Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

15 ❝𝒍𝒂 𝒓𝒐𝒔𝒆 𝒅𝒖 𝒎𝒐𝒏𝒅𝒆❞

It annoys you half to death
Then it grins that dopey grin
And you can't catch your breath
❝❞

     Il y avait une certaine tragédie dans les pas qu'empruntait Arthur. Peut-être était-ce le fait de revenir dans cet endroit après plusieurs années. Il avait fui, après tout. Peut-être était-ce le fait de revoir ces visages accusateurs qui viendraient lui poser des questions sur son exil. Ou peut-être était-ce simplement le fait de retrouver des gens qui mettaient ses nerfs dans tous ses états lorsqu'il était encore au pouvoir. À ses côtés, Elyios était fascinée par les explications à demi inventées de Venec sur la vie quotidienne de la Carmélide et sur ses souverains. Ceux-là aussi, Arthur avait peur de les revoir. Et elle aussi, la revoir serait inévitable. Il chassa la pensée de son esprit rapidement. Comment expliquer la présence de cette jeune fille ? Comment dire qu'elle était sa fille, son enfant, le fruit de ses amours passées avec son épouse ? Il avait convenu avec Blanchefleur qu'Elyios passerait pour sa jeune sœur. Le duc Dorian s'était détaché de la cour de Kaamelott et la naissance d'une fille voilà seize ans serait presque passée inaperçue dans l'ensemble du royaume. Presque. La Berrichonne avait disparue sans laisser de traces mais Venec avait assuré que tout allait bien et qu'elle réapparaîtrait sous peu. Voilà pourquoi Arthur avait abandonné son trône. Il ne supportait plus de devoir relever sans arrêt ceux qui l'entouraient alors que personne ne l'aidait. Et puis le désespoir, bien entendu. Que se serait-il passé si Lancelot n'avait pas fait irruption dans cette salle d'eau ? Je n'aurais jamais rencontré ma fille. Et à cette pensée, son cœur se chargea d'un sentiment inexplicable, car il n'avait qu'à tourner la tête pour voir sa fille lui sourire. Elle était belle, toute de Soleil parée, ses cheveux à la couleur d'un coucher et ses yeux comme de l'or liquide. Son rire lui faisait oublier la misère du monde et éclairait son âme. Elle lui redonnait foi en ce monde cruel, et pour cela il en était éternellement reconnaissant aux Dieux. Ceux-ci ne semblaient plus se soucier de l'ancien roi. La dame à l'Epée était venue le visiter, le suppliant de reprendre Excalibur malgré le poids qui pesait dans sa poitrine mais c'en était tout. Il ne devait s'en plaindre, c'était une bénédiction. Le château se découpait sur l'horizon. Il semblait aussi terrifiant que dans le souvenir d'Arthur, pourtant il ne pu s'empêcher de penser que c'était parce qu'il redoutait d'y remettre les pieds.

Quelques trompettes retentirent dans la cour. L'on entendit des gardes crier des ordres indistincts, d'autres retenaient une exclamation choquée et bientôt tous murmuraient que le roi Arthur était de retour. Tous se précipitaient aux fenêtres ; cuisiniers, écuyers, ferrants, lavandières, suivantes, dames de parages, gardes, palefreniers, forgerons, paysans : tous murmuraient que l'Élu des Dieux était de retour. C'est impossible, il est mort ! Mais non, puisqu'il se tient devant nous ! C'est un traître, un lâche. Non, regardez, il est revenu pour nous sauver de Lancelot. Mais qui est cette jeune fille qui l'accompagne ? Et cet homme, ne serait-ce pas le bandit Vénec ? Non, il est recherché ! Pourquoi se montrerait-il en public ? L'attroupement se faisait de plus en plus massif. Les portes étaient sur le point d'être refermées lorsque Boanchefleur entra au galop, les vêtements déchirés et les mains abîmées. Çà et là, des taches de sang s'éparpillaient sur ses jupes. Venec s'approcha d'elle et glissa quelques mots à son oreille.

❝ Blanche, qu'est-ce que t'as foutu ? Dis moi que c'est rien de grave.

— Je vous avais dit que je le ferai. C'est fait.

— T'as pas... sa phrase resta en suspens devant l'affreuse réalisation qui venait devant ses yeux. Mais tu es folle ! T'aurais pu y passer. Comment t'as fait pour t'échapper ?

— Ralia.

— Comment ça Ralia ?

— Elle m'a aidée.

— Et si on devine qu'elle t'as aidée ? T'as pensé à ça ? Elle va se faire torturer, ou pire ! Il faut que t'arrêtes ces conneries, Blanche. Pour ta sécurité. Pour moi accessoirement.

— Pour vous ? Première nouvelle.

— Bah je m'inquiète. J'ai pas envie que tu meurs.

— Oh, vraiment ? Pourquoi ?

— Parce que...

Le contrebandier fut interrompu. Du bout du balcon qui surplombait la cour, Léodagan le Sanguinaire, roi de Carmélide, beau-père du roi, venait de paraître. Tout le monde se tut. L'air devint soudain plus froid. Il était plus petit que dans le souvenir de Pendragon mais à sa prestance, il suffisait de le regarder pour sentir la rage couler dans ses veines. S'il était en colère, il ne le laissa pas transparaître. Son regard se fixa sur Arthur. Pas un mot ne sortit de ses lèvres pincées. Il rentra dans le château. Les quatre descendirent de leurs chevaux et s'empressèrent de suivre un jeune écuyer qui les mena dans la salle d'audience. Le souverain de Carmélide s'était assis sur son trône, son épouse à ses côtés. Il tenait un parchemin dans ses mains. Debout, non loin de lui, le roi de Calédonie, Calogrenant, se dressait, une main sur la garde de son épée. En face d'eux, sur la droite, inondés par la lumière d'automne, se trouvaient un homme. Sa main serrait celle d'une femme blonde, tandis que près d'eux, une femme entourée de six enfants scrutait les moindres visages.

— Seigneur Galessin ? Qu'est-ce que vous foutez là ? fut la seule chose que l'ancien roi trouva à dire.

— Je pourrais très bien vous demander la même chose. Vous n'êtes pas censé avoir disparu après avoir abandonné le pays ?

— Eh oh, on va pas commencer à déballer ce qu'ont fait les autres pendant les deux dernières années non ? Le roi Leodagan se racla la gorge. Oui, il se trouve que le seigneur Galessin est ici en qualité de... d'informateur.

— De traître oui, marmonna Séli assez fort pour que tout le monde puisse l'entendre.

— Nan mais je vais insister, on va arrêter les commentaires. Je pose les questions et je présente la situation. Donc, le seigneur Galessin est ici, accompagné par ces deux femmes dont l'une avec sa mariole de marmots.

— Je vous signale que je suis l'épouse du centurion Caius Camilus ! On s'est déjà rencontrés !

— Peut-être mais encore une fois, je pose les questions et je parle. Donc, pour la troisième fois. Ils sont ici. Maintenant, est-ce que vous pouvez m'expliquer ce que vous, mon cher gendre, vous foutez dans mon château alors que vous êtes porté disparu depuis presque deux ans ?

— C'est moi qui l'ai aidé à fuir, s'empressa d'ajouter Vénec d'une petite voix.

— Vous aussi j'aimerai savoir ce que vous foutez ici.

— Un chevalier de chez Lancelot et la nouvelle Thane de Faroe sont venus me chercher à Rome et on a rencontré ces trois charmantes personnes sur le retour. Ralia s'est faite raccompagnée à Kaamelott après avoir débarqué sur le continent.
Le ton de Pendragon se fit plus sombre, plus... royal.
Je sais que ma présence n'est pas désirée, surtout en des temps comme ceux-ci. Je ne veux m'excuser car je ne regrette pas mes actions ; je désirais mourir, je désirais abandonner le pouvoir. Je ne supportais plus le poids du trône. J'ai offensé le Royaume et j'ai offensé les Dieux. De cela, j'en suis navré.

— Vous ne savez pas ce que vous nous avez laissé. Les mercenaires à la solde du régent massacrent sans pitié. Il y a des primes sur la tête de chaque chevalier de votre ancienne cour. Mon fils, mon propre fils était menacé et j'ai dû l'envoyer le plus loin possible pour le protéger. Vous ne savez pas ce que vous avez laissé à ma fille. Chaque nuit, elle se réveille en sanglots, elle hurle car chaque nuit, elle revoit votre sang qui goutte depuis cette baignoire. Vous êtes peut-être l'Élu des Dieux, Arthur Pendragon, mais vous devrez réparer toutes les fautes que vous avez commises sans vous soucier d'autrui. Parce qu'aujourd'hui, vous êtes chez moi. Aujourd'hui, vous êtes soumis à mes lois.

     La salle resta sans voix. Jamais en mémoire d'homme l'on avait vu Léodagan de Carmélide ainsi. Il était animé d'une rage bouillante. Les personnes qui restaient en vie assez longtemps pour voir la rage du roi disparaissaient bien vite sur l'échafaud. Peut-être alors, était-ce réellement le début d'une nouvelle ère ; car si l'homme que l'on avait coutume d'appeler le Sanguinaire montrait une once de pitié, cela signifiait que son cœur parlait avec lui. Arthur s'avança. Elyios eût jurée voir des larmes pointer dans ses yeux mais son visage ne trahit point quelque émotion.

— Je ne veux point de pitié, point de sentiments ou de regards amicaux. Je veux aider. Pour la première fois dans ma vie, ce n'est pas moi qui mène au combat mais moi qui suis mené. Aidez moi, montrez moi le chemin vers la repentance. J'ai enfreint les règles des Hommes et des Dieux. J'ai voulut être un martyr alors que je n'étais qu'un tortionnaire de plus. Je vous demande simplement de mettre votre rancoeur et votre querelle de côté jusqu'à ce que nous puissions nous occuper de Lancelot. Vous et moi, comme la famille que nous étions.

Il ne répondit pas. Son regard se posa sur la berrichonne et Elyios.

— Et les deux rousses ? Vous les avez adoptées en chemin aussi ou elles servent à quelque chose ?

— Je suis Blanchefleur du Berry et voici ma jeune soeur Lila. Après la mort de nos parents aux mains du roi Loth, Vénec nous a recueillies... Nous avons rencontré le roi alors qu'il tentait de fuir vers la Bretagne. Nous l'avons amené ici, devant vous.

— On vous amènera à vos chambres. N'en bougez pas avant que je décide de vous convoquer. Vos repas vous y seront apportés. Je ne veux pas voir vos têtes, encore moins celle de celui-là, fit le roi de Carmélide en désignant d'un geste du menton Pendragon.

Ils furent conduits vers les étages supérieurs du château. Elyios regardait avec merveille ces lieux étranges et nouveaux. Les pierres humides où se prélassaient des lichens étaient comme des émeraudes sur un lit de fleurs. Chaque personne qu'elle croisait était sujet d'interrogations. Qui était ce serviteur ou cette dame de parages, pourquoi étaient-ils ici, que disait leur cœur ? Quand elle les regardait des les yeux, elle voyait des explosions de couleur, comme si le monde s'offrait à elle d'une façon inouïe et magnifiée. Cette musique résonnait, son cœur battait trop vite et il lui semblait idiot alors, de s'extasier devant cela. Mais elle ne pouvait s'empêcher de se dire j'ai un père, je suis loin de chez moi, je découvre le monde. C'était peut-être ça, le sens de la vie. Le monde n'était qu'un bassin de plus dans lequel on se baignait pour accéder à des vérités supérieures. Elle n'avait qu'une envie : sortir et contempler les roses. Il fallait bien qu'elle attendît l'absence des gardes mais ce besoin devenait vital. Les roses lui montraient les yeux des âmes, elles chuchotaient aux esprits des plus courageux. On la laissa en compagnie de Blanchefleur ; les autres se retirèrent.

     Arthur fut laissé seul. Il erra un temps dans les couloirs. Il ne savait plus qui il était ni ce qu'il faisait. Trop de souvenirs affluaient devant ses yeux. Trop de douleurs causées et trop de sang versé. Il s'appuya contre un mur, soufflant lentement.

— Vous savez, se blesser soi-même c'est blesser les autres et c'est pas parce que les cicatrices sur votre corps disparaissent qu'elles disparaissent chez les autres.

     Pendragon sursauta. Séli se tenait devant lui, les bras croisés, le regard triste.

— Je suis désolé. Je le suis plus que tout au monde.

— Ce n'est pas à moi qu'il faut le dire. Toutes les nuits, elle se réveille en hurlant et vient me voir en pleurant. Ce n'est pas à moi qu'il faut s'excuser mais à celle que vous avez traité comme de la merde pendant dix-sept ans, celle dont les nuits sont hantées par votre sang et qui ne passe pas un seul jour sans se demander ce qu'elle a fait pour que vous la détestiez autant. ❞

     Elle le planta là. Il était décidément seul dans ces couloirs hantés. Sa vision vacillait et lui-même chancelait. Il titubait sans vraiment avoir conscience de ce qui l'assaillait. Était-ce le regret ? Était-ce le remord ? Étaient-ce la honte, la culpabilité et l'égoïsme qui avaient rongés ses actes depuis dix-sept ans ? Lui qui avait l'habitude d'avoir la réponse à tout se retrouvait silencieux devant ses propres accusations. Il n'était plus le roi fier et distant. Il n'était qu'un homme qui souffrait. Il n'était qu'un homme. Deux ans, cela n'aurait pu être rien. Après tout, il avait retrouvé sa fille, la femme qu'il avait un jour aimé. Il allait retrouver son royaume et ceux qui lui étaient chers. Mais malgré tout cela, il n'était pas heureux. Il ne l'avait jamais vraiment été. Toutes ces années, il s'était interrogé sur cette signification. Le bonheur. Ce n'était pas le réconfort dans les bras d'une femme, ce n'était pas le sentiment de puissance lorsque l'on triomphait d'un ennemi. Ce n'était pas non plus un bain chaud ou une lame contre la peau. C'était trouver le réconfort dans les petites choses, être soulagé d'être en vie le matin, ce sentiment de joie devant un soleil levant ou la simple odeur des fleurs en été. C'était contempler l'innocence d'une jeune femme, le sourire d'un vieillard. Arthur ne l'avait pas compris, pis encore, il n'avait pas voulu le comprendre. Il avait voulu s'enfermer dans cette révolte constante contre ce qui avait été pressé contre son cœur et contre sa volonté propre. Jamais il n'avait été le propre acteur de sa vie. Il n'en avait été qu'un pantin. Épouser Aconia avait été un acte de rébellion, les lames contre sa chair avaient été son affirmation. S'il n'avait pu décider de sa vie, alors il déciderait de sa mort. C'était injuste et égoïste mais n'avait pu le concevoir autrement. Il avait brisé bon nombre de vies. Il avait perdu son frère, son ami, son âme parce qu'il avait dérogé du droit chemin. Manilius était mort par sa faute. Il avait perdu son compagnon, son bras droit, son conseiller parce qu'il n'avait pas su l'écouter. Lancelot était devenu un meurtrier par sa faute. Il avait perdu l'amour de sa vie, celle qu'il avait choisie, celle qu'il avait choyée parce qu'il était revenu. Aconia était partie par sa faute. Il avait blessé l'épouse qu'il avait appris à apprécier, celle qui l'avait accompagné, celle qui l'avait soigné parce qu'il n'avait pas su prendre soin d'elle. Ses cicatrices sur le poignet le brûlaient. Guenievre se réveillait en hurlant par sa faute. À présent, il était au sol, et ne pouvait arrêter les larmes. Il n'entendit pas les doux pas qui se précipitaient vers lui.

     ❝Vous... Vous êtes ici ? Vous êtes de retour ?

— Guenievre ?

     Ce nom résonna comme une délivrance. Elle paraissait belle dans la simplicité. Ses cheveux étaient noués en une tresse, sa robe était d'un lin bleu. Il était à genoux devant elle, les mains tendues vers elle.

— On disait que vous étiez là mais je n'y croyais pas. Deux ans, deux ans que je prie et que j'espère.

— Je suis désolé. J'ai été un idiot, un idiot aveuglé par ses propres erreurs. Pardonnez-moi.

     Il prit les mains de la dame son épouse et les serra tendrement. Il la regardait avec des yeux emplis de larmes et cru déceler un soulagement dans son visage. Mais elle ne flancha pas. Elle ne savait quoi dire, elle ne savait quoi faire. La moitié de sa vie durant, il l'avait repoussée, trouvant quelque excuse pour se justifier. Il l'avait malmenée, moquée. Combien de fois avait-elle pleuré la nuit, lorsqu'il était endormi, parce qu'elle pensait ne pas être à la hauteur ? Le voir ainsi, à ses pieds, suppliant, eh bien, il y avait quelque chose d'appréciable, supposait-elle. Après tout, elle était encore reine mais lui n'était plus roi. N'avait-il pas à reconquérir son cœur un chevalier volait au secours de sa dame en péril ? Elle le toisa. Ses yeux n'étaient pas méchants, mais durs et sincères. Elle n'était plus l'idiote mariée dix-sept ans auparavant. Elle était une reine, et une reine elle resterait. Elle serait digne, fière, haute.

— Ne bougez pas, quelqu'un va venir s'occuper de vous. ❞

Et le cœur d'Arthur se brisa un peu plus car elle ne lui avait pas répondu.

***

Elyios avait réussi à échapper à la surveillance des gardes. Maligne et gracieuse, elle s'était faufilée dans les dédales sombres du château. Les escaliers étaient glissants et ardus mais son pied était agile. Sa robe blanche flottait derrière elle comme une longue traîne de nuages et ses cheveux roux virevoltaient, attrapaient les derniers rayons du soleil. En courant, elle dansait presque. Ses mains effleuraient les murs, parfois elle s'écorchait mais cela importait peu. Seule la sensation de liberté comptait. Elle ressemblait à l'une de ces fées dont on narrait les histoires au creux de la nuit. Ces fées qui tombaient amoureuses de mortels et abdiquaient leurs pouvoirs en l'échange d'une vie courte mais heureuse avec leurs amants. Dans chaque pièce où elle rentrait, un rayon du soleil semblait la suivre et réchauffer les pierres glacées. Bientôt, elle atteignit une porte. Elle sortit. L'air frais lui frappa le visage, les odeurs de fleurs se mêlaient à la petrichor et à l'ancienneté du château. Elle s'approcha doucement d'un muret de pierre. Une rose jaune, presque dorée se prélassait langoureusement. C'était une anomalie dans le jardin déserté par la vie. Elle brillait presque, elle l'attirait presque. Le soleil l'embrassait, oui. La rose était un peu trop haute pour la jeune femme, elle devait se percher sur la pointes de ses pieds pour l'atteindre.

❝ Vous êtes une rose parmi les roses, gente demoiselle. Permettez-moi de vous la cueillir, si vous m'y autorisez.

— Bon seigneur, je n'en serai que plus heureuse.

L'homme qui lui faisait face avait été présent dans la salle du trône, quelques heures auparavant. Il était grand, couvert de tissus aux motifs étranges. Elyios le voyait de couleurs qui s'évanouissaient en volutes. Il s'empoigna de la rose et la coupa doucement. En la saisissant cependant, l'une des épines le piqua au doigt. Il tendit la fleur à Dunaíd, un sourire triste sur ses lèvres.

— La nature est ainsi faite pour être laissée en paix.

— Donnez moi votre main, je vais la panser.

     Elle déchira un petit bout de sa robe et entoura le doigt blessé de son interlocuteur. Un frissonna la traversa lorsque leurs mains se touchèrent. Un sentiment familier et lointain battait dans son cœur. Elle sourit timidement et leurs yeux se rencontrèrent.

— Je suis navré pour votre père, il était un homme d'honneur et digne. J'espère que justice lui sera rendu.

— Oh, oui... Merci, bon seigneur. Elle rougit simplement. Les Dieux sont cruels et moqueurs. Il ne faut s'attendre à quelque justice divine, je crois en celle des hommes, et puis ma tendre sœur partira en quête de vengeance bien assez tôt. Mais, bon seigneur, je vous parle sans savoir qui vous êtes, c'est impoli de ma part !

— Vous ne savez qui je suis ?

— Non point, vous étiez ce matin aux côtés du roi Léodagan, pour cela j'imagine que vous tenez une place importante mais laquelle et votre nom, cela je ne le sais.

— Vous me reverrez mais je ne veux briser ce sort merveilleux ; parfois il vaut mieux laisser les choses inconnues guider notre vie. Je suis ravi d'avoir fait votre connaissance, vous êtes une fleur parmi les fleurs, point fragile mais douce et combative.

— Vous me flattez, bon seigneur. Mais comme vous le dites, il vaut mieux laisser les choses inconnues guider notre vie. Je ne peux vous le révéler mais ma condition en cache plus qu'il ne peut vous y sembler. La vérité vous sera révélée en temps voulu. Merci maintes fois pour la rose ; lorsque je la regarderai, je penserai à vous. ❞

     Elyios le salua et repartit en courant. Elle ne savait plus qui elle était ni ce qu'elle faisait ; elle ne savait pas que son interlocuteur était le roi de l'un des pays de la fédération du royaume de Logres. Calogrenant de Calédonie ne savait pas qu'il avait parlé avec la belle et douce fille de son roi. La seule chose dont il se souvenait de cet instant éternel était le regard doré et rieur de cette mystérieuse jeune femme.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro