CHAPITRE XIV
Les cris de douleur de Thor résonnent dans ma tête et font écho à la peine qui compresse mon cœur. Le blond s'accroche à son frère comme si sa vie en dépendait, je profite de son inattention pour plaquer ma main contre le bouche de Jane. Je l'aggripe par le cou pour la trainer quelques mètres en arrière avant de la jeter dans le sable.
- Tout ceci est de ta faute, crachai-je avec rancœur
- Je ne vois pas de-
Je m'accroupis en posant la lame de mon poignard sous sa gorge, ce qui la fait taire immédiatement.
- Loki est mort par ta faute, Malekith s'est enfui avec l'Éther que tu as trouvé bon de déloger de sa place. Et le pire de tout, tu occupes une place qui ne te revient pas : les côtés de Thor
C'en est trop, je ne peux plus contenir mes émotions un seul instant. Je la regarde de la tête aux pieds avec dégoût.
- Que peut-il bien te trouver ? Tu es si ordinaire ... comment une banalité comme toi peut me surpasser ?! Tu n'as aucun pouvoir, tu ne sais même pas te défendre et encore moins te battre ... comment cela a-t-il pu vaincre mes charmes ! Si tu n'avais pas été là pour réduire à néant mes plans, il n'aurait d'yeux que pour moi. Cela serait tellement mieux si tout avait fonctionné. Je devrais être celle aux côtés de Thor, je mérite son cœur bien plus que toi !
Je sens des larmes de rage piquer mes yeux mais hors de question de craquer à ce point face à cette misérable midgardienne.
- Je ne suis peut-être rien comparé à vous mais nous avons quand même un point commun, me dit-elle au bout de plusieurs secondes
J'hausse un sourcil, l'incitant à poursuivre. Que pourrais-je avoir de commun avec cette gueuse ?
- Nous aimons toutes les deux Thor ...
Je lui porte un coup violent au visage, comme une réponse naturelle à ce qu'elle vient d'annoncer.
- Ne t'avise pas de parler à ma place, je ne suis pas un livre ouvert que tu peux feuilleter à ta guise. Tu ne sais pas qui je suis et tu n'as aucune idée de ce que je suis capable de faire. Ce n'est certainement pas une mortelle dans ton genre qui va embrouiller mon esprit avec des idioties pareilles
Son regard est empli de peur, je pourrais presque entendre son cœur battre à tout rompre. Je raffermis ma prise autour de mon poignard.
- Tu ne mérites pas l'attention que je t'accorde. Tu ne mérites rien d'autre que la mort !
J'élance mon bras, prête à lui donner un coup fatal. Un sourire mesquin est satisfait prend place sur mes lèvres à l'idée d'enfin me débarrasser d'elle.
- AMORA, NON !!! s'écria Thor
Avec force, il empoigne mon bras avant que je n'ai pu réduire au silence sa bien-aimée. Il me repousse d'elle en me dérobant mon poignard. Je ne vois plus que ces deux prunelles bleues qui me transpercent de toute part, une grande déception s'en émanant.
- Pourquoi ? Pourquoi faire cela ? me demanda-t-il dans un murmure plein d'incompréhension
Ma mâchoire se crispe, mon estomac se tord en voyant la façon dont il me regarde.
- Tout est de sa faute ! m'exclamai-je en peinant pour retenir mes larmes. Tout ceci ... à cause d'elle
Je m'écroule dans le sable, enfouissant mon visage dans mes mains. Je laisse s'échapper mes larmes et pour une fois, je montre mes faiblesses. Tout s'écroule autour de moi, aux peines s'ajoutent les échecs pour ne laisser qu'une coquille vide de moi. Pour la première fois, je viens de perdre le contrôle de ma vie sans avoir su me protéger de tout ce qui pouvait me faire du mal. Pourtant, au fond de moi je ressens que l'échec qui m'affecte le plus aujourd'hui est le suivant : avoir déçu Thor. Sans que je ne puisse me l'expliquer, cette idée brise mon cœur.
ϟ
Assise à même le sol à l'intérieur du Bifrost, trois gardes royaux me scrutent fixement. Je pourrais aisément les envoyer balader grâce à mes pouvoirs mais je n'en ferai rien. Je ressasse inévitablement chaque événement de la journée dans ma tête, pour finir le cœur lourd. Rares sont les fois où je préfère cesser de me battre mais ici, j'ai l'impression d'avoir trop perdu pour me relever.
Thor arrive enfin, accompagné de son père Odin. Je me relève lorsqu'ils s'arrêtent tous deux face à moi.
- Amora, mon fils vient de me rapporter que vous avez essayé d'assassiner Jane Foster. Niez-vous ce fait ? me demanda le Père de toutes choses
- Non mon Roi, acquiesçai-je sans émotion
Je sens le regard du dieu du tonnerre me dévisager, je tente de ne pas y prêter attention mais sens tout de même mon ventre se nouer.
