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INT:ER:LUD three


— Putain !

Avant que je n'aie pu me lever, je reçus une tape sur la cuisse.

— On dit pas putain !

Je baissai le regard sur Yumin, qui me fixait, le visage froncé par ses petits sourcils finement tracés.

— Zut, me rectifiai-je en me levant du canapé.

Un petit rire cristallin résonna et je contournai son immense circuit électrique pour aller chercher ma voiture orange. J'étais allé trop vite dans un virage et elle était sortie des rails pour venir taper contre le garde-corps de la mezzanine. Mais alors que je m'abaissai pour la récupérer, une voiture bleue me passa sous le nez.

— Eh ! Temps mort ! Clamai-je en voyant qu'elle ne se s'était pas arrêtée face à mon accident. Temps mort, temps mort !

— T'avais pas qu'à aller trop vite ! Rit-elle, continuant de suivre du regard sa petite voiture.

J'hésitai un instant de chopper la sienne en pleine course afin qu'elle s'arrête et pour en même temps, la faire gueuler, mais je me retins fort. Je l'avais déjà fait hier et elle allait finir par réellement me tuer si je recommençais. Surtout lorsqu'elle gagnait. Alors je remis en place ma voiture de course et retournai rapidement au canapé afin de récupérer ma manette et rattraper mon retard. Si elle gagnait, elle avait le droit de poser la dernière pièce de mon dernier puzzle, et inversement. Ce fut comme cela que nous nous étions retrouvés à départager cet honneur en une course de voiture sur le circuit que je lui avais acheté pour ses six ans, l'année dernière.

Compléter entièrement un puzzle était quelque chose que Yumin adorait faire, comme moi. Je lui avais refilé mon syndrome du puzzle et pour une enfant qui venait d'avoir sept ans, elle se débrouillait merveilleusement bien. À chaque fois que j'en terminais un et que je lui laissais le privilège de déposer la dernière pièce, elle clamait haut et fort que sans elle, je n'aurais pas réussi à le finir.

J'avais été obligé d'installer le circuit dans mon appartement, car Seungwoo et Soomin n'en voulaient pas en prétextant qu'il était bien trop grand pour tenir chez eux. Alors cela faisait maintenant plus qu'un an que le petit salon que j'avais fait à la mezzanine avait disparu pour laisser place à cet énorme circuit. Haejin, le fils de la sœur de Soomin qui venait souvent ici pour que je l'aide à ses devoirs, Yumin, et moi étions les seuls à y jouer. Ca arrivait que Seokjin et moi fassions quelques parties mais cela restait rare depuis que notre relation avait relativement changée.

Je savais que j'en étais la cause, mais je n'arrivais plus à faire autrement. Yumin a longtemps été celle qui me maintenait en vie depuis la rupture entre Eunji et moi, je ne pouvais pas l'abandonner. Et même si désormais, quelqu'un d'autre s'était glissé dans ma vie jusqu'à en devenir mon nouveau repère, mon amour pour ma nièce ne pouvait changer.

— Je vais gagner, je vais gagner ! S'enjoua cette dernière en battant des pieds.

La regarder grandir a été la plus belle chose qui puisse arriver dans ma vie. Ses parents étaient tellement occupés qu'elle pouvait passer jusqu'à une semaine chez moi, ce qui faisait que certains employés de Coquelicot pensaient que c'était ma fille. Seokjin m'avait même fait remonter des rumeurs qui trainaient, disant comme quoi ma soi-disant femme avait péri dans un accident de voiture et que j'étais maintenant seul à m'occuper de Yumin. Ainsi que c'était la raison de mon comportement froid et alcoolique.

J'en riais jaune. Je ne savais pas où ils pouvaient trouver cette imagination.

Ma nièce se tourna vers moi, une mine insouciante au visage. Elle pointa quelque chose du doigt que je ne regardai pas.

— Tonton, ta voiture est encore tombée.

Je n'avais même pas remarqué que je m'étais arrêté de jouer pour admirer le petit être qui se tenait à mes côtés. Peut-être que je souriais, de bonheur ou de fierté, je n'en savais rien. Puis lentement, je passai une main dans ses cheveux bruns pour les lui ébouriffer.

— On sait déjà que tu as gagné.

Un immense sourire illumina son adorable visage, et elle empoigna sa peluche gorille avant de descendre du canapé en sautillant de joie. Je déposai les manettes à leurs socles et la suivis descendre les escaliers. Aujourd'hui, Yumin était chez moi car Soomin devait s'occuper du service d'une personne extrêmement connue, et Seungwoo avait été appelé pour une urgence à l'hôpital. J'avais donc dû aller la chercher à la sortie de son école, et elle était à présent en vacances pour deux semaines.

Il m'arrivait souvent de penser à qu'est-ce qu'il se serait passé si jamais ma mère biologique n'avait pas réussi à me trouver une famille ou même, à ne pas réussir de prévenir les autorités. Peut-être que j'aurais été tué sous les coups de mon père, et je n'aurais jamais connu Yumin. Peut-être même qu'elle ne serait jamais née.

— Coucou Taniiiie, fit cette dernière en caressant la tête de mon chien, affalé dans son panier.

Je terminai de descendre les marches et passai devant les deux hurluberlus pour aller ouvrir la porte sous l'escalier, donnant accès à une grande salle dans laquelle je mettais tous mes puzzles ainsi qu'une immense maquette que je m'amusais à assembler lorsque je n'avais plus de puzzle. C'était une sorte de grande ville avec des gares, des trains, des commerces, des immeubles, des collines, des personnes, enfin bref, c'était absolument immense.Ça prenait bien la moitié de la pièce, soit environ une trentaine de mètres carrés. D'autres cartons contenant des assemblages trainaient sous la grande vitre qui donnait une vue sur la rue.

Puis dans l'autre moitié, se trouvait une large table où était disposé mon dernier puzzle – presque terminé, sur une planche à bois. Des tonnes de boîtes s'empilaient sur les étagères. Je ne savais pas comment je faisais pour trouver de la place pour mettre mes puzzles une fois terminés, mais en tout cas, j'en trouvais. Que ce soit à Coquelicot ou ici.

Yumin arriva dans la pièce en trombe tandis que je me dirigeai tranquillement vers la table. Elle prit la dernière pièce de la boîte et monta sur la chaise.

— Regarde Tonton ! S'écria-t-elle lorsque je fus à sa hauteur. Tu regardes, hein ?

Je passai une main autour de sa taille pour qu'elle ne tombe pas.

— Je regarde ma puce.

Un nouveau grand sourire étira ses fines lèvres et elle se pencha au-dessus de la table afin de déposer la toute dernière pièce, et ainsi compléter le soleil qui éclairait la ville de New York, à travers ses immenses buildings. Elle poussa un cri de joie et sauta dans mes bras pour être plus haute et regarder comment rendait le tableau.

Bon, ce n'était qu'un trois milles pièces et je n'avais mis qu'une semaine pour le faire mais il était vraiment très beau. Moins il y avait de pièces, plus il y avait de choix, mais moi ce que j'aimais le plus, c'était ceux où quelqu'un qui n'était pas habitué à ce genre de passe temps pouvait tourner de la tête rien qu'en sachant le nombre infini de pièce.

Et celui dont j'étais le plus fier, était celui que j'avais placé au-dessus de mon lit, qui contenait exactement quarante mille trois cent deux pièces, chacune faisant pas plus d'un centimètre. C'était la copie conforme du Sacre de Napoléon, peinture de Jacques Louis David. J'avais mis un mois pour le faire.

— Il est trop trop beau ! S'enjoua Yumin en se tenant à ma nuque.

— C'est vrai.

Elle me regarda puis mit ses mains sur ses hanches, adoptant une mine extrêmement fière :

— Heureusement que je suis là hein ! T'y serais jamais arrivé sans moi !

— Oh que oui ! Me prêtai-je à son amusement en sortant de la pièce. Sans la grande Yumin pour m'aider, j'en serais encore aux bords !

Elle ria de plein cœur et je la déposai sur le sol, la laissant courir en direction du canapé.

Terminé un puzzle était comme finir de lire un livre. L'histoire s'arrête après avoir élucider les bords, le milieu et les plus petits détails. Qu'en assemblant chaque morceau, on créait une logique et donnait un sens à l'œuvre. Un sens qui faisait tout disparaître autour de moi lorsque j'y plongeais. C'était peut-être pour cela que j'aimais ces passes temps depuis petit, parce qu'il me déliait de cette réalité maladive.

Une réalité maladive qui guérissait doucement depuis quelque mois, certes.

Je me dirigeai vers la table du salon et pris mes affaires que j'avais repassées avant d'aller chercher ma nièce à sa sortie d'école.

— Viens prendre tes affaires Yumin.

Alors qu'elle allait allumer la télévision, elle se rua vers la table pour prendre sa pile d'habits et fila en direction de sa chambre. Comme elle vivait la plupart du temps ici, j'avais décidé d'aménager la chambre d'ami du rez-de-chaussée – que j'utilisais les nuits lorsque je devais dormir avec Eunji, en une chambre spécialement dédiée pour elle.

— Dis Tonton, fit-elle en revenant un peu trop rapidement pour que ses affaires soit bien rangées, c'est quand que Jungkook revient ?

Je haussai les sourcils et la regardai marcher en direction du canapé afin de faire ce qu'elle voulait faire depuis le début : allumer la télévision.

— Revenir où ?

— Ici ou à Coquelicot, ça fait longtemps que je l'ai pas vu.

Une chaine diffusant des dessins animés pour son âge apparut à l'écran, mais elle se tourna dans ma direction, attendant ainsi ma réponse. Depuis que Jungkook était venu ici, elle ne cessait de parler de lui ou de demander ce qu'il faisait. Cela faisait presque deux semaines qu'il n'était pas venu travailler mais ce n'était en aucun cas lié à une quelconque disparition ou crise, c'était seulement sa période d'examen. Peut-être qu'il allait venir ce soir et demain, je ne savais pas. Il contactait plus Seokjin pour ce genre d'information que moi.

— Peut-être que tu le verras ce soir, lui dis-je simplement.

Elle ne fit que de hausser la tête et se mit à regarder l'écran tandis que je montais à l'étage pour ranger mes affaires. D'un coup de coude sur la poignée, j'entrai dans ma chambre et me dirigeai vers le grand rideau qui accompagnait ma bibliothèque. Cela donnait issu à une pièce plus grande que ma chambre : soit mon dressing. Je pressai l'interrupteur et les spots du plafond s'illuminèrent. De larges étagères et armoires longeaient les murs et un miroir mural était placé au fond de la pièce. Pour complété le milieu, j'avais installé une sorte de banquette que j'utilisais très peu, à part pour réfléchir à ce que je pouvais mettre.

Mes affaires rangées, je redescendis et m'installai aux côtés de Yumin, complètement absorbée par son dessin animé. C'était vraiment nul ces remakes, surtout celui de Scooby-Doo.

Du bas de l'œil, je vis alors mon écran de téléphone, posé sur la table basse, s'allumer et afficher un message de Seokjin, envoyé à l'instant.

JIN :
Est-ce que tu peux descendre ?

Dix-sept heures quarante-trois.

Je fronçai les sourcils, son message ne m'inspirant rien de bon. Il avait été sur les nerfs toute la journée et c'était rare qu'il le soit aussi longtemps. Le plus souvent, il m'en parlait avant que cela ne lui pèse trop sur les épaules, car même si depuis quatre ans, notre relation se fracturait lentement, le fait que l'on se dise tout n'avait pas changé.

TAEHYUNG :
J'arrive.

Après avoir prévenu Yumin que je devais descendre mais que je revenais dans pas longtemps, je me dirigeai avec une légère appréhension et poings fermés vers la porte bleue marine qui joignait mon appartement à l'espace personnel de Coquelicot. Quelques employé me saluèrent auxquels je ne répondis pas, me contentant de traverser le couloir jusqu'au bureau de Seokjin.

Jungkook arrivait dans précisément dix-sept minutes.

Seulement, une main se posa sur mon épaule avant que je n'abaisse la poignée de la porte, et je me retournai promptement dans un sursaut que je tentai de dissimuler.

Luca entrait dans Heaven, et deux autres marchaient dans ma direction en papotant.

Je fronçai les sourcils, réalisant que je venais d'avoir une hallucination. Il n'y avait personne autour de moi. Personne.

Personne.

J'avais un affreux pressentiment, peut-être que j'aurais dû vider une bouteille avant de venir ici. Ce n'était pas bon lorsque je commençais à avoir des hallucinations de ce genre, c'était comme si au fond de moi, je savais ce qu'il se passait et pourquoi mon corps se mettait dans des états pareils. Sans que je ne m'en aperçoive, ma main tremblait légèrement sur la poignée, et je dus me daigner à la baisser et ainsi entrer dans la pièce.

Je refermai la porte dans mon dos, cherchant du regard mon ami.

Il faisait étrangement sombre alors que, dehors, le ciel dansait en ce moment avec le soleil et les nuages, formant un magnifique crépuscule.

— Taehyung.

Je me tournai automatiquement vers la source de l'appel, et c'est là que je vis Seokjin, assit sur l'un des canapés du petit salon de son bureau, me faisant dos. Ses larges épaules ne s'étaient aucunement détendues depuis ce matin, c'était même pire. Si mon comportement était resté le même qu'autrefois, je crois que je ne lui aurais pas demandé son avis pour aller les lui masser.

D'une nervosité qui ne me ressemblait pas, je pris appui contre son bureau après avoir poussé quelques babioles, et croisai les bras à mon torse, attendant qu'il me dise ce qui le tracassait.

Celui-ci se leva du canapé, et à peine fut-il tourné vers moi que je fronçai les sourcils.

Depuis quand avait-il autant de barbe mal rasée ?

Depuis quand avait-il d'aussi grandes cernes ?

Il n'y avait rien de tout cela, ce matin même. Ce n'était pas possible que tout soit apparu en à peine une journée. Seokjin, avoir de la barbe ? Il fallait déjà que les poules aient des dents avant qu'il ne décide de se la laisser pousser.

Même si certaines fois, je lui abîmais contre ma volonté le visage, il était l'une des seules personnes que je connaisse qui prenait autant soin de sa peau.

Des bouteilles d'alcools jonchaient le sol, me faisant devenir de plus en plus nerveux. Tellement nerveux qu'un mal de crâne trouva refuge, et que mes nerfs se faisaient secouer par des coups d'adrénalines inhabituels. L'air devenait lourd.

— Tae, reprit-il en s'approchant lentement, il faut que tu me promettes de rester calme.

— Depuis quand tu te laisses pousser la barbe ? Fis-je en n'ayant pas entendu ce qu'il venait de me demander.

Seokjin s'arrêta subitement dans sa marche et amena ses doigts à son visage, les sourcils froncés d'incompréhension. L'air devenait très lourd. Les murs semblaient se rapprocher et le sol se remplissait de plus en plus de bouteilles d'alcools, tombant de je ne savais où en d'insupportables bruits qui rebondissaient dans mon crâne.

— Je me suis rasé ce matin.

Je ne comprenais rien.

Un soupir tremblant sortit d'entre mes narines et des bouffées de chaleurs me prenaient de plus en plus brutalement. Les battements de mon cœur tambourinaient férocement dans l'intégralité de mes vaisseaux sanguins, et mon mal de crâne ne faisait que d'empirer. J'avais l'impression que cela faisait des heures que j'avais quitté Yumin alors que cela devait faire à peine deux minutes, le temps semblait s'écouler d'une lenteur impériale.

— Mh... Je me massai quelques secondes les yeux, tu voulais me dire quoi ?

Encore un peu sceptique sur mon état, il s'avança prudemment et me tendit son téléphone ouvert sur une page de journal, lorsqu'il fut à ma hauteur. En quelques pas, il venait de prendre trente ans de plus. D'une main tremblotante, je pris son portable et baissai le regard sur l'écran. Seulement, j'avais beau papillonner des paupières pour tenter de lire un seul mot, je n'y arrivais pas. Tout se décuplait, se floutait, j'étais tout bonnement incapable de lire quoique ce soit.

Agacé, je lui rendis son téléphone en lâchant un grognement.

— Tu ne dis rien ? Me demanda Seokjin, inquiet.

Je n'arrivais pas à lire, que voulait-il que je dise alors que je ne savais même pas de quoi parlait ce qu'il voulait me montrer ? Inconsciemment, je serrai les poings entre mes coudes, retenant une colère inconnue prête à exploser d'une seconde à l'autre.

— Je... Je n'ai rien compris.

Seokjin passa une main nerveuse à travers ses cheveux, se lécha les lèvres, puis poussa un soupir comme s'il se donnait du courage. Je n'arrivais plus à penser correctement, tout s'embrumait à chaque fois que je voulais réfléchir à quoique ce soit, jusqu'à la plus petite chose médiocre. La main de mon ami se posa sur mon épaule, me faisant lever le visage vers lui que j'avais inconsciemment baissé.

— Ton père a été libéré de prison, Tae.

Mon corps se figea subitement, et un courant d'air froid me passa à travers. Sans que je le remarque, ma main, auparavant dans le creux de mon coude, prit d'un coup son poignet, et je m'y crispai, tremblant. Mon regard jonglait dans le sien, passant d'un iris à l'autre en tentant de discerner le vrai du faux.

— Mon père... ou Père ?

Je savais bien que Père n'était pas en prison, qu'il était sûrement à cette heure en train de remplir des papiers qui autorisaient un ami de Coquelicot son installation à Incheon. Seulement, je voulais être sûr de ce qu'il me disait, même si au fond, j'avais toujours su que ce Diable allait revenir un jour ou l'autre dans ma vie.

— Ton père.

Un frisson d'effroi me parcourut de la tête aux pieds et mon mal de crâne s'intensifia, devenant de plus en plus insupportable. Mon visage se fronça de douleur, et mes nerfs me lançaient à différents endroits comme s'ils se rappelaient de ce que ma conscience ne se souvenait pas, soit les coups qu'avait pu me porter cet homme durant mon enfance. Joue, ventre, dos, poitrine, partout.

— Pourquoi ?...

Jamais je n'ai su ce qu'était devenu mon père biologique. Vers mes dix ans, alors que j'étais tombé sur la lettre qu'avait laissée ma mère en rangeant ma chambre, Mère m'avait seulement dit qu'il avait été incarcéré à Busan. Depuis, je n'en avais plus jamais entendu parler jusqu'à aujourd'hui.

Yumin. Il fallait que je protège Yumin.

— Il a purgé sa peine il y a une semaine, je viens seulement de voir l'article de journal. Mais ne t-

— Il va revenir...

Seokjin fronça les sourcils alors que je me sentais couler. Il allait revenir, j'en étais certain. Il allait revenir pour terminer ce qu'il avait commencé au risque de retourner en prison. Son canif, la lumière de la Lune s'y reflétant en une auréole rouge, le corps inerte de ma mère, et lui, s'avançant lentement dans les escaliers.

— Taehyung, fit-il, tu n'as pas à t'inquiéter, c'est tout bonnement impossible qu'il te reconnaisse...

Mes ongles autour de son poignet s'incrustèrent avec une force que je ne métrisais pas dans sa chaire, faisant naître une grimace de douleur sur son visage mal rasé. Je ne contrôlais plus rien, mon inconscient venait de prendre les reines, ressassant inlassablement chaque image, chaque sensation, chaque émotion telle que la terreur. Une terreur si profonde que j'allais m'y noyer d'ici peu.

— Comment peux-tu en être certain ? Crachai-je avec dédain, le défiant du regard.

Il tenta de se séparer de mon emprise sans succès. Les murs n'étaient plus qu'à quelques pieds de nous, attendant le moment fatidique pour nous encastrer sans possibilité de respirer, et ce, jusqu'à ce qu'on meurt d'asphyxie.

Jungkook.

— Tu... Ses trais se serrèrent. Tu as changé d'identité... et, et tu as grandi... Putain ça fait presque vingt-deux ans...

De mon autre main, je tâtai discrètement derrière mon dos à la recherche de je ne savais quoi. Lorsque du bout des doigts je sentis quelque chose, je le pris et l'amenai furieusement au visage de Seokjin, qui, d'une seconde à l'autre, se mit à geindre bruyamment d'algie. Le portemine tomba au sol, et voir couler du sang à travers ses poils de barbe me fit trembler.

Stop.

Ma main se perdit dans sa nuque et je me retournai vivement pour lui écraser le crâne contre son bureau.

Stop.

Je le fis glisser sur le bois, faisant au passage tomber au sol dans le boucan du diable toutes les babioles qui couvraient le meuble, dont l'appareil photo que je lui avais offert à l'un de ses derniers anniversaires.

Putain, stop.

Subitement, une bombe explosa. Je me vis partir en arrière, tiré par une main furieuse à mon épaule. Dans l'élan, je lâchai Seokjin et reculai de quelques pas, avant que l'ombre d'une autre personne prenne ma place. Des cris résonnaient autour de moi, mais je n'arrivais pas à discerner un seul mot à cause des ricochets que faisait ma conscience entre le réel et l'absurdité.

Seokjin avait glissé contre la paroi du bureau et était maintenant au sol, assit, une personne sortie de nulle part s'occupant de lui. Et moi, juste devant lui, tout bonnement incapable de dire quoique ce soit, de bouger d'un millimètre. Une douleur vive me lançait à l'intérieur de mes paumes, mais ce n'était qu'un grain de poussière face à tout ce que je ressentais au fond de moi.

Le chaos.

— Tonton ?...

Et parmi tout ce brouhaha, entre ces ombres faisant des allées et venues autour de Seokjin, cette petite voix cristalline résonna comme un cessez-le-feu. Cette petite voix qui m'avait gardé en vie durant toutes ces années, cette petite voix que je pourrais reconnaître entre mille, cette petite voix appartenant à l'ange de mes rêves.

Lentement, mon visage se tourna vers la source de cette petite voix, et mon cœur se prit un énième coup de poignard. Yumin se tenait sur le pallier de la porte, entre deux autres personnes, et elle me regardait avec des yeux tremblants, me faisant comprendre que je venais d'aller trop loin. Ses iris autrefois si lumineux venaient de s'éteindre, venaient de me rappeler à quel point j'étais un monstre.

Que j'étais comme lui.

Alcoolique et violent, j'étais devenu mon père.

Et Yumin me représentait, enfant de bas âge, témoin de l'inhumanité de son propre géniteur.

L'éclat qui animait ses yeux lorsqu'elle me voyait venait de s'effondrer, laissant place à la peur, l'effroi, la déception. Des yeux qui s'embrumèrent rapidement jusqu'à laisser couler quelques larmes. Mais à peine eus-je le temps de dire quelque chose, que l'ombre qui s'occupait de Seokjin se rua sur ma nièce afin de l'emmener loin de la scène, ses pleurs résonnants dans mon crâne comme l'inéducable et stridente annonce de la mort.

Je m'étais promis de la protéger de tout.

Mais en réalité, c'était de moi que j'aurais dû la protéger. Mon passé allait forcément refaire surface dans mon présent. Croire, même penser le contraire avait été absurde.

Lorsque je me reportais sur le corps immobile de Seokjin, je n'arrivais toujours pas à bouger. Je me remettais à entendre des cris d'agonies, des flashs remplis d'images indescriptibles me passaient devant les yeux tels des bandes de films, ressassant les cinq premières années de ma vie.

Je n'en pouvais plus.

Je n'en pouvais plus.

J'étais fatigué, je voulais que tout cesse, que l'Avenir me foute un peu la paix pour que je puisse enfin me reposer.

Comment ma journée si chaleureuse avait pu tourner en un véritable cauchemar ?

Soudainement, un hoquet brisa tous les cris qui me broyaient la cervelle, et lentement, lutant contre moi-même pour enfin bouger, je tournai la tête vers la source de ce bruit. Lorsque mon cœur sauta dans ma poitrine.

Jungkook.

Jungkook était là, à l'entrée du bureau, vêtu de son uniforme de serveur sous son long manteau noir, ses iris larmoyants jonglant entre moi et Seokjin tandis qu'une larme s'écoulait sur sa joue.

Non.

Je ne supportais pas voir les gens pleurer. Jungkook avait assez pleuré, il avait assez souffert, je ne voulais pas être un bourreau de plus pour lui.

Aide-moi.

Mais alors que je fis un pas vers lui, il recula.

Non.

Jungkook, je t'en supplie.

Aide-moi.

Je pensais qu'en faisant une croix sur mon passé, qu'en retirant tout ce qui me faisait penser à Eunji chez moi, de supprimer nos photos, de faire le vide dans ma tête, tout allait m'aider à aller mieux. Ce n'était que factice. Passer à autre chose, je ne savais pas faire. Je ne savais pas faire lorsque trop de choses autour de moi pouvait me faire de nouveau basculer.

Lorsqu'il recula d'un nouveau pas alors que je venais d'en refaire un vers lui, je regrettai subitement toutes les décisions que j'avais prises jusqu'à maintenant.

Jeter à la déchèterie tous les présents d'Eunji, d'avoir eu tous ces élans de colères, provocant des disputes avec Seokjin alors qu'il avait toujours été là pour moi, de l'avoir frappé sans pouvoir me contrôler, d'avoir tenté d'en finir alors que Yumin avait besoin de moi. Je regrettais tout, jusqu'à ma propre vie.

Putain Jungkook, je t'en supplie, sors-moi de là.

Ne m'abandonne pas comme ma mère, ne me laisse pas tout seul avec cette histoire.

C'est trop lourd.

Mais alors que ses yeux se posèrent une énième fois sur Seokjin, avant de revenir vers moi, mon cœur se comprima comme il ne l'avait jamais été lorsque, d'entre ses lèvres tremblantes, résonna cette fameuse phrase :

— Tu es pitoyable.

Non.

Non, Jungkook, pas toi.

Aide-moi.

Une larme s'écoula sur ma joue tandis qu'il se mit de nouveau à reculer jusqu'à l'encadrement de la porte, me laissant ainsi seul avec ma propre merde.

J'avais envie de lui hurler de rester, de m'enlacer, de me rassurer comme lorsqu'il l'avait fait chez lui ou chez moi, je n'allais pas pouvoir supporter de le voir à son tour disparaître. Seulement, rien ne sortait, j'étais incapable de prononcer un seul son, d'émettre le moindre mouvement pour lui faire comprendre qu'il devait m'aider à me délier des bras du démon qui me poursuivait depuis tant d'années.

Le seul mouvement que je pouvais faire ; était d'avancer. Le seul mouvement qu'il pouvait faire ; était de reculer.

À travers ses yeux, je voyais des éclats de peur, comme chez Yumin, sauf que je ne voyais que lui. Je ne reconnaissais pas les trois autres ombres qui l'entouraient, peut-être était-ce le fruit de mon imagination, ou peut-être était-ce des employés qui eux aussi étaient témoins de ce que je venais de faire.

Jungkook, j'ai peur.

Lorsque je fus dans le couloir, les ombres s'écartèrent comme si elles me craignaient et, mes yeux se posèrent instinctivement sur Yumin, vers l'escalier en colimaçon. De nouvelles larmes s'écoulèrent sur mon visage à cette vue. Elle était derrière les jambes de quelqu'un, à lui tenir fermement le pantalon par peur qu'il s'envole, et elle me fixait de ses yeux remplis de détresse et d'effroi.

Cette vision était beaucoup trop dure, tout le monde disait vrai. J'étais pitoyable.

J'étais tellement pitoyable que je me rendis furieusement vers l'escalier, Yumin se décalant au passage afin de m'éviter le plus possible, et je montais les marches avant de disparaître de Coquelicot dans un claquement de porte.

Un claquement de porte qui sonna la fin des combats intérieurs, un claquement de porte qui s'accompagna de mon effondrement au sol, à pleurer ma conscience. Autour de moi, tout se rétrécissait, tout m'enveloppait pour ne laisser que le mal, cette amertume qui me rongeait depuis trop longtemps.

Yeontan était venu m'accueillir et s'était installé sur mes genoux, à tenter de calmer mes pleurs en me léchant les joues. Je n'arrivais plus à respirer, mon corps me faisait horriblement souffrir, comme si des milliers de poignards s'implantaient à chaque seconde dans ses moindres parcelles.

Pleurer n'était plus dans mes habitudes. J'avais tendance à tout accumuler comme une éponge avant de tout déverser la nuit, à l'abri de tous les regards.

Mais là, je venais de commettre l'irréparable. Ma relation avec Yumin ne serait probablement plus jamais la même, peut-être même que celle que j'avais avec Jungkook s'effondrerait complètement. Pour l'énième fois, je pensais avoir encore perdu mon repère, celui qui me faisait lever chaque matin avec un but dans la journée depuis quelques mois, celui qui recousait lentement la plaie, celui qui me faisait aller mieux, tout simplement. J'avais mis un moment à m'en rendre compte, sauf que perdre encore une fois ce qui me maintenait en vie, c'était impensable.

Puis comme chaque nuit, j'avais très mal dormi. Les seules fois où je dormais bien, c'était que Jungkook était à mes côtés, et cela était arrivé trop peu souvent. Le soir, je n'avais rien mangé, je n'en avais pas trouvé la force. Je n'étais pas non plus redescendu à Coquelicot, ce qui faisait que je ne savais pas ce que Yumin était devenue, ni Seokjin, ni Jungkook. Mon téléphone avait sonné d'innombrables fois, mais jamais je ne répondais. Seungwoo, Yoongi, Soomin, ils allaient tous me passer un savon, et me dire que plus jamais, je n'aurais Yumin sous ma garde. Qu'une nourrisse allait se charger de s'occuper d'elle lorsque ses parents ne pourront pas la surveiller, mais la voir chez un inconnu m'effrayait. Je ne voulais pas qu'on me la retire.

Si on venait à me la retirer, c'était comme si on allait m'arracher le cœur, le jetant ensuite aux oubliettes pour l'éternité.

Ce fut comme cela que, aux environs de midi le lendemain, en m'enfilant la moitié d'une bouteille de vodka, le visage séché par la nuit, je partis de mon appartement.


Puis j'ai marché à travers les rues, partagé entre le suicide et le succès, qui au fur et à mesure de mes pas, se rapprochaient en me serrant davantage.


Qu'on en finisse.















~~~~
*évite une tomate*

heyyy !

voilà la fin de cette interlude trèèèès longue sur la vie de Taehyung ! Personnellement, c'est l'une de mes préférées (surtout le passage où il est enfant) ! Qu'en avez-vous pensé ?

aussi, c'est la fin de la partie 4 !!! on enchaine maintenant avec la 5 !!!

mais où Taehyung ?

à la semaine prochaine~

-traylexe

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