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15 ❝𝒍𝒆 𝒗𝒂𝒊𝒔𝒔𝒆𝒂𝒖 𝒇𝒂𝒏𝒕𝒐𝒎𝒆❞

We're the lords of the sea
Or sort of, of the sea!
❝❞

     ❝ Et si vous arrêtiez trente secondes de vous tortiller sur votre selle ? Je ne sais pas si votre jument apprécie, s'amusa Niall.

— Vous vous moquez de moi, grogna Ralia. Tout ce dont je rêve, c'est un vrai lit, pas des branches et de la mousse avec des insectes. Un vrai lit et un vrai repas chaud. Malheureusement, je ne pense pas que ça va venir avant longtemps. Avant très longtemps.

— Vous plaignez pas ! Ça pourrait être pire, vous savez. Puis vous qui avez vécu sur vos îles reculées toute votre vie, ça vous fait une occasion de voir le monde. Profitez !

— J'ai trop de courbatures pour profiter, maugréa la jeune femme.

— Et moi qui pensais que vous étiez une vraie dame. Je me suis trompé, ricana le chevalier. ❞

Ralia lui lança un regard plein de bon sens et éclata de rire à son tour. Son compagnon de route était une belle âme, douce et rêveuse. Ils échangeaient souvent, de leurs enfances respectives surtout. Sans se connaître réellement, un lien de confiance s'était établi entre les deux, silencieux mais bel et bien là. Sylís lui avait confié de ses craintes et ses passions, de ses rêves et ennuis. Il lui avait parlé de sa famille, de la gloire d'antan et de ses aspirations. Elle lui avait appris les remèdes des plantes, il lui avait conté l'histoire du royaume de Logres et de ses héros. Ils avaient observé les étoiles et avaient ri des lucioles qui venaient danser autour de leurs lèvres closes. Et parfois, ils avaient seulement contemplé les flammes du feu qui embrassaient leurs bras nus. Le seul sujet qui demeurerait comme interdit était leur avenir, la question de la mort ne voulait s'infiltrer dans leurs cœurs encore jeunes. Ils n'étaient que des enfants innocents, trop jeunes pour devenir des héros, trop jeunes pour le trépas qui leur était destiné, pensèrent les étoiles avec mélancolie. Ralia n'avait pipé mot de la scène à laquelle elle avait assisté quelques nuits auparavant. Partout où les deux comparses allaient, ils contemplaient impuissants les désastres causés par les hommes en blanc. La féroïenne n'en était que plus désolée de ce carnage qui s'offrait devant ses yeux. Raison de plus pour haïr l'homme responsable de tout ça. Les villages incendiés et les executions sommaires se succédaient sans ménagement. La jeune femme sentit un vent de chaleur se répandre dans son corps, une chaleur nouvelle. C'était le dégoût et la haine de la violence. Tuer des centaines d'innocents sous prétexte d'assoir son autorité était un crime odieux. À de nombreuses reprises, elle avait été sur le point de questionner Niall, de lui demander pourquoi il continuait à servir cet homme si cruel.

À la tombée de la nuit, ils venaient d'arriver dans une petite bourgade à moitié déserte. Certaines maisons n'étaient que des restes de cendres, d'autres tenaient à peine debout malgré les maigres raccordements. L'odeur de brûlé planait dans l'air sans interruption et les relents de cadavres en décomposition donnaient des hauts le cœur aux deux compagnons. Ralia mit immédiatement pied à terre et attacha sa jument avant de s'aventurer dans les ruines qui s'offraient devant ses yeux meurtris. Scàthach rechigna plusieurs instants, s'effrayant du calme plat du chaos qui régnait. Sylís déambula dans les rues désertes, ignorant les cris de Niall qui la cherchait désespérément. Elle se sentait hors du temps, dans une sphère brute du malheur et du chagrin. Parfois, elle croisait un homme ou une femme, mort pour n'avoir eu aucun désir mais celui d'aider un pauvre fugitif. Le vent entonna une complainte aux défunts et lui porta des cendres dans les yeux. Elle battit des paupières, aveuglée par la miséricorde et la tristesse. Devant elle, une place publique abandonnée d'où voletaient des volutes de poussières. Au centre trônait un pilori vide de toute âme. Un papier vola. Ralia l'attrapa du bout des doigts, comme s'il n'était que flammes et désolations. Il était écrit dans la langue courante que la personne qui retrouverait les chevaliers dénommés Bohort de Gaunes, Yvain de Carmélide et Gauvain d'Orcanie se verraient appointés à des postes de prestige dans l'entourage du régent. Elle le déchira d'une traite. La jeune femme tituba. Les sons, les formes, silhouettes, couleurs et odeurs se confondaient dans une clarté obscure qui ne faisaient que renforcer l'air de désolation. À genoux, au sol, elle céda enfin. Ce fut une larme, puis une autre. Ce furent des hurlements de rage et de souffrances. Ce furent des malédictions proférées et des esprits invoqués. Pas une personne, pas une seule – quelque soit la pureté de son cœur – ne pouvait prétendre à de telles atrocités. Un pendu se balançait au bout d'une corde, il dansait presque. On dirait qu'il sourit. Peut-être que cet inconnu avait l'air beau, dans la mort. Les yeux déchiquetés par les corbeaux et le sourire las, il semblait presque magnifié par la douleur. Il aurait pu être mon père ou mon frère, il l'était pour d'autres.

Un cri l'arracha à la vision apocalyptique du monde. Il venait d'une grange abandonnée. Sylís y courut à en perdre haleine. Elle tomba plusieurs fois, sous l'élan du maigre espoir que lui procurait les pleurs de douleurs. En passant le pas de la bâtisse, ce fut là qu'elle vit la femme. Elle était allongée dans un halo irréel et plongée dans une transe extatique on devinait qu'elle ne dormait point. Il lui avait suffit d'un seul hurlement. Ses iris étaient rouges, sans plus aucune larme pour pouvoir exprimer son chagrin et sa bouche tordue par le désespoir. Un filet de sang s'échappait de sa poitrine, tâchant sa robe maculée de boue. Le plus étrange était que sa tête était saintement cernée d'une couronne de fleurs. Ralia s'abaissa comme en la présence d'un enfant et aida la femme à se redresser. Une pointe de beauté paraissait perdue dans son regard mais son visage défiguré était splendide à la lumière de la lune. Elles se saisirent les mains, dans une prière silencieuse vers les mondes meilleurs. Un espoir traversa un instant ses lèvres quand Sylís plongea le poignard dans son cœur. Le repas signifiait un repos sans souffrance. La féroïenne resta une minute, peut-être une heure à contempler la morte dans un effroi conduit par l'amertume et la rage. Cette terre ne devait pas voir le massacre d'innocents, ni la mise à morts de sujets loyaux.

Elle avait emporté l'inconnue dans un bosquet, derrière le village. Haute était la lune et noire la nuit mais elle n'en avait cure, à vrai dire. Si elle se détournait ne serait-ce qu'une seconde, la violence s'emparerait de son esprit et elle ne serait plus digne de la mission qu'elle s'était confiée. S'adonner aux passions mortelles, souffrir si abondamment ou sombrer dans la rancœur ne servirait que de mauvais desseins. Elle haïrait mais pas en cet endroit. Elle maudirait mais point devant la tombe d'une innocente. Pas devant le carnage de Lancelot. Ralia creusa. Elle cueillit des fleurs pour garnir la fosse et accompagner la morte vers un paisible voyage. Peut-être qu'elle chanta, cela elle ne s'en souvint plus lorsqu'elle essayait d'invoquer en vain ses souvenirs, des années plus tard. Tout ce dont elle s'était remémorée avait fui avec le passé. La jeune femme avait repris ses esprits quand Niall l'avait retrouvée, allongée inconsciente dans le bois. Il lui avait dit plus tard qu'il l'avait portée vers un abri sûr, loin des regards et des mercenaires. Là, elle se souvenait. Sylís avait une couverture de laine enroulée autour des épaules et la chaleur d'un feu se répandait dans son corps meurtri. Tout s'était déroulé si vite, ressassa–t–elle.

      ❝ Vous osez encore prétendre l'aimer, après ça ? Vous osez encore prétendre qu'il y a du bon en lui ?

— Ce n'est pas de son œuvre, Ralia. Je le connais. Je sais que ce n'est pas lui. Jamais Lancelot ne serait capable de ça, pas celui que je connais. Pas l'homme que je viens aider la nuit car son sommeil est troublé par les cauchemars. C'est l'homme en noir, Meleagant ! Il ne ferait jamais ça, c'est l'homme en noir qui l'a obligé.

— Pouvez-vous me le répéter droit dans les yeux ? hurla Ralia. Pouvez-vous me le répéter sans la voix qui tremble, sans le doute qui la teinte ? Vous même n'êtes pas sûr de ce que vous avancez ! Vous savez au fond de vous que vous avez tort et que j'ai raison !

— Je ne veux pas y croire, rétorqua Niall, une furie dans ses iris. Vous savez pourquoi je lui suis si fidèle ? Pourquoi j'ai espoir ? Je l'aime, j'ai ses idéaux et les valeurs qu'il représente. Je suis comme lui, ambitieux et désireux de prouver au monde ma capacité d'agir. Je suis comme lui : je ne désire que sauver des gens et c'est pour cela que je l'ai rejoint. J'ai vécu toute mon enfance avec ses contes. Est-ce que vous savez ce que cela fait de voir le héros de votre vie brisé ? Est-ce que vous savez ce que cela fait de découvrir que l'homme que vous avez vénéré toute votre vie n'est qu'un monstre ? Je veux me raccrocher à une illusion et c'est mon choix. Je veux penser que ce n'est pas son cœur qui agit mais qu'il est manipulé comme un vulgaire pantin. Je veux retrouver celui dont j'aimais tant les hauts faits. Vous ne savez pas ce que cela fait d'aimer quelqu'un si fort, d'avoir eu l'impression de le connaître toute votre vie et de voir ce que vous aviez construit s'effondrer. J'ai fait pire, vous savez. Vous pouvez me traiter de monstre mais je l'ai fait. Parce que c'était mon devoir. Mes actes me réveillent chaque nuit et je ne dors plus. J'entends les cris, je revois le sang. Pensez-vous que ceux qui ont commis ces exactions étaient aussi assoiffés de chaos ? Nous ne faisons qu'obéir aux ordres, c'est le seul moyen de survivre. Ne jugez pas les âmes humaines si vainement, Ralia.

— Bonne nuit.❞

Elle ne dormit pas du reste de la nuit. Les images la hantaient toujours. La Mort doit être si belle. S'allonger doucement contre la douce terre brune, les herbes chuchotant des mots d'amour au dessus de nos têtes et écouter le silence éternel des étoiles insatisfaites. Ne pas avoir d'hier ou de lendemain, simplement et justement oublier le temps et la vie, pardonner l'existence. Être en paix.

***

Ils ne s'étaient pas reparlé depuis leur conversation. Les deux comparses n'avaient fait que continuer leur route en silence vers la côte. Les forêts laissaient maintenant place à de vastes falaises et plaines battues par le vent. Ralia se sentait presque de retour chez elle, dans une certaine mesure. Les paroles de Niall tournaient sans cesse dans sa tête et elle se faisait violence pour ne pas succomber aux larmes qui s'apprêtaient à jaillir. Elle voulait simplement se rassurer, avoir une présence confortante à ses côtés mais elle ne pouvait demander à son compagnon de route de le lui procurer. Comme elle se sentait stupide mais se l'avouer ne servirait à rien. Elle aurait voulu chercher conseil auprès de son père – même auprès du sieur Calogrenant – mais d'aucun n'était à ses côtés, cette place revenait à un chevalier épris des passions mortelles. Ressentir, c'était souffrir et elle l'avait appris à ses dépends. Combien il lui semblait avoir changé depuis son débarquement ! D'héritière naïve maintenant elle était une sauveuse aveuglée par l'orgueil. Ralia avait pleinement conscience de ses défauts. Toutes ses heures perdues dans la contemplation intérieure de son être les lui avaient fait réaliser. Parfois trop à réfléchir ou alors complètement impulsive. Elle qui ne désirait pas connaître les âmes humaines, elle les jugeaient parfois trop excessivement. Elle ne voulait que satisfaire ceux qui la regardaient, au mépris de sa personne.

      ❝ Vous m'écoutez quand je parle ?

— Pardon ?

— C'est bien ce que je pensais. Non donc. Pour aller à Rome on doit traverser et pour ce faire, prendre un bateau. Vous voyez au fond ? C'est un port marchand. Là-bas nous trouverons sans doute quelqu'un pour nous aider. Maintenant, vous allez vous décider à me parler ou pas ? Je vous aime bien, au fond. Et je comprends votre colère, Ralia. Nous sommes profondément différents mais je vous aime bien quand même.

— Moi... Moi aussi je vous aime bien, s'arracha–t–elle.

— J'avais peur que le sentiment ne soit pas réciproque, merci de me rassurer. Il n'y a aucun mal à laisser vos sentiments s'exprimer, vous savez.

— On m'a dit la même chose, il y a quelques jours. Je les exprime mais en ne parlant qu'à moi-même.

— Vous pouvez me parler, à moi. Je ne vous jugerai pas, ce n'est pas ma place.

— C'est juste que...

Elle renifla en tentant tant bien que mal de retenir ses larmes. Elles roulèrent le long de ses joues rosies.

» J'ai grandi dans un endroit hors du temps et hors du monde. Je ne sais pas me défendre et je risque de mourir à chaque instant. Je ne sais plus où gît mes propres croyances : je veux servir le Bien, la juste et noble cause ; me voilà sous les ordres de Lancelot. Contre mon gré certes, mais toujours sous ses ordres. Je suis censée être la Thane de Féroé ; c'est vers moi que se tournera mon peuple, c'est vers moi qu'ils iront lorsqu'ils se sentiront en danger. J'amasse la colère et l'orgueil alors que je devrais les combattre. Un jour, je suis encore une enfant et le lendemain on attend de moi de me comporter comme la plus sage des héroïnes. J'ai ce désir en moi : rentrer, officier mon devoir loin des manigances de couloir et des complots à trois sou. Or j'ai compris cela : je ne peux rester terrée plus longtemps. Mon destin attend de moi que je prenne parti et que je m'engage dans quelque chose dont je ne saurai jamais l'issue. Si je dois mourir demain, autant que cela soit pour la juste cause. J'obéis aux ordres que l'on m'a confié mais pas ceux auxquels vous pensez. Je suis une espionne en somme, une traître à vos yeux. Je découvre à peine les horreurs de la guerre, je n'ose imaginer ce que cela a dû être pour vous et pour cela je m'excuse de mon comportement. Pourtant, je suis en désaccord avec vous. Lancelot n'est pas innocent, il a agi et pour ses actes il doit être puni. Maintenant qu'on est dans le moment confession, je vous le dit. Je ne rentrerai pas avec vous à Kaamelott. Vous vous installerez sur votre tabouret magique merdique mais moi j'irai en Carmélide, je ramènerai Arthur parmi les siens. J'en ai fait le serment – que j'ai déjà brisé une fois –.

— Vous voulez un câlin ?

— On est à cheval.

— C'est pas grave, ça sera un câlin à cheval.


Ils arrivèrent au port en fin d'après-midi. Le soleil se couchait et tous les bateaux étaient fouillé par la garde blanche. Ralia eut une idée de génie que Niall n'approuva pas du tout. Ils voleraient un navire pour traverser ! Un bâtiment avait attiré leur attention, semblant désert et abandonné de tous. De taille moyenne, il pouvait aisément contenir les deux passagers ainsi que les chevaux. À la nuit tombée, l'opération infiltration commença. Scàthach rechigna une demi-heure avant d'oser s'aventurer sur le pont mais le cheval du chevalier fut tout le contraire. Les deux comparses réussirent tant bien que mal à relever l'ancre et manœuvrer jusqu'en dehors du port, chacun se moquant de l'autre. Dans l'air frais, des bruits attirèrent l'attention de Ralia. On aurait dit des craquements de bois, mais pas ceux du mat, non, comme si quelqu'un marchait. Elle haussa les épaules, sans doute une imagination de son esprit. La féroïenne se mit à chercher Niall qui avait disparu quand soudain...

      ❝ Halte, bourgeoise des temps modernes !

Un homme sortit de la pénombre, éclairé par la lune. Derrière lui, une dizaine de camarades dissimulés par la nuit.

— Quoi ? Qui êtes-vous ?

— Urgan l'homme Goujon ! Je te retourne la question !

— Euh... Je me nomme Ralia. Je cherche mon camarade de route. Niall de son prénom. Plutôt grand, brun...

— Ah oui, je vois ! Ce nigaud est dans la cale. Pourquoi es-tu sur mon navire, damoiselle saugrenue ?

— En fait, je voulais le voler mais j'avais pas prévu de la compagnie. On va à Rome, c'est possible de nous y emmener ou vous allez nous jeter à l'eau ? Parce que je peux vous payer, si vous voulez.

— Tout travail mérite salaire !

— Eh bien, on n'est pas sorti de l'auberge, soupira Ralia.

— Que dis–tu, fruitée damoiselle ?

— Rien, rien.❞

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