𝟷 ¦ 𝚃𝚁𝙸𝙰𝙽𝙶𝙻𝙴 𝙳𝙴𝚂 𝙰𝙼𝙾𝚄𝚁𝚂²
𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟷
ᴘᴀʀᴛɪᴇ ⒉
Le jour où Marco avait fini par tout raconter à Jean, à propos du harcèlement qu'il avait subit, il l'avait compris. Le garçon n'avait jamais eu le courage de le faire plus tôt, il lui aura fallu des années pour parvenir à apposer des mots sur cette expérience qui constituait un véritable traumatisme malgré le temps qui passait. À vrai dire, il avait longtemps craint les regards de pitié qu'on risquait de lui lancer s'il venait à se dévoiler. Mais il savait que Jean n'aurait jamais ce genre de regard. Alors qu'il parlait, il avait tout fait pour garder contenance et ne pas pleurer devant lui. Il ne voulait pas avoir l'air faible devant celui qui avait été son héros. Il avait serré les poings de toutes ses forces, la douleur l'aidant à refouler les larmes qui menaçaient de rouler le long de ses joues parsemées de taches de rousseurs.
Quand il termina, le silence s'était installé pendant quelques secondes. Aucun ne savait réellement comment ils étaient supposés réagir après ces déclarations. Marco s'était presque fait à l'idée d'un rejet, il ne s'attendait pas à être réconforté ou quoi que ce soit d'autre. On lui avait longtemps répété qu'il n'était rien, et ce mot s'était peu à peu encré dans son esprit, tel un parasite. Mais il avait senti deux bras l'attirer contre lui, et il s'était laissé enlacer dans l'étreinte réconfortante de son ami. Le bruit de ses sanglots avait brisé le silence par à-coups, alors qu'il mettait enfin ses sentiments à découvert.
À ce moment précis, il avait ressenti quelque chose de différent, de nouveau, de plus fort. Il s'était senti terriblement bien, et à sa place dans le creux de ses bras qu'il n'aurait jamais voulu quitter. Il se fit la remarque qu'il appréciait chaque instant passé avec Jean, qu'il aimait chacun de ses sourires. Une fois, il était passé devant une glace, et il l'avait vu : il rougissait. Il avait d'abord tenté d'ignorer ce qui se passait dans sa tête et son coeur, tenté d'ignorer ses rougeurs et son attirance, mais il avait fini se faire une raison assez rapidement. Marco savait parfaitement quel effet lui faisait le garçon, se mentir à lui-même aurait été vain.
Il n'aurait pas pu déterminer depuis combien de temps il ressentait toutes ces choses. Elles étaient certainement là depuis un long moment, enfouies au fond de lui, à peine cachées. Il n'avait pas su remarquer les signes avant-courreurs, il s'était laissé entraîner les yeux fermés et avait repris conscience dans une bulle en forme de cœur. Un cocon doux et chaleureux, qui lui garantissait la tendresse qu'il avait toujours quémandé, enfant, sans jamais la recevoir. Jean lui apportait de la stabilité, il était la personne dont il avait besoin à ses côtés pour que son monde tourne. Sans lui, tout s'écroulerait, et lui avec.
Marco se fit la réflexion qu'il devait être extrêmement rouge et doté d'un sourire étrangement niais. Rougissant d'autant plus à s'imaginer son visage actuel, il remonta lentement la couverture qui avait glissé jusqu'aux épaules de Jean, puis reposa sa main sur ses cheveux en continuant de les caresser machinalement. Sa respiration régulière accompagnait son corps qui se soulevait à son rythme, il pouvait la sentir s'échouer dans son cou comme une légère caresse. Il aurait apprécié rester ainsi encore longtemps, mais il dû se résoudre à réveiller son ami. N'arrêtant pas pour autant de caresser ses cheveux, il l'appela doucement. Il vit ses yeux se plisser, et ses paupières se soulever dans une moue adorable.
— Et maintenant, c'est la guerre ? bougona le dormeur.
— Pas encore.
— À table ! les appela Marie au même moment.
Encore à moitié endormi, Jean se redressa et s'étira, enlevant sa tête de l'épaule qui l'avait accueilli, au grand regret de son propriétaire. Une fois leur dîner avalé — une délicieuse salade de chèvre-chauds — et s'être préparés, ils se mirent sous les couvertures. Même après toutes ses années, ils dormaient toujours tous les deux dans le grand lit de Jean. Marco avait en effet pour habitude de faire de mauvais cauchemars, la nuit, et la présence de quelqu'un juste à côté de lui aidait beaucoup à les calmer.
D'un commun accord, les deux garçons décidèrent de terminer la série qu'ils avaient commencée un peu plus tôt. Jean alluma sa tablette, et mit l'épisode suivant, notant qu'il n'en restait que quatre, soit une bonne heure de visionnage. Contre toutes attentes, celui-ci regarda l'anime avec une réelle attention et sembla l'apprécier, malgré son côté déroutant. Il ne remarqua pas que le regard de son ami était bien souvent fixé sur lui au lieu d'observer l'écran. Dans sa tête, Marco imaginait encore une fois les scénarios qui s'offraient à lui, si jamais il décidait d'avouer ce qu'il ressentait à celui qu'il aimait. La probabilité que ses sentiments soient réciproques était une donnée inconnue sur laquelle il n'osait pas spéculer.
Marco ne lui avait connu qu'un seul amour, celui-ci étant à sens unique depuis des années. Dès le collège, il avait repéré Mikasa Ackerman, jeune fille brune aux origines asiatiques. Depuis ce coup de foudre, il avait multiplié les demandes afin qu'elle sorte avec lui, mais il s'était toujours pris de beaux et magnifiques râteaux. Au début de cette drôle d'obsession, la jeune fille avait été amusée de le voir se plier en quatre, mais à force, c'était devenu lassant et elle le rembarrait avant même qu'il n'ouvre la bouche.
Malgré sa position délicate vis-à-vis de la jeune fille, Marco n'avait jamais été jaloux de Mikasa. Ce n'était en rien de sa faute, après tout. Elle était jolie, intelligente et doté d'un fort caractère qui faisait d'elle une personne tout à fait respectable et agréable lorsqu'elle le voulait. Face à Jean, il était néanmoins envieux. Le garçon n'avait aucune gêne à faire des choses comme se déclarer, et persévérer malgré les échecs. Il avait toujours été ainsi, dès qu'il voulait obtenir quelque chose, il essayait d'atteindre son objectif par tous les moyens possibles, ne fléchissant jamais. Sa détermination et sa persévérance étaient toutes deux incroyables. Cet aspect de sa personnalité pouvait se révéler inquiétant, mais pour Marco n'avait jamais possédé l'une ou l'autre, c'était quelque chose d'incroyable.
Son enfance n'avait évidement pas aidé dans cette voie, le rendant plutôt vulnérable aux remarques et fort sensible. Il avait toujours eu pour habitude de garder ses problèmes et ses secrets au fond de lui, sans jamais les laisser sortir. Malgré tout, auprès de Jean, il arrivait à trouver de la force, une force qu'il ne possédait pas il y a plusieurs années. Il savait qu'il n'était plus le même, et qu'il le lui devait. S'il arrivait encore à garder la tête haute aujourd'hui, c'était grâce à lui. Jean ne devait pas disparaître de sa vie, auquel cas il en disparaîtrait lui-même. Il refusait de tirer un trait sur le passé qu'ils avaient partagé, même si cela signifiait qu'il allait devoir tracer une croix sur l'avenir qu'il aurait souhaité. Ses sentiments allaient donc devoir attendre bien sagement, enfuis au plus profond de son cœur impénétrable.
𝟷𝟷𝟾𝟽 ᴍᴏᴛs
ᴀ̀ sᴜɪᴠʀᴇ...
𝘥𝘦𝘶𝘹 𝘴𝘦𝘨𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘢𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘥'𝘩𝘶𝘪, 𝘫'𝘦𝘴𝘴𝘢𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘳𝘦𝘱𝘶𝘣𝘭𝘪𝘦𝘳 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘩𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘭𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘳𝘢𝘱𝘪𝘥𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘱𝘰𝘴𝘴𝘪𝘣𝘭𝘦 𝘢𝘧𝘪𝘯 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘪𝘯𝘶𝘦𝘳, 𝘮𝘢𝘭𝘨𝘳𝘦́ 𝘭𝘢 𝘵𝘰𝘯𝘯𝘦 𝘥𝘦 𝘥𝘦𝘷𝘰𝘪𝘳 𝘲𝘶𝘪 𝘮𝘦 𝘵𝘰𝘮𝘣𝘦 𝘥𝘦𝘴𝘴𝘶𝘴 !
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