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02:90:00


Vingt-deux heures trente.

SEOKJIN:
Jungkook, est-ce que tu pourrais
descendre deux minutes ? Je
voudrais te parler.

La brosse à dent dans la bouche, je fronçai les sourcils en lisant la notification affichée à mon téléphone, posé sur le lavabo. Lorsque l'écran s'éteignit, je m'échangeai avec moi-même un regard dans le miroir, me demandant ce que pouvait bien vouloir mon supérieur avant de me reporter à mon occupation : soigner.

Je fronçai le nez et mordis ma brosse à dent lorsque j'appliquai l'eau oxygénée sur la plaie à mon avant-bras droit. C'était celle que mon patron m'avait fait pendant son cauchemar, et il ne se s'était pas loupé. J'avais trois points où ma peau avait été arrachée et cela me tirait à chaque mouvement. Bordel il n'y était pas allé de main morte.

Bien sûr, je l'avais caché toute la journée à ma mère. Je n'avais pas envie d'être victime d'un interrogatoire.

Après avoir couvert ma blessure de guerre avec un pansement assez gros, je terminai de me laver les dents avant d'enfiler mon haut de pyjama. Il faisait trop froid pour dormir torse nu.

JUNGKOOK:
J'arrive.

Je gonflai les joues en relisant son message. Qu'est-ce qu'il voulait bien me dire ? Il n'aurait pas pu le faire avant qu'on se sépare tous pour dormir ?

Un soupir sortit malgré moi et je sortis de ma salle de bain lorsque mon cœur sursauta une énième fois depuis deux jours. Un vent frais caressa mes tibias et mes bras dénudés.

Taehyung était là, dans ma chambre, appuyé contre le rebord de la fenêtre ouverte. Je ne voyais pas son visage, une de ses mains tenait à son oreille son téléphone, tandis que ses hanches s'appuyaient sur l'une de ses grandes jambes. Il était toujours habillé d'un pantalon noir et d'une chemise moutarde. Une étrange sensation me titilla le bas ventre à cette vue, et je déglutis en tentant de regarder ailleurs. Oh tiens, je ne me rappelais pas avoir allumé les spots au-dessus de mon lit.

— Est-ce que Seungwoo sera là ? Demanda-t-il d'une voix calme à son interlocuteur.

Je tiquai. C'était qui lui encore ?

Et puis, qu'est-ce que faisait mon patron dans ma chambre ? J'avais pourtant demandé à ma mère de laver ses draps. Sauf que je ne pouvais pas m'empêcher d'être content de le voir ici, il ne m'avait pratiquement pas apporté la moindre attention ce soir, et j'avouais que cela m'avait légèrement vexé. Je ne l'avais même pas entendu entrer lorsque j'étais en train de me laver.

Il se frotta le front d'une main en soufflant.

— Non, je ne suis pas chez moi.

Je me mis à triturer mes doigts, assez gêné de suivre une de ses conversations. Est-ce que je devais le prévenir que j'allais voir Seokjin ? J'hésitai. Je ne voulais pas le déranger.

— Chez Jihyuk avec Yoongi et Seokjin, sur Busan.

Il se redressa lentement, ferma la fenêtre en tentant de faire le moins de bruit possible, et se retourna face à moi. Directement, nos regards se rencontrèrent et je surpris une lueur d'étonnement passer dans le sien. Mon cœur venait de signer son arrêt de mort, cette chemise moutarde lui allait définitivement mieux que les autres. Je n'avais cessé de me le dire toute la soirée mais je me sentais encore obliger de le redire. Elle se mariait tellement bien à sa peau nacrée et ses cheveux ébène que si j'avais été une femme, je n'aurais pas résisté longtemps.

Ses yeux ne me quittaient pas tandis que sa conversation téléphonique se poursuivait.

— Je serai là vers dix-sept heures. Il mit son autre main dans sa poche de pantalon. Oui, à Mercredi.

À Mercredi ?

Je souris intérieurement, ça voulait dire qu'il partait en fin de journée après le jour de l'an. Demain soir était le réveillon. Soit encore une nuit excepté celle-ci.

Je me frappai mentalement.

Définitivement, je devenais fou.

Il raccrocha, mit son téléphone dans sa poche en même temps que sa seconde main et continua de me regarder. Étrangement, je n'arrivais pas tellement à savoir à quoi il pensait. Il paraissait vraiment très fermé à la conversation depuis notre retour du lac, ce qui me déplaisait un peu.

— Je... Hésitai-je quelques secondes. Je descends voir Seokjin deux minutes...

— Et tu as besoin de mon autorisation ?

Je fronçai les sourcils dû à son ton hautain. Qu'est-ce qu'il avait ce soir ? J'avais fait quelque chose de mal ? Un éclat d'agacement luisait dans ses yeux.

— Non, répondis-je fermement en lui faisant légèrement froncer les sourcils à son tour. Je voulais seulement le dire au cas où vous vouliez me demander quelque chose.

— Je ne veux rien te demander.

— Qu'est-ce que vous faites dans ma chambre, alors ?

— Je cultive du blé, ça ne se voit pas ?

Je lui jetai un regard mauvais pendant qu'il semblait faussement amusé par la tournure de notre conversation. La tension montait et mon cœur battait de frustration dans mes tempes. Et dire que j'avais été content qu'il soit là, j'aurais dû tourner ma langue sept fois avant de penser à ce genre de chose. Qu'est-ce qui l'avait mis dans cet état ? Quelques heures plutôt, j'avais entendu son rire et il semblait détendu. Là, sa mâchoire était crispée, ses sens attentifs au moindre son ou mouvement, ses muscles et membres contractés comme s'il craignait quelque chose.

J'avais l'impression de me retrouver devant ce tigre indomptable. Ce tigre aux mille cicatrices qui se baladait le long d'une rive d'eau en attendant patiemment une proie ou un tournant. Mais je ne savais pas à quoi je ressemblais devant lui, une chèvre ? Une gazelle ?

Face à sa réflexion, je ne répliquai rien et me contentai de maintenir notre échange visuel où des éclaires semblaient jaillir à chaque entrechoque. Je voulais bien qu'il soit mon supérieur hiérarchique, mais nous étions deux humains et il n'avait pas à me prendre de haut comme ça. C'était une chose que je ne supportais pas, non mais, pour qui il se prenait ce bipolaire ?

Maintenant mon irritation, j'allai d'un pas lourd à mon bureau pour y déposer mon portable parmi tous mes projets d'histoires en cours. Puis sans un regard, je quittai ma chambre, poings serrés, et descendis les escaliers. Qu'il reste dans ma chambre, je n'ai rien à cacher de toute façon. Le salon était plongé dans l'obscurité, seul un filet de lumière venant du couloir m'indiquait la chambre de Seokjin et Yoongi. Je m'y rendis un peu à l'aveuglette, tentant de ne pas me prendre un truc dans les pieds même si je connaissais cette maison par cœur.

Devant la porte, je toquai doucement pour ne pas réveiller ma mère qui dormait un peu plus loin.

— Entrez, fit une voix que je reconnaîtrais entre mille.

Je fermerai la porte derrière mon dos, et regardai Seokjin, installé sur le lit double en compagnie de Yoongi qui lisait – ou écrivait des partitions. Cette chambre là n'était pas très grande, il y avait seulement un petit canapé où était déposé leur valise, et une penderie.

— Tu voulais me voir ? Demandai-je en m'approchant de quelques pas.

Le pianiste rangea ses feuilles vite fait et s'installa convenablement sur le matelas. Il m'invita à faire de même en un regard, et je ne me privai pas d'accepter. Je m'installai à mon tour près des jambes de mon serveur en chef qui disparaissaient sous la couverture, et ses bras étaient croisés sur son torse. Seules les lampes de chevet autour du lit étaient allumées, et Seokjin se massa quelques secondes les yeux avant d'entrer dans le vif du sujet.

— Pourquoi tu as modifié le discours de Taehyung ?

Ah, oui. Il avait dit qu'on en reparlerait plus tard.

J'haussai les épaules et avouai.

— Je ne sais pas. J'ai vu une feuille, je l'ai lu, j'ai vu des erreurs de syntaxe alo-

— Merci.

Je fus surpris et n'osai pas répondre. Un léger sourire étirait leurs lèvres en même temps, et ils s'échangèrent un regard plutôt compatissant.

— Merci dans le sens où tu as sauvé Taehyung, argumenta Yoongi en mimant des guillemets.

— Quoi ? Je les regardai tour à tour sans comprendre. Pourquoi sauver ?

— Pendant le repas, reprit Seokjin, tu as bien vu que les autres patrons étaient plutôt dans la quarantaine voir cinquantaine ?

— Oui.

— Ces fumiers haïssent Taehyung même s'ils jouent les agneaux devant lui. Il leva les yeux au ciel. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'il est le plus jeune patron de la compagnie et que Coquelicot est le café-restaurant qui marche le mieux. C'est simplement de la pure jalousie.

J'eus une mine blasée. Sérieusement ? Ils avaient quel âge pour réagir comme ça ?

— Meilleur salaire, continua Yoongi, meilleure place, meilleur diplôme, et surtout meilleur âge. Sauf qu'ils ne comprennent pas qu'il a eu cette place grâce à son père, c'est simplement de l'héritage après qu'il soit monté en grade.

— L'humain est jaloux pour rien, ça fait cinq ans qu'ils tentent de le virer. Taehyung est tout à fait conscient de ça, mais comme c'est une tête de mule, il laisse couler.

— Quel est le rapport avec son discours ? M'enquéris-je en ne comprenant toujours pas le lien.

Seokjin se pencha légèrement en avant, les yeux plissés.

— Le rapport, c'est qu'un repas de fin d'année est très important. Chaque année, avec les autres patrons de la compagnie, le dîner d'entreprise se déroule dans le café-restaurant qui a eu les meilleurs résultats de l'année. Cela fait cinq ans que Coquelicot détient cette première place, depuis que Taehyung est arrivé. Sauf que ses discours ont toujours été bâclés car il les préparait à l'arrache en pensant que ça allait le faire. Il baissa les yeux, son ton de faisant plus nostalgique. La première année, il avait accepté mon aide car j'étais en étude d'expert comptable, alors les chiffres me connaissaient, et depuis quatre ans, il refuse catégoriquement.

Je fronçai légèrement les sourcils. Tout se reportait à quatre ans dans ma vie comme dans la sienne. C'était vraiment étrange cette sensation, d'autant plus que cette impression de déjà-vu le concernant me chatouillait le corps depuis maintenant deux mois. Il fallait vraiment que je mette au claire tout ça.

— En modifiant son discours, Jungkook, poursuivit le pianiste en passant une main dans ses cheveux argentés, tu l'as obligé à faire tourner ses méninges et a aligner les chiffres. Les autres patrons ont été très surpris de voir un si bon discours. Je ne sais pas si ça va changer leurs avis sur lui, mais tu nous as vraiment retiré une épine du pied.

— Peut-être que pour toi ça peut te paraître anodin, mais pour nous comme pour lui, c'est très important, avoua mon supérieur en recollant son dos à la tête de lit. Ce soir-là, après le repas lorsqu'il t'a demandé de le rejoindre pour en parler, est-ce qu'il t'a vraiment engueulé, Jungkook ? Est-ce qu'il t'a passé le pire savon de ta vie en te menaçant de te virer, comme l'aurait fait un patron ordinaire ?

Un patron ordinaire ? Je fronçai de nouveau les sourcils tandis un large sourire se dessinait à ses lèvres bombées. Qu'est-ce qu'il voulait dire par ordinaire ? Taehyung n'était pas ordinaire ?

Clairement pas.

Cet homme était tout sauf ordinaire.

Après avoir soupiré et m'être gratté la nuque, je réfléchis à la question que Seokjin venait de me poser. C'était vrai qu'il ne m'avait pas disputé comme je l'avais craint. Même s'il avait menacé de me démembrer et de cacher les parties de mon corps dans différents sacs poubelles, il n'avait rien fait d'autre.

Au lieu de ça, nous nous étions couru après comme deux enfants, puis ce fut la première fois que j'eus été aussi proche de lui. Je sentais encore son pouce caresser ma joue en y repensant, j'aimerais tellement que son humeur de chien de ce soir disparaisse pour laisser le Taehyung que j'avais vu ce soir-là, hier soir dans ma chambre, ainsi que tout à l'heure.

— Non... fis-je en baissant les yeux à mes mains sur mes cuisses. Il m'a seulement demandé pourquoi j'avais fait ça...

— Tu vois, approuva-t-il d'un acquiescement. Indirectement, il t'a remercié.

— Il est trop compliqué à comprendre...

La sonnerie d'une notification me fit relever le visage vers Yoongi, qui prit son téléphone de la table de chevet pour répondre à ce que je devinais être un message.

— Ça oui, grommela-t-il en levant les yeux au ciel. Surtout en ce moment. Aujourd'hui, il était de bonne humeur, on a passé une bonne journée avec ton frère, et dès qu'on est rentré, il a semblé te chercher. Ta mère lui a dit où tu te trouvais et il est directement parti, sans dire quoique ce soit. Puis depuis votre retour, il a recommencé à être de mauvais poil. Il est encore plus incompréhensible qu'avant, ces derniers temps.

Je ne répondis rien. Je ne savais pas si j'avais le droit de parler de ce qu'il se passait entre nous.

Enfin, ce qu'il se passait entre nous, était un peu trop gros. C'était juste que nous nous étions rapprochés, mais d'une façon dont je ne saurais le décrire. C'était flou, très flou. Et je m'y perdais complètement. Comme si devant lui, je pouvais lâcher les armes sans que lui ne m'attaque en retour.

— Je ne sais pas, lâchai-je d'un murmure avant de les regarder en me levant. Bon, vous devez être fatigué, je vais vous laisser dormir.

Seokjin me remercia d'être venu et nous nous dîmes bonne nuit avant que je ne remonte à l'étage. Alors comme ça, Taehyung était envié par ses collègues de rang ? Je fronçai le nez. Ah, quelle horreur je venais d'avoir des images salaces devant moi après cette réflexion.

Je battis l'air avec ma main en me dirigeant vers ma chambre comme si cela allait changer quelque chose à ces images.

Ma chambre était restée ouverte, et je reconnaissais la lumière des spots au-dessus de mon lit en sortir, illuminant une petite partie du dégagement.

L'éclat blanc de la Lune passant à travers la fenêtre au-dessus de l'escalier participait aussi à ces illuminations.

Thought I almost died in my dream again...

Je m'arrêtai subitement à quelques centimètres de l'entrée de la chambre, là d'où venait la voix. Une voix si calme, si belle, si posée, mais pourtant si triste, perdue. Perdue dans cet univers si sombre dans lequel elle vivait depuis longtemps.

Fightin' for my life, I couldn't breathe again...

C'était la voix de mon patron, Jihyuk ne chantait pas et je savais que je n'étais pas en plein rêve. C'était bien réel, tellement réel que les paroles de la chanson m'allait droit au cœur.

Doucement, je me risquai de passer un œil à travers l'encadrement de la porte, et une chaleur m'enveloppa entièrement. Il était là, vêtu du pyjama que je lui avais prêté cette nuit, assit dos à moi sur le lit, et penché sur ce que je devinais être son téléphone. La lumière bleue jaillissait sur la petite partie de son visage que je pouvais voir, tandis que les spots de mon pont de rangement luisaient d'une faible lumière jaunâtre.

I'm fallin' in too deep...

Cet homme était brisé, déchiré, anéanti.

Et je voulais être le réparateur. Mon cœur, mon corps me hurlait de l'être. Peut-être parce que j'étais moi-même, à l'intérieur, dans le même état.

Nous étions deux âmes épuisées, portant des masques la journée pour cacher ce mal-être constant. Et pour extasier cette rancœur, cette haine envers nous-mêmes, nous devions être ensemble.

Nous devions marcher ensemble.

Alors je franchis l'encadrement de la porte, et fermai cette dernière en la faisant coulisser derrière mon dos. Il ne cessait pas de chanter ces paroles dotées d'une profonde tristesse, d'un profond manque.

Par des pas que je tentais légers, je m'approchai de mon lit et montai dessus à quatre pattes. Sa voix s'était tue quelques secondes, et je m'étais figé. Mais malgré le fait qu'il sache que j'étais là, il ne se retourna pas, et continua de chanter en murmurant d'une voix cassée, abattue.

Puis juste derrière lui, maintenu sur mes genoux, je passai délicatement mes bras autour de son cou, et collai ma joue contre sa tempe. L'une de ses mains qui tenait son téléphone se posa sur mes avant-bras et je commençai à nous bercer doucement.

'Cause my heart belongs to you...

Mes yeux dérivèrent sur son écran de portable, tenu entre ses genoux écartés. Je fronçai les sourcils et mon cœur s'alourdit progressivement. Il y avait une photo de lui, et d'une femme dans un parc d'attraction. Ils se tenaient la main, semblaient respirer la joie de vivre l'un comme l'autre, ainsi que l'amour se devinait dans leur regard. Mais sur l'image, je n'avais pas l'impression de reconnaître mon patron.

Son teint était plus scintillant, ses cheveux étaient toujours aussi noirs, légèrement ondulés, mais n'assombrissait aucunement son visage rayonnant. Il avait l'air d'avoir quelques années en moins, sa carrure était moins impressionnante, sauf qu'il était clairement en meilleure santé. Ses yeux n'étaient pas rouges, et surtout, ce qui me marquait le plus, était son immense sourire. Un sourire assez atypique déformait son visage harmonieux, un sourire qui me faisait perdre tous mes repères. Il était tellement beau, tellement différent.

À ses côtés, il y avait une femme. Bien habillée, un visage magnifique et hors normes. Elle était vraiment très belle, c'était le genre de femme pour qui les hommes couraient après au lycée ou même dans la rue. Une femme que j'avais déjà vue.

Je réfléchis quelques secondes avant que mon patron n'éteigne son écran.

Ah, oui. C'était celle de ce midi, celle qui accompagnait les parents de Mina à la pizzeria. Alors cette femme était son ex petite-amie ? Celle qui, selon Seokjin, avait été un poison pour lui ? Comment est-ce qu'elle s'appelait déjà ?

Gomji ? Ramji ? Seulgi ? Eunji ? Yeomji ?

Je ne savais plus.

Alors que j'allais commencer mes réflexions à propos de l'attitude qu'elle avait eu envers moi – rien de bien méchant mais j'avais tout de même trouvé ça étrange, un bras passa autour de ma taille, et me tira sur le côté. Je ne lâchai aucunement sa nuque, et me laissai glisser grâce à sa force jusqu'à être devant mon patron. Son second bras passa lui aussi autour de mon buste, et son visage plongea dans mon cou pour y souffler longuement. Mes jambes étant restées derrière, la façon dont il venait de me tirer contre lui faisait que j'étais tout tordu. Mes hanches commençaient à me faire mal à cause de ma position non plaisante.

Enfin si, c'était plaisant parce que j'étais dans les bras de Taehyung, mais pas du tout pour mes courbes.

Alors je bougeai légèrement, et la meilleure position que j'eus trouvé, fut de m'asseoir complètement sur ses cuisses qu'il avait serré entres elles. Mon visage par-dessus son épaule, mon regard se perdit sur le mur d'en face, là où pendaient quelques photos et où se trouvait mon bureau. Nos cœurs battaient à l'unisson, sur le même rythme et la fatigue se faisait sentir de plus en plus.

J'étais tellement bien dans ses bras que je voulais y vivre autant qu'y mourir.

Mes paupières se fermèrent d'elles-mêmes et le silence nous berçait tendrement. Je ne faisais pas attention à son odeur alcoolisée, me concentrant plutôt sur son souffle s'échouant sur ma peau.

— Taehyung... murmurai-je la bouche à moitié paralysée par le sors de Morphée, dormons si tu as fini de cultiver ton blé...

☯︎

Je ne trouvais pas le sommeil.

À chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais le train me passer sous le nez à quelques centimètres, et sentais le vent me frapper le visage. J'avais l'impression que des fourmis rongeaient encore ma peau à cause de sa brutalité.

J'entendais son moteur s'approcher alors que je me ruais sur les rails pour récupérer le pistolet à billes que Papa nous avait acheté peu de temps avant.

J'avais froid, peur, je tremblais comme une feuille prise dans une tempête. Et comme chaque nuit où je n'arrivais pas à dormir, j'allais dans la chambre de Jihyung. Sauf que cette nuit-là, je n'arrivais pas à trouver l'interrupteur de ma lampe de chevet. Au lieu de ça, ma main s'était cognée contre un espèce de meuble qui longeait ma tête de lit. Et pourtant la lumière s'était allumée, elle venait d'en haut.

Tiens ? Maman et Papa avaient refait ma chambre sans me le dire ?

Mon regard glissa sur la pièce qui se présentait devant moi. Où étaient passés mes jouets ? Qui avait rangé mon circuit de voiture ? Je me frottai les bras frénétiquement, je commençais à avoir vraiment froid et me mis à renifler.

J'avais vraiment peur.

J'avais surtout peur d'elle.

Elle était là, droite comme un pique vers ma fenêtre, les bras ballants autour du corps, et me fixait de son regard rouge sans aucune expression. Je ne savais même pas si ses yeux carmin me voyaient. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ?

J'étouffais un cri en mettant sa main sur ma bouche lorsque l'un de ses doigts bougea, et qu'elle fit un pas dans ma direction.

La lumière au-dessus de ma tête l'éclaira un peu plus et mon souffle se coupa subitement. Son visage était en sang, son cou bleuté comme ses bras, son t-shirt blanc était taché de rouge au niveau du cœur et du ventre, ses cheveux noirs en batailles et certains plus long que d'autres lui donnaient un air atroce. Une énorme tache noire entourait l'un de ses yeux, ses lèvres étaient gonflées, elle ne ressemblait à rien.

Qu'est-ce qu'elle faisait là ?

— J-Jihyung, réussis-je a murmuré.

Malgré les tremblements qui secouaient mon corps, je sortis de mon lit avant de m'étaler de tout mon long sur le parquet. Depuis quand je ne faisais plus un mètre trente ? Où était passé mon petit corps ?

J'étouffais, l'oxygène avait complètement disparu. Mes membres étaient paralysés, empêchant tout mouvement et le sol était en train de m'avaler. Il avait ouvert sa grande gueule et me dégustait tranquillement alors que je tentais de bouger, de m'enfuir, ou même de crier.

Je me figeai.

Elle était là, juste au-dessus de moi.

Sa main ensanglantée vint s'enrouler autour de ma gorge, et des sons étranges en sortirent. Je crois que j'essayais de crier, mais elle serrait tellement fort que tout s'étouffait, que je devenais prisonnier de mon propre crime.

Ma chambre avait disparue, tout s'était mis à tourner comme si je me trouvais au cœur d'un ouragan.

Elle me souriait à pleines dents, la bouche en sang, et approcha son visage près du mien pour me souffler violemment dans les yeux. Je lâchai un cri. Ça puait le roussi, le cadavre décomposé depuis trois jours, mes orbes me brûlaient et je n'arrivais pas à bouger mes mains pour me les frotter.

Mon corps me piquait de toute part, il se faisait violemment secouer, comme si je me battais contre mon démon à l'intérieur. Je ne contrôlais rien, j'entendais des cris, ce qu'il y avait devant moi se transformait en taches de couleurs vibrantes, je n'arrivais plus à penser. Mon esprit était en train de devenir fou, saturait complètement, je n'arrivais même plus à savoir comment respirer.

Puis la prise à ma gorge disparue lorsque je me fis difficilement soulever du sol. Au lieu du parquet, mon dos rencontra un matelas et on commença à me taper les joues, à me secouer. Je n'arrivais toujours pas à respirer, mes poumons étaient remplis de sable et ma trachée entortillée sur elle-même. Qui avait aspiré tout l'oxygène ?

Oh, ça devait être le monstre en dessous du lit dont Papa parlait souvent.

— Jungkook !

Devant moi, je vis enfin quelqu'un. C'était Jihyung, je le reconnaîtrais entre mille. Son visage identique au mien me rappelait à quel point il m'avait manqué. Et l'air passa de nouveau à travers mon corps, retirant le sable. Comment était-il entré dans ma chambre ? Ses yeux si rieurs ne riaient plus, et ses cheveux étaient ébouriffés comme s'il venait de se réveiller.

— J-Jihyung, appelai-je en tentant d'amener ma main vers lui. Jihyung !

Silence.

Mon grand-frère ne dit rien et se contenta de me caresser la joue alors que je peinais à retrouver un souffle normal. Ma gorge sifflait, encore traumatisée par la poigne qu'elle avait eue sur moi, et l'air me brûlait les poumons, une allumette avait été craquée dans l'univers gazeux qui les remplissait. J'avais tellement mal que la douleur se répandait dans l'intégralité de mon corps déjà paralysé. Ma main que je voulais amener vers lui retomba lourdement sur mon ventre, mes forces m'abandonnaient.

Tout s'entrechoquait à l'intérieur de mon crâne, en quelle année on était ? Est-ce que l'opération de Naya s'était bien passée ? Est-ce Jimin réussissait à faire le dossier de Monsieur Lee ? Jihyuk avait-il eu son brevet ? À qui appartenait le t-shirt Gucci que j'avais retrouvé dans ma chambre à Tokyo ?

— Jihyung... fis-je avec un large sourire en le regardant. Morgen fahren wir nach Thailand !

Je me mis à rire nerveusement tandis que je sentais des perles d'eaux coulées sur mes tempes. Mon frère continuait à ne rien dire face à ma soudaine euphorie, et à me caresser la joue. Ça faisait tellement du bien de sentir son toucher.

— Jihyung ! Continuai-je en riant toujours plus, Hast du deinen Badeanzug mitgenommen ? Ce serait bête de l'ou-

— Jungkook... Tu deviens complètement fou...

Depuis quand il m'appelait par mon prénom et qu'il me traitait de fou ? Il le faisait seulement lorsque nous jouions à des jeux et qu'il perdait à cause de moi, ou quand je faisais une bêtise.

Je me tus et mon sourire tomba progressivement. Pourquoi n'était-il pas heureux d'aller en Thaïlande ? Il me regardait d'une tristesse sans égale, je le voyais même si ma vue tremblait comme de l'eau. J'avais l'impression d'avoir pris une drogue et que les images ne s'alignaient plus correctement, tout devenait encore plus couleurs et taches.

— Jihy...

— Jungkook.

— Quoi ? Élevai-je le ton par agacement d'être coupé.

Il soupira longuement, et passa une main à son visage. Wow, depuis quand il avait de si grands doigts ?

Je voulus m'assoir mais sa main à ma joue vint m'appuyer le torse pour que je reste allongé, me faisant grogner. Mes yeux colériques fixèrent les siens qui brillaient d'inquiétude.

— Je ne suis pas Jihyung...

Silence.

Mon monde s'effondra, mon cœur explosa.

Le tourbillon s'était arrêté de tourner, elle avait disparue, ma chambre réapparaissait progressivement autour de moi, et mes yeux se plissèrent lorsque la lumière de mes sports m'agressa la vue. Mon grand-frère était parti, son visage d'enfant s'était transformé en celui de mon patron, ses cheveux bruns étaient devenu noirs et cachaient partiellement ses yeux brumeux.

Je me remis à trembler, à pleurer tout ce que je pouvais, à me vider comme une éponge pressée. Une éponge qui en avait eu assez d'accumuler.

— T-Tae... balbutiai-je entre mes larmes.

— Je suis là, chuchota-t-il en m'entourant de ses bras puissants. Je suis là...

Je m'accrochai désespérément à lui, à son pyjama. J'allais définitivement tomber dans les limbes, je sentais ce trou se former dans mon dos qui n'attendait que de m'accueillir. Il m'appelait tellement fort que je ne pus me retenir de mettre toutes les forces pour me redresser en compagnie de mon patron. Mes mains glissaient contre lui, essayaient de trouver une prise à laquelle m'accrochée mais il n'y avait rien, c'était lisse comme une falaise.

Le front appuyé contre le haut de sa poitrine, je me noyais dans mes larmes, ma bouche devenait pâteuse de mucus, et j'étais obligé de renifler.

Mon corps tanguait, installé sur un bateau dans une horrible tempête de souvenirs, noire, sans possibilité d'en sortir.

J'allais tomber, j'allais tomber, j'allais tomber.

— Tu ne vas aller nulle part...

Ses mains tenant mes côtes, il bascula à sa place, hors du trou qui s'était creusé vers la mienne, et il me tira en me forçant à m'allonger sur lui. J'avais été obligé de retirer mes bras de son dos, et inconsciemment, ils vinrent se caler à sa taille tandis que ma tête était restée posée contre sa poitrine.

Je fermai les yeux lorsque l'une de ses mains disparue dans mes cheveux encore tout frais coupés. Les battements répétitifs de son cœur me berçaient, et même si mes spasmes ne s'étaient pas encore tout à fait calmés, j'essayais de me concentrer sur cette mélodie agréable qui me liait au réel.

La dernière chose qui m'y liait.

— Tae... Hyung... soufflai-je au bord de la rive des rêves.

— Dors.

Je n'eus pas la force de répliquer à son ordre. Mes dernières forces me quittèrent, et ce fut sur ses battements de cœurs, ses respirations calmes, cet ensemble harmonieux qui me faisait tout oublier, que je partis voyager loin de ce monde sans vertu.

Et encore une fois, pour une nuit de plus, une main élégante se tendait devant moi.

Une main que je pris sans réfléchir.

Car elle était la clé de mon bonheur.

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