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𝒐7 ❝𝒍'𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕 𝒕𝒆𝒓𝒓𝒊𝒃𝒍𝒆❞




I was there
In my heart, in every prayer
❝❞

     Viviane avait trouvé l'enfant beau dès qu'elle avait posé ses yeux sur lui. À trois ans, il était déjà plus grand que la moyenne. Il arborait toujours un sourire qui frôlait l'espièglerie et frisait le sérieux. Il ébouriffait systématiquement sa chevelure blonde cendrée pour énerver ses nourrices. Mais il fallait reconnaître qu'il était adorable, vêtu de ses habits bleus et or. Il faisait la fierté de la cour de ses parents. On le prédisait déjà à des exploits dignes des plus grands héros ! Quand les Dieux avaient chargé la fée de veiller sur cet enfant, elle avait d'abord rechigné. Mais après avoir entr'aperçu sa destinée, elle accepta. Il serait beau et talentueux. Vertueux et pur. Prendre une apparence humaine n'avait pas été aisé pour elle, habituée à flotter, apparaître et disparaître à sa guise. La magie l'aidait grandement. Elle avait simplement prit forme humaine mais tout en gardant les habilités que lui conféraient sa forme scintillante. Ainsi, quoi de mieux qu'un déguisement pour surveiller le futur Élu des dieux. Elle s'était présentée comme nourrice, Viviane. Une femme noble mais désargentée qui apporterait soins et tendresse au petit garçon. Le premier soir, elle lui avait conté le destin des grands héros. Elle lui avait conté comment le jeune Alexandre avait dompté un cheval rien qu'en se rendant compte qu'il avait peur de sa propre ombre. Bucéphale et le jeune Alexandre avaient conquis la moitié du monde connu. Elle lui avait conté comment Achille était devenu le plus grand guerrier grec, béni par les Dieux. Cela sera ton destin, mon petit héros. Avant de s'endormir, il gazouillait en la fixant avec ses grands yeux bleus-verts. Elle pensait qu'il était parfait. Il était bien l'élu. Il adorait les légendes. Avec la maladresse d'un petit enfant, il clamait haut et fort que quand il serait grand, il serait le plus grand héros de tous les héros !

     Mais il était aussi caractériel. Il se mettait dans des états d'angoisse ou de colère pour un rien. Non pas qu'il était trop gâté et choyé mais son caractère le poussait simplement à provoquer et il cultiva ainsi un jardin d'orgueil. Quand il jouait avec ses petits soldats de bois, c'était lui qui gagnait contre le méchant roi et qui épousait la damoiselle en détresse mais cela sonnait faux dans sa bouche. Viviane avait essayé de comprendre. Elle l'avait vu hurler lorsque sa mère était partie en voyage. Elle l'avait vu s'effondrer quand on lui avait dit que sa famille lointaine viendrait le visiter bientôt. Pourtant, la Dame du Lac ne perdait pas espoir. Elle saurait corriger tous ces petits défauts insignifiants. Il savait être lui-même quand elle l'emmenait jouer dans la neige ou se promener dans les bois.

     ❝ Vivi, tu crois que ze serais un grand sevalier un zour ?

— Oui, mon ange. Tu le seras.❞

      Et il se contentait de cette réponse avec bonheur. Il se dévouait entièrement pour aider, autant qu'un enfant de trois ans pouvait. En le voyant ainsi jouer avec un bâton de bois cense être une épée, elle avait eu une idée. Elle répugnait à utiliser la magie sur son petit protégé mais cela pouvait marcher. Elle avait entendu parler d'une légende en Grèce. La déesse Démeter avait voulu remercier ses hôtes pour l'hospitalité en rendant leur fils immortel. Viviane pouvait essayer dans la limite du possible. Son petit héros de serait pas immortel mais au moins changé. Le soir alors, lors du coucher, elle introduisit une dague dans le lit de l'enfant. Toute la nuit, elle n'entendit rien. Au réveil, il était frais et dispo, sans aucune coupure. Il semblait presque plus fort. Il avait serré la dague contre lui sans jamais se faire le moindre mal. Le jour suivant, elle le baigna dans un lac, l'eau miroitant sous les reflets du soleil. Ce bel enfant avait semblé heureux. Il s'amusait à asperger sa gentille nourrice d'eau et elle s'était jointe à lui. Il avait cru qu'elle brillait, toute blanche, qu'elle flottait même. Qu'il avait été heureux en cet instant. Il avait rit si fort que Viviane avait été persuadée qu'on l'avait entendu jusqu'aux confins du monde. Son petit héros serait l'Élu. Elle ne pouvait pas se permettre l'échec. Les nuits suivantes elle avait recommencé. Une fois, elle avait déposé un serpent qui était mort au petit matin. Lancelot jouait avec comme s'il s'agissait de l'une de ses figurines de bois. Son petit protégé grandissait à une allure folle.

Il ne se concentrait jamais assez. Viviane déployait des efforts magistraux mais il en se concentrait pas. Elle avait essayé de lui enseigner quelques tours de magie, dont celui de guérison. Elle avait essayé de lui inventer une petite histoire pour qu'il s'en rappelle, l'histoire d'un chevalier qui franchissait de multiples épreuves. Il n'avait jamais réussi à la retenir, éclatant toujours en sanglots quand il échouait. Elle désespérait secrètement. Quand elle lui faisait répéter un mot, il l'oubliait la seconde d'après et la bombardait de questions sur l'héroïsme des grands. Une seule fois, il était parvenu à s'en rappeler. Elle en avait fait un jeu, une petite comptine. Mais dès qu'elle lui demandait de la lui réciter, il buttait sur les mots, hachait son souffle et pleurait parce qu'il n'y arrivait pas. Ne me le prenez pas, Dieux. Il peut y arriver. Accordez moi votre confiance.

Il y a avait eu une réception, un soir. Le brave petit Lancelot était le prince de la fête. Tout le monde s'émerveillait devant un aussi bel enfant. Il se plaisait à gazouiller son destin, un grand et fort chevalier. Aimé de tous ! Il s'amusait à jouter avec son épée de bois et tout le monde l'applaudissait. Lorsque vint l'heure du coucher, il ne sentait pas venir le sommeil. Il tenta bien que mal de s'extraire du lit dans lequel on l'avait mis et entreprit de jouer avec ses petits chevaliers de bois. Le feu dans l'âtre était si beau, il se reflétait sur les murs de sa chambre. Ses yeux devinrent obsédés par ce spectacle infini. Ses prunelles bleues et vertes disparaissaient pour absorber les flammes rouges, oranges et jaunes qui léchaient les bûches. Il faillit s'endormir devant quand des éclats de voix retentirent non loin. Il reconnut sa nourrice.

❝ Laissez lui encore un peu de temps ! Je vous en supplie. Il n'a que trois ans. C'est un enfant. Je sais qu'il sera un héros. Je vous en supplie.

— Il est trop capricieux. Il se met en colère pour la moindre chose. Ce n'est pas digne d'un roi. Vous allez devoir le laisser à son sort. Son père va bientôt mourir ! Vous avez vu le futur, comme nous. Vous savez qu'il ne sera pas l'Élu.

— Une dernière chance, je vous en conjure. Je peux tenter de l'aider.

— Vous avez choisi le mauvais fils de roi, Dame du Lac. Demain vous partirez à la recherche du fils de Pendragon. C'est lui. Pas le fils de Ban.

— Mais...

— Pas de mais ! Vous ferez ce que les Dieux vous ordonnent de faire. Demain, vous partez et vous lui effacerez la mémoire. ❞

Viviane pleura. Ses larmes n'étaient pas humaines. Quand elles touchaient le sol, elles se transformaient en gouttes d'argent. Où avait-elle donc échoué ? Elle l'avait élevé en parfait chevalier, un futur homme droit, courageux et prêt à voler au secours des plus infortunés. Peut-être que le fils de Pendragon ferait un meilleur roi, tout compte fait. Ce pauvre enfant se retrouverait seul. Elle ne voulait pas y penser.

❝ Tu pleures ? Pourquoi ?

— Mon doux enfant, si tu savais... Si tu savais à quel point tu seras un grand héros.

— Dis moi qui t'as fait pleurer et z'irai te défendre comme un grand sevalier !

— Mon doux enfant, viens dans mes bras.❞

***

❝ Je peux savoir pourquoi vous m'avez montré cela ? soupira le régent du royaume de Logres.

— Pour vous montrer à quel point les dieux vous ont abandonné. Faites moi confiance. Je pourrais vous amener à votre but ultime. Moi seul peux. Je vous ramènerai Guenièvre, vous trouverez le Graal et vous donnerez une leçon de bonne conduite à tous ces idiots. Vous êtes fort, Lancelot. Plus fort que vous ne l'avez jamais été.

— Et vous comptez vous y prendre comment ? Vous m'avez promis tant et plus. Je vous fait confiance. Je sais que vous détenez la clé du pouvoir. Mais je n'ai pas vu de grands résultats ces derniers temps.

— Parce que vous rechignez à accepter votre pouvoir pleinement. Vous vous tortillez comme un enfant sur votre trône. On dirait que vous avez peur qu'il vous attaque ! Vous êtes bien plus que cela, je vous le jure. Vous doutez, c'est tout. Arrêtez de douter.

— Pourquoi ne pas me dire où le Graal est, tout simplement ?

— Parce que cela ne servirait à rien. J'ai toujours été là, Lancelot. Dans votre cœur, dans chaque prière. Je vous ai répondu et c'est pour rétablir la véritable justice dans ce monde. Vous en voulez une preuve ? En ce moment même, une femme chevauche jusqu'à la forteresse. Elle vient de Carmélide. Capturez la, elle pourrait vous être utile.

— Merci, merci. Je n'ai pas besoin de distraction.

— Ne l'oubliez pas, il faut que vous vous montriez capable du pouvoir qui vous a été confié. Vous avez toujours eu le désir de vous venger, Lancelot. Soyez comme Mars Ultor, le vengeur. Faites le. Vengez-vous. Et cette fois-ci proprement.❞

Et Méléagant s'en alla sans un bruit. C'est vrai qu'il voulait se venger. Quand Arthur l'avait exilé, il avait voulu se venger. Quand son père était mort, là aussi il avait voulu se venger. Son but ultime n'était pas le Graal mais la vengeance contre tous ceux qui lui avait fait du tort. Et il était plus fort que jamais. Son petit bureau était secoué par la fraîcheur de la nuit. Le régent alluma une torche et chercha le couteau de son père. Il se vengerait pour tout. Les affronts, la stupidité et la trahison. Un coup de couteau dans le bois pour chaque désir. Quant à cette cavalière solitaire, il n'en avait que faire. Il ne souhaitait pas se distraire du devoir pour aller fricoter avec la première venue. Il réajusta son habit blanc. De toutes les couleurs, elle avait toujours été sa favorite. La pureté et le courage. Exactement comme sa quête. Le ciel se zébra alors que le tonnerre frappait. Les Dieux, sans doute. Tout ces souvenirs que lui avaient dévoilé Méléagant avait soulevé un haut le cœur dans son âme. Il s'était rendu compte que tout le monde s'était joué de lui, le malmenant d'une rive à l'autre d'un océan d'épreuves. Il avait entendu un jour que lorsque la légende dépassait la réalité, c'était la légende que l'on retranscrivait. Il ne voulait pas que sa légende soit aussi faible qu'un autre. La réalité devait être au dessus de tout. Personne ne pourrait venir dire qu'il avait échoué.

Il regarda le spectacle merveilleux de l'orage qui se déchaînait. Ses yeux suivait avec fascination les éclairs d'or qui parsemaient le ciel. La nature était magnifique, un cadeau précieux. Lancelot du Lac, régent du royaume de Logres, ayant accompli la quête du Graal. Ces mots sonnaient si bien ! Le tonnerre frappa de nouveau et au loin un arbre s'embrasa. Il lui semblait être revenu des années auparavant quand il avait regardé avec émerveillement la danse des flammes dans la cheminée de sa chambre. Toute sa vie l'avait mené à cet instant précis où il découvrait à quel point le pouvoir était une chose étrange. Il dirigeait toujours des imbéciles. Mais avec de la persuasion et de la confiance, un homme pouvait achever tout ce qu'il désirait. Une mèche de ses cheveux retomba devant ses yeux. Il la repoussa délicatement. Il se sentait terriblement bien, terriblement parfait. Toute la confiance qu'il respirait se transformait en minuscules brasiers dans son cœur. Ceux-ci explosaient et lui murmuraient qu'il réussirait. Ses pensées tournaient en boucle et il était invincible. L'enfant terrible avait grandi en vaillant chef de guerre. Arthur lui-même avait dit qu'il était un grand chef de guerre. Pourquoi ne pas croire au mensonge ? Pourquoi ne pas vivre dans l'espoir ?

L'euphorie était une éparpillée dans tout son corps, à présent. Il bouillonnait d'énergie, d'idées et de plans. Il avait enfin une chance de prouver sa valeur. Dès le matin, il se ferait forgé une couronne et remplacerait l'ancien trône d'Arthur. Il avait été nommé régent, il devait se comporter comme un roi. Les Dieux avaient beau l'avoir abandonné, lui n'abandonnerait pas ce pourquoi il était là. La légende retiendrait son nom. Le vaillant Lancelot du Lac. Le chevalier blanc, le plus grand héros de tous les héros. Et le temps d'un instant, il avait de nouveau trois ans et une dents manquante. Il était un petit héros et un grand prince. Il était un beau roi aux yeux bleus et verts et aux cheveux blonds cendrés. Il était l'annonciateur d'une nouvelle ère. La peur avait complément déserté son corps. Plus rien, simplement son ambition, la gloire.

Je ris au visage des Dieux. Ils sont tous morts. Il n'y en a jamais eu. Qu'attendez-vous pour vous montrer, bande de lâches ? Je suis votre égal. Je réussirai là où même vous ne semblez pas vouloir réussir.

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