𝐗𝐗𝐈𝐈𝐈 | 𝐅𝐨𝐫 𝐲𝐨𝐮, 𝐈 𝐬𝐭𝐚𝐧𝐝
*pour toi, je tiens le coup
Cr. artist : Onanario
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DOUBLE UPDATE
Lis d'abord le chapitre précédent « Obstinatelty closed »
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Enjoy ♡
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Namjoon demeurait figé, les yeux perdus dans un abîme insondable.
Sa respiration, douce et régulière, contrastait pourtant avec les tempêtes qui tourmentaient son âme.
Prisonnier d'une absence puissante, il s'était laissé happer par le vide, presque inconscient du monde autour de lui.
Il n'avait pas perçu les mots qu'il avait murmurés.
Ni senti Jungkook qui s'était éveillé deux fois, l'avait appelé avec inquiétude, secoué doucement, avant de renoncer, vaincu malgré lui par le sommeil.
Le passé et le présent se confondaient dans son esprit où des images violentes et désordonnées se superposaient. Jungkook immergé dans l'eau glacée, son corps sans vie ramené à la surface, et ce moment terrifiant où il n'avait pas réagi, figé par une terreur paralysante.
Soudain, une sensation brisa enfin la bulle de ce cauchemar éveillé.
Un frémissement.
Un souffle plus profond.
Le léger mouvement des doigts de Jungkook dans sa main.
Namjoon se figea. Sa respiration s'interrompit brusquement, ses yeux s'écarquillèrent légèrement. Son cœur, frappant sa poitrine avec une violence sourde, battait comme un tambour menaçant de rompre le silence.
Il scruta le visage de Jungkook, cherchant une confirmation, ses pensées oscillant entre espoir et incrédulité.
Puis, il le vit.
Un autre mouvement.
Faible. Presque imperceptible. Mais bien réel.
Et Namjoon sortit définitivement de sa torpeur.
D'un geste instinctif, il resserra sa main autour de celle de Jungkook, comme si ce frêle éclat de vie risquait de s'éteindre s'il ne le retenait pas.
Et alors, lentement, les paupières de Jungkook frémirent avant de s'entrouvrir légèrement, dévoilant deux perles noires brillantes.
Deux prunelles qui, à elles seules, étaient capables à la fois de le tourmenter et de le calmer.
Namjoon soupira de soulagement, ses épaules s'affaissant.
Enfin...
« Jungkook... », murmura-t-il, sa voix brisée par l'émotion, presque méconnaissable.
Les yeux de Jungkook, encore embués de sommeil et de confusion, croisèrent les siens. Ils étaient voilés, désorientés, peinant à reconnecter son esprit à son corps. Mais il était là. Conscient. Vivant.
Il eut l'impression de respirer à nouveau lorsque les paupières de Jungkook papillonnèrent, signe qu'il se réveillait de sa longue sieste. Son âme sembla revenir dans son enveloppe charnelle dès l'instant où il planta enfin ses yeux dans les siens.
Namjoon dut lutter pour retenir un souffle tremblant. Mais le léger tremblement de son corps n'échappa pas à Jungkook, qui fronça les sourcils.
Le jour s'était retiré, laissant la pleine lune draper la nuit de son éclat argenté. L'obscurité régnait, mais il n'avait pas songé à allumer les lampes.
Il attendait une autre lumière.
Celle de ses yeux, constellés d'étoiles, plus sublimes que le plus majestueux des cieux nocturnes.
Un sourire discret fleurit sur ses lèvres en voyant Jungkook s'étirer avec maladresse, son corps affaibli protestant à chaque mouvement. Il bâilla longuement, avec une grâce presque féline, avant de porter une main lente et nonchalante à sa chevelure en désordre pour la fourrager.
C'était une habitude chez Jungkook.
Namjoon pouffa discrètement lorsqu'il grogna, une moue contrariée animant son visage, après avoir fait craquer les articulations de son bras par inadvertance.
Ce genre de sonorité inspirait une horreur à Jungkook, le faisant frissonner.
Pour Namjoon, cette scène d'une simplicité désarmante portait en elle une lueur de renaissance.
« Pourquoi tu ris, toi », grommela Jungkook d'une voix rauque, encore alourdie par le sommeil.
Une flamme d'irritation embrasait son cœur, insaisissable, tapie dans les brumes de son esprit, sans qu'il en saisisse l'origine.
Il ne savait qu'une chose : elle l'avait envahi dès l'instant où il avait ouvert les yeux.
Et pourtant, la première vision qui l'accueillit fut celle du visage apaisant de Namjoon. La première chaleur qu'il ressentit fut celle de son corps contre le sien, leurs mains doucement enlacées.
Namjoon secoua doucement la tête, un sourire fugace étirant ses lèvres avant de s'effacer.
Jungkook le fixait, son regard si intensité qui finit par le troubler.
« Quoi... ? demanda-t-il, intrigué.
— Ça va... ? murmura-t-il, hésitant.
— Maintenant que tu es réveillé, oui. »
L'éclat presque euphorique dans ses yeux inquiéta Jungkook qui fronça légèrement les sourcils. Ce ton l'intriguait, mais il détourna le regard, préoccupé.
Namjoon ouvrit la bouche pour le questionner, mais son cœur se serra lorsqu'il vit une grimace altérer ses traits doux, mais pâles. Les doigts de Jungkook étaient crispés autour des siens, révélant une faiblesse qui ne cessait de se rappeler à eux.
Namjoon ressentit une douleur empathique. Une souffrance partagée. Il percevait avec une clarté poignante les séquelles laissées sur son corps, ces marques invisibles, mais bien réelles.
« Nam... », souffla-t-il, sa voix rauque et à peine audible.
Namjoon se pencha davantage, tendant l'oreille.
« Doucement, murmura-t-il, posant une main apaisante sur son épaule. Ne te fatigue pas. Je suis là. »
Jungkook ferma brièvement les yeux, ses paupières tremblant sous l'effort.
« J'ai encore un peu mal... », souffla-t-il dans un murmure brisé, une main contre son propre torse.
Namjoon acquiesça d'un léger mouvement de tête, le poids de son impuissance nouant sa gorge. La souffrance de Jungkook était inscrite sur ses traits : la tension de sa mâchoire, les infimes tremblements qui ébranlaient son corps.
Chaque souffle était une bataille.
Namjoon percevait presque le murmure de ses poumons encore meurtris par l'assaut de l'eau glacée. Une quinte de toux brève et sèche ébranla Jungkook, l'obligeant à poser une main tremblante sur sa poitrine, comme pour apaiser la douleur qui en émanait.
Namjoon posa aussitôt sa main sur son torse d'un geste instinctif. Sa sollicitude était maladroite, incertain de son pouvoir à alléger ses tourments.
« Respire lentement. Juste lentement. Je suis là. Je vais te donner à boire. »
Namjoon fit preuve d'une douceur infinie en détachant leurs mains, comme s'il manipulait une précieuse porcelaine. Ses mouvements étaient lents, précautionneux, presque hésitants, son regard fixé sur Jungkook, guettant le moindre tressaillement de douleur ou d'inconfort.
Se tournant vers la table de nuit, il emplit un verre d'eau d'un mouvement sûr, masquant sous cette apparente maîtrise l'orage d'émotions qui grondait en lui. Chaque soupir étouffé de Jungkook était une note douloureuse ricochant dans son âme.
Revenu près de lui, il glissa doucement une main sous sa nuque, guidant son corps affaibli pour l'aider à se redresser.
« Tout doucement. »
Jungkook tressaillit, ressentant une douleur gênante qui s'insinuait dans son corps déjà exténué. Namjoon serra les dents, un réflexe empathique face à sa souffrance évidente.
Avec une tendresse instinctive, il porta un verre d'eau aux lèvres de Jungkook, inclinant délicatement le récipient pour lui permettre de boire.
« Prends de petites gorgées », l'encouragea-t-il.
Jungkook obéit sans protester, assoiffé, fermant les yeux un instant. L'eau fraîche apaisait sa gorge irritée. Namjoon surveillait chacun de ses mouvements, dévoré par son inquiétude bien que sachant que ces faiblesses étaient inévitables.
Les mains tremblantes de Jungkook cherchaient instinctivement à attraper le verre pour se sentir en contrôle. Mais Namjoon les arrêta avec une douceur ferme, posant sa main sur les siennes pour les maintenir en place.
« Laisse-moi faire. »
Jungkook fronça les sourcils, mais ne protesta pas, se résignant à terminer son verre. Repu et exténué, il laissa sa tête reposer contre l'épaule de Namjoon, sa respiration trouvant peu à peu un rythme plus calme.
Namjoon sentit un pincement au cœur en le contemplant ainsi. Lui, d'ordinaire si débordant de vie, parfois même imprudemment audacieux, n'était plus qu'une flamme vacillante, fragile.
Déposant le verre vide sur la table de nuit, sa main s'égara doucement dans les cheveux de Jungkook, écartant d'un geste tendre les longues mèches cachant son visage, les plaçant derrière son oreille.
« Ça va un peu mieux ? »
La tête toujours nichée sur l'épaule de Namjoon, il acquiesça. Ses paupières se soulevèrent, dévoilant un regard plus clair, mais perdu dans le vide, marqué par le trouble, hanté. Une lueur y persistait, comme une ombre fugitive qu'il ne pouvait chasser.
« J'ai fait un cauchemar », murmura-t-il.
Une lueur d'angoisse traversa son regard. Namjoon le scrutait, le cœur lourd, impuissant.
« Je me noyais sans jamais mourir. Poumons en feu. C'était atroce. »
Il se tut, le souffle brisé, ses paroles se perdant dans un soupir éreinté. Il serra sa poitrine d'une main tremblante, comme s'il revivait l'éternité étouffante d'une agonie sans le répit de la mort.
L'âme tourmentée, Namjoon resserra légèrement sa prise sur sa main, l'ancrant dans le présent. Il comprenait désormais l'origine de ces frissons et de ces légères plaintes, lorsqu'il dormait.
« Ce n'était qu'un rêve, Jungkook, murmura-t-il, sa main effleurant doucement sa joue. Ce n'est pas réel. »
Jungkook acquiesça d'un mouvement fragile et hésitant, son visage encore habité par une peur impossible à formuler.
« Ce n'est pas réel... Ce n'est pas... »
Les mots s'éteignirent, pris au piège, incapables de franchir l'étau de sa gorge.
Une vague d'angoisse balaya la fragile quiétude que Namjoon avait cru atteindre au réveil de Jungkook, troublé par la confusion et la douleur lisibles sur le visage de ce dernier.
Il inspira profondément, tentant de maîtriser le tumulte en lui. Mais l'effroi persistait.
Car Jungkook aussi souffrait.
Est-il maintenant aussi brisé que moi ? Et si le cauchemar ne s'arrêtait jamais pour lui ?
Namjoon ferma un instant les yeux, laissant la peur l'effleurer avant de l'enfouir au plus profond de lui. Ce n'était pas l'heure de faillir. Jungkook avait besoin de son aplomb, de sa force.
Il rouvrit les paupières et esquissa un sourire doux, malgré le chaos qui lacérait son cœur.
« Approche, murmura-t-il tendrement en écartant les bras. Prends le temps de t'apaiser. »
Sans l'ombre d'une hésitation, Jungkook s'effondra contre lui, ses maigres forces l'abandonnant. Namjoon l'enveloppa dans une étreinte d'abord douce, puis plus ferme, comme s'il cherchait à combler tous les espaces vides, à le protéger contre tout ce qui pouvait encore le blesser.
Alors que lui-même souffrait.
Jungkook posa sa tête contre sa poitrine, écoutant les battements rassurants de son cœur. Les doigts de Namjoon glissèrent doucement dans ses cheveux, son geste portant tout l'amour et le réconfort qu'il avait à lui offrir.
« Namjoon... », souffla-t-il, sa voix faible mais teintée d'une certaine sérénité.
Il voulait juste murmurer son prénom.
« Shhh, répondit-il, ses doigts continuant ses caresses. Ne dis rien. Je veille sur toi. »
Bien qu'encore marqués par leurs propres peurs, ils trouvèrent dans cet instant une forme de paix.
Namjoon le serra plus fort.
Je serai ton bouclier, même si je dois porter chacun de tes cauchemars à ta place.
Jungkook se laissa faire, un petit sourire tendre illuminant ses traits fatigués. Pourtant, cette irritation sourde persistait en son cœur.
Il se sentait faible.
Son corps était endolori, courbaturé.
L'illusion persistante d'une poitrine noyée d'eau le tourmentait, bien qu'il n'en fût rien.
Il n'osait plus inspirer profondément, redoutant la toux sèche et déchirante qui enflammait ses poumons et coupait son souffle.
Cette fragilité lui était insupportable.
Ce poids oppressant sur son torse, cette impression d'impureté collée à sa peau, comme une réminiscence glaciale de l'eau qui l'avait englouti, le rongeait. Et pourtant, il s'étonnait presque de ne pas sentir mauvais après deux jours plongé dans un état proche du coma.
Lentement, il leva une main tremblante, effleurant la nuque de Namjoon, ses doigts glissant sur sa peau. Un sourire pâle fleurit sur ses lèvres lorsqu'il sentit le léger frémissement de Namjoon, trouvant un fragile réconfort dans cette réaction.
« Il me reste encore de l'eau puisée ? J'aimerais prendre une douche... », demanda-t-il d'une voix faible et rauque.
Namjoon se recula légèrement, assez pour ancrer ses yeux dans les siens.
« Tu penses pouvoir te laver seul ?
— Non. »
Namjoon fut pris de court par l'aplomb de Jungkook. Ce dernier ne rougit pas, ne détourna pas le regard. Au contraire, il paraissait résigné. Namjoon observa un instant ses traits marqués par une fatigue écrasante, comme si sa sieste ne lui avait été que d'un répit superficiel.
Lui-même n'avait pas pu trouver le repos.
Compatissant, Namjoon effleura sa joue, laissant ses doigts glisser sur sa peau.
« Mingyu t'a puisé de l'eau, ce matin. Mais je pense qu'il serait plus avisé d'emprunter la salle de bains de Taehyung. Ou, à défaut, celle de Park seonbae », suggéra-t-il.
Jungkook cligna des yeux, confus.
« Pourquoi ?
— Les fils des hauts dignitaires ont une salle d'eau privative dans leur dortoir, lui rappela-t-il avec un petit sourire indulgent.
— Ah, oui... j'avais oublié. Ces chanceux. Dire qu'on aurait pu avoir les mêmes chambres, soupira Jungkook.
— C'est vrai », acquiesça-t-il, pensant à leurs pères avec un pincement au cœur.
Jungkook bâilla, la fatigue imprégnait chacun de ses gestes.
Namjoon remarqua cette lassitude, mais aussi le léger éclat dans ses yeux lorsque la perspective d'une douche l'anima un peu plus.
« On y sera donc plus tranquilles. Sauf si, bien sûr, tu préfères l'animation des douches communes ? », lança-t-il, taquin.
Jungkook fronça les sourcils, réfléchit un instant, puis grimaça. Cette expression à la fois charmante et boudeuse fit sourire Namjoon, qui devina sans peine tout ce que Jungkook taisait.
« Nan », grommela-t-il, le ton bourru d'un enfant contrarié.
Namjoon arqua un sourcil. Il ne résista pas à l'envie de le taquiner, dépendant du plaisir coupable de frôler ses limites.
« Comme tu es grognon, dis-moi. »
Jungkook haussa les épaules, bougon.
« Ou alors... tu n'assumerais pas de te faire laver par le grand Kim Namjoon devant tout le monde ? », lança-t-il, un sourire narquois aux lèvres.
Le regard noir que lui adressa Jungkook aurait pu être intimidant et terrifiant s'il n'avait été trahi par l'incarnadin qui colorait ses joues.
Exactement !
« N'importe quoi... C'est juste que c'est loin », grommela-t-il.
Même lui doutait de cette piètre excuse forgée par sa mauvaise foi flagrante.
Namjoon émit un souffle amusé, ses épaules secouées par rire discret. Puis, sans prévenir, il se pencha et déposa un baiser doux sur son front.
Avant d'effleurer son oreille.
« De toute manière, personne d'autre que moi ne posera les yeux sur ton corps. »
Sa voix mêlait douceur et une pointe de possessivité.
Un frisson courut le long de l'échine de Jungkook, son cœur battant soudain plus fort. Il entrouvrit les lèvres pour répliquer, mais les mots lui manquèrent, la proximité de Namjoon et la sincérité brute de ses paroles le laissant figé dans un silence éloquent.
Namjoon se délecta du frisson qui traversa le corps de Jungkook. Lorsqu'il se redressa, il fut comblé à la vue de ses joues aussi écarlates qu'un champ entier de roses rouges en pleine floraison.
La moue renfrognée de Jungkook parachevait un tableau d'une rare beauté. Aux yeux de Namjoon, son visage était une œuvre vivante, dont il savourait chaque nuance, jour après jour.
Une humeur singulièrement légère s'insinua en lui, surprenante et presque déplacée.
Privé de sommeil, tenaillé par des angoisses qui l'avaient poursuivi pendant que Jungkook se reposait, il se découvrait pourtant vibrant d'une étrange allégresse, comme si ce moment bloquait le poids de ses angoisses.
Il attribua cette sensation à un fait simple : Jungkook était éveillé. Faible, certes, mais éveillé.
Sans un mot, Namjoon se releva, se chaussa, puis en fit de même avec Jungkook. Puis, attentif, il tendit une main pour l'aider à se tenir debout. Mais à peine eut-il posé pied au sol que la réalité s'abattit sur eux avec violence.
La mauvaise humeur de Jungkook s'intensifia lorsqu'il prit conscience de l'état pitoyable de ses jambes.
Une faiblesse envahissante s'étendit de ses hanches à ses chevilles, ses muscles refusant de répondre comme il l'attendait.
Elles fléchissaient, incapables de soutenir son poids, aussi instables que les pattes d'un poulain à peine né. Ses genoux cédaient maladroitement, le forçant à s'agripper à Namjoon pour éviter de s'écrouler.
Il se sentait réduit à l'état d'un pantin brisé, dépossédé de toute maîtrise sur son propre corps.
Il ignorait si ses jambes vacillaient sous l'effet de deux jours d'inactivité contrainte ou si leurs faiblesses répondaient au tremblement de ses mains, qui échappaient à tout contrôle dès qu'il tentait de saisir un objet.
Une grimace de frustration traversa son visage, alors qu'il s'efforçait de poser un pied à plat, d'affirmer sa volonté dans un geste simple. Mais chaque effort n'aboutissait qu'à un déséquilibre humiliant.
Vigilant, Namjoon gardait son bras fermement noué autour de sa taille, lui offrant un appui solide. Sans son soutien, il se serait effondré sur-le-champ.
« Doucement, Jungkook, murmura-t-il. Appuie-toi sur moi. »
Bien que bienveillants et doux, ces mots résonnèrent comme une gifle dans l'esprit de Jungkook, attisant sa frustration qu'il peinait à contenir.
« Si Shin pouvait revenir à la vie, je lui aurais volontiers lacéré le visage de mes propres mains avant de le tuer. Fils de pute. »
Sa voix caverneuse vibrait de rage et d'impuissance.
Namjoon, qui glissait le bras de Jungkook autour de son cou pour mieux le soutenir, se figea. Le regard perdu sur le sol, il oscillait entre la compréhension de cette colère et une surprise face à l'intensité de ses mots habités par la fureur.
Lentement, il tourna les yeux vers Jungkook, dont le profil renfrogné vibrait de colère. Pourtant, au-delà de cette rage, ce fut la tristesse qui le troubla. Il lut la mélancolie dans ses traits fatigués, comme un écho à la sienne.
Une tristesse née du même abîme : une peur insidieuse, une impuissance accablante face aux épreuves qu'ils enduraient encore.
« Ça va aller, Jungkook. Ce n'est qu'une question de quelques jours. On en parlera à Yoongi, tout à l'heure, il t'aidera. »
Jungkook lâcha un profond soupir trahissant une fatigue accablante.
« Je déteste me sentir si... »
Il laissa sa phrase en suspens, incapable de la conclure.
Faible. Réduit.
Cela l'embarrassait profondément, comme si chaque regard qui se serait porté sur lui cacherait une menace face à sa vulnérabilité, exploitant son incapacité à se protéger.
Jungkook secoua doucement la tête, tentant d'écarter ces sombres pensées avant qu'elles enchaînent davantage son esprit.
« Rien... »
Sa voix trahissait un désarroi qu'il ne pouvait dissimuler.
Namjoon observa en silence. Il avait compris que Jungkook n'acceptait pas la faiblesse, pas même passagère. Là où lui-même avait appris à accepter ses fragilités, à s'abandonner à la vulnérabilité dans les moments de maladie ou de repos forcé, Jungkook semblait en guerre contre ses démons intérieurs.
Avec douceur, Namjoon raffermit son étreinte autour de sa taille, tenant fermement le bras passé sur ses épaules pour l'appuyer. Il fit un pas, attentif à la manière dont Jungkook avancerait.
Mais de nouveau, ce fut un combat acharné contre un corps récalcitrant. À chaque tentative de mouvements, les jambes de Jungkook tremblaient, ses muscles protestaient.
Namjoon perçut l'accélération de son souffle et le grincement de ses dents, témoins de la colère que Jungkook essayait désespérément de contenir, de la frustration brûlante qu'il ne parvenait pas à masquer.
Il finit par le guider doucement vers le mur près de la porte, l'y appuyant avec soin avant de l'aider à s'y glisser, jusqu'à ce qu'il prenne place au sol. D'un simple regard, Jungkook lui offrit un remerciement muet.
« Repose-toi un instant. »
Il s'accroupit à son niveau. Tendrement, ses mains encadrèrent son visage. Ses pouces glissèrent doucement sur sa peau, tentant de dissiper l'orage qu'il voyait dans son regard.
« Ça ira, d'accord ? », souffla-t-il avec douceur.
Jungkook garda le silence, absorbant chaque fragment de cette tendresse bienvenue et salvatrice. Les paupières à demi closes, la mâchoire contractée, son regard erra sur ce visage qu'il chérissait tant à la lumière du crépuscule comme à l'aube.
« Je te promets que ça ira. »
Les yeux de Jungkook s'embuèrent, ses paupières papillonnant dans un vain effort pour chasser les larmes prêtes à jaillir. Touché par sa fragilité, Namjoon l'attira doucement à lui, l'enveloppant dans une étreinte réconfortante.
Jungkook ferma les yeux, nichant son visage au creux de son cou, se lovant dans ses bras forts, s'imprégnant de sa chaleur. Il soupira longuement, se laissant aller contre lui. Namjoon avait ce don unique, presque magique, de museler ses tourments.
Pourtant, au fond de lui, un trouble insidieux persistait, une flamme dévorante qui l'empêchait de savourer pleinement l'apaisement que Namjoon lui offrait si bien.
Il enrageait contre le monde entier. Mais plus encore contre son propre corps qui le trahissait.
Ils restèrent enlacés un moment, avant que Namjoon ne se redresse doucement pour poser un tendre baiser sur son front.
« Je reviens. »
Jungkook le questionna muettement, la curiosité illuminant son regard.
« Yoongi ne devrait pas tarder. Je vais lui laisser un mot sur la porte pour qu'il entre et nous attende ici. Ça te va ? »
Jungkook hocha faiblement la tête.
Namjoon posa une main sur son épaule, son sourire chaleureux voilant l'inquiétude qui l'habitait.
« Je me dépêche. »
Il se redressa pour accomplir sa tâche, sentant le poids des yeux de Jungkook sur lui, brûlant dans son dos.
Ce dernier demeura assis, son regard glissant sur ses propres jambes. Il les palpa. Bien qu'elles gardaient leurs fonctions sensitives, elles semblaient appartenir à quelqu'un d'autre, un corps étranger sourd à ses volontés. Il serra les poings faiblement, ses mains tremblant légèrement sous l'effort, puis il les relâcha avec un soupir agacé.
Une frustration sourde monta en lui à l'idée de dépendre des autres.
Je suis devenu un fardeau.
Il exécrait cette pensée qui s'infiltrait en lui, implacable et cruelle.
Malgré lui, il se blâmait, bien qu'il sache que jamais Namjoon ne l'abandonnerait face à l'adversité et aux épreuves.
Namjoon s'approcha du bureau encombré de Jungkook, un léger sourire effleurant ses lèvres face au désordre. Il ouvrit un coffret de bois poli, en tira une feuille de papier, puis saisit le pinceau qu'il plongea dans l'encre noire, avant de tracer quelques caractères.
Jungkook l'observait, ses pensées s'égarant. Il trouvait dans les gestes minutieux de Namjoon une étrange sérénité.
Le message achevé, Namjoon plia soigneusement le papier et s'avança vers une petite boîte en bois, posée non loin. Il en sortit une pâte de riz qu'il appliqua pour fixer le mot.
Il entrouvrit la porte et colla le message sur le chambranle, là où Yoongi le découvrirait, sans nul doute.
Satisfait, il referma doucement la porte avant de rejoindre Jungkook. Il s'accroupit à son niveau. Ils se fixèrent. Namjoon hésitait. Il envisagea un instant de lui proposer de le porter, mais il repoussa cette idée aussitôt.
Dans son état d'esprit actuel, Jungkook verrait sans doute une offense à son orgueil déjà meurtri par ce qu'il traversait.
Mais contre toute attente, Jungkook le surprit.
« Porte-moi. Marcher ne mènerait à rien, et je n'ai aucune envie de faire des efforts, ce soir. »
Namjoon écarquilla les yeux.
Il resta un moment figé, éberlué, fixant Jungkook comme s'il avait mal entendu. Le contraste entre son humeur maussade et cette requête délibérée était si inattendu qu'il ne sut comment réagir.
Remarquant son trouble, Jungkook arqua un sourcil face à son hésitation.
« Quoi ? » demanda-t-il, son ton mêlant confusion et impatience.
Namjoon cligna des yeux, puis secoua la tête pour se reprendre.
« Non, rien, » murmura-t-il, déconcerté.
Sans un mot, il le releva avec douceur, observant la tension dans le corps de Jungkook tandis qu'il s'efforçait de rester debout, ses mains crispées contre le mur. Namjoon fléchit légèrement les genoux, glissant un bras sous ses jambes et l'autre derrière son dos. Dans un mouvement fluide, il le souleva avec une facilité déconcertante.
Pris au dépourvu, Jungkook entrouvrit les lèvres, prêt à protester, mais aucun son ne franchit leur seuil. Une douce teinte rosée envahit ses joues tandis qu'il détournait prestement le regard.
Mais ce n'est pas comme ça que je veux que tu me portes !
« Je ne t'ai rien demandé... », marmonna-t-il.
Namjoon leva un sourcil, amusé.
« Ah oui ? Et c'était quoi, ce "porte-moi, hyungie" ? »
Jungkook marmonna une phrase indistincte, enfouissant son visage dans l'épaule de Namjoon pour échapper à son regard. Namjoon pouffa. Une douce chaleur embrasait sa poitrine. Derrière l'agacement apparent de Jungkook, il percevait avec tendresse la confiance implicite de ce geste.
Il avança lentement vers la porte.
« Tu sais, je crois que j'aime bien quand tu dépends un peu de moi. Ça me donne une excuse pour rester près de toi. »
Les paupières mi-closes, Jungkook marmonna un « beau parleur », avant que son corps ne s'abandonne un peu plus contre Namjoon, qui resserra doucement sa prise, un sourire tendre sur les lèvres.
Lorsqu'il atteignit la porte, il se blâma de l'avoir refermée.
« Ouvre-la, s'il te plaît. »
Jungkook leva la main, prêt à obtempérer, mais se figea.
« Nan. »
Interloqué, Namjoon baissa les yeux vers cet être renfrogné lové contre son torse.
« Comment ça, "nan" ?
— Porte-moi sur ton dos, grogna-t-il. Hors de question qu'on sort comme ça. »
Un sourire espiègle courba les lèvres de Namjoon.
« Tu es sûr ? demanda-t-il, feignant l'incrédulité. Pourtant, tu sembles parfaitement à l'aise dans mes bras. »
Jungkook leva les yeux au ciel, grommelant des propos indistincts.
« Nam, je suis sérieux. Imagine qu'on croise quelqu'un, ce serait gênant.
— Et depuis quand être vu avec moi te met dans un tel état de gêne ?
— Mais ce n'est pas ça ! protesta-t-il, incapable de masquer la rougeur qui lui montait aux joues. C'est juste que... ça fait... »
Il hésita, cherchant ses mots, avant de soupirer, agacé.
« Ça fait bébé oiseau tombé du nid, voilà. »
Namjoon éclata d'un rire léger et sincère qui résonna dans la pièce.
« Oh, mon doux, gloussa-t-il, luttant pour contenir son hilarité. Personne ne te comparerait à un oisillon. Quoique... poussin, ça te va plutôt bien, maintenant que j'y pense. »
Jungkook lui décocha un regard noir, son visage s'empourprant davantage.
« Arrête avec ça ! protesta-t-il, sa voix oscillant entre l'agacement et l'embarras. Sérieusement, repose-moi. »
Amusé, mais soucieux de ménager son humeur, Namjoon capitula. Délicatement, il le déposa avant de lui tourner le dos pour rectifier sa prise, se penchant juste assez en lui offrant l'appui nécessaire.
« Grimpe. »
Il glissa doucement les bras de Jungkook autour de son cou, soutint fermement ses jambes, puis se redressa complètement, Jungkook sur son dos. Il ajusta méticuleusement ses appuis, s'assurant que ses jambes s'ancrent solidement contre ses hanches, avant d'esquisser un léger pas en avant pour tester leur équilibre.
« Voilà, votre altesse. À votre aise ? »
Jungkook, bien que toujours bougon, murmura un faible « oui » en posant sa tête contre l'épaule de Namjoon. Le contact de la chaleur rassurante de son dos apaisait déjà une partie de son irritation.
Namjoon ne put s'empêcher de sourire à ce petit geste. Il fit doucement coulisser la porte, veillant à ne pas brusquer Jungkook dans ses mouvements.
« Au moins, comme ça, je retrouve un semblant de dignité », murmura Jungkook, la fatigue alourdissant sa voix.
Namjoon sourit.
« Je ne sais pas si être porté sur mon dos te rend plus digne, mais si ça te fait te sentir mieux, alors je n'y vois pas d'inconvénient, rétorqua-t-il avec une pointe d'amusement.
— Tais-toi, être perfide », grommela Jungkook, piqué au vif.
Namjoon étouffa un rire. Percevant la fatigue dans la voix de Jungkook, il choisit de l'épargner d'un nouvel assaut de taquineries.
« Tu sais, ce n'est pas un signe de faiblesse de se reposer sur quelqu'un d'autre. »
Jungkook entrouvrit les yeux, le visage niché contre l'épaule de Namjoon. Il garda le silence un instant, mais ses bras se nouèrent un peu plus fermement autour de son cou, bercé par les pas lents et réguliers.
« Merci, hyungie », murmura-t-il après un moment de silence.
Du fond du cœur.
Namjoon sentit son cœur se serrer doucement à ces mots. Descendant au rez-de-chaussée, il traversa avec précaution le corridor désert, où les torches murales projetaient une lumière vacillante, avant de quitter silencieusement le bâtiment.
La nuit enveloppait Sungkyunkwan de son manteau sombre, mais l'école vibrait encore d'effervescence, le couvre-feu ayant été levé. Dans la cour animée, étudiants et invités se mêlaient : les uns achevant leur repas, les autres flânant sous les étoiles, savourant ces instants fugaces avant leur départ imminent dans deux jours. Les rires et les conversations s'élevaient, l'atmosphère était vivante.
Transportant un Jungkook au visage écarlate de gêne dissimulé contre son cou, Namjoon qui progressait lentement à travers la cour, en direction du dortoir des sixièmes années.
Intrigués par le génie de l'école flânant encore aux côtés du voyou, quelques regards curieux se posaient sur eux, mais Namjoon restait focalisé sur sa marche, indifférent.
Il balayait les environs du regard, priant ardemment de ne pas croiser sa mère. Plus encore, il redoutait qu'elle ose frapper à sa porte ou, pire encore, qu'elle rende visite à Jungkook.
Néanmoins, ses pas lui demandaient un effort, et bien qu'il tienne bon, son corps protestait avec une insistance accrue. Il réprima un soupir ; jusqu'ici, il avait pourtant su faire taire les exigences pressantes de son enveloppe corporelle.
À l'approche des escaliers menant à la chambre de Taehyung, Namjoon ralentit légèrement. Le poids de Jungkook, bien que supportable, s'ajoutait à sa fatigue, exacerbée par trois jours d'un jeûne involontaire et d'un sommeil trop rare. Son souffle se fit plus court, tandis que son cœur, lourd et battant, protestait contre cet effort démesuré pour un corps si éprouvé.
Lové contre son dos, Jungkook perçut aussitôt la différence. Les gestes de Namjoon s'alanguissaient, sa cadence perdait en harmonie. Puis, il sentit une vibration, comme un tremblement qui parcourait le corps de son ami.
Alarmé, Jungkook releva vivement la tête, se penchant avec précaution pour examiner son visage. Ses yeux s'écarquillèrent en découvrant ses paupières mi-closes, ses lèvres entrouvertes, et une goutte de sueur glissant lentement le long de sa joue.
« Namjoon... ? », murmura-t-il, l'inquiétude perçant dans sa voix.
Namjoon serra les dents, dissimulant une grimace.
« Ce n'est rien, juste un vertige. Ne t'en fais pas », répondit-il, le souffle court.
Ses paroles n'eurent pour effet que d'accentuer l'inquiétude de Jungkook. Malgré la fragilité de son corps, il esquissa un mouvement, cherchant à se libérer.
« Pose-moi. »
Il s'agitait faiblement, signifiant qu'il refusait d'être un poids.
Namjoon resserra son étreinte autour de ses jambes, l'empêchant de bouger davantage.
« Nam, retournons dans ma chambre, insista-t-il. Ça peut attendre.
— On y est presque. »
Jungkook jeta un regard affolé à l'escalier.
« Mais tu vas monter deux étages...
— Rien de bien méchant, murmura-t-il en gravissant lentement les marches.
— Et si Taehyung n'est pas là ?
— J'y entrerai quand même. Ce n'est pas la première fois que j'utilise sa salle de bains en son absence, il le sait bien. Il laisse la porte ouverte exprès pour Hoseok et moi... et sans doute aussi pour Jimin seonbae, conclut-il, un sourire amusé aux lèvres.
— Mais enfin, tu es si affaibli... Tu réalises que je ne peux pas me laver seul et que ce sera à toi de t'en charger... ? », tenta-t-il, désespéré.
Namjoon sourit, attendri par son inquiétude.
« Rien de ce que tu diras ne me fera changer d'avis, Jungkook, répondit-il avec douceur.
— Mais hyungie...
— Puis, j'ai aussi besoin d'un bon bain chaud, ça va me détendre », le rassura-t-il.
Jungkook soupira, l'âme tourmentée.
Il regrettait de n'avoir su mesurer l'ampleur de la fragilité de Namjoon. Il avait pourtant discerné ses cernes violacés, son teint légèrement plus pâle qu'à l'accoutumée, son timbre de voix plus grave, presque éraillé. Même son élocution lui paraissait alourdie, chaque mot pesé, économisé.
Et pourtant, Namjoon était là, infatigable dans son dévouement. Il l'aidait, l'épaulait, le taquinait, prenait soin de lui avec une constance presque irréelle, comme si rien en lui ne vacillait.
Il avait parfaitement feint d'être pleinement en état de le soutenir physiquement et psychologiquement.
Il se donnait corps et âme.
Alors que lui-même avait affronté le même cauchemar, amplifié par l'angoisse déchirante d'attendre l'éveil de l'être aimé.
Il est à deux doigts de s'effondrer, et il ne se plaint pas une seule fois...
Une onde de culpabilité submergea l'âme de Jungkook avec fracas, éclipsant la lourdeur de sa fatigue.
« Nam... », murmura-t-il.
Sa voix trembla.
Incapable d'exprimer clairement ce qu'il ressentait, il posa doucement son front contre le cou de Namjoon, cherchant un contact apaisant.
Namjoon pressa doucement ses cuisses d'un geste rassurant.
« Ça va aller, souffla-t-il, sa voix douce, mais ferme. Je n'ai juste pas assez mangé ces deux derniers jours. Mon corps me le fait payer. »
Ni dormi, d'ailleurs.
Le cœur de Jungkook se compressa douloureusement à ces mots. Il serra les dents, ses yeux s'embuant légèrement. Son corps se tendit inconsciemment, dans l'espoir de paraître plus léger à son ange gardien dévoué qui grimpait à présent les marches du deuxième étage. Namjoon le perçut, et un fin sourire flotta sur ses lèvres.
« Tu dois manger... Viens, allons à la cantine.
— Je m'occupe de toi d'abord.
— Je refuse que tu...
— Jungkook, je sais ce que je fais, l'interrompit-il calmement, finissant de gravir les marches, le souffle court. On mangera plus tard, je te le promets. »
Face à cette douceur autoritaire, Jungkook pinça les lèvres, partagé entre frustration et tristesse.
« Je suis désolé », murmura-t-il d'une voix étranglée.
Namjoon entama sa marche dans le long corridor, après une brève pause. Un léger frisson parcourut ses jambes, alors qu'il fixait d'un air déterminé la porte de la chambre de Taehyung, au bout. Ils croisèrent quelques aînés qui les regardaient, étonnés, sans oser leur demander de s'en aller.
« Ne te blâme pas, Jungkook. C'est toi qui souffres le plus. J'ai choisi de prendre soin de toi, personne ne me l'a imposé. Je le ferai, quoiqu'il advienne. Alors, si mes forces me trahissent, c'est moi qu'il faut blâmer. »
Son ton était déterminé, calme, serein. Ses mots trouvèrent un écho profond en Jungkook. Muet, il ne sut que répondre. Namjoon ne laissait aucune place au doute, sa voix portait une force inébranlable qui détonnait avec l'épuisement visible sur son visage.
Tel était le paradoxe de Namjoon : il était fort.
Sa force rayonnait si intensément qu'elle en faisait oublier qu'elle n'était pas sans limites.
Qu'elle dissimulait des failles humaines.
Il était fort, non par choix, mais par nécessité pour ne pas vaciller face à un monde impitoyable. La vie l'avait façonné ainsi, rude et inflexible, le contraignant à se forger une armure d'acier dès l'enfance.
Sa force, il la portait seul, car il s'était persuadé, à tort, qu'il n'avait jamais eu d'autre pilier que lui-même.
Le cœur de Jungkook se compressa à l'idée de ce que Namjoon endurait pour lui. Cette prise de conscience ne fit qu'intensifier le poids de la culpabilité qu'il portait en lui. Il savait que Namjoon souffrait, qu'il taisait son propre mal-être pour se consacrer à lui.
Cette pensée le hantait, l'emplissant d'une douleur qu'il ne savait comment apaiser.
« Je ne suis pas d'accord... souffla Jungkook, les yeux clos, comme pour fuir l'évidence.
— Hm ? », lâcha-t-il, en tournant la tête, intrigué.
Les lèvres de Jungkook frôlèrent son oreille.
« Ce n'est pas moi qui souffre le plus, hyungie. »
Le cœur de Namjoon bondit. Il détourna la tête. Son visage se ferma. Ses yeux s'égarèrent au loin, élevant une muraille silencieuse contre cette confession véridique, incontestable et douloureuse.
« Ce n'est pas une compétition, Jungkook. »
Un silence pesant s'installa. Le plus jeune baissa la tête, son expression se teintant d'un mélange d'épuisement et de résignation.
« ... Je n'ai jamais dit ça », soupira-t-il.
Ses épaules s'affaissèrent, écrasées par le poids de ce qu'il taisait.
Le regard de Namjoon vacilla un instant, incapable de dissimuler la culpabilité qui s'insinuait dans ses traits. Il n'avait pas voulu le réprimander.
Alors qu'ils atteignaient enfin la porte de la chambre de Taehyung, Namjoon s'arrêta un instant, reprenant son souffle.
Dans un geste tendre, l'âme en peine, Jungkook effleura sa joue d'un baiser appuyé.
« Merci d'être là », murmura-t-il, son souffle se fondant contre la chaleur de sa peau.
Le remercier. C'était la seule manière de dire qu'il comprenait, qu'il voyait tout ce que Namjoon faisait pour lui, et qu'il acceptait malgré son tourment.
Ce dernier lui sourit.
Puis, les mots qui franchirent la barrière de son cœur firent frémir celui de Jungkook.
« Pour toi, je tiens debout envers et contre tout. »
Et il tut ce que son âme hurlait, préservant sa semblable.
Même face à la mort.
À suivre...
Ça va un peu lentement, non ? C'est juste que je trouve essentiel de vraiment décrire leurs séquelles. J'ai en horreur de zapper ces scènes qui sont, pour moi, obligatoires dans lesquels on vit les épreuves post-action trauma, genre 😭
Je déteste les choses bâclées, c'est tout ou rien avec moi, donc je traite leurs séquelles en 3 fucking chaps, mdrrrr 😭
J'espère que ça ne sera pas trop chiant pour toi à lire (même si, let's be honest, ça ne va pas m'empêcher d'étoffer, hein 😏), puis je fais ça aussi pour ne pas que les évènements s'enchaînent trop vite ! Pour "faire redescendre l'émotion" on va dire
Because d'autres choses restent à venir, ce n'était que leur premier obstacle 🌝
ANYWAY
Les prochains chaps seront plutôt calmes...
...before the storm.
🌝🫰🏼
Et on entamera le début de l'arc final à partir du chapitre 25, normalement (note bien le "normalement" jhbjhb) !
Prochain chap : le premier contact de Jungkook avec l'eau depuis sa noyade, et la (longue) discussion avec Yoongi 🤭 (c'est un chap de 16k que je ne couperai pas, by the way)
À dimanche ♡
𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤
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