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Devant moi, mon professeur de dramaturgie me tendit mon dossier avec un grand sourire.

— Félicitations pour votre travail monsieur Jeon, fit-il en croisant les bras dans son dos. Il est d'une qualité réellement unique.

Je baissai les yeux sur la page de garde et souris devant cette note maximale que je venais d'avoir. La plupart des élèves de ma classe se tournèrent vers nous et se murmuraient des choses que je n'entendais pas. A vrai dire, je n'avais pas besoin d'entendre ce qu'ils se disaient, je le savais déjà, car depuis la mise en relation de toutes les classes pour le projet de fin de semestre, tout le monde parlait de Jimin et moi. Pour eux, j'étais comme le Dieu vivant de l'écriture car j'arrivais à épater les professeurs les plus exigeants de ma filière. Je ne prenais pas ce surnom étrange à mon égard ; à vrai dire, je ne l'aimais pas vraiment et être devenu assez reconnu dans l'école ne m'arrangeait pas non plus. Certains élèves en quête de meilleures notes s'approchaient de notre trio avec Minkyung pour essayer de sympathiser, ce qui naturellement, ne fonctionnait absolument pas. On lui donnait les conseils qu'il voulait, et au bout d'un moment, il partait de lui-même en comprenant qu'il ne pourrait pas avoir la même amitié, cela restait simplement de la pure camaraderie. Cette « popularité » attirait forcément les faux-culs, alors à part aux sessions de projections de nos films, je restais tapi dans l'ombre. C'était dans cette obscurité douce que je me plaisais le mieux.

— Je vous souhaite un très bon tournage avec hâte de voir le résultat la semaine prochaine, rajouta-t-il en retournant à son bureau pour dire la même chose pour toute la classe.

Fier de moi, je rangeai mon dossier dans mon sac avec la ferme intention d'en toucher deux mots à Jimin et Minkyung, qui étaient actuellement sur le montage de notre projet, que nous avions appelé Two worlds. Le tournage s'était déroulé la semaine dernière dans les meilleures conditions qu'il soit, notre équipe était vraiment très productive et prenait son rôle à cœur. Après tout, ces projets étaient les plus importants parmi tous les autres que nous avions à faire durant le semestre, et ils comptaient pour nos futurs entretiens dans le milieu professionnel ainsi qu'à nos passages en troisième et dernière année.

Ce dossier que venait de me rendre mon professeur était le scénario de notre long-métrage, Two worlds. En plus d'être notre sujet de projet, c'était évalué comme un devoir ordinaire. Cela permettait ainsi aux professeurs juristes de ne pas totalement se concentrer sur le scénario mais plus sur comment le film a été créer. Cette note allait compter dans la note finale, mais en tout cas, nous partions déjà sur de très bonnes bases. Mais j'étais aussi j'étais fier de moi de ne pas avoir été atteint par les compliments de mon professeur. Cela avait mis bien un an pour que je réussisse à passer outre les bonnes et mauvaises critiques, et maintenant que c'était le cas, Jimin disait que je brillais.

A la fin du cours, je rangeai mes affaires rapidement et sortis de classe rapidement pour rejoindre la salle de montage. J'avais une bonne heure de libre devant moi avant mon dernier cours de la journée, alors comme chaque fois, je rejoignis mes amis afin de leur faire part de ma note et voir comment le montage se passait. Mais bon, avec Jimin qui savait parfaitement comment notre film devait rendre, je ne me faisais aucun souci.

— Jungkook !

Dans les escaliers du troisième étage, je me retournai et tombai sur un groupe de trois filles, une plus en avant. Elle monta les quelques marches qui nous séparait et me tendit une enveloppe, les yeux baissés.

— V-Voilà pour toi, murmura-t-elle. I-Il parait que tu n'as pas de copine, alors je me disais...

Gentiment, je repoussai ses mains qui tenaient l'enveloppe. Naturellement, elle leva les yeux vers moi, et je lui souris. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un me faisait ce genre d'avance, c'était déjà arrivé trois ou quatre fois, et intérieurement, cela me flattait de plaire. Seulement, je ne cherchais pas à l'être, et c'était peut-être mon naturel qui me faisait défaut. C'est ce que disait Minkyung. Par lui et Jimin, j'avais su qu'une élève de première année me tournait autour depuis un petit moment, et en la voyant devant moi à ce moment-là, je ne pouvais qu'être mal à l'aise. Non pas parce qu'elle n'était pas belle, au contraire elle était très mignonne, mais parce que j'avais déjà quelqu'un depuis un an aujourd'hui.

— Je suis désolé, fis-je en lui souriant. Est-ce que tu as vérifié tes sources ?

Comprenant immédiatement ce à quoi je faisais référence, la jeune femme ricana en cachant l'enveloppe dans son dos.

— Non... Elle remit ses cheveux derrière ses oreilles. Mais maintenant elles sont vérifiées.

— Je te souhaite une bonne journée dans ce cas.

Sans plus de parole, je lui souris avec bonhommie et me retournai pour continuer de monter les marches. J'entendis la déception de ses amies jusqu'à ce que nous partîmes chacun de notre côté comme si rien ne n'était passé. Seulement, en levant les yeux vers le haut de l'escalier, je soupirai avec un léger rictus. Les deux bras croisés au torse et un air moqueur au visage, Minkyung me fixait.

— Tu vois, on avait raison ! Fit-il avec fierté.

Arrivé à sa hauteur, je lui mis une tape à l'arrière du crâne, le faisant éclater de rire.

