que tu as le cœur solide. »
Namjoon fronça les sourcils, un frisson lui parcourant l'échine. Une appréhension diffuse se mêlait à une fascination inexpliquée, le maintenant captif de l'aura énigmatique, presque écrasante, qui émanait de Yoongi.
Il en eut presque des sueurs froides. Quelque chose dans son regard lui glaçait le sang.
Il s'éclaircit la voix, légèrement mal à l'aise.
« Yoongi. »
Ce dernier le regarda après quelques secondes à fixer le sol.
« Merci de m'avoir écouté », murmura-t-il, le fixant intensément.
Le visage de Yoongi s'adoucit, et la noirceur s'évapora de son regard. Namjoon en fut à la fois captivé et troublé.
« Merci pour ta confiance. Tu parles cependant plus facilement de tes sentiments envers Jungkook que de tes propres combats. »
Namjoon demeura silencieux, prenant conscience de cette vérité. Puis, il passa une main à ses cheveux.
« Peut-être parce que j'ai plus besoin d'aide sur ce point précis que sur le reste. »
Yoongi le regarda pendant un instant. Il ferma les yeux, ses épaules s'affaissant, comme s'il portait à lui seul une partie du poids de Namjoon.
« C'est bien, ça me prouve que tu as pleinement saisi que tu n'es plus seul désormais. »
Sa main se tendit instinctivement pour se poser sur l'épaule d'un Namjoon légèrement chamboulé.
« Je te connais depuis peu, mais je t'apprécie déjà assez pour souhaiter ce qu'il y a de mieux pour toi. Tu mérites mieux que l'incertitude de Jungkook. Mais je suppose que tu ne lâcheras pas, car c'est ainsi que tu es. »
Ses derniers mots furent prononcés avec une légère fêlure, révélant une profonde affection.
Surpris par cet élan, Namjoon battit des paupières sans détourner le regard, bien qu'un brin gêné.
« Yoongi...
— Non, laisse-moi finir. Tu es prêt à tout endurer pour lui, et c'est admirable. Je suis sincèrement heureux que Jungkook ait quelqu'un de spécial comme toi dans sa vie. »
Namjoon demeura immobile, ces paroles résonnant en lui. Une chaleur inattendue émergea dans sa poitrine, apaisant une infime partie de la charge qui l'oppressait.
« Mais ne te perds pas complètement dans cette attente. Ménage-toi. Prends soin de toi. Ne te néglige pas à son détriment, ce n'est pas juste, pour toi. Ce n'est pas sain. »
Namjoon cligna une fois ses paupières. Son cœur bondit douloureusement à la dernière phrase.
Ce n'est pas sain.
Son cœur eut un second sursaut douloureux, éveillant en lui une vérité qu'il avait longtemps enfouie, un aveu qu'il n'avait jamais voulu considérer.
« Tu n'as pas besoin de répondre. Juste... réfléchis-y », souffla Yoongi.
Il tapota une dernière fois son épaule.
« Repose-toi, s'il te plaît. »
Il se tut, le regard scintillant d'une intensité qu'il n'exprimait que rarement, et pressa doucement l'épaule de Namjoon.
« Tu pourras toujours compter sur mon aide. Souviens-toi également que d'autres amis plus dévoués que moi veillent sur toi. La vie t'a offert ce précieux cadeau, prends-en soin », murmura-t-il, le regard fermement ancré dans le sien.
Puis, Yoongi se détourna un peu trop vivement, masquant l'émotion qui menaçait de l'envahir.
Namjoon resta figé. Ses pensées tourbillonnaient autour de ses mots, résonnant en lui bien après que son ami s'éloignait dans le silence.
Les émotions en désordre, l'esprit bouleversé, il portait un cœur à la fois lourd de tout ce qu'il avait osé dévoiler et léger de l'avoir fait. Une gratitude douce-amère l'étreignait : il avait été écouté, et cela l'apaisait autant que cela le troublait.
Il était toujours étonné d'avoir eu le courage de franchir cette barrière, lui qui ne se confiait à personne jusqu'alors. Puis il avait commencé à s'ouvrir, ne se confiant qu'à Jungkook.
Mais voilà que quelqu'un d'autre venait franchir les murs de sa forteresse.
Un sentiment insolite le gagnait ; l'inconnu mêlé à l'évidence. Face à Yoongi, tout lui avait paru naturel et presque simple, malgré l'étrangeté de la situation.
Contre toute attente, un petit sourire fleurit sur ses lèvres, alors que la silhouette de Yoongi disparaissait au bout du couloir.
Il réalisa son inestimable soutien. Ses mots d'encouragement. Sa colère, si surprenante, dirigée contre Jungkook, son ami de longue date, mais seulement pour le défendre lui, l'ami récent, parce qu'il avait été touché par son histoire. Par ses sentiments. Par cette fragilité qu'il avait laissée émerger. Parce que Yoongi avait su entrevoir au-delà de ses murailles. Il avait vu et compris l'essentiel.
Le plus déroutant ? Namjoon ne se sentait nullement profané dans son intimité. Yoongi avait agi avec douceur, bienveillance et calme, surtout, avec respect.
Mais encore plus troublant ? Ils avaient abordé ses sentiments pour Jungkook avec une familiarité presque banale, comme si le sujet n'était pas interdit, pas inconvenant ou pas sujet à tabou.
Il avait ressenti un sentiment de liberté.
Son cœur fit un bond agréable.
Il ressentait la même émotion lorsque Hoseok ou Taehyung lui témoignaient leur affection à leur manière, qu'il s'agisse d'un geste, d'un mot, d'un regard, ou d'un sourire.
Du fond du cœur, merci. À mon tour d'être un ami digne de vous.
Il fit coulisser la porte avec lenteur, puis la referma dans un murmure, le loquet émettant un léger claquement.
Ce bruit discret, presque insignifiant, lui donna l'impression de sceller un instant de répit, une barrière protectrice entre lui et le tumulte du monde extérieur.
Il inspira profondément. Les paroles de Yoongi tournoyant encore dans son esprit en surchauffe. Cette conversation l'avait marqué, laissant une trace ambiguë : le soulagement d'un fardeau ôté, remplacé par un autre, plus insidieux, plus intime.
Alors c'est ça, pouvoir compter sur les autres ?
Il réfléchit, le regard absent, perdu dans les veines du parquet.
C'est agréable. Un peu effrayant. Et légèrement agaçant.
Namjoon soupira en secouant la tête, avant de se diriger vers Jungkook. Il remarqua qu'il avait mis de côté les coussins supplémentaires, afin de s'allonger. Il sourit en voyant qu'un oreiller avait été placé près du sien, pour lui.
Il se demanda s'il avait peiné à les déplacer, mais une fierté l'envahit à l'idée que Jungkook y soit parvenu, malgré ses doutes sur l'effort que cela avait dû lui coûter.
Debout, Namjoon observait ses paupières closes et ses traits marqués par l'épuisement. Ses cheveux presque secs retombaient en longues mèches désordonnées sur son front, sa joue, s'enroulant autour de son cou.
Pourtant, même dans un état de convalescence, il émanait de lui une douceur unique, une fragilité qui serrait le cœur de Namjoon, qui accélérait son rythme cardiaque, à la fois ému et anxieux à l'idée de le voir déjà endormi.
« Tu es prêt à tout endurer pour lui, et c'est admirable. »
« Ne te sacrifie pas pour lui. »
« Ne te néglige pas à son détriment. »
La voix de Yoongi demeurait, comme un écho tenace.
Namjoon serra les poings, ses perles noires accrochées au visage paisible de Jungkook. Une détermination féroce animait son regard, pourtant trahie par la tension douloureuse de sa mâchoire. L'appréhension le gagnait à chaque respiration paisible du dormeur. Pourtant, malgré la crainte, son cœur débordait d'un amour inébranlable.
J'endurerai n'importe quoi pour lui.
Jungkook sentit sa présence, identifiant ses pas feutrés, cette démarche presque aérienne, étonnamment légère pour une silhouette aussi lourde, grande, et massive. Un léger mouvement de ses lèvres brisa le silence, bien que ses paupières restèrent obstinément fermées.
« Tu es là. »
Le cœur de Namjoon bondit, allègre. Il sourit et s'agenouilla près de lui. En silence, il effleura son visage, glissant ses doigts dans ses cheveux soyeux, dégageant sa mâchoire anguleuse, suivant la courbe d'un mouvement délicat.
Une chaleur douce et intense envahit sa poitrine. Il réfréna le sentiment de soulagement presque honteux de le savoir conscient.
« Oui. Je t'ai réveillé ? »
Jungkook secoua doucement la tête, puis, les paupières toujours closes, il bâilla longuement avant de s'étirer avec langueur. Un long soupir adoucit ses traits, tandis que Namjoon le contemplait avec affection.
Ce dernier s'allongea à ses côtés, tirant la couverture sur leurs corps. Lentement, il se glissa contre lui, leurs torses se touchant, alors que Jungkook s'accrochait d'une main à son épaule. Namjoon le surplombait à moitié, appuyé sur un coude. Il passa une main délicate dans ses cheveux, savourant la sensation de soie glissant entre ses doigts.
Fidèle gardien de Jungkook, il lui embrassa chastement le front, surveillant chaque respiration, chaque mouvement infime, son esprit alerte. Ses yeux étaient rivés sur ses paupières fermées. Il se mordit la lèvre, se retenant de lui demander de les ouvrir.
Il ne dort pas. Ça va.
Il se convainquait. Une vague de remords l'assaillit soudainement. Jungkook finira bien par céder au sommeil, tôt ou tard.
Il faut bien qu'il se repose...
Comme mus par une volonté propre, ses yeux se posèrent sur le bol sur la table de nuit.
Il tressaillit presque. Le remède de Yoongi.
« Tu pourras toujours compter sur mon aide. Souviens-toi également que d'autres amis plus dévoués que moi veillent sur toi. La vie t'a offert ce précieux cadeau, prends-en soin. »
Namjoon fut pris entre deux émotions contraires : le soulagement et le scepticisme. Une discussion avec Yoongi ne manquait jamais de lui faire prendre conscience de nombreux aspects de sa personnalité. Mais ses démons intérieurs et ses pensées sombres, parasites cohabitant avec lui depuis longtemps, persistaient à contester sa valeur, remettant constamment en question son existence.
Comme si exister comme les autres lui était interdit.
Il détourna le regard et serra les dents, contrarié par cette lutte intérieure incessante, par son incapacité à se libérer de cette manie à toujours réfléchir plutôt que de simplement ressentir, apprécier.
Il voulait tellement être en paix avec lui-même.
« Tu n'es plus seul, maintenant. »
Son cœur se réchauffa. Mais son esprit tournait à plein régime. Encore, et encore.
Qu'il se sente ainsi partagé n'avait rien de surprenant ; il avait vécu isolé pendant si longtemps qu'il n'avait jamais envisagé de compter sur autrui. Pourtant, Hoseok et Taehyung l'avaient soutenu à de nombreuses reprises.
Il en était convaincu : Yoongi avait raison. S'appuyer sur les autres ne l'affaiblirait pas, bien au contraire. Puis, il l'avait lui-même soufflé à Jungkook, quelques heures plus tôt.
Mais il était souvent très difficile de s'en tenir à ses propres conseils.
« Je suis sincèrement heureux que Jungkook ait quelqu'un de spécial comme toi dans sa vie. »
Il ferma les yeux, laissant un sourire s'épanouir sur ses lèvres. Étrangement, il se sentait validé pour Jungkook. Comme un futur gendre devant le père de l'homme dont il était amoureux. Avec pudeur, il réprima un petit rire à ces pensées.
« Ce n'est pas juste, pour toi. Ce n'est pas sain. »
Son cœur fit un bond douloureux, ses paupières se relevèrent brusquement, fixant sans le voir le cou de Jungkook. Son sourire s'estompa, remplacé par la tension de ses traits. Une vague de pensées importunes le traversa, suffocante, et il retint un grondement de déplaisir. D'un mouvement sec, il secoua vigoureusement la tête, les chassant.
Puis, son regard s'attarda sur Jungkook, dont les paupières frémissaient légèrement. Une joie indicible envahit Namjoon lorsque qu'elle révélèrent deux iris sombres, scintillant faiblement sous la lumière tamisée.
Envolés, ses tourments.
« Ça va, hyungie ? murmura-t-il, la voix rauque.
— Oui.
— Hum... Tu penses trop fort.
— Ne t'inquiète pas, mon doux. »
Jungkook sourit timidement, frottant doucement ses yeux ensommeillés.
« J'ai entendu Yoon crier, souffla-t-il, intrigué.
— Disons qu'il n'a pas apprécié ma manière de lui témoigner ma gratitude », répondit-il avec un sourire en coin.
Jungkook fronça les sourcils et cligna des yeux, légèrement déconcerté.
« Hein ?
— Je me suis prosterné. »
Le bref rire, doux et faible, de Jungkook fit papillonner son cœur.
« Il déteste ça, murmura-t-il, amusé.
— J'ai vu ça, oui. Il m'a même traité de crétin. »
Jungkook pouffa, élargissant le sourire de Namjoon.
« Il peut aussi te frapper, hyungie.
— Qu'il ose. »
Jungkook se contenta de sourire, diverti.
« J'ai un sincère élan d'affection pour lui », souffla Namjoon.
Le sourire de Jungkook se fit plus tendre. Il glissa ses doigts dans les mèches sombres au-dessus de lui.
« Je sais.
— Encore plus après ce qu'on vient de se dire. »
Dans une autre vie, si tu n'étais pas là pour enflammer mon cœur, peut-être aurais-je succombé à l'âme détruite et à l'aura lumineuse de Yoongi.
« Coup de foudre amical ? », plaisanta Jungkook.
Pris de court, Namjoon sursauta presque. Ses mots faisaient étrangement presque écho à ses pensées. Puis, un petit sourire creusa ses fossettes.
« Honnêtement ? Oui. »
Jungkook caressa sa joue du bout des doigts, son regard capturant le sien avec une intensité qui fit naître une chaleur dans l'air.
« Vous avez passé un long moment ensemble... On dirait que cette discussion t'a fait le plus grand bien », sourit-il.
Namjoon s'égara parmi les fragments de sa conversation avec Yoongi qui vagabondaient encore dans son esprit.
« Oh, tu n'as pas idée.
— Si », souffla Jungkook.
Il fit glisser ses doigts le long du bras de Namjoon, jusqu'à effleurer sa main, la portant à ses lèvres pour déposer un léger baiser dans le creux.
Il releva des yeux tendres vers Namjoon qui s'y perdit, complètement envoûté.
« Quand tu te confies à Yoon, c'est comme si quelque chose en toi se rééquilibrait. Il sait tellement de choses... Il a cette façon de te faire grandir, n'est-ce pas ? Jin, Mingyu et moi, on le ressent à chaque fois. »
Namjoon s'évada dans ses pensées, l'âme légère. Son regard erra sur les traits de Jungkook, fascinant mélange de douceur et d'angles acérés. Une harmonie rare, intensément masculine, pourtant empreinte d'une grâce étonnante et presque féminine selon ses expressions.
Beau. Ce mot lui semblait bien trop terne pour capturer l'éclat de Jungkook. Sous son regard fervent, une lumière semblait émaner de lui, chassant les vestiges de la tension qui s'était logée dans son âme.
Le cœur alourdi par l'amour, Namjoon ressentit le besoin de l'alléger. Il inspira profondément, puis expira.
« Je suis toujours surpris par la façon avec laquelle il me cerne déjà si bien, murmura-t-il. Je sais qu'il lui faut peu de mots pour me comprendre. Je ressens toujours une certaine sérénité après avoir discuté avec lui. Yoongi écoute sincèrement, et il ne juge jamais. »
Jungkook se sentit soulagé. Il glissa une main derrière la nuque de Namjoon, l'attirant doucement, presque timidement, un peu plus près de lui.
« Et il ne trahit jamais, souffla-t-il.
— Je n'en doute pas un instant, sourit-il. Il s'est même montré intraitable quand quand j'ai voulu lui arracher la vérité sur ton fameux petit surnom.
— Hein... ? »
Interloqué, Jungkook plissa légèrement les yeux, avant qu'une lueur de compréhension ne traverse son regard. Il fronça les sourcils.
« Ah non, Namjoon.
— Ah si, poussin, répliqua-t-il avec une douceur provocante, le coin de ses lèvres s'étirant dans un sourire taquin.
— Yah ! s'exclama-t-il en lui assénant une tape sur son épaule, un doux incarnadin colorant ses joues. Et pourquoi tu veux savoir ça, hein ?
— Ça m'intrigue au plus haut point, Kook. Surtout qu'apparemment, tu mourais de honte avant même d'aller au bout de son récit.
— Il t'a dit ça, cet enfoiré ?
— Jusqu'au dernier mot, confirma-t-il en hochant gravement la tête, bien que ses lèvres étaient étirées en un sourire amusé.
— Ce crétin, grommela Jungkook. Une raison de plus pour que tu n'en saches jamais rien.
— Oh, mon doux, susurra-t-il en se penchant doucement vers lui, un sourire charmeur et taquin. Crois-moi, je finirai par découvrir. J'ai des talents très... persuasifs. »
Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, et Jungkook, les oreilles brûlantes et le souffle court, sentit son cœur s'affoler. Dans un réflexe mi-défensif, mi-embarrassé, il posa une main sur le torse de Namjoon et le repoussa d'une pression à la fois vive et maladroite.
« ...Tu n'en sauras rien, même sous la torture », marmonna-t-il en reculant sur son coussin, troublé.
Ils se dévisagèrent un instant, puis pouffèrent. S'ensuivit un doux silence, tandis qu'un petit sourire mutin flottait sur leurs lèvres, leurs regards se perdant l'un dans l'autre.
« Poussin, hein... ? susurra Namjoon d'un ton faussement rêveur, espiègle. Je me demande ce qui a bien pu f... »
Jungkook l'interrompit d'un claquement de langue exaspéré tout en roulant des yeux.
« Abandonne », siffla-t-il, avant de détourner les yeux, une nouvelle rougeur colorant son visage.
Namjoon s'approcha encore, puis, espiègle et joueur, il effleura son oreille d'un coup de langue. Un frisson parcourut Jungkook de la tête aux pieds, qui, écarlate, étouffa un cri mi-surpris, mi-offensé. Il contre-attaqua alors en pinçant légèrement la hanche de Namjoon, qui se tortilla en pouffant.
« Je vais te tuer, Kim », gronda-t-il, la voix vibrante d'un rire contenu et d'agacement.
Namjoon éclata d'un rire franc, ses épaules vibrant sous l'élan. Malgré sa gêne, Jungkook ne put résister longtemps, et un éclat de rire plus doux résonna, tandis qu'il frottait timidement son oreille écarlate.
Puis vint le calme. Namjoon effleurait son visage de tendres baisers, comme une caresse. Les paupières closes, Jungkook se laissait porter par sa douceur, le cœur papillonnant. Il se sentait si bien.
« Tu sais, hyungie... »
Namjoon déposa un baiser furtif sur le coin de ses lèvres, en guise de réponse.
« Je suis heureux que tu puisses te reposer sur lui, murmura-t-il avec douceur. Yoon est un bon confident. »
Namjoon hocha légèrement la tête, le bout de son nez frôlant la joue de Jungkook, qui entrouvrit les paupières afin de le contempler.
« Mais il a aussi besoin d'être entendu, non ?
— On l'écoute, le rassura Jungkook. Mais toi... tu fais bien plus que l'écouter. Tu déchiffres son âme à travers ses poèmes, sans même connaître la noirceur de son passé. Ce que tu lui offres, Namjoon, c'est ce que nous, ses amis de longue date, ne pouvons lui donner, malgré toute notre affection et notre volonté. »
Il prit une brève pause dans laquelle il caressa la joue de Namjoon du bout des doigts.
« Yoongi ignorait qu'il avait besoin de quelqu'un comme toi. Maintenant, il n'est plus seul face à ses tourments ; il se sent un peu plus compris. C'est aussi pour ça que votre amitié s'est si rapidement et spontanément installée. »
Namjoon releva doucement la tête, ses yeux s'ancrant à ceux de Jungkook, incrédules et émus.
« Comment tu sais tout ça avec autant de précision... ?
— Il nous l'a dit, répondit Jungkook avec un sourire léger, torsadant une mèche égarée sur la nuque de Namjoon.
— Vraiment... ? murmura-t-il, son souffle caressant les lèvres de Jungkook. Il vous l'a dit comme ça, alors que vous êtes là pour lui depuis toujours ?
— Bien sûr. Si on est aussi soudés, c'est parce qu'on a toujours fait le choix de l'honnêteté, surtout sur ce qu'on ressent. Quand Yoon nous en a fait part, on a été soulagés... pour lui, mais aussi pour nous-mêmes. Parce qu'il y a maintenant quelqu'un qui peut lui offrir ce dont il a réellement besoin, et... »
Jungkook se mordit la lèvre, détournant le regard.
« Je m'en veux de le dire, mais on n'a plus à tenter de comprendre ce qui nous échappe... ça nous soulage d'un poids parce qu'on se sentait démunis... »
Namjoon resta silencieux, absorbant chaque mot, avant d'acquiescer lentement.
« Ne t'en veux pas, pour ça », souffla Namjoon.
Jungkook acquiesça doucement, se sentant tout de même coupable.
« Il m'a dit d'avoir le cœur accroché lorsqu'il me racontera son passé. »
Jungkook releva les yeux, incrédule, son regard vacillant entre l'étonnement et l'appréhension.
« Il veut te parler de son passé ? »
Namjoon acquiesça, l'air grave.
« Une partie. Je ne te cache pas que je ne suis pas serein, même si je suis intrigué. »
Jungkook détourna brièvement le regard, mal à l'aise.
« Oui, c'est... sombre. On ne sait qu'une infime part, mais on a pu deviner le reste. Jin n'a pas tenu le coup. »
Namjoon retint son souffle, étudiant les traits tirés de Jungkook.
« Et toi... ? »
Un éclair de rébellion, de souffrance et peut-être même d'effroi traversa les yeux de Jungkook. Il frissonna légèrement, puis détourna la tête.
« J'ai... »
Il s'interrompit, sa gorge se serrant sous le poids de ses souvenirs.
« J'ai haï l'humanité entière. J'ai pleuré de rage, tellement fort que j'en avais mal. Alors... alors, on ne l'a pas laissé seul. Pendant trois jours, on s'est cramponnés à lui. On dormait à ses côtés, comme si le quitter ne serait-ce qu'un instant pouvait le faire sombrer. On a bien fait d'être présents, car il était brisé. C'était la toute première fois qu'il osait exprimer de vive voix ce qu'il avait vécu... »
Namjoon vit ses yeux s'embuer.
« Ça l'a soulagé, après. Mais, bon sang, je te laisse imaginer l'état dans lequel il se trouvait... »
Un tressaillement douloureux traversa le cœur de Namjoon lorsque la voix de Jungkook vacilla. Incapable de rester passif face à sa détresse, il posa doucement sa main contre sa joue, son pouce traçant une caresse délicate sur sa pommette.
Qu'as-tu enduré de si terrible, Yoongi ?
Jungkook ferma les yeux, inspira profondément, puis expira le poids alourdissant son cœur.
« Tu dois... tu dois être prêt à entendre son histoire. Je ne sais pas si tu en es capable, tu portes aussi tes propres démons. Deux ans sont passés, et je peine encore à le supporter. Mais je suis content de la partager avec lui, ça l'allège, un peu. »
Plutôt que de l'effrayer, ces mots insufflèrent à Namjoon une force nouvelle. Son regard s'embrasa de détermination : il voulait être cet ami indéfectible, prêt à écouter, quel que soit le poids des ténèbres à dévoiler, indifférent au fait qu'il pourrait s'exposer à des résonances douloureuses avec ses propres fardeaux.
« Je l'écouterai », affirma-t-il, d'une voix douce, mais résolue.
Jungkook esquissa un petit sourire tremblant. Il prit une longue inspiration, refoulant le douloureux serrement de son cœur fragile, littéralement compressé par tant d'émotions. Il se retint de porter une main à son cœur, refusant d'alerter Namjoon. Il se contenta de déglutir et d'inspirer lentement.
« Te voilà un pilier de plus pour le soutenir », murmura-t-il.
