Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

40:00:07


J'écarquillai les yeux lorsqu'il leva sa manche au niveau de son coude.

— Ca te fait un bleu comme ça ?! M'écriai-je sous la surprise.

Minkyung lâcha un grand rire en tâtant la marque affreuse qui fleurissait sur sa peau tandis que j'ouvris la porte principale de l'école afin de sortir.

— Ca va faire une semaine et demie qu'il est là, fit-il en remettant sa manche correctement.

Je le rattrapai lorsque j'eus fermé la porte et regardai à mon tour mes coudes, qui n'avaient pris aucune couleur depuis deux semaines.

— C'est normal ?

— Je réagis toujours comme ça aux prises de sang.

Depuis cette affreuse nuit, un mois était passé. Le mois de juin arrivait progressivement tout comme les températures qui augmentaient au fur et à mesure des jours. Le soleil mettait plus longtemps pour se coucher, les oiseaux chantaient du matin au soir, les fleurs et les arbres décoraient la capitale d'une multitude de couleurs, et dans deux mois, c'était déjà la fin d'année scolaire. Le stage de deux semaines que je n'avais pas fait à Tokyo allait se dérouler le mois prochain dans une boîte coréenne à Busan. J'avais réussi à en trouver un afin d'acquérir moi aussi de l'expérience, même si le faire dans un pays étranger aurait été tout aussi bien.

Dix-sept heures trente.

Nous prîmes ensuite route en direction de Coquelicot dans le silence. Ces derniers temps, le personnel était assez sur les nerfs, surtout Seokjin qui devait s'occuper de tout depuis le début de semaine. Aujourd'hui, nous étions Jeudi, ce qui faisait que Minkyung ne travaillait pas au restaurant, et moi non plus. En fait, j'avais avancé mes heures hier soir afin d'être tranquille ce soir et aller à l'hôpital. Après tout, je n'avais pas eu le temps d'aller lui rendre visiter depuis sa rentrée, Lundi.

Mais alors que l'on venait de tourner dans la rue où j'habitais, Minkyung brisa le silence qui s'était installé depuis notre sortie de la bibliothèque de l'école :

— Ca n'a pas l'air d'aller ces jours-ci.

Je haussai les épaules.

— Il faut voir le bon côté des choses Jungkook, reprit-il en voulant relativiser. Ca fait une semaine que Jimin est réveillé, et il va bientôt être guéri.

— Ce n'est pas ça qui me dérange, murmurai-je, la tête baissée. Depuis son réveil, je ne suis pas allé le voir une seule fois et on ne sait même pas s'il va faire un troisième rejet.

J'entendis mon ami grogner à mes côtés pendant qu'il descendit sur la chaussée pour contourner une vieille dame avant de revenir vers moi. Mon immeuble se rapprochait progressivement et un léger stress se glissa dans mes veines, puis à travers mon corps tout entier.

— Tu ferais mieux d'aller le voir rapidement avant qu'il perde patience, lâcha Minkyung.

J'en avais envie, sauf que la peur m'empêchait de mettre un pied à l'hôpital depuis son réveil après trois semaines. J'étais effrayé par ce qu'il voulait me dire, car à ce que me racontait mon ami, son humeur changeait promptement lorsque mon nom se glissait dans l'une de leurs conversations. Après tout, je le comprenais. Jimin était loin d'être bête, il avait aisément compris que cette tentative de meurtre était reliée à moi.

Lorsque l'enquête à été ouverte, j'avais été l'un des principaux suspects et mon niveau de stress n'avait jamais été aussi élevé. S'il n'y avait pas eu les preuves en image grâce aux caméras de surveillance, la responsabilité me serait tombée dessus. J'avais quand même été la dernière personne à ses côtés et l'attaque avait eu lieu peu de temps après que je sois parti. Certains enquêteurs avaient proclamés que je m'étais changé dans l'ascenseur – Namjoon avait pris le même que moi, avant de ressortir et de tirer sur Jimin. Mais sur les vidéos, on me voyait ensuite sortir du second ascenseur, et tenir la porte d'entrée à cet enfoiré. Alors j'avais été rapidement écarté de l'affaire. Les inspecteurs m'avaient aussi interrogé sur le pourquoi j'étais revenu, et malheureusement, j'avais été obligé de mentir en prétextant que j'avais oublié un cahier de cours chez lui. Je ne pouvais pas me permettre de tout expliquer jusqu'à divulguer ma véritable identité.

Le résultat de mon mensonge n'a été que bénéfique pour Namjoon, car j'avais aussi faussement avoué que je ne connaissais pas la personne qui lui avait fait cela. D'ailleurs, je n'avais plus eu de message de sa part et aucune preuve n'a été trouvée pour avoir un quelconque indice sur son identité. Même le témoignage de Jimin n'a eu aucun effet.

Soudain, Minkyung se stoppa dans notre marche alors qu'on n'était plus qu'à quelques mètres que mon bâtiment. Curieux, je fis de même et me retournai vers lui. Un mauvais frisson me tira les nerfs, il me fixait avec une lueur d'agacement.

— J'en ai marre de cette tension qui règne entre nous, Jungkook.

Je déglutis difficilement.

— Tu as remis Hoseok à sa place mais il faudrait faire la même chose pour toi.

Je fronçai les sourcils en appréciant guère le ton qu'il employait.

— Tu sais ce qu'on va faire ? Il s'avança légèrement. On va complètement changer notre programme de ce soir. Tu voulais aller voir Taehyung, mais tu vas aussi aller voir Jimin.

Ma tête se secoua négativement d'elle-même. Minkyung me montrait en ce moment une facette de lui que je n'aurais jamais imaginée. Son aura était si écrasante que mes jambes tremblaient légèrement.

— Ce n'est pas une proposition, c'est un ordre, reprit-il d'une voix lourde. Le fait que tu n'aies pas vu Taehyung depuis sa rentrée à l'hôpital, ni Jimin depuis son réveil te pèse et c'est tout moi qui prends. Tu ne t'en rends pas compte, mais tu es irritable à un point inimaginable. Tu t'énerves pour un rien et tu me prends pour un con. Je veux bien comprendre, mais ça suffit maintenant.

Mes lèvres se mirent à trembler. Est-ce qu'il disait était vrai ? Toute cette histoire m'avait profondément stressé et fatigué, mais de là à prendre Minkyung pour mon bouc émissaire alors que rien n'était de sa faute, je ne le croyais pas. Je n'étais pas comme ça...

— Là, après que t'aies posé tes affaires et que tu te sois changé, on va à l'hôpital ensemble. Pendant que j'irai voir Jimin, tu seras vers Taehyung pour reprendre un peu de la graine. Ensuite, je viendrai te chercher et même s'il faut que je te prenne par la peau des couilles, je t'obligerai à aller voir Jimin. Il faut que vous vous parliez si l'on ne veut pas que notre trio se retrouve divisé ! Mettez les choses au clair, et qu'on mette un point final à cette histoire.

Je papillonnai des paupières quelques instants face à tout ce que je venais de recevoir en pleine figure. Soudain, quelque chose fit tilt à l'intérieur de mon crâne et je fronçai à nouveau les sourcils.

— C-Comment tu sais qu'il y a quelque chose à mettre au clair ?

Une voiture traversa la rue et un coup de vent se faufila à travers mes cheveux en les emmêlant comme bon lui semble. Mes mèches devenaient de plus en plus longues et il allait vraiment falloir que je retourne chez ma mère pour qu'elle me les coupe. Un sourire dont je ne saurais décrypter la signification étira les lèvres de Minkyung. Cela aurait pu me faire peur si ses yeux ne seraient pas devenus larmoyants juste après.

— Parce que je sais qui tu es, Jungkook.

☯︎

Parfois l'humain se compare à une fleur. D'une graine, elle se dote d'une grande tige jusqu'à faire éclore ses magnifiques pétales, jusqu'au printemps où les insectes viennent la butiner, puis à l'hiver où elle disparait comme si elle n'avait jamais existée. L'humain était pareil ; un passage sur terre entre huit milliards d'habitants, c'était quoi ? Certaines fleurs meurent plus tôt, tandis que d'autres tiennent plusieurs années sans jamais perdre leurs couleurs. Tout dépendait de la manière dont on s'en occupait. C'était une philosophie que m'avait appris Jimin au fur et à mesure des jours passés avec lui.

Le cactus était indifférent du temps et du climat, il représente le mal et la souffrance. Mais est-ce possible qu'un cactus ait peur d'un autre cactus plus imposant ? Sa fleur peut-elle être assez puissante ?

Durant ces deux derniers mois, j'ai pris soin de ma fleur. Taehyung était l'être le plus cher que j'avais à mes yeux après ma mère. Mais était-ce possible que le mal revienne alors que la fleur est en bonne santé ? C'était une chose que je voudrais demander à Jimin.

☯︎

Sidéré, je redonnai à Minkyung son téléphone d'une main tremblante. Les personnes autour de moi, assise ou debout dans le bus semblaient me regarder. Je levai les yeux vers mon ami, qui affichait une mine complètement fermée depuis qu'il m'avait remis en place. Son visage était tourné en direction de la route, bien droit, et ses sourcils ne s'étaient pas adoucis. Il nous restait une quinzaine de minutes de bus pour arriver à l'hôpital, et à peine dix minutes depuis que nous y étions montés après que je sois passé par mon appartement pour me changer. Tout s'était fait dans un silence affreusement lourd et insupportable.

Jimin n'avait pas été la seule victime de Namjoon. La liste s'était agrandie à Minkyung, et ce, depuis bien plus longtemps.

Cela faisait depuis le soir de notre restaurant, ce soir-là où nous fêtions la fin des partiels, que Minkyung savait qui j'étais réellement. Par je ne sais quel moyen, Namjoon s'était procuré le numéro de mon ami, et lui avait expliqué ce qu'il s'était passé cette nuit d'Avril à Tokyo. Sauf que la plus grosse partie de l'histoire était complètement fausse. Je n'ai jamais été dans la drogue, ni même ai été l'amant secret de Mina, ou quoique ce soit d'autre qu'il avait inventé.

Lorsque le bus se stoppa à un arrêt de sa ligne, la plupart des passagers descendirent et il ne resta soudain qu'une petite dizaine de personnes. Sur mes genoux, je caressai la boule de poile que j'avais récupéré chez Taehyung juste avant. Il fallait bien qu'il voit un peu son maître.

Le bus repartit, et Minkyung lâcha un grand soupir, ce qui fit détendre son visage crispé.

— Dis quelque chose, s'il te plait.

Je fus alors assez surpris de sa requête. Je pensais qu'il allait encore m'en envoyer plein la figure mais ce ne fut pas le cas. Rien qu'à son ton, je pouvais deviner qu'il souhaitait en savoir plus, ou alors que je devais le convaincre que toute cette histoire était fausse et montée de toute pièce. Malheureusement...

— Certaines choses sont vraies.

Son visage se tourna vers moi, les yeux ronds comme ceux d'un hibou. Je me contentai de le regarder sans plus d'expression en caressant le crâne de Yeontan.

— « Certaines » ? Répéta-t-il.

Je haussai la tête en me mettant à fixer la route à travers la vitre.

— La plus grosse partie est inventée... Je soupirai et baissai d'un ton. Ce n'est pas moi qui l'aie tuée, c'est quelqu'un d'autre, l'auteur de ce message et responsable de l'état de Jimin... J'étais avec lui, cette nuit-là...

Puis je me tue en baissant le visage vers le petit chien sur mes cuisses, pour continuer de lui caresser la tête et le poitrail. Minkyung n'ajouta rien d'autre jusqu'au prochain arrêt, où quelques personnes montèrent. Durant ce silence, pourtant si bruyant à cause d'une petite troupe d'adolescent, je me remis à regarder le paysage défiler derrière la vitre. Des couples se baladaient, certaines personnes rentraient du travail, d'autres sortaient d'une petite séance de shopping, ou encore il y en avait qui devait maitriser leurs enfants joueurs pour qu'il ne tombe pas sur la chaussée. Les malheurs arrivaient bien trop souvent.

Dix-huit heures deux.

— Au début, même s'il y avait ton nom, je n'ai pas voulu y croire, fit d'un coup Minkyung après une dizaine de minutes. Toi, Jungkook, ayant commis un tel crime ? Je ne voulais pas imaginé que ce soit possible.

Je me tournai vers lui pour l'écouter.

— Certes, je me suis toujours dis que tu n'étais pas comme les autres. Tes façons de réagir envers autrui m'ont alerté dès notre première rencontre. Mais par la suite, j'ai fini par voir en toi quelqu'un de confiance et de très aimable, car tout ce que j'avais vu avant n'était qu'en réalité la façon dont tu avais décidé de vivre.

Ses orbes remplies de bonnes intentions se plantèrent en moi et un léger sourire rassuré étirait ses lèvres.

— Je ne dois rien t'apprendre, mais pour aimer quelqu'un, il faut d'abord apprendre à accepter sa façon de vivre même si par la suite, lorsque la confiance s'est installée, tu peux te permettre d'y ajouter ton grain de sel. Deux personnes qui s'aiment réellement se remarque facilement, c'est pour cela qu'à Coquelicot, pratiquement tout le monde a deviné que Taehyung et toi êtes ensemble. Même si vous faites tout pour le cacher, vous vous trahissez, et j'aime vraiment vous regarder lorsque vous êtes réuni, c'est d'une beauté inimaginable.

Le bus se stoppa de nouveau et quelques passagers descendirent avant qu'il ne reparte, cette fois-ci pour l'hôpital.

— Je t'avoue aussi que cette histoire m'a pas mal fait réfléchir sur toi, mais derrière, j'ai toujours su qu'il y avait une part mensongère. Tout au moins, je voulais y croire. Maintenant que tu me dis que c'est le cas, je suis rassuré. Il me fit un large sourire. Tu sais, je me fous de ce que tu as bien pu faire auparavant tant que tu regrettes. On fait tous des erreurs. Pour moi, ce qui est important, c'est l'Avenir.

D'un coup, il m'ébouriffa les cheveux et lâcha un grand rire qui attira plus d'un regard sur nous deux. Son bras passa à ma nuque et il approcha dangereusement son visage du mien avec toujours ce sourire qui lui allait merveilleusement bien.

— Je veux continuer de vous regarder grandir ensemble, Taehyung et toi. Alors ne vous avisez pas de vous quitter, compris ?

Assez embarrassé, j'acquiesçai vivement avec un sourire semblable au sien. Je pensais qu'en apprenant que ce j'avais fait durant le passé allait rompre les liens que nous avions forgés durant ces longs mois, mais c'était tout le contraire. En tout cas, du point de vue de Minkyung, qui était devenu aussi précieux que Jimin. Mais comment allait réagir ce dernier si je lui racontais la vérité ? Si je lui racontais comment j'ai franchi cette barrière interdite ? Ce moment devait forcément arriver, mais il n'arrivait pas de la façon dont j'aurais le plus voulu.

☯︎

Après que Yeontan ait fait ce qu'il avait à faire avant que l'on entre dans l'hôpital, nous prîmes l'ascenseur et appuyâmes chacun notre tour sur l'étage que nous souhaitions. Jimin était toujours dans la même chambre au troisième étage, tandis que Taehyung était au second.

— Je vous raconterai tout lorsque j'irai voir Jimin, pas besoin de venir me chercher.

Minkyung ne fit que d'acquiescer. Entre mes bras, je regardai Yeontan qui était calme depuis que je l'avais sorti de son appartement. Seokjin s'en occupait aussi le temps que Taehyung revienne mais avec Coquelicot, il ne pouvait pas tout faire à la fois. Et puis j'avais réussi à avoir l'approbation des infirmières pour pouvoir l'amener ici, histoire qu'il comprenne que son maître n'était pas très loin. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et je fis signe à Minkyung en sortant, signe qu'il me rendit. Lorsqu'elles se refermèrent, je me mis à chercher la chambre deux cent trente que je ne mis pas très longtemps à trouver.

Devant la porte, je déposai le chien de mon patron sur le sol et toquai doucement. A l'entente de son approbation, j'eus un sourire rien qu'en reconnaissant sa voix et ouvris pour laisser Yeontan entrer en premier. Le petit animal reconnut instinctivement son maître et aboya un coup en accourant vers le lit où était il était assis. Ce dernier eut alors un grand sourire et l'aida à monter sur le lit pour le câliner. Dans mon dos, je fermai la porte puis m'avançai jusqu'au lit. Après avoir fini de faire la fête, Yeontan se coucha au bout du matelas mais gardait les yeux ouverts afin d'avoir toujours un œil sur son maître.

Le regard d'or noir de Taehyung se posa sur moi et il tendit ses deux bras pour m'inviter à m'y blottir. Sans perdre de temps, j'y allai et le serrai fort contre moi. Il m'avait tellement manqué ces derniers jours. Je m'étais habitué à passer la plupart de mes nuits à ses côtés, alors je n'avais pas tellement bien dormi ces derniers jours. Après tout, c'était grâce à lui que ma santé mentale se maintenait. Son visage plongea dans ma nuque et il me tira sur le lit pour m'assoir sur son bassin, mes jambes de part et d'autre de ses hanches. Ses bras restaient entourés à mon buste tandis que les miens naviguaient dans son dos.

A notre séparation, nous nous embrassâmes dans un même mouvement pendant quelques instants. Ca aussi, ca m'avait manqué.

— Excuse-moi de ne pas être venu plus tôt, fis-je en mettant mes mains sur son ventre.

L'une de ses mains passa à travers mes cheveux comme elle savait si bien le faire et ce fut à ce moment là que je remarquai les cernes qui soulignaient ses si beaux yeux en amande. L'opération avait dû beaucoup le fatigué, et sa dépendance à l'alcool devait lui mettre un coup dans le moral aussi. Après tout, j'avais dû l'empêcher de boire pendant trois semaines et cela n'avait pas été une mince affaire.

— C'est déjà oublié, murmura-t-il avec un léger sourire.

J'eus à mon tour un rictus et l'embrassai une seconde fois.

Si tout allait bien, Taehyung allait sauver une vie grâce au don qu'il avait fait. Et pas n'importe quelle vie ; celle de Jimin. Par le plus grand des hasards, il s'est trouvé que la moelle osseuse de mon patron était compatible avec celle de mon ami, chose totalement inimaginable. C'était pour cela que Taehyung était parti avec son frère ce fameux soir, c'était pour lui faire passer des testes après qu'il ait remarqué cette compatibilité. Car peut de temps auparavant, Seungwoo avait tenu à ce qu'il passe des examens complets, et ainsi le hasard fit bien des choses.

La transfusion avait eue lieu hier matin, alors il était encore trop tôt pour dire si la greffe allait être acceptée par le corps de Jimin ou non. Je ne savais d'ailleurs pas si celui-ci était au courant de l'identité du donneur, chose qui normalement était impossible. Contrairement au gros don qu'avait fait Taehyung, Minkyung et moi n'avions pu que donner notre sang il y a deux semaines. Même s'il n'allait pas à Jimin, j'étais content d'avoir fait ce don. Je me dis que peut-être, quelqu'un sur cette terre en serait heureux.

Ainsi, mon patron avait dû être un peu hospitalisé avant et après l'opération afin de tout préparer pour que la greffe se passe dans les meilleures conditions. Jamais je n'aurais cru que cela puisse être possible, tout me paraissait sortir d'une histoire.

Lorsque je me retirai de ses lèvres, Taehyung se laissa tomber avec douceur sur son coussin installé sur la partie du lit qui se redressait. Ses deux mains se posèrent sur mes hanches et je ne bougeai aucunement de son bassin. Mon regard se fit alors attiré par un roman ouvert sur la petite table juste à côté.

— Tu lisais ? Lui demandai-je.

Il regarda à son tour le livre avant de l'attraper d'une main habile pour me monter la couverture.

— L'échelle de Jacob ? Lis-je en appréciant bien le titre.

— J'adore ce roman, commenta-t-il en tournant les pages aléatoirement. J'ai demandé à Seokjin de me l'apporter.

— C'est en rapport avec une fleur ?

Une mine amusée apparut à son visage lorsqu'un petit pouffement retentit. Je ne pus m'empêcher de l'admirer se moquer de ce que je venais de dire, Taehyung souriait et était de meilleure humeur depuis un bon moment déjà, mais à chaque fois que je voyais ses lèvres s'arquer, c'était comme si je le redécouvrais pour la première fois.

— Pas que, fit-il en s'arrêtant de ricaner. Au départ, l'échelle de Jacob est un épisode biblique du Livre de la Genèse. C'est une échelle dont Jacob a rêvé qui reliait la terre au ciel, d'où les anges descendent et montent.

Ma bouche forma un petit « o » et je pris le livre de ses mains pour lire le résumé. A première lecture, cela avait l'air d'être en effet pas mal et portait sur une histoire de religieux, mais aussi sur la guerre de Corée.

— Tu as dû la gravir, cette échelle, lâchai-je en reposant le bouquin.

Avec un énième grand rire, il me donna une petite tape au torse et je ne me retins pas non plus de ricaner. N'avais-je pas raison de le comparer à un ange ?

— Nouille, il prit mes mains entre les siennes. J'y ai perdu une aile en chemin, je ne peux plus la gravir.

— Comment la récupérer ?

Ses yeux partirent au plafond et sa bouche forma un petit cul de poule, il faisait mine de réfléchir alors que j'avais déjà deviné là où il voulait en venir. Je ne cesserai jamais de l'observer et d'apprendre chacune de ses expressions. A force de le côtoyer, j'avais réussi à comprendre chacun de ses gestes, ce qu'ils voulaient dire, ou ce qu'il voulait me faire part sans user la voix.

Comme à cet instant-là, où il passa ses deux mains derrière mon dos pour me tirer contre lui, et de m'embrasser le front. Afin que son aile repousse et qu'il puisse à nouveau gravir cette échelle, nous devions rester ensemble.

☯︎

Dix-huit heures quarante-cinq.

Je fermai la porte de sa chambre avec le sourire et repris Yeontan dans mes bras. Malheureusement, il ne pouvait pas rester auprès de son maître par hygiène, et c'était aussi pour cette raison que je le portais afin qu'il n'y ait pas un quelconque accident. Taehyung sortait demain, mais cela m'avait fait du bien de le voir ici. J'aurais eu l'impression de l'abandonner si je ne l'avais pas fait.

D'un pas lent et angoissé, je rejoignais l'ascenseur en jetant un œil à mon téléphone. Minkyung était toujours vers Jimin et attendait ma venue. Bien que voir Taehyung m'avait redonné du poil de la bête, l'épreuve « remettre les pendules à l'heure avec Jimin » me stressait toujours autant. Désormais, il y avait en tout trois personnes qui savaient ce que j'avais fait à Tokyo durant l'affaire de Mina, toujours incomplète après quatre longues années. Ma mère, Minkyung, et Namjoon qui s'était amusé à complètement déformé la vérité pour me mettre encore plus la misère. Je ne comprenais pas pourquoi il agissait ainsi avec moi alors que je ne l'avais jamais revu, à part la fois au repas d'entreprise avec mon patron et celle avec Jimin.

D'ailleurs, cette histoire était partie de là, car les messages avaient débutés juste après que l'on se soit vu. Etait-ce cela, le déclencheur de tout ce merdier ?

Des questions plein la tête, j'entrai dans l'ascenseur et appuyai sur le bouton pour l'étage trois avec la boule au ventre. Comment allait être Jimin ? Comment devais-je réagir ? Faire comme si de rien n'était ? Prendre de ses nouvelles en lui demandant comment il allait ? Si l'opération s'était bien passée ? Je ne voulais pas attaquer tout de suite en racontant mon histoire dans la précipitation.

Je lâchai un soupir. Je n'en savais foutrement rien. A l'étage voulu, je me mordis l'intérieur de la joue en sortant de l'ascenseur afin de me rendre devant sa porte de chambre, la trois-cent vingt quatre. Devais-je entrer avec le sourire ? J'en avais assez de faire semblant. Si Jimin avait effectivement compris que sa tentative d'assassinat était liée à moi, je ne pouvais pas arrivé comme une petite fleur tout juste éclose. Avec une grande inspiration et le cœur battant à tout rompre, je toquai à la porte.

La voix de Minkyung résonna en me donnant le droit d'entrer, ce que je fis en un élan de courage. Je me devais de faire face à mes erreurs au risque d'y perdre l'escalier que je franchissais pour la sérénité de l'âme.

— Salut Jimin... Murmurai-je en franchissant la porte.

Lorsque nos regards se croisèrent pour la première fois depuis un mois, j'eus un mauvais frisson le long de mon échine. Son visage ne reflétait strictement rien, et ses bras croisés à son torse me prouvaient qu'il était totalement fermé à la conversation. Minkyung était installé sur une chaise à la table du petit salon qui animait la chambre, où la tension était très palpable. Jimin était assis dans son lit, les jambes en tailleur et me fixait depuis mon entrée sans répondre à ma salutation.

Incertain, je restai vers l'entrée sans oser aller plus loin et gardai Yeontan dans mes bras, ce qui attira le regard de mon ami pendant quelques secondes.

— Excuse-moi de ne pas être venu plus tôt, répétai-je comme avec Taehyung. Je t'avoue que j'avais un peu peur de venir...

Jimin ferma les yeux un instant, ce qui m'obligea à me taire avant qu'il ne les rouvre doucement. Je déglutis difficilement, il donnait l'impression de se retenir d'exploser. Rapidement, je jetai un coup d'œil à Minkyung qui pianotait sur son téléphone comme si de rien n'était. Bien sûr, il me laissait gérer ma propre merde qui s'était fourrée entre notre trio.

Sans tarder, je déposai Yeontan au sol et me mis à genoux, la tête baissée et les mains jointes sur mes cuisses. La pression de cette pièce m'empêchait de respirer correctement et je voulais à tout prix que tout redevienne comme avant, et que l'on continue à se raconter des conneries durant les intercours à ne plus pouvoir s'arrêter de rire. Je ne voulais plus perdre quelqu'un avec qui j'avais tissé un lien solide.

— Je suis désolé pour ce qu'il s'est passé, Jimin, articulai-je doucement avec sincérité. J'ai commis beaucoup d'erreurs qui auraient pu te coûter la vie à la place de la mienne. Même ne pas venir te voir à ton réveil a été une erreur, c'était égoïste de ma part. Je voulais te cacher cette facette affreuse de moi, mais le temps m'a rattrapé et tu en as subi les conséquences.

Mes yeux commencèrent à me piquer, mes paroles amenaient les larmes.

— C'est moi qui aurais dû être dans ce lit, dans le coma, avec un poumon endommagé. Je n'ai pas su faire preuve de vigilance et je comprendrais si tu ne veux plus de moi dans ton entourage. Si tu me demandes de partir, je le ferai. Si tu me demandes de ne plus t'adresser la parole, je respecterai. Je suis sincèrement, et profondément désolé pour ce que je t'ai fait...

Sur mes cuisses, je serrai les points en empêchant les perles de tomber du mieux que je le pouvais. Mon cœur avait parlé de lui-même et je ne pouvais rien y faire ; à cet instant-là, je ne voyais pas quoi faire d'autre que demander pardon et espérer. Jimin était le premier ami que je n'avais jamais eu, mais je n'ai pas su lui rendre ce qu'il me donnait. Tous les conseils, toutes les intentions, tout ce qu'il avait partagé avec moi, qu'avais-je fait, moi, dans tout cela ?

— Jungkook.

Mon corps se figea à l'entente de sa voix d'une inhabituelle neutralité et gardai la tête baissée. Yeontan était allé vers Minkyung pour demander des caresses.

— Le véritable amour est celui où l'on donne sans jamais rien attendre en retour, dit-il sur un ton plus posé. Ce que je veux depuis le début de notre amitié, c'est que tu redeviennes celui que tu étais avant. Le Jungkook qui s'est éteint depuis des années sans jamais refaire surface, et celui que je n'ai jamais rencontré.

Finalement, je relevai le visage vers lui, qui regardait la rue par delà la fenêtre de la chambre.

— Ne pense pas que tu n'as rien fait pour moi, continua-t-il. Tu m'as appris à voir la réalité en face. Le Jungkook qui s'est éteint à la mort de ton père et de ton frère ne pourra jamais revenir, et j'ai été trop optimiste en pensant que je pouvais t'aider avec de simples paroles.

Il me regarda enfin avec un léger sourire, et m'incita d'un coup de me relever, ce dont je ne me fis pas prier.

— Les morts ne reviennent pas à la vie. Ce ne sont que dans les films et les livres qu'un personnage arrive à retrouver la personnalité qu'il avait avant un traumatisme. Quand quelque chose est parti, une cicatrice apparaît dont la signification ne pourra elle, jamais s'éteindre.

Minkyung prit Yeontan sur ses genoux en continuant de lui faire des papouilles.

— J'aimerais te demander quelque chose Jungkook, il continua de me sourire petitement. Tu sais que je suis patient, mais cette histoire a dépassé mes limites d'acceptation.

Mal à l'aise, j'acquiesçai. Je m'étais préparé à ce genre de phrase, contrairement à la tirade qu'il venait de terminé plus tôt. Même si ses paroles m'étaient allées droit au cœur, je n'avais pas encore la tête à réfléchir sur le sens de chaque mot placé dans chaque phrase. Je me contentai alors de recevoir et d'imprimer cette leçon de moral afin de ne plus jamais refaire la même erreur.

— Je t'écoute, fis-je alors que je savais très bien ce dont il voulait parler.

— Je voudrais que tu me racontes ce qu'il s'est passé à Tokyo, cette nuit-là.

Je baissai une nouvelle fois la tête en me mordant les lèvres. L'heure était arrivée de dévoilé qui j'étais derrière ce masque au sourire crispé. Alors à tâtons, je rejoignis l'autre chaise de la table aux côtés de Minkyung et soufflai longuement. Très bien, j'allais parler. J'allais exorciser ce mal être en employant ce que Jimin m'avait appris ces derniers mois.

Ce fut donc au bout de quelques instants de silence où je rassemblais mes mots et mes souvenirs, que j'ouvris enfin la bouche pour avouer l'erreur qui détruisait ma vie.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro