490 | PETER PARKER
Peter Parker version Andrew Garfield
***
- Peter au secours ... je t'en prie, sauve-moi
Ta plainte sort du cœur, ton timbre vibre de désespoir et de fatigue. Alerté par tes mots et par l'urgence alarmante dans ta voix, Peter redresse d'un coup la tête, prêt à bondir en cas de besoin. Mais lorsque tu entres dans le salon et qu'il peut donc mesurer visuellement la gravité de la situation, il reste perplexe. Ses yeux noisettes te détaillent minutieusement, à la recherche d'une blessure, d'une trace de sang ou d'un quelconque signe de problème, en vain.
- Te sauver de quoi, au juste ? finit-il par te demander
D'accord, tu as peut-être les traits un peu plus tirés que d'habitude à cause de ton expression boudeuse. Tes bras sont ballants, tes épaules affaissées mais à part ça, tu parais être en excellente santé. Ta peau est encore bronzée par les heures passées à se prélasser au soleil cet été, tes cheveux sont toujours détachés, indomptés et embaument le monoï et pour couronner le tout, tu portes autour du cou le collier de coquillages qu'il t'a offert quelques semaines plus tôt.
Malgré tout ça, c'est d'un pas traînant que tu t'approches de lui, l'air contrarié.
- De mon propre désespoir, lâches-tu en t'effondrant à ses côtés sur le canapé
Toujours perplexe quoi qu'un peu rassuré par ta réponse, ton petit-ami hausse les sourcils en te couvrant d'un regard attendri. Il se fait violence pour ne pas trahir son amusement mais un petit quelque chose subsiste dans le pincement de ses lèvres.
- De ton désespoir ? Ah oui et c'est-à-dire ? t'interroge-t-il en croisant les bras
- Ne te payes pas ma tête, le mets-tu en garde, l'œil noir
- Je ne fais rien ! se défend-il aussitôt en haussant les épaules
- C'est ça, et moi je suis Spider-Woman, répliques-tu
- Non, ça je crois que je le saurais, te taquine-t-il
Son sourire rieur et son humour plein de légèreté ne sont pas loin de te dérider alors pour ne pas lui donner gain de cause, tu te mords l'intérieur de la joue en détournant la tête comme une enfant vexée. Hors de question pour toi de lui faire croire qu'il vient de l'emporter sur toi, tu préfères garder le silence jusqu'à ce qu'il craque de lui-même. Ce qui ne tarde pas, trente secondes tout au plus.
- Aller ... qu'est-ce qui ne va pas, ma belle ?
Ta poitrine se soulève longuement, sous l'impulsion d'une profonde inspiration. Tu tournes la tête vers Peter, une expression dépitée plaquée sur le visage.
- On est en Septembre ..., souffles-tu
Cette phrase semble te coûter toute ton énergie, comme si le poids du monde pesait dans ces quelques mots. Si pour toi le sens de cette réponse est clair, ce n'est pas le cas de ton petit-ami qui continue de se frayer un chemin précaire au cœur de la perplexité.
- Et ? insiste-t-il, perdu
Plus blasée que jamais, tu pousses un soupir plaintif en laissant tes mains tomber sur tes cuisses en un geste de dépit voulant clairement dire « c'est évident, non ? ».
- Et c'est la déprime assurée ! Les vacances sont finies, on retourne à l'université dans quelques jours et je ne suis pas prête à ça. Plus de baignade, plus de sandales, plus de sieste dans un hamac, rien ! Au lieu de ça, c'est retour au réveil quand il fait nuit, aux métros bondés et heures de révision à n'en plus finir. Je n'ai aucune envie de m'encombrer le crâne avec l'achat de mes cahiers et les horaires de bus. Oui je suis dans le déni : je n'ai même pas encore défait ma valise. Et en plus, il fait un temps de merde !
Pour bien illustrer ce que tu avances, tu désignes de la main la fenêtre du salon. Et effectivement, lorsque Peter regarde à travers la vitre, il comprend pourquoi la météo new-yorkaise ne te fait pas rêver. De gros nuages gris foncé encombrent l'horizon et progressent dans le ciel de manière menaçante. De la pluie s'abat sur la ville depuis plusieurs heures, un temps désastreux qui s'alourdit un peu plus à chaque seconde.
Les prunelles de Peter restent quelques secondes fixées sur les nuages hostiles, réprimant un mauvais ressenti. Ton copain reporte son attention sur toi, il pose une main compatissante sur la tienne en t'offrant son sourire innocent ignorant combien il fait des ravages à ton cœur.
- C'est le contre coup des vacances, c'est tous les ans pareil. Tu verras, ça va vite passer, relativise-t-il
- Ah ça, pour vite passer, ça va vite passer ! Quand la rentrée sera derrière nous, le froid et les feuilles mortes ne vont plus tarder. Quelques examens plus tard et Noël sera déjà là, répliques-tu
Dépitée d'avance, tu te laisses tomber contre ton petit-ami en nichant ta tête dans le creux de son cou. Quelques rires secouent les épaules de Peter, son bras s'enroule autour de toi pour mieux enlacer ton corps.
- Wow, j'adore ton optimisme. Ta façon de voir les choses est aussi lumineuse que le temps là-dehors, se moque-t-il gentiment
- Je ne suis pas d'humeur à être positive, je suis en plein deuil de l'été, gémis-tu
- Tu sais quoi ? J'ai peut-être une idée pour que ton deuil se fasse en douceur. Qu'est-ce que tu dirais si j'allais nous chercher deux glaces ?
Sa proposition a le don de te faire réagir, tel un coup de baguette magique. Tu te redresses précipitamment, d'une humeur beaucoup moins morose tout à coup.
- Chez notre glacier ? Celui de notre premier rencard et où on peut ajouter des pop corns, des fruits ou des chamallows à notre cornet ? lui demandes-tu sur un ton surexcité
- Ton préféré oui, acquiesce ton copain
- Alors je dirais que je t'épouse sur le champ
Avec un autre rire, Peter dépose un baiser sur ta joue avant de se lever. À l'instant où ses pieds foulent le sol, un grondement retentit dehors et fait trembler les murs de votre appartement. Un éclair fend le ciel d'une ligne nette et irrégulière, le tonnerre enchaînant presque aussitôt. La pluie redouble d'intensité, elle se met à cogner avec force contre les fenêtres en projetant de grosses gouttes dans tous les sens.
- Oh non, ce n'est vraiment pas le moment, râles-tu
Mais l'homme araignée semble être à des kilomètres de toi ou de tes plaintes. Son corps s'est paralysé, le dos raide, tandis que ses yeux sont rivés sur la fenêtre. Une étincelle de peur se met à brouiller ses prunelles, qui s'embuent légèrement. Une transposition d'images se créée dans son esprit et renforce l'horrible sensation qui tient son estomac entre ses griffes. Il se force à baisser la tête pour ne plus regarder l'orage, mais le son de la pluie et du vent continuent de lui rappeler de mauvais souvenirs.
L'effroi d'un petit garçon désorienté, ne comprenant pas ce qui lui arrive, s'insinue en lui et remonte à la surface. Ce vieux traumatisme ne l'a jamais quitté, il se manifeste dès que les gouttes de pluie et les éclairs se mêlent dans une cacophonie orageuse.
Ce n'est pas la première fois que tu remarques sa réaction lorsque le temps se gâte dehors. Vous êtes en couple depuis plusieurs années, cet été est loin d'être votre premier passé ensemble. Et donc, qui dit été, dit forcément orages. À chaque fois, tu as senti ton petit-ami devenir fébrile, apeuré et distant. Jusqu'à maintenant, tu as toujours attendu qu'il vienne se confier à toi si besoin pour t'expliquer pourquoi les orages le mettent à ce point mal à l'aise, une attente qui s'éternise un peu trop à tes yeux.
- Peter ... tout va bien, lui assures-tu
Ta main se glisse dans la sienne, tu tires sur son bras autant pour le rassurer que pour l'attirer à toi. Reprenant conscience de ce qui l'entoure, Spidey tourne distraitement la tête vers toi avant de se rasseoir dans le canapé. Sa mâchoire s'est contractée, ses yeux restent perdus dans un vague lointain et ancien. Ton cœur se serre, le voir aussi affecté ne manque jamais de te faire une peine immense.
- Hey ... ça va, tu es là avec moi. On est à l'abri de ce qu'il se passe dehors ..., lui promets-tu en passant une main apaisante dans son dos
Ce retournement de situation est aussi naturel que spectaculaire. Il y a quelques minutes, c'était toi qui déprimais et avais besoin des caresses et des mots réconfortants de Peter mais là, les rôles se sont inversés.
Ton copain hoche lentement la tête, se détendant quelque peu. Un fin sourire sans joie orne ses lèvres, il plonge ses prunelles encore troublées dans les tiennes en s'accrochant à ta main.
- Tu ne m'as jamais expliqué pourquoi les orages te terrifiaient comme ça ..., lui dis-tu d'une voix douce faite pour l'encourager à la confidence
- Oui, je sais ..., articule-t-il lentement, la gorge nouée. C'est un peu ridicule à vrai dire
- Bien sûr que non, aucune peur n'est ridicule
Tes mots ont visé juste et le touchent en plein cœur. Peter te détaille en silence, les lèvres entrouvertes d'admiration. Une phrase, simple en apparence et si empreinte d'affection, suffit à lui rappeler combien il t'aime.
- La dernière fois que j'ai vu mes parents, une orage terrible avait éclaté sur la ville ..., t'avoue-t-il
Les pièces du puzzle s'assemblent enfin dans ton esprit, la compréhension te frappe de plein fouet. Tandis que le flou gagne de nouveau les yeux de ton petit-ami, tu sens sa main se contracter autour de la tienne. L'envie irrépressible de l'envelopper dans une étreinte protectrice s'empare de toi, tu resserres tes bras autour de lui en te pressant contre lui.
- Je me souviens de la fenêtre entrouverte du bureau de mon père qui avait été saccagé, le vent et la pluie rentraient dans la pièce et mouillaient le bord de la fenêtre ..., te raconte-t-il, replongé dans ses souvenirs. Après ça, mes parents ont décidé de partir précipitamment et de braver l'orage pour aller chez oncle Ben et tante May. Le tonnerre grondait de plus en plus fort, je me souviens m'être demandé si la maison de Ben et May serait assez solide pour ne pas s'envoler comme dans le Magicien d'Oz. C'est ce soir là, alors que le déluge aurait découragé quiconque de sortir et que les éclairs encerclaient la ville ... c'est là que mes parents m'ont dit adieu sans le savoir
Tous deux bouleversés, vous vous blottissez l'un contre l'autre en quête de réconfort. Étrangement, vous ne prêtez plus attention à l'orage grondant encore derrière la fenêtre. La seule chose qui t'importe, c'est Peter.
- Oh mon dieu Peter ..., souffles-tu. Je ne savais pas tout ça ...
- Normal, je ne te l'avais jamais dit, réplique-t-il dans un rire ironique
- Et dire que je m'appitoyais sur mon sort parce que les vacances sont finies, grimaces-tu
Cette fois, un véritable rire sort de la gorge de ton petit-ami. Et à cet instant, ça te semble être la plus belle chose à entendre.
- Ça va maintenant, je suis un grand garçon. Mais les orages me rappellent toujours cette journée de malheur où j'ai perdu mes parents, admet-il en haussant une épaule
- Alors peut-être qu'on devrait déménager là où il n'y a jamais d'orage, suggères-tu avec un petit sourire
- C'est une idée, approuve Peter
Ses traits se rehaussent petit à petit d'un sourire, son visage pâle reprend des couleurs. Pour terminer de lui remonter le moral, tu déposes un baiser empli de tendresse sur ses lèvres.
- Pourquoi pas partir pour Oz justement ? Là-bas, on échapperait à mon blues de la rentrée et aux orages, plaisantes-tu
- Pas mal, acquiesce-t-il. En plus, je pourrais quand même être Spider-Man là-bas, il y a toujours la méchante sorcière de l'ouest à combattre
C'est une manière de fuir la rentrée et les traumatismes d'enfance, après tout.
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En parlant de cette fameuse période de Septembre, bonne rentrée à tous !
Que ce soit cette semaine ou plus tard, je vous envoie de la force 👊🏻
Je sais que j'avais dit qu'on ferait le débrief de Deadpool & Wolverine cette semaine mais exceptionnellement, je vais devoir le repousser à la semaine prochaine. Et cette fois, sans faute, c'est promis !
En attendant, bon courage à tous pour cette nouvelle année scolaire 😉
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