Tes yeux sont rivés sur le cadran de ta montre, ne s'éloignant pas une seule seconde des aiguilles qui enchaînent leur rotation régulière. Les secondes s'égrainent dans ta tête et forment des minutes, qui s'écoulent inlassablement. Ta patience fait ses preuves, tu ne détournes pas la tête de ton bijou de poignet.

Pas même lorsqu'un courant d'air bleuté te frôle enfin, soulevant tes cheveux et les volants de ta robe à pois au passage.

- Pile à l'heure ! s'exclame Pietro
- Ou plutôt, pile en retard, répliques-tu

Tu quittes enfin des yeux ta montre pour dévisager l'optimisé, un sourcil haussé et très interrogatif. Le sokovien prétend ne pas comprendre, il conserve son sourire trompeusement arrogant et sûr de lui. Néanmoins, ton regard insistant fracture petit à petit sa façade confiante et révèle quelques failles.

- Bon d'accord, je suis un tout petit peu en retard ! concède-t-il. Mais seulement d'un quart d'heure, donc c'est la limite de retard toléré pour ne pas passer pour un pignouf. Et puis, c'est bon signe que tu m'aies attendu pendant ce temps ... ça veut dire que tu as vraiment envie de me voir

Sa petite excuse et le retour de son sourire désinvolte t'arrachent des éclats de rire, tu secoues légèrement la tête en levant les yeux au ciel.

- Tu ne doutes vraiment de rien, n'est-ce pas ?
- Jamais, c'est le secret pour être un optimisé séduisant et au charme infaillible, se vante-t-il en passant ses doigts dans ses mèches argentées
- Tu es l'homme le plus rapide de la Terre et pourtant, tu arrives à être en retard à notre rendez-vous, constates-tu avec amusement
- Des détails, quelques grains de sable sans importance, lâche-t-il en balayant tes propos d'un revers de la main. On y va ?

Il te propose son bras, comme le parfait gentleman qu'il est à mi-temps. Sans plus attendre ni hésiter, tu t'en saisis et lui souris franchement.

- C'est parti !

Pietro et toi, vous ne vous connaissez que depuis quelques mois et pourtant, vous avez déjà partagé une demi-douzaine de rendez-vous. C'est le septième qui peut enfin commencer aujourd'hui, sur les chapeaux de roue. Comme lors de votre rencontre.

Tu sortais du magasin d'un fleuriste que tu apprécies beaucoup, avec dans les mains le magnifique bouquet d'un mélange de fleurs roses que tu venais de t'acheter. Magnifique, il ne l'est resté qu'approximativement dix secondes avant qu'un courant d'air aux lueurs bleues ne te percute de plein fouet et écrase tes jolies fleurs. Évidemment, ce n'est pas exactement le genre de rencontre idyllique et parfaite puisque tu as commencé par maudire la maladresse de cet homme et à défouler ta colère sur lui. Mais c'est mal connaître Pietro que de croire qu'il ne se démêlerait pas d'une situation aussi corsée que celle-ci. Résultat : vous êtes devenus amis, vous apprenez à faire connaissance et vous aimez passer du bon temps en compagnie de l'autre.

Vous aimez même beaucoup mais il est encore un peu trop tôt pour l'avouer ...

Ce que vous appréciez faire par dessus tout, c'est vous baladez à travers les rues de New York. Tantôt animée et commerçante, tantôt pleine de charme et verdoyante, la Grosse Pomme est votre point de rendez-vous idéal et votre terrain de jeux secret. Beaucoup moins formel qu'un dîner au restaurant chic du coin - et bien moins cher -, ça vous permet de discuter librement sans vous prendre la tête.

- Et quand j'ai gagné ce concours de peinture, j'ai pu être exposé dans une galerie d'art à Rome, termines-tu

Pietro s'arrête de marcher pour te dévisager, la tête légèrement penchée sur le côté. Étonnée de ne plus le trouver à tes côtés, tu te retournes et le vois te contempler, une étincelle d'admiration dans le regard.

- Je ne savais pas ça ...
- Je ne t'ai pas tout dit, j'ai gardé quelques surprises, dis-tu avec un sourire en coin
- Tu me feras voir tes œuvres un jour ? J'aimerais tellement te voir peindre !

Le voir aussi emballé et excité à l'idée de te regarder pratiquer ton art te touche en plein cœur, tu le sens d'ailleurs battre la chamade dans ta poitrine.

- Ça doit être quelque chose de te voir faire tes premières esquisses, choisir quelles couleurs utiliser jusqu'à trouver l'inspiration qui aboutira au tableau ..., réfléchit-il pensivement
- Chaque peinture est différente, ça m'arrive très souvent de ne pas procéder de la même manière d'un tableau à un autre, lui avoues-tu
- Ça me changerait des dessins que faisait ma sœur quand on était tous petits ! On ne peut pas dire que c'était franchement de l'art, se moque-t-il
- Comment s'appelle ta sœur, déjà ? lui demandes-tu

À nouveau, Pietro interrompt sa marche pour te dévisager, mais d'une façon bien différente qu'un peu plus tôt. Cette fois, ses sourcils sont légèrement froncés et son incrédulité peine à rester cachée.

- Wanda, te répond-il, surpris

Son regard insistant et quelque peu déboussolé ne t'échappe pas.

- Ne fais pas l'étonné, tu sais très bien que je me tiens éloignée de tout ce qui est vie privée des gens, réseaux sociaux et autres trucs déprimants ou intrusifs. Je connais les Avengers, par contre je ne ressens pas le besoin de savoir par cœur le nom de chaque membre et tous les détails de vos existences. Tu n'es pas une méga star non plus, ne pousse pas, le taquines-tu
- Je sais, ce n'est pas ce que je veux dire, réplique-t-il. C'est juste que ... sans vouloir être prétentieux, on est habitués à voir un défilé de gens qui veulent prendre des photos avec nous, qu'on leur signe des autographes ou qu'on devienne les meilleurs amis du monde. À force, c'est facile de douter des intentions de quelqu'un et on pense à tort que tout le monde nous approche de manière intéressée

Ce n'est qu'une petite déclaration, pourtant elle est criante de vérité. La mine du sokovien s'est légèrement assombrie, un fin sourire triste tente de redresser les traits de son visage.

- Je ne passe pas du temps avec toi parce que tu es Pietro Maximoff, tu le sais n'est-ce pas ? Ce n'est qu'à notre troisième rendez-vous que j'ai compris que tu étais un Avenger, lui rappelles-tu en riant

Pour ton plus grand bonheur, un vrai sourire amusé vient redonner des couleurs à son visage.

- J'avais presque oublié, mon égo en avait pris un coup, plaisante-t-il
- Ça ne peut pas lui faire de mal, répliques-tu. Si j'aime traîner avec toi, c'est pour celui que tu es. Pas celui que tout le monde voit, pas l'image du héros collée dans les magazines. Je parle du vrai Pietro : authentique, amuseur de galerie, éternel retardataire et parfait à sa manière

Tes mots sont sortis avant que tu n'aies eu le temps de les retenir, tu t'aperçois trop tard que ta réponse en dit long sur tes sentiments. Malheureusement pour toi, l'optimisé n'en a pas perdu une miette, il redresse un regard stupéfait sur toi.

Mais avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche, une femme court dans votre direction.

- Ah enfin te voilà ! Désolée de vous interrompre mais Pietro, je te cherchais partout. On a vraiment besoin de ton aide, tout le monde est mobilisé d'urgence, lui dit-elle
- Mais-, commence à protester le sokovien
- On n'a pas de temps à perdre, le coupe-t-elle

La femme repart d'où elle vient aussi vite qu'elle est arrivée, apparemment très pressée. Tu as à peine le temps de comprendre ce qu'il se passe, Pietro t'offre déjà un regard plein d'excuses.

- Je suis vraiment désolé, je leur avais dit de ne pas venir me déranger mais s'ils l'ont fait, c'est qu'ils n'ont pas d'autres choix ... je m'en veux déjà de devoir te laisser comme ça
- C'est ton boulot, pas vrai ? Va sauver le monde, lui ordonnes-tu

Même si tu n'as pas le temps d'encaisser pleinement ce qu'il se passe, tu saisis que lui faire une scène ne serait pas malin. Pour lui signifier que tu ne lui en veux pas, tu hoches la tête mais peines à réprimer ta déception. Ce contraste n'échappe pas à Pietro mais il ne peut pas se permettre de perdre la moindre seconde, il s'excuse une dernière fois et disparaît dans un nuage de filaments bleus.

Tu n'as d'autres choix que te rentrer chez toi, la tête baissée. Et attendre.
Attendre plusieurs jours, sans nouvelles ni signes de vie de ton ami sokovien. Ce n'est pas la première fois que ce genre d'attente arrive depuis que vous vous connaissez, mais c'est la première fois que vous vous quittez de cette façon, que tu as ce goût amère en bouche.

Un jour de plus s'écoule, toujours rien venant de Pietro. Ta vie continue malgré tout, tu pars de chez toi pour te rendre à ton travail. Tu refermes la porte de ton appartement à clef et te tournes en direction des escaliers mais quelque chose te bouche l'accès au volet de marches. Ou plutôt quelqu'un accompagné d'un bouquet de fleurs roses en tous genres. Ton estomac se resserre, ton inquiétude s'évanouit en une seconde.

- Tiens, c'est pour me rattraper de la façon dont notre rendez-vous a été écourté l'autre jour. Et puis, ça rattrape le bouquet que j'ai ruiné le jour de notre rencontre aussi, sourit Pietro

Tu t'élances vers lui à toute vitesse, presque aussi rapidement que si tu avais partagé les aptitudes de l'optimisé. Tu te jettes dans ses bras et t'agrippes à son cou, soulagée de le voir te revenir en un seul morceau. Il referme ses bras autour de toi en riant, tout en faisant attention à ne pas abîmer son bouquet.

- Je suis rassurée de voir que tu vas bien, murmures-tu
- J'espère que ça ne t'a pas empêché de dormir quand même ! s'amuse-t-il
- Presque, vu comment les choses se sont passées ...

Il s'écarte légèrement de toi pour te regarder, arborant une expression plus sérieuse.

- Je savais que tu m'en voulais ...
- Je ne suis pas jalouse ni rien mais c'est vrai que te voir partir avec une autre femme pour sauver le monde, c'est particulier à encaisser ..., admets-tu avec un rire nerveux

Ton ami penche la tête sur le côté, un pli se formant entre ses sourcils.

- Une autre femme ... attends, tu veux parler de Wanda ? C'est ma sœur qui est venue me chercher l'autre jour

Tu ouvres la bouche mais ne trouves rien à dire. Tes joues s'empourprent lorsque tu comprends ton erreur, tu te sens soudain un peu bête. Au moins, ça fait rire Pietro à gorge déployée.

- Il faut vraiment que tu t'intéresses plus au reste du monde, rit-il
- Apparemment, concèdes-tu
- Ne t'en fais pas, il n'y a personne d'autre que toi à mes yeux ...

Cette phrase, si simple et pourtant si importante, te fait l'effet d'un ouragan. Des papillons jaillissent dans ta poitrine, tes yeux n'osent pas se détourner des siens, emplis d'amour. Vous finissez par succomber à vos sentiments, vos lèvres se rencontrent enfin et amplifient le ras-de-marée qui se produit en toi. Pour toi, plus rien n'a d'importance que ces mèches argentées.

- Si je comprends bien, il faut que je parte en mission non prévue plus souvent, plaisante-t-il
- Ne t'avise pas de recommencer de si tôt !

Ce qui est sûr avec Pietro, c'est que tu ne vas pas t'ennuyer !

*****
Bon j'ai craqué, je suis retournée voir les Gardiens de la Galaxie 3 🙈

Et bien, je l'ai encore plus aimé que la première fois 🤩

Ça vous arrive aussi d'aller voir plusieurs fois un Marvel, quand celui-ci est un bon film ?
( rassurez-moi, je ne peux pas être seule 😂 )

En regardant le film, je me suis rendue compte que ça faisait très longtemps que je n'avais pas écrit de partie sur Peter Quill. Qui est pour un retour de notre déjanté de la galaxie ?