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fourty o'clock


— La plupart des historiens coréens font de la recherche du « réalisme » une caractéristique de leur cinéma national, quelque chose qui serait propre à « l'esprit coréen », conta mon professeur, le nez levé vers son diaporama. En effet, le cinéma coréen domine quantitativement et économiquement toutes les apparences d'un cinéma à la recherche d'un réalisme qui se voudrait proche de la vie quotidienne des Coréens et de leurs préoccupations. Par exemple, dans les films d'Im Kwontaek...

Mes yeux partirent sur le côté et je lâchai un soupir en mettant mon bras sous la table, tenant un stylo du bout des doigts. Puis dans le plus grand des silences, le regard tourné vers le tableau, je l'enfonçai vivement une microseconde dans les côtes de Minkyung qui était en train de dormir à poing fermé. Il sursauta violemment en lâchant un petit cri inaudible aux autres, les yeux à moitiés ouverts tandis que je me remis à prendre note comme si rien ne n'était passé.

Mh oui alors les films d'Im Kwonmachin apparaissent comme les plus conventionnels et artificiels qui soient...

J'entendis Jimin pouffer à mes côtés pendant que notre ami tout juste sorti d'une profonde sieste tournait la tête dans tous les sens, tentant de chercher le coupable. Je mordis mes lèvres entre elles pour m'empêcher de rire en l'entendant lâcher un soupir bruyant, tout en se massant l'endroit que j'avais frappé. Je ne savais pas depuis combien de temps il dormait mais cela devait faire un bon moment à un juger la tête qu'il tirait.

— T'as fait de beaux rêves ? Demandai-je en continuant d'écrire l'air de rien.

— Hein ? Il se frotta le visage d'une main et prit mollement un stylo. Je ne dormais pas... J'observais seulement l'intérieur de mes paupières...

— Mh vraiment ? Et c'était bien ?

— Super, il retint tant bien que mal un bâillement, tu devrais essayer... On en est où ?

L'entendre parler de sommeil ne me fit ni chaud ni froid car j'étais vraiment de bonne humeur.

Pourquoi ?

Parce que les partiels semestriels venaient de se terminer pas plus tard qu'hier et que ce soir, nous étions en vacances pour deux semaines. Je ne savais pas ce qu'il était passé par la tête de l'administration à garder une journée de cours parce qu'on s'en serait bien tous passé après quatre jours non-stop d'examen. Enfin bref, tant que mes deux précieuses semaines de vacances étaient gardées, il pouvait y avoir un astéroïde s'écrasant sur la Terre que je n'en avais strictement rien à faire. Les vacances, c'était sacré.

Les températures douces du printemps revenaient doucement, nous étions déjà fin mars et mon premier semestre touchait déjà à sa fin. J'avais l'impression d'avoir fait ma rentrée hier, le temps me passait de plus en plus entre les doigts. Même si je n'aimais pas penser à quoi allait résulter mes examens de cette semaine qui m'avaient fait louper quelques nuits, je pensais les avoir assez bien gérés. Surtout l'épreuve orale qui m'avait donnée une pêche d'enfer pour les prochaines.

L'épreuve orale consistait à présenter le long-métrage que nous avions eu l'obligation de créer seuls, ou en groupe. Long-métrage que j'avais réalisé avec Jimin, nous basant sur l'une de mes histoires. Nous avions vraiment travaillé dessus, et, une fois terminé, il y avait de cela deux semaines, j'avais été très fier de notre projet. Tellement fier que je n'avais pas pu m'empêcher de le regarder une dizaine de fois si ce n'était pas plus.

Nous l'avions montré à Haneul, qui avait littéralement fondue en larmes en nous disant que c'était encore mieux que certains films qu'elle avait pu voir. Je ne l'avais pas montré à ma mère, et cela la faisait gueuler depuis deux semaines car elle ne voulait pas attendre mon retour pendant mes vacances pour le regarder. Du coup, j'avais décidé de le lui montrer pendant les quelques jours que j'allais passer à la maison, et elle m'avait littéralement maudis. J'avais décidé de rentrer une semaine à Busan, et que la seconde j'allais revenir ici pour pouvoir continuer de travailler à Coquelicot.

Le jury qui nous évaluait durant notre présentation avait été en état de choc devant tant de beauté et de professionnalisme qui émanait de notre long-métrage. Certains avaient même lâcher quelques larmes rebelles, avant de nous couvrir de compliments pendant de bonnes minutes. De base, ils n'avaient pas le droit de faire cela, mais apparemment, ils n'avaient pas pu s'en empêcher. À l'une des questions qui m'avait été posée, concernant les musiques que nous avions attachées aux images, j'avais eu le bonheur de parler de mon ami Yoongi, auteur de ces musiques avec sa sœur. Au début, ce n'était pas prévu qu'ils nous les fassent toutes, mais en voyant qu'ils tenaient tout deux à au moins créer quelque chose et que nous pouvions ensuite faire ce que l'on voulait avec, nous les avions laissés faire.

Au final, on les avait toutes gardées. J'avais seulement concerté quelques fois Yoongi en dehors du travail pour en discuter, lui faire part de nos attentes et Jimin et moins avions été sidérés en écoutant son travail réalisé par lui et sa sœur. D'ailleurs, celle-ci nous avait félicités en voyant le résultat final, en nous répétant maintes et maintes fois qu'elle avait été très heureuse de participer à un tel projet, avec une telle histoire abordant un thème sensible.  Je ne savais pas comment ils avaient fait ensemble et surtout à distance – sa sœur étant à Busan, pour créer des musiques concordant à la perfection avec l'univers et le message que nous voulions transmettre.

En tout cas, ce que je savais, c'était Jimin et moi avions l'épreuve orale dans la poche.

Pour Minkyung, il avait réalisé son long-métrage seul. Il en avait été contraint à cause de sa timidité de n'aller demander à des personnes inconnues à son bataillon de travailler avec lui, en début d'année. En sortant de la salle d'examen, il nous avait dit, soulagé, que tout s'était bien passé, mais qu'au début tout était mal parti à cause de sa clé USB qui n'avait pas voulu fonctionner.

Je l'avais aussi montré à Seokjin juste avant ma semaine d'examens, il en avait aussi été ébahi en me félicitant de mon travail, chose que j'avais ensuite dit à Jimin. Je lui avais montré car il voulait voir comment rendait les scènes que nous avions filmées à Coquelicot rendaient. Pendant que mon supérieur regardait mon film, Taehyung y avait jeté un œil curieux à son passage dans le bureau, mais il n'était pas resté, prétextant qu'il devait aller chercher Yumin chez le médecin.

Cela faisait une semaine et demie que je ne l'avais pas vu, car j'avais réussi à négocier auprès de Seokjin – avec Minkyung, de nous laisser ce laps de temps pour réviser. Cela l'avait assez embêté car cela faisait presque deux semaines d'absence sans compter la semaine qu'il m'avait donnée pour que je puisse rentrer chez moi et me reposer. Raison pour laquelle je ne restais pas toutes mes vacances avec ma mère, et que j'allais faire beaucoup plus d'heures à mon retour qu'habituellement.

Je n'étais pas retourné chez mon patron depuis mon petit séjour, un mois et demi auparavant. Et je devais avouer que cela me manquait. Qu'il me manquait.

Car lorsque notre bulle s'était brisée à mon départ, nous n'avions plus eu aucun contact physique durant ces dernières semaines. Je n'avais droit qu'à des regards qui pouvaient me déstabiliser en plein service. Jamais nous avions eu un moment seul tous les deux, pas même durant mes pauses. J'en étais frustré, et je ne savais pas si c'était pareil pour lui ou non. Contrairement à lui, je n'avais pas cette « capacité » à lire à travers les esprits comme le faisait Jimin avec moi. J'avais aussi remarqué à vingt heures trente pile, à la fin de ma pause, il ne partait plus du café pour y revenir à vingt-et-une heure.

C'était étrange, je n'avais jamais réussi à savoir pourquoi il partait chaque jour à cette heure. Et le suivre m'avait déjà traversé l'esprit, sauf que je doutais qu'il m'aurait gardé comme employé s'il m'avait choppé. Alors j'avais abandonné.

Installés dans le hall de l'école sur des canapés avec Jimin et Minkyung, je regardais les élèves passer et repasser, attendant la reprise des cours pour cet après-midi. Comme nous avions terminé notre court-métrage juste avant le début des examens, je ne savais pas ce que nous allions faire aujourd'hui comme c'était le début des vacances.

J'eus un léger sourire lorsque je vis un couple arrivé dans notre direction, et Jimin se leva pour les accueillir, et les inciter à s'installer sur un autre canapé en face du nôtre. C'était le couple qui avait joué dans Pourquoi Toi ?, notre long-métrage fraichement terminé. Ils étaient en troisième année, leur dernière, pour apprendre le métier d'acteur, alors ils s'étaient portés volontaire en voyant l'une des annonces que nous avions fait circuler dans l'école. Et puis vu l'impact qu'avait eu notre film parmi les élèves, ils avaient été on ne peut plus ravi car cela leur avait donné beaucoup d'expérience et des choses à montrer lors d'une possible postulation pour une agence de cinéma.

Durant tout notre temps passé ensemble depuis Novembre, je n'avais pas réussi à très bien sympathisé avec eux, à part un peu avec la fille du nom de Hyerin. Oui, le même que celui de ma mère et cela m'avait fait énormément bizarre lorsque je l'ai su. Mais Jimin avait largement rattrapé le coup grâce à sa sociabilité illimité et son sourire communicatif qui quittait très peu ses lèvres. Je n'avais jamais été doué pour devenir ami avec quelqu'un.

— C'est toujours bon pour demain soir ? Demanda Monho, le copain de Hyerin.

Je fronçai les sourcils lorsque Jimin haussa la tête avec un grand sourire.

— J'ai réservé une table de dix dans un restaurant en ville ce matin.

Mais de quoi ils parlaient ? Où est-ce que j'avais loupé un chapitre de cette histoire ? Je me tournai vers Minkyung, à mes côtés.

— Y'a quoi demain soir ?

Celui-ci me regarda comme si je venais de lui parler Allemand, et il soupira.

— Toi, tu n'es pas allé sur le groupe depuis hier soir.

— Hein ? Pourquoi ? Vous avez parlé ?

— Pour fêter votre réussite et les vacances, on va tous au restaurant demain soir.

— Quoi ? Je fis les gros yeux. Mais pourquoi je ne suis pas au courant ?

— Peut-être parce que tu n'es pas allé sur ton téléphone depuis hier soir, nargua-t-il en faisant un coup de tête vers mon sac à dos, à mes pieds.

Je grognai dans ma barbe inexistante en ouvrant ce dernier pour prendre mon portable, auquel j'avais acheté une coque transparente en silicone. Bien qu'il soit complètement neuf et beaucoup mieux que mon ancien, je n'arrivais pas à me défaire de mon habitude de ne pas y aller souvent. En plus de ça, je ne mettais jamais la sonnerie, alors je ne savais pas quand est-ce que je recevais un message. Je tournai de l'œil en voyant le nombre de notifications que j'avais loupé, et les effaçai dans les consulter. Vite fait, je répondis à ma mère qui me demandait ce que je voulais manger dimanche soir à mon retour, et je lui dis de faire un bon eisbein, le plat allemand dont on raffolait tous les deux.

— Il y aura qui ? C'est où ? À quelle heure ?

— Il y aura tous les acteurs avec qui tu as travaillé, donc on sera dix, me répondit-il en regardant le couple. Je t'enverrai l'adresse, elle est sur le groupe mais on a tellement parlé hier soir qu'elle a disparue. Rendez-vous à dix-neuf heures sur place.

— Tu viens aussi ?

— Jimin a voulu m'inviter, alors oui.

Je lui fis un large sourire, j'étais vraiment content aujourd'hui. De plus, je retournais travailler à Coquelicot ce soir et demain, ce qui faisait que j'allais revoir Taehyung. Même si nous n'avions plus aucun contact physique depuis près d'un mois et demi, j'étais heureux de le revoir chaque soir, bien qu'il soit absent à certains moments...








Ce n'était pas vrai.

Il me manquait.

☯︎

Dix-sept heures quarante-et-un.

Je ne savais pas quoi faire. Cela faisait trente minutes que j'étais rentré mais je m'ennuyais comme un rat mort. C'était encore trop tôt pour aller à Coquelicot, car pour faire cent mètres, il n'allait pas me falloir précisément dix-neuf minutes. Je m'étais déjà habillé d'une chemise blanche neuve et d'un pantalon noir, le costume habituel en sommes, et j'avais retiré la légère barbe qui s'était installée. Elle poussait toujours très lentement mais je voulais qu'elle ne pousse pas du tout, je ressemblais vraiment à un bandit lorsque j'en avais rien qu'un peu.

Qu'est-ce que je pouvais faire pendant vingt minutes ?

Je n'avais pas envie de continuer de travailler sur OO:SA:KA, histoire sur laquelle j'avais pourtant commencé à écrire rien que le prologue. Je n'avais pas non plus envie de commencer mes devoirs, bien que je n'en avais que très peu, c'est-à-dire faire une analyse filmique d'un extrait donné par notre professeur. Jimin avait tenu à m'installer des réseaux sociaux sur mon téléphone, mais je n'y allais que très rarement et je ne trouvais aucune utilité à poster une photo de soi sur internet. C'était plus risqué qu'autre chose.

Je me redressai dans mon lit subitement.

Le ménage ! Je pouvais le faire maintenant comme ça, je n'aurais pas à le faire Dimanche matin avant de partir pour Busan. C'était une bonne idée !





...

Ouais en fait non.

Je me laissai retomber sur mon matelas en soufflant.

Dix-sept heures quarante-trois.

Quoi ? Seulement deux minutes étaient passées ?

Bordel, j'avais l'impression que cela faisait une éternité que je cherchais quoi faire. Cela faisait un peu pareil que lorsque j'étais dans mon ancienne école ou au lycée, cette impression d'écouter le cours pendant une heure alors qu'en réalité, seulement quinze minutes étaient passées. Cette sensation du Diable que beaucoup d'élèves devaient connaître.

Bon, qu'est-ce que je pouvais faire pendant quinze minutes, moi ?

Je détachai mon regard de mon plafond blanc qui me rappelait à quel point ma vie était dénuée de sens, et le baissai sur la légère bosse naturelle qui soulevait le tissu de mon pantalon noir. Une angoisse emprisonna mon cœur de ses chaines et mes mains, sous ma tête, devinent subitement moites.

Cela faisait des années que je ne m'étais rien fait, peut-être six ans. Et encore, j'en avais été obligé à cause de l'âge et cette partie du corps qui n'en faisait que sa tête. Depuis, à chaque fois que je pensais à ce genre de contact, je me mettais à angoisser. Cela devait venir de ma phobie qui s'était manifestée quatre ans auparavant, ce qui faisait qu'en n'acceptant pas le touché des autres, je n'acceptais pas le miens non plus. Et puis de toute façon, je n'avais jamais aimé. Peut-être parce que je ne savais pas comment m'y prendre et/ou qu'au fond, cette pratique me faisait peur.

Je secouai la tête de droite à gauche comme si cela pouvait me retirer ces réflexions de la tête et me levai finalement. Comme je ne savais vraiment pas quoi faire, je décidai de me rendre au travail, même si j'allais être en avance. Au pire, j'irai bavarder avec Bambam s'il était lui aussi là plus tôt, ou je commencerai mon service.

Concernant celui-ci, nos discussions pendant nos pauses s'étaient résumées à ses deux semaines de stage au Japon pendant bien une semaine. Il m'avait fait vraiment rire dans sa façon d'expliquer les choses, surtout lorsqu'il m'avait dit qu'en s'occupant d'une vieille femme qui ne parlait pas anglais, il lui avait apporté un verre d'eau alors qu'elle demandait de l'aide pour se lever. Mais malgré les autres maladresses qu'il avait pu avoir, il me les contait toujours avec un immense sourire. À ce moment-là, je l'enviai énormément pour la fascination qu'il avait eue pour cet univers. Je n'allais pas connaître cette adrénaline d'exercer ce que j'aimais dans une réelle boîte cinématographique japonaise. Car je ne partais pas en stage là-bas, à Tokyo, le stage prévu durant notre année qui s'étalait lui aussi sur deux semaines, du quatre avril au dix-huit avril. La classe partait le dernier samedi des vacances.

Je pris mon manteau que j'enfilai et me chaussai de mes baskets habituelles.

Mes professeurs n'avaient pas compris mon choix. Ils avaient tentés de m'en dissuader, mais jamais je n'étais revenu sur ma décision : je n'allais en aucun cas le faire. Ma mère, qui comprenait mon choix, avait carrément été obligée d'écrire un mail à l'école pour leur faire part qu'elle ne voulait pas, elle non plus, que je participe à ce stage.

— C'est réellement une perte, Jungkook, m'avait dis mon professeur principal.

Je clos mon appartement et me mis à descendre lentement les escaliers.

En aucun cas ce n'était une perte pour moi. Certes, je loupai l'occasion d'être avec de véritables professionnels, mais ce que j'y gagnais était que mes démons n'allaient pas me suivre là-bas plus qu'il ne me suivait ici. Ce qui voulait dire crises en moins, et que je pouvais continuer de marcher sur le chemin de la guérison. Jimin avait eu raison, car je commençais à me sentir mieux intérieurement après notre discussion chez lui. Je ne me méprisais plus devant mon miroir, je tentais de voir les choses d'un meilleur côté même si ce n'était pas toujours facile, je ne faisais plus attention aux commentaires qui se scotchaient derrière mon dos à l'école – si j'étais bizarre à leurs yeux avant ma crise, je l'étais désormais beaucoup plus après. Alors il arrivait que je surprenne des camarades de classes parler entre eux en me regardant.

Je poussai la porte d'entrée de mon bâtiment et sortis en même temps un paquet de cigarettes de ma poche, pour en coincer une entre mes lèvres avant de l'allumer, une main servant de coupe-vent.

Pour l'instant, écrire mon nouveau bouquin ne m'aidait pas encore vraiment même si cela m'enlevait partiellement un poids des épaules. Cela devait venir du fait que je n'en étais qu'au prologue et que le vif du sujet était encore absent. Tout ce que je remarquais, c'était que ma boule d'angoisse dans le creux de mon ventre qui menaçait d'éclater depuis mon arrivée à Séoul, disparaissait peu à peu. Elle se faisait grignoter par une forme de bien-être qui s'installait doucement.

Soufflant un fantôme, je marchais calmement dans la rue devenue active à cette heure-ci. Les personnes rentraient chez eux, les lycéens sortaient de cours avec un immense sourire : enfin les vacances !, tu viendras chez moi la semaine prochaine ?, embrassades et câlins à tout va comme si c'était la dernière fois qu'ils se voyaient. Certains partaient pour leurs cours du soir, d'autres chez eux décidant de ne pas y aller.

Le ciel commençait silencieusement à virer au crépuscule, le soleil se reflétant majestueusement dans les nuages qui surplombaient la population humaine. J'adorais cette époque, les soirs comme les matins, le ciel était magnifique et apaisait les âmes. Les jours s'allongeaient au bonheur de certains parents qui n'aimaient guère lorsque leurs enfants rentraient les soirs de l'école. Une chose malencontreuse pouvait très vite arriver.

Consumant, ou plutôt me faisant consumer par ma cigarette que j'avais bientôt terminée, j'arrivai dans la ruelle voisine de Coquelicot. Mon regard se fit directement accroché par le fond de celle-ci, où se trouvait l'énorme SUV noir de mon patron, et un sourire naquit à mes lèvres. Je les levai ensuite au première étage du bâtiment, et les fis glisser sur les grandes fenêtres qui creusaient les façades. On ne voyait pas au travers, les vitres étaient cendrées, pareil pour l'immense baie vitrée qui donnait sur la rue. Alors je ne regardais jamais bien longtemps au risque de me faire chopper par Taehyung sans que je ne le sache.

J'écrasais mon mégot dans le cendrier installé à l'entrée de la porte dédiée au personnel, je pris un chewing-gum pour cacher l'odeur de grillade, et alors que j'allais ouvrir la porte, la poignée s'éloigna subitement de ma main.

Instinctivement, mes yeux se baissèrent sur Yumin, en train de pleurer à chaudes larmes. Cette vision me fit l'effet d'une claque. Oh mon dieu, mais pourquoi ce petit bout d'amour pleurait ?

Derrière elle, se trouvait Bambam dont les trais se tiraient sans cesse. Il n'était pas en tenue de serveur, ce qui voulait dire qu'il venait d'arriver, et son visage se détendit légèrement en me voyant.

Lorsque les yeux de la petite fille rencontrèrent les miens, elle ne perdit pas de temps et se jeta dans mes bras pour y déverser bruyamment toute sa peine. Je l'installai confortablement contre moi, appuyant sa tête dans mon cou de ma main et me mit à la bercer sans que je sache la raison de son état. La Reine ne vint pas, car j'avais compris qu'il fallait que je me sente inconsciemment en sécurité avec la personne pour y accepter son toucher. C'était mon cœur et mon cerveau qui décidaient de quand lâcher la Reine ou pas.

Silencieusement, pendant que je tenais Yumin contre moi, je fis un coup de tête en direction de Bambam, qui était resté à l'entrée de la porte. Celui-ci fit une grimace, il semblait sur les nerfs ou angoissé.

— J-J-Jung...K-koo-k... Bredouilla difficilement la petite entre les pleurs qui ne s'arrêtait de tremper mon col de chemise.

— Je suis là, rassurai-je en embrassant l'arrière de son crâne, je suis là, tu peux tout me dire...

Elle renifla contre ma peau, et tenta de se sécher le visage de sa manche de pull en se redressant devant moi. Je la tins d'une main sous les fesses et d'une autre dans son dos pour qu'elle ne parte pas en arrière. Ses yeux imbibés de sang à cause de ses larmes et son visage bouffit me faisaient de la peine, et je me mis à cogiter intérieurement sur la raison de son mal-être. Est-ce qu'il était arrivé quelque chose à Taehyung ? Ou pire, est-ce qu'il avait tenté d'en finir une fois de plus avec lui comme me l'avait déjà dis Seokjin ?

— S-Sau...ve J-J-Jin, balbutia-t-elle. T-Te plait...

Une bombe explosa.

Jin ? Seokjin ?

Je ne savais pas si ce qui m'avait le plus choqué était le fait qu'elle m'ait suppliée de le « sauver » et non pas de l'« aider ». Nom de Dieu mais qu'est-ce qu'il se passait ?

Je la déposai sur le sol, pris ses deux petites mains dans les miennes et m'agenouillai à sa hauteur.

— Reste-là avec Bambam, je fis un coup de tête dans la direction du concerné qui était sorti de l'entrée, c'est le monsieur ici et il est gentil. Je vais aller voir ce qu'il se passe, d'accord ?

La petite haussa frénétiquement la tête, reniflant la morve qui coulait de son petit nez rouge et elle se défit lentement de mon emprise pour aller vers mon ami, qui mit ses deux mains sur ses épaules. Je me redressai et alors que j'allais entrer, ce dernier m'interrompit :

— Ce n'est pas beau à voir, j'ai fais ce que j'ai pu.

Cette phrase fit battre mon cœur à une allure tellement folle que je l'entendais cogner dans mon crâne. Je ne lui répondis rien, et entrai à l'intérieur de l'espace pour le personnel non sans appréhension. Des chuchotements résonnaient dans le couloir, et lorsque j'eus tourné dans sa continuité après l'escalier en colimaçon, mon sang ne fit qu'un tour. Ma gorge devint soudainement sèche et mon estomac se retourna à l'odeur de sang qui flottait dans l'air.

La même odeur que cette nuit-là.

Je papillonnai des paupières en tentant de ne pas me laisser avoir par les souvenirs qui m'affluaient si subitement, et échangeai un regard emplit de sens avec mes collègues qui se trouvaient dans le couloir, près du bureau de Seokjin. Ils n'étaient que trois, Luca, Minkyung, et un autre qui était beaucoup plus âgé que nous, à qui je parlais très peu. Luca regardait avec des yeux ronds comme des billes l'intérieur du bureau, tandis que mon ami se mit à trottiner dans ma direction.

— Jungkook...

Je ne lui accordais pas une seule seconde que je m'étais déjà élancé à travers le dégagement, Minkyung faisant demi-tour pour me suivre.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— C'est Taehyung...

Je ne comprenais plus rien. Seokjin ou Taehyung ?

— Je crois qu'il a pété un câble...

Le visage crispé et les sourcils froncés, je passai devant mes deux autres collègues, et à peine un pied de mis dans le bureau que je pilai. Tous mes nerfs se paralysèrent et mon souffle se coupa tandis que mes yeux commencèrent à me piquer sérieusement. 

La pièce était sans dessus dessous, des tas d'objets cassés ou miraculeusement intacts jonchaient le sol, des papiers, des cadres, l'appareil photo, et parmi tout ceci, se trouvaient Seokjin et Taehyung. Sauf qu'ils n'étaient pas en train de boire une tasse de café, il n'y aurait pas eu une odeur de sang et des pleurs provenant de Yumin.

Seokjin était assis contre la paroi de son bureau, le visage gonflé et remplit de divers pansements, sa chemine blanche était imbibée de sang à divers endroits et ses yeux étaient à moitié ouverts. Je sentis mon cœur s'arrêter, et mon regard glissa ensuite très lentement vers Taehyung, debout devant lui. Les informations semblaient arrivées d'une lenteur impériale à mon cerveau, je n'arrivais plus à les assimilées tellement cette vision d'horreur me retournait l'estomac.

Ma mémoire ne cessait de creuser des pièges dans lesquels je voyais le corps cadavérique de Mina, sur lequel ruisselaient de tristes rivières rouges. Les projecteurs de mon esprit accusaient les formes et les couleurs, le corps d'apparence encore humaine, mais à la fois absurde et irréel, et sa peau semblait aussi artificielle que le drap aux éclats de rubis où elle reposait.

Il paraissait grotesque de dire que l'on ne pouvait plus rien pour elle.

Comme toujours lorsque je la revoyais, je dus refréner mon envie de coller ma bouche à la sienne, de plonger une aiguille dans son cœur encore chaud pour tenter de la ranimer. Un cœur qui pourtant, venait d'être brisé en deux, dissipant l'Espoir de la revoir encore une fois sourire.

Mon patron ne semblait plus de ce monde, il regardait Seokjin, au sol, sans le voir. Les bras ballants autour du corps, il tremblait violemment, et ses respirations alarmantes cassaient le silence pesant qui enrobait la pièce. Son esprit tournoyait à l'intérieur de sa boîte crânienne dont les pensées naviguaient dans l'entièreté de ses membres. Sa mâchoire était tellement serrée que ses os ressortaient, de ses poings dégoulinait un fil de sang dû à ses ongles qui entraient dans ses paumes. Ses phalanges étaient blanches comme la neige, ses veines se coupaient à cause de la force dont il faisait preuve.

Comment ma journée si chaleureuse avait pu tourner en un véritable cauchemar ?

J'eus subitement un hoquet auquel s'était ajouté les restes de ce que j'avais mangé en rentrant chez moi. Et le bruit que je venais de faire intercepta Taehyung, dont le visage venait de se tourner vers moi. Une larme, silencieuse, s'écoula sur ma joue. Ses yeux dénués d'éclat me transpercèrent de toute part, me clouèrent sur place et je me fis emporté dans ses pensées les plus obscures. Le monde onirique qui l'engouffrait n'était pas calme, il le brisait de l'intérieur, déchirait la page qu'il avait décidé de tournée, le faisait reculer au point de départ. Si je pensais que réellement faire une croix sur son passé et ses démons allaient être difficile, je ne me doutais pas un seul instant que tout allait se concentrer sur Seokjin en passant par la violence.

Ce n'était plus Taehyung qui se tenait devant moi.









C'était quelqu'un d'autre.






C'était un pantin.



Autour de nous, j'entendais des cris, je voyais d'une image fantomatique d'un homme dont les mains étaient sales en étant propres. Il y avait aussi une écharpe de coton d'une couleur d'automnale cousue par l'amour d'un être envers un autre. C'était l'écharpe que je voyais souvent autour du cou de mon patron, qui venait à ce moment même d'entrer dans ma tête plus qu'il ne l'était déjà.

Mais alors qu'il fit un pas vers moi, je reculai.

Mon corps tremblait sur place, mes poils se hissaient comme des poteaux sur mes bras, je ne me sentais plus en sécurité. Taehyung avait battu Seokjin.

Et je venais de découvrir que ce n'était pas la première fois que cela devait arriver. Peu après mon acceptation ici, je avais vu Seokjin avec un bleu à la joue, mais il avait trouvé l'excuse de s'être tapé contre son bureau. Je ne l'avais jamais vraiment cru, et j'avais eu raison de ne pas le croire. Son soi-disant bureau n'était qu'autre que Taehyung. Et toutes les fois où il était extrêmement fatigué, dans un autre monde parallèle, que ses sourires ne se pointaient pas ? Etait-ce aussi des moments où cette brutalité avait fait surface, en me passant sous le nez ?

Comment avais-je pu être aveugle devant cette inhumanité ?

Lorsque Seokjin me souriait, ce n'était qu'en réalité qu'un masque qu'il s'obligeait de mettre pour cacher les fleurs mauves naissantes sur sa peau, sous du tissu blanc dont il devait avoir peur de sa tromperie jusqu'à ce que les pétales ne tombent parmi les autres. Les démons de Taehyung venaient de marquer la vie d'un être aussi pur que Seokjin par des cicatrices internes et externes qui ne cessaient de lui rappeler à quel point il était beaucoup trop gentil. Qu'en finissant par être trop gentil, il arrivait qu'on se retourne contre nous pour nous poignarder dans le dos.

Lorsque je reculai de nouveau d'un pas alors qu'il venait d'en refaire un vers moi, un éclat de regret passa à travers ses prunelles tremblantes.

Sauf que c'était trop tard pour regretter.

La balle était lancée.

Mes yeux se baissèrent sur Seokjin, toujours assit contre son bureau, qui lui, me regardait difficilement d'un air désolé. Puis ses lèvres s'ouvrirent à moitié et soufflèrent, fée silencieuse, que Taehyung devait être rassuré.

Mais comment pouvais-je le rassurer alors que c'était lui, la victime ? Les normes avaient changées sans que je ne sois au courant ? Depuis quand devions-nous rassurer l'agresseur et accuser l'agressé ? 

Et pourtant, même s'il me manquait une pièce du puzzle pour compléter la personnalité de mon patron, je ne pus m'empêcher de souffler ce que mon cœur pensait:

— Tu es pitoyable.

Et une larme, perle aux éclats de diamant, glissa sur sa joue tissée d'une toile de soie.

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