fifty o'clock
— Du coup Jungkook, tu as pensé à quel genre de fin ?
Le stylo contre le menton, je regardai quelques secondes en l'air en réfléchissant.
— J'avais pensé à un suicide, mais il faudrait permettre au spectateur de faire sa propre fin.
Jimin leva un œil curieux vers moi, tout comme Minkyung et les six autres personnes de notre groupe de travail. J'eus un sourire gêné en comprenant qu'ils ne voyaient pas où je voulais en venir.
— Comment tu veux amener ça ?
A travers les grandes vitres de la bibliothèque universitaire, les flocons de neige recouvraient la rue, les voitures, les arbres, les bancs où quelques étudiants fumaient leurs cigarettes, tout. Le pays s'habillait d'un manteau blanc en ce mois de Février. J'avais fait ma seconde rentrée en spécialisation scénario quelques mois auparavant, et le premier semestre touchait déjà bientôt à sa fin. Je m'y plaisais énormément, et mes résultats excellaient dans chaque matière. L'année dernière, en tronc commun, j'avais déjà compris que mon domaine était le scénario et non autre chose, mais en entrant réellement dans le vif du sujet, ce n'était pas la même chose. Mon amour pour le métier de scénariste – bien que compliqué, grandissait au fur et à mesure des nouveaux apprentissages. Il me restait encore un an et demi d'étude avant mon entrée dans la vie active.
Malheureusement, de façon logique, je n'étais plus dans la même classe que mes deux meilleurs amis. Jimin était parti dans la réalisation, tandis que Minkyung était dans le son, où ils se plaisaient tout autant que moi. Même si nous n'étions plus ensemble, nous continuions de manger tous les trois les midis, de faire des petites soirées avec Haneul, et de travailler sur les projets imposés par l'école ; comme aujourd'hui. En réunissant toutes les spécialisations de seconde année, nous avions dû faire des groupes de neuf pour le projet de la fin du semestre. Il fallait donc : un réalisateur, deux caméramans, un mixeur de son, un producteur, un scénariste, un monteur, et deux acteurs. Le nombre d'acteur nous avait été imposé, ainsi que le thème : le piège.
C'était un thème qui m'avait de suite inspiré et je n'avais pas mis longtemps à construire la base d'un scénario qui plaisait à l'ensemble du groupe. Jimin et moi étions connus dans l'enceinte de l'école grâce à notre court-métrage de première année qui avait littéralement cartonné, alors lorsque les autres classes de seconde année ont su que nous nous remettions ensemble pour ce projet-là, les demandes avaient été impossibles à gérer. Bien sûr, nous avions naturellement pris Minkyung sous notre aile pour qu'il ne se retrouve pas dans un mauvais groupe en vue de sa timidité. Et puis, on ne change pas une équipe qui gagne.
A contrecoeur, nous avions été obligé de refuser plusieurs personnes en ne gardant que celles dont la détermination nous paraissait convenable, et pour les acteurs, c'était l'imagination du scénario qui avait parlé à notre place. Les professeurs n'en revenaient pas qu'autant de monde avait voulu se mettre avec nous jusqu'au point à devoir faire passer une sorte de « casting », c'était tout bonnement impensable pour de simples étudiants. D'autres nous détestaient, mais je n'en avais plus rien à faire de leurs critiques ; plus rien ne me touchait. Mon cœur s'était paré d'un bouclier en vue des commentaires bons, ou mauvais. Jimin était très fier de mon avancée dans ma guérison psychologique.
Depuis que je leur avais avoué l'histoire de Mina à Tokyo et que mes épaules étaient devenues beaucoup moins lourdes, plus aucune tension n'avaient éclaté entre nous. J'avais même l'impression de les redécouvrir sous une autre forme, il reposait entre nous une confiance inégalée. Nous n'avions plus jamais reparlé de cette histoire. La relation entre Jimin et Hoseok ne s'était pas tellement améliorée, mais n'en parlant jamais, je ne savais pas où est-ce que c'en était exactement. En tout cas, sa haine envers moi s'était elle, profondément aggravée. S'il avait le malheur de posé les pieds à Coquelicot pendant mon service, il ne me lâchait pas une seule seconde du regard lorsque Taehyung n'était pas dans les parages.
Qu'on le dise ou non, même si ce dernier n'était plus alcoolique après maints efforts, il restait tout de même impressionnant. Il continuait de faire fonctionner le restaurant à merveille et à l'améliorer toujours plus. Désormais, le piano de Yoongi avait été remplacé par un flambant neuf que j'appréciais énormément écouter pendant mon service. Il n'avait pas la même symphonie que l'ancien, elle était plus gaie et plus décontractée, tout comme l'ambiance de Coquelicot en général. Seulement, après que Taehyung ait officialisé notre couple suite à la demande de Luca, plusieurs personnes, dont ce dernier, ont quitté leur poste par homophobie. Mon petit-ami n'avait pas eu l'air de s'en inquiéter contrairement à moi, il se tournait plus vers ceux qui nous félicitaient. Il me disait simplement « La roue tourne, un jour ou l'autre, ils auraient fini par partir. ». Heureusement, ces postes ont très vite retrouvé un successeur.
Concernant notre couple, il allait toujours aussi bien et nous allions fêter nos un an dans un mois et demi. J'avais du mal à croire que cela faisait déjà une année entière que nous partagions nos vies, le temps passait incroyablement vite à ses côtés. Sauf que, cela ne me faisait plus peur. Au contraire, je savourais chaque seconde comme si c'était la dernière depuis que j'allais mieux. Mina ne me suivait plus du tout. C'était très difficile à croire après plus de quatre ans à me poursuivre sans arrêt, mais lorsque je fermais les yeux en l'absence de Taehyung, elle n'était plus là.
J'avais déjà remarqué de sa présence diminuait au fur et à mesure des jours, mais un soir, alors que la chaleur montait entre Taehyung et moi, elle est réapparue sans crier garde pour me faire vivre une dernière crise avant de s'en aller. Je pleurais, je hurlais, je ne savais pas ce qu'il se passait à l'intérieur de mon crâne, mais c'était comme si un volcan s'était réveillé. Sa lave me brûlait chaque partie du corps, mais lorsqu'elle fut sèche, elle était devenue une terre fertile où des oliviers grandissaient. Depuis, je ne l'ai plus jamais revue. Lorsque je regardais le carton où étaient encore scellés la caméra et la carte bancaire de cette nuit-là, je ne ressentais plus la présence de Mina comme autrefois. J'étais alors fier de moi, mais au fond, je me demandais pourquoi elle avait disparue si soudainement.
Pour ma phobie des contacts physique, cela s'était aussi grandement améliorer. La Reine s'était endormie en même temps qu'elle, il ne restait plus qu'une légère appréhension lorsque j'entrais en contact avec quelqu'un d'inconnu, mais rien qui pouvait me faire partir en crise si je n'étais pas stressé de base. Pour ça aussi, j'étais fier de moi.
Seize heures trente-deux.
Suite à la question de Jimin sur ma proposition de fin, j'esquissai un sourire.
— Minkyung a proposé un début où Rita se réveille, et je la trouve très intéressante, complimentai-je en faisant rougir le concerné. Si notre thème est le piège, je vois extrêmement bien une spirale infernale où le suicide n'est même pas une échappatoire.
— Je ne comprends toujours pas comment tu veux le faire comprendre, ajouta Changwook, le monteur de notre groupe.
D'un coup de crayon, j'entourai la première case du storyboard où Jimin avait dessiné grossièrement le personnage qui se réveille, avec l'ombre de son poursuiveur.
— Après son suicide, on remet exactement ce même plan.
Jimin et Minkyung, qui savaient ma valeur du travail, comment je voyais les choses et par leur habitude de travailler avec moi, eurent alors un immense sourire commun.
— Elle est géniale ta fin ! Firent-ils en chœur.
Seulement, les six autres membres du groupe se regardèrent avec incompréhension pendant que mes deux meilleurs amis naviguaient d'étoile en étoile.
— Est-ce que tu peux nous la détailler ? Me demanda alors le second acteur, Chen.
— Bien sûr, je pointai à nouveau ma mine de crayon sur la même case. En fait, après qu'elle saute du toit, il y aura un plan direct d'un fond noir. Quelques secondes passent, et par un fondu, on remet le plan où elle se réveille, regard vide sur la caméra. Si on arrive à bien manier à la lumière, on arrivera à faire apparaitre ton ombre sur le visage de Rita. Puis le titre apparait. Par-
— Par la répétition de ce plan, me coupa Jimin, on incite le spectateur à faire sa propre fin : s'il est attentif à l'ombre, il comprendra que Rita est piégée dans une spirale infernale. Mais s'il n'y est pas attentif, il pourra se dire « en fait, c'était un cauchemar duquel elle se réveille ».
Je lâchai un long râle qui fit exploser de rire Minkyung et ricaner Jimin.
— C'était mon passage préféré !
Ces deux énergumènes rirent toujours plus, ce qui attira les regards des autres de la bibliothèque. Nous nous étions mis à notre table favorite depuis mon premier jour ici, celle tout au fond du second étage. Cela pouvait paraître bête, mais cette table avait sa petite histoire à elle-même. L'un des deux caméramans, qui n'avait pas spécialement parlé depuis le début de notre petite réunion regarda avec de grands yeux mes deux amis.
— Vous aviez compris ce qu'il voulait dire avec une seule petite phrase ? Fit-il d'une voix impressionnée.
— Je me suis fait la même réflexion, ajouta Rita.
D'une mine fière, Minkyung se leva de sa chaise et vint entourer son bras autour de ma nuque. Jimin le suivit très vite et je me retrouvai d'une seconde à l'autre coincé entre leurs deux têtes euphoriques.
— On le connait par cœur ! Firent-ils une nouvelle fois en chœur.
Je ne pus retenir mes rires face à leur attitude enfantine. Lorsqu'ils s'y mettaient, ils pouvaient vraiment devenir bête et dire n'importe quoi. C'était peut-être pour ça que je les aimais aussi, parce qu'ils savaient être sérieux lorsqu'il le fallait, et quand est-ce qu'ils pouvaient se permettre de placer quelques conneries. Mal à l'aise, je leur priai gentiment d'arrêter et ils retournèrent s'assoir en s'échangeant des regards malins. Décidément, ils étaient de bonne humeur aujourd'hui.
— C'est vraiment une très bonne idée, complimenta Rita pendant que les autres acquiescèrent. Comment tu l'as trouvé ?
D'un coup, j'eus chaud et je me mis à fuir leurs regards. Est-ce qu'il fallait vraiment que je leur dise que cette idée m'est venue cette nuit en regardant Taehyung dormir après avoir fait l'amour ? N'importe quoi. Je ne pouvais pas dire ça. J'entendis Jimin pouffer, et en le regardant du coin de l'œil, je compris qu'il avait deviné la véritable raison. Ce n'était pas de ma faute, je n'arrivais pas à dormir alors je m'étais mis à réfléchir.
— Par hasard, finis-je par dire.
Pour bien clore le sujet, je laissai Jimin récapituler l'intégralité des plans et du déroulement des scènes pour que tout soit bien encré dans l'esprit du groupe. Pour faire simple, notre histoire évoquait une jeune femme passionnée d'écriture qui avait fini par être prisonnière dans un cauchemar avec l'un des personnages qu'elle avait tué. Son personnage principal, joué par Chen, apparaissait à chaque instant à ses côtés et la fixait, complètement stoïque. Cela allait être un véritable travail de prise de plan mais aussi de montage, car nous avions l'interdiction de retoucher l'image. A la fin, ayant trop peur de son propre personnage, elle efface toute son histoire de son ordinateur et sa version éditée, mais ça ne suffit pas à faire disparaître son poursuiveur. Alors elle monte sur le toit de son bâtiment, et en saute pour mettre fin à cette poursuite. A expliquer, cela n'avait pas l'air exceptionnel, mais il suffisait d'expliquer chaque plan pour comprendre sa réelle valeur.
Dix-huit heures dix.
— Ahh je suis trop content que Coquelicot soit fermé ce soir ! Lâcha Minkyung en enfilant son bonnet.
— Mhh dis que ça t'emmerdes de venir, crânai-je en faisant de même.
Celui-ci me jeta un œil amusé pendant qu'il bouclait la ceinture de son manteau. Le reste du groupe était parti depuis une trentaine de minutes, et nous étions restés tous les trois à parler de toutes sortes de choses afin de décompresser notre esprit qui venait de charbonner pendant plusieurs heures. Seulement, l'heure de mon rendez-vous arrivait, il ne fallait sous aucun prétexte que je sois en retard au risque de me faire taper sur les doigts.
— J'ai un gros dossier à rendre dans deux semaines et je n'ai toujours rien fait, alors c'est bien que je rentre tôt, expliqua-t-il en se mettant en route pour la sortie.
— Si je te vois connecté sur la play, j'appelle Jungkook, le menaça Jimin.
Minkyung blêmit subitement et se tut, se contentant de marcher devant nous pour rejoindre la sortie de la bibliothèque. Nous rîmes tous les deux quant à sa réaction en le suivant. On le connaissait tellement par cœur qu'il nous était facile de deviner ce qu'il allait réellement faire le soir lorsqu'il nous racontait son programme. Il me faisait vraiment rire quand il s'y mettait, c'était à se demander s'il n'avait pas la connerie dans le sang.
Comme chaque soir depuis un an et demi, je rentrais à pied à mon appartement. Même si je passais la plupart de mes nuits et journées chez Taehyung, j'avais tout de même besoin d'avoir un endroit à moi, où je pouvais être seul avec moi-même. Qu'on se le dise ou non, mon attachement à la solitude ne m'avait pas quitté.
Taehyung était comme moi. Certaines fois, lorsque je lui annonçais que je retournais à mon appartement, il semblait tout à fait posé, et le jour suivant, il était détendu. Je m'étais douté que lors de mes absences, il faisait le vide dans sa tête tout comme je faisais le vide dans la mienne. C'était peut-être aussi pour cela que j'aimais éperdument notre relation ; parce que nous comprenions les besoins de l'autre et le respections. Jimin disait qu'elle était assez atypique dans son genre, mais je ne comprenais pas vraiment le sens de son approche.
— A demain ! Me saluèrent-ils ensemble en disparaissant dans le bus de ville.
— Pense à bien manger ! Ajouta Minkyung.
Pense à bien manger ?
D'un signe de la main et d'un sourire, je leur dis à mon tour au revoir avant de me mettre en route pour mon appartement. La nuit commençait à tomber de moins en moins vite, ce qui était beaucoup plus rassurant pour ceux qui devait rentrer en fin d'après-midi. La neige craquait nous mes semelles et un nuage de condensation sortait de ma bouche à chaque respiration. J'adorais la neige et l'ambiance qu'elle créait, le repos et la paix. Cela me faisait penser à l'une de mes histoires qui se passait principalement en hiver, l'un des deux personnages principaux détenaient des pouvoirs qui prenaient source avec la neige, il ne pouvait donc pas survivre en été et était obligé de partir dans les pays du Nord. La fin de cette histoire m'avait d'ailleurs brisé le cœur, je me souviens souffler de frustration devant mon ordinateur, et ma mère qui me demandait pourquoi je soufflais chaque minute.
J'eus un sourire amusé en m'arrêtant à un passage piéton. Cette époque me semblait si lointaine avec tout ce qu'il s'était passé cette année. Concernant OO:SA:KA, l'histoire que j'avais inventé suite aux conseils de Jimin, j'en étais à la moitié de ce que pour l'instant, je prévoyais. Cela me faisait énormément de bien d'écrire mes traumas, je ne pourrais dire le contraire. C'était aussi mon plus gros projet, et j'en étais vraiment très fier. Raconter tout ce qu'il s'était passé à Tokyo sous une autre forme me libérait, et j'étais certain qu'écrire avait participé à la disparition de Mina. J'en étais convaincu.
En baillant, je fis le code de ma porte et pénétrai à l'intérieur de mon petit foyer où je déposais mes affaires sur la petite table de cuisine. Je sortis ensuite des affaires propres et allai prendre une douche rapide pour être potable ce soir. Après tout, c'était l'anniversaire de Yumin.
Dix-huit heures trente-neuf.
Un dernier coup de peigne et je me regardai dans mon miroir, examinant quelle allure avait ma coupe de cheveux ; pas trop mal. Niveau vêtement, je ne m'étais pas cassé la tête ; une chemise blanche à rayure noire et un pantalon noir. Pour finir le tout, je complétai par une ceinture à la boucle argentée et mis ma paire de Nike air blanche. C'était Taehyung qui me l'avait offerte pour mes vingt-deux ans, et je ne les mettais pas souvent par risque de les salir trop rapidement. Tandis que moi, pour son anniversaire, il y a de ça un mois et demi, je lui avais acheté une gourmette avec son nom gravé. Pour tenter de cacher sa joie quant à mon cadeau, il avait blagué sur le fait qu'au moins, il allait pouvoir se rappeler de comment il s'appelait s'il avait un trou de mémoire. Rien qu'à y repenser, je ricanai en nouant mes lacets.
Mon manteau sur les épaules, je choppai de mon bureau le cadeau de Yumin et sortis rapidement. N'ayant pas école les mercredis, celle-ci avait sûrement dû attendre toute la journée ce moment. Dehors, il faisait déjà pratiquement nuit et quand bien même j'étais un homme, je n'aimais pas spécialement trainer tard à cause de tout ce que l'on pouvait voir dans les faits divers. Heureusement, je n'avais qu'une centaine de mètres à faire, ce qui fut très vite parcourut pour être présent le plus tôt possible.
La porte arrière de Coquelicot étant fermée, je fis le code de celle à côté du restaurant qui donnait sur un tout petit hall pourvu de quelques boîtes aux lettres. Par un escalier en colimaçon, je montai au premier étage et me rendis devant la seule porte disponible de celui-ci. Je n'avais jamais croisé ses voisins supérieurs, je me demandais même s'il y en avait et comment pouvait être leurs appartements – s'ils étaient aussi spacieux que celui de Taehyung ou non. Dans mon dos, je cachai le cadeau de Yumin et fis le code pour entrer calmement. Immédiatement, la petite fille qui était installée à la table du salon me remarqua, et descendit des genoux de son oncle pour venir m'accueillir.
— Kookiiie, s'écria-t-elle en enlaçant ses bras autour de ma taille.
Taehyung se leva à son tour de la table et s'approcha de nous. Sans que Yumin le voit, trop occupée à câliner sa tête contre mon ventre, je lui fis passer son cadeau qu'il partit rapidement cacher je ne savais où. Les deux mains libres, je soulevai la petite fille et la calai à ma hauteur pour venir embrasser sa joue.
— Joyeux anniversaire joli cœur.
Celle-ci rit de plein cœur en me serrant le cou avant de coller fortement ses lèvres contre ma joue pour me remercier. En retirant mes chaussures aisément malgré sa présence, j'entrai dans le salon et remarquai un jeu de société installé sur la table, avec quatre pions différents. Seokjin et Yoongi devaient donc ne pas être loin. A peine eus-je le temps de faire un pas de plus que Taehyung revint par l'arche, un sourire aux lèvres. Je souris à mon tour en le voyant s'approcher et nous nous embrassâmes rapidement comme nous le faisions à chaque fois que l'on se retrouvait. Comme le faisait un couple, en fait.
— Encore ! Applaudit Yumin dans mes bras.
Je ne savais pas pourquoi, mais elle adorait lorsque nous nous embrassions et demandait toujours à ce qu'il y en ait un deuxième, ce qui, naturellement, se passa.
— Salut Jungkook ! Fit Seokjin en apparaissant dans l'escalier menant à l'étage, suivit de Yoongi qui me fit un signe de la main.
Je déposai au sol la fillette pour leur rendre leur salut avant de me débarrasser de mon manteau. Puis comme je l'avais promis à Yumin un an auparavant, nous cuisinâmes tous les deux son gâteau d'anniversaire pendant que Taehyung et ses deux amis d'enfances discutaient dans le salon. J'aimais énormément passer du temps avec elle, en plus d'être divertissante à la moindre chose qu'elle faisait, elle me permettait, sans le vouloir, de penser à autre chose que les cours. Bien que tout aille au niveau scolaire, il n'empêchait que le stress des examens ou tournages me pesait. Yumin était comme ça, dès que l'on se retrouvait avec elle, le calme s'imposait et la bonne humeur était à son paroxysme. Et après une bonne demi-heure de travail, nous nous tapâmes le poing en admirant notre œuvre qui ne manquait plus que d'être décorée.
Vingt-et-une heure quarante.
Faisant craquer mon dos en grognant, je terminai de ranger les dernières assiettes dans les tiroirs puis refermai le lave-vaisselle. J'étais épuisé à avoir trop rit avec les autres, qui d'ailleurs venaient à peine de partir pour être en forme demain, à Coquelicot. Comme repas, Taehyung avait préparé du japchae, le plat préféré de Yumin qui disait toujours se régaler lorsqu'elle mangeait chez son oncle. Ce qui d'ailleurs était vrai à un point où sa cuisine atteignait celle de ma mère dans mon estime.
De la part de Seokjin et Yoongi, la fillette avait reçu comme cadeau d'anniversaire un tout nouveau cartable, bien plus résistant que celui qu'elle avait auparavant. Celle-ci avait naturellement sauté de bonheur en voyant le dessin d'un gorille blanc tricoté à la main sur la couleur noire du sac. Apparemment, c'était Seokjin lui-même qui l'avait réalisé, et le rendu m'avait ôté les mots de la bouche tellement c'était adorable. Taehyung lui avait offert le zoo playmobile qui, sans surprise, comprenait un enclos de gorille. Il pourrait être inutile de dire qu'à peine sortie de table, Yumin avait fait appel à moi pour que je l'aide à construire son zoo. Quant à moi, je lui avais offert une petite chemise bleue en velours, qu'elle prévoyait déjà de mettre demain à l'école « afin de la montrer à tous ses amis », avait-elle proclamé, debout sur sa chaise.
Par du filme, je recouvrai le gâteau d'anniversaire à moitié entamé placé sur un joli plat, et le laissai de côté sur le plan de travail afin de ne pas l'oublier demain pour le petit-déjeuner.
— Eh, Kookie...
Manquant de sursauter, je baissai la tête pour rencontrer le regard farceur de Yumin, un zèbre playmobile dans les mains.
— Mhh ? Qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu veux que j'aille faire gueuler Tonton ?
— Quoi ? Mais pour-
Je n'eus le temps de terminer ma phrase que la petite fille partie au galop en direction du salon, là où était parti Taehyung plus tôt. Quelques secondes à peine plus tard, un long râle résonna dans l'appartement avant qu'elle ne revienne vers moi, le sourire jusqu'aux oreilles, fière de sa bêtise. Amusé, je secouai la tête de droite à gauche en lui accordant un regard dépité par son comportement, ce qui la fit exploser de rire.
Ce soir, rien ne l'arrêtait. Sûrement parce qu'elle avait désormais huit ans, elle ne faisait que d'embêter les autres à cause de l'excitation, et le sommeil n'avait aucunement sa place dans ses bêtises. Bien que Yumin était une petite fille remplie de joie de vivre en présence de son oncle, il n'était pas rare de la voir sautiller dans tous les sens, mais aujourd'hui, elle était encore plus fofolle pour je ne savais quelle raison. Avoir huit ans était si excitant que ça de nos jours ?
Grâce à une chaise haute du bar, la fillette grimpa sur le plan de travail et vint s'assoir en face de moi, les pieds dans le vide et son zèbre toujours entre les doigts. Appuyé contre l'évier, je lui souris et croisai mes bras à mon torse pour la regarder. Son t-shirt Nike rose par-dessous sa salopette faisait ressortir ses belles pommettes, insistant alors sur cet air adorable qui la suivait à chaque fois qu'elle faisait quelque chose. Il ne faisait aucun doute que Yumin allait devenir une très belle femme.
— Diiiis, fit-elle avec un sourire, est-ce que je peux avoir un dernier carambar ?
Suivant son regard, je tournai la tête sur ma droite et fixai la bombonne à moitié remplie placée sur une étagère bien trop haute pour elle.
— Tu en as déjà mangé pas mal.
— Ohhh s'il te plait... Juste un...
Joignant ses deux paumes devant elle et retroussant sa lèvre inférieure, elle tenta de m'amadouer en faisant les yeux doux. Mon Dieu, j'étais faible.
— Le dernier des derniers, alors.
— Yes !!
En ricanant, je pris le pot et lui donnai ce qu'elle désirait. Naturellement, comme tout gourmand, la friandise ne fit pas long feu à l'air libre avant d'être dévorer sans aucune pitié. Balançant ses chaussons dans le vide, Yumin dégusta joyeusement son carambar au citron avant de se décider à regarder quelle était la blague à l'intérieur du papier. Elle lit alors à voix haute :
— Pourquoi les sauterelles sont-elles si minces ?
A peine la bombonne reposée que mon cœur fit un saut dans ma poitrine. Jihyung.
— Aide-nous à faire le gâteau !
— Hein ? Quel gâteau ?
Brutalement, j'eus l'impression d'être ramené sur terre et, le souffle court, je me retournai vivement vers Yumin, qui me fixait d'un air légèrement inquiet. Quelle tête devais-je avoir ? Pourquoi fallait-il que cette blague fasse ressortir des souvenirs dans ces moments là ? De plus, tout se rejoignait comme à l'époque. Celui qui lisait la blague était perché au-dessus d'un bar de cuisine, avait pas loin de huit petites années, se passait à l'occasion d'un anniversaire...
— Pourquoi les sauterelles sont-elles si minces ?
Répétait la blague pour espérer avoir une réponse et faire perdurer la blague.
— Parce que...
— Non ! L'interrompis-je brusquement, la main tendue vers elle.
Surprise, elle sursauta et me fixa encore une fois avec beaucoup plus d'inquiétude. Je ne voulais pas savoir quelle était la réponse à cette blague. Mais est-ce que ce si, des années auparavant, lorsqu'on préparait le gâteau d'anniversaire avec maman, je ne l'avais pas interrompu, Jihyung aurait donné la réponse ? Jamais il ne les lisait à voix haute si elles n'avaient pas un sens caché pour lui. Pourquoi les sauterelles étaient-elles si minces ?
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
Pourquoi les sauterelles étaient-elles si minces ?
— Je sais pas, Kookie est bizarre...
Pourquoi diable étaient-elles si minces ?
— Pourquoi les sauterelles sont-elles si minces ?
Je me figeai, les yeux grands ouverts sur lui. Les yeux grands ouverts sur Jihyung, assis devant moi, ses petits pieds dans le vide. Ses yeux marron clairs me regardaient d'un air enthousiaste à la blague qu'il venait de faire, le carambar en train d'être croqué à pleine dents. Un vent venu de nulle part s'engouffrait dans ses cheveux bruns, nous avions toujours eu la même coupe depuis que nous étions gamins. Un sourire étirait mes lèvres.
— Tu manges tous les carambars, murmurai-je, et tu n'aides pas...
— Qu'est-ce qu'il raconte ?
— Laisse-le faire...
Pourquoi étais-je plus grand que lui ? Pourquoi conservait-il son corps d'enfant ? Aurions-nous gardé le même physique à l'âge adulte ? Ses chaussettes Spiderman se balançaient dans le vide, et manquaient de taper ses talons contre le tiroir du dessous. Je souriais.
— Rapporteur, beugla-t-il d'une mine faussement vexée.
Avant que je n'ai pu rire, il descendit du plan de travail et sortit de la cuisine par de petit pas sautillés, les bras dans le dos. Se dirigeant vers le couloir blanc ouvert sur la salle à manger, il se retourna alors, et d'un immense sourire qui plissait ses yeux en demi-lune, il s'enjoua :
— Tu viens ? Il faut trouver une cachette pour quand Papa arrivera !
Son sourire, ses dents blanches où il manquait la canine droite du bas, ses cheveux bruns virevoltants derrière son crâne au fur et à mesure de ses sautillements, son pull rouge salit par une tâche de farine, sa voix cristalline aussi pure qu'un diamant, il me tourna le dos. Et comme un rêve touchant à sa fin, mon grand-frère se mit à courir vers le couloir en riant, pour disparaître derrière le mur menant au salon. Les rires s'estompèrent progressivement autour de moi jusqu'au silence.
Jihyung était parti se cacher pour attendre l'arrivée de Papa.
— Pourquoi les sauterelles sont-elles si minces ? Demandai-je, quelques secondes plus tard.
Lentement, ma tête se tourna vers Yumin, toujours assise sur le plan de travail en face de moi, le papier de carambar entre les doigts et ses yeux chocolat sur moi, inquiets. Taehyung était lui aussi présent, debout derrière sa nièce, les deux mains posées sur le zinc. Je ne savais pas pourquoi, mais un léger sourire étirait ses lèvres et d'un murmure, il proposa à la fillette de lire la réponse. Il avait compris. Avec un dernier regard inquiet, celle-ci baissa les yeux sur son papier, et d'une voix cristalline, elle dévoila la réponse à la blague que je tentais de fuir depuis plus de dix ans :
— Parce qu'elles sautent les repas.
Mes paupières se fermèrent lentement. Mon pouls se ralentit en même temps que mon souffle s'allongeait. Mon visage se baissa et la trotteuse de l'horloge murale de la salle à manger se mit à retentir dans mon esprit vide. Jihyung a toujours eu un don. Maman le disait. C'était le même genre de don que les voyantes. Il savait des choses que les autres ne savaient pas et ne pouvaient pas deviner sans un indice. Je me souviens de cette soirée, lorsqu'il était venu dans ma chambre après avoir dit bonne nuit aux parents. Nous nous étions mis à jouer à mon circuit de voitures, et lorsque la mienne est sortie des rails, il a sorti une phrase que je n'ai jamais vraiment pris la peine de décrypter. Peut-être parce que j'étais trop petit, et peut-être parce qu'avec le temps, elle s'est estompée de mon esprit à cause de sa disparition jusqu'à aujourd'hui.
— Tu sais, Maman a envie de partir à l'étranger pour les fêtes de fin d'années, avait-il chuchoté comme un secret. Eh ben je peux te dire qu'on va y partir, à l'étranger !
C'était un an avant qu'il ne s'en aille avec Papa. Savait-il ce qu'il allait se produire ? Son don l'avait-il prévenu ? Mais du haut de ses onze ans, il ne l'avait pas écouté à cause de l'excitation du départ ? Est-ce que, à l'anniversaire de notre père, il m'avait effectivement lu cette blague pour me faire passer un message ?
— Mange plus Kookie, clamait-il à chaque repas en me reservant.
Je mangeais car je l'aimais. Est-ce qu'il savait qu'il n'en avait plus pour longtemps ? Est-ce par cette simple réponse d'une blague carambar, il voulait que ce message soit gravé au fer rouge dans mon âme afin que je ne l'oublie pas ? Après sa mort, je n'ai plus jamais mangé comme je le faisais en sa présence. Les aliments n'avaient plus la même saveur. Le goût ne m'était revenu qu'à ma rencontre avec Taehyung, bien que ce ne soit plus le même qu'à l'époque.
— Parce qu'elles sautent les repas... Répétai-je.
Une larme s'écoula sur ma joue. Je comprenais maintenant. Je comprenais pourquoi cette blague était marquée dans ma mémoire. Car même s'il n'était plus de ce monde, c'était dans mon cœur et mes souvenirs que Jihyung vivait. Et par cette survivance, il continuait de me surveiller continuellement, toujours à mes côtés, à veiller à ce que je me porte bien. Minkyung m'avait d'ailleurs fait la remarque plus tôt dans la journée que je devais bien manger, mais comment faire lorsque l'on s'était habitué à ne plus manger beaucoup ?
Non, ce manque de nutrition n'était pas spécialement visé. Ce qu'il avait voulu me dire, était que je devais prendre soin de moi. Aussi bien psychologiquement, que physiquement. J'avais désormais compris pourquoi, ce jour-là, quelques heures avant que nos destins ne soient scellés par ce voyage en Thaïlande, Jihyung avait lu deux fois de suite une blague à voix haute.
Vingt-deux heures.
Yumin sauta dans son lit et se mit rapidement sous la couette, le sourire toujours aux lèvres. La suivant, je m'assis ensuite à ses côtés pendant qu'elle s'installait confortablement entre ses coussins et ses peluches. Son gorille brun favoris entre ses bras, elle me regarda de ses yeux brillants en attendant que je lui souhaite une bonne nuit. Doucement, je caressai son visage en lui souriant.
— Tu as passé une bonne soirée ? Lui demandai-je.
— Oui trop !! S'écria-t-elle en haussant frénétiquement la tête. Demain, je mettrai ma super belle chemise et mon trop beau cartable !
Je ne pus retenir mon sourire de s'agrandir face à tant d'enthousiasme. Je comprenais pourquoi elle avait réussi à tenir Taehyung encore parmi nous, elle apportait tellement de bonheur autour d'elle qu'elle m'aidait aussi à penser à autre chose. Celle-ci mit sa peluche Pancake sur son ventre et fit bouger ses bras quelques secondes avant de la mettre sur le haut de sa tête, et me regarder.
— Est-ce qu'il peut avoir des voleurs ? S'inquiéta-t-elle.
Ses prunelles se tournèrent vers l'entrée de sa chambre, où était Taehyung, l'épaule appuyée contre l'encadrement de la porte, les deux bras croisés au torse. Je pouffai légèrement en le fixant à mon tour avant de me reporter à la petite fille.
— Le seul voleur qu'il peut avoir, c'est Tonton allant manger tes yaourts pendant la nuit.
Soudain, elle explosa de rire en menaçant son oncle de ne pas prendre ses desserts, ce qui le fit ricaner. Pendant quelques minutes, nous l'embêtâmes sur le fait que si elle n'allait pas rapidement se coucher, nous allions nous mettre à deux pour manger ses yaourts favoris, ce qui logiquement, la faisait gueuler. Taehyung avait fini par s'approcher du lit à son tour, et après lui avoir avoué que l'on disait n'importe quoi, nous l'embrassâmes sur le front et lui souhaitâmes bonne nuit.
La porte de sa chambre fermée, deux bras m'arrêtèrent dans ma marche en m'entourant le ventre, et le visage de mon petit-ami se posa sur mon épaule, un sourire plein de dents.
— Un voleur, hein ?
Je me retins de rire, et, le cœur battant, je me défis aisément de son emprise pour me mettre à courir à travers le couloir blanc jusqu'au salon. Dans son panier, Yeontan se fit réveiller par notre course poursuite, mais lorsque nous disparûmes dans les escaliers, il se recoucha comme si c'était normal et qu'il n'avait pas de soucis à se faire. Malheureusement pour moi, Taehyung était bien plus sportif et il ne mis pas longtemps pour me rattraper en haut de l'escalier. Courant à même pas deux mètres l'un de l'autre dans le couloir de l'étage, je poussai la porte de sa chambre, et me dépêchai vers le lit, mon poursuiveur sur mes talons. Seulement, je me pris les pieds dans le tapis et chutai à plat ventre sur le matelas. Je n'eus le temps de me redresser qu'un poids se laissa tomber sur moi, me bloquant ainsi de tout mouvement. A travers ma respiration rapide, je riais, étouffé par le drap de velours.
Je riais tellement de cette course poursuite qu'un mal de ventre élut domicile. Je sentais le souffle de Taehyung dans mon cou, allongé de tout son long sur mon corps, et je me demandais s'il ne riait pas lui aussi. Ce ne fut que lorsqu'il finit par rouler sur le côté pour se mettre sur le dos à mes côtés, que je le vis sourire, le regard perdu dans le plafond. La tête tournée dans sa direction, je me mis à le regarder reprendre doucement son souffle, ses yeux brillant sous la légère lumière de l'extérieur. A son tour, il tourna son visage vers moi, et perdit peu à peu son sourire avant de se remettre à fixer le plafond.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé tout à l'heure ? Murmura-t-il comme s'il ne voulait pas que les démons nous entendent.
Je continuais de le regarder sans répondre tout de suite. Ses paupières se fermèrent doucement et sa main vint chercher la mienne pour les emmêlées entre nos deux corps. Avais-je vraiment une réponse à sa question ?
— Je ne sais pas...
Il se tourna de nouveau vers moi et ouvrit les yeux afin que nos regards se rencontrent dans l'obscurité de la pièce.
— En fait... Jihyung m'avait déjà raconté cette blague carambar deux semaines avant sa mort... Je n'ai jamais eu la réponse et à chaque fois que j'entendais quelqu'un raconter cette blague, je fuyais parce que j'avais peur de mes souvenirs...
Lentement, Taehyung se mit sur le côté et apporta son autre main à ma nuque pour me la masser avec tendresse.
— Quand Yumin l'a lue, je ne sais plus vraiment ce qu'il s'est passé... C'est comme si j'avais été projeté dans le passé, et j'ai entendu Jihyung me raconté cette blague... Puis il est parti se cacher... Je reniflai, avant l'arrivée de Papa...
Mon patron s'approcha de moi et vint embrasser mon front.
— C'était... comme un mirage...
Une larme s'éclata contre le drap et je mordis mes lèvres entre elles.
— Un... magnifique mirage...
Puis une seconde larme rejoignit sa jumelle, suivie d'une multitude d'autres de plus en plus rapidement, mais dans un total silence où seules mes reniflements retentissaient. Taehyung était là, contre moi, à embrasser mon visage que je tentais de cacher, à me prendre dans ses bras et passer ses mains dans mon dos pour m'apporter du réconfort. Pleurer me faisait du bien, mais sa présence guérissait tous mes maux et je ne mis pas longtemps pour me calmer. Peu de temps après, nous étions au lit, tous les deux, en pyjama, enlacés, à discuter de ce que nous allions faire le lendemain.
Lorsque je regardais Taehyung parler, émettre des hypothèses sur un sujet, discuter de mon école, je me rendais compte à quel point je l'aimais. A quel point je l'aimais sans jamais le lui dire. Ces trois mots ne sont jamais sorti de notre bouche jusqu'à présent, était-ce mal ? Qu'est-ce qu'il en pensait, lui ? Notre relation semblait parfaitement lui convenir et ne voulait pas vraiment que les choses changent, tout comme à moi. Ces trois mots n'étaient pas primordiaux, nous nous le disions par le contact et je préférais amplement cela.
Quand il fut endormi après notre discussion, les larmes avaient à nouveau coulé dans le silence. Les sauterelles étaient minces parce qu'elles sautaient les repas.
~~~
hello les loulous !
comment allez-vous ? moi ça va pas trop mal !
j'adore ce chapitre, il est tellement calme et revoir Jihyung par le biais de la blague sur les sauterelles (qu'on avait plus entendu parlé depuis un bon moment !) est tellement agréable !
ça fait un moment qu'on a pas vu Namjoon, où est-ce qu'il a bien pu passé ? Surtout si 6/7 mois sont passés...
à la semaine prochaine <3
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