Namjoon tressaillit, surpris par l'aveu, en comprenant le véritable sens. Yoongi lui témoignait une confiance immense en choisissant de lui confier une partie de ses démons. Ses traits fatigués s'illuminèrent, mélange d'émerveillement et de joie douce-amère.
Touché, Jungkook sentit son cœur chavirer. Incapable de résister à cet éclat de charme et de vulnérabilité, il l'attira à lui, cueillant doucement ses lèvres dans un baiser délicat et pur. Ils se regardèrent, puis se sourirent ; Jungkook, le cœur battant à tout rompre et grisé par sa propre audace, et Namjoon, l'âme euphorique par cet élan de tendresse inattendu, mais précieusement chéri.
Doucement, Jungkook l'enlaça avec une force qui traduisait toute la gratitude et l'émotion qu'il n'arrivait pas à verbaliser. Aussi soudain que doux, le geste surprit Namjoon qui resta figé un instant, avant de se détendre dans ses bras, blottissant son visage contre son cou.
Néanmoins, malgré son envie de rendre cette étreinte aussi entière que possible, il veilla à ne pas se presser trop fort contre Jungkook, conscient de la fragilité de son corps et de son thorax.
Le silence s'installa, paisible, seulement ponctué par leurs respirations. Celle de Jungkook était légère, parfois irrégulière, signe qu'il retenait quelques toux.
Namjoon le remarqua.
« Tu as bu un peu d'eau ? »
Jungkook acquiesça.
Namjoon resta immobile, fixant le petit bol posé sur la table de nuit. Il soupira profondément, puis son corps se crispa légèrement. Les yeux embués par la fatigue et les paupières lourdes, Jungkook le sentit. Soucieux, il baissa les yeux, l'observant.
« Nam ?
— Je suis désolé.
— ...Hein ? souffla-t-il, déconcerté. Pourquoi ?
— Le remède. Je ne le prendrai pas. »
Jungkook fronça les sourcils, un mélange d'exaspération et de désarroi dans son regard.
« Pourquoi pas ? »
Namjoon mordit l'intérieur de sa joue, partagé entre ses pensées contradictoires. Puis il releva la tête et le regarda.
« Pourquoi tu lui as parlé de mon insomnie ? C'est mon affaire. »
Son ton n'était pas dur, néanmoins presque acéré. Il aurait voulu remercier Jungkook pour sa prévenance, mais une partie de lui s'y opposait. Il s'accrochait désespérément à l'idée de contrôler quelque chose, de démontrer sa résilience, de résister au monde sans ployer.
Jungkook ne céda pas. Il fixa son regard sur le sien, une étincelle d'agacement brillant dans ses yeux.
« Tu es sérieux ? Namjoon, je ne fermerai pas l'œil tant que tu ne dormiras pas. Et je ne plaisante pas. »
Sa voix était ferme malgré son état et sa fatigue.
« Tu tiens à peine debout, et je ne sais pas d'où tu puises encore la force de veiller sur moi alors que tu manques de sommeil. Bois-le. »
Namjoon écarquilla les yeux, déstabilisé par ces mots. Cette sollicitude, brute et sincère, venait percuter ses défenses, réveillant en lui un malaise qu'il ne saurait nommer.
Pris au dépourvu, il se braqua aussitôt, rejetant cette attention.
« C'est mon problème, pas le tien », répéta-t-il.
Son ton claqua, froid, tranchant. Leurs souffles se mêlaient, mais, entre eux, un mur invisible venait de se dresser.
Jungkook cligna des yeux, un éclat blessé traversant son regard. Il lui tint tête, son irritation vibrant sous sa peau, accélérant le rythme erratique de sa respiration.
« Bien sûr que si. »
Sa voix tremblante reprit de l'assurance.
« Parce que c'est ma faute si tu ne dors plus. »
Namjoon fixa intensément son regard dans le sien, les traits tendus.
« Qu'est-ce que tu en sais ? Tu dors tranquillement pendant que j'angoisse. »
Il venait de céder, la digue de son silence s'était brisée. Sa voix monta légèrement, vibrant d'une colère dissimulant mal son anxiété.
Jungkook se tut. Ses traits se décomposèrent légèrement, révélant une compassion sincère et douloureuse.
« Je sais. Je t'ai vu. »
Namjoon retint son souffle, les yeux écarquillés sous l'effet du choc causé par cette aveu aussi inattendu qu'impitoyable.
« Je me suis réveillé deux fois un petit instant, murmura Jungkook, le cœur battant. Et les deux fois, tu avais eu l'air absent, comme si quelque chose te tourmentait. Il faisait noir, alors j'ai d'abord cru à des cauchemars... puis je t'ai entendu. »
Sa gorge se serra. Le silence qui suivit ses mots était semblable à un couperet.
« Tu répétais une litanie, Namjoon. Elle m'a glacé le sang. »
Le cœur de Namjoon fit un bond vif. Il paniqua.
Jungkook ferma les yeux un instant, comme pour faire taire l'écho effroyable de ces paroles. Mais elles persistèrent, insaisissables.
Ouvre les yeux. Ouvre les yeux. Ouvre les yeux.
Jungkook releva lentement la tête, ses yeux brillant d'un mélange de peur et de douleur, attendant une réponse, un signe. Mais Namjoon restait immobile, les mots s'étouffant dans sa gorge, son cœur envahi par une culpabilité dévorante.
« J'ai essayé d'avoir ton attention, reprit Jungkook. Mais tu semblais bien trop loin pour le remarquer. »
Namjoon resta silencieux. Les souvenirs lui échappaient, flous et éclatés, comme des fragments d'un rêve qu'il peinait à saisir. Il ne se souvenait ni des mots qu'il avait prononcés ni de la réalité qui l'avait entouré à cet instant.
Tout ce qui lui revenait, c'était l'image de Jungkook, les paupières closes. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il attendait son réveil, accompagné de ses démons tourmenteurs.
« Tu disais...
— Non. »
Namjoon le coupa sèchement. Il détourna brusquement la tête, les dents serrées, effrayé par ce qu'il avait pu proféré dans son état second. Mais l'évidence flottait dans l'air.
Un silence tendu s'installa.
« Je suis désolé, Jungkook. Je préférerais ne pas aborder ce sujet. »
Il voulait que ces mots soient tranchants, fermes et définitifs, mais sa voix tremblait légèrement, trahissant sa détresse.
« Hyungie...
— S'il te plaît. »
Il leva les yeux vers Jungkook, exprimant une combinaison d'irritation et de supplication dans son regard.
Ce dernier se mordit l'intérieur de la joue, réprimant un flot de mots qu'il savait inutiles. Il n'obtiendra rien de plus. Il capitula. Il lisait dans le regard de Namjoon une douleur qui demandait à être respectée, malgré le mur qui les séparait.
Au lieu de s'éloigner ou de répondre, Jungkook étendit les bras et attira doucement Namjoon vers lui qui, surpris, hésita un instant.
« Je ne veux pas écraser ta poitrine », murmura-t-il, prudent.
Les bras de Jungkook s'enroulèrent plus étroitement autour de lui.
« Je ne ressens aucune gêne, mentit-il. Viens. »
Il le voulait ainsi, tout contre lui. Au diable son foutu cœur, ses poumons, ou toute faiblesse qui tentait de l'entraver. Ce moment lui importait plus que ses douleurs ou son inconfort.
Alors, Namjoon capitula. Lentement, il laissa la main de Jungkook le guider, posant sa tête contre sa poitrine. Il ne vit jamais la légère et furtive grimace crispant les traits de Jungkook qui contrôlait sa respiration afin de ne pas l'alerter. Il se laissa envelopper par ses bras à l'apparence forts, mais au maintien faible.
Puis, il prit conscience du geste de Jungkook : il avait guidé son oreille pile contre son cœur. Namjoon ferma les yeux, porté par le rythme apaisant des battements réguliers qui tapotaient légèrement sur sa joue. Ces pulsations subtiles, mais pleines de vie, chassaient un peu ses angoisses.
Soudain, il sentit l'étreinte autour de lui vaciller furtivement. Ce fut suffisant pour que Namjoon s'inquiète. Malgré la déclaration rassurante de son amant, il se déplaça légèrement, l'inquiétude se nouant autour de son âme. Il ajusta sa position, attentif au souffle fragile de Jungkook, s'assurant cependant que les pulsations demeurent sous sa joue.
Un sourire ému éclaira le visage de Jungkook. Namjoon s'était à peine déplacé, mais ses poumons, tout comme son cœur, cessèrent miraculeusement de protester.
Comme s'il avait su exactement où se placer pour ne pas lui faire de mal.
Cette attention délicate toucha profondément Jungkook. Elle avait quelque chose d'indescriptible, mais de terriblement bouleversant.
Une chaleur douce et vertigineuse l'enveloppa. Il mordit son sourire. Son ventre se contracta de désir et de bonheur. Son cœur battait comme s'il voulait éclater, mû par un rythme plus tendre, plus désordonné. Une euphorie s'empara de son âme, la soulevant comme une plume emportée par un vent doux et aimant.
Sans oser mettre un mot sur cette vérité qu'il pressentait, mais qui vibrait dans l'entièreté de son corps, Jungkook, pour la première fois, consentit à s'abandonner aux murmures de son cœur sans le museler.
Il fut brusquement transporté.
Une force puissamment dévastatrice le bouleversa. Elle l'effraya autant qu'elle l'enivra de sa douleur fervente et fulgurante.
C'était vertigineux.
Les yeux écarquillés, il tressaillit.
Quand cesserai-je d'être autant bouleversé par le moindre de ses gestes ? Est-ce... ça ? Ce quelque chose de plus grand, de plus profond ? Est-ce aussi ce qu'il éprouve pour moi ?
Namjoon le sentit frémir, puis remuer faiblement contre lui. Attentif, il remarqua ses ongles accrochés à son dos et son épaule, ainsi qu'un pouls légèrement accéléré et un souffle léger. Fronçant les sourcils, il tenta de se redresser, inquiet que Jungkook puisse être mal à l'aise. Cependant, il fut immobilisé dans son élan. Puis, une main douce et légèrement tremblante se faufila dans ses cheveux, entamant de douces caresses.
« Kook... ? »
Jungkook déglutit, puis contrôla le ton de sa voix, veillant à chasser tout tremblement.
« Ç... ça va, hyungie. »
Il ne put que chuchoter, les yeux fermement clos, les sourcils froncés.
Ne bouge surtout pas.
Il sangloterait presque d'effroi, tant cette vague, aussi titanesque que fabuleuse, l'avait terrassé.
Rassuré, Namjoon lâcha un petit soupir de bien-être. Pour la première fois depuis deux jours, son esprit se calma, ne serait-ce qu'un instant, tandis que son âme était tourmentée à l'idée de s'endormir.
Un paradoxe étrange.
« Essaye de t'endormir », murmura Jungkook, sa voix douce, mais implorante.
Namjoon se tortilla légèrement, hésitant entre plonger dans ses yeux ou rester blotti contre lui, puis il sentit Jungkook resserrer son étreinte, ce qui le fit céder. Ses muscles tendus se détendirent progressivement.
Le silence de la chambre les enveloppa comme un cocon apaisant. De longues minutes passèrent, durant lesquelles Namjoon garda les yeux clos, s'efforçant de se détendre, tandis que le battement régulier du cœur le berçait doucement.
Malgré tout, le sommeil lui échappait encore. Ses ombres persistaient, ses peurs étaient trop profondes pour qu'il puisse se laisser aller.
« Je n'y arrive pas, soupira-t-il finalement. Pourtant, tout mon corps réclame le repos... Il me fait mal. »
Le cœur lourd, Jungkook réfléchit un instant, ses doigts caressant tendrement ses cheveux.
« Et si je te parlais ? », proposa-t-il.
Namjoon releva la tête et le regarda, intrigué.
« Tu comptes m'endormir en babillant comme une pie ? demanda-t-il, un sourire taquin et affectueux sur les lèvres.
— L'idée serait plutôt de te bercer... mais si tu y vois un stratagème pour te lasser, pourquoi pas ? », répondit Jungkook, un rire discret dans la voix.
Namjoon esquissa un doux sourire.
« Alors, parle autant qu'il te plaira.
— Sûr ? rétorqua Jungkook, feignant l'étonnement. Je croyais que tu avais en horreur les bavards. »
Namjoon haussa légèrement les épaules, un éclat taquin dans le regard.
« C'est vrai, mais ta voix a quelque chose d'unique, un charme apaisant, presque angélique », murmura-t-il en remuant légèrement, revenant à sa position initiale.
Une chaleur nouvelle envahit les joues de Jungkook.
« Ah oui... ? », souffla-t-il, avant de mordre son sourire flatté et timide.
Les yeux mi-clos, Namjoon fixait la danse hypnotique de la flamme dans la lanterne, exhalant un fin soupir satisfait.
« Oui. Elle est douce, malgré ton timbre rauque, je l'aime beaucoup et je pourrais l'écouter jusqu'à la fin des temps. »
Jungkook tressaillit. Encore cette vague vertigineuse. Il caressa tendrement la joue de Namjoon, les yeux fixés sur son profil.
« Hyungie, tu n'en fais pas un peu trop, là ? », murmura-t-il, un brin taquin, bien qu'ému.
Sans détacher sa joue de la chaleur rassurante de sa poitrine, Namjoon fit légèrement lever sa tête vers lui. Son regard brillant d'une malice tendre accrocha celui intimidé de Jungkook.
« Trop ? »
Il secoua lentement la tête, puis baissa à nouveau la tête.
« Je m'abstiens même de te dire qu'elle me rappelle le paradis, parce que je sais que tu te moqueras de cette idée. »
Cette fois, Jungkook éclata d'un rire franc, bien que ses joues s'empourprèrent davantage, trahissant son émotion.
« Effectivement, je me moquerai... »
Mais, peut-être pas autant que tu le crois.
Car son cœur y réagissait, et son âme, charmée, y adhérait pleinement.
Il baissa les yeux vers le visage de Namjoon, blotti contre lui, un sourire tendre effleurant ses lèvres avant qu'il n'y dépose un doux baiser au sommet de sa tête. Namjoon ferma les yeux un instant, emporté par cette sérénité que seuls ces bras, soutenus par le rythme apaisant de ce cœur, pouvaient lui offrir un tel refuge.
« Tant pis, murmura-t-il en souriant. Du moment que tu continues de parler, je suis comblé. »
Jungkook pouffa, touché. Ses doigts caressèrent distraitement une mèche noire, qu'il torsada.
« Je suis une exception, alors ? » lança-t-il avec une douceur teintée de malice, les yeux brillants d'un éclat joueur.
Namjoon releva légèrement la tête, ses yeux s'engouffrant dans l'infiniment noir de ceux de Jungkook.
Tu es bien plus que ça.
« Non. L'unique. »
Le souffle de Jungkook se coupa un instant, surpris par la brutalité de la franchise de cette réponse. Ces quelques mots furent suffisants pour le déstabiliser, comme un vent soudain qui balaie tout. Un frisson le traversa, vif et délicieux. Son cœur battait furieusement. Tout son corps vibrait, une douce mélodie résonnant dans son âme, tantôt délicate, tantôt ardente.
Encore cette vague dévastatrice et vertigineuse.
Namjoon était attentif au moindre mouvement de son corps. Il remarqua la rougeur qui s'épanouissait sur ses joues, ainsi que l'éclat déstabilisé et charmé de ses yeux. Un sourire malicieux et affectueux étira ses lèvres.
« Tu rougis encore. »
Jungkook secoua la tête pour faire disparaître l'euphorie qui battait dans ses veines. Il serra plus fort Namjoon contre lui, le pressant contre sa poitrine dans une étreinte lente, puissante et infiniment précieuse. Son visage trouva refuge dans la tignasse de Namjoon.
Il ferma les yeux, inspirant profondément son parfum, essayant de cacher autant sa confusion que son bonheur débordant. Il regrettait l'odeur du patchouli qui embaumait habituellement les cheveux de Namjoon, tandis que ses poumons s'emplissaient du doux parfum de camélia de Taehyung.
Namjoon émit un bref rire attendri, sa main caressant délicatement le flanc de Jungkook à travers le tissu de son haut.
Jungkook inspira profondément pour reprendre contenance.
Ce n'était rien, juste des gestes, des mots doux et bienveillants. Pourtant, Jungkook ne comprenait pas pourquoi son cœur battait aussi fort, pourquoi ces petits actes l'affectaient autant. Ils étaient simplement là, plus intenses que d'habitude, émouvants dans leurs sincérité.