— D'où tu me surveilles maintenant ?

— Je ne te surveille pas ! Clama-t-il en ricanant. Je voulais aller me chercher un café et j'ai juste vu la scène.

Ne le croyant qu'à moitié, je repris ma marche vers la salle où Liu, notre monteur, s'était installé afin d'être tranquille. Cet étage était entièrement rempli de salle de montage avec les derniers ordinateurs fixes d'Apple, et grâce aux nombreuses pièces, nous pouvions en réserver une rien qu'à notre groupe. Ce n'était pas plus mal, car lorsque nous étions tous dans la même, c'était difficile de se concentrer. Pendant le trajet, je fis signe à quelques connaissances en discutant avec Minkyung, sans pour autant encore lui dire ma note.

Seulement, avant de rentrer dans la pièce où je voyais Jimin discuter avec Liu qui lui montrait des choses sur la timeline, je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche de manteau. En entrant, je le sortis et mon sang ne fit qu'un tour face au message que je venais de recevoir.

INC#NNU :
Qu'est-ce que tu as
fait de la caméra ?

Je ne comprenais pas. Pourquoi maintenant ? Pourquoi après cinq longues années, Namjoon me demandait ça ? Surtout qu'il m'avait laissé en paix depuis quelques mois, comme s'il avait disparu de la surface de la terre sans laisser de trace, et que maintenant, il était de retour chez les vivants. C'était d'ailleurs la première fois qu'il parlait indirectement du meurtre de Mina en passant par cette histoire de caméra.

En soupirant silencieusement, j'ignorai et levai les yeux vers Jimin et Liu, qui avait l'air d'attendre mon approche. Voyant mon désarroi, mon meilleur ami leva un sourcil, devinant aisément que quelque chose me tracassait. Peut-être qu'il disait que je brillais, mais ce traumatisme envers le meurtre de Mina et la peur d'être pris dans le filet étaient toujours présents. L'écrire dans OO:SA:KA m'aidait, mais la guérison était réellement longue. J'avais d'ailleurs presque terminé de l'écrire, il ne me restait plus que quelques chapitres avant de mettre le point final. D'un sourire qui se voulait rassurant, je m'approchai d'eux, posai mon sac au pied de la table, puis regardai l'écran.

— Vous en êtes où ? Demandai-je en analysant un peu la timeline.

— Avec Minkyung on a terminé le montage du son, répondit Liu, et depuis ce midi je fais le montage image. Il y a très peu de scènes ratées ou qui ne vont pas bien, alors ça a été vraiment très rapide à faire.

Mon téléphone vibra une nouvelle fois.

— Je peux voir ?

Ma demande acceptée, Liu mit en pleine écran, débrancha son casque pour avoir le son puis lança le film. En me rappelant exactement de la storyboard que j'avais travaillé avec Jimin, j'analysai la valeur des plans, les enchainements, le son, et surtout la manière dont la fin avait été travaillée. Lorsque la tension montait et que la protagoniste fuyait l'ombre qui le suivait où qu'elle aille, une musique digne d'un thriller avait été rajoutée. C'était la première fois que je voyais le résultat presque terminé et le rendu était absolument exquis.

— Où est-ce que vous avez trouvé la musique ? Demandai-je par l'absence du générique.

— C'est Minkyung qui l'a crée.

Surpris, je me tournai vers le concerné, qui se grattait la poitrine d'un air gêné.

— Ca fait plus d'un an qu'on le connait et il nous cache des choses, nargua Jimin en entourant son bras autour de sa nuque.

— Euh... Bah en fait c'est pendant les grandes vacances, quand j'étais en Martinique j'ai rencontré quelqu'un qui m'a appris à créer de la musique, et comme j'allais en filière son, je me suis dis que ce serait intéressant d'en faire moi-même... Il eut un sourire embarrassé. Toi tu as l'écriture, Jimin la philosophie, et quand j'ai vu qu'on galérait à trouver une musique qui convenait à l'ambiance, je me suis dis pourquoi pas...

Jimin rit de plein cœur en ébouriffant les cheveux bruns de Minkyung.

— Moi ? La philosophie ?

— Tu es notre Platon !

Je pouffai en les voyant se chamailler avant de le féliciter pour la qualité de l'audio, mais aussi de sa musique. Je fus étonné lorsque Liu dit qu'il venait à peine de commencer le montage image après trois jours sur cinq, mais en apprenant que durant ce laps de temps, ils avaient travaillé sur une musique pour l'alliée parfaitement aux images, je comprenais.

Mon téléphone vibra une troisième fois.

Durant mon heure de libre, j'avais regardé une seconde fois le film afin d'exprimer plus en détails mon avis que nous discutions par la suite. La plupart du temps, ils avouaient ne pas avoir pensé à certaines choses, ensuite modifiées et validées. Lorsque j'eus terminé ma prise de parole envers le travail de Liu, je le laissai continué et me tournai vers Jimin, le réalisateur. Ainsi, je sortis mon dossier qui contenait le scénario de Two worlds rendu plus tôt par mon professeur, et le tendis devant lui.

— Tu l'as eu ! S'écria-t-il en me le prenant rapidement des mains pour le feuilleté.

