Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

00:02:00


Tout se passait bien. Elle était là, en face de moi, à parler de ce qu'elle avait fait ces dernières années. Un large sourire étirait ses lèvres rosées, la pièce était plongée dans une ambiance chaude, et une tasse de café se posa sur la petite table entre nous. L'atmosphère n'était pas lourde, au contraire, j'étais plutôt content de la revoir. Levant la tête pour remercier la personne qui venait de nous servir, j'eus un haut le cœur. Je n'arrivais pas à le reconnaître.

Sa peau tombait, était fripée comme si elle avait été trop longtemps sous l'eau, et son ventre était transpercé par une sorte de barre en fer. Je voulus sortir de mon fauteuil mais il m'était impossible de bouger outre mes yeux. J'étais paralysé de la tête aux pieds, mon cœur tambourinait dans mon crâne, et une envie de rire me prit. Seulement, je reposai mon regard terrifié sur la jeune femme qui se trouvait devant moi avant de sentir mon estomac remonter jusqu'à ma gorge. A son tour, son physique était devenu celui d'une momie ; cheveux coupés n'importe comment, hémoglobine et hématomes partout sur le visage et sur le corps, plusieurs trous dans l'abdomen. Les deux me sourirent de leurs dents rouges, en se mettant à rire à gorge déployée.

Brutalement, je hurlai et me retrouvai dans mon lit, le souffle court, la peau suintante accompagné d'une chaleur atroce. Ayant du mal à respirer, je mis une main sur mon cœur qui battait horriblement vite, et l'autre sur ma tempe dû à un soudain mal de crâne. Mon estomac se tordait dans tous les sens, et comprenant que mon dîner n'était pas très loin, je me levai du lit en manquant de tomber. Je ne savais pas par quel moyen j'étais parvenu à me rendre dans la salle de bain de l'étage, c'était comme si j'avais avancé grâce à un mur sur des kilomètres entiers. J'étais frigorifié. Mon corps était pris de multiples frissons qui ne firent qu'empirer lorsque je rejetai mon dîner dans les toilettes. Mon dos me brûlait, mes muscles ne voulaient plus me répondre, et je manquai de m'effondrer au sol. Les deux genoux à terre, affalé sur la cuvette, la tête couchée sur un bras, mon regard se perdit devant moi, sur les quelques produits de beauté que je ne voyais pas. La douleur et la fatigue me faisaient perdre mes facultés.

Quelques spasmes me prenaient, accompagnés de larmes silencieuses. Je voulais retrouver ma vie d'avant, où tout allait bien, où je pouvais compter sur des personnes qui ont aujourd'hui disparues de ma vie. Je voulais les retrouver, leur expliquer tout ce qui n'allait pas, tout ce que j'avais sur la conscience, extérioriser cette colère et cette haine constante qui coulaient dans mes veines, pleurer jusqu'à m'en déchirer les cordes vocales.

Il me manquait.

Chaque nuit je pleurais sa disparition. Chaque nuit je me demandais comment nous avions pu en arriver jusqu'ici. Est-ce que tout allait bien de son côté ? Est-ce qu'il était devenu aussi malheureux que moi, ou avait-il rencontré une nouvelle personne ? Chaque jour, chaque instant, son visage, son odeur, ses rires, ses pleurs, tous les souvenirs ne devenaient plus que des images floues qui disparaissaient par la suite. Je ne me souvenais plus de nos jours heureux. Je ne me souvenais plus de quelle couleur était ses yeux, ses cheveux, ce vide incontestable me tuait petit à petit. Etais-je au moins sûr que j'étais encore vivant ? Je ne voulais pas le savoir.

— ...kook... ?

D'un sursaut, je repris contrôle de mes mouvements et tournai la tête vers l'entrée de la salle de bain.

— T...

Je m'interrompis. Zhu était là, en chemisette, à moitié endormie, en train de me fixer d'un air inquiet. Subitement, ses yeux devinrent aussi ronds que ceux d'un poisson lorsqu'elle regarda le bas de mon corps et se précipita en vitesse vers moi. Mais à peine eut-elle posé un doigt sur moi que je repoussai violemment son contact.

Ce n'était pas elle que je voulais.

— Jungkook, tu as des griffures partout...

Epuisé, je levai mes yeux vers elle, mais je ne voyais qu'une masse floue et comprenais à peine ce qu'elle disait. Mon corps me brûlait, des larmes coulaient sans limite sur mes joues et je soupirai longuement, comme si je tentais de calmer quelque chose d'invisible en moi. Quelqu'un s'approchait de plus en plus près, mais mon état intérieur ne me permettait plus de bouger le moindre doigt. Alors je baissai les épaules, abandonnai, et me laissai envahir par les ténèbres.

☯︎

— Jungkook, tu es sûr que ça va mieux ?

Une main se posa sur mon épaule que je m'empressai de retirer d'un mouvement brusque.

— Je te dis que oui !

Agacée par mon comportement, Zhu soupira et se laissa tomber sur l'autre partie du canapé d'angle, l'attention coincée sur son téléphone. Mes yeux me piquaient, l'entièreté de ma peau me brûlait, et du bout des doigts, je touchai mon cou en grimaçant. Je ne savais pas comment cela avait-il pu arriver, mais en me réveillant ce matin, j'ai remarqué d'énormes griffures sur mon torse, mon dos, mes côtes, montantes jusqu'au menton. Elles étaient d'une rougeur terrifiante et me faisait énormément souffrir à chaque mouvement que je pouvais faire. Même en me douchant, j'avais l'impression que mon corps allait exploser et cela n'avait fait que d'aggraver la douleur. Je soufflai de fatigue lorsqu'une violente toux me prit. Une toux irritante, affreuse, qui transformait ma gorge en un véritable enfer.

Pour ne pas attirer les questions curieuses de Zhu, je me forçai de ne plus tousser et partis en vitesse à mon bureau. Enfermé à double tour, je m'assis sur le canapé avec difficulté avant qu'à nouveau, je ne manque de cracher mes poumons à chaque toux. Mon cœur me faisait horriblement mal, ma gorge brûlait, c'était comme si des milliards de lances se plantaient en même temps dans ma chair, de plus en plus profondément. Puis soudain, à l'intérieur de ma paume, je sentis quelque chose de gluant. Du sang.

Du sang.

Alerté, je me levai du canapé et titubai vers mon bureau, continuant de cracher dans ma main. Je détestais quand ça m'arrivait et je faisais tout pour que ma mère ne soit pas au courant, cela impliquait forcément Zhu. Cette dernière se présenta derrière la porte et posa une question que je n'entendis pas, piégé dans cette toux interminable et souffrante. D'un tiroir, je sortis une boîte de médicaments et m'empressai de prendre quelques cachets pour les avaler d'un seul coup. Je dus taper sur ma poitrine pour espérer les faire descendre sans eau.


Midi dix.

Allongé sur le canapé du salon, un coude sur les yeux et l'esprit légèrement tranquille, j'écoutais la légère musique de la pluie s'abattant sur le balcon. Aucun autre son ne venait gâcher ce rare moment de paix. Zhu était partie faire quelques courses, peut-être voir son amant au passage pour mettre aussi longtemps, mais ce n'était que bénéfique. Personne n'était là pour m'énerver. Dans ces moments-là, lorsque ma colère éternelle s'endormait, je me mettais à penser au passé. Le ressasser, creuser au plus profond de ma mémoire pour tenter de me souvenir de détails insignifiants qui avaient leurs importances. Une part de gâteau, une bague, un gorille, une maladresse, une philosophie. Je me sentais vide, seul, mais ces bandes d'images qui passaient devant mes yeux consolaient cette solitude quotidienne. C'était ce qui me permettait de rester en vie. Si je passais la ligne, je ne serais plus capable de me souvenir de tous ces détails, et c'était là ma plus grande peur ; oublier.

Malheureusement, les sons, les odeurs, et les sensations étaient parti depuis longtemps. Il ne me restait plus que des images, certaines plus floues que d'autres. J'essayais de me souvenir à quel point j'avais aimé, à quel point le monde qui m'entourait était devenu sombre et invivable. Nos jours heureux étaient si loin. Que devenaient-ils tous aujourd'hui ? L'envie de tous les revoir me tuait. Je voulais que celui pour qui mon cœur battait encore m'apprenne comment sourire à nouveau.

— C'est moi !

Brutalement, je sursautai et soupirai en réalisant que c'était Zhu. J'étais tellement dans mes pensées que je ne l'avais absolument pas entendue rentrer et je fus contrarié que cet instant calme se termine trop vite. L'entendant aller dans la cuisine ouverte sur le salon pour commencer à déballer les courses, je n'eus pas la force de bouger et la laissai faire seule.

— Demain il y a Christopher qui passe ici, je l'ai invité à boire un verre.

— Je ne suis pas là demain.

Je profitai de l'occasion pour lui annoncer mon départ en vacances. Chaque fois que je devais le faire, elle m'en voulait une semaine après mon retour. J'avais très bien cerné depuis le début qu'elle jouait la comédie pour se faire passer pour la petite-amie contrariée et qui avait besoin d'attention pour être pardonnée. Je ne supportais pas ce genre de comportement, alors elle n'avait jamais ce qu'elle voulait.

— Comment ça, tu n'es pas là ?

Je levai les yeux au ciel sous mon coude.

— Je rentre prendre des vacances chez ma mère.

— Oh je peux ve-

— Non, la coupai-je d'un ton catégorique.

Elle râla en continuant de ranger les courses. Ce n'était pas la première fois qu'elle réclamait de venir avec moi à Busan, et il était hors de question qu'elle n'entre dans ma vie privée. Ma mère ne voulait pas la voir à cause des quatre vérités sur elle qui sortaient de ma bouche à chaque fois qu'on s'appelait. Après tout, en presque un an de connaissance, Zhu ne savait strictement rien sur ma vie contrairement à moi, qui connaissait chaque détail de la sienne. Les fois où elle me posait des questions, je ne répondais pas ou j'évitais en passant sur autre chose.

— Tu passeras le bonjour à tes parents.

— Mh.

Je n'allais pas le faire, même si cela partait d'une bonne intention. Elle ne savait pas que mon père avait quitté ce monde depuis treize ans, la disparition de mon frère, l'histoire de Tokyo, mes relations passées, tout. Ses informations sur moi se limitaient à savoir la date de mon anniversaire, et cela était déjà beaucoup trop lorsque je voyais le peu d'effort qui émanait d'elle. Seul Elisio en savait un peu plus sur mon passé, mais rien d'exceptionnel quand je repensais à certaines personnes qui pouvaient aisément écrire un roman entier sur ma vie, dans les moindres détails.

Toujours allongé sur le canapé et mon coude sur les yeux, je tâtai aveuglement de mon autre main la table basse pour prendre mon téléphone.

Midi trente.

Aucun message, aucune notification d'une quelconque application. Je réservai mon train pour le lendemain, le plus tôt possible. Trois heures de trajet. Partir d'ici à six heures et rejoindre la gare pour sept heures, arrivée à dix heures. Cela laissait le temps à ma mère de se lever tranquillement pour venir me chercher. Je ne réfléchis pas à deux fois et pris directement ce trajet avant de me lever pour aller faire ma valise. Je ne savais pas pour combien de temps je partais. Peut-être une semaine, deux semaines, je ne savais pas. Tout dépendait de l'avis de ma mère.

Soudain, alors que je m'apprêtais à monter les escaliers pour l'étage, deux bras enroulèrent ma taille. Un coup de jus brutal me parcourut le corps et je retirai violemment cette étreinte inconnue en me retournant. D'elles-mêmes, mes mains commencèrent à gratter mon ventre, mes hanches et un élan de colère me prit de nouveau. C'était Zhu, la mine contrariée.

— Jungkook... Fit-elle d'un soupir. Je suis vexée du fait que tu ne veuilles jamais me raconter ton passé... Je ne connais rien de toi...

Je serrai les poings en me forçant de ne pas me gratter. Ma peau me brûlait déjà beaucoup trop à cause de la multitude de griffures. L'analysant de haut en bas, je me mordis les lèvres d'une manière agacée.

— Je n'aime pas en parler, je te l'ai déjà dit, refusai-je d'un ton sec.

Elle leva les yeux au ciel, ce qui eut don de m'énerver encore plus.

— C'est si horrible que ça ?

Je ne répondis rien et me tournai dos à elle dans les escaliers sans pour autant monter les marches.

— Me parler de tes amis, de ta famille, si tu as eu une petite amie, où tu as grandi, la base, quoi !

— Je ne veux pas. C'est trop compliqué à comprendre ?

Je sentis ma nuque me piquer. Elle devait sûrement me tuer du regard en ce moment même, et je n'en avais que faire. Le problème avec elle, c'était qu'elle ne savait pas s'arrêter. Si elle voulait savoir quelque chose, il lui était impossible de comprendre les limites et les lignes qu'il ne fallait pas franchir. Surtout envers moi et mon passé qui me suivait depuis tant d'années.

— Allez quoi ! Ce n'est pas comme si tu avais tué quelqu'un !

Mon cœur sauta dans ma poitrine et ma respiration se bloqua. Pour quelle raison voulait-elle avoir des informations inutiles sur moi ? Pourquoi fallait-il qu'elle émette le meurtre comme moyen de chantage ? Je n'avais rien fait. Mon corps se mit à trembler et je l'entendais parler sans pour autant comprendre ce qu'elle disait. Non, ce n'était pas moi qui l'avais tué. Par quelle bonté des Dieux étais-je toujours libre, d'ailleurs ? Pourquoi n'étais-je pas en train de purger ma peine ? Je lâchai un soupir et tentai de maintenir ma haine.

— Je n'ai pas envie d'en parler, enchéris-je d'un ton froid.

Ne comprenant rien à ma volonté, elle continua, un sourire béat au visage :

— Avant ton départ, on pourrait s'amuser à ce que je devine ta vie, non ?

Si Elisio était toujours dans la positivité grâce à sa personnalité, Zhu n'était actuellement pas du tout naturelle et prenait même l'air de se forcer à vouloir en savoir plus sur moi. Ou peut-être que son envie de découverte était réelle, sans arrière-pensée et qu'elle était réellement curieuse de ce qu'il avait bien pu se passer autrefois. Mais je ne croyais pas à cette hypothèse. Cette femme n'était à mes côtés que pour mon succès, la reconnaissance qu'elle pouvait en tirer et mes informations personnelles pour des fins que je ne voulais pas chercher à savoir. Elle était agaçante, ennuyante, inintéressante, tous les facteurs étaient réunis pour continuer à dégringoler la pente. Aucune prise n'était possible sur ce mur de verre où je tombais désespérément depuis deux ans.

Je me retournai, le visage crispé d'énervement.

— Zhu, quand est-ce que tu vas comprendre que quand je n'ai pas envie de faire quelque chose, ça veut dire que je ne veux pas ? Crachai-je avec dédain. Que tu saches si j'ai des frères ou sœurs, quelle taille je faisais à dix ans ou même quels étaient les noms de mes chiens, ça va t'avancer à quoi ?

Elle fronça immédiatement les sourcils.

— Alors selon toi, je n'ai pas le droit de vouloir en savoir plus sur mon petit-ami ?

Je tiquai au dernier mot et me mordis les lèvres. Il m'était insupportable d'entendre ce mot sortir d'entre ses lèvres pour me décrire.

— Ce n'est pas le fait ne pas avoir le droit, le problème, je me remis à monter les escaliers. Ce qu'il te manque c'est la discipline et le respect des choix des autres.

Sans plus de parole, je sortis de son champ de vision en disparaissant à la mezzanine afin d'aller faire ma valise. Finalement, Maman avait raison ; prendre quelques vacances n'allait pas me faire de mal.


☯︎


Six heures six.

La respiration coupée, je verrouillai la porte d'entrée de mon appartement dans le plus grand des silences. Une petite mélodie provenant du digicode confirma la fermeture, et je relâchai mes poumons. Je n'avais presque pas fermé l'œil de la nuit, et ce même en allant me coucher sur le canapé pour éviter Zhu. Mon corps me brûlait encore un peu à certains mouvements à cause des griffures venues de nulle part. Bien visibles à mon cou et je m'étais vêtu d'un col roulé noir afin de les cacher.

Je ne perdis pas de temps pour partir de cet endroit. N'étant pas trop loin de la gare, je décidai de m'y rendre à pied. Le visage au froid, ma valise traînée derrière moi, j'inspirai profondément l'air frais qui s'offrait à moi. Puis je me mis en route à travers les rues à moitié désertes. Quelques voitures passaient, peut-être étaient-ce des personnes qui partaient ou rentraient du travail. Peu de passants trainaient les rues à cette heure-ci, les réverbères scintillaient comme des étoiles en compagnie des néons de quelques magasins. Le froid mêlé à une légère brise me grignotait la peau au fur et à mesure de mes pas, je n'entendais pas ma valise faire le vacarme du diable. Ce silence urbain était plaisant.

Sept heures dix.

Installé à ma place dans le train, je sortis mon téléphone et mes écouteurs des poches de mon manteau. Une légère musique de trois heures mise pour détendre mon esprit, j'envoyai un message à ma mère pour lui annoncer mon départ avant de regarder par-delà la vitre. Sur le quai suivant, beaucoup de personnes attendaient la venue de leur train. Des enfants, des adolescents, des adultes, des papis et des mamies, des étrangers, des natifs, des petits, des grands. Certains étaient chargés comme des mules, d'autres n'avaient qu'un petit sac, voyageurs habitués. Peut-être qu'ils partaient en vacances dans le sud, peut-être retournaient-ils sur leur lieu de travail pour la semaine, ou peut-être avaient-ils une autre raison de prendre le train.

Quelle était la mienne ? Pour combien de temps partais-je ? Je n'avais pas dit à Zhu à quelle heure je partais aujourd'hui. C'était trop tard pour lui envoyer un message alors que cela faisait déjà une heure que j'étais parti. Et puis, à quoi cela pouvait-il servir ? Lorsqu'elle allait remarquer mon absence, je ne me faisais aucun souci que son soi-disant invité d'aujourd'hui allait rester plus longtemps que prévu pour lui tenir compagnie. J'eus un rire jaune en pensant à cela, les douces mélodies tournaient dans mon crâne.

Où penses-tu qu'ils partent ?

Aurais-je demandé, le regard observateur sur le quai en face. Je l'aurais ensuite fixé, je me serais souvenu de la douceur des trais de son visage, de la joie qui éclatait dans mon cœur lorsque je le voyais sourire, du soutient psychique que me procurait sa chaleur et sa présence. Seulement, le ciel était gris, le temps froid et fade.

— Je ne sais pas...

Aurait-il répondu, l'air mystérieux accompagné d'un rictus.

— Sûrement pas à un endroit où nous seuls détenons la clé...

Peut-être qu'un rire sincère m'aurait échappé.

Oui, peut-être qu'un rire aurait pu refaire surface.

Lorsque le train se mit à partir, je fermai les yeux et essayai de détendre mes muscles tendus depuis trop longtemps. Bercé par la vitesse, une voix se mit à chantonner au rythme de la musique.

Jungkook le roi de l'eau, Poséidon n'a qu'à bien se tenir !

Je tapai discrètement à l'épaule mon grand-frère pour le faire taire. Qu'avais-je dit ensuite pour qu'il gonfle les joues, et croise les bras sur son torse fin pour se remettre à regarder le paysage rural défiler derrière la vitre ? Maman nous observait avec fierté, assise en face, les deux mains occupées par un livre. Je n'aimais pas vraiment quand elle pensait ça de nous avec nos fuites derrière son dos, après l'école.

Le train fut un peu plus secoué que d'habitude, et j'eus une réaction qui avait disparue de mes compétences. Je me souviens que prendre les transports en communs de ce genre avait toujours été mon péché mignon, depuis tout petit. Quand on partait en vacances, je m'impatientais souvent plus pour le voyage en train ou en avion que pour la destination elle-même. Mes parents me demandaient toujours comment je pouvais autant aimer ce genre de transport. Je leur répondais que ce que j'aimais ; c'était la vitesse.

Les paysages flous derrière les vitres étaient une chose que je pouvais regarder des heures non-stop. Observer à quel échelle le monde et le temps passaient vite, un jour tout va bien, l'autre tout prend un tournant, et le dernier tout ne devient plus qu'enfer. Trois jours pouvaient suffire pour basculer de l'autre côté. Si seulement j'avais su que ma mentalité d'autrefois était vraie, peut-être qu'aujourd'hui, je ne serais pas ici. Peut-être que les choses auraient tourné dans le bon sens. Plus on grandissait, plus le temps allait vite jusqu'à reposer dans une boîte étroite. Je me sentais déjà enfermé dans cette boîte, mais le repos ne voulait pas faire partie du voyage.

Je reçus une tape derrière le crâne, me faisant lâcher un léger cri et regarder mon frère.

C'est ma vengeance !

Je n'arrivais plus à me souvenir des paroles que j'avais pu lui dire à ce moment-là. Ma voix s'évaporait dans l'air, les images se flouaient. Maman se mit à rire face à nos deux têtes perdues. C'était la seule que je voyais nettement. Jihyung, j'avais du mal à me rappeler du son que provoquait ses rires, de la forme de son sourire, de sa façon à détendre l'atmosphère peu importe la situation.

D'entre mes lèvres sortit une phrase que je n'entendis pas, et cela les fit rire avant que Papa ne reviennent des toilettes. Je ne sais plus ce qu'il nous avait raconté, mais nous étions partis en rigolade générale. Tous ces rires me semblaient lointains, résonnaient dans mon crâne comme le gong qui annonçait l'oubli.


☯︎


Dix heures onze.

Traînant ma valise à travers les voyageurs, je baillai un court instant et me dirigeai vers la sortie de la gare. J'avais dormi tout le long du trajet, des larmes de fatigues menaçaient de couler et je m'empressai de les sécher pour ne pas inquiéter ma mère. Celle-ci m'avait envoyé un message quelques instants avant mon arrivée, elle m'attendait déjà. Cela faisait environ trois mois, depuis mes dernières vacances, que je ne l'avais pas vue plus d'un week-end. En faisant ce calcule dans ma tête pendant ma marche, mon sang ne fit qu'un tour en constatant que mes vacances forcées arrivaient de plus en plus fréquemment. Les autres fois, je savais à peu près pour combien de temps je restais, mais maintenant, je n'en avais pas la moindre idée.

Le ciel était gris, le temps était froid, le soleil ne se montrait pas.

— Bonjour mon amour, fit ma mère lorsque j'entrai dans la voiture.

J'eus un très léger sourire et me penchai pour l'embrasser sur la joue. Ses cheveux étaient remontés en un chignon improvisé, ce qui dégageait son magnifique visage qui ne faisait que de me fixer. Ses yeux passaient sur mes moindres trais, comme si elle vérifiait quelque chose dont je n'avais pas conscience. Puis sa main droite se posa sur mon front, descendit jusqu'à ma joue pour la caresser du pouce.

— Rentrons à la maison.

Je haussai vivement la tête, la faisant sourire. Pendant le trajet, nous ne parlâmes pas beaucoup. Elle avait sûrement vu que j'étais fatigué et ne voulait pas me brusquer. Les seuls mots que l'on partageait portaient sur les procès qu'elle avait gagnés cette semaine, ou comment allait ma boîte de production. C'était encore trop tôt pour avoir des nouvelles envers l'adaptation de mon roman, cela ne faisait que deux jours à peine. Alors je m'étais mis à expliquer à ma mère quelles étaient les démarches avant de se mettre à tourner un film, et elle m'écoutait d'une oreille attentive, les yeux fixés sur la route. Plan de travail, feuilles de services, casting, repérage, tout allait prendre au moins deux ou trois mois de préparation.

Sortir de la ville et être loin de Séoul me permettaient déjà de calmer ma colère constante. Voir ma mère, retourner dans ma maison natale, voir mon chien, ne pas être dérangé par Zhu, écouter de la musique douce pendant le trajet, me convaincre que j'allais être au calme pour quelques temps, tout ceci me donnait envie de pleurer de soulagement mêlé à la fatigue.

La voiture rentrée au garage et le moteur éteint, je sortis ma valise du coffre avant d'entendre gratter derrière la porte menant au couloir du rez-de-chaussée. En vitesse, j'allai ouvrir celle-ci et pris dans mes bras Easy, mon nouveau chien. Malheureusement, outre Orky décédé depuis deux ans, Néo et Naya l'avaient rejoint l'année dernière, à un mois d'intervalle à cause de la vieillesse. Leur perte m'avait fait encore énormément de mal quand bien même leur mort avait été naturelle, car ils étaient les derniers êtres qui me rattachaient à mon père et Jihyung.

Pour me consoler, je me disais la même chose que m'avait dit ma mère, le jour où elle m'a appris la mort d'Orky ; qu'ils avaient eu une belle vie et qu'ils étaient parti heureux. Nous les avions donc enterrés aux côtés de leur frère, aux bords du lac près d'ici où ils adoraient courir. Désormais, ils étaient réunis tous les trois, aux côtés de leur maître tant manqué et de Jihyung. Après leur disparition, ma mère n'avait pas voulu reprendre un chien trop vite, et j'étais du même avis ; cela donnait l'impression de les remplacer et de n'en avoir rien à faire d'eux alors que nous avions partagé seize ans ensemble. Tout était une question de temps et de psychologie.

Aujourd'hui, le deuil était passé et cela faisait cinq mois qu'Easy, une petite femelle, était de la famille. C'était la même race que les autres, un lévrier whippet, à la robe rousse et tigrée. Dans mes bras, elle me lécha le visage et je lâchai un ricanement en lui priant d'arrêter. Puis, voyant que ma mère était là aussi, elle se précipita à ses pieds mais n'eut droit à aucune caresse. Ma valise derrière moi, je me rendis dans le salon suivi de la femme de ma vie, qui se mit rapidement à regarder chaque coin de la pièce en plus de l'étage.

N'étant encore qu'un petit chiot, Easy n'était pas tout à fait parfaitement propre, même si elle apprenait vite. Lorsque rien n'eut été signalé par la dame de la maison, celle-ci se précipita sur ma chienne pour la papouiller de câlins et de bisous tout en la félicitant. J'eus alors un sourire et partis pour l'étage afin d'y déposer ma valise. En deux ans, ma chambre n'avait pas changé, mon pont de rangement au-dessus de mon lit, ma salle d'eau et dressing, mon bureau où reposait des cadres photos retournés, et mon ours en peluche que j'avais depuis mes deux ans, installé au milieu de mes coussins. Je soupirai un grand coup en me laissant tomber sur mon lit.


☯︎


Seize heures trente.

Cela faisait déjà une semaine que j'étais rentré à Busan, et ma mère avait pris elle aussi des jours de congé pour rester à mes côtés. Je m'étais totalement coupé du monde ; mon téléphone était éteint depuis mon arrivée et restait dans mon manteau. Pas une seule fois je n'avais eu envie d'aller dessus. Si je voulais écouter de la musique, je mettais des disques. Les soirs, je regardais des films, jouais à des jeux avec ma mère, lisais des bouquins que je choppais dans la bibliothèque de mes parents, et je passais plusieurs heures au bord du lac, à observer la nature et mon chien.

Certains jours, je sortais en ville pour aller faire les courses, nous allions au restaurant avant de rendre visite à mon père et Jihyung. Je leur racontais ce qu'il se passait en ce moment dans ma vie, dans ma tête, et je finissais par baisser les bras. Je ne pouvais plus travailler, plus aucune motivation ni aucune inspiration me permettait d'inventer une nouvelle histoire. Mon esprit vide me terrifiait au point où je me demandais comment j'allais pouvoir survivre si je n'avais plus de quoi écrire. C'était ce qui m'avait permis de tenir jusqu'à maintenant, comment étais-je censé faire ni plus aucune idée ne m'alimentait ? Pourquoi petit-à-petit, je perdais tout ce qui me retenait sur cette terre ?

Installé sous ma couette, le regard perdu dans le vide, je ne faisais que de me demander comment, autrefois, je faisais pour sourire autant, pour avoir autant d'inspiration et de joie de vivre malgré les obstacles. C'était comme si cette vie n'était plus la mienne, mais appartenait à une vie antérieure dont je me souvenais légèrement. Cette personne heureuse d'un simple regard, d'un simple sourire, qui éprouvait en elle un amour si fort qu'il ne pouvait pas la quitter.



















Une personne qui, malgré la présence de sa mère, se sentait infiniment seul.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro