𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟻 - 𝙲𝚊𝚙𝚛𝚒𝚌𝚘𝚛𝚗𝚞𝚜
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-Tu réussissais à te cacher, alors que vous viviez tous dans une toute petite pièce ? demandait le psychiatre, son visage ne se détendant toujours pas depuis le début du récit.
Le concerné acquiesça, puis reprit :
-C'était vraiment insalubre là-bas, et comme nous étions nombreux, j'arrivais souvent à me camoufler dans la masse et à me réfugier dans la tuyauterie, derrière la couche d'isolation des murs, à côté d'un placard électrique. expliqua Taehyung. Personne n'avait jamais suspecté que je vivais là-dedans, à part mon plus grand ami de l'époque : Hobi.
-Hobi ?
-Oui...C'était comme ça que je l'appelais, son matricule était bien trop compliqué.
Triturant ses fins doigts entre eux, l'argenté regardait le ciel étoilé, mélancolique.
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-V ! V, t'es là ?! demandait précipitamment un jeune garçon aux cheveux d'un blanc nacré, se faufilant entre la paroi d'isolation et le mur, d'une facilité déconcertante.
-Oui... chuchotait le jeune argenté en réponse, sortant une partie de son visage de la pénombre que formaient les tuyaux.
-Je n'ai pas beaucoup de temps, mais écoute-moi très attentivement, c'est important. se rapprochant de sa figure, il murmurait, préoccupé.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? se releva le grisé à la vue de son ami étrangement affolé, et pressé.
-Fais-moi une faveur et fuis cet endroit, je t'en supplie. Ne reste pas ici. disait sérieusement Hobi, plantant ses pupilles en détresse dans celles confuses du plus jeune tout en prenant ses mains dans les siennes.
-Mais Hobi, je-... Je ne peux pas ! P-Pourquoi ?
-Tu le sais tout autant que moi, il se passe des choses étranges ici. murmurait-il, desserrant peu à peu sa prise sur son ami dont la tension s'affolait. Ne perd pas de temps et va-t'en au plus vite. Ne m'attends surtout pas.
-Mais...C-Comment ça ? Où veux-tu que j'aille ?
Cherchant des réponses, il n'obtint rien de plus du plus vieux que ces quelques paroles déblatérées rapidement :
-Il ne me reste pas assez de temps, V. Mais promet-moi de t'en sortir. Tu en es capable, j'en suis convaincu. Reniflant un bon coup, Hobi ravala ses larmes qui commençaient à se former au coin de ses yeux bruns. Tu n'es pas seul, retiens-le.
Il ne voulait pas affecter le plus jeune, il ne voulait pas que le seul aîné fiable qu'il possède ne s'effondre devant lui.
Hobi était son modèle, son meilleur des amis, son grand-frère, son tout. Il était celui qui lui avait tout appris, celui qui le protégeait du mieux qu'il pouvait, le seul qui comprenait leur situation des plus délicates.
Et il ne voulait pas voir son protégé brisé par son malheur.
Les larmes leur brouillèrent la vue, et Hobi partit pour de bon, lâchant les mains moites de son camarade pour s'en aller sans un regard en arrière, auquel cas il était certain que le regret aurait pris place, plus qu'il n'était déjà présent.
-Non ! cria V, tendant ses mains désormais vides vers son ami qui disparaissait déjà de l'autre côté du mur. Hobi, où est-ce que tu pars ?! Hobi ! Ne me laisse pas !...
Dévasté, l'enfant seul bégaya, criant détresse, les larmes dévalant ses joues glacées.
« Tu n'es pas seul »
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-Hobi n'est jamais revenu. murmura Taehyung dans le silence de la nuit, où seul le crépitement du feu se faisait entendre faiblement. Un silence de condoléance suivit, tous retroussant leurs lèvres face à cet aveux touchant. Le grisé avait, en plus d'avoir été emprisonné pour un crime qu'il n'avait pas commis, perdu durant sa jeunesse son seul ami, le seul qui l'avait soutenu. Je n'étais pas parti sur le champ, je n'avais pas compris qu'il m'avait laissé pour toujours. Il m'avait prévenu et moi, comme l'ignorant que j'étais, j'ai préféré rester pour l'attendre, bien qu'il m'avait ordonné le contraire. J-Je ne voulais pas réaliser, même quand ils sont venus annoncer son décès...
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-Mes enfants... J'ai l'immense regret de vous annoncer la perte d'un de vos camarades. JGHSK-94, de son matricule, est parti hier soir, juste devant mes yeux, hélas. Mais ne vous en faites pas, je suis certain qu'il est entre de merveilleuses mains, à l'heure actuelle. Son chemin de vie n'est pas achevé, moi, votre Sauveur, l'aidera à monter jusqu'au Paradis. Continuez de votre côté de donner le meilleur de vous-même. Vivez, ma chair, mon sang, ma progéniture. récitait-il comme chaque mois depuis des années.
Les larmes ne voulaient plus couler chez le jeune argenté.
Pourtant, la peine, elle, était bien présente.
Hobi-hyung l'avait quitté, et V avait comme cette impression qu'il l'avait prédit.
-Vive le Sauveur. Vive notre Père. devaient-ils répondre en cœur, tels des êtres déshumanisés.
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-Et puis un jour, ce fut mon tour. fit le grisé, plantant ses orbes brûlantes d'une fureur enfouie mais bel et bien réelle dans le feu de bois, dont les flammes qui se reflétaient dans ses yeux mimaient cette colère profonde. On m'a fait faire des tests, comme d'habitude. Puis, comme je n'obéissais toujours pas, on m'a envoyé chez le Sauveur.
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-Tends ton bras. ordonna froidement un docteur, mais le grisé n'obéissait pas, comme à chacune de ses auscultations. V. Tends ton bras. réitéra-t-il plus sèchement, mais l'enfant n'obtempérait toujours pas, alors il lui tira brusquement son bras, et y planta tout aussi brutalement une aiguille.
L'argenté hurla alors sous la douleur qu'il ressentait, tentant de s'arracher de sa prise. Mais rien n'y faisait, l'adulte était bien plus fort.
Puis, au moment où ce médecin voulut lui ouvrir la bouche afin de vérifier sa langue et sa gorge, V lui cracha dessus, avant de vouloir s'enfuir en courant.
Mais comme d'habitude, des gardes le rattrapèrent bien vite, et le maintinrent par les bras, le serrant si fort qu'il aurait pu se briser en milles morceaux, tout comme son état intérieur.
Le médecin partit alors d'un pas las vers son bureau, soufflant un bon coup, lassé de son comportement puéril.
-Oui, ici Docteur A-9. appela l'adulte sur une sorte de haut parleur directement incrusté sur son bureau, guettant la mince figure qui se débattait dans les bras des deux colosses, d'un œil mauvais. Le patient V n'obéit toujours pas, ça ne peut plus durer. Que doit-on faire de lui ?
-Amenez-le moi. répondit la voix à l'autre bout du fil.
-A vos ordres, Sauveur.
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-Alors, je suis allé chez le tyran responsable de tout mes maux. C'était la première fois que je pouvais parler à l'homme que je détestais probablement le plus dans ce monde. Il s'était passé tellement d'années depuis la mort d'Hobi que ma haine envers lui s'était multipliée. Ce fut la première et seule fois où j'avais pu lui déverser toute ma colère.
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-Enchanté, V. C'est pour moi un honneur d'enfin pouvoir te rencontrer. disait le Sauveur, cet homme si détestable, dans un faux sourire sincère.
Le jeune grisé, lui, ne bougeait pas et ne disait rien, regardant ses pieds, assit sur une chaise.
-Tu sais, et on a déjà dû souvent te le dire, mais tu es probablement l'une de mes meilleures progénitures. Mais ne le répètes pas, les autres seront jaloux après ça, haha. pouffa-t-il, observant sa réaction comme si le jeune allait trouver ça drôle.
Mais V ne réagissait pas, se contenant intérieurement pour ne pas sauter à la gorge de cet individu.
-Ecoute, tu es très spécial pour moi, V. Tu es beau comme un prince, alors je t'en prie, n'entache pas ta réputation de cette manière avec mes collègues, tu veux bien ? Tu pourrais être si gentil et obéissant, pourquoi te comportes-tu de cette manière ?
Le détenu ne répondait toujours pas, les yeux rivés sur ses chaussures.
-Et bien, tu n'es pas très bavard-
-Depuis combien de temps ? demanda subitement l'argenté, remontant son regard noir de rage dans celui de son vis-à-vis.
-Comment ça ?
-"Depuis combien de temps vous torturez des enfants ? Et comment l'idée de manipuler des jeunes innocents vous est venue ? Entre nous, nous savons tous très bien que les expériences que vous menez sont fausses, du moins, elles n'aboutissent à rien, et ce depuis bien trop longtemps. Et vous attendez de moi que j'obéisse aux ordres ? Que je me réduise à un bon petit chien, prêt à tout pour son maître ? Vous n'êtes le maître de personne ici, personne." aurait-il voulu lui dire.
Mais rien ne sortait de sa bouche, pas un seul mot.
V se ressaisit, honteux et confus, préférant le silence à une confrontation dangereuse avec cet homme qu'il ne connaissait pas.
Il voulait à tout prix venger Hobi, mais il n'y arrivait pas. Il n'avait pas le courage.
-Je t'écoute ? continuait le Sauveur, fronçant ses sourcils grisés broussailleux.
-Non, rien. murmura le jeune homme dont les boucles argentés recouvrait ses yeux baissés.
-Pour une fois que je peux t'entendre parler... C'est dommage. fit-il, se levant de sa place pour se placer derrière le grisé. Tu devais sûrement te demander pourquoi tu es l'un de mes plus anciens patients. À son plus grand étonnement, il se mit à caresser sa chevelure nacrée, dans des gestes lents et désagréables. C'est parce que tu es mon plus précieux bien, V. Tout tes autres camarades ne m'ont pas satisfait, pour être honnête. Et j'ai préféré garder le meilleur pour la fin, tu comprends ?
Oui, V comprenait très bien. Trop.
Ses paroles, aussi malsaines qu'elles pouvaient être, ne passèrent pas inaperçues pour le jeune adulte.
Alors c'était donc pour ça, qu'il était l'un des derniers patients de cette maudite société à avoir passé l'âge adulte ?
Parce qu'un putain de pédophile attendait qu'il soit mûr pour tirer son coup ?
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-Il m'a ensuite ordonné de m'allonger sur une table, soit disant pour me faire passer d'énièmes examens. Mais je ne me sentais pas du tout à l'aise. E-Et puis, j'ai senti des mains trop baladeuses sur mon corps. Les cris des autres enfants me sont revenus à la tête. récitait-il, mentalement perdu. Ce jour-là, j'ai compris ce qui se passait à chaque fois, derrière ces murs. Le Sauveur les violait. Ces mots ont eu comme l'effet d'une masse sur tous les auditeurs du récit de Taehyung. Puis il les tuait, une fois rassasié, quand ces gosses ne lui servaient plus et qu'il devait éliminer les preuves. Faisant une pause, il triturait ses fins doigts entre eux. Sauf que cette fois-ci, c'est lui qui avait fini par mourir.
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D'une respiration saccadée et ératique, je regardais mes deux mains maculées d'un air absent, mon bourreau sous ma propre figure, inconscient.
Enfin, non, il était mort, j'en étais définitivement certain.
Mes yeux dérivèrent alors vers l'arme du crime, un vase cassé, tombé alors que je m'étais débattu.
Des bouts de verres étaient éparpillés autour de la victime, dont certains étaient ensanglantés, et d'autres plantés de part et d'autre de ses côtes.
Mais qui était la victime, au fond ?
Lui, un homme dépourvu de bon sens qui ne cherchait qu'à assouvir ses besoins malsains sur de jeunes innocents ? Ou moi, quelqu'un qui n'avait simplement cherché qu'à sauver sa vie au dépend de la sienne ?
Tremblant de toute part, je ne réalisais pas mon acte.
Je venais de tuer le Sauveur à mains nues.
Je l'avais d'abord assailli de coups, avant de lui trancher le torse en me saisissant de ce qui me venait sous la main.
Ensuite, je l'avais étranglé, jusqu'à ce que mort s'en suive.
Je venais d'accomplir mon plus grand souhait, ma plus grande envie cachée, et pourtant, je n'étais pas rassuré.
Il avait tenté de me violer. Il avait tenté d'abuser de moi, de mon corps, la seule chose qui m'appartienne vraiment.
Je me relevais alors sur mes deux jambes tremblantes, regardant tout autour de moi dans des mouvements désordonnés.
J'étouffais, j'étouffais trop. L'air devenait irrespirable ici.
Alors j'ai couru, ouvrant toute porte se présentant à moi. J'ai couru, prenant des directions aléatoires.
Je ne savais pas où j'allais. Et je ne savais pas où je me trouvais.
J'ai couru, frottant précipitamment mes mains sur mon haut sali par le temps. Le sang séché ne partait pas.
Je porterais sa trace toute ma vie.
Il me suivra toute ma vie, où que j'aille.
Puis je suis arrivé dans un endroit étrange, où des gens inconnus parlaient entre eux, portant des vêtements différents des miens. Certains dormaient à même le sol, et d'autres marchaient dans tout les sens, s'arrêtant parfois pour regarder de gigantesques écrans lumineux diffusant d'autres humains, que je ne reconnaissais toujours pas.
C'était la cohue. Je ne comprenais rien.
Ma tête tournait, les questions fusaient, en boucle.
Ces personnes me regardaient d'un air bizarre, voir ahuri. Ils me pointaient tous du doigt, moi, et mes affaires ensanglantés.
Soudain, je m'écroulais au sol.
Je tremblais sans pouvoir m'en empêcher, et mon rythme cardiaque s'affolait à une grande vitesse. Tapant frénétiquement mes mains sur mon torse, je voulus hurler, faire s'échapper toutes les émotions qui me traversaient, mais rien ne sortait.
Je me sentais sale, désormais dépourvu de toute humanité.
Je venais de tuer quelqu'un. Un homme.
Un humain.
Regardez-le ! Il a du sang sur les mains !
Vous croyez que c'est lui qui a...?
Ils viennent tout juste de l'annoncer, c'est évident !
Qui est-il ?
Il est complétement fou !
Des murmures, que des murmures. Je leur faisait peur, je ne leur inspirais seulement que la crainte.
Moi, un simple garçon qui n'avait jamais trouvé de sens à sa propre vie.
Puis deux hommes habillés de costumes étranges vinrent vers moi en courant, brandissant de drôles d'objets semblables à des tasers, si j'en croyais les livres imagés de l'ancienne Terre que j'avais pu lire dans ma cachette.
-Monsieur, vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de notre président Park. Vous n'avez pas le droit à la parole. disait un de ces gars, me bloquant les membres et me menottant.
Voilà à quoi se résumait ma vie.
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-J'ai tué mon tyran, j'ai vengé mon ami d'un putain de violeur et on a prit le temps de m'accuser d'un autre crime.
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voilà, vous savez tout à propos du passé de tae ;)
sorry pour le retard encore une fois lol, en + je trouve que ce chap est finalement nul jpp
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