436 | IKARIS
- Je te conseille de me dire où est-ce que tu l'as caché sans faire d'histoires, si tu tiens à ce que ton nez reste bien au milieu de ton visage, le mets-tu en garde d'une voix dépourvue de chaleur
Le malfrat face à toi ne se défait pas de son sourire idiot, renforçant encore un peu plus l'expression d'imbécile qu'il arbore naturellement. Il te scrute en plissant les yeux, cherchant à voir ce que la capuche de ta veste vise à dissimuler.
- Et pourquoi j'écouterais ce que tu me dis ? Tu crois que tu me fais peur, ma petite ? raille-t-il
Un soupir de dédain franchit tes lèvres, le bouillonnement d'une colère né progressivement au fond de toi. Ce pignouf n'est ton aîné que de quelques années seulement - en apparence du moins - et pourtant il se croit supérieur à toi et ça, c'est le genre de choses qui peut très vite te faire partir au quart de tour.
- Parce que ta tête risque de finir coincée dans l'un des tambours de ces machines à laver si tu ne me prends pas au sérieux, l'avertis-tu
Pour renforcer ta menace et écarter tous doutes, tu redresses légèrement la tête de façon à ce que la lumière des néons de la pièce puisse éclairer ton visage. Le voleur que tu as coincé dans cette laverie automatique plisse les yeux, déglutit difficilement en reconnaissant ton identité. Mais bien vite, il fait comme si son trouble n'avait jamais existé et plaque de nouveau sur son visage un air d'abruti.
- Et donc ? Une Avenger à la retraite alors que l'équipe a été désossée ? C'est censé me faire partir en courant ? se moque-t-il
Soudain, tu ne supportes plus son ton narquois et ses propos dépourvus de respect ont raison de ta patience. Tu sors de tes gonds et balances violemment ton poing dans son visage. Un grognement de douleur emplit la laverie automatique, ton criminel se plie en deux, la main posée sur son nez en sang.
- Je t'avais prévenu. Maintenant, dis-moi où est ce que toi et tes acolytes avaient volé ? répètes-tu avec hargne
- Je ne sais pas de quoi tu me parles, s'entête-t-il
- Je sais que jouer l'idiot fait très certainement partie de ta nature mais je t'en prie, épargne moi ce numéro, le coupes-tu. Où est l'arc réacteur ?
Après la destruction du QG de New York par Thanos - celui qui a voyagé dans le temps, pas celui qui a fait disparaître la moitié de la population et que Thor a passé à la guillotine -, la zone sinistrée était un coffre remplie de trésors ouvert à tous. Suite à la grande bataille, vous aviez tous autre chose en tête que le nettoyage de votre ancienne base et vous avez négligé sa protection. De fait, de nombreux pilleurs sont venus fourrer leurs nez dans les décombres à la recherche d'objets et d'armes épargnés par l'explosion qui pourraient leur servir ou rejoindre le marché noir.
La liste de ce qui a disparu est longue, mais les retrouver est primordial. Que pourrait bien faire une madame tout le monde si elle tombait en possession d'un concept de lance-toiles ou si un voleur lambda se retrouvait avec un prototype d'ailes en aciers pouvant lancer des projectiles ? Ça pourrait déboucher sur des catastrophes affreuses, alors tu t'es lancée dans cette folle quête. Et tu as réussi à remonter la trace de celui qui a volé l'arc réacteur de Tony, celui qui renferme l'armure qu'il portait lors de votre première confrontation avec Thanos, cette même armure qu'il a porté pendant son petit voyage dans l'espace. Ta piste t'a donc amené jusqu'à cet idiot, occupé à laver ses sous-vêtements dans cette laverie automatique tard dans la soirée.
- Ne me dis pas que tu le caches entre tes chaussettes sales et tes caleçons à carreaux ? grimaces-tu en désignant sa panière du bout du pieds
Malgré sa main toujours fourrée sur son nez martyrisé, ton opposant éclate d'un rire qui t'irrite au plus haut point. Tu sens que ta patience ne va pas tarder à céder, tu serres les poings en le toisant avec lassitude.
- Oh ça non, j'ai une cachette bien meilleure que ça ... en fait, elle est vraiment super bien surveillée !
Il fait un mouvement de sa main libre, tu entends la porte de la laverie s'ouvrir dans ton dos. Lorsque tu te retournes, tu constates qu'il vient de rameuter le reste de sa clique.
- C'est toi qui espères me faire peur maintenant ? railles-tu, pas impressionnée pour un sou
Ce ne sont pas cinq mecs ordinaires et aux airs de gros balourds limités qui vont t'intimider. Tu as déjà affronté pire dans ta vie, bien pire !
- On espère plutôt que tu vas nous foutre la paix et nous laisser garder nos trésors ! lance l'un d'eux
- Nos trésors ... vous avez volé autre chose ?
- Tais-toi, imbécile ! râle un second en frappant son camarade un peu trop bavard
- Je vois ... vous ne me laissez pas le choix. Préparez l'infirmerie
Et il ne t'en faut pas plus pour t'élancer avec férocité, comme une lionne en cage prête à lutter jusqu'au bout. Tu te bats contre les cinq hommes au beau milieu des machines à laver et tu leur mets une sacré misère. En moins de deux minutes, ils ont tous quelque chose de cassé : le nez, le bras, le tibia, une côte ou quelques dents. Celui qui va voir la petite souris passer ce soir comprend que l'issue ne leur sera pas favorable alors il dégaine de sa poche son dernier espoir; à savoir une sorte de manche à trois branches. Tu n'as jamais vu cet objet auparavant mais tu en as déjà assez aperçu de similaire pour reconnaître la patte de Tony dans la confection de cet engin. Le criminel actionne un bouton, l'arme paraît s'activer en s'illuminant de lumière bleue.
Un bourdonnement grandissant provient de l'objet, tu fronces les sourcils en te demandant la nature de cette arme. Tu obtiens vite la réponse lorsque tu te retrouves violemment projetée en arrière, avec tant de force que tu traverses la devanture vitrée de la laverie automatique et atterris sur le bitume un peu plus loin. Un grognement plaintif s'échappe de tes lèvres, la douleur causée par la brutalité de cet atterrissage et par les bris de verre enfoncés dans ta peau ça et là t'emplie entièrement.
Tu te forces à te redresser aussi rapidement que te le permet ton corps endommagé, bien décidée à ne pas laisser les voleurs te filer entre les doigts. Cependant, tu te fais devancer par une fusée qui pénètre à toute berzingue à l'intérieur de la laverie automatique dans un fracas de tous les diables, détruisant une bonne partie de la boutique sur son passage. Des bruits de luttes te proviennent du bâtiment, enfin plutôt de ce qu'il en reste. Tu t'interroges sur l'identité de cet allié tombé du ciel, bien qu'un visage s'impose à ton esprit.
Ta supposition ne peut pas être vraie, ça paraît trop impossible. Et pourtant, la silhouette qui émerge de la devanture en miettes t'est plus que familière. Son sourire est un souvenir du passé ressurgissant sans prévenir, comme un tourbillon d'émotions qui souffle à l'intérieur de toi.
- Ikaris ?
- Je vois que tu as toujours un don pour t'attirer des ennuis, Y/N, constate-t-il
Hébétée de le voir apparaître aussi soudainement et encore secouée par ton vol plané, tu mets plusieurs secondes avant de reprendre tes esprits. Pendant ta période de bug, Ikaris a parcouru la distance qui vous séparait et te tend deux objets, un dans chaque main.
- J'ai cru comprendre que c'est ce que tu cherchais, t'annonce-t-il
Tu baisses les yeux vers le bâton à trois branches qui t'a propulsé à travers la vitre dans sa main gauche, ainsi que l'arc réacteur disparu dans sa main droite. Voir cet objet, si lié à Tony, te chamboule quelque peu et bizarrement, c'est ce qui t'aide à reprendre contenance.
- Tu m'as espionné ? lui demandes-tu, perplexe
- Ça ne fait pas plus de deux heures que je t'ai en ligne de mire, te répond-il en haussant les épaules
- Super rassurant, ironises-tu
Malgré ça, tu récupères les artefacts retrouvés en le remerciant et les observes pendant un temps avant de les glisser dans les poches de ta veste.
- Je sais que tu n'avais certainement pas besoin de mon aide mais-, commence-t-il
- Je m'en sortais très bien, j'avais la situation bien en mains, assures-tu en peinant à être convaincante
- Mais quand je t'ai vu traverser la vitre, je ne pouvais plus rester les bras croisés. Tes criminels ne vont pas reprendre connaissance tout de suite, au fait
- Les choses ne changeront jamais, il faut toujours que tu voles à mon secours, dis-tu avec un drôle de sourire
Une once de fébrilité se trahit dans ta voix, ce renvoi vers votre passé commun souffle une brise embarrassée sur vous deux. Le silence qui s'en suit ne fait qu'accentuer ce malaise grandissant.
- Donc ... tu es revenu sur Terre, constates-tu. Depuis quand ?
- Depuis aujourd'hui, j'ai atterri dans la matinée, te répond l'Éternel
- Ne me dis pas que tu es arrivé en volant ..., soupires-tu. Les gens vont te prendre pour Superman
- Superman ?
Les sourcils froncés d'Ikaris te font pencher la tête sur le côté, l'air dépité.
- Impossible que tu aies oublié Superman, je t'ai fait regardé toutes les saisons de Smallville ! t'offusques-tu
- Je sais, je te fais marcher, s'amuse-t-il
Tu ris malgré toi en secouant la tête, mais tu interromps ton geste lorsque tu sens une douleur piquer le côté de ta mâchoire. En tâtant la zone, tes doigts rencontrent quelques minuscules bris de verre enfoncés dans ta peau. Et maintenant que tu y penses, tu ressens chaque autre morceau de verre qui s'est logé dans ton épiderme. Une grimace déforme tes traits, Ikaris le remarque aussitôt.
- Tu es blessée, observe-t-il avec inquiétude
- C'est superficiel, rien que mon enveloppe de mortelle ne puisse pas encaisser, affirmes-tu
La mâchoire d'Ikaris se contracte, un muscle sur sa joue tressaute. Quelqu'un d'ordinaire n'aurait pas remarqué ces détails mais toi, tu connais si bien l'Éternel que ces petites choses ne passent pas inaperçues.
- Il faut quand même nettoyer ça, laisse-moi te raccompagner
- Ikaris, je ne crois pas que tu sois là pour jouer les infirmiers, protestes-tu
- Laisse-moi te raccompagner, répète-t-il
Son ton ferme et catégorique ne tolère aucun refus, tu ne le sais que trop bien. Alors tu cesses de broncher et prends la direction de ton appartement, Ikaris sur les talons. En chemin, tu appelles les autorités pour qu'ils s'occupent des cinq voleurs assommés dans la laverie automatique.
En rentrant chez toi, tu ne t'embarrasses pas à lui faite visiter les lieux et files droit dans la salle de bain. Après tout, Ikaris a passé suffisamment de temps ici pour connaître parfaitement cet appartement ...
Tu t'examines dans le miroir, à la recherche de la moindre égratignure. Tes vêtements sont légèrement déchirés ici et là, les coupures faites par les fragments de verre ne sont pas sérieuses mais c'est tout de même important de les soigner. L'Éternel passe la porte de la salle de bain à l'instant où un sifflement plaintif provient de ta bouche, lorsque tu presses un coton imbibé de désinfectant sur le côté de ta mâchoire.
- Laisse, je vais le faire, te dit-il
Il tend la main vers la tienne pour récupérer le coton, tu le repousses une nouvelle fois en reculant d'un pas. Ton regard noir le décourage dans sa lancée, son bras retombe mollement le long de son corps.
- Qu'est-ce que tu cherches, au juste ? lui demandes-tu d'un ton plus mordant que tu ne l'avais prévu
- Je veux juste t'aider, se justifie-t-il vainement
- Je ne parle pas de ça, qu'est-ce que tu viens faire ici ? Pourquoi tu es revenu sur Terre ? Et pourquoi tu fais comme si rien ne s'était passé ? Juste pour te rafraîchir la mémoire, tu as quitté cette planète il y a plus de dix ans, en même temps que tu m'as quitté moi
Ta voix ne craque pas, tu contrôles les émotions que te font revivre les souvenirs de cette époque et les repousses derrière ton masque. Ikaris baisse la tête et s'appuye contre le lavabo avec gravité.
- Je sais ce qu'il s'est passé à l'époque et j'en suis désolé, t'avoue-t-il. J'ai eu tout le temps de réfléchir et de me noyer dans mes regrets, il fallait que je vienne te voir ... j'en avais besoin
- C'était il y a plus de dix ans que j'avais besoin de toi, lorsque Arishem m'a ôté mes pouvoirs et que j'aurais bien aimé que quelqu'un approuve ma décision, assènes-tu. Quelqu'un comme mon petit-ami par exemple
Et oui, ton histoire avec Ikaris n'est pas simple mais elle commence avec un point commun : vous étiez tous les deux des Éternels.
- Je sais que j'aurais dû te soutenir, je le comprends aujourd'hui
- C'est un peu tard pour ça, tu ne crois pas ? railles-tu
- À l'époque, j'étais entièrement dévoué à la cause d'Arishem et il était impossible pour moi d'envisager autre chose que la vision qu'il nous avait imposé. Alors oui, quand tu m'as avoué vouloir intervenir dans l'histoire de la Terre, j'ai été incapable d'approuver ton idée. Je ne sais plus combien de fois on s'est disputés à ce sujet mais il était évident qu'on ne serait jamais tombés d'accord à ce moment là. Maintenant, je comprends ...
- Vaut mieux tard que jamais, j'imagine
Tu déposes le coton sur le côté de l'évier et croises les bras, tandis que les yeux d'Ikaris ne te quittent pas.
- Tu sais, j'aurais pu abandonner au moment où Arishem m'a retiré mes pouvoirs et mon statut d'Éternel par la même occasion. Je crois que c'est ce qu'il espérait, en plus de la punition que ça représentait. Mais je ne me suis pas démontée et j'ai quand même voulu aider la Terre à gérer tous les conflits qu'elle rencontrait. Je suis devenue une agent du SHIELD, j'ai travaillé dur et j'ai réussi. J'ai intégré les Avengers dès leur création et j'ai adoré chaque moment. C'était si bon de se sentir utile, de ne pas assister à toutes ces catastrophes sans s'interdire d'intervenir sous prétexte qu'on nous avait demandé de rester à l'écart. Avec ou sans pouvoirs, avec ou sans immortalité, je vaux quelque chose finalement
Ton monologue glisse un discret sourire au coin des lèvres d'Ikaris, charmé de voir que ta dévotion pour les autres est immuable. Ce sourire ne t'échappe pas, tu plisses les yeux en te tournant vers lui.
- Quoi ?
- Comme quoi, ce n'est pas obligatoire d'être Clark Kent pour sauver le monde, plaisante-t-il
C'est plus fort que toi, ton ex parvient encore à t'arracher des rires d'un simple commentaire innocent.
- C'est sûr, même si je n'ai pas le souvenir qu'il ait besoin de pansements lorsqu'il vient de jouer les héros, t'amuses-tu
- Mais tu fais ça tellement mieux que lui
Tu redresses la tête, plongeant ton regard dans les prunelles pleines d'admiration de l'Éternel.
- Ce n'est pas parce que je n'étais plus ici que je n'ai pas continué de garder un œil sur toi, te confesse-t-il. Tu as fait un travail remarquable avec ton équipe de héros, je dois avouer que ça m'a beaucoup impressionné. Je n'ai jamais douté de ta détermination mais tu t'es révélée d'une manière si forte en te retrouvant au pied du mur ... tu ne cesseras jamais de m'émerveiller
Ton cœur tressaute, réaction impulsive qui en dit long sur ce qu'Ikaris peut encore éveiller en toi. Ce dernier se penche au-dessus du lavabo, attrape le coton imbibé d'alcool et t'interroge du regard. Tu hoches la tête et pivotes pour offrir ton visage aux mains de ton ex.
- J'espère simplement qu'il te reste un peu de bonté à mon égard pour que tu puisses me pardonner un jour, murmure-t-il en nettoyant la plaie de ta mâchoire
- Peut-être, il faut que j'y réfléchisse encore un peu, ris-tu. Les héros finissent toujours par pardonner, j'imagine que je peux faire un effort pour toi. Peut-être ...
Un échange de regard, la douceur d'une caresse, des mots pleins d'espoir ... l'avenir n'est peut-être pas si sombre, Ikaris pourrait bien apporter un peu de sa lumière à ta vie, qui sait ?
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Cette semaine, le premier épisode de Secret Invasion est sorti !
Pour être tout à fait honnête, j'avais complètement oublié cette série 😂
Et puis, vu que je n'ai plus Disney+, je ne sais pas quand je la regarderai. J'attendrai certainement que toute la saison soit sortie, on verra ^^
Ceux qui ont vu cet épisode, qu'en avez-vous pensé ?
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