C'était nouveau. Brut.
Peut-être était-ce parce qu'il avait enfin laissé tomber les murs érigés entre lui et les murmures de son propre cœur ?
Il a ce don de me désarmer complètement. C'est comme si, sous son regard, je fondais. Et le plus troublant ? Ça me terrifie peut-être, mais j'en raffole.
Il s'éclaircit la voix, gêné par ses réflexions. Namjoon souriait, devinant qu'il était toujours troublé et rougissant. Son souffle le trahissait, en plus de ses battements de cœur qui s'emballaient.
« On... on essaye, alors ? demanda Jungkook, revenant au cœur du sujet.
— Je veux bien, mais ça risque de te fatiguer la voix, objecta Namjoon, inquiet.
— Je ne te l'aurais pas proposé si je pense ne pas pouvoir le faire.
— Tu promets d'arrêter si ça devient trop ?
— Oui. »
Namjoon hocha la tête, encore un peu réticent, mais incapable de refuser ce moment avec lui, surtout sachant qu'il ne pourrait pas s'endormir.
Jungkook sourit davantage, puis adopta un ton exagérément solennel, feignant une expression sérieuse.
« Très bien. »
Il s'éclaircit la voix.
« Je vous narre, ce soir, l'histoire de Jeon Koo et Kim hyungie, deux âmes tourmentées promises à la discorde, mais qui, une belle fin de matinée après les leçons, se... »
La tirade fut interrompue par Namjoon, qui, ébranlé par l'absurdité de l'introduction, se redressa légèrement en pouffant.
« Quelle entrée fracassante, je suis censé m'endormir avec ça ? railla-t-il en le regardant. Belle tentative, mais je doute du résultat.
— Hé, monsieur le critique, grogna-t-il, feignant l'offense. Je n'en suis qu'au prologue, alors tiens ta langue et écoute. Tu vas voir, c'est un chef-d'œuvre. »
Namjoon arqua un sourcil amusé.
« Oh, toutes mes excuses, illustre conteur, dit-il avec une ironie douce. Mais si ton chef-d'œuvre débute ainsi, je crains de devoir invoquer les Muses pour sauver l'honneur de la littérature. »
Se délectant de l'air faussement outré de Jungkook, il se pencha en avant, l'air conspirateur.
« Cela dit, il y a quelque chose de fascinant dans "Jeon Koo". Une allure presque innocente... mais je doute que l'homme derrière ce nom soit aussi pur qu'il aimerait le laisser croire. »
Jungkook tressaillit face à son œillade pénétrante. Puis, ignorant sa dernière phrase en s'éclaircissant discrètement la voix sous le regard amusé de Namjoon, il plissa les paupières, exagérant une moue indignée.
« Tu insinues que je débite des absurdités ? », grommela-t-il, arquant un sourcil avec une indignation théâtrale qui fit briller ses pupilles d'un éclat joueur.
— En un mot, oui. »
Un sourire carnassier étira les lèvres de Jungkook. Il s'approcha lentement, réduisant l'espace entre eux, leurs souffles se mêlant.
« Retiens bien ceci, hyungie, murmura-t-il d'une voix basse et envoûtante. Chaque grand chef-d'œuvre a besoin d'un critique jaloux pour briller davantage. Je te dédie donc ce rôle avec tout l'honneur qui t'est dû. »
Namjoon ne rétorqua pas, ensorcelé par cette voix qui glissait sur les mots avec une sensualité telle que son ventre se contracta, suivi d'une nuée de papillons voletant dans son ventre. Son regard se perdit sur les traits de Jungkook, les contemplant avec une admiration proche du culte.
Troublé, Jungkook déglutit avant de s'éclaircir discrètement la voix, cherchant à retrouver un semblant d'aplomb.
« Bien, marmonna-t-il en rejetant une mèche rebelle d'un geste brusque, l'air faussement blasé. Maintenant, silence et écoute-moi. Je n'en suis même pas encore arrivé au meilleur moment. »
Namjoon haussa un sourcil, un sourire en coin étirant lentement ses lèvres.
« Le meilleur moment ? Tu veux dire notre premier véritable baiser ? », murmura-t-il, sa voix teintée d'une douceur feinte mais délibérément séductrice.
Silence. Namjoon sourit, amusé.
« C'est bon, je peux continuer ? grommela Jungkook en tentant de paraître indifférent, bien qu'un délicat incarnat teintait ses joues.
« Non. »
Il laissa planer un silence, juste assez long pour que Jungkook commence à se crisper.
« Peut-être que le meilleur moment serait l'exquise fellation que tu n'aies jamais expérimentée ? »
De nouveau, le silence. Le souffle de Jungkook s'emballa malgré lui. Il ouvrit la bouche, mais aucun mot ne parvint à franchir ses lèvres, pétrifié par l'audace de Namjoon. Satisfait de son effet, ce dernier émit un rire léger, doux, mélodieux, pourtant teinté d'une cruauté taquine qui lui donnait des airs presque diaboliques. Il acheva sa provocation par un regard brûlant, si insolent et provocateur que les oreilles de Jungkook s'enflammèrent aussitôt.
« Mais tu vas te taire, oui ?! Comment tu espères t'endormir si tu m'enquiquines à chaque détour de phrase ? », s'insurgea soudainement Jungkook, sa voix plus aiguë qu'il ne l'aurait voulu.
Son indignation feinte s'effondra sous la rougeur envahissante étendue jusqu'à ses clavicules. Défait, il détourna le regard, refusant de céder à cette domination verbale.
Je veux mourir.
Namjoon se rapprocha, un éclat de nonchalance savamment dosée dans le regard, tandis que Jungkook s'enfonçait un peu plus dans son coussin, ses lèvres tremblant sous le poids d'un trouble délicieux.
« Alors, tu ne nies pas ? souffla-il contre ses lèvres, son sourire s'élargissant, son regard brillant de malice.
— ...Nier quoi ? », bredouilla Jungkook, incapable de masquer l'éclat écarlate qui enflammait ses davantage son visage, malgré ses efforts maladroits pour paraître détaché.
Namjoon leva lentement la main, laissant son doigt effleurer la courbe délicate du menton de Jungkook. Il l'invita, avec une douceur presque insidieuse, à ancrer son regard dans le sien.
« Nier que tu y penses, parfois... Que ce souvenir s'immisce en toi, juste un instant, avant de te consumer tout entier. Comme il me consume, à chaque fois qu'il me revient, vif, brûlant, indécent... »
Il se pencha, cueillant les lèvres de Jungkook dans une caresse aussi brève que délicieusement effrontée, avant de reculer à peine, juste assez pour savourer la tempête qu'il avait déclenchée. Ses yeux pétillants d'une insolence assumée se posèrent sur Jungkook, détaillant avec satisfaction le trouble qui s'épanouissait sur son visage.
« Et si ce n'est pas encore le cas..., souffla-t-il d'un ton grave, son timbre sensuel glissant sur les nerfs de Jungkook comme une caresse. Je me ferai un plaisir d'y remédier. »
Jungkook tressaillit, puis lâcha un petit grognement, à mi-chemin entre la protestation et le geignement, plaquant une main sur son visage pour cacher sa rougeur.
« Pour l'amour du ciel, tais-toi, marmonna-t-il, terrassé par l'embarras mais incapable de contenir son sourire.
— Mais ce serait dommage de me priver du specta...
— Juste ! le coupa-t-il aussitôt. Pitié... tais-toi. »
Satisfait de son triomphe, Namjoon enroula ses doigts autour du poignet de Jungkook, abaissant doucement sa main. Il se pencha à nouveau, déposant un baiser délicat sur ses lèvres, un rappel de son ascendant, et un pardon murmuré entre leurs souffles.
« Très bien, murmura-t-il, l'ombre d'un amusement dans les yeux. Mais dis-moi si je vais trop loin. Je ne voudrais pas te laisser irrémédiablement troublé. »
Et avec cette dernière provocation, un sourire tendre s'épanouit doucement, tandis que Jungkook, désarmé, capitulait dans un soupir résigné.
« Je me demande encore quelle force mystérieuse me retient de congédier cet insupportable enquiquineur de première, diabolique, sournois et cruel, incapable de respecter ma précieuse convalescence... », grommela-t-il, légèrement agacé par ses propres réactions précédentes.
Charmé et amusé, Namjoon émit un petit rire, avant de reposer sa joue contre la poitrine de Jungkook et de le serrer comme s'il aspirait à s'y fondre. Il lâcha un profond soupir d'aise, satisfait. Il se blottit un peu plus contre lui, prenant cependant soin de ne pas l'alourdir.
« Je me tais. Je t'écoute, mon joli conteur », murmura-t-il, un léger rire vibrant dans sa voix.
Le cœur de Jungkook s'accéléra subtilement à ces derniers mots, tandis qu'une teinte rosée cédait place à un rouge plus intense. D'un geste agacé, il leva les yeux au ciel, exaspéré par ses réactions qu'il ne parvenait à maîtriser, son visage oscillant sans cesse entre la pâleur et l'écarlate.
Il soupira, puis se remit d'aplomb, chassant son trouble.
Il reprit son récit, s'efforçant d'adopter un ton sérieux, contrastant avec le contenu absurde de l'histoire qu'il improvisait sur eux-mêmes et leurs amis. Namjoon souriait et s'esclaffait discrètement à chaque tournant. Puis, progressivement, ses éclats se transformèrent en soupirs apaisés.
Au fil de ses mots, Jungkook ponctuait son récit de gestes tendres. Sa main caressait doucement ses cheveux, ses doigts effleuraient délicatement la courbe de sa mâchoire, de sa nuque et de son épaule.
Chaque contact chassait un peu plus le poids accablant depuis l'affrontement avec Shin.
Pour la première fois depuis deux jours, Namjoon sentit son esprit s'alourdir et son corps céder à la fatigue. Son esprit dériva vers une somnolence légère, fragile refuge bercé par la voix douce de Jungkook et le rythme apaisant de son cœur.
Mais ce sommeil était insaisissable.
Ce n'était qu'un semblant de repos, juste assez pour assoupir son corps meurtri. Les vagues du sommeil l'emportaient brièvement, mais se retiraient aussitôt, esprit encore trop agité pour s'abandonner.
Quant à Jungkook, il combattait sa propre fatigue. Sa voix s'affaiblissait et les mots de son histoire s'amenuisaient.
Pourtant, il s'accrochait à sa promesse : il ne dormirait pas avant Namjoon.
Il ne se permettrait plus de fermer les yeux avant lui, tant que son traumatisme persisterait à le tourmenter. Plus jamais il ne voulait le revoir en pleine folie nocturne, à répéter cette étrange litanie.
À ce souvenir, il frissonna, son cœur se glaçant.
Namjoon l'avait véritablement terrifié. Ses yeux avaient été grands ouverts, fixés sur lui. Vides, mais baignant dans l'effroi. Jungkook avait senti en lui l'élan presque irrépressible de fuir, de s'échapper loin de cette vision terrifiante.
Il s'était simplement caché contre son cou, le cœur compressé, l'âme brisée.
« Tu t'endors ? », demanda-t-il d'une voix rauque et presque éteinte avant de bâiller.
Namjoon secoua doucement la tête.
Fermant les yeux un bref instant, Jungkook rassembla ses dernières forces. Il était déterminé à résister, même s'il craignait de ne pas pouvoir braver son sommeil indéfiniment.
« Alors, je ne dormirai pas non plus », murmura-t-il.
La mâchoire de Namjoon se contracta.
« Ne sois pas ridicule, Jungkook. Tu es épuisé. »
— Et pas toi, peut-être ? »
Son ton cinglant hérissa Namjoon, qui émit un claquement agacé de la langue.
« Je te l'ai déjà dit, je me gère.
— Non, tu ne gères rien, s'emporta Jungkook, sa voix vibrante de frustration. Tu t'effondres à petit feu, et tu fais semblant que tout va bien. »
Namjoon lâcha un rire amer, sans lever la tête du torse de Jungkook. Il percevait les battements précipités de son cœur, et, malgré son inquiétude face à ce rythme effréné, son irritation l'emporta.
« Je te l'ai déjà dit, c'est mon problème, pas le tien. Laisse-moi régler ça seul. »
Le cœur de Jungkook se serra.
Comment peut-il me dire ça ?
Mais il refusa de fléchir.
Une colère sourde et violente bouillonnait en lui, faisant légèrement frémir son corps. Alerte, Namjoon fronça les sourcils. Cependant, avant qu'il n'ait eu le temps de se redresser, la voix acérée de Jungkook le figea sur place.
« Très bien, alors dis-moi juste comment je dois rester là, sans rien faire, en sachant que je suis la cause de ta propre destruction ? »
Namjoon releva brusquement la tête à ces paroles, son regard étincelant de fureur. Ses traits se durcirent tandis qu'il se redressait, s'appuyant sur ses mains et surplombant le corps de Jungkook. Il voulait se soustraire à la proximité oppressante de celui qui l'accusait avec tant de véhémence.
Avec tant de vérité.
« Ne dis pas ça, gronda-t-il, sa voix tremblante de colère. Ce n'est pas toi. Ce sont les circonstances.
— Je fais partie de ces circonstances ! répliqua Jungkook, la voix étranglée.
— Et alors ? C'est comme ça. J'ai la force de tenir, je suis habitué. »
Le ricanement amer de Jungkook le blessa.
« La force de quoi ? Creuser sa propre tombe ? Tu n'en auras bientôt plus si tu persistes à rejeter l'aide qu'on te tend. Aie au moins la décence de suivre tes propres conseils. Tu m'as dit récemment qu'accepter de l'aide ne signifie pas être faible. Alors pourquoi tu agis à l'inverse ? Parce que tu veux être ce roc inébranlable, au détriment de tout le reste ? Au détriment de ta propre santé ? Qu'est-ce qui te pousse à te punir ? »
Namjoon était heurté par ce flot de paroles vibrant de véracité. Il grimaça, ses doigts s'accrochant au futon, tandis que ses yeux allaient et venaient sur ceux de Jungkook. Il entrouvrit les lèvres pour répondre, mais Jungkook agrippa son avant-bras et poursuivit, sa voix vacillant sous l'effort qu'il peinait à contenir.
« Tu crois que je ne vois pas à quel point tu es à bout ? Tes cernes, ton souffle, ta fatigue... Ton esprit refuse de lâcher, mais ton corps, lui, il n'en peut plus. Tu le vois, ça ? Tu... tu te fais du mal et tu m'en fais, aussi... »
Sa voix tremblota.
Jungkook le dévisageait, préoccupé, irrité, démuni. Face à ses yeux légèrement embués, le cœur de Namjoon se serra, détournant les siens pour échapper à l'évidence, et soupira.
« Ç... ça ira. »
Sa voix trahissait une détresse que Jungkook décela. Son regard se durcit, mais réfréna son élan de colère. Sa main sur l'avant-bras de Namjoon descendit lentement, saisissant faiblement le poignet de Namjoon.
« Hyungie, regarde-moi. »
La supplique douce de sa voix incita Namjoon à rouvrir les yeux. Il hésita, puis obéit. Ceux de Jungkook le fixaient, rouges d'épuisement, mais brillants de volonté.
« Avec ton soutien, je suis en train de me battre pour me relever, mais je ne veux pas te perdre dans ce combat. Alors, s'il te plaît, arrête de te maltraiter. Bois ce remède, ferme les yeux et accorde-toi ce répit... »
Namjoon parut accablé, fatigué d'avoir à se justifier. Il secoua la tête, grimaçant.
« Il faut que tu comprennes que je ne peux pas, Jungkook. Je veux désespérément me reposer, mais c'est hors de mon contrôle, je ne décide pas que le sommeil me fuit. »
Jungkook inspira profondément pour retenir les larmes qui menaçaient de couler.
« Et toi, il est temps que tu comprennes que je ne mourrai pas dans mon sommeil. Cette peur qui te ronge est insensée. Traumatisme ou non, mes yeux fermés ne signent pas la fin de ma vie. Tu entends ? »
Son ton était ferme, même si sa voix sonnait éraillée et faible. Il tenait absolument à ancrer ses mots dans son esprit. Jungkook était profondément éreinte, et l'effort qu'il déployait lui arracha un léger vertige qu'il dissimula, ses yeux déterminés fermement verrouillés dans les siens.
Décontenancé comme s'il avait reçu une bourrasque en plein cœur, Namjoon resta immobile, incapable de parler. L'évidence brutale et crue le bouleversa.
Comment a-t-il réussi à en saisir le sens profond ?
Il déglutit, portant une main sur le cœur de Jungkook, dont la respiration était légèrement rapide, pour l'apaiser. Ses doigts se crispèrent légèrement sur le tissu de sa tunique. Il voyait la douleur dans ses yeux, mêlée à une tendresse qui le touchait.
Je veux bien te croire, mon amour, mais c'est peine perdue.
Mais ce fut la phrase suivante qui le déchira, abattant définitivement ses barrières mentales.
« Namjoon, je t'en supplie. »
La voix de Jungkook était faible, brisée, et pourtant poignante. Ses traits fatigués, son souffle court et irrégulier, sa main tremblante portée sur la main de Namjoon, à sa poitrine... Il était au bord des larmes. Cette supplique désespérée frappa douloureusement Namjoon en plein cœur.
Son esprit se déchaîna. Il se reprogrammait avec une telle vigueur qu'il frôlait la rupture, triant et réorganisant les urgences dans un chaos fulgurant.
Il se sentit submergé, la poitrine oppressée. La vision de Jungkook, exposant sa fragilité et consentant à renoncer à son propre repos en sa faveur, anéantit toute défense.
Il prit conscience qu'ils ne pouvaient pas continuer ainsi, tous les deux. Ils finiraient par se déchirer si l'un d'eux campait sur ses peurs.
Alors, Namjoon cessa de réfléchir.
Sans un mot, il tendit la main vers le petit bol posé sur la table de nuit. Ses doigts tremblaient légèrement alors qu'il saisissait la potion concoctée par Yoongi. Il l'approcha de ses lèvres et avala le contenu froid, son visage impassible, bien que son esprit soit encore en ébullition.
Jungkook l'observa, lâchant un petit sanglot tremblant, faible, mais soulagé. Il était à fleur de peau, si épuisé que ses émotions étaient exacerbées. Ses paupières s'alourdirent, son corps raide se détendit sur le futon. Simultanément, une larme coula alors doucement jusqu'à sa tempe.
Enfin...
Ébranlé par son acte irréfléchi, Namjoon resta silencieux, pressant un baiser sur le dos de la main de Jungkook en une humble demande de pardon. Du bout des doigts tremblants, il effaça la larme solitaire qui perlait sur la tempe de Jungkook, puis laissa sa main reposer sur sa joue.
La gorge serrée, accablé de remords, Namjoon ignorait s'il regrettait vraiment d'avoir ingéré le somnifère.
Il ne savait plus dans quel ordre poser ses urgences.
Dormir ?
Ne pas dormir ?
Ses craintes se mêlèrent aux mots criants de vérité et d'inquiétude de Yoongi et Jungkook qui s'entrechoquaient dans son esprit bouleversé.
Il avait pris la décision appropriée. Il en était convaincu, il le sentait au fond de lui.
Mais ce choix, était-il vraiment le sien ? Il n'avait pas été mûri ni réfléchi. On l'avait incité à le faire. Il n'avait rien contrôlé.
Il n'aimait pas cela.
Pourtant, il comprenait que c'était pour son bien.
Les effets du médicament se firent vite ressentir. Il se surprit à en avoir peur. Il n'avait pas voulu le boire. Une lourdeur envahit ses membres, tandis que son esprit résistait encore, perdu dans un tourbillon de questions contradictoires, preuve d'un esprit en pleine reconfiguration.
Déposant sa tête sur l'oreiller, il s'allongea près de Jungkook, qui ajusta tendrement la couverture avant de l'envelopper instantanément de ses bras, créant ainsi une bulle de sécurité autour de lui. Ses yeux embués de fatigue et de soulagement se perdirent dans ceux égarés et légèrement paniqués de Namjoon. Ce dernier s'accrocha à lui, trouvant dans leur proximité une quiétude immédiate.
Mais Jungkook l'avait secoué, avec ses paroles.
Je sais que si je cède au sommeil... Jungkook sera enfin apaisé.
La chaleur l'enveloppa. Il soupira d'aise. Mais, aussitôt, il se raidit.
...Non. Pas encore. Je ne peux pas. J'ai besoin de veiller sur lui.
Sa respiration se fit plus lente. Il remua faiblement, sa main s'agrippant au haut de Jungkook, comme pour empêcher sa descente inéluctable. Les bras qui l'entouraient se resserrèrent affectueusement. Un baiser léger, mais appuyé, effleura son front, et sa prise se desserra finalement.
Il fronça légèrement les sourcils.
Non, non, non.
Il sombrait.
Pourtant... je dois reprendre des forces. Jungkook dépend de mon état d'énergie.
Il perçut la voix douce de Jungkook qui le consola à travers la brume épaisse du sommeil.
« Tu me retrouveras demain, hyungie. Dors serein. »
Puis il sentit un léger et aérien baiser sur ses lèvres, une douceur qui eut raison de lui.
Il voulut sourire, y répondre, mais le sommeil l'emporta. Inexorable.
Sentant le poids de Namjoon se détendre complètement, Jungkook ouvrit faiblement les yeux. Il l'observa, endormi, son visage enfin apaisé. Il ne s'habituera jamais au contraste entre l'expression assoupie, sereine et presque juvénile dont il faisait preuve, et la dureté impénétrable qu'il affichait devant les autres.
Un sourire tremblant fleurit sur ses lèvres. Deux sillons de larmes tracèrent leur chemin, traversant l'arête de son nez jusqu'à sa tempe.
Enfin.
À suivre...
——————
DEFINITIONS
*(1) En gros, des anxiolytiques. N'existaient pas à l'époque Joseon, mais, les herboristes et médecins traditionnels utilisaient des plantes médicinales et des remèdes naturels pour calmer l'esprit et réduire l'anxiété.
*(2) Programmeur :
un connard de fils de pute de ses morts qui fait de la manipulation mentale et du conditionnement des victimes. Plus précisément dans le contexte du RAMCOA (Ritual Abuse, Mind Control, and Organized Abuse).
— Crée des schémas de contrôle mental : implante des programmes dans l'esprit des victimes, à travers l'hypnose, la torture ou l'usage de drogues ;
— divise l'identité de la victime (pas systématique) : induction de troubles dissociation (comme le TDI) pour créer des « personnalités alternées » qui peuvent être manipulées individuellement (pas le cas de YG, ici) ;
— implante des déclencheurs : établit des mots-clés, gestes ou événements qui activent les réponses conditionnées chez la victime, selon les besoins de l'organisation ;
— maintient le contrôle : s'assure que les victimes restent sous l'influence (le cas de YG, il a encore des programmes qui lui interdisent de ne pas en parler en profondeur, donc JK, MG et SJ ne savent pas exactement ce qu'il a vécu, uniquement les grandes lignes, comme toi, lecteur).
⚠️ Le terme est utilisé dans un cadre théorique et n'est pas reconnu officiellement dans le diagnostic psychologique ou psychiatrique. Il est souvent cité dans des récits de survivants ou des études sur des abus extrêmes et systématiques.
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Mon deuxième prénom : détail-à-fond. LOL
ANYWAY
Alors, ces deux parties du chap ? ^^
Petite évocation du passé de YG, SJ et MG sans véritablement entrer dans les détails (ptdr mon culot est incr), mais uniquement pour comprendre qui ils sont réellement, et pourquoi ils sont à Sungkyunkwan, en gros. Surtout comprendre la jalousie de MG envers NJ, ça n'a rien de sentimental, haha. Chacun a un passé avec ses soucis, quoi
Et aussi, il n'y aura pas de conversation entre NJ et YG sur son passé, je pense avoir partagé suffisamment d'informations pour que chacun puisse laisser libre cours à son imagination. L'essentiel a déjà été suggéré
Puis j'ai voulu inclure comment YG a vécu la réanimation de JK, je me suis retenue de tout décrire (🥲), mais j'espère que ça a suffi à donner un peu de matière à ce moment tragique, mais qui finit « bien »
À très vite !
(Rappel : les publications seront libres, donc n'attendez plus chaque dimanche 🥺) !
𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤
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