- Votre dernier séjour en prison ne semble donc pas avoir assouvi vos pulsions déviantes et meurtrières. Moi Odin, Père de toutes choses, je prends donc la décision de vous bannir d'Asgard
L'air s'alourdit dans mes poumons, tout mon corps se paralyse à cette annonce. J'ose enfin regarder Thor qui, contrairement à ce que j'aurais imaginé, me regarde avec chagrin et désolation. Aucunes traces d'amertume, de rancœur ou de colère.
- Vous ne me laissez pas le choix Amora, même si je n'en ai pas envie ..., me dit-il
- Thor, je-
Il me coupe en levant la main, secouant la tête pour éviter mon regard.
- Je vous ai laissé votre chance, plusieurs fois. Je ne peux pas défendre ce que vous avez tenté de faire, ni l'excuser
Je serre les dents, voyant que la mortelle passe encore et toujours avant moi.
- Adieu Amora ...
Juste après ces quelques mots qui détruisent mon cœur, Odin empoigne son sceptre et dirige sa pointe vers moi. Une forte lumière blanche en sort pour me projeter dans le Bifrost. Des rayons arc-en-ciel virevoltent autour de moi tandis que je tombe, encore et encore. Je ne fais rien pour lutter et me laisse sombrer. La chute est longue, semblant infinie ...
Puis, le ciel devient gris autour de moi et je réalise que je viens d'entrer sur une planète. Je n'ai pas le temps de réagir que je tombe lourdement sur une toile qui s'effondre au sol sous mon poids. Je mets quelques secondes à me relever en grognant. J'épousette ma tenue et regarde autour de moi.
D'immenses bâtiments de toutes les couleurs possibles et imaginables s'alignent les uns contre les autres. Les ruelles sont étroites et plutôt négligées, les passants tous étrangement et grotesquement habillés. Ce que l'on peut dire, c'est que cette planète est très différente d'Asgard.
- Où suis-je tombée ..., soupirai-je
En me retournant, je distingue qu'un homme m'observe par la fenêtre de la maison devant laquelle j'ai atterri. Je n'hésite pas une seconde et pénètre chez lui. En entrant, je suis prise au dépourvu par l'étrange décoration de cette maison mais je me concentre à nouveau lorsque l'homme marche en ma direction.
- Qui êtes-vous ? me demanda-t-il en agitant un couteau sous mon nez
Je lève les yeux au ciel et fais léviter son arme pour la jeter à l'autre bout de la pièce.
- Calmez-vous, je ne vais pas vous faire de mal. Je veux seulement savoir où je me trouve
Il écarquille ses yeux légèrement maquillés de jaune poussin. Je remarque d'ailleurs que le côté de ses cheveux est coupée à ras, ne laissant qu'une large mèche de couleur bleue couvrir le côté gauche de sa tête. Et ne parlons pas de son ridicule accoutrement pivoine ! Les gens ici ont l'air d'avoir des goûts bien particuliers ...
- Qui me dit que vous n'allez pas me tuer ? Et d'abord, pourquoi je vous aiderai, hein ?
Je marche jusqu'à lui en soupirant. Je fais volontairement balancer mes hanches pour jouer un peu avec lui. Il me détaille de la tête aux pieds, pas très discret pour reluquer mes atouts féminins.
- Si vous ne voulez pas coopérer, je suis contrainte d'employer la manière forte, lui chuchotai-je
Je dépose délicatement mes lèvres sur les siennes pendant plusieurs secondes. Lorsque je m'éloigne de lui, une lueur verte colore ses iris noisettes, montrant qu'il est bien sous mon charme et à ma merci. Pour une durée limitée, alors ne perdons pas de temps.
- Il doit bien y avoir quelqu'un qui instaure des règles sur cette planète. Je veux que tu me mènes jusqu'à lui, souris-je en caressant sa joue
Il me sourit d'un air benêt en rougissant. Le jeune homme me fait ensuite traverser des rues bondées et d'autres complètement désertes. Certaines maisons sont de couleurs criardes tandis que les autres sont plus ternes et effacées. De temps à autre, nous passons aux pieds de tours beaucoup plus hautes que les autres. Mais nous nous arrêtons devant un bâtiment encore plus impressionnant.
- Voici le temple du Grand Maître, me dit l'homme envoûté
Un Grand Maître, rien que cela ? Je peux déjà imaginer que ce dernier ne se considère pas comme n'importe qui. Son temple est au moins quatre fois plus haut que les tours déjà immenses de cette planète de fous furieux. D'imposantes sculptures grises en forme de visages décorent cette façade déjà bien chargée. Je n'ai pas le temps de les observer plus longtemps que le jeune homme m'engouffre à l'intérieur du temple.
Me tenant par la main, il m'entraîne à travers des salles et des couloirs. Nous montons un escalier en verre pour arriver dans un salon dégagé et vitré de toute part, donnant sur la ville en contre bas. Au milieu de la pièce, un homme vêtu d'une toge jaune et argentée est allongé sur un divan, deux jeunes femmes bien légèrement habillées autour de lui.
- Bonjour Grand Maître, dit le jeune homme
- Ah tiens, bonjour Talvigg ! Que me vaut ... tu es en bien belle compagnie, dis-moi, s'enthousiasma le Grand Maître avec un sourire pervers
Je fronce les sourcils devant ce drôle de personnage.
- Excusez ma venue inopportune, j'aimerai savoir où suis-je actuellement ? lui demandai-je
- Oh oh, une nouvelle âme en peine ! s'exclama-t-il en se frottant les mains
Les deux femmes à ses côtés se mettent à glousser, titillant ma patience déjà limitée. Il se lève soudainement en écartant les bras.
- Bienvenue sur Sakaar ma jolie ! Sakaar est le refuge des mal-aimés, des êtres perdus, j'en suis l'heureux créateur ! Ici, tu pourras commencer une nouvelle vie où tu seras adoré de tous ... ce qui ne devrait pas être trop dur dans ton cas, expliqua le Grand Maître en me tournant autour
C'est une plaisanterie ? Qu'est-ce que c'est que cet endroit ?!
- Tu es absolument délicieuse, qui plus est. On pourrait s'amuser comme des fous tous les deux !
- Ne comptez pas là dessus, répliquai-je en haussant les sourcils d'un air supérieur
Il se met à rire et j'ai bien envie de lui décrocher ce petit sourire insolent.
- Elle a du mordant, j'adore ça ! Dis-moi mon mignon, où l'as-tu trouvé ? demanda-t-il au dénommé Talvigg
- Elle est tombée du ciel, devant chez moi, répondit-il avant de reporter son attention sur moi. Et moi, je suis tombé pour elle ...
Je retiens un rire moqueur, mes charmes fonctionnent toujours aussi bien à ce que je vois ! Le Grand Maître se met à siffloter d'un air subjectif.
- Que lui avez-vous fait ma chère ? Vous l'avez envoûté ou quelque chose du genre ?
- C'est exactement cela, je l'ai envoûté, répondis-je en posant une main sur ma hanche
Sa mâchoire menace de s'écrouler, un sourire fier étire mes lèvres.
- Ça veut dire que vous avez des pouvoirs ! Qu'est-ce que vous savez faire d'autre ?
Rapidement, je lui conte l'étendu de mes dons ainsi que mes aptitudes au combat, avec une épée notamment. Il écarquille les yeux en haussant les sourcils, impressionné.
- Tu es parfaite pour mon Tournoi des Champions !
- Qu'est-ce que cela ?
- Ce sont des séries de combat dans une arène ... nous verrons ça plus tard, des invités arrivent déjà !
En effet, lorsque je me retrouve, trois personnes entrent dans la pièce. Je fixe quelques secondes leurs étranges coiffures et costumes.
- J'organise une fête ce soir, j'espère que vous serez des nôtres ?
- Je ne crois pas avoir mieux à faire, acquiesçai-je
D'autres personnes affluent dans le salon, toutes plus atypiques les unes que les autres. Un groupe vient saluer le Grand Maître en lui faisant des courbettes.
- Je vous présente ..., commença ce dernier en me montrant de la main
- Amora, répondis-je
- Amora, si elle l'accepte, sera une combattante de l'arène. Et je peux vous assurer qu'elle sera certainement la plus grande championne que nous ayions eu !
Les quatre personnes me félicitent chaleureusement avec beaucoup d'enthousiasme. Le Grand Maître se penche ensuite vers eux pour leur chuchoter quelque chose que je ne peux pas entendre. Pire que cela, je ne comprends que le mot « orgie ». Cet homme est fou.
Les heures passent, j'ai élu domicile au bar. J'entame ma troisième pinte de bière à l'instant où une jeune femme métisse, dans un habit en cuir s'installe à côté de moi.
- Tu es nouvelle ici, je me trompe ? me demanda-t-elle les yeux plissés
- Je suis arrivée aujourd'hui, acquiesçai-je
Le serveur à la peau tigré lui amène une bouteille, elle ne perd pas de temps pour l'apporter à ses lèvres.
- Comment tu es arrivée ici ?
- J'ai été bannie de chez moi, répondis-je avec amertume
- Bienvenue au club ! ria-t-elle en me tendant sa bouteille
Je ris en trinquant avec elle, j'ai comme l'impression que l'on va bien s'entendre elle et moi. Après de brèves présentations, elle pointe du doigt quelque chose derrière moi.
- Je crois qu'il a le béguin, plaisanta-t-elle
Je tourne le regard au-dessus de mon épaule pour voir Talvigg me fixer avec un même sourire idiot sur le visage.
- C'est une longue histoire ..., soupirai-je
- J'ai tout mon temps et puis, ce n'est pas tous les jours qu'on croise quelqu'un d'intéressant sur cette planète de malade
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