Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

𝐓𝐡𝐞 𝐍𝐞𝐨𝐧 𝐃𝐞𝐦𝐨𝐧


« Tes yeux crient - je monte sur scène,

Une danse fatale - une rage primitive,

Tu m'as prié - ouvre la cage,

Péché ruisselant.

Le ressens-tu ? »

Hoseok tremblait d'impatience. Là, assis à cette table attitrée dans cette immense salle clair-obscur, il patientait que le grand spectacle commence. Que cette créature nocturne, à l'origine de ses nuits agitées et de ses pensées en nombres, ramène son joli visage ainsi que ses formes de rêves sur scène.

Le jeune homme était un client habituel de l'Apocalypse. Un nom effrayant pour un établissement où plaisir des yeux et du vice formaient un délectable mélange. Il s'y rendait chaque vendredi soir, après des heures et des heures ennuyantes à coder des chiffres sur son ordinateur. Les journées au bureau se faisaient stressantes. Les moments de pause étaient rares, il n'avait pas le droit à une minute de répit et cette sortie qu'il s'octroyait quand la semaine touchait à sa fin, était sa petite récompense pour avoir bossé aussi dur les jours précédents.

Le trentenaire n'était pas un adepte des discothèques, boîtes de strip-tease et autres lieux de ce genre. Clairement, ça ne lui avait jamais suscité un quelconque intérêt. Selon lui, il fallait vraiment être désespéré pour traîner à l'intérieur de ce genre d'endroits. Enfin ça, c'était avant qu'il se ne retrouve à poser sagement ses fesses sur l'une des chaises de ce huis clos comme le bon client qu'il était devenu, le vendredi. Jour de la semaine qui était devenu, étrangement, son préféré.

Seule l'Apocalypse avait su faire la différence grâce à son étendard aux néons rouges et à son allure moderne. Elle se démarquait véritablement de ces autres édifices où tout le monde se rendaient le weekend pour décompresser de leur longue semaine passée au boulot. Détonnant dans ce quartier chic où ne se trouvaient pourtant que des boutiques de luxes et restaurants aux mets exorbitants, sa façade avait tapé dans l'œil du travailleur, malgré lui. Cette teinte vermillon l'avait charmé, sans doute parce qu'il s'agissait de sa couleur favorite parmi toutes les teintes qui existaient sur le nuancier. Et puis... Cet endroit dégageait quelque chose d'intrigant sans qu'il n'en sache exactement la raison.

Puis un soir, après avoir longuement tergiversé, Hoseok avait décidé de s'y rendre, sa curiosité piquée à vive. Il avait troqué sa tenue de bureau contre une tenue décontractée et habillée à la fois.

Une fois garé devant, il avait quitté sa voiture, foulé le pavé de cette rue très empruntée de la ville et actionné la poignée de la porte avant de s'immiscer dans l'antre de la Bête.

Car oui, si ce bâtiment portait un nom aussi équivoque, ce n'était pas anodin.

L'enfer était sur Terre.

Dans cette bâtisse.

Il existait bel et bien, et jamais Hoseok n'aurait cru le juger aussi idyllique.

À l'intérieur, les consommateurs affluaient. Ils étaient très nombreux, composés d'hommes comme de femmes et aux vues de l'immensité de l'espace, notre protagoniste n'était pas surpris que l'établissement puisse accueillir autant de monde.

La décoration y était industrielle. Des néons recouvraient les murs et le plafond, immergeant parfois la foule dans un halo de lumière violette, parfois bleue ; et de temps à autre, ces tubes lumineux noyaient toutes les personnes présentes dans un bain écarlate.

Des tables étaient soigneusement dressées, des fauteuils d'allure luxueux trônaient de-ci, de-là... Puis en face, s'étendait la scène accompagnée de ses accès aux coulisses. Le devant convergeait vers un espace plus minuscule, une grande barre métallique incrustée dans le sol.

Scène qui voyait défiler les plus beaux démons provenant du Tartare offrir leurs meilleurs spectacles à la foule.

Et seigneur, qu'ils étaient talentueux.

Hoseok ne pensait pas un jour avoir un coup de cœur pour cet endroit mélangeant le principe de cabaret et de... Boîte de nuit ? Il ne savait pas trop mais une chose était sûre : c'était que depuis sa première venue ici, il adorait cet endroit doté d'une singularité sans borne. C'était son petit jardin secret, son havre de paix à l'abri de tous qui cassait sa routine. Il n'en avait pipé mot ni à ses collègues, ni même à ses amis, préférant garder son adresse rien que pour lui et à lui seul. Personne ne devait découvrir ce coin de paradis.

Et personne d'autre que lui ne devait le voir sur scène.

Une beauté comme la sienne, un corps aussi divin que le sien ne devait être dévoilé à quiconque. Ce serait du suicide et le trentenaire serait jaloux de devoir partager cette vue galvanisante auprès d'autres semblables. Il l'était déjà d'avance en constatant la masse de monde attablée un peu partout et le nombre de serveurs déployé pour l'événement.

La populace se ramenait toujours plus nombreuse qu'auparavant, surtout le vendredi.

Décidément, c'est qu'il les attirait tous et toutes comme des aimants.

Au moment où Hoseok checka l'heure sur sa Rollex, l'air impassible, les lumières s'éteignirent subitement du côté de la salle principale. Signe que le meilleur du show allait débuter d'ici peu. Non pas qu'il dénigrait les performances passées de cette soirée, non, non, non. Loin de là. Disons que celle qui allait suivre détenait quelque chose de vraiment spéciale et que d'après lui, aucun autre spectacle ne surpasserait celui-ci.

Le châtain avait hâte. Il avait si hâte de voir ce corps qu'il aimait tant claquer ses talons hauts sur les planches, mouver son corps en harmonie sur cette musique qui ferait bourdonner les murs. Son cœur palpitait à une vitesse effrénée rien qu'à cette simple pensée.

La scène était, quant à elle, faiblement éclairée. Bien vite, un homme d'un âge plutôt mûr et vêtu d'un costard raffiné, se dirigea au centre de celle-ci, micro en main. Une fois en place, il prit la parole, un sourire chaleureux aux lèvres.

Tous les regards étaient, désormais, braqués en sa direction.

« Mesdames, Messieurs, le moment tant attendu est enfin arrivé. Pour les nouveaux venus, comme vous l'avez sans doute ouï par des habitués, L'Apocalypse possède des créatures de la nuit toutes aussi talentueuses les unes que les autres. Mais vous n'avez pas encore tout vu... Votre humble serviteur a plus d'un tour dans son sac. »

Il marqua une courte pause, cherchant à entretenir un certain suspense avec son public.

« Chaque vendredi, c'est notre plus grosse fierté qui se réveille des abysses pour faire honneur à notre réputation. Son talent, sa grâce, son charisme ont fait de lui l'un des piliers de ce lieu et donné envie à d'autres de suivre son exemple. Mesdames, Messieurs... Je pense que vous aussi, vous succomberez à l'incroyable charisme de notre cher Vante. Un tonnerre d'applaudissements pour lui, s'il vous plaît ! Merci encore de votre venue en ces limbes pandémoniaques ! »

L'acclamation vint, forte, puissante, claquant et résonnant dans l'air ; et Hoseok se joignit au mouvement, un mince sourire se dessinant sur ses lippes. Le gérant de l'établissement n'avait pas tort. Une fois Vante posté dans votre champ de vision, c'était fichu. Votre pouviez alors sentir à ce moment très précis votre cœur chavirer, battre anormalement vite au point de frôler l'éclatement, votre lèvre inférieure se coincer sous vos incisives sans que vous ne vous en rendiez compte et votre cerveau inventer des images folles. La seule action que vous puissiez faire était de l'admirer, les mirettes bien grandes ouvertes, tout comme votre bouche, complètement estomaqué et sans voix.

Et Hoseok était tombé littéralement d'adoration pour cet être, roi de la pénombre illuminée.

Les néons se teintèrent avec soudaineté aux couleurs de l'interdit et la musique se lança, ses ondes dégoulinant des énormes enceintes installées à chaque recoin de la pièce. Les tiges transparentes se mirent à clignoter à la vitesse du son, plongeant tantôt les spectateurs dans un brouillard rougeâtre, tantôt dans l'obscurité la plus totale.

Quand les basses de ce mix aggrotech se mirent à gronder, faisant vibrer chaque parcelle de l'édifice, des danseurs mixtes habillés de tenues en cuir ornementées d'épaulettes en tout genre sortirent alors de chaque côté des coulisses puis s'avancèrent, à la cadence imposée par la chanson.

Une ligne sur la gauche composée exclusivement d'hommes, à l'opposé une file indienne de femmes. Tous maquillés à la perfection et vêtus de tenues légères, recouvrant cependant les zones qu'il fallait pour ne pas les rendre mal à l'aise, une fois face à tout ce petit monde les lorgnant avec beaucoup d'attention.

Une voix d'outre-tombe, monstrueuse rugit par-dessus l'instrumental pendant que les danseurs bougeaient, dansaient en parfaite synchronisation. Tout semblait calculé au millimètre près et aucune erreur ne s'immisça durant l'entièreté de la représentation.

Et puis, lorsque ce qui ressemblait au refrain retentit enfin, d'une hypnotisante couleur vinée, la salle passa au pourpre. Un beau et envoûtant pourpre, altérant alors avec la précédente teinte qui était bien plus chaude que celle-ci.

Il arriva sur scène.

D'une démarche sûre de lui, ponctuée par les beats infernaux de cette musique, Vante fit son entrée.

Et quelle entrée en matière.

Hoseok frémit à cette vue des plus passionnantes. Il croisa ses jambes, la paume de sa main reposant contre l'un des côtés de son visage pour maintenir sa position, sa totale concentration administrée à celui qui éveillait en lui moult désirs depuis pas mal de temps déjà.

L'homme que l'on surnommait « Vante » donnait cette réelle impression de plus appartenir aux cieux qu'au commun des mortels, peut-être même des tréfonds terrestres où coagulait le magma. Sa chevelure noire comme de l'encre était parsemée de jolies bouclettes et se terminait en un adorable mulet s'échouant sur sa nuque. Sur le sommet de son crâne, un chignon décoiffé suivant la teinte de ses cheveux avait été clipsé. Quelques mèches retombaient au ras de ses cils, rendant cette œillade flamboyante et imprégnée de malice - qu'il échangeait volontiers avec chaque personne présente - plus mystérieuse, plus envoûtante encore. Hoseok était convaincu qu'avec un regard de braise pareil, l'artiste aurait toutes les nations à ses pieds. Il les piétinerait tous de ses talons hauts, sans l'ombre d'un doute. Il exerçait un tel pouvoir rien que par la puissance de ses iris, c'était prodigieux. Le salarié avait bien envie de voir cela de plus près. Ils devaient sans doute étinceler comme des joyaux aux carats luxurieux. Son épiderme hâlé, coloré de ce magnifique pigment caramélisé, brillait sous les néons et avait l'air exempt de toute imperfection. De là où il se trouvait, le trentenaire la pensait douce comme du coton et aurait aimé la caresser du bout des doigts, voulant vérifier si son hypothèse s'avérait vraie. Il n'y avait pas que ses mains qui trépignaient de voyager sur cette immense parcelle de peau liquoreuse et pourtant, tout ce qu'Hoseok pouvait faire c'était de la toucher avec les yeux et seulement de cette façon. Quel dommage, se plaignait-il intimement.

La moitié du visage de ce curieux personnage était cachée par un gros masque respiratoire dans un style cyber goth. Trois petits pics y étaient agrémentés, des tubes serpentaient les deux soupapes d'expiration qui étaient trouées de multiples trous. Cet accessoire étonnant complété avec la tenue qu'il arborait - un drôle de mélange entre du cuir et du latex soulignant ses courbes - lui donnait un aspect post-apocalyptique. Il ressemblait à une créature venue d'ailleurs, ayant surgi de sous terre pour réduire en cendres tout ce qui l'entourait dans une furie démentielle. Pourtant Vante était là, dansant avec force et passion, faisant chauffer le plancher de fil en aiguille ; perché de ses bottes hautes à lacets dont le talon fait de métal rayait la surface à chaque pas exécuté. C'était son show, son moment de gloire et il s'époumonait avec grâce sous les regards attentifs de ce petit comité, sous les pupilles envieuses d'Hoseok qui n'avait pas cligné une seule fois depuis le début de sa prestation. Ce que l'homme éprouvait, à cette minute exacte, c'était d'arracher ce masque étouffant qui compressait son faciès délicat. Hoseok voulait voir ses lèvres. Il voulait découvrir ce que recelait cette protection en résine, savoir la forme de cette paire de croissants de chair qu'il imaginait charmeuse et faite pour être recouverte de baisers chastes comme fiévreux.

Tout de ce danseur masqué faisait chanceler le for intérieur du châtain.

Hoseok n'avait jamais vraiment eu d'attirance pour les hommes et peu de gens avaient su éveiller en lui ne serait-ce qu'une once de curiosité. C'était un homme accroché au travail et à ses ambitions, qui ne trouvait pas le temps de faire de nouvelles connaissances, de chercher un partenaire de vie avec qui se projeter dans le futur. Cette nymphe terrifiante y était parvenue haut la main, en faisant juste son métier. Hoseok n'arrivait toujours pas à y croire. À croire que cette chose lui avait jeté un sort.

Ses obsidiennes ne cessaient de faire des va-et-vient entre son portrait irrévélé et ses jambes toniques, élancées et bien galbées, dont l'une des cuisses présentait un serpent venimeux gravé à l'encre indélébile. Le dessin était beau et mettait en valeur cette partie si attrayante de son corps. La tête de l'animal n'était pas visible à cause du bas que son propriétaire portait, mais il y avait fort à parier qu'elle se trouvait toute proche de son bas-ventre et frôlait son nombril.

Jamais Hoseok n'avait été aussi avide de quelqu'un, du même sexe que lui qui plus est. Il croulait de désir pour cet inconnu dont il ne connaissait que le pseudonyme. Au matin comme au coucher, Vante squattait son esprit comme s'il était chez lui. Vante se trémoussait de façon endiablée dans ses songes, ruinait un peu plus que le temps s'écoulait son taux de concentration au bureau. Même loin de lui, il avait le contrôle sur lui. À force de penser à lui encore et encore, plus que de raison, une toquade folle s'était enracinée en lui...

Et avait réveillé les pires côtés sommeillant profondément en lui, lui qui était un honnête et bon citoyen.

Vante lui avait refourgué des pulsions à assouvir, une obsession grandissante à combler, des nuits chaudes à refroidir et ce besoin irrépressible de le faire sien dans un corps-à-corps fougueux.

Si ça ne tenait qu'à lui, Hoseok aurait bravé ces quelques mètres le séparant de sa source de convoitise, gravi les marches et lui aurait roulé la pelle de sa vie avant de l'allonger sur scène et de le faire sien. Une, deux, trois, autant de fois que possible jusqu'à ce que ces images impures ne sortent de son crâne pour de bon.

Il devenait fou, fou de ce garçon embrassant sa féminité sans honte et sans peur, fou de cette merveille qui ondulait des hanches sans gêne devant la centaine d'invités, accro à cette délicate obscénité qu'il renvoyait, fou de ce surplus de confiance qui émanait de lui ; il adorait toutes ces petites choses le constituant et les désirait rien que pour lui.

Le trentenaire ignorait combien de temps venait de s'écouler, trop occupé par son fantasme se dandinant sur scène. Le regard rivé sur les courbes avantageuses de l'artiste, il fut surpris de voir que celui-ci s'était un peu plus rapproché du devant de la scène. Parfois, il se joignait à ses autres partenaires pour certains pas de groupe qui furent tous reproduits à la perfection et en synchronisation parfaite.

Tout d'un coup, le démon dansant retira avec force le faux chignon clipsé, le jeta d'un côté de la scène puis agrippa son masque avant de le retirer avec cette même énergie et de le balancer vers le côté opposé.

Hoseok arqua l'un de ses sourcils à ces gestes, surpris.

Très agréablement surpris par ce joli minois qui leur faisait face.

Comme il se l'était imaginé dans ses rêveries, Vante possédait un visage sublime. Chaque détail composant celui-ci était unique. Hoseok admirait depuis plusieurs minutes une œuvre d'art grandeur nature, une divinité en mouvement sous ses yeux et n'allait pas s'en plaindre le moins du monde.

Il décroisa ses jambes pour les croiser à nouveau, tout en se massant le menton, le regard scotché à sa source d'obsession.

Il devait s'accaparer Vante cette nuit. Pas la semaine suivante, ni dans un mois mais bel et bien ce soir. La tentation était bien trop forte et Hoseok n'était pas sûr de contenir ses désirs plus longtemps encore. Son plan était déjà tout tracé dans son crâne rempli de vices depuis bien des jours déjà. Il était infaillible et marcherait à coup sûr. Il ne restait plus qu'à l'homme de se lancer et surtout, de ne rien foirer s'il ne voulait pas avoir des années de prison au cul. Car oui, Hoseok était prêt à tout, même aux actes les plus immoraux qui soient pour parvenir à ses fins.

Vante s'avança rapidement vers le minuscule espace où tenait debout la barre de poll-dance, l'attrapa d'un geste habile avant de s'élever dans les airs aux riffs saturés de guitare faisant vibrer l'édifice, aux vifs cillements des néons qui propageaient des rayons violets et amarante de partout. L'atmosphère était électrique et le danseur mettait littéralement le feu sur scène, en enchaînant des figures complexes collant divinement bien à cette musique saccadée.

Il était un véritable dieu et Hoseok était prêt à le vénérer des journées et des nuits entières, à visiter son temple sacré pour lui vouer un culte grandiloquent, riche en mantras récités et composés uniquement de leurs prénoms en boucle jusqu'à la torsion ultime, à cette contraction fatale qui les ferait tous deux atteindre le Nirvana.

L'extase redescendit en lui à la fin de la représentation et il suivit les autres, acclamant l'artiste et ses coéquipiers, debout, un sourire en coin dessiné sur son visage.

Vante s'inclina à plusieurs reprises pour remercier le public, ses demi-lunes retroussées en une expression triomphante et éclatante de joie, la respiration anarchique. On était bien loin des expressions faciales où il ne laissait rien transparaître, où la sensualité venait parfois jouer avec ses traits.

Celui-ci balaya du regard la salle, s'attardant sur chaque invité comme s'il cherchait à mémoriser chaque visage pour en conserver de précieux souvenirs.

Puis arriva cet instant où ses prunelles glissèrent vers Hoseok.

Le cœur du nommé loupa un battement à cet imprévu, persuadé que jamais Vante ne le remarquerait.

Le danseur étira un sourire semblant délicat et sincère à son égard, le contempla avec douceur de là où il se trouvait avant de continuer d'analyser la salle.

C'était fichu pour le peu de raison et de morale qu'il restait au sein du trentenaire.

Vante serait sien ce soir, dans les méandres de la nuit, qu'il le veuille ou non.

*****

Une douce brise vint s'échouer contre les pommettes remplies d'Hoseok. Maintenant en plein cœur des corridors nocturnes sous la pâleur de la lune, il s'élança rapidement vers le côté gauche de la rue principale, ne perdant pas de vue son objectif.

Objectif qui se trouvait droit devant lui, plusieurs mètres les distançant.

Vante avait échangé sa tenue de scène contre des vêtements raffinés, qui lui seyaient à merveille. Sa démarche était tranquille, guère pressée et comme il n'y avait presque plus personne dans les rues, Hoseok put en profiter pour se rapprocher plus vite de lui, réduisant cette fichue distance les éloignant. Plusieurs heures plus tôt, cela aurait été impossible.

Il allait la jouer cool. Il serait poli et courtois avec ce garçon, et si son plan fonctionnait comme sur des roulettes, il lui offrirait un verre dans l'un des multiples bars branchés peuplant les environs. Ils apprendraient à faire connaissance dans les règles de l'art tout en riant chaleureusement et se partageant des anecdotes cocasses sur l'un l'autre. Hoseok gagnerait sa confiance sans l'ombre d'un souci. Il savait faire bonne figure et cet air jovial qu'il arborait en permanence était un bon camouflage pour réprimer la bête qui dormait en lui et agir en toute discrétion.

« Intrusion, séduction, possession. »

Tels étaient ses mots d'ordre pour ce soir qui s'annonçait être un grand soir pour lui.

Lorsqu'il fut assez proche de son fantasme numéro un, il prit son courage à deux mains et l'interpella :

« Excuse-moi ! »

Interpellé par la voix du salarié, Vante se retourna aussitôt en sa direction, surpris puis se stoppa.

Et les pulsations cardiaques d'Hoseok redoublèrent d'intensité à sa vue.

Vante défiait les lois des critères de beauté. Il n'y avait pas un seul défaut venant entacher sa beauté. Pas un bouton, pas une seule cicatrice, ni même de bosse sur l'os de son nez. La forme de ses lèvres rosées était jolie. Elles avaient l'air voluptueuses, pulpeuses, faites pour être couvertes de louanges passionnées. Un fard à paupières plutôt discret soulignait son regard enflammé, regard qui possédait de jolis iris marrons aux touches légèrement orangées, aux couleurs de l'automne. Des petits piercings de tout type décoraient ses oreilles. Il était habillé aux teintes du Yin et du Yang. Une chemise blanche simple et ample dont le bas était enfoncé dans un pantalon noir, plusieurs boutons déboutonnés offrant une vue sur le début de ses clavicules, sur cette peau crépusculaire. Ce même pantalon moulait ses hanches gâtées par la Nature et des bottes en cuir sombre aux bouts pointus agrémentaient sa tenue. Il paraissait plus sage dans cette tenue, sans ces néons rouges et violets ne faisant qu'un avec sa silhouette. Rien ne laissait croire que derrière cette apparence candide se cachait un oiseau de nuit, à la plastique cataclysmique, dont la danse serait fatale pour quiconque aurait le malheur de poser l'œil sur lui.

Les dieux l'avaient véritablement béni pour qu'il ait ce physique hors-norme. Même la chirurgie esthétique ne pouvait engendrer de tels miracles, c'était impossible.

« Ton spectacle était extraordinaire. Tu as été renversant ! »

Pour être renversant, il l'avait été. Hoseok en était encore tout chamboulé et rien que le simple fait d'y repenser lui refila une douloureuse crampe au creux de son ventre.

L'expression sur le faciès de Vante s'adoucit à l'entente de ses mots.

« Je te remercie. Je t'avoue que j'avais énormément de trac en coulisses avant de monter sur scène et ça me fait très plaisir de savoir que le show t'ait plu.

- Ça se voit que tu as travaillé dur. »

Il y eut un court silence, comblé par les bruits ambiants de la ville qui se réveillait lentement.

Les mirettes de l'artiste zigzaguèrent sur le visage d'Hoseok puis il dit, semblant réfléchir :

« Ton visage me dit quelque chose... Tu n'étais pas assis non-loin du bosquet de fleurs, tout à l'heure ? »

Hoseok était excité comme une puce. D'une part parce qu'il était en train d'entamer une conversation avec celui qu'il convoitait, mais en plus de cela parce que celui-ci avait retenu son emplacement dans la salle. Et cette voix grave et profonde tel l'océan, chaude comme si elle portait en elle l'Enfer... Hoseok allait trépasser, il en était sûr.

« Oui, c'est bien ça ! répondit le jeune homme, enjoué.

- Dieu merci, j'ai encore une bonne mémoire. Je te vois chaque vendredi à cet endroit-là de la salle.

- Parce que je ne veux manquer aucune représentation d'un être aussi talentueux que toi. »

Et parce que je veux me perdre en toi profondément, jolie chose, pensa Hoseok au même instant.

Vante ria doucement et le travailleur sentit son âme tanguer d'un coup. Un son comme celui-ci, il fallait le préserver de tous tant il était pur.

Hoseok en profita pour se lancer. C'était le moment où jamais.

« Ma demande va peut-être paraître un peu abrupte mais... Est-ce que ça te dirait que l'on aille boire un verre, toi et moi ? »

Il vit alors de l'hésitation tirailler les doux traits de son vis-à-vis, celui-ci avait l'air de poser le pour et le contre intérieurement.

« Je suis navré, demain j'entame une grosse journée car je suis de service à l'Apocalypse et puis, on ne se connaît p-

- Jung Hoseok, fit le nommé tout en lui tendant la main. »

Tae l'examina alors avec plus d'insistance pendant un minime laps de temps avant que ses croissants de chair ne se retroussent en un sourire singulier, de forme rectangulaire. Un sourire comme celui-ci était si rare.

Il joignit sa dextre à celle du trentenaire et la serra, tout en le fixant droit dans les yeux. Hoseok aurait parié avoir senti comme un courant électrique sillonner le long de son échine à cet échange.

Putain, ce qu'elle est douce ! se dit-il, surpris par une telle douceur. L'effet était comparable à glisser son doigt dans du miel. Si rien qu'avec un toucher aussi simple Hoseok palpitait ainsi... Qu'est-ce que cela donnerait une fois son fantasme sous lui, dans son plus simple appareil ?

« Appelle-moi Tae, déclara alors Vante. »

Tae...

Tae...

Bizarrement pour une raison qui lui échappait, ce surnom lui disait vaguement quelque chose sans pour autant mettre le doigt dessus. Une connaissance de l'université ? Un ancien ami commun, qui sait ? Même en essayant de retourner tous ses souvenirs, d'aller aussi loin que possible dans sa psyché des plus tortueuses, aucune réponse ne vint. Peut-être le confondait-il avec quelqu'un d'autre ?

Leurs poignes se séparèrent et Hoseok reprit la parole :

« Juste un verre, s'il te plaît. Tu n'auras rien à payer, si c'est ça qui t'inquiète. Je veux apprendre à te connaître car tu as suscité de la curiosité en moi et je pense que tu as des choses intéressantes à raconter. »

Et à me montrer surtout, enchaîna toute seule sa pensée.

Plusieurs secondes défilèrent et Hoseok patienta que Tae prenne une décision. Le ciel s'assombrissait un peu plus que le temps avançait et de gros nuages flottaient au-dessus de leurs têtes.

La réponse tomba. C'était inespéré. Tellement inespéré qu'il croyait que ce qu'il venait de se passer n'était qu'un mirage et dut se planter l'ongle du pouce dans l'index pour voir si sa perception ne lui jouait pas des tours.

« Je te suis, dans ce cas, déclara son vis-à-vis, toujours avec ce sourire gravé sur le visage, ses prunelles luisant d'un certain éclat. »

Hoseok était le plus heureux des hommes à cette acceptation et put passer à la deuxième phase de son plan macabre.

Que les choses sérieuses commencent.

*****

« Ainsi nous y sommes, fais ton pas,

Nous devenons fous - un pop groove infernal,

Tu veux le contrôle - je refuse,

Le ressens-tu ? »

Un bar où modernité et vintage menaient bataille au travers de divers objets décoratifs édulcorant l'espace.

De la lumière, beaucoup de lumière même, ayant de quoi faire perdre un tiers de vos capacités visuelles.

Un comité de consommateurs, toute génération confondue, en pleine discussion intensive, riant aux éclats, le tintement des verres en fond, au fond, tout devant, à droite, à gauche ; un peu partout dans cet établissement restauratoire.

Des serveurs aux petits soins avec leur clientèle, épuisés mais adorant leur métier plus que tout.

Une mélodie entêtante comme fond sonore, apportant de la chaleur à ce lieu.

Et deux hommes en tête-à-tête, un Cosmopolitan pour l'un, une bière blonde pour l'autre.

Hoseok avait l'impression d'avoir une vie vachement plus trépidante en ce moment même qu'à l'accoutumée.

Et ça, il le devait à ce garçon de six ans son cadet - Tae était âgé de vingt-cinq ans, information ouïe quelques minutes plus tôt - sirotant élégamment son verre alcoolisé. Il avait de bonnes manières à table, se tenait bien droit sur son tabouret, les jambes croisées et se montrait poli à son égard. Il avait l'air d'avoir reçu une excellente éducation plus jeune, chose qu'Hoseok n'était pas certain d'avoir eu de son côté.

Est-ce que tu oublieras soudainement tes principes lorsque nous ne serons rien que tous les deux, loin de tous ? J'ai bien envie de le savoir. Hoseok était curieux. Très curieux de savoir ça. Allez savoir pourquoi.

« Qu'est-ce qui t'a poussé à travailler dans un lieu comme l'Apocalypse ? interrogea le plus âgé, tout en jouant avec sa bière à la main. »

Tae termina sa gorgée et répondit, après avoir posé son récipient sur le comptoir :

« Je ne sais pas trop, à vrai dire... Je crois que c'est le fait de montrer le vrai « moi » librement qui me plaît le plus. C'est un truc que je ne pouvais pas vraiment faire auparavant.

- Comment ça, tu ne pouvais pas ? »

Le noiraud se mordit alors la lèvre, semblant embarrassé par ce sujet le touchant directement.

« C'est compliqué... avoua-t-il à voix basse, comme s'il avait peur d'être entendu.

- J'aime les choses complexes, répondit Hoseok avec un sourire se voulant rassurant. Je ne suis personne pour te juger, que ce soit pour tes choix entrepris ou pour ta façon d'être. Tu n'as rien à craindre avec moi. »

Tae arqua l'un de ses sourcils, geste que le trentenaire ne comprit pas vraiment mais fit comme s'il n'avait rien vu.

« J'ai été élevé seulement par ma mère, dans un milieu féminin exclusif. Rares étaient les fois où un homme passait la porte de la maison, c'était aussi rare que d'avoir une semaine complète ensoleillée. Un jour... J'étais vraiment petit à ce moment-là, je devais avoir... Six ans ? Sept ans, tout au plus ? »

Il marqua une courte pause, en pleine réflexion avec lui-même puis reprit aussitôt la parole :

« Je sais plus, tant pis. En tout cas, une fois j'ai voulu m'amuser avec le maquillage de ma mère. J'ai voulu faire comme les filles et en fait... En me contemplant dans le miroir, je me suis trouvé bien avec du rouge-à-lèvres. Ça ne me choquait pas de me voir ainsi, même si je suis un garçon. »

Hoseok était totalement suspendu à ses lippes, ne ratant aucune miette de ses dires. Cet homme était si captivant lorsqu'il s'exprimait. Il aurait pu l'écouter parler de la pluie et du beau temps pendant des heures et des heures sans jamais s'en lasser une seule microseconde.

« Puis ma mère m'a vu ainsi. Et... »

Un sourire triste fendit ses lèvres alors qu'il jeta un œil dans le contenu de son verre à moitié vide.

« Elle m'a dit que j'étais monstrueux avec ça sur la figure et qu'un garçon n'est pas censé se maquiller. J'ai été élevé à la vieille école, tu sais ? Avec ces fameux principes du style « Tu es un homme alors tu ne dois absolument pas pleurer devant qui que ce soit car ce serait honteux ». « Tu es un homme alors tous ces métiers de femmes, toutes ces passions féminines, tu les mets au placard. ». « Tu es fait pour donner et non pour recevoir mon chéri, alors c'est le corps d'une femme que tu goûteras seulement. »

Consterné. Hoseok se sentait consterné par ce que son cadet lui racontait. Comment pouvait-on inculquer un enseignement aussi affreux à un être remarquable comme lui ?

