𝘗𝘙𝘌𝘔𝘐𝘌𝘙 𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 ─ trancher le vrai du faux
•✒ 𝙻𝚎𝚜 𝚐𝚛𝚘𝚗𝚍𝚎𝚖𝚎𝚗𝚝𝚜 𝚍𝚎 𝚕'𝚘𝚛𝚊𝚐𝚎 𝚜𝚎 𝚌𝚘𝚗𝚏𝚘𝚗𝚍𝚎𝚗𝚝 𝚎𝚗𝚌𝚘𝚛𝚎 𝚊𝚟𝚎𝚌 𝚕𝚎 𝚌𝚛𝚒 𝚍𝚎𝚜 𝚘𝚒𝚜𝚎𝚊𝚞𝚡.
─── ・。゚ ☆: * .☽. *: ☆ ゚. ───
Le visage cireux d'Akeno fut effleuré par les longues oreilles des lapins rassemblés devant elle. Elle détailla ces derniers avec une attention particulière qui lui réchauffa le coeur, alors que ses doigts effleuraient leurs minuscules pattes. Un sourire fleurit sur ses lèvres quand le plus petit d'entre eux monta sur sa jambe en bondissant de manière joyeuse. Sa main vint ensuite pétrir agréablement le ventre de celui-ci, caressant au passage les multiples poils blancs qu'il possédait.
─ Attention ! Il ne faut pas que tes blessures s'ouvrent, alors évite de bouger ! lui fit remarquer l'infirmière qui l'accompagnait. Kora, ou quelque chose du genre. J'espère qu'aucun médecin ne va rentrer dans la chambre, car si jamais ils voient mes lapins, ils vont me tuer !
Ses longs cheveux blonds chatouillèrent la petite fille lorsqu'elle prit place à côté d'elle, avec l'un des lapins dans ses bras fins. Quand sa main dure toucha la sienne, Akeno entendit de nouveau la voix de son père. Erreur. Erreur. Disparais ! L'air morne, la petite fille scruta une nouvelle fois depuis son arrivée à l'hôpital les nombreuses cicatrices présentes sur les membres de son infirmière attitrée, et ne fit aucune remarque alors que cette dernière déclarait :
- J'ai encore d'autres lapins chez moi. (Ses lèvres rouges s'étirèrent en un sourire lorsqu'elle pointa du doigt les boules de poils qui sautillaient tout autour d'elles.) J'ai apporté Hoppy, Pompon et Tomate, car ce sont eux qui prennent le moins de place dans la cage. Tu voudras tous venir les voir quand tu seras guéri ?
Comme réponse, Akeno les serra tous contre elle, profitant de la douceur de leurs poils et de leur odeur discrète, puis acquiesça. Sa tête se baissa pour qu'elle puisse offrir un doux baiser à Pompon et celui-ci bondit rapidement de ses jambes pour atterrir sur celles de sa maîtresse. Cette dernière gloussa, assez surprise par sa réaction, en voyant les sourcils du petit garçon se froncer. C'était la première fois qu'elle le voyait réagir de cette manière depuis son arrivée à l'hôpital de Kinu, il y a quatre jours.
─ Kira ? (La voix grave qui résonna dans la chambre surprit Akeno, mais elle ne bougea pas.) Tu as encore oublié de prendre tes clés, alors je suis venu te les apporter. (Tout d'un coup, sa voix se coupa et il se figea.) Oh, je dérange ?
L'infirmière, elle, eut très peur et se retourna lentement après avoir posé une main sur son coeur, les yeux écarquillés. De son côté, Akeno ne leva pas la tête et continua de fixer les lapins. Ils étaient mignons, avec leur petite queue touffue et leur fourrure ébouriffée. Elle avait terriblement envie de les serrer dans ses bras et de rester collée à eux pour toujours, afin de soulager la solitude qu'elle ressentait depuis quelques jours.
─ Est-ce que l'enfant va mieux ? demanda le nouveau venu en s'approchant timidement du lit d'Akeno, après avoir refermé la porte en bois de la chambre. Je n'ai pas osé venir avant, car je craignais qu'il prenne peur.
─ On peut dire que son état s'améliore, murmura-t-elle en jetant un regard peiné à Akeno, qui ne remarqua même pas qu'on parlait d'elle. Tu sais, il n'a encore rien dit. Mes collègues pensent qu'il est devenu muet à cause de l'accident. Malheureusement, sans nom, nous ne pourrons pas retrouver ses parents. Il crie à chaque fois qu'on essaye de le toucher et on essaye de tout faire pour le mettre en confiance. J'ai vraiment de la peine pour lui.
Tout en époussetant son uniforme bien trop grand pour elle, Kira se releva. L'infirmière serra les lèvres lorsque son petit frère s'approcha d'elle afin de décoiffer ses cheveux dans l'optique de lui remonter le moral. De toute façon, se dit la jeune femme en soupirant, ils ne pouvaient pas être encore plus emmêlés qu'ils ne l'étaient déjà.
Akeno se décida enfin à lever la tête quand les lapins se faufilèrent en dessous de sa blouse d'hôpital, effrayés par le nouveau venu. Le frère de Kira, qui remarqua son intérêt soudain, s'avança vers elle en souriant. La petite fille recula un peu plus dans le fond de son lit, les sourcils froncés. Encore quelqu'un de bizarre, se dit-elle en grognant. Cette personne allait encore la prendre pour un garçon, c'était sûr.
─ Bonjour, dit-il d'une voix calme qui l'étonna, en tentant de ne pas regarder son crâne chauve et le numéro de série présent sur son cou. Est-ce que tu vas bien ?
La petite fille daigna de le considérer. Cependant, son regard vide de toute émotion le perturba. Ses yeux roses semblaient éteints et sa petite bouche était fermement close depuis qu'il l'avait amené ici, il y a quelques jours.
─ Comment tu t'appelles ?
Seul le silence lui répondit. Derrière eux, Kira soupira tandis qu'Akeno gonflait les joues, intriguée par cette question soudaine. Pourquoi devrait-elle lui répondre ? Il était bizarre comme toutes les autres personnes qui travaillaient ici, ce garçon. Où elle se trouvait avant, personne ne prenait la peine de lui demander comment elle s'appelait.
─ Moi, c'est Uta, déclara-t-il tandis que des plis se formaient sur son long front. J'ai quinze ans. Je suis le petit frère de Kira. Je pense qu'elle t'a déjà parlé de moi. J'hésitais à venir te rendre visite par peur que tu ne veuilles pas me parler. Dans tous les cas, j'espère que tu vas mieux. Tu es quelqu'un de fort, petit. D'accord ?
D'un coup, sa tête lui fit mal et des images qu'elle aurait préféré oublier lui revinrent.
─ Tu es forte Akeno, d'accord ?
─ Oui, Toma ! Je vais tous les impressionner, tu verras !
─ Tant mieux, ma petite fleur, je compte sur toi !
Toma sourit, puis la prit dans ses bras frêles dans l'espoir de la faire sourire encore un peu plus. Sa petite main vint se joindre à la sienne, tandis qu'il s'amusait à faire lentement tourbillonner l'enfant dans les airs.
Dans la cour, on ne pouvait entendre que la petite voix fluette d'Akeno, qui ne cessait de vibrer. Pour une fois, les soldats lui avaient donné la permission de sortir, à condition de ne rien faire qui pourrait être considéré comme un acte de rébellion. Toma aimait le fait qu'Akeno ne soit pas frêle et fragile comme les autres petites filles de son âge. Elle était toujours la première à être punie pour avoir défendu les autres après des règlements de compte. La plupart du temps, elle le faisait sans se plaindre, les yeux remplis de larmes, en endurant les nombreux coups de fouet qui s'abattaient sur ses cuisses.
Akeno continua à danser avec son frère jusqu'à la tombée de la nuit. Cependant, le couvre-feu s'abattit sur eux. Quand l'heure de se terrer une nouvelle fois dans les entrepôts arriva, ses pas la menèrent jusqu'aux rosiers suspendus sur les murs qui entouraient la propriété, qu'elle admira de ses grands yeux brillants.
─ Un jour, on sortira d'ici, ma petite Aki, déclara finalement Toma en lui ébouriffant les cheveux. On sera libres, tu verras. On explorera l'océan et on rencontrera d'autres personnes ! Tu te rends compte ? Des gens comme moi !
─ Tu es sûr, Toma ? demanda innocemment Akeno en levant la tête pour observer les mille et une étoiles. Il est génial, ton Alter ! Je suis sûre que tout le monde sera impressionné en le voyant ! Tu penses que d'autres personnes ont un pouvoir comme le tien ?
Toma plaça précipitamment sa main devant la bouche de sa soeur quand il l'entendit dire cela. Personne ne devait jamais savoir. Il ne fallait pas qu'on les entende, car si cela arrivait, ils seraient punis. Si quelqu'un l'apprenait, ce serait la fin.
─ Qu'est-ce que vous foutez dehors après le couvre-feu, bande de petites merdes ! cria une voix derrière eux. J'espère que vous n'essayez pas de vous échapper ! N'oubliez pas ce qu'on vous réserve, si jamais vous osez passer ce mur.
Mince ! Leur conversation avait duré trop longtemps et maintenant, ils risquaient de se faire battre à mort. Non, non, il ne laisserait plus sa petite soeur souffrir ! se dit mentalement Toma en serrant les poings furieusement. Ils allaient les punir et il devait éviter ça ! Malheureusement, le fusil du soldat se pointa dans leur direction quand Toma hurla à Akeno de courir.
La petite fille grogna étrangement, puis lui tendit la main sous les yeux étonnés de l'infirmière. Au bout d'un instant, étonnamment heureux de sentir l'odeur du jeune homme, Pompon releva la tête. Akeno fut prise d'un petit rire qui paralysa Uta. Aucun bruit n'était sorti de sa bouche. N'importe qui aurait reculé, surpris par ce fait, car ce n'était pas quelque chose qu'on voyait tous les jours.
─ Tu sais, je t'ai trouvé sur la place, ce jour-là. Je revenais de l'école et je t'ai entendu hurler à la mort. J'espère que cette scène a été effacée de ta mémoire, avoua-t-il après plusieurs secondes d'hésitation. Oui, je préfère que tu oublies tout ça. Je t'ai emmené en courant jusqu'à l'hôpital comme les secours n'arrivaient pas. J'ai tout fait pour que tu vives. J'ai eu tellement peur quand tu as fermé les yeux... je n'ai jamais eu aussi peur, petit. J'aurais voulu arriver bien avant pour éviter que tu souffres. Peut-être que j'aurais pu sauver d'autres vies en plus de la tienne.
Il était là ; le moment qu'il craignait le plus depuis quatre jours était actuellement en train de se dérouler. Comment réagirait ce petit en apprenant la vérité ? À son plus grand étonnement, l'air sans émotions d'Akeno se brisa durant quelques secondes avant qu'elle ne finisse par se jeter dans ses bras brusquement. Kira, émue, commença à sangloter dans un coin de la chambre d'hôpital, frappée par la scène. Uta lui avait sauvé la vie. Elle avait survécu et c'était maintenant qu'elle s'en rendait compte.
─ Oh, fais attention petit, tu vas te faire mal, la prévint Uta, alors qu'elle commençait à gesticuler dans tous les sens, les yeux écarquillés. Je suis vraiment désolé. J'ai tout fait pour t'aider. J'aurais dû rester à tes côtés depuis le début, mais j'avais peur de ta réaction, tu comprends ?
Alors que les larmes menaçaient de couler, tout lui revint. Toma. Maman. Yuna. Daiki. Où étaient-ils ? Pourquoi était-elle la seule à avoir été transportée jusqu'à cet hôpital ? Quand la petite fille essaya de parler, sa gorge lui fit mal et elle ne put s'empêcher de tousser. Sa poitrine se gonfla et sembla se déchirer, tandis qu'elle commençait à pleurer. Et puis d'un coup, Akeno n'arriva plus à respirer. En tentant de trouver de l'air, elle agrippa violemment l'uniforme clair d'Uta, qui fronça les sourcils, surpris par son geste inattendu.
─ Petit ?
La respiration de la petite fille s'accéléra et son visage se tordit d'horreur. Qu'est-ce que c'était, cette sensation au fond d'elle ? Elle avait si mal. Pourquoi cela devait-il encore arriver ? Toma. Toma. Cela recommence. Aide-moi, gémit-elle intérieurement en penchant la tête sur le côté, les pensées accaparées par la douleur insupportable qui fit soudainement son apparition à l'intérieur de son cou et de son membre manquant.
Quand l'uniforme d'Uta fut taché par le sang que cracha Akeno, Kira ne put s'empêcher de hurler, alertant par la même occasion tous les médecins de garde présents à cet étage.
─ Mon Dieu !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro