- Et bien et bien, c'est une bonne surprise que le vent m'emmène, souris-tu
- Votre compliment me va droit au cœur, mademoiselle Rogers, te remercie Edwin Jarvis. Cependant, tout le plaisir est pour moi et je suis ravi de vous servir de chauffeur ce soir

Bien que tu sois très contente de voir le majordome à la sortie de ta journée de travail, tu ne peux t'empêcher d'y voir un présage. Tu t'approches de la belle voiture de collection garée sur le bas-côté en plissant légèrement les yeux.

- Ne vous méprenez pas Edwin : vous savez combien j'apprécie votre compagnie ... mais quelque chose me dit que votre présence ici n'est pas qu'un hasard bienvenu. Qu'a encore fait Howard ?

Embêté par cette question, ton chauffeur du soir peine à camoufler son inconfort quant à ta question très pertinente. Il évite soigneusement ton regard en déglutissant avec difficulté, il finit par ouvrir la portière arrière de la voiture en t'invitant poliment à entrer, autant pour changer de sujet que pour faire son travail.

- Si vous voulez bien ...

Tu secoues la tête en retenant un rire, tu te saisis de la main qu'il te propose et entres dans le véhicule. Une fois tous deux installés à bord, Edwin démarre la voiture et quitte ainsi l'allée mythique de Broadway.

- Votre journée a été plaisante, mademoi-
- Jarvis ! Combien de fois je vais devoir vous supplier de m'appeler par mon prénom ? l'interromps-tu avec un petit rire
- Navré madem- ... pardonnez-moi Y/N, monsieur Stark insiste pour que je reste professionnel en votre compagnie
- Et bien moi, je vous demande de ne plus être guindé avec moi. J'entends suffisamment mon nom de famille à longueur de journée, il me cause assez de soucis comme ça ...
- Que voulez-vous dire ?

Tu t'adosses au siège en cuir en laissant un profond soupir t'échapper. Tes yeux se perdent dans le paysage qui défile derrière la vitre, fixant vaguement les rues successives sans les voir.

- Je n'ai pas envie de jouer les martyrs, il y a pire qu'être connue comme étant la petite sœur du célèbre Captain America. Mais justement, j'aimerais être plus que ça aux yeux du monde, avoues-tu
- Vous l'êtes, assurément ! affirme Edwin
- Tout le monde n'est pas de votre avis Edwin, te lamentes-tu en baissant la tête. Quand les gens entendent le nom « Rogers » sortir de ma bouche, ils n'ont que deux types de réactions. Il y a ceux qui veulent se plier en quatre pour moi, en faire beaucoup trop et être de parfait hypocrite. Et il y a ceux qui pensent que je profite de la notoriété de mon frère pour faire parler de moi et qui me croient incapable de la moindre chose

Et cette situation, tu la vies au quotidien. Surtout depuis la fin de la guerre, depuis que Steve a fait l'ultime sacrifice afin de sauver le monde et que son titre de héros n'en est que plus légendaire. Après avoir servi dans l'armée aux côtés de Peggy, il a fallu que tu te trouves une nouvelle occupation. Rester active dans la protection du monde à l'image de ton amie anglaise était trop douloureux pour toi, te rappelant ton frère disparu à chaque moment.

Alors tu as changé complètement de voie et tu as décidé de suivre une de tes passions : le cinéma. Ou plus précisément, les comédies musicales de Broadway, colorées et pleines d'une vie festive plaisante à retrouver. Et ce n'est pas au poste le plus simple que tu as postulé, toi tu désires être metteuse en scène. Pas facile pour une femme de se faire une place dans cette industrie, mais tu n'as pas l'intention de te laisser faire. Et surtout, de prouver à tous tes collègues masculins qui ne croient pas en toi que la détermination est un synonyme de « Rogers » !

- Mais vous savez bien que ce n'est pas vrai, vous n'avez jamais voulu vous reposer sur les lauriers glorieux de votre frère, observe Edwin
- Je le sais bien et je n'ai pas l'intention de battre en retraite, admets-tu. Il y a simplement des jours où supporter les commentaires douteux de mes collègues est plus facile que d'autres

Tu sens les yeux du majordome se braquer sur toi grâce au rétroviseur central.

- Le chemin peut être long mais ne vous découragez pas Y/N, te dit-il avec bienveillance. Vous avez déjà produit plusieurs comédies musicales qui ont eu un succès retentissant ! La presse vous présente comme une étoile montante emportant avec elle un agréable vent de fraîcheur et qui fera grand bruit sur son passage. Et je suis certain que le projet sur lequel vous êtes en train de travailler sera tout aussi somptueux, j'ai même hâte de voir à quoi va ressembler votre adaptation d'Alice au pays des merveilles en show dansant

Les mots de ton ami parviennent à te remonter le moral, un sourire vient soulever tes traits en quelques secondes.

- Je vois que vous êtes bien informé, ris-tu. Howard est toujours aussi bavard apparemment
- Je n'ai pas besoin de monsieur Stark pour m'intéresser à votre carrière, mais il est vrai qu'il parle beaucoup de vous. Il est si fier de vous voir vous accomplir, il ne vous le dit peut-être pas mais c'est le cas

Ton cœur fond dans ta poitrine, touchée par ce que tu entends. Partager une relation avec un milliardaire charmeur, au talent d'invention n'ayant d'égal que sa capacité à s'attirer des ennuis, n'est pas chose aisée. Tu le savais avant même de tenter l'aventure avec lui. Ça devait d'ailleurs n'être rien de plus que ça : une aventure. Et vous voilà à présent, très attachés l'un à l'autre sans jamais avoir posé de mots sur vos sentiments les plus profonds

- Je devrais aller le remercier dans ce cas. Pouvez-vous m'emmener jusqu'à chez lui Edwin, s'il vous plaît ?

Il change subitement de couleur, devenant presque aussi blanc qu'un linge. Tout à coup mal à l'aise, il se raidit sur son siège et se crispe sur son volant, sous ton regard confus.

- Monsieur Stark m'a chargé de vous ramener chez vous ce soir mademoiselle ...
- Et bien changement de plan, j'aimerais le voir, dis-tu en faisant comme si tu n'avais pas compris le problème
- C'est-à-dire que ... il ne ... enfin vous ne-
- Pour l'amour du ciel, que me cachez-vous Jarvis ?! Qu'est-ce que vous refusez de me dire ? Qu'est-ce qu'Howard est en train de mijoter qui nécessite de me tenir éloigné de la sorte

Tu sais de quoi est capable Howard, c'est pour cette raison que tu fais autant pression sur Edwin pour qu'il craque.

- Disons que monsieur Stark a une affaire très urgente à régler. Ce problème s'est manifesté par surprise cet après-midi et il doit s'absenter quelques jours afin de récupérer à temps un colis important-

S'il s'emmêle un peu les pinceaux dans son argumentaire bancal, la réalisation te frappe de plein fouet.

- J'ai compris la situation, le coupes-tu. Emmenez-moi à lui sur le champ, et ce n'est pas une suggestion
- Très bien mademoiselle Rogers, je veux dire Y/N ...

Le majordome capitule sans se battre car il sait qu'il ne sortira jamais victorieux face à ton entêtement. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il a traversé la ville et se gare devant la résidence new-yorkaise d'Howard. Tu bondis hors de la voiture et passes la porte d'entrée telle une tornade déchaînée.

- Howard ? Je sais que vous êtes ici alors ne vous cachez pas ! t'écries-tu en parcourant la maison, Edwin sur les talons

Tu trouves le génie dans son bureau, visiblement en plein rangement hâtif.

- Comment pourrais-je me cacher de vous, ma chère ? Surtout dans ma propre maison, ce serait un comble, s'amuse-t-il avec l'ombre de son fameux sourire
- Oh je vous interdis de me servir votre fichu sourire de séducteur ! le réprimandes-tu en le pointant du doigt. Pas quand vous envoyez Jarvis pour me cacher des choses en pensant que je serais trop bête pour comprendre ce qu'il se trame
- Je n'ai jamais pensé ça de vous, se défend-il aussitôt. Et même si j'admets que Jarvis était censé vous tenir à distance ...

Il ponctue la fin de sa phrase d'un coup d'œil sombre à son majordome, qui aura certainement quelques soucis un peu plus tard. En jetant un regard par-dessus ton épaule, tu le vois en train de prendre la poudre d'escampette.

- Ce n'était pas dans le but de vous cacher quelque chose mais plutôt de vous empêcher de rappliquer ici et d'essayer de me dissuader de régler cette affaire en cours. Effectivement, cette partie a lamentablement échoué
- C'est certainement un mal pour un bien, parce que je vais en effet essayer de vous dissuader, affirmes-tu. Je sais de quelle affaire il s'agit et c'est hors de question que vous preniez ce risque

Tu te plantes devant son bureau, les bras croisés, un regard déterminé fermement ancré dans le sien. Vos deux fortes têtes vont s'affronter, lequel de vous deux aura gain de cause ?

- Y/N ... rien de ce que vous pourrez dire ne me fera changer d'avis. Vous plus que quiconque sait combien cette affaire est importante, déclare Howard en glissant plusieurs documents dans une sacoche
- C'est bien pour ça que je vous ordonne de ne rien tenter

Howard dépose la sacoche à plat sur le bureau et s'appuye des deux mains sur la surface en acajou. Il ouvre la bouche pour te contredire à nouveau mais tu ne lui en laisses pas le temps :

- Je sais que vos intentions sont honorables. Tout ce que vous voulez, c'est récupérer la fiole contenant le sang de mon frère qui vous a été volé ...
- Je tiens à réparer mes erreurs. Je n'aurais pas dû conserver cette fiole ... mais c'est tout ce qu'il me restait de Steve, avoue-t-il avec tristesse. C'était trop dur pour moi de m'en séparer
- Regardez où nous en sommes aujourd'hui : cette fiole est tombée en de mauvaises mains
- C'est bien pour ça que je dois la récupérer ! J'ai une piste, je me dois de la suivre

Frustrée, tu le suis du regard tandis qu'il contourne le bureau en glissant la sacoche sur son épaule.

- C'est bien trop dangereux, Howard ! protestes-tu en t'avançant vers lui
- C'est ce qui rend les choses plus amusantes, ma jolie, rit-il
- Vous êtes complètement fou

Ta phrase fait naître un petit sourire dans le coin des lèvres du génie, qui réplique sur un ton autant taquin que charmeur :

- Comme un chapelier

Tu te mords l'intérieur de la joue pour réprimer un sourire, alors que tu fais ton possible pour ignorer l'emballement de ton cœur.

- Alors je vous le demande : ne partez pas à la recherche du lapin blanc, il ne vous mènera pas au pays des merveilles
- Vous ne me croyez pas capable de réussir ? C'est pour ça que vous ne voulez pas que je m'en charge ? te demande-t-il, avec sérieux
- C'est parce que je tiens trop à vous que je ne veux pas que vous preniez le moindre risque, imbécile

Le milliardaire hausse les sourcils, surpris. Depuis que vous entretenez une relation, ces mots sont ce qui se rapproche le plus d'une déclaration honnête des sentiments que vous ne voulez pas nommer.

- J'ai déjà perdu Steve, je ne veux pas vous perdre vous également, ajoutes-tu

Avec ce dernier argument, tu espères le convaincre d'abandonner définitivement cette quête risquée. Tu baisses la tête, consciente que pour ça tu viens d'exposer ton cœur à nu. Howard se rapproche de toi, il glisse ses doigts sous ton menton pour redresser ton visage.

- Ce sont des sentiments que je vois là ? sourit-il
- Évidemment que ce sont des sentiments, c'est de mon frère dont on parle, répliques-tu sur un ton joueur voulant camoufler un peu ta déclaration

Des rires échappent au génie, il secoue la tête en t'adressant un regard tendre. Son pouce vient caresser le côté de ton menton, réveillant des milliers de frissons à travers tout ton corps.

- Je vous croyais meilleure actrice que ça, te murmure-t-il
- Peut-être que le temps est venu d'arrêter de jouer
- Vous avez sûrement raison ... vous passez vos journées entre Lièvre de Mars et Chat de Cheshire, mais sachez que vous êtes la reine de mon cœur

Pris tous deux de passion, vous fondez l'un sur l'autre et vous embrassez avec intensité. Ce baiser est loin d'être votre premier et pourtant, son goût est singulier. Cet échange amoureux est plus profond, messager de quelque chose de nouveau qui languissait sous la surface. Et à bien des égards, il prend les traits du premier baiser d'une relation en pleine évolution et en train de s'épanouir comme la plus belle des fleurs.

- Est-ce que j'ai réussi à vous convaincre de ne pas vous engager dans cette chasse folle ? lui demandes-tu contre ses lèvres
- J'ai bien peur que non, s'amuse-t-il
- Très bien. Dans ce cas, je viens avec vous

Tu vois au regard qu'il t'adresse qu'Howard n'est pas étonné. Peut-être même qu'il s'attendait à cette décision et qu'il l'espérait au fond de lui.

- Vous êtes sûre de ça ? Vous remettre dans le train de l'action qui est resté a quai depuis la gare ? Avec un partenaire des plus séduisants ? t'interroge-t-il avec un brin d'arrogance
- C'est le sang de mon frère, je ne permettrais à personne de s'en servir avec de mauvaises intentions. Et puis, c'est ce qui rend le choses plus amusantes non ? réponds-tu avec un sourire en coin

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Cette semaine était marquée par la sortie de Madame Web !

Et sans grande surprise, je vois beaucoup de mauvaises critiques sortir un peu partout depuis. J'ai l'impression que tous les films de super-héros qui sortent maintenant se font détruire malheureusement 😓

Est-ce que certains d'entre vous l'ont vu ? Et si oui, qu'est-ce que vous en avez pensé ?