épisode 21 : obsession
Quelle audace.
Cette famille n'a jamais rien fait d'autre que m'humilier, et pourtant voilà qu'aujourd'hui je suis invité au mariage de leur fille aînée.
C'est l'une des plus grandes formes d'hypocrisie dont j'ai pu être témoin. Rien ne me rattache à cette famille si ce n'est le douloureux souvenir d'être vu comme une marchandise.
Je sais que mes parents voulaient mon bien, ils se sont excusé à maintes reprises et je les ai pardonné. Après tout, j'ai eu la chance de goûter au bonheur, aussi court ait-il été.
Il est vrai que j'ai parlé trop vite, il y a bien quelque chose... ou plutôt quelqu'un, qui me rappelle sans cesse ces angoissants événements.
Je me suis toujours trouvé parfait, certainement parce que mes parents m'ont répété toute ma vie que je l'étais.
Mais il se trouve que j'ai un défaut : mon attachement pour un affreux personnage.
Cet homme qui fait la pluie et le beau temps dans ma vie. Cet homme, qui me traite avec autant de douceur que d'ardeur. Celui qui, a le pouvoir de me faire dire oui lorsque je n'en ai pas envie, et de me faire dire non même si c'est un mensonge.
Cet homme que j'aime d'un amour fou autant que je le déteste avec une haine sans nom. Je veux qu'il disparaisse de ma vie tout autant que j'ai peur de le perdre, et c'est si contradictoire que s'en devient déchirant.
J'ai beau le fuir en courant il me rattrape au galop.
Je ne pensais pas que ce serait si douloureux...
... ce jeu illicite établi entre nous.
Au final je suis celui que ça amuse le moins.
Cela doit cesser.
Mais comment ?
C'est effrayant...
Son téléphone portable se mit à sonner. Un numéro non enregistré s'y afficha, alors il répondit.
- Oui allô ?
- Ah ouais, salut.
La voix au bout du fil le fit frissonner, il la reconnaîtrait entre mille et pourtant il osa espérer qu'il se trompait.
- Uh, qui est-ce ?
- Ah quoi ? Me dis pas que t'as supprimé mon numéro ?
Le brunet jetta un œil à son téléphone et reconnu alors la suite de chiffre affiché.
- Tu pensais vraiment te débarrasser de moi comme ça ?
Son cœur accéléra soudainement, l'emprise que cette personne avait sur lui était sans pareille.
Dans la panique, il raccrocha et coupa court à sa ballade pour rentrer chez lui. Arrivé à l'immeuble il jeta un œil au parking avant de prendre l'ascenseur et ouvrir la porte de son appartement.
En entrant, ce qu'il craignait (voulait) le plus était en train d'arriver. Il était là, chez lui, dans son canapé, les jambes croisées avec un verre de vin à la main.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Prononça-t-il sèchement en ôtant ses chaussures et posant son sac.
- Je viens te rendre visite.
- Je n'ai pas envie de te voir.
- Tu supprimes à plusieurs reprises mon numéro sans jamais le bloquer, tu menaces systématiquement de changer le code de la porte d'entrée sans jamais le faire, et je te connais assez pour savoir que tu as vérifié si ma voiture était là avant de monter. Tu veux me voir.
Le grand brun reluqua son invité, à son aise, les yeux rivés dans les siens alors qu'il se léchait le coin des lèvres d'un air aguicheur. Ô comme il le trouvait beau, il savait ce qu'il faisait.
- Tu veux quoi ?
- Je viens seulement te parler.
- Arrête de mentir, tu sais bien que je ne peux rien faire je me suis fait opérer récemment.
- Je viens pas pour ça, je suis sérieux.
- Si tu veux discuter alors pourquoi tu ne vas pas voir ton meilleur ami, ou encore mieux, ton petit ami ?
- Trésor, je suis vraiment désolé.
Il posa son verre sur la table basse et se leva doucement pour venir se poster devant lui.
- Dis moi ce que je dois faire pour que tu me pardonne. Poursuivit-il en l'attrapant par la taille d'une main et glissant délicatement ses doigts contre sa joue de l'autre. S'il faut que je m'excuse en toutes les langues du monde je le ferai.
- Je t'écoute.
- Uh... Fit alors le jeune homme prit au dépourvu.
Le brunet se detourna donc de lui et entra dans sa cuisine où il se servit du vin à son tour.
- Je voulais te parler du mariage de ma sœur.
Tout son corps se tendit. Son invité le vit et s'approcha donc de nouveau pour l'enlacer par le dos et poser un baiser dans son cou.
- J'ai été invité et je t'avoue que j'ai quelques doutes sur les intentions de ma famille avec ça. Ajouta-t-il, son souffle s'échouant contre sa peau, lui créant une piloérection. Si je viens t'en parler à toi, c'est parce qu'il me faut un avis sincère de quelqu'un qui voit ma famille sous le même angle que moi. Tu comprends ?
Il se contenta d'aquiescer.
Ils étaient restés silencieux un moment, sirotant simplement le liquide alcoolisé dans le calme du salon.
- J'ai été invité aussi. Finit par avouer le maître des lieux.
- Vraiment ? Je sais pas si j'en suis heureux ou pas.
- Pourquoi devrais-tu l'être ?
- Je ne serai pas le seul ennemi juré de la famille présent, mais j'aurais adoré te ramener dans ma villa au bord de l'eau après la cérémonie.
- Qu'est-ce qui t'en empêche ?
- J'y ai invité mes amis.
- Oh, ton petit ami est de la partie donc.
- Exact.
Le brun se pinça les lèvres, contrarié d'être toujours le second plan.
- Je suppose que si je veux une chance de passer un moment agréable avec toi, je peux toujours rester à la fête. Poursuivit-il.
- Si tu restes, je reste ; mais il ne se passera rien.
- Promis.
Ils échangèrent un simple sourire. Lors de ce genre de moments, difficile de comprendre en quoi leur relation est difficile, en quoi elle est douloureuse. Mais ces moments de calme ne duraient jamais bien longtemps.
- Je prévois aussi d'organiser une soirée à la villa le samedi suivant. Je vais dire à mes potes d'inviter une ou deux personnes de leur choix, et la personne de mon choix... j'aimerais que ce soit toi trésor.
- Tu joues trop avec le feu, ton petit ami sera là je te signale.
Tu ne voulait plus que je l'approche.
- Oui, mais il ne sera pas au courant que tu es invité jusqu'à ce qu'il te voit débarquer.
- Et à ce moment-là il n'osera rien dire c'est ça ?
- Tu as tout compris. J'aime ça chez toi, tu comprends vite.
- Je vais y réfléchir, mais je ne peux rien te promettre. Je ne veux pas de problème avec lui, ni avec qui que ce soit. Tu m'as fait passer pour un ex obsédé et ça ne me fait pas une assez bonne réputation pour que j'ai envie de me présenter devant eux comme ça.
- Mais bébé tu es, un ex obsédé.
- C'est toi l'ex obsédé ! Tu veux pas me lâcher la grappe et tu entres chez moi en mon absence !
- Si tu voulais vraiment que tout ça s'arrête tu aurais fait en sorte que ça ne se reproduise plus.
Il soupira, exaspéré. Cela ne servait à rien de tenter la discussion avec cette personne. Ce n'est pas lui qui avait l'avantage alors il était préférable qu'il se taise.
Accablé par sa situation, les larmes du plus grand lui montèrent incontrôlablement aux yeux, prouvant encore une fois à son vis-à-vis à quel point il était faible face à lui.
- Ne pleure pas mon trésor, tu sais que ça m'exite quand tu pleures. Murmura le noiraud en l'approchant pour l'embrasser avec douceur.
Il répondit au baiser. C'était toujours là, sa première erreur. Sa seconde erreur fût de se laisser surplomber, de le laisser lui agripper les poignets, le laisser lui imposer sa dominance.
Mais cette fois, il ne ferait plus les mêmes erreurs. Il avait décidé de sortir de ce cercle vicieux, de prendre sa vie en main et de décider si oui ou non il avait envie de retomber dans les bras de cet affreux personnage qui le tourmente depuis 3 ans déjà.
- Je ne suis pas ta poupée connard ! Se défendit-il, repoussant le plus jeune de toutes ses forces jusqu'à lui mettre accidentellement un coup dans le visage.
Surpris, le dominant s'écarta en se tenant la mâchoire, à la limite de l'énervement. Le brun savait que si son invité surprise se mettait en colère, s'en était fini de lui.
- T'as de la chance d'être en pleine réhabilitation, sinon je me serai fait un plaisir de te rappeler comment tu dois t'adresser à moi.
- C'est une menaces, ou bien tu flirtes avec moi ?
- Un peu des deux ?
- Sort de chez moi, Taehyung.
- J'avais l'intention de partir de toutes façons, mon petit ami que tu affectionne tellement m'attend.
- Ne lui fait pas de mal pour ça.
- Lui faire du mal ? Répéta-t-il amusé. Il n'y a qu'a toi que j'ai envie de faire du mal trésor. C'est mon petit ami, toi, tu n'es que ma petite salope.
- Si je suis ta salope alors tu es la mienne aussi ; je me sers de toi tout autant que tu te serres de moi.
Le noiraud haussa un sourcil puis éclata soudainement de rire l'espace de quelques secondes avant de reprendre son sérieux à une vitesse déroutante.
- Soyons réaliste bébé, la véritable pute ici, c'est toi.
Et j'en ai conscience, j'essaie simplement de me persuader que si tu continues à venir me voir, c'est que tu m'aimes toujours un peu comme avant.
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