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Bien sûr qu'il voulait Taehyung.

C'était indéniable.

Il aurait pu demander n'importe quoi, tel que de l'eau ou sortir prendre l'air, mais non. Son cœur appelait et désirait la seule personne qui le faisait respirer. Taehyung était son oxygène, sa flamme qui animait sa bougie, sa drogue qui le faisait oublier ses problèmes, c'était normal qu'il l'appelle.

À quoi je m'attendais en l'amenant ici ?

Sur ce coup là, j'avais été un peu trop optimiste en pensant qu'il serait bien chez nous, mais en réalité, c'était comme si je l'avais retiré des bras de l'ange pour le mettre dans ceux du démon.

— Tu veux manger ou boire quelque chose ? Lui proposai-je en l'installant doucement sur le canapé.

Il secoua la tête de gauche à droite en continuant de pleurer et de renifler. Nous étions descendu dans le salon principal, et j'avais allumé une petite lampe de meuble juste à côté de la télévision qui illuminait la grande pièce d'une ambiance tamisée et orangée. Cela n'agressait donc pas ses rétines abîmées par ses larmes roulant à flot sur son visage rougis. En le guidant dans les escaliers, j'avais été obligé de le tenir et il n'avait absolument pas réagi à mon contact. Au contraire, il semblait rassuré que quelqu'un soit là pour l'aider. Peut-être que sa raison ne l'avait pas encore regagné, qu'il était encore à moitié décalé de la réalité, et donc que son corps n'arrivait pas à manifester sa phobie.

Le visage dans les mains, il continuait de lâcher une certaine peine pendant que j'étais allé me chercher une bière dans le frigidaire de la cuisine, et me l'ouvrir directement. Ce fut en passant devant le four qui avait un effet miroir que je remarquai être seulement en boxer. Alors j'étais rapidement passé par la salle de bain pour mettre le t-shirt Louis Vuitton que je portais pendant la journée. Peut-être que moi, ça ne me dérangeait pas d'être à moitié nu comme un ver, mais cela pouvait sûrement gêner Jungkook, même s'il n'avait pas encore totalement conscience de ce qui l'entourait.

Je revins vers lui et m'installai sur la banquette du canapé, d'où j'avais une vue sur l'escalier pour l'étage. En apportant le goulot de ma bouteille à mes lèvres, j'observai ses pleurs se calmer très lentement. Son corps se faisait secouer par des respirations brusques, et ses doigts chassaient de ses joues les perles d'eau salée qui continuaient de rouler. Ses pupilles tremblantes n'avaient pas retrouvées l'éclat qui les animait, il semblait encore pris dans un tourbillon de pensées.

Le silence de l'appartement était devenu bruyant.

Je ne savais pas quoi faire. Je ne savais pas s'il se souvenait de ce qu'il s'était passé, si je devais amener le sujet ou pas, si je devais prévenir Taehyung que Jungkook le demandait, ou lui dire de ne pas pleurer alors que c'était perdu d'avance.

Tandis que j'étais en pleine réflexion en buvant ma bière, j'en sortis très vite lorsque mon ami murmura quelques mots. Malheureusement, c'était dans une langue étrangère qui se rapprochait de l'Allemand. Mais il bafouillait tellement ses mots que je n'étais pas sûr de ce que j'avançais. Et puis dans tous les cas, je ne comprenais pas ce qu'il disait.

Soudain, un sursaut me prit lorsque ses yeux imbibés de sang se tournèrent vers moi.

— T-Taehyung... Bredouilla-t-il en laissant quelques larmes tomber de son menton. I-Il arrive... ?

Je ne pus qu'avoir de la peine en secourant négativement la tête. Une large déception se lut sur son visage, et avant qu'il ne se remette à pleurer en se pensant abandonné, je m'empressai de demander :

— Tu veux que je lui dise de venir ?

Il acquiesça frénétiquement, une lueur d'espoir animant désormais son visage. Malheureusement, à plus de trois heures du matin, je doutais qu'il allait répondre. Il devait sûrement dormir comme les trois quarts de la population coréenne. Son regard ne me quittait pas, je voyais bien qu'il attendait que je me daigne à prendre mon téléphone de la table basse pour l'appeler.

Alors c'est ce que je fis. Je ne pouvais pas prendre le risque de le froisser encore plus qu'il ne l'était en lui avouant que je n'étais pas sûr qu'il réponde.

J'amenai donc mon portable à mon oreille, gardant mon regard dans le sien, larmoyant. La sonnerie me parut durer une éternité alors qu'il y avait eu seulement trois bips avant qu'une voix grave les remplace.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je crois que j'avais sursauté. Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il me réponde à une heure aussi tardive. À en juger le ton de sa voix, il ne me semblait pas que je l'aie réveillé d'un profond sommeil. Peut-être que Morphée l'avait épargné aussi, comme moi. Et au lieu de la maudire, je la bénis de la part de Jungkook.

— C'est Jungkook, fis-je calmement en observant toujours le concerné, il s'est réveillé en pleurs et il vous demande...

Des froissements de draps et une injure résonnèrent dans le combiné.

— Envoie-moi le code de ton immeuble, ordonna-t-il dans une sorte de panique, j'arrive dans dix minutes.

Puis il raccrocha sans que je ne puisse répondre. Je lâchai un râle en regardant mon écran, qu'est-ce qu'ils avaient tous à me raccrocher au nez en ce moment ? Un soupir et mon téléphone repartit sur la table basse après lui avoir envoyé sa demande. J'avais précisé de ne pas sonner et de simplement toquer car Haneul dormait.

— Il arrive dans dix minutes, conclus-je.

De jour, il fallait habituellement une bonne vingtaine de minutes en voiture pour venir depuis chez Jungkook, et comme il était très tôt – où très tard, la circulation était beaucoup plus désertique qu'en journée.

Mon ami, sa crise de pleurs se calmant toujours lentement, haussa la tête à l'information et un soupir bruyant sortit d'entre ses lèvres maltraitées par ses dents. Il avait sûrement dû encore retenir sa respiration comme il faisait systématiquement.

Assis sur les coussins du canapé, ses mains se mirent à frotter ses bras et ses yeux glissèrent sur tout et n'importe quoi autour de lui. Je ne perdis pas de temps à comprendre, je posai ma bière à côté de mon téléphone et me levai pour ouvrir le socle de la banquette où j'étais installé. J'en sortis un plaid que j'empressai d'enrouler autour du corps exténué de Jungkook. Celui-ci frissonna et papillonna violemment des paupières au contact de la douce texture de la couverture.

Puis j'allais me rassoir à ma place, à deux/trois mètres de lui. Je ne voulais pas paraître encombrant.

Il arrangea lentement le plaid comme cela lui plaisait le plus, et, les yeux à moitié fermés, il demanda d'un murmure:

— C'est vraiment Hoseok... l'auteur de la lettre ?

Ma bière se figea à mes lèvres et mes yeux s'écarquillèrent.

Alors il se souvenait de tout.

Mon sang ne fit qu'un tour à travers les veines, et je baissai ma bouteille pour le regarder.

— Comment tu le sais ?... Fis-je, abasourdi.

J'étais choqué. Je n'avais pourtant rien dit. Comment pouvait-il savoir que c'était lui alors que je n'avais pas encore ouvert la bouche ? À moins que je l'avais fait sans m'en rendre compte.

— Euh...

Une grimace froissa son visage et il amena une main à son front, comme s'il essayait de se rappeler de quelque chose. Ses pleurs s'étaient calmés, plus aucune larme ne dévalait la peau de ses joues sèches. Mais ses yeux étaient rouges, gonflés à en faire peur.

— Je crois... Chuchota-t-il en essayant de mettre les mots dans le bon ordre à l'intérieur de sa tête. Je crois que je t'ai entendu le dire... à je ne sais pas qui...

Alors en fait, il était légèrement conscient lorsque j'en avais parlé à Haneul ? Je me grattai nerveusement la nuque, gêné. Est-ce que c'était une boulette ou pas ? Maintenant qu'il le savait, je ne pouvais plus nier. Et puis au moins, c'était une partie des faits que je n'avais plus besoin de me torturer l'esprit pour pouvoir lui avouer, s'il s'en souvenait.

— Enfin... Il se frotta les yeux, fatigué. Je ne suis plus sûr...

— Si, c'est lui.

Son regard rencontra le mien une nouvelle fois, légèrement arrondit. Je fis une petite grimace, aïe, je n'aurais pas dû le dire sur ce ton. Il se rétracta lentement sur lui-même, comme s'il craignait que tout autour de nous allait exploser. Je n'osais pas imaginer l'état de son esprit, cela devait être le chaos complet. Sa bouche s'ouvrît pour répondre, mais nous nous fîmes interrompre lorsque quelqu'un descendit mollement les escaliers.

— Mon cœur, fis-je en observant Haneul dans les marches, désolé je t'ai réveillée ?

Elle secoua la tête négativement en se frottant son œil chocolat du poing, une moue mal réveillée et encore fatiguée au visage. Ses petits pieds la traînèrent jusqu'à nous, et elle s'installa en travers sur mes cuisses. Puis, en direction de Jungkook, elle bougea ses mains quelques secondes avant d'appuyer son front sur mon cou. Ce dernier me jeta un regard incompréhensif.

— Elle te demande si ça va, traduis-je en passant une main autour de sa taille.

— O-Oui... Il baissa la tête, nerveux. Je crois...

Ma bière dans mon autre main disparut et se fit finir par la femme fatiguée sur mes jambes. Je lâchai un râle, ce qui la fit sourire d'amusement.

En effectuant ses petits ronds sur la peau de ses hanches couvertes d'un pyjama banane, je me reportai sur notre ami, qui avait baissé les yeux. L'entièreté de son corps disparaissait sous le plaid blanc, mais qui apparaissait plus jaunâtre à cause de la lampe vers la télévision.

— C'est Hoseok, répétai-je calmement. Il m'a avoué que c'était bien lui.

Il haussa la tête et lâcha un profond soupir.

— Je préfère que ce soit lui que quelqu'un d'autre... Souffla-t-il dans sa barbe inexistante. Mais... Il leva son visage vers nous. Est-ce que c'est vrai, ce qu'il a mis...?

— Non, tout est faux, le rassurai-je. Hoseok ne sait pas tes secrets, il ne t'a jamais suivi à la sortie de l'école. Il a simplement eu ton adresse avec ses capacités d'informaticien...

Ses yeux redevinrent larmoyants, et de nouvelles larmes dévalèrent ses joues rougies. Il ne semblait même plus avoir la force de lever une main pour s'essuyer le visage, et cela me faisait de la peine. Je ne pouvais pas le comprendre, mais ayant été victime de harcèlement à l'école petit, je pouvais tout de même compatir.

— J-Je veux Taehyung... Couina-t-il, désespéré.

— Il arrive Jungkook, il arrive...

— P-Pourquoi... Tenta-t-il à travers ses larmes, pourquoi j-je suis aussi nul... ? Je n-ne lui aie j-jamais rien fait... à Ho-Hoseok...

Je sentis Haneul trembler contre moi, et son visage se cacha dans mon cou pour pouvoir y sangloter à son tour. La sensibilité était son point faible, et voyant notre ami se dévaloriser après ce qu'il s'était passé, elle ne pouvait pas résister. J'embrassai rapidement son front avant de répondre.

— Ne dis pas que tu es nul Jungkook, insistai-je bien sur les mots que j'utilisais.

— M-Mais...

— Tu n'es pas nul, répétai-je en le regardant yeux dans les yeux. Tu es à des années lumières d'être nul, con, incompétent, tout ce que tu veux.

Il baissa une nouvelle fois la tête comme un enfant disputé, regrettant amèrement d'avoir piqué des bonbons sans l'autorisation de sa mère.

— Jungkook... Repris-je d'une voix que je tentais douce. Hoseok est un crétin qui ne pourra pas être pardonné si facilement. Même moi, alors que c'est mon meilleur ami, je ne suis pas sûr de trouver le temps pour lui pardonner tout de suite pour ce qu'il t'a fait... On peut pardonner l'erreur, mais pas la méchanceté.

Il ne répondit pas, mais je savais qu'il m'écoutait, même s'il devait de plus en plus désirer la présence de Taehyung pour le rassurer.

— Je ne comprends pas... pourquoi il a fait ça... Murmura-t-il entre ses larmes.

— Il est con, Jungkook, c'est un connard bien mûr qui te voit comme une menace pour notre petit groupe. Il leva un œil vexé vers moi. Sauf que ce n'est pas le cas, il est le seul à ne pas t'accepter alors que Lisa, Haneul et moi, t'aimons Jungkook.

Haneul acquiesça vivement dans mon cou et forma un petit cœur avec ses mains qui fit sourire notre ami. Même s'il n'avait duré qu'une courte seconde, voir ses lèvres s'étirer en un petit arc adorable nous avait allégé le cœur. Je n'aimais pas voir les personnes auxquelles je tenais pleurer, c'était l'une des pires tortures qui soit.

— On t'aime avec tes erreurs, continuai-je, tes défauts, ta manière de voir les choses, ta personnalité. Je ne t'apprends rien mais tu sais que dans la vie, tu rencontreras beaucoup plus de personnes ne t'aimant pas, que de personnes qui verront à quel point tu as de la valeur.

— Je n'ai pas de valeur... Il renifla en amenant lentement le plaid à ses joues humides pour se les éponger doucement.

— Bien sûr que si, tu es inestimable, Jungkook. Haneul acquiesça mes dires, ce qui ne parut pas inaperçu à ses yeux gonflés. Et un jour, tu verras à quel point une personne aura besoin de toi et de ta valeur, car si ce n'est pas déjà fait, cette personne te verra comme son monde, son échappatoire dans cette société quémandant la perfection. Tu seras sa seule raison de vivre, et inversement.

Il haussa mollement la tête, peut-être ne savait-il même pas pourquoi il l'avait fait, mais il était très attentif à ce que je disais. Comme je lui avais expliqué lors de sa première crise, les mots et la parole était ce qu'il fonctionnait de mieux chez lui. Tout se résumait à un mot, et désormais qu'il avait trouvé la personne avec qui il se sentait comme sur un nuage, ce mot était devenu humain.

— Taehyung... Chuchota-t-il, le regard plongé dans le vide.

Un sourire barra mon visage.

— Ne le laisse pas partir, et il ne te laissera pas partir Jungkook, c'est donnant-donnant comme avec l'histoire du cactus. Si tu en prends soin, il te donnera une fleur, mais si tu ne le fais pas, tu sais ce qu'il t'attend. Votre histoire avec Taehyung est d'une beauté impensable, mais vous ne vous en rendez pas encore compte.

— Mais... Je vais m'en rendre compte quand, alors ?

Mes mains entourèrent entièrement le corps de ma bien-aimée, toujours installée sur mes cuisses, et je commençai la bercer tendrement tandis qu'elle tripotait entre ses doigts le tissu de mon t-shirt.

— Quand tu commenceras à guérir ton âme.

Il me jeta un regard comme si je venais de lui parler dans une langue extraterrestre. Et alors que j'allais commencer mon explication car il était prêt à savoir comment aller mieux, des coups à la porte d'entrée nous interrompirent. Jungkook se dressa subitement comme un pique sur le canapé, et me regarda avec des yeux exorbités, tournant la tête entre moi et le couloir. Son cœur avait dû sauter dans sa poitrine, et maintenant qu'il savait que son oxygène venait d'arriver, il devenait fou. Mais avant qu'il ne se prépare à se ruer vers celui-ci, je l'arrêtai en lui disant que j'allais aller ouvrir parce qu'il était sûrement trop faible pour pouvoir marcher seul. Haneul ronchonna lorsqu'elle se daigna à quitter mes cuisses et s'assoir sur la banquette qu'elle devait estimer glaciale.

Je me levai donc, et sous les yeux remplit d'espoir de Jungkook qui observait mes moindre faits et gestes, je disparus dans le couloir menant à l'entrée où, pour me repérer proprement, j'avais allumé la lumière. Et à peine la porte déverrouillée qu'un coup de vent me frappa violemment le visage. Un vent qui avait des chaussures, et dont les pas de dirigeaient à grande vitesse vers le salon. Non sans un râle car mon petit orteil avait failli se prendre un coup de porte, je la refermai et suivis le nouveau venu de la même allure.

Instinctivement, lorsque leurs deux regards se croisèrent, Jungkook fondit une nouvelle fois en larmes, comme lorsqu'il suppliait la présence de Taehyung. Ses deux bras se tendirent devant lui, réclamant son contact, et son patron n'y réfléchit pas à deux fois. Il contourna le canapé et se rua contre son corps pour le serrer comme si sa vie en dépendait, comme s'ils se revoyaient depuis longtemps, ou comme s'ils se voyaient pour la toute dernière fois. Leur étreinte était telle que leurs os pouvaient se briser à tout moment, j'avais même l'impression d'y participer tellement elle était puissante. Elle enveloppait toute la pièce dans laquelle je trainais des pieds pour rejoindre Haneul, qui les regardait avec admiration.

Jungkook pleurait bruyamment dans le cou de Taehyung qui s'était assis dans le canapé pour plus de confort. Ses mains serraient son pull avec force, il les faisait parcourir dans son dos, testant s'il était réel, si ce n'était pas un rêve, et que son patron le prenait bien dans ses bras. Celui-ci lui chuchotait des mots doux, je suis là, tout va bien, c'est fini, tout en caressant ses cheveux et en déposant des baisers dans sa nuque et son front.

Les laissant se retrouver, je me réinstallai sur la banquette où Haneul ne se fit pas prier pour retourner au chaud contre moi. De retour sur mes cuisses, elle me demanda, les larmes aux yeux, si tout allait aller bien pour Jungkook. Elle s'inquiétait, c'était normal, elle ne connaissait pas totalement le lien qu'il y avait entre lui et Taehyung. Alors je lui répondis, dans sa langue, que cela ne pouvait qu'être bénéfique pour lui d'aller chez son patron, que là-bas, il se rétablirait beaucoup plus vite de ses émotions que chez nous. Elle comprit, et les regarda à nouveau se rassurer mutuellement.

Ils étaient beaux.

Puis lentement, au fil des minutes qui passaient, que l'horloge au mur battait des aiguilles, les pleurs se dissipaient progressivement. J'avais entouré mes bras autour de Haneul pour la maintenir contre le moi, et ma joue était posée contre le haut de son crâne où j'avais fermé les yeux. Il y avait eu beaucoup trop d'émotions aujourd'hui.

— Jimin...

Je levai la tête en un petit sursaut, et me tournai vers mon ami qui venait de prononcer mon prénom. Le tableau que j'eus devant moi, qui s'était dessiné pendant mon moment de somnolence, m'attendrit. Jungkook était allongé de toute sa longueur sur le canapé, sous le plaid, et sa tête reposait sur les cuisses de Taehyung, qui lui était assis. Ils ne se quittaient pas une seconde du regard, et son patron avait passé sa main sous la couverture pour venir lui caresser tendrement le ventre.

— Mh ?

— Comment on guérit une âme... ?

Sa main, auparavant posée sur sa poitrine, s'amena avec douceur vers le visage de Taehyung qui ne le perdait pas des yeux, et d'un doigt, il caressa la petite croute à sa joue gauche. Un sourire béat étira ses lèvres lorsqu'une seconde main entoura la sienne, et qu'elle fut embrassée.

— Tu te sens capable d'écouter ?

— J'aime bien ta philosophie...

Il m'impressionnait.

Maintenant que Taehyung était là, il semblait avoir retrouvé la part de raison qui lui manquait avant son arrivée. Il parlait normalement, même si ce n'était pas très fort, mais il ne se faisait plus interrompre par ses spasmes. Son regard continuait à s'encrer toujours plus dans celui de son patron, comme s'il avait peur qu'en un battement de cil, il pouvait disparaître. La main de Taehyung qui caressait son ventre était venue prendre les siennes, sur sa poitrine, pendant que son autre s'était mise à lui caresser le cuir chevelu.

L'éclat qui animait ses yeux était revenu.

Ils ressemblaient réellement à un couple.

Ne l'étaient-ils pas, au fond ?

Je lâchai un profond soupir et regardai Haneul, qui s'était endormie sur moi.

— Tu sais, commençai-je en regardant un peu n'importe quoi, comme je te l'ai dit tout à l'heure, tu trouveras plus de personnes ne t'aimant pas, que des personnes qui te traiteront à ta juste valeur. Surtout dans le monde où on va entrer. Le monde du cinéma est très dur, faire aimer un scénario est très dur, et tu auras sans arrêt des critiques sur ton travail.

Une moue contrariée tira son visage, et Taehyung me jeta un regard meurtrier. Si ses yeux pouvaient tirer des balles, je serais déjà mort et ce, déjà devant l'appartement de Jungkook.

Je levai les yeux au ciel, je ne vais pas te le détruire plus qu'il ne l'est ton petit protégé voyons. Lui aussi était prêt à écouter cette philosophie, même si cela devait l'emmerder plus qu'autre chose.

— Mais pour pouvoir passer outre ces critiques, repris-je, il va falloir te créer une carapace autour de ton cœur, une carapace tellement solide que plus rien ne pourra heurter tes pensées à propos de toi, et de ton travail. Jungkook, il tourna la tête dans ma direction, depuis quand es-tu entré dans le domaine de l'art ?

Il papillonna quelques fois des paupières et fit une légère grimace lorsqu'il commença à réfléchir. Taehyung continuait de le regarder en lui caressant les cheveux doucement.

— Depuis mes six, sept ans je crois... Murmura-t-il. Je filmais n'importe quoi avec la caméra de mon père...

— Est-ce que tu te souviens de ce que tu m'avais dit, lorsque je t'ai demandé de me décrire ce qu'il y avait autour de toi ? C'était après ta crise, à la rentrée.

Ses yeux noisette et légèrement moins rougis se tournèrent une nouvelle fois vers moi. Il secoua avec précaution sa tête de droite à gauche, ce qui me fit sourire sans que je ne sache pourquoi.

— Tu m'avais dit que tu écrirais une histoire, lui rappelai-je, que les personnages principaux seraient toi et un démon, et que ce serait donc autobiographique. Tu n'avais pas hésité en me disant ça, car écrire, c'est comme parler, mais en plus fort. Et c'est ça Jungkook, ta solution.

— Ecrire... Une histoire ?

— Oui, et je sais que tu en écris énormément, et depuis très jeune aussi. Sauf que tu n'as jamais pensé à écrire ta propre vie, tes propres sentiments et ta façon de voir le monde. Façonne-toi une histoire comme tu l'entends, invente-toi des personnages, invente-toi un monde, et lâche-toi. Lâche tout ce que tu as sur le cœur, fais-les vivre les mêmes événements ou les mêmes sentiments, et tu verras, tes épaules seront beaucoup moins lourdes, et tu goûteras à la vie sous un meilleur angle.

Il déglutit difficilement. Ses pensées à propos de ce que je venais de dire devaient virevolter partout à l'intérieur de son crâne, peut-être même qu'il devait déjà réfléchir à un scénario. Je lâchai un soupir, et, berçant Haneul, je continuai :

— Lorsqu'un jour, quelqu'un lira ton histoire, si tu la publies quelque part, il ne faudra pas que ses commentaires, bons ou mauvais, t'atteignent. Je le fixai. Penses-tu que Victor Hugo publiait ses livres et ses œuvres pour se faire idolâtrer ?

Je semblai l'avoir pris au dépourvu, sa bouche s'était légèrement entrouverte et ses pupilles s'agitaient un peu partout dans l'espoir de voir une quelconque réponse accrochée au mur.

— Non... ? Tenta-t-il d'une voix incertaine.

— Non, acquiesçai-je, il les publiait pour lui, car il était fier de son travail et l'avis des autres, il n'en avait que faire. Il s'en foutait d'être aimé, parce qu'il était un homme guéri. Mais tu te doutes bien que lorsque tu écriras ton histoire, Jungkook, tu ne guériras pas tout de suite. Ce processus peut mettre un an comme dix ans, tout dépend des personnes, et de comment elles ont été élevées.

Ses sourcils se froncèrent un peu.

— Comment ça, élevées ?

— La vie est composée de cinq piliers.

Je levai une main devant mon visage, et montrai un doigt à chaque énumération :

— L'amour. La liberté. La sécurité. La reconnaissance, et la protection.

Ses yeux redevinrent larmoyants, ce qui ne passa pas inaperçu à Taehyung qui me lança un nouveau regard noir et déplaisant. J'ignorai royalement en rétractant mes doigts à ma paume.

— Ces cinq piliers forment ensemble la vie d'une personne, et pour qu'elle se sente bien dans sa peau. Il faut qu'ils soient tous égaux, au même degré, qu'il y ait un juste milieu. Prends l'exemple d'un enfant qui grandit dans une famille où les parents ne prennent pas soin de lui, qu'ils ne le calculent que très peu.

Il acquiesça comme quoi l'image que je lui donnais était bien encrée, et qu'elle attendait son explication.

— Cet enfant n'aura pas d'amour, ni de reconnaissance, ni de protection, ni de sécurité. En tout cas, pas beaucoup. Par ailleurs, il aura beaucoup trop de liberté, et comme les taux seront trop disproportionnés, l'enfant sombrera dans la folie lorsqu'il grandira. Il cherchera tout ce qui lui manque pour pouvoir avoir une vie paisible. C'est un fait que trop peu de parents connaissent, Jungkook.

Taehyung comme lui ne disaient rien. Ils ne contentaient de me regarder, d'écouter, et intérieurement, leurs cœurs prenaient des notes.

— Autre exemple, si un enfant grandit dans l'amour, la liberté, la protection, et la sécurité mais que ses parents ne lui donnent aucune reconnaissance, l'enfant, lorsqu'il grandira, aura besoin de cette reconnaissance. Et il cherchera un moyen de l'avoir par le biais de n'importe quoi, de tout ce qu'il pourra lui donner une image envers autrui: harcèlement, drogue ou bien d'autres choses. Il sera fou, ce sera indéniable.

Sa bouche s'entrouvrit de stupeur.

— Il suffit d'un seul pilier non égal aux autres, et la personne devient folle, Jungkook. Car il faut trouver un juste milieu qui te correspond. Mais tu te doutes bien que chacun de ces piliers a son double maléfique.

Il haussa nerveusement la tête, et je me remis à énumérer ceux-ci, sur ma main, beaucoup plus lentement.

— L'abandon.

Son visage se crispa, et une larme roula sur sa tempe. Je levai mon indexe, à la suite de mon pouce.

— L'humiliation.

Un sanglot passa ses lèvres tandis que son corps commença à trembler. Les souvenirs se référant à ces deux mots si simples mais pourtant si dévastateurs devaient affluer son esprit, et à chaque prononciation, c'était comme une balle traversant sa poitrine.

— La trahison.

Ses pleurs soulevaient difficilement son torse, et Taehyung s'empressa de lui caresser les joues pour chasser ses larmes.

— Le traumatisme.

Jungkook se retourna contre son patron, cachant son visage dans son ventre afin d'y verser son chagrin. Ses cordes vocales devaient se broyer à l'intérieur de sa gorge tellement il criait sa peine à travers le pull de Taehyung. Les souvenirs arrivaient par vagues, les flashs brouillaient sa vue, les hurlements désespérés agressaient ses tympans.

— Et l'aliénation.

Son corps se secoua brutalement, comme s'il venait de recevoir une énième balle en plein cœur, et ses pleurs redoublèrent, ses cris d'effroi s'étouffaient dans le tissu de son patron. Celui-ci ne tarda pas à le prendre contre lui, ramenant son visage dans son cou en se remettant à lui susurrer des mots doux.

Sur mes cuisses, je sentis Haneul commencer à émerger à cause du bruit. Alors je me dépêchai de prévenir silencieusement Taehyung que je montais la coucher, et il acquiesça une fois avant de se mettre à embrasser la tempe de mon ami.

Je pris donc ma très chère par une main sous les genoux et le dos, et me levai de la banquette pour monter à l'étage. D'un coup de coude, j'allumai ce dernier, et marchai à travers le couloir en direction de notre chambre. Les draps étaient mis dans n'importe quel sens, alors je la déposai à sa place dans le lit et arrangeai rapidement ce bazar. J'entendais encore légèrement Jungkook pleurer et cela ne fit que biser mon cœur. Je n'osais pas imaginer à quelle apocalypse devait ressembler son esprit.

Haneul poussa un petit soupir lorsque je remontai la couverture à ses épaules, et j'embrassai son font avant de redescendre dans le salon en ayant bien fermé la porte.

Revenu, Taehyung tenait toujours contre lui Jungkook en le berçant, ce qui calmait peu à peu ses pleurs. Le pouvoir qu'il avait sur lui m'impressionnait. Cela faisait seulement quatre mois qu'ils se connaissaient, et d'un point de vue extérieur, on pourrait croire qu'ils avaient toujours vécu ensemble, bras dans les bras, et que chacun connaissait les points faibles de l'autre.

Je me réinstallai sur la banquette, et laissai mon regard parcourir les deux personnages qui occupaient mon canapé. Ma bouche était pâteuse, la fatigue m'affluait encore une fois mais je n'avais pas terminé mon explication. Il fallait qu'il sache le plus important.

Comme s'il avait entendu les pensées, Jungkook força doucement son patron à le lâcher, et sa tête retrouva ses cuisses. Ses yeux de nouveaux rouges et gonflés par les larmes me fixèrent, et, tentant de limiter ses spasmes, il murmura:

— C-Comment on... s-s'en débar-rasse... ?

— Jungkook ça suffit on devrait rentrer maintenant, annonça gentiment Taehyung en se remettant à caresser ses cheveux.

Il secoua la tête de droite à gauche comme un enfant boudeur.

— Je n'en ai pas pour long, dis-je.

Le patron de Coquelicot se rétracta, lâchant les armes face à la volonté de son petit protégé. Celui-ci me regardait, attendant la fin de mon explication. Alors je soupirai pour chasser la fatigue, et assouvis son désir :

— Ces cinq piliers maléfiques forment en toi en plafond de verre. Et c'est ce plafond de verre, Jungkook, qui t'empêche d'aller au-delà de tes capacités. Je m'explique.

Je remuai des épaules et fis craquer ma nuque.

— Lorsque tu commences à faire quelque chose, imaginons que tu écrives, eh bien tes pensées à propos de ton travail se cognent sans cesse à ce plafond de verre. Sans jamais monter plus haut, sans jamais franchir la voie de la guérison. J'animai mes propos de mes mains. Est-ce que je mets ça là ? Ben non si je le mets ici ça sera nul. Est-ce que j'écris un épilogue ? Je ne sais pas ça risque de faire trop et d'ennuyer les lecteurs. Tu comprends ?

Il haussa petitement la tête, très attentif tandis que ses pleurs se calmaient de plus en plus.

— Toutes ces pensées forment un cercle vicieux dans lequel tu es retenu depuis trop longtemps. Pour les exorciser, il faut que tu détruises ton plafond de verre, que tu dépasses tes limites. Mais je ne peux te dire comment, car chaque personne a son propre moyen de le faire. Le dessin, l'écriture, la peinture, la musique, le cinéma et un tas d'autres choses. L'art est un monde qui permet de purifier une âme, car on y tombe, on s'y refuge lorsque l'on se sent mal.

Taehyung leva un œil vers moi, continuant de papouiller le cuir chevelu du crâne sur ses cuisses.

— La plupart des gens qui ne se disent pas artistes trouve ce refuge le plus souvent dans la musique, car c'est plus facile d'y plonger que dans le dessin. Toi Jungkook, il faut que tu trouves ce qui te correspond le plus. Tu es une âme destinée à l'art. Réfléchis à pourquoi tu écris, à pourquoi tu veux devenir scénariste, à pourquoi tu aimes créer.

Une nouvelle fois, il haussa la tête en ne me quittant toujours pas du regard.

— En conclusion, terminai-je. En écrivant tes histoires où tu exorciseras ton mal-être, tu trouveras au fur et à mesure des mois et des années un juste milieu entre ces cinq piliers, et là tu pourras te dire guéris. Tu pourras t'en venter, et en dépassant tes limites, en brisant ce plafond de verre, tu deviendras une personne idolâtrée pour ton courage, et pour tout ce que tu créeras. Tu deviendras alors le plus talentueux des scénaristes, et tes films feront le tour du monde. Les critiques, bonnes ou mauvaises, ne t'atteindront pas, car ton cœur aura une carapace forgée par la guérison, et parce que tu seras toi-même fier de ton travail.

Je lâchai un énième soupir, et finis mon explication par une dernière phrase:

— Après cette discussion Jungkook, tu te sentiras déjà mieux, même si la vie n'a pas terminée de te mettre des bâtons dans les roues.

Il me fit un léger sourire qui me fit faire de même, heureux de revoir ce petit arc à ses lèvres. Je me levai donc, et franchis les deux/trois mètres qui nous éloignaient pour m'accroupir devant son visage. Techniquement devant Taehyung aussi, qui lui poussa un léger grognement comme un tigre gardant un trésor en pleine jungle, mais j'ignorai.

Jungkook faisait jongler ses pupilles dans les miennes, cherchant à savoir pourquoi je m'étais rapproché de lui.

— Va chez Taehyung, repose-toi en sa compagnie, murmurai-je tout bas. Réfléchis sur toi-même et sur ce que je viens de te dire, et reviens en cours avec une pêche d'enfer. Je lui fis un large sourire. Mon Argent Kookie me manque.

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