𝐗𝐗𝐈𝐈 | 𝐎𝐛𝐬𝐭𝐢𝐧𝐚𝐭𝐞𝐥𝐲 𝐜𝐥𝐨𝐬𝐞𝐝
*obstinément fermées
☾
La porte s'ouvrit dans un fracas qui les fit sursauter violemment. Avant même qu'ils ne puissent réagir, un tourbillon d'énergie s'engouffra dans la pièce, emportant avec lui toute l'intimité de l'instant.
Seokjin surgit en tête, le sourire éclatant, les bras grands ouverts.
Et il s'exclama – hurla – avec une exubérance contagieuse.
« OH, DOUX SEIGNEUR, MON POUSSIN ! »
Derrière lui, Mingyu apparut, la voix tremblante de soulagement et de bonheur.
« Il est vraiment réveillé ! », s'écria-t-il, les yeux brillants de joie.
Yoongi fit irruption à son tour, son pas rapide et son expression oscillant entre l'ahurissement et une joie sincère. Il s'arrêta net en voyant Jungkook. Un souffle qu'il semblait retenir depuis des heures lui échappa.
« Quel miracle..., murmura-t-il, avant d'esquisser un sourire large et lumineux.
— Bon retour parmi nous, mon petit lapin ! », ajouta Hoseok en entrant à son tour.
Il rayonnait, son enthousiasme débordant presque autant que celui de Seokjin.
Tranquillement, arborant un air satisfait, Taehyung fut le dernier à pénétrer dans la pièce, ses mains enfoncées dans les poches, un petit sourire malicieux.
Alors qu'il refermait doucement la porte, son regard se posa sur Jungkook, et un petit rire moqueur lui échappa.
Ce dernier, la joue écrasée contre la poitrine d'un Seokjin ému aux larmes, avait les mains captives dans celles d'un Mingyu débordant de joie, tandis qu'un Yoongi incrédule l'enlaçait, comme pour s'assurer que tout était bien réel.
Puis, il croisa l'expression presque réprobatrice de Namjoon qui s'était légèrement reculé, laissant l'espace aux nouveaux venus. Taehyung s'approcha de lui et s'avachit à ses côtés, passant un bras autour de son cou.
« Tu aurais pu les retenir, Jungkook est encore affaibli.
— Joon, je te jure sur mon kimchi préféré que j'ai essayé ! »
Namjoon lui lança un regard suspicieux.
« Hé, contenir cette bande de surexcités ? Une utopie, une chimère, une pure folie digne d'un conte pour enfants ! Même Jimin n'y arrivera pas ! J'ai à peine eu le temps d'ouvrir la bouche pour leur glisser un mot – UN mot – qu'ils ont tout abandonné comme si je distribuais des lingots d'or ! Et quand je dis tout, c'est littéralement tout : il y a des crêpes en train de refroidir, tragiquement abandonnées, une paire de baguettes tombée sur le sol, un rouleau de parchemin encore ouvert où un poème inachevé attend une rime, et j'ai même cru voir une sandale échapper à un pied ! », déclara Taehyung avec un aplomb déconcertant, comme si lui-même n'avait pas été à l'origine de la panique générale.
Namjoon haussa un sourcil, un sourire narquois étirant ses lèvres.
« Ce sont eux, les surexcités ? Tu oses prononcer ce mot sans que ton visage prenne feu ? Ton audace frôle le génie. »
Taehyung ouvrit la bouche, sidéré, une main sur le cœur comme si Namjoon venait de l'accuser d'un crime de lèse-majesté.
« Namjoon ! C'est une calomnie odieuse, un crime contre mon honneur ! Je suis la personnification du calme ! », s'indigna-t-il.
Comme pour prouver son point, il pivota avec un air solennel vers le groupe tapageur. Mais constatant leur distraction, il désigna Hoseok d'un geste grandiloquent qui le regardait d'un air fortement jugeur, les yeux plissés.
« N'est-ce pas, Hoseokie ? Confirme à ce traître que je suis un modèle de pondération ! »
Hoseok mâchouillait distraitement un bout de viande piqué sur le plateau avec un regard à présent aussi blasé qu'un vieux sage. Il arqua un sourcil si haut qu'il aurait pu atteindre la lune. Son silence hautement éloquent fut plus meurtrier que n'importe quelle réplique.
Au bord de l'hystérie, Taehyung papillonna des yeux, déconcerté par cette trahison implicite.
« Mais quoi ? Tu n'as rien à dire en la faveur de ton meilleur ami ? Rien du tout ? »
Namjoon secoua la tête, partagé entre un amusement mordant et une lassitude résignée.
Il ne changera donc jamais.
« C'est tout aussi culotté de ta part de le juger, Hoseok », acheva Namjoon, un rictus sarcastique.
Comme pour parfaire l'absurdité de la scène, Hoseok s'étouffa avec un morceau de viande, sa gorge émettant un bruit pathétiquement théâtral. Taehyung éclata d'un rire clair et incontrôlé – un hennissement –, tandis que Namjoon soupirait en se massant les tempes.
Encore ébranlé par l'effusion d'énergie qui ne cessait de tous les côtés, Jungkook ouvrit la bouche pour réagir, mais une quinte de toux brutale l'interrompit.
Tous les regards se tournèrent vers lui.
Namjoon sursauta aussitôt, mais trop éloigné pour intervenir, il ne put que regarder, affolé, Yoongi, Seokjin et Mingyu bondir à son secours, tel un seul homme.
« Jungkook !
— Oh, mon Dieu ! »
Yoongi avait la voix tendue alors qu'il lui saisissait l'épaule, le visage blême, Mingyu était complètement affolé, les yeux écarquillés, lui tapotant maladroitement le dos, et Seokjin agitait ses bras comme un moulin en pleine tempête, son expression proche de l'hystérie.
Le chaos vibrait dans la pièce. Les voix fusaient dans un désordre presque comique, chacun tentant de prendre le dessus dans une cacophonie déconcertante.
Jungkook toussait presque jusqu'aux larmes.
« Mais faites quelque chose ! Jungkook, parle-nous ! lança Hoseok, à deux doigts d'emboîter le pas à Seokjin dans une panique théâtrale.
— Mais comment tu veux qu'il parle, il crache ses poumons, là ! vociféra Mingyu, exaspéré.
— Doucement, Jungkook, respire par le nez ! », intervint Taehyung, son bras toujours accroché à l'épaule de Namjoon.
Ce dernier hésitait à intervenir, mordillant nerveusement son pouce, le regard troublé, à la limite de céder lui-même à la nervosité.
« Je l'avais dit ! tonna Yoongi, d'une voix forte, couvrant l'agitation ambiante. Il a besoin de repos, encore ! Et qu'est-ce que vous faites ? Vous déboulez comme un troupeau de buffles !
— Tu en fais partie, je te signale ! s'insurgea Seokjin, outré.
— La f... !
— C'est vrai ça, et pourquoi on est tous là, déjà ? rétorqua Mingyu, l'air débordé, coupant Yoongi. On avait dit deux par deux ! Taehyung hyung, pourquoi tu as dû être si brusque ? Et toi, Jungkook, respire, bon sang ! »
Il était partagé entre la réprobation et une panique mal dissimulée en fixant Jungkook ravagé par sa toux.
« Moi ? C'est Jin qui a crié ! s'exclama Taehyung, les yeux ronds.
— Oh, ça va, j'ai juste confondu les prénoms, pas de quoi en faire un drame ! riposta Mingyu d'un ton excédé.
— Je te demande pardon ? ! protesta Taehyung, outré.
— Apprends à reconnaître les timbres de voix ! intervint Seokjin, indigné.
— Super, alors ça change quoi ? Taehyung hyung et toi vous criez toujours hystériquement pour rien !
— Yah, respecte ton aîné, ingrat ! rugit Taehyung, piqué au vif.
— Pardon ! Mais je... je suis stressé, d'accord ? », grommela Mingyu, à bout de nerfs.
Les yeux embués par sa toux enfin calmée, Jungkook échangea un regard incrédule avec Namjoon, auquel ce dernier répondit d'un éclat éberlué, nerveux, mi-agacé, mi-diverti.
Puis, au milieu de cette cacophonie de voix s'entremêlant, un son faiblement perceptible s'éleva. D'abord discret, il prit rapidement de l'ampleur. Un rire. Faible, éraillé, mais indéniablement clair.
Jungkook riait.
Une lueur amusée flottait dans ses yeux, tandis que son hilarité, bien que brisée par sa toux obstinée, vibrait joyeusement. Il trouvait un charme inexplicable dans ce chaos, dans la manière dont l'agitation ambiante semblait désarmer tous ceux qui l'entouraient.
Bercé par la mélodie de son rire, Namjoon se détendit. Son corps figé par l'inquiétude paralysante se relâcha. Un flot de soulagement balaya son visage, et un petit ricanement nerveux lui échappa. Il secoua doucement la tête, se passant une main lasse sur son visage sous le regard mi-navré, mi-amusé de Taehyung.
« Yah, pourquoi tu ris, toi ? », grogna Seokjin en bousculant légèrement Jungkook, un sourire naissant au coin de ses lèvres.
Il fut incapable de rester sérieux devant le spectacle de Jungkook retrouvant un peu de vie dans ses éclats.
Hoseok éclata à son tour d'un rire franc, dissimulant sa bouche derrière une main.
« Pardonne-nous, Jungkook. On a semé un joyeux désordre. »
L'énergie débordante s'était enfin apaisée. Essoufflé, mais empli de bonheur, Jungkook essuya une larme perlant au coin de son œil, son rire s'adoucissant dans l'effort.
« Vous pardonner ? Que nenni. Vous êtes une bande de brutes dépourvues de finesse alors que je suis convalescent. Je vous exècre tous profondément. »
Son ton vibra d'une indignation feinte, ses yeux pétillant d'amusement.
Des éclats de rire parcoururent la pièce, mêlés à des protestations exagérées. Mingyu, bras croisés, leva un sourcil narquois.
« Oh, tais-toi, petit ingrat. Ton teint cadavérique a repris des couleurs grâce à nous. Regarde-toi, rayonnant comme un bouton d'or, répliqua-t-il en lui pinçant malicieusement la joue.
— Tu rigoles ? rétorqua-t-il, la joue tirée. Vous m'avez plutôt lessivé pour une semaine entière... Regardez bien, je vais m'évanouir et ce sera votre faute. »
Il s'éclaircit la voix, se retenant de tousser.
« En plus vous me forcez à trop parler. »
Bien qu'inquiet, Namjoon ne put réprimer un souffle rieur. Il attira immédiatement le regard faussement outré de Jungkook.
« Allons, un peu de bon sens, veux-tu ? Personne ici ne souhaite te voir t'effondrer, mon poussin. On préfère te garder éveillé, on a trop attendu ton réveil pour ça », susurra Jin avec un sourire doux, un éclat taquin illuminant son regard.
Les joues légèrement empourprées, il fit claquer sa langue, réprobateur.
« Jin, répète ce mot encore une fois, et je te chasse dehors, siffla-t-il, malgré la fatigue qui alourdissait sa voix.
— Quel mot ? »
Face à son air parfaitement innocent, Jungkook le fusilla du regard, puis soupira.
« ...Je n'ai pas l'énergie pour ça, se plaignit-il.
— Très bien, très bien », céda-t-il en riant doucement.
Les yeux pétillants de malice, il replaça une longue mèche derrière l'oreille de Jungkook.
« À la bonne heure, marmonna-t-il.
— Ne te méprends pas, Kookie, ce n'est que partie remise. »
Jungkook poussa à nouveau un soupir à en fendre l'âme, levant brièvement les yeux au ciel avant de les poser sur Namjoon. Une douce évidence s'imposa. Jungkook se sentait inexplicablement heureux, simplement entouré ainsi.
« Quelle tragédie, notre pauvre Kook martyrisé par notre affection. Une véritable épopée digne d'être contée en vers, déclama Yoongi, ponctuant ses paroles d'un soupir théâtral.
— En vers ou en prose, peu m'importe, pourvu que vous restiez calmes... », grommela Jungkook, avant de bâiller, éreinté.
La pièce se remplit à nouveau de cette cacophonie joyeuse qui leur était si familière, un enchevêtrement d'éclats de rire, de taquineries légères et d'une chaleur réconfortante. C'était exactement ce dont Jungkook avait besoin. Bien que cela l'épuise deux fois plus vite, il n'aurait renoncé à leur présence pour rien au monde.
Soudain, bien qu'assis, une légère vague de vertige le fit vaciller, son équilibre troublé. Il bâilla à nouveau, longuement, laissant perler une larme discrète au coin de son œil. Sans prévenir, le sommeil l'appelait avec une insistance pénible.
Mais, débordant d'énergie comme à son habitude, Mingyu bondit sans attendre dans les bras de Jungkook, l'enlaçant si fort qu'il manqua une fois de plus de l'étouffer. Encore fragile, Jungkook grimaça, avant d'émettre une toux discrète qui ne manqua pas d'alerter Namjoon.
« Ne le brusque pas ! », gronda-t-il d'un ton sec, son irritation évidente.
Loin de se démonter et desserrant légèrement son étreinte autour de Jungkook, Mingyu lui offrit un sourire poli, mais son regard le défiait.
« Oh, pardon, Namjoon. Ai-je empiété sur ton territoire ? »
Namjoon arqua un sourcil, son expression parfaitement contrôlée malgré la tension qui montait.
« Mon territoire ? Je croyais que Jungkook était notre camarade à tous. »
Son ton était mesuré, mais ses yeux lançaient un avertissement à peine voilé.
« Et ça recommence..., soupira Seokjin.
— Les gars, sérieux. Pas devant Kookie », les réprimanda Taehyung.
Tous les fixaient, blasés, habitués à leurs querelles depuis deux jours. En revanche, Jungkook en fut profondément ébranlé.
Mingyu ajusta sa posture, un rictus en coin. Il répondit à Namjoon qui ne le quittait pas du regard, les ignorant.
« Évidemment, Namjoon. Mais il semble que certains camarades se permettent de monopoliser l'attention de manière... remarquablement personnelle, si je puis dire ? »
Namjoon rit jaune, brièvement, doucement, un éclat qui n'atteignit pas ses yeux.
« Peut-être as-tu simplement trop d'imagination, Kim. Une qualité parfois encombrante, surtout lorsqu'on projette ses propres frustrations. »
— Je ne projette rien. Je constate simplement que certaines proximités deviennent intrigantes. »
Jungkook se figea, son malaise grandissant. La tension s'épaississait dans l'air comme une chape de plomb. Son regard allait nerveusement de l'un à l'autre.
Namjoon sentit son cœur s'accélérer, mais conserva son calme apparent. Son sourire aimable était désormais une façade parfaitement maîtrisée.
« Dis-moi. Ce genre de curiosité n'est-il pas parfois une arme à double tranchant ? »
La voix de Namjoon fut aussi douce qu'une lame qui se glisse dans une plaie.
Avant que Mingyu ne puisse répondre, Jungkook leva les mains, couvrant leurs yeux dans une tentative désespérée d'interrompre leur duel visuel. Il paniquait intérieurement.
« Arrêtez... »
Doucement, Namjoon abaissa la main de Jungkook, qui soupira. Un éclat dangereux brilla dans ses yeux.
« Je suis touché par ton intérêt pour mes relations, reprit-il avec une courtoisie calculée. Peut-être pourrions-nous en discuter plus en détail, un jour où tu auras quelque chose de substantiel à apporter à la conversation. »
Mingyu répondit par un léger ricanement, inclinant la tête comme s'il acceptait la provocation.
« Avec plaisir. Je suis toujours avide de comprendre certaines dynamiques qui façonnent notre groupe.
— Les liens véritables se construisent dans la profondeur, répondit-il, sa voix faussement chaleureuse. Une richesse que certains peinent à cultiver. »
Mécontent de cette pique personnelle, Mingyu planta encore plus fermement ses yeux dans les siens.
« Les gars, c'est bon, ça devient ridicule... soupira de nouveau Jungkook.
— Peut-être, l'ignora Mingyu, sans lâcher Namjoon du regard. Mais il est tout aussi fascinant d'observer ce que d'autres s'efforcent de cacher sous des silences et des gestes discrets. »
Jungkook sursauta, l'anxiété étreignant sa gorge.
Un silence fut roi, chargé de sous-entendus que personne n'osait expliciter.
Yoongi jeta un regard attentif à leurs aînés. Il remarqua que Taehyung et Hoseok étaient sur le qui-vive, échangeant des regards tendus, malgré leurs efforts pour demeurer impassibles.
Ses yeux se plissèrent de suspicion. D'un simple coup d'œil, Yoongi échangea un regard significatif avec Seokjin, qui avait momentanément abandonné son enthousiasme débordant pour afficher une expression plus grave, tous deux ayant perçu la subtilité des propos de Mingyu.
Ils n'avaient plus de doutes désormais : il y avait une vérité cachée entre Namjoon et Jungkook, une vérité que Mingyu semblait vouloir effleurer, mais que leurs aînés semblaient farouchement protéger.
Hoseok était soucieux de détendre l'atmosphère. Étant le plus âgé de la bande, son autorité s'imposait naturellement.
Son sourire habituellement lumineux était présent, mais une gravité inhabituelle assombrissait légèrement son expression.
« On n'est pas venus ici pour assister à un combat de coqs, les amis. Vous devriez enterrer la hache de guerre et briser tout malentendu avant que ça prenne des proportions démesurées. »
Bien que chaleureux, son ton portait un avertissement clair, sa voix plus basse et profonde.
C'eut aussitôt l'effet escompté.
Troublé, Namjoon détourna les yeux, simulant l'indifférence. Mingyu, les sourcils froncés et la mâchoire crispée, murmurait entre ses dents des propos indistincts.
Le reste de la bande échangea des regards, soulagés par cette diversion bienvenue. Pourtant, une ombre d'incompréhension persistait, surtout chez Mingyu. Malgré ses efforts pour comprendre l'étrange alchimie unissant Namjoon et Jungkook, il restait déconcerté par l'insaisissable profondeur de leur lien.
Pour Yoongi, les choses étaient à la fois brumeuses et limpides.
À leur époque où de telles relations restaient incomprises et cruellement réprimées, espérer les voir acceptées relevait presque de l'utopie. Pourtant, il savait que Mingyu et Seokjin frôlaient cette vérité, sans jamais oser l'étreindre ; par peur, par refus, ou peut-être par une innocence intacte.
Même lui, parfois, oscillait entre certitude et doute, se demandant si ce qu'il pressentait était réel ou simplement un fruit de son imagination.
Yoongi soupira alors qu'il secouait doucement la tête, essayant de chasser ces pensées.
Je serais bientôt fixé, de toute manière.
Tandis que quelques conversations s'élevaient autour de Jungkook, son regard trouva Yoongi, où flottait une tendresse amusée. Il changea de place, ses gestes calmes, habités par cette tranquillité qui le caractérisait. Il s'agenouilla près lui, entre Seokjin, une main liée à celle de Jungkook, et Mingyu, qui laissait sa main reposer mollement sur son épaule. Les deux l'observaient en silence, partagés entre une quiétude paisible et une réflexion lointaine.
Délicatement, Yoongi entreprit de recoiffer sommairement Jungkook, ses doigts glissant doucement dans ses longs cheveux légèrement en désordre.
Marqué par une légère tension, le visage de Jungkook se détendit peu à peu, laissant éclore un petit sourire sincère.
Lorsque ses doigts butèrent contre un nœud, Jungkook grimaça, arrachant un sourire en coin à Yoongi.
« Quel désastre. On dirait un chat pris dans la mousson. Toi qui attaches tant d'importance à ton apparence, ton silence est éloquent. La honte, peut-être ? », lança-t-il avec un rictus, tout en dénouant délicatement un nœud récalcitrant.
Jungkook lui jeta un regard faussement outré, tandis que les autres ricanaient.
« Pardon ? Tu te regardes parfois ? On dirait vieux chat grincheux, la plupart du temps.
— Moi, je suis un vieux chat qui traverse les tempêtes avec élégance. Toi, tu es juste... une peluche échevelée. Tu vois la nuance ?
— Pas vraiment. Et toi, tu vois ce que c'est, l'humilité ?
— Pas vraiment. »
Son ton neutre fit éclater quelques rires autour d'eux, tandis que Jungkook, le visage marqué d'une grimace, le toisa comme s'il avait affaire à un parfait imbécile.
« En tout cas, reprit Yoongi, malicieux, c'est presque agréable de te voir dans cet état. Pitoyable, mais agréable. »
Libérant sa main de celle de Seokjin, dont le sourire amusé flottait encore, Jungkook pinça l'avant-bras de Yoongi, qui siffla, sa voix vibrante d'un rire étouffé.
« Yah, arrête, grogna-t-il, bien que son ton ne cachât pas son amusement.
— Tu dis ça parce que tu es jaloux de mon allure même dans cet état. »
Yoongi haussa un sourcil amusé, son sourire devenant presque carnassier, alors que ses doigts continuaient leur « toilettage » avec une douceur surprenante.
« Moi, jaloux d'un chat errant qui aurait survécu à une tempête ? Allons, Jungkook. Personne ne s'inscrit à ce concours ridicule. »
Cette pique déclencha une explosion immédiate de rires plus vibrants. Seokjin se plia en deux, riant si fort qu'il manqua de tomber. Mingyu renchérit en applaudissements exagérés, riant aux larmes, tandis que Hoseok se laissait tomber sur un coussin, suffoquant presque de rire, et Taehyung frappait littéralement le sol sous son hilarité tonitruante.
Même Namjoon, encore marqué par l'échange houleux avec Mingyu, s'autorisa un léger rictus, son regard amusé glissant vers Jungkook, tout en scrutant attentivement ses moindres gestes, devinant l'effort qu'il déployait pour dissimuler l'étendue de sa fatigue. Malgré son envie de tous les renvoyer, Namjoon se contenait, conscient que leur présence mettait du baume au cœur de Jungkook.
Ce dernier les fixa un à un, le regard noir.
« L'effort que vous mettez à vous moquer de moi me sidère. Je suis convalescent, je vous rappelle. »
Le léger tremblement au coin de ses lèvres trahissait son effort pour contenir un rire, dangereusement contaminé par ceux de la bande, tenaces.
« Bande d'ingrats. Je vous hais », pesta-t-il.
Il se tourna vers Yoongi qui le fixait affectueusement.
« Déjà, respecte-moi ; je ne suis pas un chat errant. »
Yoongi acquiesça d'un sérieux teinté de malice, un sourire naissant au coin de ses lèvres. Lentement, il dénoua le dernier nœud, lissant les mèches rebelles d'un geste précis et doux, puis posa une main légère sur l'épaule de Jungkook.
« C'est vrai, tu es un pouss...
— Yoongi, grogna Jungkook, le regard chargé d'un avertissement.
— ... ssin », achevèrent Yoongi, Mingyu et Seokjin à l'unisson.
Leur coordination provoqua un instant de stupeur avant qu'ils éclatent de rire en chœur, provoquant ceux de Hoseok et Taehyung.
Même Namjoon ne put réprimer un souffle rieur, ses fossettes creusées, alors qu'il secouait doucement la tête.
Rougissant d'embarras et d'exaspération, Jungkook leva une main tremblante pour frapper Yoongi, mais sa faiblesse rendit son geste presque risible. Renonçant à toute violence, il se mit à les invectiver, sa voix vacillante, frustrée, mais indéniablement amusée.
« Les grossièretés ne siéent guère à une beauté telle que toi, Kookie, le réprimanda faussement Hoseok, un sourire en coin.
— Une b..., balbutia-t-il. Et toi, tu comptes te coiffer de vertu pour cacher ta langue bien pendue ?
— Mais quoi ?! s'écria Hoseok, outré. Moi au moins, ma langue n'a rien à cacher, contrairement à tes petits éclats d'insolence !
— Pourtant je sais très bien ce que ta fameuse langue murmure quand tu crois que personne n'écoute !
— Mais de quoi tu parles ! s'impatienta-t-il, son cœur tambourinant sous l'ambiguïté qu'il ne comprenait guère.
— De rien du tout, hyung, j'adore te voix galoper. »
Face à son visage mutin, Hoseok demeura sans voix, incapable de trouver une réplique à la hauteur, déconcerté par l'aplomb de son cadet.
Puis, il bondit sur Jungkook qui lâcha un cri surpris et éraillé.
« Yah, sale garnement ! », s'écria-t-il en lui pinçant les joues, arrachant un rire étouffé au plus jeune.
Les éclats de rire redoublèrent, sauf chez Namjoon.
Son sourire s'effaça, une ombre d'inquiétude passant dans son regard. Il observa Jungkook attentivement, remarquant la façon dont sa respiration s'accélérait.
« Doucement, Jungkook, tempéra-t-il d'une voix posée. Tu es encore en convalescence, ne mets pas ton état à mal.
— C'est lui qui m'enquiquine alors qu'il est le hyun... ! »
Il n'eut guère le temps d'achever sa phrase ; une quinte de toux déchira son souffle, secouant douloureusement son torse.
La joie s'effaça instantanément sur tous les visages. Namjoon posa une main douce sur son épaule et lui tendait déjà un verre d'eau avant même que l'un d'eux y pense. Jungkook leva les yeux, l'expression encore contractée, mais une lueur de gratitude scintillant dans son regard.
« Hoseok, s'il te plaît », souffla Namjoon.
Il était partagé entre inquiétude et reproche, son regard trahissant un avertissement sans équivoque.
Hoseok leva les mains en signe de reddition, un sourire contrit.
Quant à Yoongi, il dissimulait un sourire narquois. Il trouvait l'attitude de Namjoon à la fois attendrissante et divertissante.
Intéressant...
Une fois encore, tous furent témoins de l'attention presque démesurée que Namjoon portait à Jungkook, surpassant celle de ses amis les plus intimes.
Sa sollicitude effleurait les frontières de l'amitié conventionnelle.
« Tu es quand même en forme, pour un convalescent », railla Yoongi, son ton moqueur tempéré par une lueur de tendresse.
Jungkook but lentement, l'eau apaisant la brûlure dans sa gorge. Lorsqu'il posa le verre, il tourna la tête vers Yoongi, croisant son regard. Malgré leur échange sarcastique, une complicité évidente transparaissait dans leurs yeux.
« Qu'est-ce qu'il veut, l'agaçant ? », murmura Jungkook, un rictus amusé.
Namjoon leva les yeux au ciel, comprenant qu'il ne pourrait pas contrôler un Jungkook têtu. De légers sourires fleurissaient, éclairant à nouveau tous les visages.
« Fragile, répondit Yoongi.
— Minable.
— Pitoyable.
— Irrécupérable.
— Pathétique.
— Enfantin.
— Prétentieux.
— Insupportable.
— Lamentable.
— Je suis malade.
— Bien, partie remise. »
Un sourire complice éclaira leurs visages alors qu'ils se serraient la main, comme après un duel secret dont eux seuls maîtrisaient les règles
« J'ai cru que ça ne finirait jamais, s'amusa Taehyung.
— Crois-moi, hyung, ça peut durer encore longtemps, soupira Seokjin.
— Jin et moi, on a cessé de chercher à comprendre leur rituel », ajouta Mingyu en haussant les épaules.
Tous pouffèrent.
Exaspéré, mais amusé, Namjoon passa une main sur ses paupières pour contenir un rire las. Yoongi ne manqua rien de la scène, esquissant un rictus moqueur.
« Bon, on arrête, ou ton garde du corps personnel va encore me tomber dessus. »
Avec désinvolture, Namjoon lui offrit son majeur, déclenchant une cascade d'exclamations mêlées de rires.
Tous apprécièrent ce moment où, malgré les tensions et les faiblesses, leur unité restait intacte.
Seokjin se pencha aussitôt vers Jungkook qui sursauta, le fixant de ses grands yeux ouverts.
« Jungkookie », grogna-t-il en lui pinçant doucement la joue.
Jungkook laissa échapper un râle dans un rire étouffé malgré la légère douleur, mais son amusement s'effaça lorsqu'il croisa le regard de Seokjin.
D'ordinaire si confiant, si plein d'esprit, Seokjin avait une lueur inhabituelle dans les yeux. Fragile. Ses lèvres, pourtant prêtes à sourire, tremblaient légèrement sous le poids des larmes qu'il refoulait.
Trop familier avec ces traits qu'il aimait tant, Jungkook ricana face au sérieux presque enfantin qui se dessinait sur son visage.
« Tu vas pleurer », le taquina-t-il avec douceur, malgré la faiblesse dans sa voix.
Seokjin feignit une vexation à demi sincère, fronçant les sourcils, bien qu'un sourire subtil adoucisse son masque.
« N'importe quoi. »
Le léger tremblement de sa voix ne trompait personne, encore moins Yoongi et Mingyu qui ne perdirent pas un instant pour le charrier.
Jungkook pouffa, moqueur. Emporté par l'émotion, Seokjin l'attira brusquement dans une étreinte puissante. Témoin de la grimace de Jungkook sous la poigne de Seokjin, Namjoon dut réprimer l'élan de les séparer. Il choisit de rester immobile face au visage radieux et apaisé de Jungkook.
« Sale garnement, ne me refais plus jamais une frayeur pareille, tu m'entends ? », dit-il d'une voix étranglée, le ton ferme.
Jungkook sentit en lui une chaleur réconfortante. Il tapota doucement le dos de son ami. Ce dernier se redressa, essuyant discrètement les larmes qu'il avait tenté de dissimuler, perlant aux coins de ses yeux.
De l'autre côté du lit, près de Namjoon, Hoseok s'approcha davantage avec son sourire bienveillant, légèrement inquiet.
« Tu as l'air un peu plus fatigué, tu veux qu'on s'en aille ?
— Restez encore un petit peu, ça me fait plaisir de tous vous voir. »
Soulagé, Hoseok illumina l'instant de son sourire éclatant avant de glisser une main affectueuse dans ses cheveux, au grand dam de Yoongi, qui protesta aussitôt contre le désordre causé à sa précieuse œuvre de patience.
Une querelle absurde s'ensuivit, mêlant éclats et taquineries, arrachant à Jungkook un soupir d'agacement amusé, lui qui se retrouvait bien malgré lui au cœur de cette scène puérile, simplement pour ses cheveux ébouriffés.
Alors que tous discutaient joyeusement et se charriaient, Taehyung regarda Namjoon qui se recula légèrement. Bien qu'inquiet, il observait avec un petit sourire Jungkook interagir joyeusement, la fatigue affaissant son corps et ses traits, malgré son sourire sincère.
Taehyung glissa à nouveau un bras autour du cou de son ami avec une familiarité tranquille, puis se pencha.
« Tu as pu dormir, un peu ?
— Ce fut tout sauf reposant.
— Au moins, tu as mangé, lança-t-il en désignant le plateau.
— C'est Jungkook qui a mangé. »
Surpris, Taehyung regarda un instant Jungkook qui arborait un petit sourire aux lèvres, la mine fatiguée, écoutant patiemment ce que lui contaient Mingyu et Hoseok.
Il sourit.
« Tu vas enfin pouvoir te reposer. Il va bien, maintenant. »
Namjoon répondit par un hochement de tête hésitant.
Si seulement.
« Comment tu te sens ? », murmura-t-il à l'oreille, inquiet.
Il savait combien Namjoon avait été ébranlé par tout ce qui s'était passé. Ce dernier croisa le regard de Taehyung, et bien que ses yeux reflétaient encore une certaine fatigue, il hocha la tête.
« Mieux. Ne te fais pas de souci pour moi, mentit-il.
— Je cesserai de m'inquiéter quand tu auras dormi et repris des forces en mangeant mieux. »
Namjoon le contempla longuement, songeant avec amertume à son aveuglement d'autrefois, lorsqu'il avait injustement douté de la bonté de Taehyung et Hoseok, croyant à tort devoir se méfier de ses amis les plus proches.
Le groupe s'attarda encore, enveloppé dans une douce légèreté, mêlant rires et anecdotes, comme si la pièce elle-même respirait enfin un apaisement retrouvé.
Pourtant, au fil des échanges, leurs regards se posaient par instants sur Jungkook, qui, malgré son sourire et ses réponses pleines de bonne volonté, il perdait le fil de la conversation, ou cherchait ses mots.
Parfois, il dodelinait légèrement de la tête, luttant visiblement pour rester éveillé. Ses paupières se faisaient lourdes, et son corps réclamait le repos.
Extrêmement attentif, Namjoon le remarqua. Il jeta un coup d'œil à Yoongi qui le regardait déjà, lui adressant un regard entendu.
« Je crois qu'il serait sage de le laisser se reposer, maintenant. Il arrive à sa limite », dit Yoongi.
Namjoon acquiesça, reconnaissant.
Seokjin, Mingyu, Hoseok et Taehyung s'inquiétaient de l'avoir trop épuisé, troublés par l'air parfois absent de Jungkook. Toutefois, Yoongi leur expliqua que son état était normal et qu'il n'y avait pas lieu de s'alarmer.
« Kook. »
Un posa une main légère sur son épaule, attirant son attention. Jungkook releva lentement la tête et cligna des yeux, surpris, comme s'il émergeait d'une torpeur qui l'avait pris au dépourvu.
« Je repasserai ce soir. Mon père est trop accaparé par ses obligations aujourd'hui. Il m'a confié la mission de veiller sur toi et de lui faire un rapport détaillé avant qu'il vienne te voir, demain. Et il y a des choses dont je dois te parler. »
Bien que l'expression de Yoongi ne trahît rien, le cœur de Jungkook bondit. Il sut aussitôt quelles étaient ces choses que Yoongi mentionnait. Il échangea un coup d'œil avec Namjoon avant de hocher la tête, offrant un petit sourire nerveux à Yoongi.
Tous se levèrent d'un commun accord, formulant des mots encourageants et réconfortants à Jungkook avant de se diriger vers la porte. Sauf Seokjin, qui resta immobile, ses yeux malicieux braqués sur Jungkook.
Le silence se fit, dans lequel Jungkook vit un éclat de fourberie passer dans les yeux de son ami.
« Jin, non », grogna-t-il.
Il leva une main, s'apprêtant à le repousser, l'autre protégeant son front, devinant déjà ce qui allait suivre.
Dans l'expectative, Hoseok, Taehyung et Namjoon froncèrent les sourcils, confus.
Jungkook leva un regard suppliant vers Yoongi et Mingyu, qui demeurèrent immobiles, un éclat moqueur au fond des yeux. Hoseok et Taehyung échangèrent un regard intrigué, amusés, tandis que Namjoon plissait les yeux, suspicieux.
« Les gars, soupira Jungkook, éreinté et agacé. Je n'ai vraiment pas la force de le...
— Tel est ton destin, poussin, l'interrompit Mingyu. Accepte-le comme un homme.
— Mingyu ! », siffla-t-il d'une voix faible, rouge d'embarras.
Il voyait parfaitement, du coin de l'œil, Namjoon qui retenait son rire face à ce sobriquet des plus infantilisants.
Je les déteste !
Une faible protestation plaintive et larmoyante lui échappa lorsque Seokjin encadra son visage, déposant un baiser brusque et sonore sur son front. Jungkook aurait juré que son cerveau avait vacillé dans sa boîte crânienne, lui arrachant un léger vertige qui le laissa pantois.
Namjoon écarquilla les yeux, figé, ébahi. Il oscillait entre cri et froncement de sourcils.
Qu'est-ce que... ! D'où il se permet !
Des éclats de rire fusèrent, emplissant l'air d'une joyeuse légèreté. Hoseok et Taehyung furent divertis par cette audacieuse attaque, mais plus encore l'expression stupéfaite de Namjoon, figé dans une immobilité comique.
« Rétablis-toi vite ! », lança Seokjin avec un sourire chaleureux avant de trottiner vers la sortie.
Avant de refermer la porte, Yoongi lui lança un clin d'œil complice, tandis que, derrière lui, Mingyu esquissa un geste de la main en guise d'au revoir, les rires légers de leurs aînés flottant encore dans le couloir, accompagnés par des remarques amusées.
Le calme retomba dans la chambre.
Namjoon et Jungkook se fixèrent.
Puis, soudain, la porte s'ouvrit à nouveau, les faisant sursauter.
Seokjin reparut, toujours joyeux, chantonnant comme si de rien n'était. Il s'accroupit devant le plateau déposé au sol, derrière Namjoon.
« Désolé, je récupère juste ça. »
Il le déchargea du verre et de la jarre d'eau et les posa sur la table de nuit. Puis, le plateau en main, il se redirigea vers la porte, non sans leur adresser un clin d'œil.
« Prends bien soin de notre précieux poussin, Namjoon. »
Il ignora le souffle étranglé de Jungkook, et s'en alla aussi vite qu'il était venu.
Après la tornade, le silence.
Ébahis, ils se regardèrent à nouveau. Les joues de Jungkook s'empourprèrent sous le poids de son regard. Les lèvres de Namjoon tressaillirent, trahissant le rire qui menaçait de se manifester. Et lorsqu'un souffle amusé finit par s'échapper, Jungkook cacha précipitamment son visage écarlate d'une main, marmonnant des jurons indistincts contre ses amis, cherchant en vain à masquer son embarras.
Silencieusement, Namjoon se leva et ferma le loquet, avant de revenir se placer près de lui, s'asseyant en tailleur sur le lit.
« Je ne compte plus le nombre de fois où le mot "poussin" a été prononcé », railla-t-il.
Embarrassé face à son regard espiègle et un sourire à peine contenu, Jungkook lui lança un regard noir, espérant dissimuler la rougeur tenace embrasant ses joues.
« Ne me fatigue pas plus que je ne le suis déjà », grogna-t-il, faussement exaspéré.
Namjoon s'étonna de cette étrange alchimie sur son visage, où indignation et charme se mêlaient à son agacement et à sa moue boudeuse.
C'était désarmant.
Il ne put s'empêcher de sourire davantage.
Adorable.
« Il faudra tout de même que tu m'éclaires sur l'origine de ce surnom pour le moins cocasse qu'ils t'ont donné, Jungkook. »
Ce dernier plissa les yeux, son expression agacée et embarrassée.
« Il n'a rien de cocasse », grogna-t-il, bougon.
Namjoon feignit la réflexion.
« Désopilant, alors ? dit-il en haussant les sourcils.
— Namjoon ! », protesta-t-il.
Il s'attarda un instant à contempler le visage rougi et froissé de Jungkook. Une lueur illumina son regard tandis qu'il se penchait, réduisant doucement la distance qui les séparait.
« Bien, bien, je ferai comme si je n'avais rien entendu », murmura-t-il.
L'éclat joueur dans ses yeux révélait tout autre chose.
« Non, rétorqua Jungkook, les bras croisés et le regard obstiné. Tu dois oublier.
— Tu me demandes l'impossible. »
Il se pencha davantage jusqu'à ce que leurs visages soient séparés par un souffle.
« Un surnom aussi charmant... »
Il laissa sa phrase en suspens, un éclat moqueur dans les yeux. Face à la malice déconcertante dans ses yeux, Jungkook leva un doigt menaçant.
« Je t'interdis de... !
— De ? », le coupa-t-il, un sourcil arqué.
Mais lorsque le regard noir de Jungkook le transperça, Namjoon décida pour l'heure de l'épargner ses moqueries, magnanime.
« Tu ne trouves pas qu'on m'a assez embêté, aujourd'hui ? pesta-t-il.
— C'est vrai, très bien, je m'incline », déclara-t-il, sa voix vibrant d'un rire discret.
L'amusement sur son visage ne trompait personne. Jungkook plissa les yeux, suspicieux. Malgré lui, il sentit sa frustration redoubler devant l'aplomb irrésistible de Namjoon. Pour sceller sa « promesse », ce dernier se pencha et embrassa sa pommette encore rosie en guise de pardon.
Avec une nonchalance feinte, Jungkook roula des yeux, ses paupières lourdes trahissant son combat contre le sommeil, avant de poser sur lui un regard épuisé, mais satisfait.
« Ils sont tous fous », marmonna Jungkook.
Namjoon décela un soupçon de douceur dans sa voix, alors qu'il évoquait la bande.
« On devient ceux qu'on fréquente. Mais je crois bien que ce sont eux qui ont pris un peu de toi, rétorqua-t-il, une lueur affectueuse dans les yeux.
— N'importe toi », marmonna-t-il, mi-amusé, mi-exaspéré.
Namjoon se contenta de sourire davantage, ses doigts glissant doucement dans les cheveux de Jungkook dans un geste instinctif et apaisant. Le souffle de ce dernier s'apaisa, son corps s'abandonnant peu à peu à la torpeur du sommeil. Pourtant, une lueur persistait dans ses yeux, comme une résistance discrète, un dernier éclat avant de céder au repos.
Il entrouvrit légèrement les paupières, sa voix claire malgré sa faiblesse.
« Hyungie... Quand vas-tu m'embrasser ? », murmura-t-il.
Sa sincérité touchante désarma complètement Namjoon. Son timbre faible montrait un degré de vulnérabilité accru qu'il ne laissait paraître qu'en sa présence. Il demeura immobile, son cœur bondissant, surpris par l'audace et la fragilité mêlées dans sa demande.
Il réclamait un acte de foi, dans ce baiser. Une promesse vitale. Une déclaration tacite. Un cri dans l'obscurité.
Une demande pour ancrer leur lien au-delà des épreuves persécutrices.
