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16 ❝𝒍'𝒂𝒖𝒃𝒆 𝒔𝒐𝒖𝒓𝒏𝒐𝒊𝒔𝒆❞




I'm off on a hero's journey
Out where adventure lies
On a quest the poets will sing about
❝❞

     La compagnie des pirates avait été surprenante. Sans réellement sympathiser avec eux, Niall et Ralia (surtout elle) en avaient appris plus sur la situation sur le continent. D'après les bruits qui couraient, le roi d'Orcanie Loth avait établi son campement quelque part au centre de l'Armorique, après avoir pillé différents villages et avoir brûlé un château. L'équipage ne connaissait les détails car les nouvelles circulaient lentement mais certaines langues vicieuses chuchotaient que parmi les victimes de l'incendie figuraient le duc du Berry et sa tendre femme. Il faut être un monstre pour ravir des vies innocentes, avait–elle songé avant de se rappeler que son propre compagnon faisait partie de cette catégorie. Si elle n'oubliait où résidait la loyauté du jeune homme, un nouveau lien s'était établi ; une sorte de confiance et de respect mutuel encore plus étroit qu'auparavant et exempt de tout jugement. Ils s'accommodaient des soucis du quotidien et des aléas de l'univers, éclatant de rire à des moments inopportuns. Il y avait eu cet instant où tous deux, accoudés au bastingage, ils s'étaient entraînés dans une joie inexplicable à regarder les flots. Niall avait appris les alliances et la géographie à Ralia et en retour, elle lui avait offert sa connaissance des astres célestes. Sous les pluies fines de la mer, ils avaient échangé des sourires emplis de sincérité. Mais un milliers de questions fusaient dans l'esprit de la jeune femme cependant le secret l'empêchait de le questionner. Qu'avait il voulu dire lorsqu'il avait prononcé son amour pour Lancelot ? Était-ce une affection ou une passion pure et douce ? Bien que cela ne soit à elle de s'en mêler, la féroïenne ne pouvait arrêter son esprit. Si le chevalier restait au service du régent par amour, tout changeait. Ce n'étaient pas seulement ces qualités que l'on nommaient ambition ou courage mais une quête plus spirituelle et pure encore, un chemin du cœur. Elle eut le réflexe enfantin de se retourner pour questionner son père, geste attendrissant qu'elle avait depuis ses plus jeunes années. Mais et elle ne le réalisa que pleinement au moment où ses yeux rencontrèrent ceux de Niall, son père n'était plus et Sylís n'était qu'une orpheline dans un monde qui n'avait aucune pitié pour les enfants. Elle s'apprêta à formuler des mots pour créer une question mais ses lèvres restèrent en suspens quelques secondes durant dans la fraîcheur de la nuit. Ralia se résigna pourtant, ne voulant paraître idiote aux yeux de son nouvel ami.

      ❝ Vous étiez sur le point de me poser une question, chuchota simplement le chevalier. Que voulez-vous savoir ?

Son ton était doux et rassurant, amical et confiant. Depuis des semaines qu'il n'avait semblé à la jeune femme de parler à un ami, un vrai. Écrire des lettres était une chose, échanger de vive voix une autre.

— Ce n'est rien, s'exclama–t–elle vivement, les joues qui rosissaient dans l'obscurité. Vous allez me prendre pour une idiote si je demande, et puis cela vous concerne particulièrement.

— Allez-y, vous m'intriguez ! Je ne suis pas là pour vous juger, Ralia. Vous le savez bien.

— C'est au sujet de ce que vous m'avez dit, avant d'embarquer. À propos de Lancelot... Que vous l'aimiez ?

— Oui, cela semble étrange n'est-ce pas ? Je ne saurais définir la nature de mes sentiments. Mais je ne suis certain que d'une chose : je l'aime. Pas de cet amour charnel et passionné mais d'une tendresse émue. Comme je vous l'ai déjà confié, j'ai grandi en entendant les récits de ses exploits. Dès mon tout jeune âge, je voulais être à son image : un guerrier prêt à tout sacrifier pour sauver les opprimés. Je me suis mis à son service par devoir ainsi que par espérance. Je pensais arriver à la Table Ronde et servir Arthur or j'ai échu chez Lancelot. Je vivais encore avec mes rêves de gamin plein la tête, pensez-vous ! Je rencontrais enfin mon héros. Le cadeau était empoisonné – il l'est toujours –. Quelle est la formule ? Être au bon moment, au bon endroit. C'est ce qu'il s'est pass. Je suis arrivé juste après la nomination de Lancelot en pensant entrer sous les ordres d'Arthur. Voyez-vous, on ne voit pas des jeunes chevaliers se présenter d'eux-mêmes au service d'un aussi haut dignitaire. J'ai été appointé aide de camp presque aussitôt et j'ai participé à la destruction de la Table Ronde. Si vous saviez... Je revois encore les flammes lécher le bois, je sens encore l'odeur du cuir brûlé. J'ai dû m'occuper personnellement des chasses au chevaliers. M'occuper personnellement des tortures. Si idiot, un aide de camp ne fait pas ça, d'ordinaire. Je ne savais pourquoi l'on m'assignait ces tâches. Et ce fut là que j'ai découvert son existence.

— L'homme en noir ?

— Oui, Méléagant. En tant qu'aide de camp du régent, on m'a assigné une chambre non loin de la sienne. À vous dire la vérité, je ne dors plus la nuit, à cause des crimes que j'ai dû commettre. Alors usuellement, je me promène dans le château désert – c'est comme ça que j'ai découvert l'existence du tabouret et de Ferme–Ta–Gueule –. C'était vers minuit, je m'en souviens car minuit c'est l'heure du crime. J'errais dans les couloirs et j'entendis soudainement de vives paroles provenant de la chambre de Lancelot. Je m'y dirigeais, curieux du spectacle. Il parlait avec un autre homme que je n'ai pu distinguer. Lancelot l'invectivait de tous les noms et l'autre riait. Je n'ai jamais réellement entendu le son de sa voix, en fait. Je le devinais, je discernais ses réponses mais jamais je ne l'ai vu ou entendu de moi-même. À chaque fois qu'il vient, il y a un souffle glacé qui m'envahit.

— Mais vous faites toujours confiance à Lancelot malgré tous ses crimes ? Malgré toutes les horreurs qu'il commet ?

— Oui car je sais que ce n'est pas de son fait. Nous avons eu cette même conversation un millier de fois et peut-être nous l'aurons encore un millier de fois mais je serais prêt à mourir pour lui. Vous comprendrez lorsque vous aimerez pleinement quelqu'un.

— Ça fait quoi alors, d'aimer quelqu'un ? De vouloir donner sa vie pour protéger celle de l'autre ?

— Pourquoi cette question ?

La brise nocturne ramena un vent de fraîcheur, secouant les cheveux de Ralia. Elle souriait dans la pénombre car les confessions de son compagnon lui apportait toute la chaleur dont elle avait besoin. Son innocence et sa naïveté étaient si douces, comme la caresse du vent qui venait souffler à ses lèvres la beauté de l'âme humaine.

— Parce que je n'ai jamais connu cet amour dont vous me vantez tant les charmes. Je suis curieuse, voilà tout.

— Vous êtes décidément bien étrange. Votre caractère change d'une journée à l'autre, s'exclama Niall dans un petit rire. Pour répondre à votre question, c'est difficile d'expliquer les sentiments. Quand je le vois ou me trouve en sa présence, j'ai un désire profond de vouloir rester à ses côtés, quoiqu'il arrive. Si vous le voyiez la nuit, quand il est pris de cauchemars... C'est là que je réalise pleinement qu'il est aussi humain et fragile que n'importe qui. Qu'il n'est simplement qu'un homme. Et dans ces moments là, je m'autorise à ressentir. C'est une explosion de douleurs et de fragments magnifiques qui se pressent dans mon cœur car je ne suis là que pour le protéger.

— Et vous n'êtes pas malheureux ?

— Pas le moins du monde, car tant que je puis demeurer à ses côtés, je sais qu'il est en vie et que je n'ai failli à ma tâche.

Ils restèrent silencieux plusieurs instants. Émue par cette grâce, Sylís regarda un temps le ciel avec espoir. Distinguer les flots sombres était impossible et avec les rayons de la lune, il lui sembla se faire engloutir par une armée d'astres en colère. L'onde paraissait si sombre et amère dans l'obscurité ; la pensée étrange qu'elle puisse y tomber traversa avec un frisson l'esprit de la jeune femme. Une nouvelle fois elle fut sur le point de prendre la parole, décidée à lui avouer qu'elle aussi avait vu Lancelot et que cette vision la troublait ; pis encore, elle avait eu cette sensation glaciale qui avait embrassé son corps tout entier. Elle désirait ardemment lui confier cela mais une main invisible bâillonnait ses lèvres. Comme si le silence était pour une fois plus vicieux mais protecteur.

» Vous l'avez vu, n'est-ce pas ?❞

     Et elle ne répondit pas. Ralia ne détacha son regard de l'horizon. Son compagnon ne lui avait tout confié, elle savait. Niall soupira. Comment avouer à la féroïenne les visites nocturnes de la mystérieuse femme évanescente ? Elle était revenue, depuis le début du voyage. La question qui tournait en boucle dans son esprit se résumait à : pourquoi ? Pourquoi lui ? Loin d'un héros, juste un homme. Il ne détestait plus le sommeil ; il le fuyait de peur de retomber dans des pièges tendus par des Dieux moqueurs. Il savait pertinemment que cette femme était un être mystique envoyé par quelque puissance en mal d'action. La dernière fois qu'elle lui était apparue, c'était la nuit de sa dispute avec Ralia. Le spectre éthéré lui avait répété qu'il devait absolument s'en tenir à ses émotions et ne pas laisser ses doutes le submerger. Bien facile pour quelqu'un qui vivait dans une autre dimension, avait–il répliqué. C'était là qu'elle l'avait regardé. Ses iris changeantes s'étaient muées en une indicible mélancolie, une profonde tristesse alors qu'il sombrait peu à peu dans d'autres rêves plus calmes. Il n'avait pas vu les larmes scintillantes de la fée alors qu'elle murmurait son destin aux étoiles. Un sentiment intense qui provenait du tréfonds de ses tripes lui urgeait de rentrer rapidement à Kaamelott et de guérir l'âme de Lancelot. Cela non plus il ne pouvait l'expliquer à Ralia, sa tendresse infinie envers le régent. Il ne pouvait décrire la beauté qu'il voit dans ses yeux et la miséricorde divine qui hurlait à la lune quand le chevalier blanc était pris de ses cauchemars. Peut-être que décrire l'Amour était une incapacité inhérente à l'âme humaine ? Ce qu'il avait vu avait meurtri son cœur et tari une source d'espoir or cela non plus il ne pouvait le dire.

Parfois, quand il tentait d'échapper au sommeil, Niall avait contemplé l'espoir en face. Il s'était sermonné et rien n'y paraissait : peut-être fallait–il abandonner toute espérance. Peut-être que Lancelot n'était pas sous les vils charmes d'une entité mystérieuse mais ne vivait que sous l'impulsion de son propre orgueil. Peut-être que par les plus grands affres de ce monde, son héros n'était qu'un homme déchu et indigne de tout hommage. Peut-être enfin que celui qu'il avait toujours admiré n'était qu'une mascarade et se jouait de lui depuis plus d'une année. Niall n'avait jamais été doué pour discerner les passions humaines des passions divines. Être passionné signifiait souffrir et son esprit en avait assez de souffrir. Parfois il s'accordait à rêver d'un futur où le calme plat des horizons lointains viendrait l'enserrer avec douceur. Dans cette réalité impossible, il goûterait enfin les fruits du repos et la bénédiction d'un sommeil sans songe. Jamais il n'avait prié les Dieux pour le bonheur car malgré l'honneur de sa condition, il ne serait qu'un éternel insatisfait. Les yeux d'or. Lancelot lui avait demandé de trouver les yeux d'or, clé vers le Graal. Or ce ne serait pas à Rome qu'il trouverait cet artéfact. Pis encore, il ne savait pas quoi rechercher. Lancelot ne le savait pas vraiment non plus, il fallait l'avouer. Mais le simple fait de heureux, même pour un instant, l'avait comblé. Promesse tenue avec lui-même, il se débrouillerait pour ramener ces yeux d'or à bon port.

     Niall scruta un instant le pont désert et morne. L'équipage hétéroclite d'Urgan se reposait, si bien qu'il ne restait que Ralia pour lui tenir compagnie. Il se leva discrètement et sans un bruit, s'allongea près de cordages, là où le ciel semblait bien dégagé. Les effluves de la mer l'étourdissaient et il devait prendre sur lui pour contenir son mal au cœur mais il se sentait bien en ce moment précis. Son âme vagabondait vers les plus hautes sphères de la béatitude dans un concert de vagues et d'écume. Au dessus de lui, il reconnut quelques constellations et vit filer un astre. C'est peut-être mon jour de chance, songea–t–il dans une torpeur magnifique. Il fit un vœux : celui de ne jamais abandonner sa foi, de ne jamais écouter l'obscurité et de toujours aller vers la lumière. Son cœur fut pris d'un nouveau souffle et il lui parut respirer un milliers d'étoiles qui scintillaient avec délice sur sa peau. Une part infime de son esprit divagua loin de la mer, vers un château et un homme allongé comme lui et scrutant comme lui les tréfonds de l'univers. Je suis engagé dans une quête héroïque, la légende retiendra ma victoire.

     Il fut brutalement ramené à la réalité par une Ralia somnolante qui vint s'effondrer sur lui.

     ❝ Vous m'avez laissée toute seule, bougonna–t–elle dans un bâillement ininterrompu. En plus j'ai froid.

— Venez là, à côté de moi.

Niall la prit dans ses bras, juste assez pour qu'elle puisse ressentir un semblant de chaleur humaine. Ils s'appuyèrent contre les cordages et restèrent ainsi, à regarder les étoiles.

— Dites, étouffa la jeune femme d'une voix ensommeillée, vous pensez que la légende retiendra quoi de notre aventure ?

— Arrêtez de parler et dormez. Demain, le voyage sera long.

— Je veux savoir ! Je dormirais pas tant que je saurais.

— Très bien... Je pense que la légende retiendra que vous êtes une personne pleine de bon sens, Ralia. Mais aussi très horripilante et avec des changements d'humeurs incompréhensibles. Pourtant, vous êtes une bonne personne, je le sais. Même si nos idéaux sont à l'opposé l'un de l'autre, je serais triste de devoir me séparer de vous. Maintenant dormez.

— Vous n'avez pas parlé de vous.

— Bon, puisque vous y tenez tant. La légende retiendra de moi ma loyauté et un amour inconditionnel pour quelqu'un en qui j'ai espoir. Maintenant dormez.

— Merci. ❞

     Elle posa sa tête dans le cou de Niall et sombra paisiblement dans un sommeil profond immédiatement. Il la regarda ainsi, sentant son cœur battre et sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration. Oui, il serait triste de la perdre. Dans un sens, il tenait à elle malgré leurs différents, malgré les disputes ou son caractère étrange. Il continua de l'étreindre, posant la tête contre la sienne alors qu'une aube sournoise se dessinait à l'horizon, enflammant la mer douce et belle.

Je reviendrai, je vous le promets. Je vous guérirai, j'affronterai la Mort en personne s'il le faut. Mais s'il vous plaît, attendez moi pour mourir. Je détesterai savoir que j'ai failli à ma mission. Je vous jure que nous verrons de nouveau le soleil se lever ensemble, sur un royaume renouvelé.

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