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𝐈𝐈 | 𝐔𝐩𝐡𝐞𝐚𝐯𝐚𝐥

Upheaval (nom masculin) :

Un changement soudain et important, souvent accompagné de confusion, de chaos ou d'instabilité.

Un état de trouble émotionnel intense, où les sentiments ou situations habituelles sont profondément perturbés, provoquant agitation ou détresse.






Jungkook mordillait l'extrémité de son pinceau, ses yeux s'égarant sur le feuillage verdoyant des arbres bordant le jardin.

La leçon de calligraphie lui semblait interminable, et ses genoux le faisaient souffrir, engourdis par l'immobilité de cette position agenouillée qu'il abhorrait du plus profond de son âme.

Devant lui, la feuille de papier n'arborait que les premiers mots du poème à recopier, les hanjas* maladroitement tracés ayant déjà séché, laissant ses erreurs gravées dans l'encre noire.

La salle de classe s'ouvrait sur un espace austère, imprégné de la simplicité confucéenne. Le sol en bois poli, entretenu avec soin, renvoyait un éclat discret sous la lumière tamisée qui filtrait à travers les fenêtres de papier de riz.

Disposés çà et là, des nattes de paille et des coussins invitaient les étudiants à s'installer confortablement, en position agenouillée ou jambes croisées.

À l'avant, une estrade légèrement surélevée marquait la place du maître, son bureau en bois encombré de rouleaux de parchemin, de pinceaux et d'encriers, témoignant de la vie studieuse qui animait ces lieux.

Le long des murs, des étagères étaient chargées de rouleaux calligraphiés portant des maximes confucéennes de traités philosophiques et de livres de stratégie.

Le regard de Jungkook se posa sur la silhouette endormie du professeur Kangdae. À peine avait-il énoncé la consigne du jour qu'il s'était laissé happer par le sommeil. Ses paupières s'étaient fermées, son menton avait chuté sur sa poitrine, et sa respiration profonde résonnait dans la salle. Des soupirs de soulagement échappent à quelques élèves, vite réprimés par l'assistant du maître, Hoseok, un seonbae*  vigilant qui ramena aussitôt ses cadets à l'ordre.

Absorbé par son travail, Hoseok peignait les caractères avec une aisance que Jungkook lui enviait. Soudain, son aîné leva la tête et adressa un regard inquisiteur à Jungkook qui, surpris, se concentra aussitôt sur sa feuille. Connu pour être à la fois aimable et sérieux, Hoseok éveillait en lui un profond respect.

Feignant de tremper son pinceau dans l'encre noire, Jungkook jeta un coup d'œil furtif par-dessus son coude et contempla son voisin de table. Le destin l'avait placé aux côtés de Namjoon, ravivant en lui la proposition de Yoongi.

Non.

Ce serait une folie.

Namjoon était un égocentrique au cœur empli de rancœur envers le monde, il se dressait comme une forteresse imprenable. Même si Jungkook, contre toute dignité, s'humiliait en rampant à ses pieds, il était peu probable que le Kim daigne lui accorder un regard. Encore moins son aide.

À moins que je puisse lui offrir quelque chose en retour...

Le visage de Jungkook s'illumina.

D'un geste assuré, il plongea la main dans la poche profonde de son durumagi*, l'espoir battant dans sa poitrine. Se pouvait-il que ce précieux objet y soit toujours ? Une lueur de triomphe dans les yeux, il sentit le doux contact du carré de tissu sous ses doigts.

Quelle aubaine !

Le tambour résonna, annonçant la fin de la leçon. Las, les étudiants s'étirèrent en laissant échapper des gémissements douloureux. Sortant de sa torpeur, le maître regarda Hoseok ranger méticuleusement le matériel de calligraphie avant de venir l'aider à se lever, tel un vieux chêne soutenu par une jeune pousse.

Jungkook se leva d'un bond, quitta la salle de classe et inspira profondément l'air doux de l'été. L'impatience le gagnait tandis qu'il attendait Namjoon. Comme à son habitude, celui-ci sortit en dernier, passant devant Jungkook sans lui accorder un regard.

Contenant sa frustration, Jungkook l'appela.

« Kim, attends ! »

Namjoon poursuivit sa marche, indifférent.

« Kim ! Je te parle ! »

Aucune réponse.

« Tu as perdu l'ouïe ou oublié tes bonnes manières ? », s'exclama Jungkook, agacé.

À ces mots, Namjoon s'immobilisa, puis tourna légèrement la tête. Renfrogné, Jungkook garda le silence.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Jungkook poussa un profond soupir, sentant l'ombre de la honte planer sur lui. Malgré tout, une promesse restait une promesse, et il ne voulait pas décevoir davantage le maître Lee. Ainsi, d'un pas traînant, il s'avança vers son camarade.

« J'ai un service à te demander, déclara-t-il avec bravoure malgré son agitation intérieure.

— Va voir ailleurs, répondit-il d'une voix froide en s'éloignant.

— Attends, bon sang ! Tu me laisses finir ? s'écria Jungkook en se précipitant à sa suite, irrité.

— Laisse-moi, grogna Namjoon en accélérant l'allure.

— Kim. C'est important », insista-t-il, le ton ferme.

Jungkook le suivit jusqu'au dortoir, balançant entre implorations désespérées et invectives acerbes. Namjoon ne daignait répondre que par bribes, sa voix dure et froide comme une porte de prison. Finalement, ils atteignirent le seuil de sa chambre. Namjoon posa une main ferme sur la poignée de la porte, tandis que l'autre pressait ses livres contre sa poitrine. Ses yeux sombres lancèrent un regard foudroyant qui n'impressionna guère Jungkook.

« Je ne le dirai qu'une seule fois, lâcha Namjoon avec froideur. Laisse-moi tranquille, ou tu regretteras amèrement d'avoir osé m'adresser la parole.

— Oh, sa majesté refuse de se mêler au petit peuple ? » ironisa-t-il.

Les doigts de Namjoon se crispèrent davantage sur la couverture de ses livres, comme s'il cherchait à ancrer son agacement dans les pages muettes.

« Tu doutes de ma capacité à te donner une leçon appropriée ? dit Namjoon en s'avançant avec une certaine menace.

— Une leçon, tu dis ? C'est justement ce que je souhaite, répondit Jungkook avec un sourire faux, sans montrer une once de crainte. Et même plusieurs, si tu y consens. »

Namjoon le regarda, incrédule, comme s'il voyait un homme en proie à la folie. En réponse, Jungkook retrouva peu à peu son calme, son air arrogant laissant place à une expression grave.

« Ça me tue de l'admettre, mais j'ai besoin de toi, Kim. »

Face à ce mutisme, Jungkook y vit une invitation tacite et s'engagea alors à formuler sa requête avec détermination.

« Écoute. Je... »

Il se tut, sa dignité rugissant en lui comme un lion en cage. Son cœur battait à tout rompre, et malgré ses efforts pour dompter l'embarras, il sentit ses joues se teinter de rouge, le sang affluant dans ses veines telle la sève d'un arbre en pleine éclosion.

« J'ai vraiment besoin de réussir les examens de mi-semestre, et je ne peux pas y arriver seul. Tu voudrais bien m'aider à réviser ? », dit-il d'une traite et avec célérité, ses mots se chevauchant presque.

Namjoon le fixa un moment avant de tourner les talons et ouvrir la porte de sa chambre.

« Hors de ma vue, dit-il en le regardant par-dessus son épaule. Veille à ne plus jamais croiser ma route si tu tiens à ta misérable existence.

— Non, attends ! », s'exclama Jungkook en le retenant par la manche.

Son ego était tourmenté par une profonde blessure, lui qui venait de s'humilier en le suppliant.

« Je dois employer quelle langue pour que tu comprennes ? Relâche-moi, Jeon, répliqua-t-il, commençant à perdre son sang-froid.

— Non ! grogna-t-il en le tirant vers lui.

— Jeon ! », rugit-il.

Les livres chutèrent avec fracas, éparpillant leurs pages comme des feuilles d'automne. Le regard brûlant de colère, Namjoon tendit le bras pour saisir Jungkook à la gorge. Mais dans un élan de grâce et de rapidité, ce dernier échappa à son emprise et recula, hors de portée.

« Je ne suis pas uniquement venu pour m'agenouiller et implorer ton aide », déclara-t-il avec défi.

La fugace lueur qui dansa dans ses gouffres sombres sema le doute en Namjoon.

« Parle. »

Jungkook grinça des dents, mais ignora la brûlure de son ego.

« Il se trouve que j'ai en ma possession quelque chose qui doit probablement t'appartenir.

— Dans ce cas, tu devrais me la rendre », répliqua Namjoon avec indifférence en se penchant pour ramasser ses livres.

Jungkook saisit l'instant pour extraire de sa poche le morceau d'étoffe.

« C'est à toi ? »

Les yeux de Namjoon s'élargirent par la surprise, son visage perdant toute trace d'irritation.

« Je l'ai cherché partout... murmura-t-il en tendant les doigts vers le précieux carré de tissu.

— Non. » 

Il pressa le tissu contre sa poitrine.

« Rends-le-moi, gronda Namjoon, tel un fauve prêt à bondir.

— Prudence, Kim, je suis très maladroit, prévint Jungkook. Tu ne voudrais pas que je le déchire en essayant de me l'arracher, n'est-ce pas ?

— Voleur, siffla-t-il. Tu es méprisable. Je savais que tu étais ignoble, mais à ce degré... »

Jungkook le fixa, un éclat glacial dans le regard, comme si ses yeux renfermaient toute la froideur d'un hiver sans fin.

« Je suis peut-être un méprisable et ignoble voleur, mais je possède quelque chose que tu souhaites reprendre. Et j'ai besoin de ton aide pour réviser et rattraper mon retard. C'est un bon compromis. »

Les yeux de Namjoon brûlèrent d'une rage silencieuse, fusillant Jungkook d'un regard furieux.

« Je n'ai jamais entendu de chantage plus lamentable.

— Lamentable, misérable, on me l'a répété tant de fois que cela ne m'affecte plus, dit-il d'un ton las. Quoi qu'il en soit, je te rendrai volontiers ce morceau de tissu si tu consens à m'aider.

— Rien ne m'empêche d'accepter pour ensuite te délaisser.

— C'est précisément pour cette raison que je garde ce bien avec moi jusqu'aux épreuves passées. Je ne suis pas dupe, Kim, j'ai horreur qu'on me prenne pour un simplet. »

Il marqua une pause, laissant l'esprit de Namjoon vagabonder parmi les subtilités de l'accord, ses pensées s'entremêlant.

« Alors ? insista Jungkook.

— Je me demande ce qui pourrait bien m'empêcher de mettre fin à tes jours ici même et de t'inhumer discrètement sur le campus.

— Mais encore ? », soupira-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.

Namjoon inspira profondément, son visage crispé et sa mâchoire serrée.

« Reviens au milieu de la nuit. Ici. Pas un instant de retard si tu ne veux pas le regretter. 

— Je savais qu'on allait trouver un terrain d'ent... ! »

Il referma violemment la porte, mettant soudainement fin à l'euphorie de Jungkook.

« À tout à l'heure ! », railla ce dernier, caustique.

Seul un coup brutal contre le battant empreint de colère et de rancœur lui répondit, le faisant sursauter.

« Un sauvage, ce gars... », pouffa Jungkook.



Pieds nus, Jungkook glissa silencieusement à travers le couloir de son étage, ses pas effleurant à peine le sol fraîchement lavé par les domestiques. En descendant l'escalier, il prit soin de ne pas faire grincer les marches, tandis que les rayons du premier quartier de lune distillaient une lueur douce, juste suffisante pour se repérer dans le campus endormi de Sungkyunkwan.

Habitué à ces échappées nocturnes, il évoluait avec une aisance naturelle, mais ce soir-là, une inquiétude inhabituelle le pressait.

Craignant d'arriver en retard, il accéléra le pas, trottinant jusqu'au bâtiment où l'attendait son professeur d'un soir.

Avant de quitter sa chambre, il avait consulté sa bougie graduée* d'un regard furtif. La lueur déclinante lui avait confirmé qu'il était toujours dans les délais.

Il s'élança tout de même à toute vitesse, convaincu que les derniers préfets avaient déjà terminé leur ronde et regagné leurs pénates. Avec délicatesse, il fit coulisser la porte menant au premier étage. Le silence régnait, à peine troublé par quelques grognements s'échappant des cloisons de bois. Jungkook eut un rictus en coin ; visiblement, certains avaient un sommeil agité.

Devant la porte de Namjoon, il toqua discrètement sur la paroi du bout des doigts. La porte s'ouvrit en silence, dévoilant un visage revêche baigné par la lueur blafarde de la lune et le scintillement vacillant des lampes à huile, dont les ombres dansaient doucement sur les murs.

Sans un mot, Jungkook entra.

La pièce était le reflet de sa propre chambre, une réplique presque identique où chaque meuble trouvait sa place avec une précision méticuleuse. Les objets brillaient d'une propreté irréprochable et d'un ordre parfait. Sans un mot, Namjoon s'installa devant son bureau dans une position confortable, détonnant avec celle rigide et droite qu'il arborait en classe.

D'un geste impérieux de la tête, il indiqua le coussin à ses côtés, invitant silencieusement Jungkook à prendre place.

Gêné, Jungkook hésita. Il se massa la nuque, soudain frappé par l'étrangeté de la situation qui venait de le saisir comme une vague imprévue.

« Tu envisages de rester debout encore longtemps ? », murmura Namjoon sans le lâcher du regard.

Jungkook grommela, puis se laissa tomber sans grâce aux côtés de Namjoon, qui déploya délicatement une longue feuille noircie de symboles.

« J'ai élaboré un programme pour les deux semaines à venir, en tenant compte de notre emploi du temps, des sujets probables aux prochaines épreuves, et de ton niveau actuel de connaissances. »

Jungkook émit un sifflement d'admiration.

« Je ne m'attendais pas à ce que tu prennes les choses si à cœur.

— Contrairement à toi, je m'investis pleinement dans tout ce que j'entreprends. Et je te prierai de baisser le ton, je n'ai aucune envie d'être puni à cause d'un criard.

— Au moins, les choses sont claires, répondit Jungkook avec amertume.

— Qu'est-ce que tu crois ? Que je t'aide par simple bonté ? Ce carré de tissu insignifiant à tes yeux représente bien plus pour moi. »

Jungkook plissa les yeux, cherchant à percer les innombrables secrets dissimulés dans le regard de son vis-à-vis.

« Au travail », dit abruptement Namjoon avec un soupçon de regret, comme s'il en avait déjà trop révélé.

Ils commencèrent par la révision des leçons d'histoire, enseignées par leur maître le plus désagréable et rébarbatif. Jungkook avait toujours attribué ses lacunes à la personnalité du professeur, mais il comprit rapidement que son ignorance était abyssale. Namjoon dut reprendre le cours depuis le début, manifestant impatience et exaspération face aux multiples erreurs de son camarade. À plusieurs reprises, il menaça de jeter Jungkook par la fenêtre, mais finalement, ils parvinrent à terminer le premier chapitre du programme.

Jungkook se laissa aller en arrière, son corps rencontrant le plancher en bois.

« Je n'en peux plus », geignit-il en fermant les yeux.

À ses côtés, Namjoon ordonnait minutieusement livres et pinceaux d'une rigueur quasi maniaque.

« Il est tard, murmura-t-il, et j'ai besoin de dormir. Tu ferais mieux de regagner ta chambre.

— Juste un instant..., marmonna Jungkook en se tournant de l'autre côté, prêt à sombrer dans un sommeil réparateur.

— Jeon. Je t'interdis de t'endormir ici, protesta Namjoon en lui donnant un coup de pied.

— Arrête ça, grogna-t-il. Toujours aussi charmant et délicat.

— Peu m'importe ce que tu penses de moi.

— Tant mieux, car ce n'est ni joli ni poli.

— Vu la pauvreté de ton vocabulaire, ça ne m'étonne pas.

— Tu sais pertinemment que je peux exprimer avec éloquence si je le veux. Ce n'est pas très courtois, Kim.

— La courtoisie n'a jamais fait partie de mes priorités, surtout à cette heure-là. Dégage. »

Jungkook soupira de lassitude, puis se tut un instant. Il se redressa sur un coude.

« Tout de même, Kim. Merci », dit-il avec sérieux, le ton ferme et sincère.

Namjoon s'immobilisa un instant, étonné, avant de hausser les épaules avec une indifférence désinvolte.

« Kim.

— C'est hyung, pour toi. »

Jungkook émit un souffle rieur.

« Ne m'en demande pas trop. Kim, réitéra-t-il.

— Quoi, siffla-t-il.

— Je le pense vraiment. Merci.

— Tu te répètes, observa-t-il d'un ton moins rude.

— Tu es le premier à m'avoir aidé dans cette école. Et, considérant l'effort que ça me demande de l'admettre, je te suggère de ne pas en rajouter avec l'ironie.

— Je comprends, dit Namjoon en hochant la tête. Je n'apprécie pas d'écouter tes inepties toute la nuit, mais je te suis reconnaissant de ne pas me traiter en paria. »

Un fin rictus chargé de tristesse étira les lèvres de Jungkook.

Depuis leur arrivée à Sungkyunkwan, à leurs quinze ans, Namjoon et lui avaient été rejetés et marginalisés par leurs camarades. Tandis que Jungkook, par défi et mal à l'aise dans ce monde régi par des règles strictes qu'il n'avait pas choisies, adoptait une attitude de rebelle, l'orgueil et l'intransigeance de Namjoon éloignaient toute tentative d'amitié.

« Ça ne doit pas être aisé pour toi, dit Jungkook.

— Je m'en accommode. Jeon ?

— Quoi.

— Tu ne te sens pas épuisé de passer toutes tes nuits à fréquenter les femmes des maisons des plaisirs ? demanda-t-il, son expression demeurant stoïque.

— Oh, ça t'intrigue ? répondit Jungkook avec une pointe de malice.

— Tout homme a ses besoins, et je ne fais pas exception. »

Il détourna le regard.

Interpellé, Jungkook plissa légèrement les yeux, avant d'ignorer ce geste.

« Bien dit, répondit Jungkook. Si chacun partageait ton point de vue, la vie serait bien plus agréable.

— Hélas, tous n'ont pas les ressources pour festoyer chaque soir.

— Ah, c'est là une réflexion digne d'un esprit vieillissant ! En tout cas, je doute que ce soit ton souci, bien que je n'aie jamais eu le plaisir de te voir au Jardin des Lys. »

Namjoon se raidit.

« Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Ta famille fait partie de la noblesse. Je doute qu'elle te laisse sans argent de poche, expliqua-t-il, le ton chargé d'évidence.

— Je suis majeur, ils ne sont plus obligés de me soutenir financièrement, déclara Namjoon avec une pointe de froideur. Les sorties nocturnes que tu chéris tant ne sont pas à ma portée.

— Et comment tu fais pour acheter tes livres et ta papeterie ?

— Mes économies.

— Quelle tristesse ! », soupira Jungkook avec une mélancolie théâtrale.

Namjoon lâcha un souffle moqueur.

« Si tu as tant de compassion pour moi, je te propose de m'inviter lors de ta prochaine visite au Jardin des Lys. »

Il ne le pensait guère. Il voulait simplement... vivre le moment.

« Pour que tu attires toute l'attention de ces jeunes dames à ma place ? Absolument pas. Et puis, je suis presque désargenté en ce mois-ci. »

Namjoon renifla de mépris.

« Considérant tous les efforts que je déploie pour t'aider à étudier, tu pourrais bien me rendre cette petite faveur.

— Si tu es si désireux de te satisfaire, peut-être devrais-tu utiliser ta main droite. »

Namjoon le fusilla du regard, provoquant un rictus effronté chez Jungkook.

« Je parie que ta main droite est ta seule amie, non ? Je suis sûr que tu lui as donné un nom.

— Qu'est-ce que tu insinues ? répliqua Namjoon avec irritation.

— Tout dépend de ce que tu as compris. Dis-moi, tu es vraiment certain de savoir ce qu'il faut faire, ou tu veux que je te dessine un schéma ? le provoqua-t-il. Une petite calligraphie osée, peut-être ?

— Ce n'est pas parce que tu as une réputation sulfureuse que les autres manquent d'ouverture d'esprit, dit-il avec une pointe d'agacement dans la voix.

— Ah oui ? Étant donné ta froideur, j'avais imaginé que personne n'avait encore découvert ce qui se cache en dessous de ton sous-vêtement. »

Les narines de Namjoon frémirent d'irritation, tandis que ses dents grincèrent. C'était la provocation de trop.

Jungkook sursauta, son cœur battant la chamade, lorsque le visage de Namjoon apparut soudainement à quelques centimètres du sien. Épuisé par l'intense concentration qu'il avait dû maintenir lors de ses révisions, il n'avait pas perçu la moindre approche de son assaillant. Désormais, Namjoon le maintenait fermement, sa poigne impitoyable écrasant son torse, le clouant au sol. Penché sur lui, menaçant, dangereux, et les yeux foudroyants, Namjoon était prêt à abattre son courroux.

« Tu mériterais que je te corrige sévèrement, lança-t-il, les dents serrées.

— Pourquoi tant de proximité ? railla Jungkook. Tu cherches à inclure un cours particulier ? Me punir pour mon affront ?

— Peut-être que tu pourras en tirer quelque enseignement », rétorqua-t-il avec un ton venimeux.

Les yeux de Jungkook se posèrent sur ses lèvres, admirant silencieusement leur rondeur séduisante et leur beauté délicate. Elles paraissaient douces, exactement comme il les aimait chez les femmes.

Une envie fit frémir les siennes. Il lutta pour ne pas se les humecter.

Et si...

« Toi, m'enseigner ce que je connais déjà ? C'est risible. Je doute même que tu saches comment t'en servir », murmura Jungkook d'une voix plus grave, sans lever les yeux.

Le visage de Namjoon se transforma en une ombre menaçante. De sa main libre, il saisit la mâchoire de Jungkook avec une telle brutalité que ce dernier se figea, levant finalement les yeux pour les plonger dans la profondeur sinistre du regard du Kim.

Parmi toutes les émotions possibles, Jungkook frissonna d'attente, étrangement happé par la prestance écrasante de son camarade.

Bon sang...

Namjoon perçut son trouble d'un regard perçant, tandis qu'un rictus mauvais fleurissait sur ses lèvres.

« Je ne saisis pas tes intentions avec tes provocations, Jeon. Mais c'était la fois de trop », déclara-t-il d'une voix basse, son souffle ricochant contre le visage de l'autre.

Ses yeux se posèrent sur les lèvres à peine entrouvertes de Jungkook. La délicatesse de leur forme, leur attrait irrésistible, semblait l'appeler avec une impatience silencieuse.

Il était là, face à sa tentation.

Son secret.

Un souffle ténu et frémissant lui échappa. Son esprit s'éteignit avant même que sa conscience s'agite. Et il franchit la mince distance qui séparait leurs lèvres.

Jungkook se pétrifia. Suspendu dans une réalité trop irréelle pour être acceptée. Que les lèvres de Kim Namjoon aient trouvé les siennes, c'était une folie que son esprit rejetait avec obstination.

Jamais il n'aurait cru que le Kim céderait à ses provocations, de simples jeux sans autre intention que de jouer avec le feu. Sans imaginer que les braises pourraient un jour s'embraser.

Et pourtant...

Ne percevant aucune résistance, Namjoon le sentit lui répondre avec la même ardeur. Surpris mais euphorique, il s'empressa d'approfondir et de prolonger la caresse.

Aucun des deux ne s'était préparé à la déflagration de sensations que cet échange allait provoquer. Leurs sourcils se fronçaient sous l'assaut des émotions. Chaque contact de leurs lèvres éveillait en eux une tempête troublante. Ce baiser à la fois brut, primal et sensuel, les enveloppait de mots muets. Il les emportait dans un tourbillon où ils se perdaient et se retrouvaient.

Ils étaient transportés, égarés, enivrés par la transcendance de l'instant.

Namjoon s'y abandonna de plus en plus.

Jungkook prit conscience du tumulte qui l'agitait.

Une sensation obscure explosa en lui, échappant à toute explication. Mû par une frayeur teintée de colère, Jungkook repoussa violemment Namjoon. Le dos de ce dernier heurta le bord du bureau dans un choc brutal, lui coupant le souffle. La respiration courte et grimaçant de douleur, Namjoon le fixait, l'incompréhension se lisant dans ses yeux.

« Mais qu'est-ce que... pourquoi tu ne m'en as pas empêché ! », balbutia Jungkook avant de se relever en trombe.

Son cœur battait à tout rompre, menaçant de s'échapper.

« Qu'est-ce que c'était, espèce de... ! », ajouta-t-il dans un cri indigné.

Il était trop choqué par ce qu'il ressentait encore pour puiser dans son répertoire d'insultes.

Le regard de Jungkook glissa involontairement vers les lèvres de Namjoon. Il se surprit à vouloir ardemment les cueillir à nouveau. Il était déjà esclave de leur douce texture.

Cette obsession naissante alimenta sa fureur.

« Kim, tu n'aurais jamais dû faire ça ! », gronda-t-il, la voix vibrant de trémolos furibonds et effrayés.

Namjoon essuya élégamment ses lèvres du bout de son pouce. Bien que blessé dans son ego – et bien plus –, il maintint sa dignité. Un rictus irrité froissa son visage, assombrissant ses traits et trahissant à peine son trouble intérieur.

« Ton hypocrisie me répugne. Sors d'ici, ordonna-t-il avec un dédain évident. Et ne t'avise pas de reparaître devant moi. »

Jungkook le sentit au plus profond de son être : il l'avait blessé. Il en fut terriblement accablé. Lui qui avait sournoisement orchestré ce baiser sans réellement le vouloir, n'avait aucun droit d'agir ainsi.

Aucun droit.

C'était néanmoins plus fort que lui. Une pulsion irrésistible. Un désir incontrôlable qui s'était mu en frayeur conséquente.

« Ki...

— Sors. »

La voix de Namjoon était si basse et glaciale. Un désagréable frisson assaillit Jungkook. Un frémissement de colère le transperça.

Jungkook recula, les lèvres pincées en une ligne droite.

Il brûlait d'une furie inexprimable. Il brûlait de l'accabler davantage de reproches, de le frapper pour effacer l'expression sévère qui durcissait son visage.

Pourtant, un autre élan tout aussi puissant l'incitait à l'étreindre, à murmurer ses excuses. À lui montrer combien il avait chéri leur mystérieuse proximité. Combien leur échange l'avait transcendé, touchant son âme d'une manière qu'il n'avait jamais connue auparavant.

Mais son esprit était un tourbillon de confusion.

La rage, la peur et le remords s'entrechoquaient en lui, le submergeant.

Mais plus que tout, c'était l'incompréhension qui le dominait. On n'embrassait pas une personne pour qui l'on ressent une pointe d'amertume. Encore moins un homme.

Avec une volonté presque désespérée, il recula, ses pas précipités le menant jusqu'à la porte. En une fraction de seconde, il s'élança hors de la chambre, disparaissant dans la tiédeur de la nuit.

S'échappant du regard méprisant de Namjoon.

C'était ce qui infligea à Jungkook la tristesse la plus frustrante.

Et la plus inexplicable.



Le soir suivant, Jungkook renonça à se rendre à la chambre de Namjoon.

Oubliées, les études.

Oubliés, les examens.

Oubliés, la déception de maître Lee et les vains efforts du doyen Jeong.

Il pénétra au Jardin des Lys avec la fougue d'un démon échappé des enfers, réclamant la compagnie de Sunhi pour la soirée. Elle était celle avec qui il partageait la plus grande complicité. Il était convaincu qu'en l'étreignant, il parviendrait à effacer de sa mémoire cet idiot de Kim.

Et il y parvint. Du moins pour un instant.

Leurs corps alanguis sur un large et confortable yo* dans l'une des nombreuses pièces privatives de la maison, Jungkook se perdit de nouveau dans les méandres de ses pensées, alors que l'euphorie s'évanouissait doucement de son esprit.

Pour la troisième fois, Sunhi emplit la coupe de soju. Mais voyant Jungkook rechigner à y tremper ses lèvres, elle se lova contre lui, ses lèvres esquissant une moue aguicheuse, espérant ainsi éveiller en lui le désir de partager cette douce ivresse.

« Je t'ai rarement vu aussi pensif.

— Hm ? », murmura-t-il, distrait, une main perdue entre les mèches sombres de la jeune femme, l'autre soutenant sa propre nuque sur l'oreiller.

Son regard se fondait dans l'élégance des fresques, où des fleurs délicates et des oiseaux gracieux semblaient voleter éternellement sur le plafond.

« Quelque chose te tracasse ? », demanda-t-elle, se redressant légèrement contre son flanc, un bras négligemment posé sur le ventre de Jungkook.

Il demeura silencieux, l'esprit à mille lieues du Jardin.

« Kookie ? souffla-t-elle, inquiète.

— Oh, pardon. Oui, ce sont les études. Ils me causent plus de souci que d'habitude.

— Arrête de te moquer de moi. Si on me demandait, je dirais que tu es amoureux, carillonna-t-elle en tapotant la joue du jeune homme d'un doigt taquin.

— Absolument pas ! répliqua-t-il vivement, jouant distraitement avec la longue mèche de la jeune femme qui frôlait son épiderme.

— Oui, oui, railla-t-elle, loin de le croire.

— Je t'assure que non ! Donc pour toi, sous prétexte que je suis pensif, je suis forcément amoureux ? », rouspéta-t-il, la moue perplexe.

Elle éclata de rire, amusée par son entêtement boudeur.

« Ce n'est pas juste parce que tu es pensif. C'est la façon dont tu es perdu dans tes pensées, la lueur dans tes yeux quand tu ne réalises pas qu'on t'observe. Et puis, ce petit sourire en coin... C'est tout simplement différent de tes habitudes quand tu es tracassé par tes études. Crois-moi, j'ai l'œil pour ces choses-là. Et tu ne peux pas tromper l'intuition féminine ! »

Sans dire un mot, Jungkook détourna légèrement le regard, ses lèvres se pinçant imperceptiblement. Un soupir lui échappa, puis il haussa négligemment les épaules, comme s'il acquiesçait sans vraiment l'admettre. Sa main auparavant détendue, s'agita légèrement autour la mèche de cheveux de Sunhi, l'entortillant avec plus de verve. Ce geste trahissait un instant de gêne qu'il s'efforçait de dissimuler.

En vain. 

Sunhi le scrutait avec amusement, attendrie.

« ... À propos, éluda-t-il, comment s'est déroulée la soirée avec mes amis ? »

Jungkook avait confié Seokjin et Mingyu aux soins experts de Sunhi et Yoomi, sachant que Yoongi s'était déjà éclipsé avec Minseo. Il s'était retiré plus tôt, convaincu que ses amis vivraient une soirée mémorable.

Pourtant, la grimace de Sunhi lui révéla que tout ne s'était pas déroulé comme prévu.

« Je pense que nous ne reverrons pas tes amis de sitôt. Bon, tu connais Yoongi et Minseo, ils sont montés dans leur chambre favorite, et Minseo est redescendue toute guillerette. Par contre, Yoomi a failli casser son haegeum sur la tête de Mingyu à cause de son comportement agaçant. Ensuite, Mingyu a proclamé à qui voulait l'entendre que son cœur appartenait à la plus pure étoile du pays. Personne ne sait de qui il a parlé. Quant à Seokjin, il a passé tout son temps, et son argent, à dormir. »

Jungkook soupira avant de s'esclaffer légèrement, se demandant s'il existait un espoir pour ces deux âmes indomptables, dont les frasques semblaient irrémédiablement gravées dans le marbre de leur destinée.

« À toi, Kookie. Tu sais que tu peux tout me dire, je suis une tombe. Et puis, je suis curieuse de savoir ce qui te tracasse dans tes études, railla-t-elle avec un sourire, le menton délicatement posé sur ses mains jointes contre la poitrine nue et puissante sous elle.

— Tu ne me lâcheras pas tant que je n'aurai rien dit, n'est-ce pas ?

— Je sais que tu es aussi venu pour te confier, dit-elle en lui lançant une œillade entendue et sincère. Je t'écoute. »

Résigné, il lui confia ses obligations envers maître Lee et le doyen, puis évoqua l'accord avec Namjoon. Lorsqu'il arriva à l'épisode du baiser et à sa conclusion – sans mentir ni dissimuler quoi que ce soit –, sa voix s'éteignit doucement et il détourna le regard, emporté par un mélange de honte et de mélancolie.

Sunhi se redressa légèrement et pressa une main contre sa propre poitrine dénudée, ses lèvres entrouvertes laissant échapper un souffle surpris.

« Par les dieux... soupira-t-elle. J'ai l'impression que ce jeune homme ne te déteste pas autant qu'il le prétend.

— Eh bien, c'est compréhensible, fanfaronna-t-il en dissimulant son malaise derrière une fausse légèreté. Je suis beau et gentil, qui peut me détester ?

— Bien sûr que tu l'es, mais ce n'est pas le sujet ! sourit-elle en lui assénant une tape sur son épaule, le faisant ricaner. Plaisanterie mise à part, tu ne peux pas nier que tu as besoin de lui pour tes examens.

— Malheureusement. De toute manière, mes affaires sont prêtes et je n'ai jamais été attaché à cette école. Je m'en irai.

— Tu vas abandonner si facilement à cause d'un accrochage avec ton camarade ? Ça ne te ressemble pas.

— Je n'ai pas le choix.

— Tu pourrais commencer par lui présenter tes excuses.

— Et puis quoi encore ! s'indigna-t-il. C'est lui qui... »

Elle abattit sa main sur sa poitrine avec une vivacité passionnée, un geste rapide, mais dénué de violence, comme une caresse empreinte de colère.

« Aïe ! Mais ! s'exclama-t-il, outré, posant sa main sur son pectoral malmené.

— Il ne t'a rien fait, dit-elle d'un ton sérieux. Tu l'as provoqué et il n'a fait qu'y répondre.

— Eh bien, je ne voulais pas qu'il y réponde ! Ce n'était pas le but ! râla-t-il, de mauvaise foi.

— Je vois. Alors soit tu es dans le déni, soit tu as un souci au niveau de l'esprit, soupira-t-elle en levant ses yeux maquillés au ciel.

— Quel déni ? Il n'y a pas de déni, marmonna-t-il, renfrogné.

— C'est tout ce que tu retiens ? », ricana-t-elle, espiègle.

Il grommela, se redressa à demi, mais elle leva un doigt impérieux en l'arrêtant net.

« Tu ne quitteras pas cet endroit tant que notre discussion n'est pas terminée. »

Il se plia à la demande, murmurant des mots incompréhensibles qui firent naître un sourire moqueur sur les lèvres de la jeune femme.

« Pourquoi tu es aussi conflictuel avec tes désirs ? relança-t-elle, soucieuse.

— Je n'ai pas envie qu'il me touche de nouveau », répondit-il en détournant le regard, les joues se colorant d'un doux incarnadin, la mine froissée.

Sous la douce lueur tamisée des lampes à huile, la jeune femme fut étonnée de le voir si embarrassé. Lui, qui semblait toujours à l'aise et avec qui elle pouvait discuter librement de sujets jugés scabreux et trop vulgaires pour les âmes raffinées de la capitale, affichait une vulnérabilité inédite.

« Parce que c'est un homme ? entreprit-elle.

— Ça me semble une raison tout à fait acceptable, non ? soupira-t-il, ses yeux se perdant sur le corps alangui de la jeune femme contre le sien, sans réellement le voir.

— Si je ne me trompe pas, tu n'avais pas hésité à passer la nuit avec mon petit frère au Pavillon Doré... »

Il s'étouffa presque avec sa salive, rougissant furieusement.

« Ce n'était qu'une seule fois ! Je voulais simplement tester mes limites, balbutia-t-il.

— Tu n'assumes pas ? demanda-t-elle avec bienveillance.

— Si, si. »

Elle le fixa un instant détourner — pour la énième fois — les yeux d'embarras, le rouge de son visage s'étalant sur son cou et ses clavicules. Ses lèvres frémirent lorsque Jungkook croisa son regard, puis ils s'esclaffèrent.

« Tu n'as pas à être gêné, avec moi.

— Je sais, sourit-il doucement.

— Kookie, je comprends que les sentiments ne se contrôlent pas, mais tu dois admettre que cet homme t'intrigue. C'est déjà un bon début, à mon avis.

— Pourquoi tu parles de sentiments, Sunhi ? murmura-t-il, troublé. Il n'y a rien de cela. »

Lorsqu'elle lui offrit un sourire qui valait mille mots, il répondit par un silence entêté.

En réalité, son cœur trahissait une fascination inexplicable pour Namjoon, une curiosité dont il peinait à saisir la véritable essence.

« Quand bien même. Tu lui dois des excuses. Ton comportement a été inacceptable, c'est normal qu'il soit blessé, espèce de goujat, le réprimanda-t-elle.

— Il m'a embrassé de force, tu te souviens ? marmonna-t-il.

— Mais quelle mauvaise foi ! Cesse d'être têtu ou je te botte les fesses avec le haegeum de Yoomi ! »

Il marmonna, un sourire étirant ses lèvres malgré lui, amusé par la menace qui, en se glissant dans son esprit, évoquait une image plutôt cocasse de la belle courtisane.

« Kookie, gronda-t-elle, autant que lui permettait la douceur cristalline de sa voix.

— Très bien, je lui demanderai pardon dès demain matin. Satisfaite ?

— Parfaitement, dit-elle avec un grand sourire. Tu me raconteras comment ça s'est passé.

— Oui, soupira-t-il, malgré lui amusé. Dis-moi, tu sais quelque chose de plus sur sa famille ?

— Ah, tu vois bien qu'il t'intéresse, chantonna-t-elle, malicieuse.

— Je suis sérieux, Sunhi. Il m'a involontairement révélé qu'il était sans argent, souffla-t-il. Il survit grâce à ses économies.

— Tu ne connais pas son histoire ? fit-elle, étonnée.

— Si, comme tout le monde. Seokjin me l'a aussi difficilement narrée. Mais je me demandais si tu avais entendu des détails plus poussés. Je sais que les confidences sont monnaie courante, ici.

— Pourquoi difficilement ? rebondit-elle sur Seokjin.

— Il est aussi un Kim. Cette histoire a affecté tout le clan, comme tu le sais. »

Elle hocha la tête, l'air grave.

« Il fait partie de la famille de Namjoon ?

— Non, ils sont juste dans la même faction. »

Sunhi hocha doucement la tête, laissant échapper un souffle avant de lui confier, d'une voix emplie de secrets, tout ce qu'elle savait.

Il y a treize ans, la famille de Namjoon brillait parmi les seigneurs les plus influents du royaume. Son père, Kim Taejoon, conseiller principal du yangban, était bien plus qu'un simple conseiller. Un ami proche, un intime des couloirs du palais capable de façonner la politique du pays. Leur richesse et leur pouvoir étaient tels qu'ils suscitaient autant d'admiration que de jalousie.

Tout s'était effondré le jour où sa mère, Kim Sooyeon, avait accusé son époux de comploter contre le pouvoir du yangban en fomentant son assassinat. Des preuves irréfutables avaient confirmé ses dires et, après avoir été arrêté et inculpé, Kim Taejoon avait subi l'humiliation ultime d'une exécution publique. Sa mère, bien que plongée dans un deuil sincère, avait embrassé une carrière militaire et était devenue aide de camp du ministre de la guerre.

Orphelin de père et délaissé par sa mère, Namjoon avait été exilé en province chez de lointains parents, avant de trouver refuge et éducation à Sungkyunkwan à ses quinze ans, désireux d'évoluer sur la voie de son feu père.

« Rien de bien nouveau, donc. Ce qui me chagrine c'est l'abandon de sa mère... », souffla-t-il, peiné.

Jungkook portait lui-même les cicatrices invisibles laissées par l'abandon de son propre père, un poids silencieux qui lui meurtrissait l'âme bien plus profondément que n'importe quelle blessure visible.

Bien que l'histoire de Namjoon ne lui fût pas inconnue, sa conversation avec Sunhi éveilla en lui une nouvelle compréhension concernant le comportement froid et distant du Kim.

C'était comme si un voile se levait devant ses yeux, révélant Namjoon sous une lumière nouvelle.

Où son isolement volontaire prenait tout son sens.

Tout comme lui, Namjoon souffrait en silence.



Namjoon resta impassible sur le seuil de sa chambre, tandis qu'un Jungkook grognon s'inclinait devant lui, murmurant des excuses indistinctes.

« Je n'ai pas bien entendu, dit-il d'une voix glaciale.

— J'ai dit que je m'excusais, d'accord ? s'emporta Jungkook en se redressant brusquement, et le pointant d'un doigt accusateur. Si tu trouves que ce n'est pas suffisant, tant pis pour toi !

— Ce n'est effectivement pas suffisant. Je t'avais interdit de revenir ici. Tu fais exprès ou tu es vraiment stupide ?

— Si tu cherches la bagarre, Kim, tu l'auras ! », vociféra-t-il en avançant d'un pas menaçant.

Un mince sourire effleura les lèvres de Namjoon, trahissant une indifférence paisible. Il était loin d'être impressionné.

« Je préfère ça. J'ai cru un moment que tu étais devenu l'un de ces mollusques qui s'écrasent au moindre obstacle.

— Plutôt mourir, protesta-t-il, une grimace indignée déformant ses traits.

— Reviens ce soir à la même heure que la dernière fois. Et veille à ne pas être en retard, ou je ne t'ouvrirai pas ma porte.

— Ce serait déjà un bon début de cesser de me traiter comme un domestique, Kim. »

Namjoon referma la porte avec une brusquerie qui résonna comme un point final. Le visage froissé par une colère contenue, Jungkook abattit son pied contre le bois, faisant vibrer la porte. En réponse, il reçut un écho tout aussi violent de l'autre côté du battant.

Un ricanement amer s'échappa de ses lèvres, un mot s'étiolant dans l'air comme une provocation.

« ... Sauvage », pesta Jungkook, disparaissant dans les couloirs.



Au cœur de leurs révisions, ils plongèrent dans l'ère majestueuse de Sejong Daewang, le quatrième monarque de la Corée sous la dynastie, un souverain vénéré dont les accomplissements culturels, scientifiques et politiques avaient marqué l'histoire. Ils explorèrent sa lignée et sa descendance, découvrant les innombrables bienfaits qu'il offrit à son peuple, et s'immergèrent dans la richesse de son héritage, un témoignage éclatant de son règne éclairé.

Jungkook s'étira avec un bâillement capable de disloquer sa mâchoire, tandis que Namjoon, cédant enfin à la fatigue, se frottait doucement les yeux d'une main lasse.

« Demain, on révisera les leçons de poésie. N'oublie pas d'apporter ton encre et ton papier, je ne suis pas ton fournisseur de papeterie.

— Si j'y pense », grommela Jungkook, avant de se frotter les yeux irrités par la fatigue.

Il entrouvrit les paupières, laissant son regard caresser la silhouette massive de Namjoon, penché avec une élégante concentration sur son bureau. Il ordonna rapidement des feuilles qu'il déposa sur un coin de la table avec une ficelle dans le but de les enrouler plus tard.

« Qu'avons-nous là ? », s'enquit Jungkook en se redressant assez pour saisir les feuilles de papier d'un geste curieux.

Il commença à lire à voix haute, ses yeux scrutant les lignes avec une pointe de perplexité.

« Pourquoi tu résumes nos cours de la semaine ? demanda-t-il, une note d'étonnement dans la voix. C'est pour moi ?

— Ça ne te concerne en rien », répliqua Namjoon d'un ton sec, le visage fermé.

D'un mouvement impulsif, il balaya brusquement la main de Jungkook pour lui arracher les feuilles calligraphiées. Vexé, Jungkook répliqua, le repoussant d'une main ferme sur l'épaule, son visage se durcissant sous l'emprise de l'irritation. En un instant, ils se retrouvèrent presque front contre front, alors qu'ils s'agrippaient aux cols de leurs durumagis, prêts à en venir aux mains.

Pourtant, aucun ne fit le premier pas. Ils restèrent figés, le souffle court, leurs yeux se cherchant, mêlant défi et confusion. Puis, comme guidés par une entente tacite, ils relâchèrent leur emprise simultanément, chacun reprenant sa position initiale.

Leurs visages fermés trahissaient une colère contenue, teintée d'une étrange incompréhension.

Un silence tendu s'installa. 

Jungkook scrutait son camarade, tentant de percer le mystère qui l'avait poussé à recopier ces cours, tandis que Namjoon fuyait son regard, le visage impassible, mais les yeux révélant une lueur énigmatique.

« Kim.

— Quoi encore ? soupira-t-il.

— Je voulais savoir, hésita-t-il. Pourquoi tu m'as embrassé sans la moindre hésitation ? »

Les épaules de Namjoon se raidirent, une tension invisible glissant le long de son dos comme une brise glacée.

« Il n'est pas nécessaire d'en discuter, Jeon.

— J'y tiens.

— Pourquoi, alors que ça t'a répugné ?

— ...Pas autant que je t'ai laissé le croire », admit Jungkook en détournant légèrement les yeux.

Namjoon se retourna vers lui, un léger rictus malicieux dansant sur ses lèvres.

« Est-ce la première fois qu'un homme te touche ?

— Non.

— En dehors de moi, je veux dire.

— Non, soupira Jungkook, dissimulant sa gêne.

— Je vois. »

Jungkook fronça les sourcils à l'entente de son ton amer.

« Honnêtement, j'ai cru que tu allais me frapper à la fin, ajouta Namjoon.

— L'envie ne me manquait pas, répondit-il en se rebiffant. C'est simplement que... »

J'étais submergé par des sensations inédites que ça m'a effrayé.

« ... Que les révisions m'avaient vidé de toute mon énergie ! aboya-t-il face au regard mi-arrogant, mi-moqueur de son camarade.

— C'est ça, oui, répondit-il avec une pointe d'ironie. Et maintenant, as-tu encore un peu d'énergie ? demanda Namjoon, le fixant de son regard perçant.

— Pourqu... eh bien... ça dépend pour quoi... », balbutia-t-il avec une légère pointe d'hésitation, à présent méfiant.

Il se maudit de se sentir aussi intimidé.

« Depuis que tu m'as rudement bousculé l'autre nuit, je souffre terriblement du dos.

— Ce n'est pas mon problè... »

Sous le regard médusé de Jungkook dont la voix mourut instantanément, il ôta son durumagi avec une grâce naturelle et se pencha légèrement en avant.

« Un massage apaiserait sûrement la douleur que tu m'as infligée. Et tu ne sortiras pas d'ici tant que tu ne te seras pas acquitté de ta dette.

— Rassure-moi, tu plaisantes ? » dit-il d'une voix réticente, un rictus mauvais aux lèvres.

En un instant éphémère, les yeux noirs de Namjoon s'attardèrent sur lui par-dessus son épaule, exprimant avec une éloquence silencieuse ce que les mots n'auraient pu capturer.

« ... Pourquoi tu fais ça, Kim ? souffla-t-il, l'incompréhension se lisant sur son visage.

— Parce que j'ai très mal, et ça m'oblige à rester trop droit, ce qui fatigue mes muscles et perturbe ma concentration dans mes études, répondit-il avec une simplicité désarmante. Et je n'ai pas les moyens de consulter un acupuncteur, ni même d'acheter un onguent. Alors tu t'en charges. »

Un silence lourd lui répondit, tandis que Jungkook, muet comme une carpe, ouvrait la bouche pour la refermer aussitôt, ses yeux écarquillés trahissant sa stupeur.

« J'attends.

— Tu en fais trop... », dit Jungkook en soupirant, les yeux fixés sur l'hématome bleui marquant les omoplates de son camarade.

C'est vrai qu'il doit avoir très mal...

Il fut envahi par le remords.

Puis une irritation monta à lui à cette pensée.

Pourtant, poussé par le poids de sa propre culpabilité, il s'approcha de Namjoon. Son cœur battait à l'unisson avec le mouvement de son ombre dans la pièce. Il s'agenouilla derrière lui, ses mains tremblant légèrement alors qu'il les frottait l'une contre l'autre pour les chauffer, indécis.

La lueur délicate de la lampe à huile sur le bureau dansait sur les ombres, révélant avec une clarté troublante chaque pli, chaque relief des muscles de Namjoon. La vision de ces contours finement sculptés, de cette peau dont la texture lui rappelait la couleur du sable ocre, éveilla en Jungkook une fascination qu'il ne parvint pas à réprimer.

Ses mains se posèrent délicatement sur les épaules, explorant avec soin les points de tension, puis commencèrent à les masser avec une tendre expertise. Les muscles tendus se révélaient sous ses doigts, témoins silencieux des fatigues accumulées de Namjoon.

« Un véritable concentré de nerfs, murmura Jungkook pour lui-même avant d'élever légèrement la voix. Dis-moi, pourquoi tu m'as pardonné aussi vite ?

— Je tiens à récupérer ce que tu m'as dérobé.

— Je l'ai trouvé par terre, je ne t'ai rien volé, soupira-t-il. La prochaine fois, veille simplement à mieux surveiller tes affaires. »

Un léger râle s'échappa de la bouche de Namjoon tandis que les doigts de Jungkook pressaient un point sensible sur son dos, exacerbant la douleur du nœud de nerfs.

« Plus bas... marmonna-t-il, les dents serrées.

— Là ?

— Oui, là. »

Jungkook laissa ses doigts glisser le long de la courbe délicate de sa colonne vertébrale, dissipant peu à peu la tension qui emprisonnait son dos. Sous la caresse réconfortante de ses mains, Namjoon sentit ses muscles se relâcher, sa peau s'assouplir, enveloppée de cette douce chaleur.

Un fin et discret gémissement involontaire s'échappa de ses lèvres, interrompant soudainement Jungkook dans son geste, comme surpris par cette intime confession de ce corps.

Il déglutit.

« Bien. Ça suffit pour ce soir », dit Jungkook avec fermeté, les sourcils froncés et le cœur battant la chamade.

Il se félicita intérieurement d'avoir su masquer le trouble dans sa voix. Sans un mot de plus, il se leva et, en silence, quitta la chambre en refermant doucement la porte.

Seul, Namjoon inspira profondément. Il croisa les bras sur le bois verni de son bureau, laissant sa joue y reposer, son dos toujours découvert.

Sur sa peau persistait encore la caresse à la fois douce et ferme des mains de son camarade. Son toucher avait laissé une empreinte presque indélébile.

Un voile de mélancolie s'abattit sur lui, l'enveloppant d'une tristesse indicible, telle une ombre insidieuse qui ne le quittait plus.

Au-dessus, la lune glissait parmi les étoiles, promise à devenir gibbeuse dans quelques jours.

Il chuchota du bout des lèvres, les yeux rivés sur l'astre au front d'argent.



« Si seulement j'étais aussi courageux que je le prétends... »



À suivre...



Sunhi, c'est cette beauté fatale : 

(je- ok, pk l'image est énorme ? 😭)

Anyway, alors, ce chap ? 🌝

Le prochain devrait arriver dimanche, mais il se peut que je reprenne les publications tous les mercredis et les dimanches, comme avant (comme à l'époque de TDH et de BTM) ! 

Tout dépendra de ma vitesse de relecture et du temps dont je dispose 🥺

À très vite ! ♡ 


𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤

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