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𝒐5 ❝𝒍𝒂 𝒓𝒂𝒈𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒐𝒖𝒃𝒍𝒊𝒆𝒔❞

You're off on a hero's journey
A champion through and through
More or less, doing what all the heroes do
❝❞

Ils n'avaient jamais vraiment parlé. Jamais vraiment entrepris une longue discussion, de grande explication. Ralia n'avait pas daigné ouvrir la bouche pour lui donner la raison de sa présence. Elle ne savait même pas s'il l'avait reconnue. Ni même s'il avait une idée de qui elle était. C'était lui, le magnifique roi Arthur, le roi célébré dans tout le royaume de Logres. Le roi déchu. C'est lui qui les conduisait. La féroïenne ne savait pas où ; il refusait de le dire. Elle se souvenait vaguement de lui, la première fois qu'elle l'avait rencontré. Mais se souvenait–il d'elle ? Après tout, elle n'était personne pour lui, rien qu'un de ses sujets dans un vaste territoire. Puis elle se rappela. Il n'est plus roi. Sylís secoua doucement la tête. Parfois, elle tentait de se raccrocher aux souvenirs de son enfance, des quelques visites faites à la cour de Kaamelott. Elle en avait occulté certains car parfois, la douleur semblait trop forte. Mais cela était stupide car elle n'avait jamais réellement souffert. Elle n'avait pas connu la souffrance. Ce voyage lui avait au moins permis de réfléchir sur sa condition. Et elle avait réalisé combien elle ne savait pas agir. Combien elle n'y arrivait pas. Tout ce qui s'était déroulé devant ses yeux n'avait été qu'un défilement d'évènements malheureux dans lesquels on l'avait poussée inlassablement. Elle n'avait jamais réussi à agir de son propre gré. Elle s'était toujours laissée emporter par cet interminable flot et elle voulait se reprendre en mains. Enfin réussir à se ressaisir, à devenir la Thane de Faroe, à devenir la dirigeante qu'elle était supposée être. Peut-être que c'était ça, son aventure. Réussir à agir, réussir à comprendre. Puis enfin, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Parce qu'au fond, elle était avec quelqu'un qu'elle avait fini par considérer comme un ami et qu'elle avait le sentiment de faire ce qui semblait bien, de participer à la grandeur de la légende que retiendront les siècles. L'air lui frappait le visage, soulevant ses boucles brunes et embrassa ses yeux miel. Le paysage qui s'offrait à elle changeait constamment, des forêts abondantes aux montagnes désertiques. La fin de l'été approchait à grand pas et elle se demanda si elle allait pouvoir rentrer chez elle avant l'hiver. Qui sait ? Peut-être que je retrouverais enfin Artaie et Ceallach pour mon départ. Cela fait si longtemps que je ne les ai pas vus. Sont-ils bien traités ? J'imagine. Et mes troupes, sont-elles arrivées ?  Vingt et deux ans, vingt et trois dans plusieurs mois et il lui paraissait toujours être une jeune enfant sans ses parents, perdue et hagarde dans l'hostilité du monde. Sa robe bleue lui parut soudain bien légère contre la fraîcheur du vent. Son petit poignard et les herbes qu'elle gardait bien maigres pour se défendre. Mais elle était Ralia Sylís Mēidenn et elle n'aurait pas peur.

     Elle l'avait remarqué aussi, le plus dur avait été pour Niall. Lui qui avait désiré offrir sa loyauté à l'ancien roi, celui qu'il devait à présent chasser et ramener. Une douleur se lisait dans son regard éreinté. Il ne parlait pas avec Pendragon et pourtant. Et pourtant, ils ne se quittaient pas. Comme si celui que l'on pensait Élu des Dieux comprenait ce que le chevalier sans sommeil vivait. Une sorte d'accord silencieux. Ils étaient tous muets et cela les arrangeait. Car sans réellement se l'avouer, ils avaient tous les trois peur de parler, peur de laisser échapper des mots trop durs ou trop blessants. Plus étrange encore était le rituel de Niall, lorsque noire était la nuit et haute la lune. Lorsque le feu n'était réduit qu'à un tas de braises mourantes, il disparaissait. Pendragon restait assis à fixer les dernières lueurs rouges du brasier. Puis Niall revenait à l'aube. Et jamais ils n'en parlaient. Et Sylís voulait savoir. Elle voulait lui poser cette question fatidique qui brûlait ses lèvres. Que faites-vous le soir, lorsque tout le monde dort ? Elle avait failli. Les mots avaient rampé le long de sa gorge, s'enroulant autour de sa langue pour tenter désespérément de se frayer un chemin le long de ses lèvres. Mais ils avaient été refoulés avant de sortir. Elle avait ravalé son questionnement. Ils avaient continué leur cheminement, passant par l'Illyrie. Ils ne s'arrêtaient jamais très longtemps au même endroit, sans doute que le malaise qui les prenait était dur à supporter lorsqu'ils ne bougeaient pas. Les chevaux étaient la seule véritable compagnie qu'ils avaient. Eux au moins les comprenaient. Mais de son inaction et celle des autres, elle en avait assez. Dans un geste précipité, sans bien vraiment réfléchir, elle sauta de sa monture pour courir devant celle d'Arthur Pendragon. Il se stoppa net, un air exaspéré dans les yeux.

❝ Mais - Mais qu'est-ce que vous foutez bon dieux ? Vous voyez pas que s'arrêter est une connerie ?

— Écoutez moi seulement. J'en ai assez de rien faire. De me laisser porter par peur d'agir. Depuis que je suis ici, je me suis laissée aller au gré des vents et des alliances. J'en ai oublié mon but premier. La raison pour laquelle je suis là, ici, devant vous, avec vous. La raison pour laquelle je suis partie. Mon père, Macrath Glens, vous a connu. Et il a connu votre père, avant. Il vous a prêté serment, juré d'obéir au roi de Bretagne, à l'Élu des dieux. Alors laissez moi faire de même. Je suis ici pour protéger mon peuple. La promesse que j'ai faite à mon père, avant qu'il n'expire, c'était de venir reconnaître votre pouvoir. Alors je le fais maintenant. Certes, vous ne portez plus votre épée, vous avez renoncé au trône. Mais ce n'est pas ça, la loyauté. C'est de suivre quelqu'un jusqu'à la mort malgré tout. Au péril de sa vie. C'est dédier son existence à servir et à aider.
Elle n'osa pas regarder Niall. Sa voix trembla. Elle tomba à genoux et tira son poignard.
Je veux le faire. Honorer mon serment. C'est la seule manière de rappeler la mémoire de mon père. De continuer à brandir sa flamme. Alors laissez moi. Je veux poursuivre son devoir. Envers le souverain légitime. Je veux reprendre en main mon destin. Cela commence maintenant, avec vous. Arthur Pendragon, roi de Bretagne, souverain de Logres et Élu des dieux. Acceptez moi, Ralia Sylís Mēidenn, Thane de Faroe.

     Pendragon la dévisagea une longue minute, comme si elle venait de proférer une insulte à son égard. Il la dévisagea du haut de son cheval, de ses grands yeux bruns, si plissés qu'ils en devenaient noirs. Les mots avaient fusé à son oreille, l'enveloppant comme une danse infernale. Car lui-même n'avait pas agit. Il n'avait pas repris son destin en main, pas encore. Et puis il y avait cette ombre qui hantait ses cauchemars. Il avait cru à Méléagant, il avait pensé que ses démons viendraient de nouveau le hanter. Mais ce n'était pas lui, plutôt une silhouette vaporeuse qui lui parlait comme s'ils s'étaient toujours connus. Sa voix, ses yeux, son sourire, tout paraissait familier. Elle ne parlait quasiment pas. Sa présence était plus comme un bandage qui venait panser des plaies. Comme celles que j'ai aux poignets. Non, dans ses songes, elle s'asseyait à côté de lui, le regard triste et perdu ; un peu comme si elle-même n'avait plus espoir dans une quête insensée et elle repartait aussi rapidement qu'elle était venue. Il avait essayé de l'interpeller, de lui demander qui elle était ; tout ce qu'elle disait, c'était qu'il la connaissait. Qu'il l'avait portée jusque dans son cœur depuis sa naissance. Qu'elle était sa destinée. Or de sa destinée, il n'en voulait plus. Elle le rattrapait et il ne pouvait plus lui échapper. Mais il n'en voulait plus. Il ne la supportait plus. Alors il regarda Ralia droit dans les yeux. Il la regarda, à terre et désemparée.

— J'accepte, dit–il d'une voix indicible. ❞

Et ce fut tout. Les seuls mots prononcés de la journée. Ils continuèrent à avancer, trois âmes qui avaient peur de parler. Et Ralia sentit peser le regard de Niall sur ses épaules. Il faisait de son mieux pour sourire et ravaler sa fierté, sa colère et surtout son chagrin. À la jeune femme, il ne pouvait pas expliquer ses soudaines disparitions, car elle ne comprendrait pas. Elle n'avait jamais eu à tomber amoureuse. Elle n'avait jamais eu à relever quelqu'un à chaque chute, à subir les tourments et les douleurs. Pas encore. Elle était encore jeune et n'avait pas vu le monde. Mais moi aussi, je suis jeune et je n'ai pas encore vu le monde. Pourtant, je suis comblé dans la souffrance qui m'est offerte. Peut-être que comme ça, les étoiles me paraissent plus brillantes la nuit. Il avait appris à supporter les cris, à connaître le sang. Maintenant, ils faisaient partie intégrante de son âme. Tous vivaient avec lui, et chaque souffle était un moyen de se souvenir. De ne jamais oublier. Puis il se demanda : qu'est-ce que la loyauté ? Était-ce le sentiment étrange qui venait déchirer et marteler son cœur de mille différentes façons ? Ce vide que seule une silhouette venait combler ? Était-ce la sensation qui prenait son cœur et venait l'embraser et l'embrasser ? Oui, Ralia avait parlé de loyauté. Il avait espoir qu'enfin, elle pouvait le comprendre. Il avait peur de s'ouvrir à elle ; de toute manière, Caoilainn lui avait dit de ne rien dévoiler. Le voyage qu'ils faisaient ne repoussait l'inévitable que vers des jours plus proches. Ces voyages, la nuit, le réconfortaient. Parce qu'il s'assurait qu'en temps voulu, ce qu'il allait faire de sa vie ne serait pas vain. Il se souvint de la première fois où il avait rencontré Lancelot. Ralia était présente aussi, mais elle ne voulait pas s'en souvenir. Le rendez-vous de toute la noblesse de Logres : le mariage d'Arthur Pendragon et de Guenievre de Carmélide. Niall n'avait presque qu'une dizaine d'années et ses frères plus ou moins l'âge de Sylís. Sa sœur tenait à peine sur ses jambes. Son père avait tenu à faire le déplacement, peut-être espérait–il un retour dans les grâces du nouveau roi ? Le chevalier était resté silencieux, trop timide pour aller voir les autres enfants de son âge qui vagabondaient. Il avait croisé une petite botte enfoncée dans de la boue, un détail qui le fit sourire. Et puis il avait vu le héros de son enfance ; celui qui avait accompagné ses nuits. Celui qui, avec tant de fascination, était devenu comme un ami, une ombre à qui se confier. Niall n'était pas allé le voir. Il était resté dans son coin, ses yeux écarquillés parlaient pour lui. Il ne se souvenait plus vraiment du reste car cela s'était mal terminé. Sur le voyage du retour, il y avait eu des cris et des pleurs. Sein et Tecmessa n'étaient pas à l'aise avec leur père, si propre sur lui-même et si dur. Et pendant toutes les remontrances, toutes insomnies, le souvenir était ce qui l'avait fait persister. La simple vue de son héros avait réchauffé son cœur pour quinze ans. Quand il entendit l'appel du roi pour recruter de nouveaux chevaliers, Niall n'hésita pas. Il sut que Lancelot avait déserté mais au fond, il se persuada que ce fut pour la bonne cause. Le voyage de sa demeure, loin sur le continent jusqu'à Kaamelott ne le fit arriver qu'au mauvais moment : il se présenta comme chevalier mais fut refoulé. Le roi n'était plus roi. Personne ne voulait de lui. Mais il ne se découragea pas et resta. Car il était Niall et il n'aurait pas peur. Il aurait du avoir peur. Cela aurait mieux accompagné l'avenir. Il était assis dans quelque taverne lorsque le raid commença. Il s'était échappé : il avait réussi. Et puis on débuta par conscrire les jeunes hommes en âge de se battre. Il n'hésita pas. On lui donna un habit blanc immaculé. Peut-être était-ce pour masquer les horreurs qu'ils commettaient. Peut-être que la pureté était censée les racheter. On le remarqua très vite. Il n'était pas le plus doué au combat mais il avait une qualité : il suivait les ordres. Quand on fit brûler la table ronde, on l'appela. Combien il se souvenait encore du crépitement des flammes, de l'odeur du bois brûlé et du regard de folie de Lancelot.

Il ne sut jamais vraiment lorsqu'il se rendit compte qu'il l'aimât. Peut-être qu'il l'avait toujours aimé. Peut-être était-ce venu en apprenant à le connaître. Peut-être était-ce venu une nuit, lorsqu'il entendit des cris et qu'il se précipita dans sa chambre et qu'il le vit, étendu et effrayé. Dans ses yeux se lisait de la peur. Pour la première fois, Lancelot s'était autorisé à avoir peur devant quelqu'un. Et Niall n'avait plus jamais évoqué cet événement. Le régent lui-même semblait avoir oublié. Et pourtant, une relation de confiance s'établit entre eux. Peut-être parce que le jeune homme le voyait sous un autre jour ; celui de la souffrance et de la douleur. Peut-être parce qu'il sentait parfois un souffle glacé le long de son échine, coupant comme une épée, un souffle qui lui donnait froid. Peut-être parce qu'il avait fini par comprendre ce qui se faisait, ce qui se tramait par des bribes de supplications et par des cauchemars éveillés. Peut-être parce que ses démons se dessinaient dans le sommeil qui ne venait jamais. Parce qu'il avait peur de dormir car dans ses rêves, il revoyait tous les méfaits qu'il avait commis, il revoyait les tortures et entendait les supplications. Tout ce qu'il avait accompli au nom de la loyauté. Parce qu'il avait peur de dormir car dans ses songes, il voyait son avenir. Il avait vu un jour un corbeau aux yeux pâles lui parler.
— Pourquoi vous haïssez vous autant ?
— Je ne me déteste pas.
— Si, sinon pourquoi fuiriez vous le privilège des mortels ?
— Peut-être bien que je me hais. Mais je ne regrette pas non plus.
— Pourquoi ne regrettez vous pas ?
— Parce que tout ce que j'ai fait, je l'ai fait par amour.
— Comment en êtes-vous sûr ? Comment êtes vous sûr d'aimer ?
— Je ne suis pas sûr ; je le sais. Il est la première chose à laquelle je pense le matin et la dernière à laquelle je pense le soir. Tout débute et tout s'achève avec lui. Si le monde devait s'effondrer, je me jetterais pour le sauver.
— Alors préparez vous à mourir.
— Je le suis.
À présent, il l'était. Mais la tristesse s'emparait de lui quand il réalisait qu'il ne verrait pas sa petite sœur une dernière fois, la douce Tecmessa. Et qu'il ne reverrait pas Sein, son ami, son frère. Même Caoilainn avait de la peine pour lui. Il soupira : la nuit venait de tomber sur ses épaules.

***

     D'un regard mutuel, Niall quitta Arthur. Il s'était assuré que Ralia dormait et ne risquait pas de le voir. Il ne voulait pas la blesser. Le chevalier laissa Pendragon surveiller le feu, les yeux noyés dans les flammes et il s'éloigna. Il ne vit pas ses yeux entrouverts. Il se souvint lorsque Sylís lui avait demandé pourquoi diable il s'était emparé d'un tabouret de bois. Pour le voir, aurait-il du répondre. Tous les soirs, il s'asseyait dessus et était retransporté à Kaamelott. Il errait la nuit dans les couloirs sombres et humides et allait le voir. Une fois, quelqu'un l'avait surpris. Ress, son jeune protégé. Un adolescent de dix et sept ans, trop jeune pour le combat, trop vieux pour l'innocence. Ress était arrivé désemparé au château, conscris de force. Mais Niall l'avait pris sous son aile, il l'avait formé, il l'avait aidé et le jeune garçon était devenu son petit frère. Il l'avait surpris alors qu'il tentait de partir. Le soldat n'avait rien, qu'aurait–il pu bien faire de toute manière ? Le chevalier sans sommeil s'assit sur le tabouret et se retrouva immédiatement transporté dans la forteresse. Un peu hagard, il se cramponna aux murs avant de se diriger vers la chambre du régent. À chaque fois qu'il faisait ça, un sentiment le prenait de l'intérieur. Une peur indicible, une peur téméraire. Mais il le faisait. Il voulait vivre encore un peu, regarder pleinement le soleil avant de le voir disparaître. Il avait fait la paix avec lui-même. Perdu dans l'immensité des ténèbres, il toucha l'énorme porte de bois qui le séparait d'un souffle d'une vie entière. Il hésita sans doute mais la passa. Il entra. Il s'assit. Et il regarda. Lancelot était étendu sur son lit, endormi ou il semblait.

     ❝ Niall, c'est toi ?

— Oui. Oui c'est moi.

— Mais je croyais que tu n'étais plus là. Il m'a dit... Il m'a dit que tu étais mort.

— Pas encore, sieur. Pas encore.

— Est-ce que tu peux rester un peu ? Juste un peu et me dire que ce n'est pas un rêve ?

— Je vous promets que ce n'est pas un rêve, Lancelot.

— Jure moi que tu vas rester.

— Je vous le jure. ❞

     Niall savait que le régent de s'en souviendrait plus. Qu'il aurait tout oublié au petit matin. Cela faisait partie de l'ombre qui planait sur son cœur : la nuit, il redevenait lui-même, libre de l'emprise de l'homme en noir. De Méléagant. Il me l'a dit une fois, son nom. Il ne savait même pas que j'étais là. Il avait une de ses crises, de folie presque. Et je m'en souviens. Peut-être qu'il est là, à nous regarder. Il s'approcha doucement du lit, comme si tout était fait de porcelaine. Comme si tout le monde à ses pieds allait se briser. Et quand il vit dans le regard de Lancelot le désespoir, il le prit dans ses bras. Il l'enlaça doucement. Il lui chuchota que tout irait bien. Et il resta.

***

     Il ne sait plus si c'est un rêve ou la réalité. Il l'a vu entrer. Il lui a parlé. Alors peut-être que tout cela est réel. Mais tout semble trop calme. Peut-être que ça, ce n'est pas réel. Parce qu'il ne connaît plus le calme. Il ne sait plus ce que c'est. Il ne connaît que le désordre et la haine, le chaos et l'échec. Il ne sait plus si tout cela est un songe ou un cauchemar. Il sait où il est et qui il est. Il sait qu'une partie de son âme est à ses côtés. Il n'a jamais vraiment aimé mais lui, il pense l'aimer. Mais qu'est-ce que l'amour, lui qui ne l'a jamais connu ? Qu'est-ce que l'affection, la compréhension et la douceur ? Il sait qu'il connaîtra cela, un jour. Mais il ne sait pas avec qui. Il ne sait pas que son avenir est scellé ; il ne sait pas que l'avenir de ceux qu'il aime est scellé. Il ne sait pas qu'il vivra, au prix de pertes insurmontables. Il ne le sait pas. Il ne sait pas si c'est un cauchemar ou une illusion. Car tout semble trop beau, trop magnifique, trop doux. Car tout semble heureux. Car il connaît un instant de répit. Il sait que le lendemain sera dur. Il sait qu'il le paiera. Mais il s'autorisât à aimer cet instant. Ce moment de gentillesse et d'affection. Il s'y autorise.

***

Niall l'avait senti. Le courant glacial le long de son échine. Il avait eu froid.  Il savait qu'il avait été là. Il en avait presque entendu son rire sardonique, son sourire cruel. Mais il n'y avait prêté attention. Il ne savait pas vraiment combien de temps il était resté. Plusieurs heures, sans doute. Lancelot avait pleuré dans ses bras. Niall l'avait calmé, il l'avait enlacé, il était resté. Puis il avait été obligé de partir, son cœur se brisa en passa la porte de bois. Mais son cœur s'était déjà brisé de multiples fois auparavant, alors cela ne comptait plus. Il aimait et il était comblé ; il aimait. Quand il était revenu, le feu flambait toujours. Arthur Pendragon le fixait encore et Ralia semblait dormir. Il s'assit à ses côtés.

❝ Pourquoi lui ?

— Je ne sais pas vraiment. Ça ne s'explique pas, ces choses là. Je l'admirais, je vous admirais. Et puis j'ai commis l'innommable. Mais que puis-je vous dire ?

— J'ai une question de plus. Est-ce que vous la voyez aussi ?

— Qui ?

— La dame à l'épée. ❞

      Niall ne répondit pas. Il se contenta de contempler les cendres rougeoyantes. Son silence s'exprima pour lui. Et le jour commença à poindre. Et cette visite lui laisser un goût amer dans le cœur car il sut que ce fut le dernier moment de bonheur qu'il connaîtrait. Il adressa une prière muette à Caoilainn.

Faites qu'il se souvienne de moi, des années plus tard. Je vous en supplie. Car je me rappellerai de lui. Faites que tous ces moments ne se perdent pas comme des larmes dans la nuit. Caoilainn, je vous en supplie. Faites que tout cela ne soit pas inutile.

     Et il n'entendit pas sa réponse. Il nommera l'un de ses enfants après toi.

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