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(point de vue d'astrid)

A l'autre bout de Laurens Hall, dans une salle de classe, une jeune fille s'ennuyait. En effet, ils étudiaient pour la dixième fois de l'année le même morceau de "L'Iliade" d'Homère.

Astrid Williams aimait beaucoup Homère, là n'était pas le problème. Le problème était sa professeure de grec qui ne cessait de répéter que Achille et Patrocle étaient "seulement cousins". A cette pensée, la brune leva les yeux au ciel.

C'était clair comme l'eau de roche qu'ils étaient gay et en couple. Même Platon le disait. Soudain, ses yeux s'éclairèrent.

"Mais oui ! En voilà une putain d'idée d'article ! "Platon et Anonymus vous dévoilent l'affaire pas si secrète de Patrocle et Achille pendant la guerre de Troie". Ce serait un article novateur qui choquerait les professeurs et ferait rire les élèves. Parfait, tout à fait le style d'Anonymus." pensa-t-elle.

Qui était Anonymus ? Astrid elle même. Après s'être fait rejetée du journal du lycée à cause de son style d'écriture trop cru et provocateur, Astrid avait pris le nom de plume d'Anonymus, écrit des dizaines d'articles provocateurs et revendicateurs, les avait donné à sa meilleure amie Jude Thompson, la co-rédactrice en cheffe, qui elle même les publiait. Une équipe de choc en soit.

Avant qu'Astrid ne puisse prendre un crayon et noter son idée, des coups secs sur la porte de la salle de cours l'interrompit.

"Entrez !" cria sa professeure.

La porte s'ouvrit sur un surveillant du lycée qui entra.

"Bonjour, je m'excuse de déranger votre cours, mais Mr. Moore souhaite voir Mlle. Astrid Williams dans son bureau."

Astrid leva les yeux de son bureau pour rencontrer le regard curieux de ses camarades, l'expression de Jude qui lui disait "qu'est ce que tu as fait cette fois ?" et enfin le regard interrogateur mais pas surpris de sa professeure.

Astrid se leva, ramassa ses affaires et les fourra dans son sac en bandoulière en cuir. Elle se tourna pour faire un sourire en coin à Jude et se dirigea vers la porte.

"Αντίο Μαντάμ." (traduction : "au revoir madame")

Elle sortit de la salle et le surveillant ferma la porte derrière elle. Astrid entendit le cours recommencer derrière la porte.

"Bon, Miss Williams, je te laisse y aller, tu connais bien le chemin il me semble." dit le surveillant.

Astrid, qui était en effet une habituée des bureaux de la direction, haussa un sourcil.

"Vraiment Marcus ? Tu laisses une élève de 17 ans hors de son cours sans surveillance ? C'est pas très professionnel si tu veux mon avis." elle fit une pause. "Mais, vu la tête que tu fais, j'en déduis que tu ne veux pas de mon avis éclairé."

Marcus lui sourit. C'était un jeune homme d'une vingtaine d'années qui travaillait à Laurens Hall pour payer ses études. Dû à ses excursions récurrentes chez le principal, Astrid en était venue à discuter avec lui et à le trouver sympa. Comme quoi, tous les adultes de Laurens Hall n'étaient pas que des vieux cons et des mégères.

"Bien vu, l'aveugle. Allez maintenant file, avant que Moore ne s'énerve."

Suivant ses conseils, la jeune fille commença à monter les larges escaliers.

Après avoir atteint le deuxième étage, la brune fit une pause et souffla.

"C'est pas possible, ils ont créé les escaliers pour tuer les élèves de ce lycée." dit elle entre deux grandes inspirations.

Après avoir repris son souffle, elle toqua à la porte du bureau du directeur et de sa secrétaire.

Une voix chantante se fit entendre.

"Entrez !"

Astrid entra et s'approche du bureau de Mme Olson, la dite secrétaire.

" - Oh ! Bonjour Astrid ! Quelle est la raison de ta charmante venue ?

- Aucune idée Mme Olson, je vous jure que j'ai été sage.

- Hoho, pas à moi ma grande ! Dis moins tout, Anonymus a encore publié un article à scandale ?"

Mme Olson était une des rares personnes à savoir qui Anonymus était, elle l'avait découvert quand Astrid avait fait tomber un brouillon d'un futur article non signé qui s'était retrouvé dans le journal deux jours après. La secrétaire, s'étant prise d'affection pour cette gamine rebelle mais pas méchante, avait depuis lors gardé le secret précieusement.

Sa remarque esquissa un sourire sur le visage d'Astrid.

"Je crois qu'il travaille sur quelque chose, rien de sûr encore, seulement des pistes."

La secrétaire lui sourit et s'exclama :

"Mais nous discutons, nous discutons ! Mr. le directeur t'attends Astrid !"

Astrid grimaça. Elle fit l'inspection de son uniforme : elle lissa sa jupe, rentra sa chemise, balaya les éventuelles poussières de son blazer et resserra sa cravate. Enfin, elle toqua à la porte du directeur.

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