Une preuve que, malgré le chaos qui avait balayé leurs vies, quelque chose en eux demeurait immuable, invincible. La certitude qu'ils ne sombreraient pas dans la solitude malgré l'obscurité qui avait voulu les happer et les supprimer.
Les yeux de Namjoon se perdirent dans les siens. Il y vit une peur qu'il connaissait jusqu'au fond de son âme. La peur de le perdre, la peur de l'abandon.
Namjoon déglutit, incapable de détourner les yeux. L'air lui sembla plus lourd. Il n'avait pas besoin de mots pour comprendre. Il savait ce que Jungkook lui demandait sans le dire ; une part de lui-même, de son âme, en échange de cette confiance absolue qu'ils s'étaient mutuellement offerte.
Sans un mot, il se pencha lentement, son cœur battant plus fort sous l'effet de l'émotion qui montait en lui. Ses doigts glissèrent doucement sur la joue de Jungkook, effleurant tendrement sa peau. Leurs regards effleuraient le visage de l'autre. Pendant un bref instant, tout le poids du cauchemar vécu s'effaça.
La douleur.
La peur.
La vulnérabilité.
Envolées.
Emportées comme une brume dissipée par un souffle doux.
Leurs regards se croisèrent une dernière fois avant que Namjoon ne franchisse cet espace infime qui les séparait.
Le baiser fut doux, presque timide. Il contenait toute l'essence de ce qu'ils étaient. Leur force, leurs fissures, leurs espoirs. Namjoon l'embrassait avec une précaution presque sacrée, comme s'il craignait de le briser.
Jungkook ferma les yeux, répondant faiblement, mais avec volonté. Les ténèbres qui l'avaient assiégé se dissipèrent. Il aimait la façon avec laquelle la chaleur de Namjoon chassait les dernières ombres qui le hantaient.
Il avait cruellement eu besoin de ce doux échange, conscient de l'effet produit sur lui. Une magie singulière, sans doute nourrie par la sincérité des sentiments.
Leurs lèvres se séparèrent. Namjoon resta proche, leurs souffles mêlés, leurs nez s'effleurant. Leurs cœurs battaient frénétiquement de cet amour que Namjoon avait longtemps refusé de brider, que Jungkook ne parvenait plus à maîtriser.
« Tu veux t'allonger ? », chuchota-t-il.
Jungkook hocha faiblement la tête. Namjoon l'aida à se redresser légèrement, écarta avec soin les coussins superflus et aida Jungkook à se repositionner, veillant à ne pas brusquer ses gestes. Puis, il s'allongea à ses côtés, le couvrant. Son corps se courba légèrement en avant pour lui partager sa chaleur.
Il passa un bras autour de sa taille, puis pressa doucement son front contre le sien. Jungkook s'agrippa à son haut, leurs respirations trouvant un rythme commun.
Le silence les enveloppa, doux et réparateur, comme un cocon créé par leur présence mutuelle. Jungkook se laissa doucement happer par le sommeil.
« J'ai cru te perdre, souffla soudain Namjoon, sa voix brisée par un chagrin tenace. Je ne sais pas ce que j'aurais fait. »
Surpris, Jungkook ouvrit les yeux, son regard voilé par la fatigue. Mollement, il chercha celui de Namjoon, et y ancra toute la force qu'il pouvait rassembler.
« Mais je suis là, répondit-il d'une voix faible, mais pleine d'assurance. Et je n'ai pas l'intention de partir. »
Namjoon ferma les yeux un instant, se laissant bercer par cette certitude, sentant leur lien se fortifier, comme une chaîne forgée dans les flammes des épreuves qu'ils avaient traversées.
Il savait désormais à quel point qu'il était prêt à tout sacrifier pour Jungkook.
Tout.
Même sa vie, s'il le fallait.
Leurs mains se cherchèrent entre leurs torses, et leurs doigts s'entrelacèrent.
Jungkook soupira de bien-être en se lovant davantage contre lui, le sommeil qui commençant à l'emporter. Mais avant qu'il n'y plonge complètement, sa voix s'éleva dans un murmure.
« Nam... Il faut que... »
Un soupir éreinté.
Chaque mot lui coûtait à présent un effort immense. Il avait trop exigé de son corps, dépassant ses limites pour ne rien laisser paraître devant leurs amis. À présent, il le sentait l'abandonner plus que jamais.
« Nous deux... quand tout sera fini... on doit... »
Puis, sa voix mourut dans le silence.
Le cœur de Namjoon bondit dans sa poitrine, une réaction instinctive, brutale. Puis, en une fraction de seconde, il se mit à battre frénétiquement, comme s'il cherchait à combler un gouffre soudainement ouvert sous ses pieds.
La panique monta en lui, sourde, insidieuse, rampante, se logeant dans chaque recoin de son être. Ces mots incomplets lui coupaient presque le souffle.
Un pressentiment cruel broyait son cœur.
Quand tout sera fini... ?
Ces mots résonnaient en écho, se déployant dans son esprit avec une force destructrice, s'insinuant dans ses pensées comme un poison lent.
Qu'a-t-il voulu dire ?
L'air lui manqua, comme si une main invisible enserrait sa gorge. Il cherchait une explication rationnelle, mais aucune ne venait apaiser son tourment.
Quand tout sera fini...
Mais qu'est-ce qui prendrait fin, au juste ? Leur lutte ? Leur lien ? L'amour qu'ils partageaient si profondément, mais qui semblait si fragile, là, dans le silence de cette chambre ?
Son regard se posa sur le visage paisiblement endormi de Jungkook, comme si le poids de ces mots s'était évanoui avec sa conscience.
Mais pour Namjoon, c'était tout le contraire.
Une terreur s'était logée en lui, se faufilant dans son âme comme un feu dévorant.
Et s'il pensait déjà à tout arrêter ?
Il était incapable de bouger. Seuls ses yeux voguaient çà et là sur les traits délicats de celui qu'il aimait. Si calme, si fragile. Ses traits étaient marqués par l'épuisement, sa peau pâlie. Pourtant, même dans ce moment de vulnérabilité extrême, il portait une grâce innée, comme si rien ne pouvait éteindre totalement la lumière en lui.
D'une main tremblante, il caressa doucement la joue de Jungkook, son pouce effleurant sa peau avec une tendresse presque désespérée.
La peur lui nouait le ventre, glacée, implacable. Il savait que Jungkook avait souffert. Bien plus qu'il ne l'avait laissé paraître. Son sourire, ses blagues, même son entêtement à cacher sa faiblesse. Tout cela n'était qu'un écran de fumée pour dissimuler ce qu'il ressentait vraiment.
En tant qu'homme fier et digne, Namjoon le savait, mais il s'était laissé bercer par l'illusion, préférant croire que leur lien suffirait à tout réparer.
Son esprit vacillait, happé par cette phrase incomplète qui résonnait encore et encore.
Quand tout sera fini...
Puis, soudain, une idée pernicieuse s'infiltra.
Son cœur épris dépérit, son âme agonisa.
Et si, malgré tout ce qu'on a surmonté, quelque chose en Jungkook s'est irrémédiablement brisé ?
La simple idée était insoutenable.
Sa gorge se serra, l'air devenant encore plus lourd, trop épais pour être respiré. Son cœur battait frénétiquement, comme s'il cherchait à combler un vide qu'il redoutait plus que tout.
Un vide qui lui-même fabriquait. Que ses démons fabriquaient. Que ses traumatismes fabriquaient.
Son esprit ne connut pas de répit.
Une autre angoisse le saisit. La vision des paupières closes de Jungkook.
Loin de l'apaiser, elle le tourmenta.
Et s'ils demeuraient fermés des jours entiers ?
Pire encore, s'il ne les rouvrait jamais ?
Il ferma résolument les yeux, secouant doucement la tête pour repousser cette pensée envahissante. Mais elle revenait, impérieuse, telle une marée déchaînée, inondant son esprit de scénarios catastrophiques, plus insupportables les uns que les autres.
Il resserra doucement sa prise sur la main de Jungkook, espérant puiser un peu de réconfort dans cette chaleur humaine.
Pourtant, ses angoisses le dévoraient, l'empêchant de trouver la paix, même blotti contre cette présence apaisante.
Ses yeux s'embuèrent, sans qu'aucune larme ne coule. Il inspira profondément, mais c'était comme si l'air refusait de remplir ses poumons.
Ses yeux restèrent rivés au visage de Jungkook, à son souffle régulier, au mouvement doux et lent de sa poitrine qui se soulevait et s'abaissait. Il comptait même les battements de son cœur, pour s'assurer qu'il était toujours là.
C'était les seules choses qui l'empêchaient de sombrer complètement dans le désespoir.
Il passa une main tremblante sur son propre visage, essuyant les larmes qui menaçaient de couler. Elles restèrent prisonnières de ses paupières, tout comme cette peur restait enfermée dans son cœur.
Le silence l'oppressait.
Le souffle du vent glissant dans la pièce, le craquement furtif du plancher sous les pas voisins... Chaque son était démesurément amplifié dans ce silence, tendant son corps à l'extrême.
Un léger bruit attira son attention. Une fine branche feuillue frappant doucement contre la fenêtre. Il releva la tête, réalisant à quel point son esprit était hypersensible à tout.
« Je deviens fou... », chuchota-t-il, sa voix brisée.
Cela faisait deux jours entiers qu'il veillait sur lui de la sorte, sans relâche, sans véritablement dormir ni se nourrir. Mais cette nuit-là, une angoisse suffocante l'étreignait.
Pourquoi je n'arrive pas à m'apaiser ?
Il se pencha, embrassant son front de ses lèvres légèrement tremblantes. Il resta ainsi, savourant la chaleur apaisante qui irradiait sous ce tendre contact.
Tu es là, pourtant. Tu es chaud. Tu t'es définitivement réveillé. Je le sais.
Mais l'esprit était perfide, cruel.
Une vision brusque le heurta. Le visage paisible de Jungkook se métamorphosa en un masque horrifique. En celui livide et figé qu'il portait cette nuit-là. Sa peau glacée, ses lèvres bleutées par le froid glacial du fleuve. Et ses paupières...
Obstinément closes.
Comme maintenant.
Namjoon haleta, fermant les yeux, serrant fortement les yeux jusqu'à en voir des couleurs voleter derrière ses rétines, des volutes de lumière sans substance.
Il trembla sous la tourmente.
Non, ce n'est pas réel. Tu es là.
Il pressa davantage son corps contre le sien, son bras serrant sa taille. Il perçut l'accord régulier de leurs cœurs. Il perçut son souffle effleurant doucement son visage. Il chercha sa chaleur qu'il savait pourtant déjà présente.
Tu es là.
Et pourtant, rien ne suffisait. La terreur ne s'en allait pas.
Namjoon recula, la gorge nouée, le cœur se brisant un peu plus à chaque battement. De plus en plus difficile, son souffle semblait s'étioler, à l'image d'un monde qui s'évanouissait doucement autour de lui.
Qu'ai-je fait de mal pour mériter une existence où le répit m'est interdit ?
Il roula sur son dos et leva les yeux vers le plafond, son regard embué d'une émotion à vif. Une larme unique glissa le long de sa tempe dans un silence accablant.
Je ne peux plus vivre ainsi consumé, hanté, condamné à trembler à l'idée de voir mes proches m'être arrachés.
Un frisson glissa le long de son échine.
C'est d'une cruauté sans nom. Tellement inhumaine... Insensée.
Il retrouva sa posture initiale, se penchant à nouveau vers Jungkook. Il le contempla. Son souffle profond et régulier, sa poitrine se levant et s'abaissant à un rythme régulier.
Mais cette tranquillité apparente lui apparaissait comme un leurre, un piège cruel tendu par ses propres peurs.
J'aurais dû refuser les appels trompeurs de mon cœur. J'aurais dû rester enfermé dans ma solitude, loin de toi, loin de ta lumière.
Un soupir tremblant lui échappa.
La souffrance aurait été bien moindre.
Sa main glissa doucement sur la joue de Jungkook.
Je t'aime. Mais t'aimer, c'est me condamner à un abîme d'où je ne reviendrais jamais, si je te perdais.
La chaleur de sa peau, bien qu'accentuée par son sommeil, était un réconfort fragile.
Je suis si pitoyablement faible.
Il agonisait en silence.
Incapable de me convaincre que l'horreur est désormais derrière nous.
Son cœur se broyait sans arrêt.
Tout me murmure à quel point les choses restent fracturées, irréparables, comme un miroir fracassé.
Son âme était glacée par la terreur.
Comme mon âme, réduite en une infinité d'éclats éparpillés si loin que rien ni personne ne pourra jamais les rassembler.
Cette terreur viscérale ne cessait de croître.
Pas même toi, mon amour. Pourtant, toi seul parviens à effleurer ce chaos, à recoller quelques morceaux épars.
Il luttait pour ne pas céder totalement à la panique, à éveiller égoïstement Jungkook pour contempler ses yeux ouverts.
Mais même ta tendresse vacille face à l'immensité de ce vide.
Sa main glissa lentement jusqu'à la poitrine de Jungkook, où il sentit le constant battement de son cœur. Il resta ainsi, immobile, ses doigts légèrement pressés contre cette pulsation rassurante.
Une vague de panique monta. Encore. Il vérifia son souffle, ses battements de cœur et sa chaleur. Encore.
Chaque vérification lui apportait un soulagement éphémère, aussitôt éclipsé par une peur nouvelle.
C'était ainsi, sans arrêt.
Il se torturait inutilement.
Non, il ne pourrait pas s'apaiser.
Il resta ainsi, son front contre celui de Jungkook, ses doigts toujours pressés contre sa poitrine.
Les heures passèrent.
Il ne ferma jamais les yeux.
Il n'osait pas.
Pas tant que Jungkook ne rouvrirait pas les siens.
À suivre...
Ah là là, les traumas... Non seulement il est hanté par l'abandon, mais en plus il faut qu'un trauma en plus s'ajoute...
Quelle auteure perfide, je suis... (🌝🫰🏼)
À tout de suite pour le suivant (double update, today < 3)
𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤
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