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𝐕𝐈𝐈 | 𝐑𝐞𝐛𝐞𝐥𝐥𝐢𝐨𝐧

La cantine, vaste salle aux murs en bois sombre, était un lieu vibrant de vie et de bruit.

Les tables en bois laqué étaient ornées de petits pots de condiments et de bols en céramique ébréchés par le temps. L'air était saturé des odeurs variées des plats : les arômes épicés de la sauce soja, les senteurs terreuses des légumes cuits et l'effluve plus discret du poisson grillé. Les cliquetis des baguettes en acier se faisaient entendre en harmonie avec les bruits des assiettes et des bols. Les voix des étudiants, tantôt joyeuses, tantôt plaintives, se perdaient dans un tourbillon de bruit et de mouvement.

Ils restaient toujours dubitatifs quant aux saveurs et aux « bienfaits » des plats préparés par les cuisiniers de Sungkyunkwan.

Pendant ce temps, les professeurs et le personnel administratif jouissaient de privilèges particuliers dans une salle plus intime, séparée par un rideau lourd en soie. Parmi leurs délices se trouvaient les bouteilles d'un alcool de prune distillé depuis des générations. Le cliquetis des verres se mêlait aux éclats de rire et aux discussions animées, créant un fond sonore de convivialité et de détente. Cette liqueur douce et fruitée caressait le palais avec une telle délicatesse qu'elle donnait l'illusion de flotter sur un nuage.

Et aujourd'hui, elle était exceptionnellement servie aux élèves majeurs qui en demandaient.

Namjoon contempla ce breuvage sur son plateau, songeant qu'un verre ne pourrait que lui faire du bien. Sans être un fin gourmet, il se souciait peu de ce qu'il mangeait tant que cela remplissait son estomac. Mais cette fois-ci, il se permit une exception.

Avec une précision décontractée, il plongea ses baguettes dans la chair à demi-cuite du poisson, le bruit léger du métal contre la porcelaine résonnant dans l'air. En détachant un morceau, il le trempa dans la sauce soja avant de le porter à ses lèvres. L'instant d'après, il luttait pour ne pas tout recracher. Résigné, il dirigea son attention vers le bol de riz. Trop cuit, il formait une pâte blanche et collante qui s'accrochait désagréablement aux dents.

À l'autre bout de la cantine, un gémissement désespéré se fit entendre, résonnant comme une note discordante dans le tumulte ambiant. Découvrant avec horreur le contenu de son repas, Seokjin laissait échapper un mécontentement vibrant de frustration. Mingyu fulminait, les lèvres retroussées en une grimace menaçante, prêt à incendier les cuisines si les marmitons persistaient dans leur médiocrité. Yoongi observait avec amusement et une patience tranquille les exclamations de ses compagnons.

Le brouhaha général fut interrompu par l'arrivée du doyen, dont les pas lourds et mesurés résonnaient sur le carrelage. Sa présence apaisa les esprits échauffés, apportant un calme relatif à la salle.

Déterminés, Mingyu et Seokjin s'avancèrent vers le vieil homme, leurs voix se faisant plus claires à mesure qu'ils exprimaient avec ferveur leurs doléances. Le cliquetis des couverts s'atténua alors que tous se tournaient vers cette interaction. Patient et bienveillant, Jeong les écouta attentivement, promettant d'examiner les menus des jours à venir.

L'émeute fut évitée, et chacun regagna sa place, le bruit et l'agitation reprenant lentement leur cours habituel. Les discussions recommencèrent à s'élever dans l'air, mêlées au cliquettement des couverts et au murmure des échanges amicaux.

Pourtant, l'ordinaire prenait une teinte de désolation accrue, pour Namjoon.

Autour de lui, des groupes étaient formés.

Mais à ses côtés, les chaises demeuraient désespérément vides.

Il ne pouvait se plaindre, n'est-ce pas ? Cette voie, il l'avait embrassée il y a longtemps avec une résignation tranquille.

Et pourtant, malgré son mépris pour les autres élèves, il ne pouvait s'empêcher de ressentir, parfois, un pincement d'envie face à leurs amitiés insouciantes et complices.

Juste un peu...

À commencer par celle fusionnelle entre Hoseok et Taehyung.

Puis celle de la bande de Jungkook.

Namjoon soupira. Il essaya de le chasser de son esprit, mais ses pensées se mutinèrent, et des visions douloureuses apparurent derrière ses paupières irritées par l'insomnie. Il aurait dû voir, sentir dans chaque geste que Jungkook n'était pas encore prêt à lui confier son cœur tout entier.

Peut-être ne le ferait-il jamais.

Le souvenir de ses paroles, de son expression d'abord glaciale, puis terriblement désolée serrait son cœur.

Deux jours s'étaient écoulés depuis ce qu'il considérait comme sa faute irréparable.

Deux jours où ils s'étaient soigneusement évités.

Et une nuit et demie de sommeil perdu pour Namjoon, ses yeux rougis en témoignant.

Il se frotta les paupières, sentant ses cernes assombries à vue d'œil.

Cela avait même préoccupé maître Lee qui lui avait fermement conseillé de ne plus passer ses nuits plongé dans ses livres. Namjoon avait réprimé un rire amer. Si seulement les livres étaient la cause de son trouble de sommeil.

Quelques retardataires firent irruption dans la cantine, enveloppant le léger brouhaha d'un éclat sonore. Namjoon leva la tête à l'instant précis où une silhouette massive se glissait entre les tables. Les cheveux ébouriffés et le visage tiré par la fatigue, Jungkook semblait lui aussi avoir veillé toute la nuit.

Mingyu lui adressa un signe de la main tandis que Yoongi se décalait pour lui faire une place. Les yeux de Jungkook s'illuminèrent en les voyant, et leur offrit ce magnifique sourire qui ne manquait jamais de faire bondir le cœur de Namjoon.

Il baissa immédiatement la tête.

Il devait finir ce repas insipide au plus vite.

Heureusement, il n'y avait rien à savourer.

Mingyu laissa échapper une exclamation de surprise, attirant à nouveau l'attention de Namjoon. Jungkook, dans un geste d'excuse, passa devant leur table sans s'arrêter, se frayant un chemin au milieu des étudiants intrigués. Certains affichaient ouvertement leur réticence à l'idée qu'il partage leur espace. Les conversations s'atténuèrent, et les regards se tournèrent vers eux alors que le rebelle Jeon prenait place face au prodige Kim.

Jungkook feignit une indifférence étudiée et se mit à avaler le riz et le poisson avec célérité, ses baguettes dansant entre ses doigts. La fadeur du repas ne semblait pas l'affecter alors qu'il vidait son bol et son assiette avec détermination.

Peu à peu, l'intérêt qu'ils avaient suscité se dissipa, et ils cessèrent d'être le centre d'attention de la cantine.

« Pour une école prestigieuse, ils devraient avoir honte de nous servir des mets aussi déplorables », dit Jungkook après avoir avalé une dernière bouchée de poisson.

Namjoon resta silencieux, perplexe. Était-ce une provocation de sa part, ou simplement son incapacité à se tenir éloigné de lui qui le poussait à venir s'asseoir face à lui, devant tous, avec une apparente désinvolture ?

« Tu as une petite mine... », souffla Jungkook, peiné et inquiet.

Namjoon se pinça les lèvres, puis exhala un soupir lourd de sens.

« Tu ne m'écoutes jamais, n'est-ce pas ? Ne t'ai-je pas demandé de ne plus te présenter devant m...

— Je m'en veux terriblement, l'interrompit Jungkook d'une voix éraillée, la gorge serrée.

— Écoute, soupira Namjoon en secouant la tête. C'est moi qui m'excuse. Je ne t'ai pas tenu rigueur. J'étais simplement... »

Trop blessé pour réagir avec calme.

« Surpris, acheva-t-il dans un souffle ténu.

— Namjoon, enfin... s'indigna-t-il dans un murmure. Comment tu as pu imaginer un seul instant que tu étais en faute ?

— Peut-être aurais-je dû faire preuve de plus de vigilance, dit-il avec une expression mêlant irritation et regret. Tu n'aurais jamais dû accepter ma proposition si au fond de toi, tu n'étais pas si sûr », ajouta-t-il sur un ton de reproche.

Jungkook le regarda un instant, ses yeux porteurs d'un secret qu'il hésitait à partager. Résigné, il baissa la tête, fit glisser son plateau sur le côté, croisa les bras sur la table. Puis, dans un souffle léger, il sembla puiser le courage de dévoiler une parcelle de son âme.

« Namjoon, dit-il d'une voix douce, levant un visage teinté de remords. Je ne sollicite pas ton pardon, je reconnais que j'ai mal agi. Tu n'y es pour rien et tu ne méritais pas un tel revirement, alors que j'étais... j'étais pleinement consentant tout du long et... »

Et bon sang, c'était sensationnel.

Il s'éclaircit timidement la voix et détourna légèrement le regard, quelques éclats d'incarnadin colorant ses joues d'albâtre.

Namjoon l'écoutait en le contemplant avec une admiration sans borne. Il gravait chaque parcelle de sa peau dans sa mémoire, s'abreuvant de l'apparition de cette charmante teinte rosée.

« J'ai beaucoup... aimé », poursuivit-il dans un murmure timide, le regard fuyant.

Une vague de fierté et de bonheur déferla dans le cœur de Namjoon, le faisant vibrer. Un doux sourire fleurit sur ses lèvres. Il secoua lentement la tête, incapable de contenir ses émotions. Comment aurait-il pu rester impassible devant l'amour de sa vie, qui se tenait là, se repentant avec tant de charme, de timidité et de sincérité ?

« Est-ce que tu accepterais de m'expliquer la raison d'un tel revirement ? », demanda-t-il avec réticence.

Il redoutait la réponse.

Peut-être lui avouerait-il que leurs étreintes n'étaient plus désirées, que leur amitié n'était plus qu'un souvenir évanescent.

« ...On est deux hommes, Namjoon », murmura-t-il, l'air à la fois égaré et navré.

Une douleur poignante compressa le cœur de Namjoon. Il serra les dents.

« Je comprends ta peur », répondit-il en hochant la tête.

Il se refusait à lui asséner les sempiternelles leçons de morale, telles que « je croyais que tu te moquais de l'opinion des autres » ou « je te pensais plus courageux que ça », ou encore « ça n'avait pas l'air de te déranger, ces dernières semaines ». Il savait que ce serait le juger et le rabaisser injustement, alors que Jungkook, armé de tout son courage, était venu s'excuser et lui fournir une explication.

Ça voudrait dire qu'il tient un tant soit peu à moi, n'est-ce pas... ?

« Tu sais déjà que les règles m'importent peu, reprit Jungkook, le surprenant. Je n'aspire pas à devenir fonctionnaire, et mes choix de vie me concernent. Donc, ce qu'on a fait jusqu'à présent ne m'a jamais posé de problème. Simplement... »

Il se tut, mordillant sa lèvre comme pour dénicher les mots égarés, son regard rivé à un point invisible sur la table.

Namjoon sentait son cœur battre sous l'expectative, anxieux.

Seulement quoi ? Vas-tu me rejeter encore ? Cette fois de manière définitive ?

Jungkook jeta un coup d'œil furtif à sa droite, puis à sa gauche, avant de se pencher vers lui, s'appuyant davantage sur ses bras croisés. Presque en écho, Namjoon se rapprocha également, irrésistiblement attiré.

« Tu es attiré par les femmes et les hommes, ou tu préfères seulement les hommes ? », murmura timidement Jungkook, sous le ton de la confidence.

La perplexité était peinte sur le visage de Namjoon. Il s'était attendu à ce qu'il poursuive son explication.

« Seulement les hommes, souffla-t-il avec gravité après un léger silence.

— Et tu l'as toujours su ?

— Pas jusqu'à un certain moment. »

Jungkook parut surpris, la bouche légèrement ouverte sous l'étonnement. Il s'éclaircit la voix.

« Et... tu n'as jamais eu un conflit interne avec ton identité ? Tu n'as jamais été confus par ta préférence ? Tu... »

Il baissa la tête, cherchant ses mots.

« Tu n'as pas eu peur... ? », murmura-t-il en relevant les yeux, une sincère curiosité se mêlant à une légère hésitation dans son regard.

Namjoon fut soulagé d'entendre des mots normaux dépourvus de la lourdeur de « déviation », « anormalité» ou « maladie » que ses compagnons de nuit avaient si souvent employés, incapables de pleinement s'accepter.

La simple évocation de cette pensée fit fleurir en lui un amour encore plus grand.

« J'ai traversé une période de confusion, acquiesça-t-il. Mais j'ai rapidement compris que le regard des autres pouvait être destructeur. J'en ai souffert en silence.

— À cause de l'opprobre sur ta famille ? dit-il avec une tristesse empreinte de compréhension.

— Précisément. J'ai appris à m'en détacher dès mon plus jeune âge. Mine de rien, ça a eu un effet plutôt bénéfique sur mes préférences, me permettant de pleinement m'accepter malgré l'oppression des idées.

— Je trouve ça bien courageux, mais on risque de te stigmatiser... Ça pourrait entacher ton honneur et réduire à néant tous tes accomplissements futurs », murmura Jungkook, visiblement troublé et inquiet.

Namjoon lâcha un bref rire dépourvu de joie.

« J'ai déjà tout perdu, Jungkook. »

Un silence lourd s'installa, seulement interrompu par la voix douce du Jeon.

« ...Non. Tu es en train de te construire une vie. Et tu m'as encore », dit-il du bout des lèvres.

Pour toute réponse, Namjoon esquissa un sourire résigné, ses pensées restant prisonnières de son cœur.

Oui, mais pour combien de temps, encore ?

« J'ai réalisé ça lorsque mon regard se portait davantage sur les hommes que sur les femmes, dit Namjoon en reprenant le sujet principal. J'ai tenté une aventure avec une fille de mon âge, à ma majorité. D'une beauté envoûtante, avec des courbes parfaites, elle était irrésistible pour tout homme. Et pourtant... »

Il se tut, laissant ses souvenirs l'emporter avec un subtil sourire aux lèvres avant que lâche un souffle rieur.

« Et pourtant... ? insistant Jungkook, ses grands yeux brillants de curiosité, ne pouvant empêcher un petit sourire.

— Et j'ai fini par être insulté et frappé avec un éventail parce que je ne réagissais pas. Il y avait un petit souci de coopération en bas. Je m'y attendais un peu, je voulais juste être sûr. »

Jungkook cligna des yeux, imagina la scène, puis rit en rejetant sa tête en arrière, augmentant le rictus de Namjoon, dont l'âme fut charmée par cet éclat aux airs de paradis.

Les regards se posèrent sur eux, lourds de curiosité et de jugements silencieux. Mais ils étaient insensibles à ces œillades furtives. À force d'être scrutés ainsi pendant des années, ils avaient appris à laisser glisser ces attentions sur eux comme la pluie sur la pierre, indifférents.

Ils ne les voyaient même plus.

« Je me suis simplement conformé à qui je suis, en silence, reprit-il en retrouvant un air sérieux. Je ne le clamerai pas haut et fort, l'important est que je sois en phase avec moi-même.

— Oui, ça se ressent », approuva Jungkook, l'admiration s'entendant dans sa voix.

Namjoon acquiesça.

« Bien que cette stigmatisation simplement pour aimer les hommes me révolte profondément, » déclara Namjoon, le visage marqué par un mépris profond, les poings serrés.

Jungkook baissa la tête, peiné de voir son ami porter un tel fardeau de ressentiment, souhaitant pouvoir alléger cette amertume.

« Mais tu arrives à trouver des partenaires ? »

Namjoon se perdit un instant dans le creux de ses perles noires scintillantes de mille éclats de vie. Il se sentit envahi par une douce chaleur, comme si tout son être s'épanouissait sous le regard de l'autre, se laissant envoûter par cette étrange sérénité qui l'enveloppait.

« Bien sûr.

— Comment ?

— On a des codes pour se reconnaître.

— ...Vraiment ? Quels codes ?

— Le classique jeu de regards.

— Seulement ça ? s'étonna-t-il.

— Tu sembles déçu, répondit-il, amusé.

— Non, rit-il doucement. Je pensais simplement à quelque chose de plus raffiné, pour éviter toute ambiguïté. Que se passe-t-il si le message n'est pas compris, ou pire, s'il est mal interprété et te met dans une situation délicate ?

— Il peut y avoir des effleurements, glissa-il, malicieux. Ou un petit mot glissé dans la manche avec des points de rencontre ou des repères. Parfois, tout commence par un compliment, c'est d'ailleurs ma méthode préférée. Rassure-toi, il n'y a pas de confusion possible.

— Oui, mais comment tu sais si la personne est attirée par les hommes avant que tu la complimentes ? » demanda Jungkook, l'air perplexe.

Namjoon ne put s'empêcher de le fixer un petit instant, l'air mutin et amusé.

« Quoi... », grommela Jungkook en se renfrognant.

Namjoon lâcha un petit souffle rieur.

Adorable.

« Excellente question. Avec le temps, on apprend à percevoir les signes, même les plus discrets. Un geste, une posture, un regard, ou la réaction à un commentaire peuvent révéler une certaine ouverture. Parfois, il s'agit simplement de sentir l'atmosphère qui entoure une personne. Cette intuition se développe peu à peu. C'est pour ça que je privilégie toujours les compliments subtils, ça me permet de sonder les eaux sans risquer un grand plongeon. »

Jungkook acquiesça vivement, immergé dans ses explications. Namjoon ne put s'empêcher de le contempler amoureusement.

« Il y a aussi des occasions où on doit se contenter de simples mots échangés. Une fois que tu as engagé la conversation, tu peux souvent déceler des indices dans la façon dont l'autre personne parle, dans les anecdotes qu'elle partage. Mais surtout, il faut être prêt à accepter les réponses, qu'elles soient positives ou non. C'est un jeu de patience et d'observation. »

Jungkook battit des cils, étonné, puis hocha la tête, ses épaules s'affaissant sous le poids d'un timide embarras en imaginant Namjoon en train de le séduire.

Il prit un moment pour assimiler les paroles de Namjoon.

Puis, un petit sourire taquin naquit sur ses lèvres.

« C'est vrai que, vu la délicatesse de certains, un regard intense pourrait facilement passer pour une menace, pouffa Jungkook. Imagine, tu tentes d'aborder un jeune lettré, et le voilà qu'il te défie en duel à l'épée ? »

Il éclata de rire, tandis que Namjoon s'esclaffait, l'image d'un duel maladroit dans un champ de fleurs lui traversant l'esprit.

« Ou pire, renchérit Namjoon. Tu t'approches doucement pour lui glisser un mot doux dans la manche... et il croit que tu cherches à lui dérober sa bourse. »

Le rire de Jungkook fit vibrer son cœur comme un colibri en plein vol.

« Ou bien, dit Jungkook, toujours hilare, tu l'invites à un rendez-vous secret, et il arrive entouré d'une escorte armée, convaincu qu'il s'agit d'un piège tendu par une faction rivale.

— Au moins, si je me déclare, j'aurais un public, peut-être même un défilé, qui sait ? sourit Namjoon.

— Et un très court défilé, alors répliqua Jungkook en riant. Avant que les gardes ne t'empoignent. »

Leurs rires se firent plus doux, plus intimes.

Libérés du poids des convenances, leurs cœurs s'égayaient dans l'absurde, trouvant dans la légèreté de leurs mots une liberté précieuse, une audace rare, celle de rire de l'interdit.

« Après tout... souffla Jungkook, les yeux baissés et l'expression empreinte d'une douce mélancolie. N'est-ce pas l'amour, la plus belle des rébellions ? »

Namjoon se figea. Ses mains tremblèrent imperceptiblement, un souffle hésitant s'échappa de ses lèvres. Deux jours plus tôt, il avait haï l'idée même de l'amour, décidé à enfouir cette chimère dans les recoins les plus sombres de son cœur.

En vain, bien sûr. Ce n'était que sous le coup de son effondrement émotionnel.

Mais voilà que Jungkook, d'une phrase douce et inattendue, ébranlait cette résolution farouche, faisant vaciller le mur de mépris qu'il avait tenté d'ériger.

Un sourire incertain se dessina sur ses lèvres, fragile et douloureux. Il se mura dans le silence.

« C'est... ce n'est pas si différent avec les femmes, constata Jungkook, après s'être doucement éclairci la voix.

— Non.

— Tu as eu beaucoup d'amants ? », demanda-t-il curieusement.

Un léger pincement au cœur le surprit lorsque Namjoon hocha la tête.

« Juste quelques-uns. Tu serais surpris du nombre d'hommes qui se cachent, Jungkook.

— Pas vraiment, non.

— Ah oui ? »

Jungkook hocha la tête.

« Tu es déjà allé au Pavillon Doré ? demanda Jungkook, un léger embarras colorant ses joues.

— Ce n'est qu'une maison de thé », dit Namjoon, perplexe.

Il avait peur de comprendre.

« Oui, mais disons que je connais quelqu'un... un ami. Et ça s'est fait tout seul. C'était juste par curiosité, je te l'avais dit.

— Je me souviens, oui », dit-il après un bref silence, se remémorant l'instant.

Namjoon montrait un visage amusé, mais intérieurement, il ne put empêcher une jalousie insidieuse s'écouler dans ses veines, un venin doux-amer à la pensée qu'il n'avait pas été le premier homme à l'intéresser.

Et il savait très bien de qui il s'agissait.

Chan.

Son ami.

Ainsi, Jungkook aussi le connait...

« Qui c'était ?

— Je te trouve bien curieux, Kim... le taquina-t-il.

— Tu n'es pas obligé de répondre, rétorqua-t-il, un rictus en coin.

— Tu... »

Il s'éclaircit doucement la voix, se penchant plus près.

« Tu sais que quelques courtisans s'y cachent ? Tu les connais ? chuchota-t-il.

— Oui, mais je n'en ai jamais croisé. J'y vais simplement pour rendre visite à un ami et lui donner nos leçons de la semaine et je les croise. Je ne suis pas friand de courtisans », répondit-il avec une neutralité bienveillante.

Jungkook haussa les sourcils, surpris. Puis, il prit une profonde inspiration, mordilla sa lèvre, détourna le regard avant de soupirer. Puis, dans un geste hésitant, ses yeux retrouvèrent ceux de Namjoon, qui, amusé, le contemplait avec la fascination d'un explorateur devant une créature rare en pleine vie.

« ...C'est... il s'appelle Chan », dévoila-t-il avec une légère réticence, embarrassé.

Namjoon émit un clappement de langue.

« Évidemment, celui qui ressemble le plus à une femme... railla-t-il, décidé à l'embêter.

— Et alors ? aboya presque Jungkook, le rouge aux joues. Et n'en parle pas comme si c'est un... ! »

Il baissa la voix.

« Chan n'est pas un courtisan, il y habite avec Haein-ssi, sa tutrice ! », s'écria-t-il en chuchotant.

Namjoon pouffa, amusé par la ferveur avec laquelle Jungkook défendait leur ami.

« Je sais, calme-toi. Chan est également mon ami.

— Quoi ? Vraiment ? », s'exclama-t-il, attirant de nouveau sur lui les regards curieux des autres étudiants.

Sa mine renfrognée laissa place à un étonnement éclatant.

Namjoon sourit, amusé, lisant dans les yeux de Jungkook le ballet silencieux de ses pensées qui s'emballaient.

« Oh, donc c'est à lui que tu apportes nos leçons ? »

Namjoon acquiesça.

« Pourquoi il ne va tout simplement pas à l'école ?

— Ça le regarde. »

Jungkook fit une petite moue, feignant la déception, donnant naissance à quelque ridules supplémentaires aux coins des yeux de Namjoon.

« Et vous avez déjà... été amants ? », souffla-t-il, un brin d'embarras froissant son visage.

Namjoon lui adressa un clin d'œil en guise de réponse, préférant lui accorder le troublant privilège du doute.

Mais lorsqu'il vit les joues de Jungkook s'empourprer vivement, ses yeux fuyant son regard avant de se cacher derrière ses mains en grommelant, un sourire attendri se dessina sur ses lèvres, accompagné d'un rire léger, charmé par sa douce réaction.

Je ne pourrais jamais me passer de lui...

« Tu as regretté ? demanda Namjoon. Avec Chan, je veux dire.

— Non.

— Vraiment ? insista-t-il, surpris.

— Oui, vraiment... », balbutia-t-il d'une petite voix, le regard fuyant.

Jungkook redoutait l'instant où Namjoon briserait le silence avec cette question fatidique : « Alors pourquoi as-tu fui, avec moi ? »

Mais cette interrogation ne vint jamais, et un profond soulagement se répandit en lui, dissipant ses angoisses comme une brume matinale.

Il ne pouvait cependant ignorer la lueur dans les yeux de Namjoon, une lueur qui trahissait que la réponse se trouvait peut-être déjà dans leurs silences partagés.

En vérité, Namjoon avait compris. Ou du moins, pensait avoir compris.

Ce n'était qu'une simple déduction issue de son esprit analytique.

Le véritable tourment de Jungkook ne résidait pas seulement dans la peur de préférer les hommes autant que les femmes, mais dans la profondeur de ses sentiments.

Namjoon osait y croire.

Après tout, Jungkook était assez courageux pour s'aventurer au Pavillon Doré, puis de permettre à Namjoon de l'approcher de manière plus intime.

Peut-être une émotion l'avait-elle traversé, il y a deux jours, pour me fuir de la sorte ? Ça présage bien une lutte intérieure contre ses propres sentiments, n'est-ce pas ?

Incapable de repousser cet espoir périlleux, il s'y abandonna, conscient que la souffrance l'attendait peut-être au bout du chemin, lorsque la vérité se dévoilerait.

Lorsque Jungkook le rejetterait avec la douceur qui le caractérisait.

Il préférait que Jungkook le haïsse. Ce serait moins douloureux.

« Jungkook, je... »

Il s'humecta les lèvres, passant une main dans ses mèches noires.

« Nul ne te dicte ta conduite ou tes émotions, encore moins ta vie. Vis les expériences qui t'attirent. Ne réfléchis pas outre-mesure au risque de te brider et finir malheureux, car ce qu'on cache désespérément finit toujours par nous dévorer. Et c'est la dernière chose que je te souhaite. »

Jungkook demeura un instant silencieux, laissant les paroles de Namjoon s'imprégner en lui, méditant sur leur signification profonde.

C'était comme si Jungkook avait déchiffré le message secret, percevant l'essence voilée de ses mots. Son âme avait été effleurée par une brise murmurant avec la voix de Namjoon : « Abandonne-toi à moi et fais-moi confiance. »

Son cœur se serra en même temps qu'une angoisse sourde étreignait son ventre.

« Est-ce qu'ils étaient... effrayés, tes partenaires ? murmura-t-il, avant de déglutir discrètement.

— On l'est tous.

— Toi aussi ?

— Évidemment, même si je suis davantage en colère. Pour ce qui est jugé immoral par des esprits fermés, on risque l'exil, les travaux forcés, la flagellation, la perte de statut ou de titre, l'emprisonnement, voire la peine de mort. Pourtant, c'est quelque chose qu'on ne peut pas contrôler, c'est en nous, on naît ainsi. Ils nous forcent à aller contre notre nature. Je refuse, bien sûr. Mais je reste lucide et je me tais. Mais plus je me tais, plus ma rancune enfle. C'est difficile à supporter. »

Namjoon n'avait pas une seule fois détourné le regard, chaque mot porteur de la gravité de leur relation interdite. Il souhaitait que Jungkook comprenne pleinement les risques, même si ce dernier en avait déjà conscience. Il voulait qu'il fasse un choix éclairé, pesant soigneusement la raison contre les sentiments – s'il y en avait – et décide en accord avec ses désirs profonds.

« Tu es courageux », souffla Jungkook après un moment de silence.

Namjoon lui répondit par un léger hochement de tête, un petit sourire triste.

« Est-ce que quelqu'un d'autre ici partage la même préférence que toi et Chan ? »

Namjoon parut réfléchir un moment avant de se résigner.

« Garde ça pour toi, d'accord ? »

Les yeux brillant de curiosité, Jungkook hocha la tête avec évidence.

« Kim Taehyung », chuchota-t-il.

Surpris, Jungkook ouvrit la bouche, un sourire étonné se dessinant sur ses lèvres, ce qui fit sourire Namjoon à son tour.

Soudain, un éclair de mémoire traversa l'esprit de Jungkook : cette conversation entre Namjoon et Taehyung, surprise dans l'aire d'entraînement au tir. Il perdit son sourire. Comment avait-il pu oublier qu'ils avaient été amants ? Une amertume brûlante s'empara de lui, laissant sur sa langue l'empreinte âpre de la jalousie.

« Il est... il est au courant pour toi, alors ? murmura Jungkook, avant de se pincer les lèvres, les sourcils légèrement froncés.

Namjoon perçut des signes révélateurs dont il se doutait de la provenance : la jalousie. Impossible de manquer son regard plus sombre, presque fuyant. Sa mâchoire tendue, crispée comme s'il luttait pour maîtriser son expression. Ses lèvres pincées, ses bras croisés davantage serrés et ses épaules tendues.

Namjoon esquissa un sourire en coin.

Il est si facile de lire en lui...

« Il a déjà partagé ma couche à quelques reprises, si c'est ce que tu voulais savoir », répondit-il avec un sourire narquois.

Le cœur de Jungkook se serra douloureusement, accentuant un malaise qu'il tentait de dissimuler. Il demeura silencieux, se forçant à ne pas réagir à cette affirmation.

Je le sais déjà.

Il n'apprécia guère cette confidence. Il ressentit de nouveau cette même pointe aiguë de jalousie, cette brûlure sourde et persistante dans sa poitrine.

Il n'eut même pas conscience de la soudaine fermeté de son visage, ses yeux fixant Namjoon d'un regard plus noir, tant il était rongé, torturé, par ce sentiment dévoreur.

De son œil perçant et scrutateur, Namjoon perçut aisément cette instabilité en lui. Il réfréna l'élargissement de son sourire, mais son cœur s'emballait, s'emballait, jusqu'à risquer l'implosion de joie.

...L'ampleur de sa jalousie est éloquente. Est-ce là une réponse inconsciente ?

« Je ne sais pas si j'aurais ton courage, éluda Jungkook, après un petit moment de silence.

— Permets-moi de te contredire. Tu l'es suffisamment pour m'accorder ta confiance, Jungkook », dit-il avec douceur et bienveillance.

Jungkook sentit ses joues se colorer, appréciant cet encouragement.

« Vu comme ça... murmura-t-il en riant timidement, se grattant l'arête du nez. Avec toi, je ne me suis pas vraiment posé de questions.

— Jusqu'à il y a deux jours... »

Jungkook détourna le regard, accablé.

Son cœur battait à tout rompre tandis que les souvenirs de cette nuit défilaient devant ses yeux, ses pupilles se dilatant progressivement sous l'emprise d'une tension vorace et soudaine. Il s'était découvert une nouvelle facette, et son ego oscillait entre l'accepter et la repousser.

Il luttait pourtant contre le désir de faire des louanges à Namjoon sur la façon dont il l'avait comblé. Il était accoutumé à ce genre de gâterie. Mais aucune n'arrivait à la hauteur de ce que Namjoon lui avait fait éprouver. Cela touchait une corde sensible au plus profond de son être.

Et cette résonnance intérieure transcendait tout ce qu'il avait connu jusqu'alors.

Il n'avait jamais tremblé – littéralement tremblé – d'émotions inédites. Ni émis autant de sons dont il en était à présent honteux.

Et jamais il n'avait été si docile, offert, attendant d'être choyé. Depuis quand se laissait-il aussi aisément contrôler ?

Il y avait eu cette bascule inédite et momentanée dans un monde étranger, éphémère, mais dont il brûlait déjà de retrouver la douce ivresse.

Douce. Dévastatrice.

Et le bonheur qui l'avait enveloppé dans un coton de nuage si doux après la violence de sa volupté.

Inoubliable.

Sans parler de l'aura séduisante de Namjoon qui l'écrasait comme s'il n'était qu'une proie à dévorer...

Exaltant.

Il adorait s'y plier.

Il l'avait même appelé mon doux.

Des papillons dansèrent en une nuée légère dans son ventre, tandis que ses yeux scintillaient et que son cœur, emporté par une douce fébrilité, accélérait son rythme.

Bon sang.

Il s'éclaircit la voix, secoua la tête, maudissant son teint d'albâtre qui trahissait ses rougeurs.

Mêlant tendresse et espièglerie, le regard de Namjoon ne l'avait pas quitté, s'abreuvant de ce qui se manifestait à travers les fenêtres de son âme, et sur son visage.

« Toi, tu as des pensées impures...

— Pas du tout, rétorqua-t-il aussitôt en grommelant.

— Oh, pas à moi. Je reconnais cette lueur dans tes yeux, même ton souffle te trahit.

— Pourrais-tu cesser de me...

— Suis-je l'objet de ces doux fantasmes ? l'interrompit-il avec malice.

— Namjoon, grogna-t-il en guise d'avertissement, rouge de gêne.

— Tu songeais à nos baisers passionnés ? À nos caresses ? À la manière dont mes mains chérissent ton corps ?

— Tu es vraiment sans vergogne... !

— Oh, ou alors tu pensais à ce moment spectaculaire où je t'ai si délicieusement dévo...

— Arrête ça, enfin ! », s'exclama-t-il en frappant la table de son poing, le visage empourpré, brûlant de gêne, et le cœur battant la chamade.

Namjoon laissa échapper un léger rire, une mélodie douce qui fit naître un sourire mi-amusé mi-irrité sur les lèvres de Jungkook, malgré la teinte carmin du trouble qui envahissait la totalité de son visage jusqu'à ses clavicules.

Jungkook tenta de reprendre contenance et ancra des yeux noirs dans ceux amusés de son vis-à-vis.

« Si tu recommences, je...

— Tu feras quoi, exactement, mon doux, hm ? », répliqua-t-il aussitôt, taquin et caustique.

Déconcerté et plus rouge que jamais, Jungkook s'effondra, cachant son visage dans le creux de ses bras croisés sur la table.

La voix étouffée de Jungkook se fit entendre, tremblante.

« Je te déteste, Kim Namjoon... »

Et Namjoon rit de plus belle.

Puis, un silence complice s'installa, enveloppé par le murmure lointain de la cantine.

Toujours caché dans le creux de ses bras, Jungkook luttait contre un sourire qui menaçait de le trahir. Finalement, il laissa échapper un profond soupir et se redressa lentement, son visage encore teinté de rose.

Profondément diverti, Namjoon allongea ses jambes sous la table, frôlant malicieusement celles de Jungkook. Ce dernier tressaillit, mais ne se déroba pas. À l'abri sous la longue nappe épaisse et couvrante, ils n'avaient rien à craindre.

Les yeux de Jungkook pétillaient d'un éclat à la fois joueur et légèrement intimidé.

« Ne penses-tu pas qu'il serait sage de cesser de jouer avec le feu, Kim ? », murmura-t-il avec douceur mais fermeté, un sourire discret aux lèvres.

Ses jambes répondaient au toucher de leurs semblables, plus taquines.

Namjoon arqua un sourcil, un brin provocateur.

« Et pourquoi donc, Jeon ? Après tout, le feu ne nous réchauffe-t-il pas ? »

Jungkook leva les yeux vers le ciel, puis un éclat de rire sincère éclaira son visage.

Leurs regards se rencontrèrent, et soudain, le temps parut se suspendre. Une douce chaleur, une proximité inattendue les enveloppaient, comme un accord silencieux de mettre en pause, l'espace d'un instant, la légèreté de leurs taquineries.

Lentement, l'expression de Jungkook se fit plus grave. Il glissa une main dans ses mèches sombres, le front plissé par une pensée furtive.

« Je sens que tu as quelque chose d'autre à me dire », dit Namjoon en reprenant son sérieux.

Jungkook inspira une grande goulée d'air, cherchant ses mots.

« Comme je te l'ai dit, je n'ai pas de problème majeur avec ce qu'on partage. Mais j'ai toujours aimé les femmes, et ton arrivée soudaine me bouscule. »

Il hésita un instant.

« Ça me force à... Je devrais renoncer à mes convictions...

— Ce n'est pas ce que je te demande, objecta-t-il doucement.

— Je sais. Mais d'une certaine manière, c'est un peu ça. Puis, je n'ai pas ton expérience en la matière.

— Ce n'est pas non plus ce que je te demande. »

Jungkook soupira, un sourire délicat effleurant ses lèvres, suffisant pour faire naître un celui ténu sur celles de Namjoon.

Jungkook se surprit à être déçu que le sourire du jeune Kim ne soit pas assez large pour dessiner les fossettes qu'il espérait tant voir apparaître sur ses joues.

« On reste amis, n'est-ce pas ? s'enquit Namjoon, dissimulant habilement sa nervosité.

— Amis ? Je pensais qu'on était un peu plus que ça », répondit Jungkook d'un ton charmeur.

La voix douce et profonde résonna comme un écho envoûtant dans l'esprit de Namjoon, lui coupant presque le souffle. Il s'efforça de respirer profondément, mais le léger ricanement fier qu'il entendit le tira de sa torpeur, lui faisant ouvrir les yeux qu'il ne se souvenait pas avoir fermés. Un clappement de langue réprobateur mais amusé s'échappa des lèvres du jeune Kim.

« Oh, tu veux dire amants ? », le taquina à son tour Namjoon, sur le même ton.

Jungkook perdit instantanément son sourire et son visage s'empourpra furieusement. Il haussa négligemment les épaules, puis hocha légèrement la tête, déclenchant un ouragan de bonheur en Namjoon.

Leur regards se verrouillèrent, et Namjoon expira lentement, ses muscles se relâchant imperceptiblement. Après s'être préparé à affronter les affres de la perte, à voir disparaître à jamais l'être qui illuminait son existence, il sentait enfin la tempête s'éloigner.

« Alors je peux perfectionner deux ou trois aspects dans ton éducation, déclara Namjoon d'un ton suggestif, sans ambages et avec assurance. Veux-tu atteindre mon niveau d'expertise ? »

Jungkook hoqueta de gêne et, dans un mouvement impulsif, il lui donna un coup avec sa jambe, mais son genou heurta le bois avec force, arrachant un grognement de douleur qui se mêla à un éclat de rire dans ses yeux, partagé entre l'embarras et l'amusement.

Le rire bref mais sonore de Namjoon résonna dans la cantine.

En un mouvement synchronisé, tous se retournèrent, stupéfaits pour la énième fois depuis que Jungkook s'était installé face à Namjoon.

De nouveau, ces derniers ne se soucièrent guère de leurs regards.

Le cœur battant, Jungkook savourait enfin la vue de ces fossettes dont il était friand, son admiration grandissant face à un tel charme brut et ensorcelant.

« Tu as conscience qu'on a débattu un sujet interdit au milieu de la cantine ? », pouffa Jungkook.

Namjoon afficha une mine sadique.

« Une manière de défier les règles. J'adore. On recommence quand tu veux.

— J'apprécie cette perspective. Après tout, la rébellion coule dans nos veines... »

Ils se regardent, les yeux scintillants.

« Le regard de tes amis me brûle le visage depuis tout à l'heure », railla Namjoon, sans les regarder.

Surpris, Jungkook hésita un instant avant de résister à l'envie de se retourner. Il soupira en passant une main lasse dans ses cheveux.

« Ils ne vont pas me rater... Je leur devrais des explications.

— Tu comptes te confier ? demanda-t-il après l'avoir scruté silencieusement.

— Je ne sais pas. Tu m'y autoriserais ? »

Namjoon demeura pensif.

« Je ne sais pas. »

Jungkook lui offrit un sourire sincère.

« Ce sont des amis fidèles. Mais je veux garder ça pour moi. »

Pour l'instant.

Namjoon se mordilla l'intérieur de sa lèvre inférieure, de nouveau plongé dans ses réflexions.

« Si tu en ressens le besoin, tu peux leur en parler.

— J'ai bien le droit à mon jardin secret, non ? », acheva Jungkook avec un clin d'œil.

Namjoon croisa son regard avec une intensité à la fois féroce et douce, combattant cette irrésistible pulsion d'envie de caresser sa joue, de capturer sa main dans la sienne, de le couvrir de baisers, de l'enlacer contre lui avec force.

Quant à Jungkook, il était captif de son regard intense, un regard chargé de confidences inavouées, frôlant les aveux d'un amour puissant. Cette attention particulière suscitait – encore et toujours – un mélange d'effroi et de douce excitation en lui. Comme un rêve inavoué prenant forme.

Malgré tout, Jungkook se sentait toujours fondre sous cette œillade perçante. Ces longs échanges de regards étaient d'une intimité troublante, surpassant de loin tout contact physique. Lorsque Namjoon plongeait ses yeux dans les siens, c'était comme si le monde autour disparaissait, comme si Namjoon ne s'intéressait plus à rien d'autre.

Comme s'il se rendait vulnérable, focalisant toute son attention sur celui qu'il aimait.

Oubliés, les regards des autres.

Et cela... cela remplissait Jungkook d'une exaltation honteuse.



Une ivresse douce-amère qu'il n'osait s'avouer.



À suivre...

Un petit chapitre qui devrait calmer ton cœur, héhé

À dimanche ! Le chap 8 marquera le début des "hostilités", si je peux me permettre 👀

𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤

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