« J'ai fait tout le contraire de ce qu'elle m'a enseigné pendant des années, je ne ressens pas l'ombre d'un regret et je crois qu'elle doit se retourner dans sa tombe en me voyant... Comme ça.

- Je suis vraiment navré pour ce que tu as dû traverser et pour la perte de ta mère. »

Tae se mit à glousser à la marque de soutien de son aîné avant de secouer la tête.

« Ne sois pas désolé. Ça ne m'a fait ni chaud ni froid quand j'ai appris son décès, après le lot de déceptions qu'elle m'a apporté. Je suis passé au-dessus de tout ça. La vie lui a juste rendu la monnaie de sa pièce.»

Drôle de manière de dire que l'on a surmonté un décès, mais soit. Hoseok n'en tint pas rigueur. Peut-être que cette femme avait été si mauvaise avec lui qu'effectivement, elle méritait un châtiment à la hauteur de ses actes ?

Hoseok allait porter de nouveau le goulot de sa bouteille tout proche de ses lèvres lorsqu'il sentit son téléphone vibrer dans sa poche, tout d'un coup. Qui pouvait bien le contacter à cette heure-ci ? Il s'empressa alors de plonger sa main dans l'une des poches avant de son chino, attrapa son cellulaire et le déverrouilla. Une notification sur Messenger.

Il y alla directement et un sourire illumina son visage.

« Qu'est-ce qui te fait sourire à ce point ? osa demander l'ébène.

- Mon meilleur ami est parti en séminaire d'une semaine aux States pour son boulot et il vient de m'envoyer une photo de lui avec le paysage new-yorkais derrière lui.

- Oh, je peux voir ça ?! »

Tae s'emballa comme un enfant et le temps de quelques instants, Hoseok trouva sa réaction mignonne.

Tout à l'heure, c'est tout autre chose que tu verras si tu veux bien me laisser ton verre juste quelques secondes.

Puis il lui tendit l'objet pour qu'il puisse voir aussi le joli cliché que lui avait fait parvenir son ami. Le danseur l'empoigna doucement, veillant à ne pas faire chuter l'appareil et examina ladite photographie.

Cependant, ce qu'Hoseok ne vit pas, c'était que Tae avait sévèrement froncé des sourcils à la vue de cette image pixelisée.

« Son visage me dit quelque chose... souffla celui-ci.

- Normal ! s'esclaffa Hoseok. Jungkook est le plus jeune PDG d'entreprise en vogue ces derniers mois !

- Jeon Jungkook ? demanda Tae, pour confirmer son identité.

- En chair et en os !

- Je vois, intéressant... Dis-moi... »

Tae posa à plat sur le comptoir le smartphone avant de le faire glisser vers son détenteur.

« Il est si superbe qu'on le dit, ce Jeon Jungkook ? »

Un gars en or, comme dirait le salarié. Ils s'étaient connus par le biais d'un ami commun répondant au nom de San lors d'un intercours entre deux cours magistraux d'économie et le courant était direct passé. Jungkook était tout nouveau dans leur établissement scolaire et son arrivée avait fait grand bruit. On l'avait apprécié comme détesté, des rumeurs avaient circulé comme quoi il était aussi bon en finance qu'en flirt à tout va et forcément, plus les bruits avaient couru sur son compte et plus sa popularité s'était agrandie, sans qu'il ne l'ait réellement désiré. Malgré ces « on dit que », ce gamin avait indéniablement le cœur sur la main, répondant toujours présent pour prêter main forte en cas de besoin, en plus d'être extrêmement intelligent. C'était le pote par excellence, celui que tout le monde rêvait secrètement d'avoir.

Hoseok étala en long, en large et en travers les qualités de son ami de longue date sous les yeux attentifs du plus jeune qui gobait aveuglément chacune de ses paroles, l'air neutre.

« Tu sais que la perfection n'existe pas ? questionna Tae, un sourcil arqué. Une personne aussi lisse doit bien avoir de la noirceur quelque part en elle. »

Hoseok fronça des sourcils à cette remarque déroutante. Que voulait-il dire par là ?

« Qu'est-ce que tu insinues ? Que Jungkook n'est pas celui que l'on croit ?

- Hoseok, Hoseok chéri... commença l'homme de vingt-cinq ans, tout en posant son verre sur la table. »

Le concerné déglutit à l'entente de ce surnom et de l'intonation utilisée par le jeune homme assis à ses côtés. C'était... Wow.

« Si l'on était tous aussi parfaits qu'on le laisse croire, il n'y aurait pas d'amitiés brisées, ni de partenaires trompés ou d'individus corrompus jusqu'à la moelle épinière. Même la personne la plus gentille sur terre peut te casser du sucre sur le dos lorsque t'es pas là pour pouvoir l'entendre. Il faut être incroyablement stupide pour croire au bien fondé de la nature humaine. »

Un autre verre de Cosmopolitan arriva pour lui entre deux et Tae en but une lichée avant de reprendre là où il s'était arrêté :

« Même celle que tu chéries le plus et pour qui tu serais prêt à donner ta vie sur un plateau doré pourrait te trahir du jour au lendemain, peu importe la raison. L'être humain est versatile. Il peut t'offrir le meilleur comme le pire et je peux te jurer qu'un gars comme Jungkook en serait le parfait exemple. Un visage comme le sien doit receler les pires laideurs qui puissent exister. Ça serait moche pour son image de jeune entrepreneur, si tu veux mon avis... »

Hoseok se contenta de le contempler, sans rien dire, encaissant le jugement de celui-ci à propos de son ami. Tae le jugeait sans le connaître, ce qui l'agaçait pas mal mais fit comme si cela ne l'atteignait point. Qu'est-ce qui avait bien pu arriver dans la vie de ce danseur nocturne pour qu'il ait une vision aussi affreuse de l'Homme dans son ensemble ? Son avis n'était pas du tout nuancé. Il était catégorique là-dessus et le châtain était persuadé que rien ne ferait changer l'avis de celui-ci.

« L'être humain n'est pas foncièrement mauvais, renchérit le trentenaire, sérieusement. »

C'est toi et ton apparence sulfureuse qui me poussent à l'être, songea Hoseok, reluquant le temps de quelques secondes de haut en bas son vis-à-vis.

Un rire s'échappa de la bouche de l'artiste, tandis que la musique flottant dans l'espace ambiant changea. Le salarié se retrouva davantage perdu face au comportement de l'homme face à lui. Au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient, c'était une tout autre personnalité que celui-ci lui dévoilait. Pourquoi riait-il comme s'il venait de raconter la meilleure blague du monde ?

« Tu es mignon, hein, mais qu'est-ce que t'es naïf ! »

Hoseok était tout sauf naïf. Du moins, pas de cette façon.

« J'ai vécu assez de merdes durant mon existence pour te dire que l'être humain est vraiment merdique mais ça, on en parlera plus tard. »

Il se tut quelques instants puis pivota de quelques degrés sur son siège, en direction du plus vieux.

« J'ai une question qui me vient en tête là, tout de suite. »

Le châtain plia le bras de sorte qu'il serve d'appui contre le comptoir avant de reposer l'un des côtés de son visage contre sa paume puis de croiser les jambes.

« Je t'écoute. »

Un silence régna entre les deux hommes, silence qui se retrouva vite comblé par la très célèbre Bad Romance de Lady Gaga qui rebondit entre les murs et drapa le brouhaha émanant des clients présents.

« Tu penses que l'être humain n'est pas uniquement mauvais... »

Vante se rapprocha un peu plus, réduisant les quelques centimètres les séparant. Quelque chose avait l'air d'avoir changé en lui. Son regard... Ses pupilles brillaient d'une lueur bizarre et fascinante à la fois. On aurait dit de l'ambre prenant feu. Hoseok tomba tête la première en plongeant dedans.

« Mais... »

Celui à la chevelure ténébreuse posa délicatement l'une de ses mains ornées d'anneaux fins sur le genou du châtain. Celui-ci frissonna à ce contact inattendu. Vante le touchait. Vante avait posé sa putain de main sur sa jambe et ce n'était pas l'un de ses nombreux fantasmes mis en scène par son cerveau. C'était pour de vrai !

« Que penses-tu de moi ? »

Subito, cette même main, grande et belle, se mit à gravir lentement, très très lentement la cuisse d'Hoseok, mimant le déplacement d'une araignée avant de la poser à plat et de continuer de la glisser doucereusement. Celui-ci sentait parfaitement la chaleur de sa dextre remonter peu à peu, son organe vital faire le grand huit et ses entrailles remuer avec force.

« Quelle impression est-ce que je te donne ? prononça Tae, le timbre abyssal. »

Vante ne le quittait pas une seule seconde des yeux et Hoseok se sentit étouffé, écrasé par l'aura qui se dégageait de ce garçon féminin, incapable d'effectuer le moindre mouvement. Une petite part de lui souhaitait voir jusqu'où iraient ses gestes ainsi que ses paroles.

« Je pourrais te montrer à quel point je peux être vilain, parfois... »

Son propos douteux fut suivi par un léchage de lèvres que le trentenaire ne parvint pas à définir s'il était intentionnel ou non. Néanmoins, cette vision sexy à souhait lui avait plu et, détail important, il avait pu voir son muscle rosé troué d'un piercing. La tentation était palpable. Il faisait bien chaud d'un coup, du côté d'Hoseok.

« Hm ? N'est-ce pas ce que tu penses de moi en ce moment même, Jung Hoseok ? »

La façon dont Tae souligna son nom était purement exquise. Son propre nom sonnait si bien quand c'était lui qui le prononçait. Il aimerait tellement savoir ce que cela donnerait en le faisant crier jusqu'à ce qu'extinction de voix s'ensuive. Hoseok avait pensé bien avant cette soirée qu'il aurait dû avoir recours à des moyens draconiens pour atteindre son but, envisageant le fait que Vante n'aurait éprouvé aucun intérêt charnel à son égard. Mais le destin semblait, comme qui dirait, être en sa faveur. La drogue contenue dans la fiole resterait bien au chaud dans la poche interne de sa veste, même si elle lui avait coûté une petite fortune.

Tae réduisit encore plus la distance, presque à deux doigts de gravir sur les genoux du plus âgé. Leurs lèvres s'effleuraient presque, sa dextre grimpait toujours le long de son membre et avoisinait dangereusement son entrejambe. Hoseok devenait peu à peu fébrile. Il haleta, sa respiration effleurant les lippes de son vis-à-vis :

« Pas ici...

- Pourquoi donc ? demanda l'artiste, tout en penchant la tête sur le côté. Aurais-tu peur d'être humilié en public ? »

La poigne de Tae atteignit sa destination puis il pressa cette zone lentement, douloureusement.

Hoseok déglutit, cette compression le rendant sensible au moindre toucher.

« Je m'attendais à plus venant d'un gars comme toi. Humilier les autres ne te dérange pas mais quand il s'agit de toi, ça devient problématique ? Hm ? »

Le noiraud appuya encore plus alors que l'incompréhension était totale chez le châtain. Il ne comprenait absolument rien à ce qui était en train de se passer, mourait sous la pression exercée par Tae et ce sont moult questions qui envahirent à la chaîne ses pensées.

Il est vrai que bien qu'Hoseok eusse intégré l'une des facs les plus prestigieuses de la région, en plus d'avoir dégoté de bonnes notes à chaque semestre, cela ne faisait pas de lui quelqu'un d'exemplaire. Oh que non... Hoseok avait eu une langue bien venimeuse, fut un temps. Les pires méchancetés qui soient fusaient ; s'il avait envie de vous pourrir la vie, il s'exécutait sur le champ. S'il estimait que vos paroles détenaient zéro valeur à ses yeux, il vous le faisait très bien comprendre en vous ordonnant de la fermer. C'était sa façon d'exister, à l'époque. C'était sa façon d'avoir toute l'attention braquée sur lui, lui qui en cherchait désespérément car on ne lui en avait jamais donné au domicile familial. C'était sa justification, ce pour quoi il brûlait de haine face au monde qui l'encerclait.

Personne n'avait échappé à la rudesse de ses mots ni aux piques mesquines qu'il balançait. Pas même Jungkook qui, pourtant, était resté à ses côtés coûte que coûte alors qu'il aurait pu très bien choisir de partir pour de bon.

Pas même ce gamin au visage si doux qu'il en aurait fait pleurer les anges face à tant de pureté dégagée, gamin dont il avait omis l'identité depuis tout ce temps.

Oui, Hoseok avait endossé une attitude exécrable durant des années jusqu'à ce qu'il parvint à apaiser de lui-même cette émotion aux saveurs amères et âcres.

Mais là n'était pas le problème.

Le problème était de savoir comment Tae pouvait détenir une telle information sur lui alors qu'ils ne se connaissent pas, voire à peine.

Question sans réponses. Et le fait ne pas savoir avait le don d'agacer le châtain.

« C'est moi qui vais te montrer à quel point je peux être déplaisant, si tu ne fermes pas ta petite gueule dans les dix prochaines secondes, rétorqua Hoseok, les sourcils froncés. »

Un sourire en coin apparut sur le faciès de Vante.

« Oh, on sort les crocs ?

- Ta gueule, tu ne me connais même pas !

- Tu perds ton sang-froid, chéri, répondit le danseur sur un ton joueur. »

Hoseok tapa avec brusquerie du poing sur le comptoir, ce qui fit à la fois sursauter les serveurs derrière celui-ci et les clients environnant. Quant à Tae, il n'avait pas bougé d'un poil, nullement impressionné par le geste de l'homme face à lui.

« Tu vas arrêter ce cirque tout de suite, pesta le trentenaire entre ses dents.

- Oulala j'ai peur, fit d'un ton neutre le plus jeune. Pourquoi est-ce que j'arrêterai ? »

Bah oui Hoseok, pourquoi tu l'arrêterais ? lui cracha sa conscience. Pour cause, le côté provocateur de son cadet l'énervait autant qu'il l'émoustillai. Les deux mélangés ensemble ne faisaient pas bon ménage et au milieu de tout ce bordel, le salarié était incapable de repousser Vante. Parce que son désir pour lui était plus fort que l'énervement qu'il ressentait à son égard.

Satané démon.

« Tu habites pas loin d'ici ?

- Ouais, répondit du tac-au-tac Tae.

- Alors allons-y, que je t'apprenne comment mieux te comporter. »

L'aîné bouillonnait d'envie de recadrer ce gamin désinvolte à sa manière et de lui montrer qui menait la danse ici. Ils quittèrent en trombe le bar après avoir payé la note, pressés comme jamais...

Les deux jubilaient intérieurement...

Mais pas pour les mêmes raisons.

Qui de ces deux hommes névrosés possédait vraiment le contrôle ?

*****

« Regarde-moi m'approcher, tandis que je me dévoile,

Je me déshabille, ton visage pâlit,

Tu es le cœur, je suis le clou.

Le ressens-tu ? »

Hoseok était intenable. Tout comme la source de ses fantasmes qu'il suivait le long des couloirs vieillis de son immeuble. Leurs pas se faisaient rapides, précipités et bien vite, après avoir emprunté les escaliers en colimaçon du bâtiment, ils arrivèrent à la porte de l'appartement du noiraud. Le numéro quarante-neuf était accroché en son milieu. Tandis que Tae se démenait pour ouvrir celle-ci tout en bataillant avec ses clés, Hoseok tira profit de cet instant pour enlacer par derrière le jeune homme, ses mains cajolant son tour de taille, puis il échoua ses lèvres tout contre la nuque de celui-ci, parsemant cette peau couleur sable de baisers désireux et affamés.

« Attends, grogna le plus jeune.

- Plus vite, jolie chose, susurra l'aîné au creux de l'une de ses oreilles percées. »

Ce que Hoseok ne nota pas, étant donné qu'il était derrière lui, c'était que le danseur se tendait sous son assaut lancé et affichait une mine écœurée traduite par un énorme roulement d'yeux puis d'une déglutition.

Le loquet s'ouvrit enfin et c'est une douce obscurité qui les accueillit à l'intérieur. Il faisait sombre mais pas assez, ce qui faisait que les garçons pouvaient se repérer correctement et éviter de se cogner dans les murs ou dans les meubles décorant l'espace.

Une fois le seuil dépassé, Hoseok plaqua son cadet contre la cloison la plus proche, l'esprit embrumé par ses pulsions. Il ne pouvait plus se retenir davantage et tenta de cueillir les demi-lunes carmines de son vis-à-vis. Tentative qui se révéla être un échec car Tae l'en empêcha, un index reposant contre ses lèvres.

« Tout doux, 'Seokie. Les meilleures choses ont besoin de patience, on ne te l'a jamais appris ? »

C'est qu'il sait se faire désirer, pensa « 'Seokie » - ce surnom, seigneur - Tae n'avait pas tort en soi. Pour accéder aux bonnes choses, il fallait parfois savoir faire preuve d'extrême patience pour pouvoir y goûter, après une attente aussi longue qui rendrait la chose encore plus sensationnelle. Le trentenaire prit donc son mal en patience et suivit sagement l'ébène jusqu'à sa chambre, celui-ci ayant attrapé son poignet pour qu'il le suive.

Le salarié n'en pouvait plus. Il croyait que sa tête, tout comme son cœur et une autre partie bien plus indomptable de son anatomie, allait éclater d'une minute à l'autre. L'attente était insupportable pour celui-ci qui ne songeait qu'à une unique chose : voir la lumière au bout du tunnel, entre les deux cuisses du noir de jais.

Lorsqu'ils entrèrent dans la chambre de l'ébène, celle-ci était plus éclairée que le reste de l'habitation. Les rideaux de l'unique fenêtre n'étaient pas fermés, laissant alors la lune bénir la pièce de ses pâles rayons.

« Je vais juste m'assurer que tout est bien fermé et je reviens, prévint le danseur avec bienveillance avant de s'éclipser. »

Hoseok se retrouva alors seul face à ce nouvel environnement qui le cerclait et l'inspecta minutieusement, laissant ses jambes déambuler, ses pas faisant craqueler de temps en temps le parquet. Un grand lit deux places avec des barreaux en fer se tenait droit devant lui. À l'opposé, une télévision reposant sur un meuble en bois massif. Une coiffeuse avec un nombre incalculable de bidules en rapport avec la cosmétique et le maquillage n'était pas trop loin, non plus. Des néons de taille moyenne étaient greffés tout autour du miroir le composant. Hoseok marcha encore, un élément du décor ayant titillé sa curiosité. Il y avait cette chose de forme rectangulaire recouverte d'un drap clair trônant sur un autre meuble, qui devait certainement servir de rangement pour les vêtements du propriétaire des lieux. Cela ressemblait à une boîte. Il décida alors d'approcher sa main dessus et fit lentement glisser le tissu pour découvrir ce qui s'y cachait en dessous.

Miséricorde, Hoseok n'aurait jamais dû toucher à cette fichue boîte transparente.

Dedans, les pires abominations que Dieu avait façonnées de ses dix doigts squattaient là-dedans, leurs huit pattes au repos, immobiles.

Quatre arachnides étaient là et leur aspect velu, dégoûtant au possible, manqua de faire hurler d'effroi le jeune homme. Dans un mouvement de panique et son organe vital s'emballant à la vitesse de l'éclair, il recouvra très vite cette caisse qu'il préférait rayer de sa mémoire. Que faisait Tae avec de telles bestioles chez lui ? Rien de lui ne présageait qu'il détenait des grosses araignées enfermées comme sorte d'animaux de compagnie dans son appartement. Était-ce une passion ? Aimait-il ces bestioles démoniaques ? Hoseok préférait ne rien savoir. La respiration laborieuse - bon dieu, qu'il haïssait ces merdes - le salarié tourna la tête légèrement et ses prunelles marrons chutèrent sur un bureau.

Un bureau où de multiples photos, post-its et autres étaient collés au mur le touchant.

Hoseok osa s'en approcher et au fur et à mesure qu'il minimisait cette distance les séparant, sa mâchoire manqua de se décrocher et une émotion inqualifiable s'empara de lui.

Un cocktail entre effarement, incompréhension et horreur.

Les battements effrénés de son cœur ne cessèrent pas. Pire même, ils s'amplifiaient seconde après seconde à tel point qu'ils lui montèrent à la tête.

Car non seulement, il y avait quelques photographies de lui avec des annotations inscrites en rouge qu'il ne parvint pas à déchiffrer...

Mais il y en avait aussi de son ami Jungkook.

Beaucoup...

Énormément du jeune PDG qui tapissaient cette cloison.

Il y avait des petits papiers jaunes avec des horaires, des jours de la semaine annotés, des adresses, des photos semblant prises à leur insu, des screenshots de leurs réseaux sociaux non seulement à eux mais à d'autres amis proches de l'université avec qui ils avaient gardés contact comme Namjoon ou Yoongi, devenu community manager pour l'un, contrôleur de gestion pour l'autre. Sur certaines des images représentant Jungkook, son visage était griffonné au stylo Bic avec acharnement, d'autres quant à elle trouées, voire même à moitié déchirées.

Hoseok avait comme l'impression de recevoir un coup de massue sur la tête. Ce qui se tramait n'était pas normal. Ce garçon n'était pas normal.

Dès les premières secondes à la vue de celui-ci dans l'Apocalypse, le travailleur l'avait su. Il y avait ce petit truc qui le différenciait des autres artistes de ce club aux allures de cabaret démonial. Son apparence, sa prestance, les ondes qui émanaient de lui lors de sa prestation... Il était l'exception de tous.

Son attitude l'avait suggéré aussi, une heure plus tôt, dans ce bar bondé.

Mais de là à ce que celui-ci se révèle être une sorte de stalker...

Un arrière goût immonde envahit alors le palais du châtain et son estomac se noua douloureusement.

Hoseok n'avait rien vu venir.

Absolument que dalle.

Pas même ce coup agressif à l'arrière de son crâne qui l'emporta dans les ténèbres.

Le début de la fin était proche.

*****

Froid...

Tellement froid...

Hoseok grelotta comme s'il se trouvait en plein cœur de la Sibérie.

Un soubresaut le parcourut tant sa peau était frileuse au contact de l'air ambiant.

Tout était confus. Réfléchir se faisait de plus en plus compliqué pour lui et pour ne rien arranger à la situation, son crâne lui faisait affreusement de mal, mal au point qu'il ressente l'urgence de l'enfoncer dans un mur pour abréger sa souffrance. Ne serait-ce qu'entrouvrir les yeux était tout aussi difficile pour lui. Il tenta de bouger faiblement l'un de ses bras, en vain.

Sans succès.

Il récidiva son action.

Impossible de le bouger comme il le désirait. Il en allait de même pour son autre bras. Il avait beau tenter de s'agiter, rien n'y faisait. Un lien semblait le retenir prisonnier, manquant de lui refourguer des crampes abominables et c'était ce constat qui l'encouragea à ouvrir lentement les paupières.

Sa focalisation, au départ trouble, se précisa peu à peu jusqu'à devenir complètement nette.

La terreur saisit alors le jeune.

Et tout lui revint en mémoire.

L'Apocalypse, Tae, le bar, les monstruosités dans la boîte et...

Ses pupilles braquées sur son bras attaché à l'un des pieds du lit, il essaya à une nouvelle reprise de se sortir de là jusqu'à ce qu'une voix sirupeuse ne le ramène sur terre.

« C'est vraiment un truc chez vous, les potes de Jeon, de vouloir sauter sur tout ce qui bouge. »

Hoseok tourna la tête et vit l'origine de ses tourments, assis sur le lit, une expression sévère ornant son faciès, seulement vêtu de cette chemise blanche épousant ses formes, plusieurs boutons ouverts donnant vue sur son derme appétissant. Il osa aventurer son regard sur ses jambes découvertes avant de se faire sèchement réprimander par le plus jeune. Ce gros serpent tatoué sur la cuisse lui faisait un appel de phare, il n'y pouvait rien.

« N'y pense même pas. »

Son intonation était tranchante telle une lame acérée et quant à ses deux billes marrons aux nuances orangées, toute trace de douceur ou de bienveillance à son égard avait disparu. Il ne restait plus qu'un certain mépris et de la colère qui cillaient en leur sein.

Qu'est-ce qu'il lui prenait, tout d'un coup ?

« Tae, c'est quoi cette mascarade ? demanda le trentenaire, troublé par la tournure des événements. Je croyais que tu voulais me-

- Te baiser ? le coupa Tae, l'un de ses sourcils levé avant qu'un rire cynique ne découle d'entre ses lèvres. Dans tes rêves, mon grand. Je ne couche pas avec le premier venu, encore moins avec un gars comme toi. »

Vexé. Hoseok était tout bonnement offensé et se sentait extrêmement con. Il était tellement sûr qu'il aurait rien que pour lui Vante, si certain de son coup. Son ego venait de prendre cher. Sa langue roula contre l'une des parois internes de sa joue, ne supportant point cet affront. Le naturel revint au galop.

« Tu n'es rien d'autre qu'une petite salope montrant son corps à qui veut bien le voir, pesta celui-ci.

- Et toi, un dangereux prédateur frustré par la vie, prêt à me droguer pour me faire ce qui te chante. »

Quoi ? Il bluffe là, non ? Le salarié essaya de se rassurer un minimum, se disant que peut-être Vante cherchait simplement à lui faire peur. Ouais, ça devait être ça ! Il n'y avait pas d'autres réponses possibles. Il ne pouvait pas connaître les intentions premières du travailleur, à moins d'être très perspicace ou d'être médium. Mais les deux hypothèses paraissaient aussi invraisemblables l'une que l'autre.

Puis il se décomposa lorsque son vis-à-vis lui montra un flacon contenant un liquide translucide, qu'il s'amusait à agiter sous son nez juste pour le voir peu à peu se laisser aller à la panique.

« Tu sais comment on appelle cette merde ? Tu veux je dise à haute voix ce que ça fait de toi, en possédant un tel truc sur soi ? Hm ?

- Je... »

Il avala de travers sa salive, se sentant extrêmement mal à l'aise, confronté à sa propre noirceur, à l'ignominie de son âme.

Trop loin.

Il était allé trop loin dans sa démarche.

Mais le retour en arrière était irréalisable.

« Je ne suis pas sûr que l'agence de comptabilité en partenariat avec la Jeon's Company serait ravie d'apprendre que leur employé du mois soit un potentiel violeur. T'en penses quoi ? Allez, je t'écoute. J'ai toute la nuit pour. »

Comment Hoseok avait pu se foutre dans la merde à ce point ?

Si cet incident venait à se faire connaître par le bouche-à-oreille, Hoseok serait un homme mort. Il pourrait dire adieu à son job adoré comme ennuyeux, adieu à son existence banale, adieu à la confiance de fer que lui léguait Jungkook. Il refusait tout cela ardemment. Ce qu'il avait bâti au fil des années ne pouvait pas prendre fin comme ça, en un claquement de doigt. C'était un malentendu, une minime erreur de sa part, un- il s'enfonçait tout seul, à se dédouaner de pensées aussi graves. Il avait un problème.

Le noiraud se réjouissait de la réaction du châtain, un sourire crapuleux aux coins de ses jolis demi-lunes.

« Oh, on a perdu sa langue ? Pourtant, elle avait l'air de bien fonctionner tout à l'heure. »

Le sarcasme imbibait ses paroles. Il gloussa légèrement puis fit rouler par terre le petit tube jusqu'à l'autre bout de la chambre, une ombre projetée au sol l'avalant dans sa sombreur.

Hoseok ne comprenait vraiment rien. Pourquoi, dans ce cas-ci, Tae avait accepté de le faire venir chez lui ? Et ces photos sur son mur juste au-dessus de son bureau ? À quoi rimait donc cette circonstance insensée ?

« Tae... Pourquoi ? Explique-moi. »

Le nommé riva ses mirettes de nouveau sur sa victime, un air suffisant sur le visage avant de pencher la tête d'un côté.

« Pourquoi ? Tes yeux de merlan fris ont vu en long, en large et en travers mon bureau et tu me demandes encore pourquoi ? »

Quelques secondes passèrent puis il reprit la parole, tout en soupirant longuement :

« Je vais devoir faire appel à ta mémoire puisque tu as l'air de n'avoir rien compris. »

Il se redressa puis marcha en rond, le parquet grinçant avec légèreté sous la plante de ses pieds, les bras croisés contre son torse sous le regard insistant du plus vieux. Impossible pour lui de cerner qui donc était Tae.

Un mystère grandeur nature dont il était impossible de le résoudre. Et si l'on s'obstinait encore et encore jusqu'à s'en donner des maux de tête, on se retrouverait désorienté, les pensées embrouillées.

« Un garçon avec des cheveux châtains clairs, la pointe du nez un peu grosse, toujours habillé avec des tenues colorées que tu adorais surnommer « la tarlouze » et humilier au campus devant toute la populace. Ça ne te dit rien ? »

À cette description, Hoseok se releva à son tour, profondément ahuri par la révélation du plus jeune.

Cela ne pouvait pas être vrai.

« Attends... Ne me dis pas que... »

Tae tourna sur lui-même, faisant à une énième reprise face au plus âgé.

Cette fois-ci, en décortiquant plus soigneusement la façade que renvoyait le noiraud, le trentenaire réalisa.

L'épiphanie s'imposa à lui, dans ses songes obscurs, en véritable divinité déchue des cieux pour l'inonder de son halo de vérités.

« Taehyung... ? Kim Taehyung, c'est bien toi ? »

Aucun autre mot ne put être prononcé par Hoseok après ça, tant il se sentait terrassé. C'était des souvenirs remontant à cinq auparavant qui trônaient là, sous son regard déboussolé. Son cœur dégringola de plusieurs étages à la foulée, nullement prêt à se confronter à son passé.

Comment ce gamin au visage de poupon et de nature si vivace à l'époque, qui n'osait jamais se défendre, avait pu se transformer en péché ambulant doté d'une opinion aussi sinistre du monde en plus d'être capable de le laminer aussi facilement ? Il paraissait si différent d'autrefois. C'était comme avoir un parfait inconnu devant soi. Ça n'avait aucun putain de sens.

Le bellâtre aux cheveux noirs ne se prononça pas, se contentant de le fixer durement tout en pinçant ses lippes. Le châtain interpréta cela pour un « oui » silencieux.

L'air était devenu si lourd, si pesant depuis leur venue ici. Hoseok ignorait depuis combien de temps ils étaient rentrés mais il avait cette fâcheuse impression que cela faisait une éternité et que cette tension entre eux intoxiquant l'air allait le tuer.

« Mais... Comment ? questionna l'aîné des deux, toujours aussi déconcerté par cette nouvelle. On te croyait-

- Envolé ? Disparu ? Mort, peut-être ?

La voix de Taehyung empestait le reproche alors qu'il regagna le lit nonchalamment.

« Ton précieux Jungkook ne t'a donc rien dit ? »

Pause. Qu'est-ce que Jungkook avait à voir avec cette histoire ? Quel lien avait-il avec la supposée disparition du noiraud ?

Car oui, du jour au lendemain, le jeune danseur avait disparu de la circulation peu après la période des vacances d'Halloween, cette année-là. Il s'était volatilisé comme par magie, sans prévenir qui que ce soit. Personne ne l'avait vraiment remarqué au départ mais quand les jours suivant la reprise des cours, le meilleur pote de celui-ci - un certain Jimin quelque chose - avait déboulé seul en classe alors qu'eux deux avaient toujours traînés ensemble depuis le début de l'année, c'était qu'il devait y avoir anguille sous roche. Hoseok ne s'en était rendu compte que très tardivement, ses copains également mais jusqu'à présent, ils n'avaient obtenu aucune réponse à propos de cet événement troublant. Ils avaient alors agi comme si de rien n'était. Comme si Taehyung n'avait jamais existé alors que quelques semaines précédant son absence, ils - enfin, le trentenaire plus particulièrement - avaient pris un malin plaisir à l'emmerder pour la ixième fois. C'était peut-être celle de trop, pensa avec du recul Hoseok.

D'entre eux tous, il n'y avait que Jungkook qui ne prenait pas part à leurs gamineries.

Jungkook n'avait jamais cherché les ennuis avec Tae et l'avait même sauvé plus d'une fois de situations périlleuses. Il avait même recadré Hoseok devant tout le monde un midi, alors qu'ils allaient s'installer à une table de leur cantine universitaire pour manger !

Et Jungkook fut le seul à être étrangement dérangé, voire même bouleversé par cette période houleuse pour tous ceux ayant côtoyé de près comme de loin l'ancien châtain clair.

Taehyung écarquilla les yeux, ses lèvres s'ouvrant en grand alors qu'il s'asseyait avec grâce sur le matelas, tout en croisant les jambes et posant ses mains sur son genou.

« Oh, il ne t'a donc rien dit à propos de nous ? »

Le visage si masculin d'Hoseok n'exprima que de la confusion. Qu'est-ce-que Jungkook aurait à raconter sur Tae et lui ? Surtout qu'il ne les avait jamais vu se fréquenter ne serait-ce qu'une seule fois dans l'enceinte de leur établissement.

Est-ce que Taehyung était en train d'inventer tout un scénario pour justifier ses actes ? Pourquoi partir aussi loin dans un mensonge alors ? La réflexion d'Hoseok était sens dessus-dessous.

« Je ne sais pas pour quelle raison mais... Jungkook m'a toujours fasciné depuis sa venue à notre université, commença l'ébène, pensif. Chaque fois que je le voyais avec vous ou en train de discutailler avec l'un de nos profs, j'avais comme la sensation que tout gravitait autour de lui. Qu'il dégageait quelque chose de puissant, de sécurisant comme terrifiant à la fois. J'ai encore en mémoire ce jour où il t'a engueulé devant tout le monde au repas du midi, c'était... C'était quelque chose. Même moi, j'étais effrayé. J'étais apeuré et en même temps excité. Jeongguk m'intriguait. Il avait cette confiance que je manquais à l'époque, que je rêvais d'obtenir en grandissant depuis tout petit. Son visage me hantait, me déconcentrait durant les cours et... Il me faisait perdre la tête. Littéralement. »

Il passa une main dans sa chevelure noiraude, coinçant l'une de ses mèches derrière son oreille avant de se racler la gorge.

« Je le voulais. Je le désirais à un point où j'en crevais chaque nuit tout en me tortillant dans mes draps avec la solitude pour seule compagnie. Puis... J'ai décidé de passer à l'action. J'ignore encore comment j'ai pu avoir ce débordement de détermination mais bref, passons. Tous les moyens étaient bons pour moi pour qu'il me voit. Même les plus risqués. J'avais rien à perdre du tout. »

Hoseok tilta. Très souvent c'était son ami qui allait à la rescousse du noiraud, sans raison particulière. Hoseok avait pensé que c'était simplement l'empathie de son jeune camarade qui avait pris le dessus à chacune de ses fois.

Sauf qu'en y réfléchissant, il y avait eu trop de fois justement. À croire que cela semblait être fait exprès.

Et si... !

« Attends, toutes ces fois où tu te faisais martyriser en classe c'était toi qui avait provoqué ça ?! Tu l'as fait volontairement ?! »

Tae lui rendit un sourire, fier de lui.

« Bravo, Sherlock. J'étais déjà pulvérisé de tous les côtés par les brimades à cause du simple fait que j'existe alors j'ai voulu tourner ça à mon avantage. Tu sais c'est quoi le plus merveilleux dans tout ça ? Ça a marché ! J'avais juste à être pas loin de lui, mettre de l'huile sur le feu et le tour était joué ! »

Il fallait être sacrément masochiste sur le les bords pour se laisser se faire démolir par les autres pour espérer attirer l'attention de quelqu'un. Hoseok en était sidéré.

« Et le meilleur pour la fin : j'ai fini par l'avoir, un soir à l'abri des regards indiscrets. Le jour, nous étions de parfaits inconnus s'échangeant à peine un sourire. Le soir, nous étions deux amants se perdant dans les bras de l'autre. Étonnant n'est-ce pas, hein ? »

Les révélations foisonnaient. Le salarié n'aurait jamais cru que les deux garçons avaient pu entretenir une liaison charnelle. Même si cela viendrait de la bouche sincère de Jungkook, Hoseok ne l'aurait pas cru. Parce que cela paraissait trop gros pour être vrai. Parce que Jungkook et Taehyung étaient totalement aux antipodes de l'un, tout comme de l'autre, et cela rendait leur potentielle union incompatible. C'était comme vouloir allier le feu à l'eau : le mélange des deux était juste impossible à matérialiser.

« Mais ça, tu vois ce n'est que le premier acte de ce que j'appelle « ma descente aux enfers ». »

Jusqu'où irait cette discussion ? Est-ce que Hoseok voulait vraiment tout savoir, dans le fond ?

Un spasme traversa l'un de ses bras engourdis.

« Parce que tu vois, ton pote passionné de marketing cache bien son jeu lui aussi. Sa gentillesse excessive est merdique. »

Taehyung passa l'une de ses mains devant lui-même pour désigner son apparat.

« Tu vois ça ? Remercie-le de m'avoir rabâché que je dois plus être comme ceci, être comme cela, qu'une âme aussi vicieuse que la mienne ne peut pas être compatible avec l'innocence de mon apparence. Que je suis une erreur dans la matrice. En bon samaritain qu'il est et j'espère que tu notes bien l'ironie dans ce que je dis, il a tenu les propos les plus affreux que j'ai pu entendre et pourtant, j'étais là à tous les gober et à dire « amen » juste parce qu'il était à moi, parce que quelqu'un daignait enfin m'apporter de l'attention et pimenter mon quotidien insipide. Puis... Il y a eu ce soir d'octobre.»

Tae se tut. Hoseok appréhendait la suite, un mauvais pressentiment le ravageant peu à peu. La suite ne sentait pas bon du tout, aux vues des dires de l'artiste assis à ses côtés.

Le benjamin lui tourna le dos et se déshabilla lentement. Les faisceaux de la lune s'harmonisèrent avec sa peau et mirent en évidence les détails de celle-ci.

Le cœur du prisonnier se serra violemment à cette vue.

Des traits rugueux de taille et de profondeur différentes lacéraient son épiderme de partout. Son dos était déchiqueté, tailladé, déchiré de cicatrices innombrables tant il y en avait trop.

Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour qu'il finisse dans cet état ? Serait-ce en rapport avec sa disparition ?

« Ce soir-là, j'étais avec Jungkook et quand je me suis réveillé, j'étais allongé sur un lit d'hôpital avec une commotion cérébrale et ces saloperies. J'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé entre deux et je veux savoir... »

Puis il remonta sa chemise avant de la réajuster correctement, puis de se retourner vers Hoseok.

Taehyung pensait que Jungkook était responsable de ça ?

« Taehyung, sans vouloir t'offenser, je ne pense pas Jungkook être capable de faire du mal à qui que ce soit, déclara calmement, l'aîné.

- Ah, donc je me serais fait ça tout seul comme un grand selon toi ?»

Hoseok claqua sa langue contre son palais.

« Ce n'est pas ce que je voulais dire.

- Si ! s'emporta le plus jeune. C'est exactement ce que tu es en train de me dire !

- Sincèrement, j'en sais rien de comment tout ça a pu arriver mais je peux t'assurer que Jungkook n'est pas la personne que tu décris. Tu fais fausse route.

- Et c'est le gars qui m'a proposé un verre et de « faire connaissance » avec moi avec pour seul but d'assouvir ses fantasmes glauques qui me dit ça. T'as de l'humour, toi. »

Hoseok souffla bruyamment, agacé par l'entêtement de son vis-à-vis.

« Je veux lui faire payer d'avoir brisé ma vie en brisant la sienne, renchérit Tae, ses yeux devenus des revolvers. Il ne va pas s'en tirer aussi sagement.

- Ah ouais ? fit Hoseok, un air arrogant sur le visage. Et qu'est-ce que tu vas faire, jolie chose ? »

La mâchoire serrée, Tae se pencha au-dessus du faciès d'Hoseok. Il n'affichait aucune expression particulière mais le plus âgé des deux pouvait sentir le plus jeune bouillir. Il avait l'air d'une vraie bombe à retardement et Hoseok eut pour seule réaction de s'enfoncer un peu plus contre le matelas, un désir inconscient de disparaître et de se faire tout petit le guidant. Vante était dangereux sur scène mais tout proche de lui, c'était une tout autre histoire.

« Premièrement, je t'interdis de m'appeler « jolie chose », sombre connard. Je ne suis pas un objet avec lequel vous pouvez jouer comme bon vous semble et je n'appartiens à personne. Je suis libre, sauvage et indocile. Je vaux bien plus que ça. »

Il plissa des yeux puis poursuivit :

« N'empêche que je dois te remercier pour deux choses. C'est à force d'entendre tes moqueries à mon encontre que je me suis endurci et que désormais, je ne laisse personne me marcher dessus et ce, peu importe s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. Et j'ai la preuve que je peux plaire car même toi, tu me voulais entre tes griffes. »

Il humidifia ses lèvres, laissant entrapercevoir le temps d'un très court laps de temps le bijou décorant sa langue avant de continuer ses semblants de remerciements.

« Et puis tu m'as été d'une grande aide tout à l'heure car maintenant, j'ai bien plus d'informations pour peaufiner mon plan. Ce n'est pas bien de confier autant d'informations à un inconnu, on ne te l'a jamais appris quand t'étais gosse ? »

Hoseok pâlissait à vue d'œil. Les rôles s'étaient inversés. Il se faisait dominer de A à Z par ce garçon efféminé qui plus tôt encore, l'accablait de pensées perverses et qui maintenant lui refilait le besoin de s'enfuir au pas de course de cette chambre. Tae avait su tisser sa toile comme un pro et le trentenaire sentait son espoir de quitter ces lieux lui filer entre les doigts.

« Tu es malade, Taehyung... murmura Hoseok, impuissant.

- Pense ce que tu veux de moi, si ça te fait plaisir. En tout cas, j'adore cette peur sur ton visage. Ça te va à ravir. »

Un grain ! Il a un grain, ce con ! fulminait intimement Hoseok.

Le maître du logement tendit le bras vers la commode en bois tout près du lit et tira sur la poignée du tiroir tout en prenant son temps. Il en extirpa un linge couleur ivoire puis referma ledit tiroir.

Sans prévenir, il grimpa à califourchon sur sa victime, tissu tenu dans ses mains et ses jambes de part et d'autre du bassin de celui-ci. Hoseok le contempla faire, ne parvenant pas à assimiler ce qui se passait, dérouté par cette proximité imprévue.

Lorsqu'il comprit enfin, il était trop tard : Taehyung venait de le bâillonner et il était impossible pour lui de crier à l'aide, dès à présent.

Tae menait le jeu. Il observa quelques instants sa victime en position de soumission sous lui, exalté par cette vue qu'il trouvait splendide.

Ses mains s'agrippèrent à la toute première barre de la tête de lit pour prendre appui, la tête d'Hoseok entre ses deux bras finement musclés. Leurs pupilles s'ancrèrent les unes aux autres et le châtain crut apercevoir de l'espièglerie jonglant entre celles du plus jeune.

Vante était sublime mais ô combien dangereux. Sa beauté suscitait aussi bien l'éros que la crainte et, présentement, le trentenaire ne ressentait que de l'épouvante.

« Si tu n'étais pas affilié à Jeon et plus aimable, peut-être que je t'aurais laissé me toucher. Qui sait ? »

Il ondula légèrement du bassin à ces mots contre l'entrejambe d'Hoseok et le cœur de celui-ci loupa un battement à ce geste inopiné.

« Peut-être que j'aurais laissé ma langue courir sur ta longueur avant de la prendre en bouche. Hm ? Tu adorerais ça, n'est-ce pas ? »

La distance entre leurs visages devint moindre et la respiration du plus âgé, quant à elle, irrégulière.

« Avoue-le, tu en rêves depuis le premier jour de ta venue à L'Apocalypse. Tu aimerais que je te la prenne profondément comme il faut, ah ouais ? »

Tae prenait un plaisir sadique à le tourmenter, sachant pertinemment l'effet qu'il engendrait chez l'employé de la Jeon's Company. Hoseok se contractait sous ses mots salaces, subissant cette torture psychologique. Son intonation suave, chutant de plusieurs octaves était suffisante pour raviver les désirs enfouis chez lui et lui donner la chair de poule.

« Je suis sûr que dans les recoins tordus de ton esprit, tu t'imaginais me prendre contre le plancher de la scène sous les bains de lumière de la salle mais, je suis obligé de te remettre les idées en place. Ça n'arrivera jamais. »

Il termina sa phrase sur un coup de bassin qui fit couiner l'aîné avant de se retirer de lui et de contourner le lit en direction du meuble où traînait la boîte qu'il avait découvert plus tôt avant de se poster devant. Hoseok releva la tête, ne voulant manquer aucun des faits et gestes du plus jeune, toujours angoissé à l'idée de ce qui suivrait.

« Je suppose que pendant que j'avais le dos tourné, tu as fait connaissance avec mes copines. »

Il retira le tissu recouvrant le récipient et une nouvelle fois, Hoseok se mit à paniquer en voyant ces créatures poilues dans son champ de vision. Ses jambes s'agitaient dans l'air, ses bras s'acharnaient sur ses liens et il manqua de s'étouffer à force de crier tout contre le linge lui servant de bâillon.

« Ce ne sont pas des araignées ordinaires. »

Tae prit la boîte et revint à sa place initiale, sous les hurlements étouffés du travailleur.

« Ce sont des veuves noires. Une seule morsure et c'est fini. »

Comment ça se fait qu'il est pas déjà mort avec des engins pareils chez lui ? se demanda Hoseok, même en position de faiblesse. Est-ce que ces machins s'étaient habitués à lui, à son odeur et donc ne l'attaquaient pas ? Hoseok n'avait aucune base en relation homme-animal et ceci était le cadet de ses soucis. Il y avait encore plus important à penser comme éviter de mourir ici et avoir la vie sauve, par exemple.

Il ôta le couvercle et fit grimper prudemment l'une d'entre elles sur sa main. La bestiole marcha lentement, remontant l'avant-bras de celui qui s'occupait d'elle. Tae n'avait d'yeux que pour elle sur l'instant et ressemblait à un môme heureux de l'acquisition de son nouveau jouet, le jour de Noël.

« L'araignée mâle n'est pas considérée comme dangereuse, cependant. Mais peu importe, j'adore ces petites bêtes. Elles sont gracieuses à leur façon. Il y a quelque chose de presque hypnotisant quand on les regarde et elles sont super intelligentes quand il s'agit de ne faire qu'une bouchée de leur proie. J'aurais aimé en être une rien que pour ça. »

Puis il se rendit compte de sa supposée boulette et pouffa de rire, riant de lui-même.

« Oh pardon, je parle trop. Qu'est-ce-que je voulais faire avec elle, déjà ? Ah oui ! »

Il empoigna entre deux de ses doigts le corps de la bête et la posa sur le ventre découvert du châtain, dont l'anxiété quadrupla d'intensité. La chose aux tâches vermillon bougeait, avançait lentement et vite à la fois sur son torse et Hoseok sanglota en voyant l'araignée remuer ses crochets, un sentiment nauséeux enguirlandant sa montée de stress à la pensée de la tête de l'araignée tout proche de son visage.

« 'Seokie, ça ne sert à rien de résister. Dans quelques minutes, le sommeil éternel t'étreindra, dit platement Tae tout en le dévisageant, sans l'intention de venir l'aider.

- Pourquoi ?! essaya de dire Hoseok, ses cinq sens plus à vif que jamais.

- Pourquoi ? »

Le danseur répéta ses mots avant de rire à gorge déployée, hilare de la naïveté de sa victime.

« La réponse est évidente, pourtant ! Croyais-tu vraiment que j'allais te laisser repartir bredouille alors que tu représentes maintenant une gêne pour mes plans futurs ? Vu la langue pendue que tu te trimbales, ça ne m'aurait pas étonné que tu ailles tout répéter à Jungkook comme le parfait petit toutou que tu es ! »

Il se leva sans rompre le contact visuel avec Hoseok.

« Quand je reviendrai, son venin aura intoxiqué le sang circulant dans tes veines. Bon séjour en Enfer, mon grand. »

Vante fit alors volte-face, abandonnant le travailleur à son sort qui s'égosillait à en perdre la voix que l'on vienne le secourir et qu'on lui enlève la veuve noire qui avait gagné du terrain entre deux.

Tae fit la sourde oreille, insensible aux gémissements désespérés du plus âgé.

Il s'en fichait royalement des risques encourus tant que cela le rapprochait de son but ultime.

Il serait le méchant que l'on peut blâmer, la luxure sommeillant en eux tous, la diva faisant tanguer les cœurs faibles sous les néons aux couleurs de l'hémoglobine et de la royauté, cette féminité assurée qui leur ferait exploser la cervelle, ce démon androgyne qui les pervertirait tous afin de les piéger dans ses immenses flammes et surtout...

Il serait celui qui arracherait de sa propre poigne l'existence de ce Jeon Jungkook, en éliminant d'abord tout obstacle sur son chemin avant de le tuer froidement. Il s'en était convaincu, ressassant encore et encore le même scénario jour après jour, nuit après nuit dans sa tête durant cinq années interminables comme une leçon que l'on apprend par cœur. Sa folie grandissait mais c'était ce qui le motivait à donner vie à ses desseins criminels, il adorait l'avoir dans la peau, s'enivrer de ce poison et de ressentir cette impression de glisser continuellement vers le fond. Il n'avait plus qu'à rendre réalité ses désirs lugubres et était bien décidé à tout mettre en œuvre pour.

« Je ne souffre pas de la folie, j'apprécie chaque minute passée à ses côtés. »

Edgar Allan Poe.

_______
Note de l'auteure :

Bonsoir, mes loulous ! J'espère que vous vous portez bien et que tout se passe bien pour vous ! ^w^ ❤️

Je débarque aujourd'hui avec ce tout premier Vhope qui a été écrit dans le cadre d'un projet de recueil collaboratif sur la Folie avec l'auteure Darkslyt / Apophiis. Je vous invite par ailleurs à jeter un œil sur ce recueil car les autres oneshots valent vraiment le détour ! 😋

J'espère qu'il vous aura plu ! J'ai beaucoup pris plaisir à le rédiger, surtout qu'il s'agissait d'un thème qui me parle plutôt bien. Je pense aussi que vous devez avoir des questions sur certains aspects de cette histoire après votre lecture, comme par exemple : qu'est-ce qu'il s'est réellement passé ce fameux soir d'Octobre entre Tae et Jk ? Est-ce que Tae fabule ou Jk lui a vraiment fait du mal ?

N'ayez crainte 😏

Un séquelle + un préquel sont prévus pour cette histoire et j'ai prévu de les rédiger quand j'aurais bouclé mes projets majeurs. J'ai déjà en tête les déroulements de ces deux parties-là et croyez-moi, ça va être... Intense 🙃
Vous pouvez par ailleurs glisser vos théories, si vous en avez, ici. Je suis très curieuse de les lire 😋

Je vous dis à très vite et vous fais plein de gros bisous ! Prenez soin de bous les amis, restez bien au chaud. Je vous love très très très fort ❤️

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro