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𝐀𝐂𝐓𝐄 𝐈






« [...] Tout comme il y a de nombreuses étoiles dans le ciel clair... »

Le miroir se brisa.

Et avec lui, les promesses d'un futur meilleur dans ma tête où les pensées se charcutaient entre elles. La lanterne clignotait au-dessus de mon crâne, lugubre et faisant danser des ombres, insidueuses, sur les murs de la salle d'eau. Le reflet suintait de mon sang. Il se mêlait à l'eau qui gouttait de mon corps nu, cargué, contrefait, et dans mon poing douloureux où se cachaient des morceaux de verre. Un sanglot ébranla ma glotte encore. Et à travers la glace, je contemplais ce portrait de moi-même. La difformité décorait mes courbes. Des cheveux aux couleurs des ébènes, courts à ras, et puis, deux petits orbes qui disparaissaient à chacun de mes sourires alors je n'en montrais pas. Mes souvenirs faisaient une vague ronde qui me prenaient aux tripes, et les pleurs n'en finirent jamais plus. La face tuméfiée de cette sexagénaire agressaient mes sens qui revoyaient ses airs implorants, qui entendaient son timbre éraillé demander la clémence de l'officier.

Un coup de crosse. Elle mourut.

Et un peu de moi la suivit sous le rire sardonique du meurtrier m'accompagnant. Le miroir éclata, et je perdis mon âme un peu plus.

Mes jambes tremblaient dans cette salle obscure où je ne percevais que les halètements de mon souffle. À l'appui sur le vasque, j'ignorais les appels plus juvéniles de mon amant de l'autre côté des battants qui tambourinaient. Ils me rappelaient cette fillette, battue puis abattue par un militaire. Un fusil chargé. Elle mourrut. Et ce vingtenaire, tentant son aide, et dans l'échec, fut arrêté pour complicité. On lui broierait le pénis. Il mourrait. À mesure que s'écoulaient ces songes, ma lèvre prenait la teinte hémoglobine, celle qui marquait le nouveau drapeau coréen, violences.

Les cadavres s'accumulaient entre mes bras, alourdissant le poids de ma chair, celui de mes fautes. Lorsque ce soir-ci, où je me rendais festoyer en secret avec mon tendre, l'administration coloniale savait où nous étions puisque je leur dis.

L'étau me tombait sur le crâne. Dans la rue fanfaronnaient les réverbères à la cadence de mes inquiétudes. Les pleurs éteints des passants assourdissaient mes lobes tandis que je bataillais pour maintenir les paupières ouvertes. Un vide permanent emplissait mon sein. Un creux, un gouffre cruel qui jonglait entre mes viscères et mon cœur au bord de la bouche. La nuitée profilait des figures sur les carreaux du bar où les danses dansaient et où le secret de notre présence en ces lieux tissait des liens plus solides. La salle s'animait de discussions que je n'entendais plus, elle chantait et jouait sous l'indifférence des interdits puisqu'après tout, et c'était idiot, il n'existait nulle raison à la soumission. Je balayai les foules clandestines d'un œil qui se voulut méprisant mais qui n'exprima qu'une souffrance habitée par les années. Les narines dilatées, les pupilles rondes et noires, les pores de sue et visibles, je reposai la nuque contre la tranche du comptoir à mon dos. Ce geste moindre m'ébranla un peu dès lors que je perçus le grincement du tabouret sous mon poids costaud, et je ne faisais plus que ça, l'ouïr sans la cesse comme un air de diatribe.

Trop gros. Trop lourd. Manger. Maigrir. Cela ne lâchait pas ma tête qui brûlait d'idées goulues. Toujours.

Il serait minuit dans une heure. Le fiévreux désir de rentrer à la maison m'attrapa, monstrueux. Mes muscles tremblaient d'effroi et de froid aux possibles venues de l'armée dans la taverne. Elle nous tuerait sans distinction. Le Japon nous crèverait tous, de grands à petits. Et SeokJin, déhanché près des portes, y tomberait le premier.

L'unique sourire de la soirée se croquit à ma bouche lorsque mon amant approcha, plus excité que jamais par l'ambiance fêtarde dans ce chaos intarissable. Deux billes châtaignement infantiles, un nez droit, deux lèvres pleines et tendues vers la gauche dans un ravissement incontenu. Ses cheveux à la couleur des jais cascadaient, lisses, son front laiteux. Mon œil sombre se balada sur la forme de son corps, sur ses bras valides, sur ses hanches à damner les saints, et sur ses jambes sans le souci. Cet homme me contemplait de tendresse, et je me maudissais de croire qu'il me surpassait en toutes choses en dépit de son âge plus jeune de cinq ans.

- On n'est pas à un enterrement, Nam.

Alors que tout portait à croire que si.

Il paraissait déjà fou de nous trouver ici quand l'oppression des colons nous surveillait à chacune des secondes de notre putain de vie de misère. J'observais le balancement de sa taille menue quand il imbriqua ses pupilles aux miennes qui ne rétorquait plus que le rien. Jin semblait à l'embarras. Ses dents pinçaient sa bouche du bas dès lors qu'il n'osait pas agir aussi spontanément qu'à sa coutume. Qu'importait, j'avais l'esprit plein. Mes paumes, dans mes poches, palpèrent incessamment la peau de mes cuisses à travers le fin tissu de mon pantalon. J'imaginais les rongeurs et la pâleur à d'endroits plus certains que d'autres à mesure que mes griffes s'enfonçaient sous mes dermes. Mon cœur tambourina contre mes tempes, et cela ne s'arrangea guère quand l'homme à ma face frôla mon épaule.

Sous ce toucher, je ressentis la graisse de ma chair s'enfoncer lors de secondes infinissables comme si je recevais un obus sur le bras.

- NamJoon, tu m'écoutes ?

Je sus qu'il susurra mon nom quand mon oreille frémit sans se cacher.

La musique se tut. Cela faisait près de deux heures, au désormais. Les soldats du Japon ne tarderaient plus à faire leur ronde dans les parages, il ne fallait pas rester et pourtant, je ne bougeai pas, statufié par mes propres pensées. Les affaires s'affairaient. Les résistants résistaient mais cela impliquait aussi fuir quand le risque s'élevait. Bientôt, il n'eut plus rien ici. Chacun de ces hommes et de ces femmes se volatilisèrent dans les airs, ils gommèrent les traces et c'était, soudainement, comme si les civils n'existaient que de poussière.

SeokJin enlaça mes doigts aux siens lorsqu'une nausée m'agrippa, et dès lors qu'une fine esquisse se fit de lui à moi, le monde ne fit plus aucun sens.

- J'aimerais que tu puisses me raconter ce qui occupe tant ton esprit.

Je ne compris pas quand il syllaba ces paroles dernières. Mes orbes se donnèrent à l'obscurité et je vacillai dans les tréfonds de mes maux, dans un océan de doutes où chaque vague correspondait à des couteaux s'échouant contre mes flancs. Je ne répliquai pas, il était trop tard, trop sombre en mon tout-moi pour espérer la lumière de sa douceur. J'ignorais pourquoi SeokJin s'entêtait à se déclarer, j'ignorais pourquoi il s'entêtait tout court tandis que les bottes militaires tapaient contre le par-terre à l'extérieur. Nous quittâmes la pièce, nos palpitants battants et nos cerveaux ébullis. Le cadet ne riait guère plus sur les chemins du domicile à travers les hanoks enténébrés par l'angoisse. L'armée impériale circulait. Leurs fusils aux ceintures dissuadaient les sorties libres, et la cruauté de leurs actes était sous-jacente d'un sadisme criant, d'un plaisir peu sain à faire le mal. Ils tenaient à la saisie de l'infériorité coréenne, existante, vérifiée, et mêlant l'obéissance aux humiliations.

À notre chez-soi, rien ne me calma.

Ni les plaintes de mon amour ni le kimchi qui peupla mon assiette et que je contemplais longuement sans jamais la cesse, en me tenant loin de mes volontés. Je ressassais les événements, mutique. À nouveau, Jin braillait, narrant à quel point ses enseignements de taekkyeon le bénédictaient. Il offrit sa leçon première, il y a deux années, alors qu'il pensait à un moyen de se rendre plus fort, de rendre les faibles plus forts aussi, et cela le conduisit à des entraînements fréquents et clandestins dans un dojang à l'abandon. Le lendemain au soir, il y passerait et à mesure qu'il exerçait, je me prenais de vive panique à cette idée qui gueulait au risque.

- Ne prends pas le courrier, demain... je soufflai. Ne le prends pas ni demain ni aucun autre jour.

- Ah, t'es drôle. La seule fois où tu ouvres la bouche, aujourd'hui, c'est pour dire des trucs bizarres.

Il riota, l'imbécile quand je ne contrôlais plus les battements de mon organe et les nœuds dans ma gorge.

- Je suis sérieux, Jin. Je ne veux plus que tu sortes...

- Je suis plus sérieux que toi et j'ai besoin de ce travail.

Je désirais lui rétorquer beaucoup de choses tandis qu'à table, on se scrutait dans les blancs de la sclère. Mes phalanges tremblaient de l'irritation, elles jaunissaient, elles rougissaient, elles blanchissaient même au fil de notre querelle silencieuse. Une raillerie se perçut à ma bouche, soudaine et invoulue et alors, les traits de SeokJin se fermèrent, contrariés, impuissants, au-devant de ma désenvie décadente. Ses dactyles chétifs glissèrent entre les mèches de ses cheveux vers l'arrière. Il recula. Il souffla. Il soupira. Il fuyait à présent que je l'attrapais entre les quatre de nos yeux.

- Tu bosses, certes, mais tu n'es pas payé. Je ne vois pas ce que ça change.

Une déception dévastatrice fila dans ses iris. Je poursuivis mon discours, menaçant de plus en plus, pointant encore et sans l'arrêt les meilleurs motifs afin d'arrêter ce cirque babillant où il ne réalisait pas bien la portée de ses actes. SeokJin haïssait lorsque je me dévoilais de condescendance envers lui. Il se mura, ne trouva pas à redire et observa seulement mes gestes troublés, maladifs, et ceux qui refusaient le repas trop lourd à porter. Ses bras croisèrent sa poitrine, ses lobes rosirent tandis qu'il secouait le chef, à droite, à sa gauche. Ses jambes tombèrent au sol, et les pleurs affluèrent, le début des miens.

- Ne sors pas ! Je te l'interdis...

Ces dires mêmes, en boucle, en refrain, incessants, inlassables.

- Jin, putain... Je...

- J'ai besoin de ces cours...

Ses pas le menèrent au vestibule modeste de la maison, à l'enfile de ses chaussons. Il prétexta avoir le besoin d'un peu d'air. Loin de tout. Loin de moi. Loin de mes fabulations quotidiennes. J'amenai, du bout de mes doigts, l'émincé de kimchi à ma langue : je mangerais s'il restait. Il accorda un œil dérangé à mon fait qui l'étonna dès lors que j'ingurgitai le bout du fond de ma gorge, répugnance. Sa mine s'attrista, terrible, et articula un allègre "je suis désolé" avant qu'il ne quitte ici sans procès plus poussé. Je restais ainsi, le corps ballant, le cœur alourdi, les pupilles humides encore. SeokJin partit. Et cela devenait un bazar dans mon crâne migraineux. Ma chaise crissa sur le parquet. Je revins sur la route des toilettes, celle que je retrouvais en connaissant déjà ses mille travers. La porte à l'ouverture, je jetai mon poids au par-terre, à l'appui contre la lunette salie de ces chiottes.

Un doigt coula dans ma bouche, contre ma gorge profonde, et un deuxième suivit. Ils pressèrent ma cavité à maintes, jonglant entre les allées et venues lascives et baveuses de mes membres. Une grimace, un chagrin, un hoquet, et la vomissure étrangla mes lèvres. La liqueur rougeâtre témoignait des teintes des morceaux de choux à présent étalés sur mon bras, dans l'eau, à mes genoux.

Trop gros. Trop lourd. Manger. Maigrir. Cela ne lâchait pas ma tête qui brûlait de songes gourmands.

Avachi dans les restes, le départ de Jin défila, de nouveau, mon égoïste à ne pas se préoccuper des violences impériales.

Je revins devant le miroir qui se brisa.

Et avec lui, les promesses d'un futur meilleur dans ma tête où les pensées se charcutaient entre elles. La lanterne clignotait au-dessus de mon crâne, lugubre et faisant danser des ombres, insidueuses, sur les murs de la salle d'eau. Le reflet suintait de mon sang. Il se mêlait à l'eau qui gouttait de mon corps nu, cargué, contrefait, et dans mon poing douloureux où se cachaient des morceaux de verre. Un sanglot ébranla ma glotte encore. Et à travers la glace, je contemplais ce portrait de moi-même. La difformité décorait mes courbes. Des cheveux aux couleurs des ébènes, courts à ras, et puis, deux petits orbes qui disparaissaient à chacun de mes sourires alors je n'en montrais plus. Mes souvenirs faisaient une ronde plus nette qui me prenaient aux tripes, et les pleurs n'en finirent jamais plus. La face tuméfiée de cette sexagénaire agressaient mes sens qui revoyaient ses airs implorants, qui entendaient son timbre éraillé demander la clémence de l'officier.

Un coup de crosse. Elle mourut.

Et un peu de moi la suivit sous le rire sardonique du meurtrier m'accompagnant. Le miroir éclata, et je perdis mon âme un peu plus.

Elle s'effila aux prémices de la colonisation, il y a neuf ans. Le résident-général de l'époque, 1910, me contraignit aux horreurs, aux erreurs, aux terreurs, la collaboration. Il me revenait la saveur âcre du désarroi lorsqu'on me confia cette matraque à battre un camarade civil, et du basculement vers la frayeur de Sadaaki Kojima et son avènement aux autorités. La brutalité barbare seyait à ce nouveau commandant que je croisai lors d'une razzia où il dégagea une terrifiante aura, à tel point que, oui, nos mots premiers s'arrêtaient toujours dans un coin de ma mémoire.

- Si tu parles de notre accord, Toshio, je te crève avec l'honneur qui t'es dû de servir mon empire.

Il me fallut un temps avant de saisir que mon implication dans la répression m'engageait à servir chacun des résidents-généraux à la suite.

À cet instant, il usa de mon nom : Toshio Shiratori, le japonisant, celui que je n'aimais pas.

Ses avertissements mouvaient mes alertes en permanence. Il dictait. J'agissais. J'avais peur. Peur de lui. Peur de moi-même, et de tout ce qu'il me forçait à faire. Dénonciations. Oppressions. Répressions. Et j'en vomis encore.

Ma lèvre subalterne piquait. L'acide gastrique s'introduisait dans la fente ouverte au poing par Kojima. L'unique chose qui me gardait de trop souffrir était la certitude que mon estomac se vidait bien et ça, cela donnait un bien délirant. Dans la cuisine, la radio diffusait des nouvelles illégales et comblait ainsi le néant sépulcral. Les informations changeaient lorsqu'une, retint mon intérêt. On annonça le décès soudain de l'ancien roi KoJong qui abdiqua au profit de la marche colonialiste. Cela ne me causa pas grand chose, simplement des questionnements qui demeuraient ceux de tous. Les circonstances de la mort paraissaient floues, bien trop pour ne pas paraître suspectes. À l'arrière son, nous entendions des cris, des hululements, des coups de feu, la frayeur. Le journaliste énonça la cohue, et la possibilité d'un empoisonnement par l'autorité de l'Empereur Taishō Tennō. En ce début d'année, dans la force et la sève sanguinolente, les syndicalistes et les chefs religieux voyaient leurs têtes s'échauffer de réponses vindicatives. Un soulèvement se parait. Et mon tout-entier hurla lorsque mon amant revint à la porte, les pommettes blessées, les iris plus éteints qu'il y a une trentaine de minutes. Je ne l'interrogeai pas afin de savoir s'il entendit ce qu'il se disait dernièrement. Bien entendu qu'il le comprit : son nez faisait poindre la violence, on l'agressa au-dehors, je devinai. Mon corps puait, sale, et décomposé. Néanmoins, j'accueillis SeokJin entre mes bras quand il eut le besoin irrépressible de s'y cacher, ce soir.

L'effroi serrait encore à la gorge. Celui qui me porta à l'accomplissement de mes actes derniers, répréhensibles et honteux. Ce même visage implorant narguait ma tête tandis que son timbre me transperçait tout plein. Ce corps sensible et au sol à subir les bottes des soldats alors que ce vieil homme ne fit rien méritant ce châtiment. Simplement, il existait comme coréen. Et c'était déjà de trop pour les colons coupables. Je songeais à son état comateux, en premier lieu, avant qu'on ne l'emporte à bras-le-corps. Sous les lumières séoulites, je rivai mon œil obscur sur le reflet miroitant. J'appuyai, à la fermeté, mes paumes contre le lavabo externe du dojang. À travers la glace, ma personne abîmée ravalait ses pleurs. Elle y perçut la rage et une laideur coutumière et hideuse. Ma fossette s'agrandissait encore et sans la cesse, et bientôt, elle forma un trou béant sur mes yeux, mes lèvres, mon nez. Elle ne laissait que la vilenie et l'abjection, un Kim NamJoon plus proche du monstre que de l'homme.

J'humidifiai ma face malingre et d'un soupir, je redressai mon incline. Je nettoyai le sang de mes dextres avec une vigueur à peler mon derme. Un son me releva le menton, et une jeune fille apparut à mon derrière, éperdue. Sa longue chevelure aux coloris des jais tombait en queue de cheval basse tandis que ses orbes infaillibles m'étudiaient sans un dire. Un fin sourire fleurit à ses lèvres dès lors que quatre de ses amies la rejoignirent. Toutes portaient l'uniforme de l'école des femmes d'Ewha. Elles riaient entre elles sans prêter plus de leur attention à ma figure. Néanmoins, un sentiment curieux s'insinua doucereusement en moi. La première parmi elles m'apaisa, un temps, par ses réponses faites et son enthousiasme patriotique qui donnait la peine. La gamine pensait à tort que nous étions encore en Corée, elle se leurrait intensément. Je l'admirais, de loin, qui accompagnait ses camarades à l'ailleurs. Je calmais mes idées. Et à la suite de plusieurs minutes, je filai vers l'entrée gymnastique où mon amant m'offrit l'accès en amont.

SeokJin n'usait jamais de son nom japonais, Emi Hayashi, qu'il estimait trop hors de lui. Et ainsi, même lorsqu'il lui fallut se trouver un gymnase, il émit une aversion à la seule idée de prétendre ne pas être, plutôt qu'être.

Il acheva son cours dernier sous les applaudissements de ses élèves athlètes, suintant de mille pores et coeurs libérés. Sans trop de curiosité, cette vision me troubla à nouveau, ou le nécessaire pour que je ne désire plus que l'enlace de ses bras amoureux. L'amant accompagna les derniers jusqu'au vestiaire et dès lors qu'il me vit, les fourmillements reprirent leurs droits sur le bout de mes doigts. Une senteur fétide se dégageait de son tout-lui mais dès qu'un rire ombra sa bouche, je ne réfléchissais plus. Jin détenait cette qualité-là de me ôter toute barrière, il s'en doutait sans jamais s'en plaire. Je l'approximai, mains aux poches, désireux d'un corps à corps langoureux où le Malin s'approprirait nos sens.

À son devant, j'apposai le toucher à son épaule qui s'élevait à intervalles divers, synonyme d'un effort intense de taekkyeon. Je palpai son habit, sa nuque à la suite, et lorsque je remontai à sa joue rouge de sue, ses lèvres trouvèrent les miennes. Le contact me secoua, doux et surprenant. Mon souffle s'essouffla, nos chairs à deux s'étreignirent, s'effleurèrent et se cueillirent. Mon cadet se pressa à l'éreinte contre moi et je prolongeai la valse sous les rires de ses couinements effrénés. Nous ne pensions plus, et toute la volonté disparut, cédant sa place à l'extase.

- J'ai attendu toute la journée, il se plaignit, le plus fougueux.

- T'aurais pu m'appeler, c'est de ta faute.

Un ennui masqua sa face, il se dissimulait sous l'amusement exprimé, énigmatique. Ni l'un ni l'autre ne prononçâmes une chose ou deux. Après un temps qui en dura trois, SeokJin laissa éclater sa joie de la vie dont il avait la coutume et dont je m'éprenais toujours à chaque fois.

- Tu as mangé ?

- Un peu.

- Nam, enfin ! Allons manger de la pâte d'haricot, tu veux bien ?

Au travers des vestiaires, les marmotins criaient, s'évertuaient à s'attraper tous sans comprendre cette folie que d'en choper un. Je regrettais ces temps où j'accourais derrière Min-Ji, frère plus jeune, lorsqu'il moquait mes pleurs. Ou l'instant où, pareil à ces larmes, je me distinguais par mes désirs de ne plus jouer. SeokJin ressemblait aux bambins en quête de sucre, il me tirait des sourires à chacune de ces fois où il rechignait lorsque je ne lui apportais que le rien. Davantage qu'un oubli unique, je caressais la prudence et la ferme envie de soigner mon estomac. Et comme à l'habitude, je haussais les épaules, qu'importait ses boudins de l'enfance tant que je veillais sur mes aliments.

- Je me suis débarrassé de tout.

Je clamai d'une mine aggravée. Un silence précatif engloba la pièce : nul n'articula plus alors que les non-dits s'agglutinaient de l'autre à l'un. Cette parole dernière signait une infinité de sens, souvent une chose de sombre, de particulièrement sinistre qui nous offrait les questions pleines l'esprit, des angoisses attenantes à nos âmes abyssales. Elle signait aussi les événements plus tôt, cet homme notamment que j'amenai - malgré moi - à l'arrestation, à la mort sous les tortures militaires. Je me débarrassais de tout ; des sucreries, des vilaineries, des ennemis, ceux du colonialisme. SeokJin encercla ma nuque à une tendresse que je ne lui expliquais pas.

- Alors... Quelque chose comme une pizza ? il tenta, si futé pour moi.

Ce petit con était mignon avec ses lubies sur la nourriture italienne. Depuis qu'il la découvrit, par hasard, grâce à un commerçant nomade, il se persuadait que ses origines étaient de cette Europe-là. Il perdit sa famille lorsqu'il n'était qu'un bébé avant d'être promené de foyer jusqu'en foyer. Dès qu'il atteignit l'âge de dix-huit, il s'émancipa et rechercha vivement si sa mère était une belle et longue brune de l'Italie autant qu'il en rêvait.

- Quand on déménagera là-bas, tu pourras en manger tous les jours, c'est promis mais pas ce soir...

- Attention, t'as promis ! Je n'oublierai pas !

Je baisai sa tempe avec une douceur rare. Je regrettais la veille quand je lui demandai de ne plus donner cours alors que cela le rendait tellement heureux. Et moi, quand mon homme était comblé, je ne pouvais que l'être aussi. Les enfants quittèrent peu à peu le gymnase en saluant gaiement leur maître d'arme, et cela me rendait tellement fier pour lui, et quand la fierté le seyait, je me sentais fier de moi-même à mon tour.









« [...] Tout comme il y a de nombreuses étoiles dans le ciel clair... »


L'acte I de VULCAIN est une plongée dans les tourmentes de NamJoon. N'hésitez pas à laisser un avis sur cette première partie <3

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