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𝟼 ¦ 𝚁𝙴𝚂𝙿𝙾𝙽𝚂𝙰𝙱𝙸𝙻𝙸𝚃𝙴́ 𝙳𝙴 𝙵𝙰𝙼𝙸𝙻𝙻𝙴³

𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟼
ᴘᴀʀᴛɪᴇ ⒊

     Le vent frais qui soufflait effleura les trois garçons réunis autour du banc en pierre sans qu'aucun d'entre eux ne tressaille. L'air était chargé des mots que Jean et Marco auraient souhaité poser, mais le silence les étouffait avant même qu'ils n'aient passé la barrière de leurs lèvres. Interdits quant à l'attitude qu'ils devaient adopter, les deux meilleurs amis se contentèrent de rester muets. Ce que leurs voix ne sauraient exprimer, leurs yeux s'en chargeaient pour elles. L'heure de vérité, celle qu'ils avaient tant attendue et tant cherchée, était enfin arrivée. L'impatience et le doute se livraient le plus paradoxal des combats en eux, mais il était déjà trop tard pour reculer. Avec un calme troublant, Gaitō débuta ainsi le récit de l'enfance désastreuse qui avait malheureusement été la sienne.

     Seize ans auparavant, le nouveau-né qu'il était venait tout juste de pousser son premier cri. À peine était-il sorti du ventre de sa mère que celle-ci regardait avec un profond ressentiment ce garçon qu'elle avait pourtant mis au monde. Nora Grévin n'était pas une jeune femme méprisante, mais elle n'avait que dix-neuf ans et aucune envie de s'embarrasser d'enfants si jeune. Quant à son compagnon, on ne pouvait guère l'imaginer développer une quelconque fibre paternelle. Fréquemment sujets à des éclats de colère, Iromi Burasuto n'était qu'un homme hargneux dont la sottise était sans limites. Son goût pour la liqueur n'était plus un secret pour personne, en témoignait l'odeur de l'alcool qui ne le quittait jamais. L'un comme l'autre n'avaient pas prévu de s'encombrer de plus de responsabilités, ayant déjà du mal à joindre les bouts de leurs propres vies. Seulement, quelques pilules oubliées et les voilà affublés de deux bambins qui ne font que dormir, manger ou geindre à toutes heures.

     Leur première erreur, ce fut ce premier enfant qu'Iromi et Nora nommèrent Arashi. Né lors d'une nuit d'orage, celui-ci hurla tant que ses parents supplièrent les sages-femmes de le faire taire par tous les moyens. Cette première expérience avec un nourrisson s'annonçait désastreuse, mais cela ne les empêcha pas de réitérer cette erreur qui leur pesait déjà tant. Quelques mois plus tard, Nora avait un nouveau polichinelle dans le tiroir dont elle ignora tant l'existence qu'elle ne pu s'en débarrasser. C'est ainsi qu'un an seulement après son frère aîné, un second garçon vit le jour dans cette famille dysfonctionnelle. Quand vint le moment de lui choisir un prénom, ses parents se trouvèrent bien embarrassés.

     À court d'idées, et probablement trop ivre pour réfléchir à quelque chose de plus intelligent, Iromi marmona ce qui s'apparentait à une suggestion. Tout comme la sage-femme présente, Nora ignorait ce que pouvait bien signifier ce terme japonais qu'il avait employé. Haussant les épaules avec désintérêt, elle décréta que ce n'était qu'un fichu prénom et que cela n'avait pas d'importance. Lorsqu'elle découvrit que son compagnon avait nommé leur enfant en référence au vieux réverbère qui se trouvait en bas de leur immeuble et sous lequel il aimait vider sa vessie, Nora ne fut même pas indignée. Levant les yeux au ciel, elle s'allongea sur le canapé marqué par le temps pour y faire une sieste qui durerait probablement toute la journée. Ainsi débuta l'existence de Gaitō qui entra dans ce monde avec un bien drôle de nom : celui du lampadaire qui explose.

     Alors que les bébés grandissaient pour devenir de jeunes enfants, leurs parents ne témoignaient pas plus d'attention. Iromi s'adonnait toujours à l'alcoolisme qui lui rongeait le foie et le poussait vers la folie tandis que Nora sombrait dans la drogue. S'accrochant à leurs addictions respectives qui les entraînait pourtant vers le fond, les jeunes adultes s'occupaient de moins en moins de leurs garçons. Souvent livrés à eux même, Arashi et Gaitō avaient rapidement compris que leur maman ne leur raconterait jamais d'histoires avant de s'endormir et que leur papa ne les hisserait pas sur ses épaules pour observer les feux d'artifice d'un peu plus prêt. L'amour n'habitait sous leur toit, c'était la triste vérité.

     Puisque les malheurs s'accumulent souvent chez les plus miséreux, le tableau qu'offrait cette famille déjà bancale ne tarda pas à s'effriter davantage. Après tout, deux adultes agissant toujours comme des adolescents ne pouvaient qu'inévitablement les conduire au drame. Un jour, le piège mortel se referma sur Nora qui trépassa d'une overdose, laissant derrière elle deux enfants apeurés par la vie et les épreuves qu'elle leur imposait. Peu expressif, Iromi ne leur fut d'aucun réconfort et préféra soigner sa propre peine au fond de bouteilles ambrées remplies d'une liqueur bon marché. La cohabitation entre le père et les fils dura quelques temps, jusqu'à ce que les effluves de la bidouille ne deviennent insupportables à vivre.

     À seulement huit ans, Gaitō avait farfouillé dans le répertoire téléphonique de son paternel pour y dénicher les coordonnées de ses grands-parents. Avec une débrouillardise étonnante pour son âge, il avait contacté ces ressortissants japonais qu'il avait rarement eut l'occasion de rencontrer. Le lendemain même, il avait profité d'une énième sortie d'Iromi au rayon alcool du supermarché pour quitter cet appartement miteux dans lequel il avait grandi. Il n'emporta avec lui qu'un simple sac à dos dans lequel il avait fourré son ours en peluche, quelques vêtements et ses cahiers d'école. Avec ses petites jambes, Gaitō marcha jusqu'à la gare où l'attendaient ses grands-parents paternels.

     Les premières semaines passées en leur compagnie fûrent assez étranges pour le garçon comme pour le couple âgé. Ne s'étant pas vu depuis des années en raison d'une discorde avec Iromi, il leur fallait désormais apprendre à se connaître petit à petit. Cette apprivoisement mutel fut long mais se déroula sans le moindre accroc. Avec une certaine timidité, Gaitō découvrit le bonheur que pouvaient provoquer de simples câlins, des cookies tout chauds ou des soirées autour d'un feu de cheminée. Son quotidien était enfin devenu stable, bercé par la douceur dont il n'aurait jamais dû être privé durant toutes ces années.

     Les mois passèrent, et ses grands-parents se sentaient de plus en plus coupables de laisser leur deuxième petit-enfant en compagnie de son père si irresponsable. Gaitō avait bien proposé à son frère de l'accompagner ce jour-là, mais Arashi avait catégoriquement refusé. Bien qu'ils aient grandi dans le même environnement, les deux garçons étaient foncièrement différents de bien des manières et ne s'entendaient pas vraiment. Cela expliquait pourquoi le petit châtain n'avait pas insisté, se contentant de partir de son côté. C'était peut-être un peu égoïste, mais il ne voulait pas prendre le risque de gâcher l'occasion de s'épanouir loin de son ivrogne de père.

     Les parents de ce dernier tentèrent malgré tout de prendre contact avec lui, mais Iromi leur fit clairement comprendre qu'il n'avait pas besoin d'eux. Son imbécile de fils pouvait bien rester là-bas s'il le voulait, il se fichait bien de lui. Mais Arashi était son aîné, celui qui lui ressemblait le plus de par sa brutalité et son impulsivité. Il n'affectionnait pas particulièrement ce garnement qui s'évertuait à prendre exemple sur lui, mais sa fierté le poussait à refuser l'aide qu'on lui proposait. Alors même que le garçon venait d'entrer au collège, père et fils disparurent sans prévenir, délaissant leur appartement décrépit pour s'installer ailleurs. Après cet incident, les grands-parents de Gaitō baissèrent les bras. Arashi était un enfant difficile et ils n'étaient pas certains de pouvoir canaliser cette rage qu'il contenait en lui. S'il ne désirait pas quitter son père, il faudrait faire de longues et laborieuses démarches pour l'y obliger. En tant qu'étrangers de ce pays, le vieux couple s'était découragé de mener une telle entreprise.

     — Avant d'être transféré dans ce lycée, poursuivit Gaitō, je n'avais pas revu mon frère depuis cinq ans. Nous n'avons jamais été très proches, mais j'ai ressenti l'irrépressible besoin de l'approcher pour savoir ce qu'il était devenu. Les attentes que j'avais nourries sont apparues aussi vite qu'elles se sont brisées. Arashi s'était déjà tourné vers la violence incarnée par cette vulgaire figure paternelle lorsque je l'ai laissé là-bas. Il lui arrivait de me coller quelques claques ou de me pousser contre des meubles quand il était en colère. Il semblerait que grandir auprès de notre père n'est pas été la plus épanouissante des expériences. Quand je le regarde, murmura-t-il avec dégoût et peine, j'ai l'impression de faire face à l'être misérable qu'est Iromi Burasuto.

     Le bouleversement provoqué par ces révélations fut palpable tout autour d'eux. L'air songeurs, Jean et Marco avaient laissé le japonais s'exprimer sans intervenir une seule fois. Qu'auraient-ils bien pu dire ? Certains moments étaient trop solennels pour qu'on ne les souille de paroles ignorantes et inutiles. En cet instant, seul le silence qui les enveloppait était légitime. Gaitō n'attendait pas d'eux qu'ils le prennent en pitié, il les informait simplement des choses qu'ils étaient en droit de savoir au vu des circonstances. Cette histoire était peut-être tragiquement comique, mais elle lui appartenait entièrement. Ainsi, les trois garçons respectèrent le calme qui régnait, se plongeant dans leurs pensées qui s'agitaient. Ce fut finalement Gaitō qui se releva le premier, coupant court à leurs réflexions.

     — Je n'éprouve pas forcément de ressentiment à l'égard de ce drôle de prénom dont on m'a affublé, leur déclara-t-il, mais sachez que vous pouvez m'appeler Ito. Entre un lampadaire et un bout de fil, je ne sais pas trop ce qui est le plus élégant ceci dit.

     Alors qu'il s'apprêtait à s'en aller, Jean l'interpella pour lui poser une question qui lui tournait dans la tête depuis le début de cette conversation — ou plutôt, de ce triste monologue.

     — Pourquoi gardes-tu une photo de ton frère sur toi ?
     — Pour pouvoir m'assoir dessus à longueur de journée, répliqua spontanément le châtain avec un drôle de sourire.

     Une fois celui-ci parti pour de bon, les deux amis restèrent assis sur ce banc quelques instants. Se rapprochant de Marco jusqu'à ce que leurs épaules se touchent, le garçon aux yeux ambrés tourna sa tête vers lui.

     — Tu as remarqué ?
     — Il serrait tant ses poings que ses ongles s'enfonçaient dans ses paumes, constata le brun en réponse.

     Tous deux se regardèrent en silence, perdus entre les choses qu'ils avaient appris et celles qui leur étaient encore dissimulées. Gaitō semblait être un garçon honnête dont le récit n'avait aucunement été fabulé de quelque manière que ce soit. Seulement, il était loin de leur avoir tout dit, à commencer par la rage discrète, mais féroce, qui brillait dans ses propres iris océan. Mais peut-être que le reste ne les concernait pas, alors Jean et Marco ne pouvaient guère exiger de lui de plus amples explications. Décidant que la suite pouvait bien attendre, les deux amis levèrent les yeux vers le ciel pour y observer les nuages que le vent poussait inlassablement. Tout comme eux, ils devaient parfois se laisser porter par les forces naturels qui œuvraient sans jamais faiblir.

𝟷𝟾𝟷𝟺 ᴍᴏᴛs
ᴀ̀ sᴜɪᴠʀᴇ...

𝘮𝘢𝘪𝘯𝘵𝘦𝘯𝘢𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘫'𝘢𝘪 𝘵𝘦𝘳𝘮𝘪𝘯𝘦́ 𝘭𝘢 𝘳𝘦́𝘦́𝘤𝘳𝘪𝘵𝘶𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘩𝘦𝘢𝘳𝘵 𝘧𝘶𝘭𝘭 𝘰𝘧 𝘴𝘵𝘢𝘳𝘴, 𝘴𝘵𝘪𝘵𝘤𝘩𝘦𝘴 𝘱𝘦𝘶𝘵 𝘳𝘦𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘥𝘶 𝘴𝘦𝘳𝘷𝘪𝘤𝘦 ! 𝘤𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 𝘦𝘴𝘵 𝘵𝘳𝘦̀𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘤𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦́ 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘧𝘳𝘦̀𝘳𝘦𝘴 𝘣𝘶𝘳𝘢𝘴𝘶𝘵𝘰 𝘦𝘵 𝘥𝘦𝘷𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘱𝘦𝘳𝘮𝘦𝘵𝘵𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘤𝘦𝘳𝘯𝘦𝘳 𝘤𝘦𝘴 𝘱𝘦𝘳𝘴𝘰𝘯𝘯𝘢𝘨𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘮𝘢 𝘤𝘳𝘦́𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯.

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