Intrigué, Minkyung quitta le montage et se fraya un chemin à côté de notre ami pour regarder à son tour le dossier. A la vue de la note placée à la fin, d'immenses sourires étirèrent leurs lèvres en même temps et ils ne perdirent pas une seconde pour le dire à Liu, qui eut la même réaction. J'eus droit à un énorme câlin de la part de notre sondier, et leurs félicitations. Seuls leurs avis me faisaient chaud au cœur. Notre groupe de travail fut mis au courant de cette note rapidement grâce à une photo de cette dernière envoyée dans le groupe instagram que Jimin avait crée. Tout le monde était réellement heureux et me félicitaient encore et encore. Le scénario était donc bien la voix dans laquelle je devais partir, sans aucun doute possible.

Dix-huit heures deux.

En sortant de l'école seul, Minkyung et Jimin étant déjà partis, je pris mon téléphone que je n'avais pas retouché depuis la dernière fois, et vérifiai les deux nouveaux messages que j'avais eu. Espérant que ce soit de la part de Taehyung en rapport à nos un an, un frisson d'effroi de parcourut l'échine en voyant que ce n'était pas le cas, mais plutôt deux nouveaux messages de Namjoon. Seulement, en les ouvrants, je fronçais les sourcils en voyant que l'un d'eux avait été supprimé.

INC#NNU :
This message has been deleted.

N'ignore pas et répond, Jeon
Junkook. Je te propose que
l'on se voie dans la fin de
semaine afin que tu me rendes
la caméra. Ceci-fait, je te
promets de te laisser tranquille.
Je veux seulement la reprendre.

Je n'aimais absolument pas lorsqu'un message était supprimé sans que je n'aie le temps de voir ce qu'il contenait. Peut-être que cela avait été une menace, une photo, quoique ce soit qui pouvait me faire replonger dans un profond désespoir. Depuis quelques mois, tout allait bien suite à sa disparition, mais pourquoi fallait-il qu'il revienne après avoir été tapi dans le noir pendant si longtemps ? Avait-il préparé un plan ? Je me le disais depuis plus d'un an et demi, mais ces phases où il ne donnait plus de signe de vie pendant un certain temps et part la suite, il se donne à cœur joie de me menacer et de faire du mal à mon entourage, tout cela était vraiment étrange. Je n'avais personne à qui demander des renseignements sur lui, pas même internet qui le décrivait comme une agréable personne. Je ne savais plus qui croire.

Est-ce que lui donner la caméra était une bonne idée ?

JUNGKOOK :
Qui me dit que tu ne vas pas
la donner à la police et
me mettre dans la merde ?

La réponse fut presque instantanée, comme s'il avait déjà prévu mon message.

INC#NNU :
Je ne ferais pas ça voyons,
ça me mettrait aussi dans
de sales draps. Je veux la
vidéo pour un usage personnel.

Une remontée acide me prit soudainement et je tirai une grimace en tentant de la ravaler. C'était dégueulasse. Quelle personne sur cette terre voudrait la vidéo d'un meurtre pour un usage personnel ? Je ne pouvais pas prendre ce risque, c'était beaucoup trop dangereux de le rencontrer en personne. Ou alors, il fallait que ce soit dans un endroit public pour qu'il ne tente pas quelque chose. En traversant un passage piéton pour arriver dans ma rue, mon cœur se mit à battre de stress.

Etait-ce possible qu'il soit au courant que je pouvais désormais vivre dans avoir à être constamment proche de la boîte où l'âme de Mina résidait ? Certes elle n'avait pas totalement quitté ma tête et s'était seulement endormie, mais je ne voulais en aucun cas qu'elle se réveille et que je retombe dans la fosse où j'avais été prisonnier depuis cinq ans. Si je lui donne cette boîte, elle pourrait revenir. Namjoon ne pouvait pas surveiller mes faits et gestes. Ce n'était pas possible, à part s'il avait engagé un espion très doué, ou qu'un informaticien ait créé une puce ou quelque chose d'autre.

Inconsciemment, je me retournai et vérifiai si personne ne me suivait. En passant devant un fleuriste, j'achetai un bouquet de rose.

Je voyais très mal Taehyung dans le rôle d'un espion après tout ce que nous avions traversé ensemble. Non, c'était impossible. C'était certainement une coïncidence qui commençait à me faire psychoter en un rien de temps. Le cœur battant de stress, j'augmentai mon allure et ne mis pas longtemps pour arriver devant Coquelicot. Ce soir, Taehyung et moi étions dispensé de travail pour fêter nos un an. C'était Seokjin qui avait insisté, en prétextant que s'il nous voyait poser un seul pied au restaurant, nous allions nous en rappeler toute notre vie. Pour ma sécurité, je ne passai même pas un œil à l'intérieur et entrai dans le petit hall qui menait chez mon petit ami. Je montai les escaliers, et, devant sa porte d'entrée, je soupirai longuement en tentant de calmer mon cœur et mon esprit. Il n'allait rien arriver, et il ne fallait pas qu'il sache. Je ne voulais pas que Taehyung soit mêlé à cette affaire.

En caressant du bout des doigts les roses, je soufflai une dernière fois et tapai le code pour entrer. Immédiatement, un corps me sauta dessus en poussant de cris de joies. Sous l'effet de la surprise, je manquai de perdre l'équilibre jusqu'à ce qu'une petite tête brune apparaisse devant moi, les yeux pétillants de bonheur.

— Coucou Jungkookie !!

Reconnaissant Yumin, j'eus un large sourire et m'empressai de lui embrasser la joue, la faisant ainsi rire. Je l'avais rattrapée par reflex lors de son saut par je ne savais quelle chance. Cela faisait quelques temps que je ne l'avais pas revue, et être accueilli de cette façon après une dose de stress trop importante, me faisait beaucoup de bien. Me rappelant soudainement que j'avais un bouquet dans les mains, je déposai la petite fille au sol et vérifiai s'il n'avait rien eu dans le feu de l'action. Quelques pétales de rose étaient tombés.

Je me déchaussai en remettant correctement le bouquet en place, et en relevant les yeux, je rencontrai ceux de Taehyung, appuyé contre la table du salon. Mon cœur loupa un battement lorsque je vis un léger sourire apparaitre sur son visage. Son regard se baissa sur sa nièce à côté de lui.

— Va te préparer, on va bientôt partir.

Sans plus de perte de temps, elle courut en direction de sa chambre, nous laissant ainsi seuls. Intimidé par ses yeux sombres sur moi, je m'approchai de lui en souriant grandement. A sa hauteur, ses deux mains se posèrent sur mes hanches par-dessous mon long manteau et je mis le bouquet entre nous. Je n'osais pas le regarder, je crois que le voir pour la première fois aujourd'hui pour nos un an me rendait tellement heureux que j'en devenais timide. Pourtant en sa présence, je n'avais jamais été véritablement timide. Mon cœur tambourinait dans mon crâne et je ne pouvais pas m'empêcher de baisser les yeux sur les roses en me mordant les lèvres.

— Je ne sais pas ce qu'il faut dire dans ces cas-là... Chuchotai-je.

Je vis son sourire s'agrandir et laisser apparaître quelques dents blanches. L'une de ses mains se leva vers mon visage et m'incita à planter mon regard dans le sien. Ses mèches noires et ondulées tombants sur son front me donnaient réellement chaud, et son buste était couvert d'une chemise bleue à lys blanc. Il était absolument magnifique.

— Le mieux est d'apprécier en silence...

Ses deux mains passées dans mon dos, il me tira doucement contre lui, m'obligeant à passer les miennes entourer sa taille. Je déposai le bouquet sur la table où il était toujours appuyé, puis me laissai fondre dans ses bras, le visage collé contre son épaule. Je ressentais contre ma poitrine les battements réguliers de son cœur qui s'accélérèrent lorsque je me mis à lui caresser le dos. Sa chaleur m'enivrait complètement. Il avait raison, le mieux était d'apprécier ce moment dans le silence, car c'était tout de même un bruit.

☯︎

Dix-neuf heures onze.

— Steak frites, steak frites ! Clamait Yumin en regardant le paysage défiler derrière la vitre.

Les yeux rivés sur mon téléphone, j'eus un sourire en l'entendant avoir hâte d'arriver. Ce soir, Taehyung m'invitait dans un restaurant situé à l'autre bout de la ville. Même s'il avait la garde de sa nièce, cela ne l'avait pas empêché de réserver notre dîner en amoureux. Yumin le savait, et avait promis d'être très sage, ce dont nous n'avions aucun doute.

Après notre câlin qui avait duré plusieurs minutes, il avait regardé le bouquet je le lui avais offert et n'avait pas perdu de temps pour le mettre en pot en me remerciant. Si j'avais su que nous allions au restaurant juste après et qu'il m'incite à ne pas prendre d'argent, je lui aurais acheté autre chose que des fleurs. Je me serais peut-être fait gronder, mais je n'aimais pas quand les parts n'étaient pas égales. Et pour le coup, payer une somme conséquente dans un restaurant par rapport à un bouquet de rose, ce n'était absolument pas la même chose Le connaissant, il avait forcément réservé dans un endroit luxueux pour s'être habillé de façon aussi élégante.

Je ne pouvais décrocher mes yeux de lui, de son calme au volant, et de sa main posée sur ma cuisse. Son long manteau noir formait une continuité avec ses cheveux où j'avais envie de passer mes doigts depuis que nous nous étions retrouvés. Yumin était elle aussi bien habillée d'une jolie robe marinière, d'un collant noir et d'une bonne doudoune pour qu'elle n'ait pas froid. Quant à moi, c'était Taehyung qui m'avait prêté des affaires à la place de mes vêtements d'école, soit une simple chemise blanche et un pantalon à pince noir.

A bord de sa Lamborghini Urus Novitec jaune, alias Moutardette, nous roulions sur une route régionale traversant la ville, et je prenais un plaisir fou à regarder les étoiles de la ville défiler devant nous. Cela me refaisait penser à ma première venue ici en tant que Séoulien, il y a un an et demi, lorsque j'étais dans ma voiture et que tout allait encore mal dans mon esprit. Lorsque je repensais à tout ces moments passés, que ce soit mon arrivée, mes achats de meubles, mon entretien à Coquelicot, la rencontre avec Seokjin, Yoongi et Taehyung, mon adhésion, la seconde étoile reçue par Lee Minho, ma croyance comme quoi Yumin était la fille de Taehyung, ma première crise devant eux, Jimin et moi se liant de plus en plus d'amitié jusqu'à l'arrivée de Minkyung pour créer notre trio actuel et inséparable, Namjoon, mon frère prenant des vacances à la maison en se permettant d'inviter mes supérieurs, mon rapprochement avec Taehyung les nuits, mes crises, la lettre d'Hoseok, la philosophie de Jimin, la découverte que Seokjin se faisait battre, ma mise en couple, la vérité sur la mort de Jihyung, Namjoon blessant mon meilleur ami, nos vacances chez ma mère, notre première fois, et aujourd'hui, nos un an.

Ma main sur celle de Taehyung à ma cuisse, je m'accoudais à la fenêtre et regardai les étoiles mystérieuses de la ville défiler à toute vitesse en souriant. Le temps passait beaucoup trop rapidement pour que l'on s'en rende compte. C'est pour cela qu'il fallait toujours apprécier l'instant présent, car plus rien ne pouvait être changé lorsque ce moment tombait dans le passé. Malheureusement, certains d'entre eux n'étaient pas agréables. Mais une fleur passe-t-elle tous ces jours à être jolie avant de perdre ses pétales et de mourir ? Non, elle se fait souvent piétinée avant de se redresser, plus forte qu'auparavant. Voilà pourquoi il ne fallait jamais abandonner, parce qu'un jour, tout fini par s'arrêter et la paix s'installe.

Nous mîmes une vingtaine de minutes en plus pour arriver à notre lieu de rendez-vous, et en sortant de la voiture, je n'en revins pas de la beauté du bâtiment qui se trouvait devant moi. C'était le genre de lieu que l'on voyait dans les films où seuls les riches pouvaient se rendre, où quelqu'un venait garer la voiture et ouvrir les portes. Si cela avait été le cas maintenant, cela aurait fait extrêmement cliché et rien que d'y penser, j'en riais intérieurement. Taehyung avait garé la voiture non loin de l'entrée, et Yumin se pressa à son tour de sortir en clamant qu'elle avait très faim. Restant statique devant le luxe du bâtiment, une main se déposa dans le bas de mes reins, me faisant revenir à moi en tournant la tête vers mon petit ami.

— Si vous voulez bien vous donner la peine, fit-il d'une voix charmante accompagnée d'un magnifique sourire.

Mon cœur loupa un battement et je ne pus m'empêcher de lui rendre son sourire. Yumin trottinant devant nous, nous nous rendîmes à l'entrée et entrâmes dans un hall incroyable. Les lumières, la propreté, l'adresse du personnel, et les clients déjà présents qui aspiraient la richesse. En suivant l'un des membres du personnel, je regardais certaines tables en ne me sentant pas réellement serein, je ne savais pas si j'avais le droit d'être ici. Les femmes, jeunes ou plus âgées, dégageaient quelque chose d'autre, comme si elles venaient d'un autre monde que le nôtre. C'était très étrange comme sensation. Je n'osais pas vraiment regarder plus longtemps en sentant quelques regards masculins sur moi et me contentai de suivre Taehyung, qui tenait Yumin par la main.

J'étais étonné que celle-ci soit autant calme sans que son oncle ne lui dise, mais après tout, peut-être qu'elle avait déjà eu l'occasion de venir dans ce genre de lieu. Machinalement, je mis mes deux mains devant moi comme un enfant timide et me mis à triturer ma Rolex. Depuis que je connaissais Taehyung, c'était la première fois que je la mettais et la troisième fois depuis que je l'avais. Après tout, c'était un inestimable cadeau de ma mère pour me féliciter d'être sorti de l'hôpital psychiatrique.

Installé à notre table placée devant une immense baie qui donnait sur la ville, Yumin laissa la place en face de moi à son oncle et se mit à ma droite, face au paysage. Comparé au voyage dans la voiture, elle était très calme et disciplinée à table. Il n'y avait pas tant de monde que dans les autres parties du restaurant là où Taehyung avait réservé, et ce n'était pas plus mal. Malgré le fait d'accepter notre relation, je ne voulais pas avoir de problème avec cette société fermée d'esprit.

— Je veux ça Tonton ! Fit la petite fille en pointant du doigt un plat de la carte.

Celui-ci regarda ce qu'elle demandait.

— Il y a souvent des olives dans ce genre de plat.

Yumin perdit son sourire. N'ayant pas de steak frites au menu – ce qui n'est pas étonnant, elle devait choisir parmi des plats plus travaillés, à la façon de ceux des adultes. Sauf que malheureusement, elle était allergique aux olives, ce qui l'attristait en constatant que c'était le seul plat qui l'intéressait. Mais elle retrouva rapidement le sourire lorsque son oncle lui affirma qu'il demanderait s'il y en avait bien ou non.

— Que prends-tu Jungkook ?

Je me mordis les lèvres en laissant glisser mon regard sur chaque proposition qu'offrait le restaurant. Certains plats ne m'attiraient pas du tout, d'autres me paraissaient incroyablement succulents. Il y avait même un eisbein, mais jamais il n'allait être aussi mieux cuisiné que celui de ma mère, alors je l'avais rapidement mis de côté. C'était étonnant qu'il y ait plusieurs plats provenant d'autres pays, c'était très varié même ; de quoi faire le tour du monde.

— Le Koulech au poisson, répondis-je en levant les yeux vers lui.

J'avais opté pour le voyage en Russie. Etant allé beaucoup en Allemagne, j'avais eu l'occasion de goûter à plusieurs saveurs différentes provenant des pays voisins, et je voulais changer de l'asiatique. Taehyung prit la même direction que moi mais en allant plus loin ; en Angleterre. Rapidement, une serveuse vint vers nous et nous demanda notre choix, avant de rebondir sur la proposition d'un apéritif. D'un coup d'œil mutuel, nous acceptâmes et Yumin ne prit pas longtemps pour choisir un Ice Tea, boisson uniquement réservée jusqu'à un certain âge.

— Est-ce qu'un vin te tente ?

Il ricana en voyant mon froncement de nez.

— Une coupe de champagne ?

— Je ne bois pas d'alcool, gonflai-je légèrement les joues. Mais je veux bien essayer ça.

Même si je n'étais pas certain de mon choix, le voir sourire de toutes ses dents me rendait heureux. Après tout, son problème d'alcoolisme datait maintenant d'un an après d'énormes efforts de sa part, alors je pouvais bien faire ça pour lui. Joyeux, il fit parvenir notre choix à la serveuse d'un large sourire. J'eus seulement un mauvais œil lorsque je remarquai que cette femme fixait un peu trop mon petit-ami pour que ce soit normal. Mais restant professionnelle, elle prit notre commande en nous affirmant que nos deux coupes allaient arriver rapidement.

Lorsqu'elle fut partie, Taehyung se mit à chercher quelque chose dans ses poches sous un sourire de Yumin. De son manteau, il sortit une petite boîte empaquetée d'un papier cadeau rouge, et le fit glisser jusque devant moi. Abasourdi par ce présent, je commençai à m'en vouloir de plus en plus de ne lui avoir acheté qu'un bouquet.

— Ne pense pas à ça Jungkook, me rassura-t-il en se remettant droit sur sa chaise. Tes roses sont très bien et ce qui m'importe le plus, c'est que tu sois là, rien d'autre.

— Et moi alors ? Bouda Yumin en croisant ses bras à sa poitrine.

Son oncle se mit à ricaner et lui caressa les cheveux en insistant sur le fait qu'il était tout aussi heureux qu'elle soit avec nous. Je ne pouvais pas dire mieux, mais quand bien même, il m'offrait un cadeau et un restaurant. Il allait falloir que je lui achète quelque chose en retour, et ce même si je dois me faire rouspéter.

Timidement, je pris le petit paquet en jetant un œil aux deux qui me fixaient avec hâte que je l'ouvre, ce que je fis assez rapidement malgré moi. Je tombai alors sur une petite boîte bleue simple, avec le nom d'une bijouterie sur le haut. Je ne voulais pas qu'il ait dépensé une fortune pour moi. En l'ouvrant avec un dernier regard dans la direction de Taehyung, je vis à l'intérieur de cette petite boîte une bague en argent massif classique. C'était un simple anneau, sans motif ni rien, mais il était tout de même magnifique.

— Tes mains ont besoin d'être habillées, sourit-il pour l'énième fois.

— Elle est super belle, complimentai-je en la prenant entre mes doigts.

— C'est Tonton et moi qui l'avons choisie ! Il voulait pas quelque chose de trop voyant alors on a pris celle-là !

Je lui souris grandement et je testai sur lequel de mes doigts elle allait le mieux, jusqu'à trouver une très bonne place ; l'annulaire de ma main droite, accompagnée de ma Rolex. Mettant ma main devant moi pour avoir une vue d'ensemble, je ne pouvais pas m'empêcher de sourire en voyant qu'elle m'allait vraiment très bien. Je n'avais jamais pensé à mettre des bagues, et finalement, j'aurais dû franchir le pas plus tôt. En plus, comme l'avait dit Yumin, elle restait visible tout en étant discrète.

Taehyung prit ma main dans les siennes pour inspecter les dimensions, qui étaient parfaites, ainsi que comment il trouvait le rendu. Voyant son visage satisfait, je n'avais pas à chercher loin la réponse ; cela lui plaisait. Naturellement, Yumin voulut voir aussi et en lui donnant ma main, la serveuse revint avec son Ice Tea et nos deux coupes de champagne. En nous servant, je ne pouvais pas détacher mon regard de Taehyung, et lui non plus, j'avais une envie folle de le remercier en le serrant dans mes bras, en embrassant ses lèvres qui m'appelaient depuis longtemps, sauf que je me devais d'attendre notre retour à la maison. Nos verres prêts et la serveuse partie, je pris ma flûte entre deux doigts en même temps que lui, et il la leva, ses yeux sombres plantés dans les miens. Yumin leva elle aussi son verre de ses deux mains quelques secondes avant de le boire sans nous attendre.

— A notre histoire qui restera la plus belle de toutes, souffla-t-il d'une voix charmante.

Mes joues commençaient à me tirer tellement je souriais depuis notre installation. Incroyablement heureux, j'acquiesçai et nous trinquâmes ensembles, un bruit cristallin résonant dans notre petite bulle. Et un rire l'accompagna lorsque je grimaçai au goût du champagne.

☯︎

Neuf heures cinquante-six.

Je ne savais pas comment réagir. Ma main restait bloquée sur mon téléphone à mon oreille, le regard dans le vide, l'esprit détruit. Comment ? Pourquoi ? Les pleurs qui retentissaient dans mon âme étaient impossibles à faire sortir, tout restait coincé au fond de ma gorge. Assis dans notre lit, mon regard dévia sur Taehyung, à mes côtés, qui me fixait avec une inquiétude très profonde.

Je voulais attendre que ce soit terminé pour t'appeler, je ne voulais pas t'inquiéter...

Entendre sa voix se briser me donnait de plus en plus envie de pleurer. Mes yeux me piquaient fortement, jusqu'à ce que quelques gouttes s'en échappent malencontreusement, multipliant l'anxiété de mon petit-ami. Voyant que mon état de détériorait au fur et à mesure des secondes, il passa un bras autour de mon bassin et m'attira contre lui pour tenter de me réconforter.

— E-Est... Est-ce qu'il a souffert... ? Réussis-je à articuler, la bouche pleine de mucus.

Je passai mon poignet à mon nez et reniflai en attendant sa réponse.

Le vétérinaire a dit que non, qu'il est parti tranquillement...

Je n'arrivais pas à être rassuré, je ne pouvais pas. J'avais passé tellement de temps avec lui que de me dire que je n'allais plus jamais le voir me broyait le cœur. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'imaginer à quel point il avait pu avoir mal lors de l'accident, cela m'était impossible.

Orky, le plus jeune de mes chiens, venaient de mourir hier midi.

Trois jours auparavant, en milieu d'après-midi, ma mère était allée promener mes chiens en rentrant du travail, une habitude qu'elle avait depuis quatorze longues années. Elle était allée à leur endroit préféré, vers le lac à l'ancienne gare où je jouais beaucoup avec Jihyung étant enfant. Seulement ce jour-là, les deux mâles, Néo et Orky, avaient vu un gibier et s'étaient mis à courir derrière, comme tout chien avec l'instinct de chasseur. En voulant sauter par-dessus un fossé, mon chien s'est mal réceptionné et est tombé au fond, lui causant ainsi une paralysie de l'arrière-train. Alertée par son hurlement, ma mère a accouru à lui et l'a directement emmené chez le vétérinaire, le stress jamais aussi élevé depuis l'histoire de Tokyo. Le résultat était qu'en plus de sa paralysie, de nombreuses fleurs mauves maquillaient son corps, ce qui aggravait son état. Bien sûr, lors de la proposition d'une opération, ma mère n'avait pas réfléchi à deux fois pour dire oui. Celle-ci s'était donc déroulée hier matin après avoir été sous une surveillance très haute des vétérinaires, et s'il s'était réveillé, il aurait pu être de nouveaux sur pattes, comme auparavant, comme si rien ne s'était passé. L'opération avait été un succès, mais malheureusement, Okry ne s'est jamais réveillé et est parti rejoindre les cieux à midi.

Ce que je me dis pour relativiser... Continua ma mère, la voix faible. C'est qu'il a eu une belle vie, et que maintenant il a retrouvé son papa et son frère adorés...

Cette phrase fut celle de trop ; je fondis complètement en larmes en imaginant inconsciemment la scène de retrouvaille qui brisant mon cœur en mille morceaux. Taehyung me serra contre lui en passant sa main dans ma chevelure. Même si Orky arrivait en fin de vie, quatorze ans est vieux pour un lévrier whippet, c'était beaucoup plus douloureux de savoir qu'il est parti suite à un accident et non pas par vieillesse. Mais maintenant, ce qui m'inquiétait, était que les deux autres étaient aussi en fin de vie. Qu'allait faire ma mère si elle se retrouvait toute seule pour de bon ? Il fallait que j'aille la voir.

— Maman... Je prends le prochain train et j'arrive, d'accord ?

Non loulou, refusa-t-elle directement, reste auprès de Taehyung et fini ta semaine tranquillement... Tu as des cours importants... Orky va se faire incinérer, quand tu reviendras, on ira l'enterrer tous les deux, d'accord ?

Sa réaction ne m'étonnait pas tant que ça. J'aurais même pu la prédire en réalité. Elle savait que Taehyung m'aidait énormément à aller mieux, qu'avec lui, elle n'avait pas à s'inquiéter. Sauf que ce n'était pas réciproque. Je connaissais ma mère, elle disait cela mais ne voulait pas pour autant être seule. Il me restait encore trois jours avant de pouvoir rentrer la voir.

A la fin de notre conversation, après que je me sois assuré que tout allait aller bien, je réservai directement mes billets de train pour le vendredi soir à la fin des cours. Taehyung n'avait pas dis un mot depuis cette mauvaise nouvelle, il restait collé à moi, le souffle lent, les yeux rivés sur la moindre expression que je pouvais avoir. De mon côté, mon cerveau avait fini de fonctionner, mes larmes glissaient encore sur mes joues, ma gorge avalait d'elle-même l'excès de mucus, comme si j'étais parti dans un état second.

Il était inutile de partager cette douleur que l'on pouvait avoir lors d'un décès d'un animal de compagnie à une personne qui n'en avait pas. Celle-ci ne pouvait pas comprendre, tout comme une personne qui n'a jamais perdu un membre de sa famille, le monde ne pouvait pas comprendre ce déchirement spontané lorsque la nouvelle arrivait. J'avais passé la moitié de ma vie avec cet adorable chien, et tous ces souvenirs venaient de partir en éclat ; Orky, tout comme mon père et Jihyung, vivaient désormais à travers la mémoire de mon cœur.

Dix-heures vingt.

Las, je quittai les bras de Taehyung et sortis du lit en remettant mon boxer qui traînait au sol. J'avais cours à onze heures, et je n'étais absolument pas d'humeur à y aller, ni même à voir du monde. J'étais épuisé. Ma démarche ressemblait à celle d'un ivrogne, emplie de haine et de tristesse face à ce monde qui me volait tous ceux que j'aimais autour de moi. Qui allait être le prochain ?

Difficilement, j'entrai dans la salle de bain avec des affaires propres dans les bras. Je ne sais pas comment j'ai pris ma douche, plus rien ne fonctionnait, je ne me rappelais pas si j'avais bien frotté, quel vêtement j'avais mis en premier, je n'avais strictement aucun souvenir. Mon esprit est revenu lorsqu'en sortant de la salle de bain, j'étais tombé sur Taehyung, qui m'attendait patiemment depuis une quinzaine de minutes. Doucement, je fermai la porte dans mon dos en le regardant dans les yeux. Seul son peignoir noir l'habillait.

— Tu es sûr d'être apte à aller en cours ? Demanda-t-il sur un ton posé.

Je haussai les épaules en baissant les yeux.

— C'est bientôt les partiels, il faut bien que j'y aille... Et puis je n'ai pas beaucoup de cours aujourd'hui...

Je me frottai les deux bras de mes mains pour me réchauffer. La fatigue me donnait froid.

— Tu finis à quelle heure ?

— Seize heures...

Lentement, sa main vint à mon visage pour le caresser. Je devais sûrement avoir les yeux rouges comme si j'avais fumé de mauvaises choses.

— Si jamais ça ne va pas, tu rentres, d'accord ?

Je humai en souriant légèrement. J'aimais beaucoup lorsqu'il était aussi attentionné quand quelque chose m'empêchait d'avoir la conscience, et voir dans ses yeux cet éclat amoureux lorsqu'il me regardait.

Ce fut comme cela qu'après avoir manger quelques gâteaux en compagnie de Yumin qui venait de se réveiller, je partis pour mon école sous le ciel gris. En temps normal, j'aurais eu la tête dans les étoiles, le sourire aux lèvres à ressasser le soir et la nuit précédente. Seulement, ce n'était pas le cas. Je marchais, mon sac sur une épaule, le nez au sol à regarder mes chaussures apparaître et disparaître au fur et à mesure de mes pas, l'esprit vide. Je ne savais pas par quelle force je marchais, que je tenais debout, que je réussissais à me motiver d'aller en cours, même si je savais à l'avance que je n'allais pas écouter grand-chose.

Mon téléphone vibra dans ma poche.

Soupirant, je le sortis et mon cœur manqua un battement en voyant de qui le message provenait, et surtout, ce qu'il contenait. C'était une photo d'hier soir, de Taehyung, Yumin et moi en train de dîner dans la joie et la bonne humeur. Un grand sourire animait mon visage, je ne savais plus de quoi nous devions parler pour que je sois aussi joyeux.

INC#NNU :
Tu oses sourire en lui cachant
toujours qui tu es vraiment ?

Un frisson d'effroi me parcourut le dos. Je ne comprenais pas quelles étaient les intentions de Namjoon pour aller jusqu'à engager quelqu'un pour nous – ou me, surveiller. Cette photo me rendait malade, envahissait mon corps de terreur et manqua de me faire perdre l'équilibre à cause de l'impact que cela venait de faire sur mon esprit. Comment avait-il su que nous allions dans un restaurant ? Pourquoi aller jusqu'à nous prendre en photo ?

JUNGKOOK :
Fous-moi la paix.

La réponse fut presque instantanée.

INC#NNU :
Je te l'ai dis, c'est à condition
que tu me donnes la vidéo.

Remarquant que je passai devant mon appartement, je m'arrêtai en regardant mes volets fermés. Je n'étais pas d'humeur. Est-ce que c'était grave si je lui donnais la vidéo ? Est-ce qu'il allait véritablement me laisser tranquille après ça ?

JUNGKOOK :
Si tu la veux vraiment, il
faut que ce soit en publique.

Peut-être que si c'était devant beaucoup de personnes, cela l'empêcherait de faire quoique ce soit. Je voulais être tranquille.

INC#NNU :
Pas de problème.

Je fronçai les sourcils devant cette réponse rapide avant d'en être étonné. Je ne pensais pas que cela allait être aussi rapide. Mon souffle fut étrangement calme alors que mon cœur battait à la chamade, comme si lui, me prévenait d'un danger imminent. Je savais quel était le danger, Namjoon en était l'incarnation. Mais jusqu'où allaient ses pulsions ? Est-ce qu'il serait prêt à commettre un acte impardonnable autour d'une centaine de personnes dans un endroit public ? J'en doutais. Après tout, il avait une position certes très élevée, mais l'argent n'achetait pas l'entièreté de la justice s'il y avait assez de preuves contre lui.

INC#NNU :
Aujourd'hui, ça te va ?

JUNGKOOK :
Je termine les cours à
seize heures.

INC#NNU :
Très bien, choisi l'endroit
que tu souhaites.

En lisant son message, je ne savais pas si je devais être rassuré ou non du fait qu'il me laissait choisir l'endroit de notre rencontre. Le premier lieu qui me vint directement en tête fut Coquelicot, sauf qu'il était hors de question que je mette en danger Taehyung, Seokjin, Yoongi et tous ceux avec qui je travaillais chaque soir. Je n'avais pas envie d'y aller seul, mais je ne pouvais pas me permettre de demander l'accompagnement de Jimin ou de Minkyung. Eux deux étaient des victimes de Namjoon et ils m'inciteraient par tous les moyens de ne pas y aller ; ils n'hésiteraient pas à prévenir Taehyung du danger qui se tramait au dessus de ma tête à partir de ma toute première réponse. Il était simplement hors de question, et ce, même si j'avais peur d'être seul.

Avant de lui répondre, je décidai de monter rapidement à mon appartement pour récupérer le carton tant voulu. Je savais que la carte SD était encore à l'intérieur de la caméra, ma mère ne l'avait pas retiré en la mettant dedans et heureusement, qui sait ce qu'il ce serait passé si je l'avais perdue quelque part ? En ouvrant ma porte, je ne pris pas la peine d'allumer la lampe et allai directement vers mon lit pour y récupérer la boîte en carton, qui n'avait pas bougé depuis un an et demi. Je soupirai en le prenant entre mes deux mains. J'avais du mal à croire que cette chose pouvait en une seule seconde m'envoyer sous les barreaux et gâcher à nouveau ma vie à jamais. Je ne sentais plus l'esprit de Mina comme auparavant. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose ?

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